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Récit de randonnée ~ Portugal ~ L'Algarve, Lisbonne, Porto
1er juin au 15 juin 2019

Esse amor, uma canção
Pra fazer feliz a quem se ama
Muita calma pra pensar
E ter tempo pra sonhar
Da janela vê-se o Corcovado, o Redentor
Que lindo !
Quero a vida sempre assim
Com você perto de mim

Vendredi

Le but de ce voyage est de parcourir à pieds la cote sud du Portugal, qui se nomme l'Algarve, ensuite se promener dans Lisbonne, puis pour achever se balader à Porto.

Le parcours dans l'Algarve était pour le moins incertain car nous étions loin d'évaluer avec précision les distances parcourables. C'était un peu l'inconnu en quelque sorte, car si les gens vont bronzer là-bas, je n'ai trouvé pour ainsi dire aucun compte-rendu de randonnée. Nous avons marché de plus ou moins Olhão jusqu'à Sagres Cabo São-Vicente, du samedi au lundi (9 jours).

Depuis Louvain-La-Neuve, classique début du voyage, le trajet avec Margue me mène jusqu'à Sens, où je retrouve Nico. Le trajet ne comporte aucune difficulté. A Marcinelle, un important accident de circulation provoque des embarras pour le moins bazardeux. Une fliquette fait des moulinets afin de faire avancer les gens en alternance. En passant lentement, je lui fais un signe merci car c'est un travail ingrat. Elle me répond un gentil « salut dis ». C'est ça la Belgique.

Margue est déposée chez Julien, un ami de Nico. Il s'avère que ce dernier est collectionneur d'une valeur refuge exceptionnelle, qui pour l'instant est méprisée, mais qui prendra de la valeur avec le temps. Longtemps énigmatique, son activité a été dévoilée : il entasse les canevas de grands-mères, bref les petites filles qui pleurent, les chiens en point de croix, les bateaux sur la mer. Son graal serait Johnny qui chante. Bref normal quoi ! En résumé, il est extra ! Derniers préparatifs des sacs et nuit à 23 heures. C'est une belle accumulation de fatigue, mais prêt au départ.

Samedi

Nous partons au train de 9h28. Le wagon est rempli de personnes âgées, dont une Josiane qui est méfiante vis-à-vis des jeunes délinquants que nous sommes. A Paris, nous prenons le Orlybus à Denfert, qui n'est pas un grand bonheur mais ça va. A 11h45 nous sommes à Orly. L'ambiance est d'office plus sympa qu'à Roissy et quatorze mille fois plus agréable qu'à Moscou. Un steward nous indique les jeux vidéo et nous avoue même qu'il éclate trois scores en arrivant le matin (à 4 heures tout de même) histoire de se réveiller. Pour nous l'avion sera à 14 heures et des brouettes.

Nous faisons un trajet avec la compagnie Transavia, filiale Air-France KLM. Très étonnamment, le trajet ne pose pas le moindre problème d'organisation. Par contre le pilote foire assez gravement son atterrissage, trop vertical. L'avion fait BAAAM et rebondit deux fois. Quand Les Astres disaient : j'espère que l'atterrissage ne sera pas trop dur… Euh… Un Jean-Michel qualifie le pilote de stagiaire en se marrant comme un orque affamé.

L'aéroport de Faro est tout petit, bien structuré et ça va bien. Il n'y a même pas de taxis pour nous harceler. C'est beau la vie. Il fait ensoleillé et chaud.

Du fait que nous devons passer au Décachions, il est inutile de prendre un transport en commun et donc traversons les hameaux de Marchil et Montenegro à pieds. Aucun intérêt, mais en réalité on s'en tamponne le coquillard. C'est agréable de quitter un aéroport à pieds, voilà tout et c'est déjà bien ! Au Décachions, ces derniers m'avaient dit ne pas posséder de cartouches de gaz de grande taille 450 ml mais n'avoir que des 100 ml ; c'est peu pratique et lourd. Résultat sur place : de grandes ils en ont une étagère pleine. Bon bah voilà et c'est trop bien !

Nous descendons au centre de Faro (8 km depuis l'aéroport), qui possède un intérêt pour le moins limité, mais en réalité c'est assez largement décrit dans la littérature. Cette grosse ville de l'Algarve souffre de deux handicaps lourds : le fait d'être engoncée dans des lagunes et le fait d'être survolée.

En effet les lagunes forment un paysage glauque à perte de vue : la Ria Formosa. Bien que ce soit une réserve naturelle, en fait elle n'est pas belle et rend difficile l'activité balnéaire. Quant à Faro, capitale de l'Algarve, ville de 65.000 habitants, elle est terriblement survolée dans un bruit insupportable. Du coup c'est un tintamarre rendant la ville inhabitable. Ses 65.000 habitants ne sont rien par rapport à sa capacité urbanistique. Les logements sont abandonnés. Faro a été sacrifiée pour faire vivre le tourisme d'Albufeira. On comprend…

Alors que nous donnons des nouvelles aux Astres (et à peine arrivés à ce titre), un glauque vient à vélo et demande de l'argent. Il louche très sévèrement sur les sacs et la situation est tendue. Il se barre en crachant. Nous prenons ça comme un avertissement.

Le squat envisagé est extrêmement glauque et parait même dangereux. Comme les horaires le permettent (c'est inestimable et inespéré, c'est grâce au décalage horaire et du fait que tout s'est passé à merveille), nous prenons un bateau vers la ilha do Farol. Sans détour ça nous sauve. Ca n'était même pas au programme tant ça paraissait impossible.

