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Goss International Montataire


Cette page est dédiée à Loan Datichy.
À son avenir, qu'il soit radieux.

Préambule

Cette page est un court documentaire sur le vestige industriel de Goss Printing localisé à Montataire. C'est un très vaste site industriel ayant fermé ses portes en juillet 2013. L'implantation industrielle était destinée à la fabrication d'imprimantes, ou disons avec plus de précisions, des rotatives pour l'impression de journaux.

L'aspect global de l'usine est extrêmement négatif. Ce sont de vastes halles, entièrement vidées des vestiges industriels. Il s'y trouve des quantités colossales de déchets. Les installations ont été volées à outrance, tout est saccagé jusqu'au moindre morceau de béton. Le pillage intensif a entraîné l'amoncellement de débris formant des monticules. Curieusement l'espace a été utilisé pour du stockage extrême de déchets verts, lesquels ont été incendiés. Suite aux interventions de police et de pompiers, les squatteurs ont caillassé les forces de l'ordre.

Je comptais passer 4 heures sur place afin de réaliser un beau sujet, avec un traitement soigné voire même une liste du personnel, sauf qu'au bout de moins d'une heure j'ai déjà tout bouclé, sans que le moindre lieu intéressant ne s'en dégage. Suite à cela, je me rends sur le bâtiment en face : le customer support center. Assez curieusement le site est coupé en deux par la rue. Le bâtiment administratif est débordant de manque d'intérêt et de plus se trouve être intensément squatté.

Cette usine est maudite.

Ayant terminé mon triste état des lieux, je me fais la malle. Mon regard est attiré par un bâtiment à droite. Je m'acharne à vouloir le visiter (quelle idée déplorable). Dans les hautes herbes, je ne vois pas une bouche d'égout ouverte, la plaque ayant été volée. De ce fait, je tombe dedans comme un homme mort. Au cours de la chute, par réflexe, je me place en biais. De ce fait la cuisse absorbe le choc, les hanches bloquent ; avec les bras je me retiens sur le sol environnant la bouche d'égout. Le choc est extrêmement violent et je crie de douleur. Je souhaite me mettre de côté sur un tas de débris, mais immédiatement j'entends des pas dans le verre brisé, des junkies accourent. Dès lors je déguerpis à toute vitesse afin de ne pas me faire dépouiller.

Sorti du site j'ai l'occasion de regarder la blessure. C'est peu avenant, mais je suis vivant et pas plus blessé que ça. Juste un gros bleu très douloureux. Je considère cela comme une bonne nouvelle, me prenant soudainement le rêve que cet étron d'usine soit rasé. Souhaitant à tout prix quitter cette zone infernale, je pars en boitant.

Historique

Ce site ravagé à outrance ne mérite pas que l'on s'y attarde au-delà de quelques bribes historiques, rédigées plus pour avoir bonne conscience que d'une réelle motivation à vouloir mettre en valeur ces lieux.

Historiquement, il s'agit de l'usine Marinoni, dont quelques vagues lettres dégradées en toiture révèlent encore la dénomination. Localisée près de la gare de Montataire et ainsi idéalement situé, ce site industriel correspondait à de la fabrication de presses typographiques. Au fil des différents exploitants, l'usine s'appella Voirin, Marinoni, Harris, Heidelberg, puis en fin de compte Goss.

L'usine a été créée par Jules Voirin entre 1892 et 1893. Des agrandissements ont ensuite lieu entre 1893 et 1913. Durant la première guerre mondiale, l'usine est réquisitionnée. Les locaux sont utilisés en vue de la fabrication, en urgence, de têtes d'obus. A la suite de quoi, en 1919, des négociations ont lieu avec Hippolyte Marinoni. Les deux entreprises fusionnent en 1923, le monogramme de l'entreprise devient un V et un M entrelacés. Le fondateur de l'entreprise, Hippolyte Marinoni, inventeur de la presse rotative à quatre cylindres, amène l'entreprise à la célébrité. L'entreprise est prolifique et prend pour seul monogramme la lettre M. Entre 1920 et 1926, un projet d'extension est confié à Gustave Perret. Il est mis en place une structure en sheds paraboliques, assez uniques en leur genre. Ces structures industrielles sont dégradées à ce jour, il y a extrême urgence.

En 1944, à la suite de bombardements aériens, l'usine souffre et voit un certain nombre d'installations vouées au ferraillage. Les parties détruites sont reconstruites par l'agence Perret par sheds en dents de scie. En 1950, l'entreprise bat encore des records, notamment en mettant en place la première machine offset multicolore en bobines, permettant l'impression du Reader Digest. En 1968 toutefois, des difficultés financières temporaires apparaissent. L'entreprise en cette période passe aux mains du géant Harris Intertype. Le bâtiment administratif est construit dans les années 70, le site est alors appelé Harris-Marinoni Montataire.

En 1988, le groupe Harris est acheté par l'allemand Heidelberg Druckmaschinen, le site change alors de nom, pour Harris-Heidelberg. C'en est fini de Marinoni, même si les lettres trônent encore fièrement (ou disons plutôt mélancoliquement). En 2004, le site est acheté par l'entreprise américaine Goss International. En cette période sont employées sur site environ 700 salariés. C'est à partir de 2013 qu'est débuté l'abandon du site et finalement, l'entreprise ferma définitivement ses portes en juillet 2013. A cette date les 240 salariés de l'établissement sont mis à la porte.

Au cours de la faillite de ce site local, une myriade de sous-traitants fut emportée dans le naufrage. En effet par une pratique malsaine, Goss a continué de commander durant un an auprès de tous ses prestataires, sans payer les factures.

Depuis 2016, le vaste site industriel fait l'objet d'un projet de reconversion en pépinière d'entreprises. Lors de notre passage en 2018, pas une pelleteuse n'est présente. Le site est l'objet de squats, de pillages, d'incendies, de violences, de drames locaux. C'est tout un programme. Le 11 juillet 2018, l'entreprise a connu un énième incendie de vandales.

Le jeudi 5 avril 2018, une jeune adolescente a chuté du toit de l'usine, d'une hauteur de 9,50 mètres. Le toit s'est effondré sous ses pas. Cette personne de 12 ans a été grièvement blessée et a dû être héliportée vers l'hôpital d'Amiens. L'état de cette pauvre victime était à cette date très préoccupant. Elle a bénéficié de soins intensifs. Polytraumatisée, la jeune fille s'est remise, au plus grand bonheur de ses proches. Elle n'est plus à l'hôpital et remarche. La force de la nature a réussi à guérir. Par chance, les nouvelles sont bonnes.

Bien qu'habituellement nous nous plaçons en tant que défenseur du patrimoine, cette page est un plaidoyer pour qu'action soit prise.

Vous pouvez écouter cette usine ci-dessous. C'est d'abord la sonorité de l'eau qui tombre gracieusement le long d'un pilier, suite à la pluie, puis comme le vent déplace le goutte à goutte, je m'écarte puis déambule dans les piles de déchets.

 


La première photo ne va pas par quatre chemins, le voyage sera celui de la tristesse.


Les grandes halles vides ne sont plus que hordes de déchets.


Le systématisme bleu offre un paysage bien reconnaissable.


La halle Perret qui mériterait d'être sauvegardée. Ces toitures paraboliques sont presque uniques et émanent de Perret, le génie du ciment.


Sur chaque place industrielle, c'est une misère affligeante.


Les halls en sheds triangulaires sont d'après-guerre.


Transition entre deux halles.


Ce sont de vastes sheds sans valeur.


La liquidation judiciaire a entrainé la disparition de tout le matériel, la faillite ayant été très violente.


Le même désordre, le même vandalisme, se répète à l'infini.


Seul vestige curieux à signaler, l'ex-usine Marinoni possède ses murs d'embase en pierre de taille locale.


Si vous cherchez à reconstituer la liste du personnel de l'usine, tout se trouve là, dans un foutoir indescriptible.


Toutefois une bonne moitié à déjà été incendiée.


Celui-ci est pour Les Astres, c'est chose certaine.


Philosophie pourrie ?


Les grands halls très reconnaissables de cette sale usine.


Des fleurs sur un site rempli d'amertume.


De l'autre côté, le bâtiment récent du service client.


C'est tout autant crasseux, si ce n'est peut-être même encore pire.


Souhaitons que la page se tourne. Tout est possible en fin de compte.

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