Un petit bateau-navette, pas très régulier et pas très à l'heure en fait, quasiment vide, nous amène sur l'île en 45 minutes. Ca sillonne dans les lagunes, boueuses à souhait ! La « ilha » est une longue étendue sableuse qui permet l'activité balnéaire. Il n'y a pas grand monde, ce n'est pas dégradé pour un sou - c'est même splendide - et ça nous écarte du trafic aéroportuaire. Que demander de plus ?!

C'est au bord d'un paysage devenant peu à peu magique que nous prenons repas du soir, la première chinetoque nounouille du programme. Le ciel est étrange, étant donné que des nuages de sable du Sahara traversent le ciel. Le tout est mêlé aux brumes de chaleur qui rampent sur les plages.

Au fil de la soirée qui avance, nous arrivons à hauteur de « Hangares », des cabanons de pêche, et prenons un squat là. Sacs en bivy posés sur la plage. Bonheur simple. Quelques bourrés passent en pleine nuit, mais c'est agréable tout de même, donc nuit 4 étoiles.

Dimanche

La journée n'est pas compliquée, nous allons suivre les plages de l'ilha do Farol (l'île du phare) jusqu'à son extrémité. Elle est aussi appelée ilha da Culatra. Il s'agit de longues bandes sableuses qui s'étendent jusqu'à l'ilha da Armona. Tout cela longe Olhão. Ces patelins nous font plonger dans les rudiments du portugais et on rame. Ce qui s'écrit n'est certainement pas ce qui se dit. Faro est Farou, voire même Farouw. Olhão est Eulyiayou. Et… ce n'est pas fini !

Le paysage ressemble à s'y méprendre à la pointe d'Arçay, et c'est peu dire que ça fait remonter de sacrés souvenirs. Les pointes sableuses s'élargissent et se perdent dans la mer dans de longs méandres mous. Les rares empreintes de pieds au sol sont celles de quelques pêcheurs. Le paysage est doux, ça fait rêver…

Et les pieds des portugais, on en parle ? Ils ont des pieds en triangle, avec des orteils latéraux, placés sur le côté et un grand orteil comment dire, très grand. C'est normal. Théorie scabreuse : c'est parce que les plages sont penchées, ça accroche bien dans le sable et ça permet la parlotte sans devoir regarder où on marche. Pratique hein !

Comme il fait ensoleillé, nous prenons notre première douche dans la mer, à poil. Euh comment dire… Ce n'est pas chaud ? OK poliment on exprimera cela comme ça, bordelou !

Nous sommes proches d'Armona, 200 mètres, mais aucun passage n'est possible sur l'île suivante. C'était prévu. De ce fait nous rebroussons chemin vers Farol. Etant donné qu'il fait très-très chaud (notons que certains locaux se promènent avec des polaires), nous faisons quelques courses : concombres tomates grosse pastèque, et prenons une pause de trois heures à l'ombre, près d'une calme plage en anse. Nous sommes face au bâtiment de la Policia Maritima, assis sur une chaise Sagres abandonnée. Il faut le faire ?! C'est fait ! C'est à ce titre notre première observation du ballet des fourmis locales.

A presque 16 heures, nous migrons vers le bateau. Il y a pas mal de monde mais ça ne pose aucun souci. Le long de l'embarcation et dans un fort courant de marée montante, une armée de poissons est stationnaire, en nageant contre-courant… pour rien.

De retour à Faro, un dernier regard pour la ville qui décidément est peu attractive malgré ses murailles maures, puis nous prenons immédiatement un second bateau, tout petit, vers Praia de Faro. C'est la plage qui est située complètement le long de l'aéroport. Le bateau est bruyant, amusant et quasiment vide. Le voyage est typique, on est sous les avions.

La praia de Faro est une longue plage sableuse, rectiligne et d'une distance infinie, qui débute notre parcours non insulaire, ou 'presque non-insulaire', car c'est une terrible presqu'île protégeant les lagunes. C'est beau sans détour.

La plage est blindée par ce beau dimanche après-midi, mais honnêtement ça se calme vite. Nous prenons notre repas du soir à ilha de Cima, avec pour particularité que nous nous installons dans la lagune. De nombreux poissons mouchent en faisant d'impressionnants sauts de dauphins. C'est silencieux puis soudain, WOOUUUUAAOOUM, un avion passe ! Quelques cahutes permettent le logement. Comment peut-on habiter là ?

Après une marche agréable car il n'y a plus un chat ou presque, nous profitons d'un coucher de soleil à la portugaise, à 21 heures car en fait c'est comme s'ils étaient à l'heure d'hiver. Nous prenons squat sur la Praia do Ancão, à même la plage à la naissance des dunes. Très bonne nuit, mais eu un peu froid. Nuit 4 étoiles.

Lundi

Nous démarrons tard. A cause du froid, nous nous sommes rendormis au lever du soleil et de ce fait ne débutons la promenade que sur les coups de 7 heures. On s'en moque, il n'y a aucune pression.

C'est de la sorte que nous arrivons sur Quarteira, une espèce de station balnéaire linéaire que l'on pourrait placer sur la côte belge tant l'urbanisme y ressemble. Certes oui des similitudes, mais une constante tout de même : les éternels petits pavés blancs portugais au sol et … le soleil ! C'est avec facilité que nous y prenons de l'eau, et notre premier « pasteis » (prononcer pachtéish), pâtisserie qui débute la liste d'une TRÈS longue série, dont je vais passer les détails par décence !

La ville en tant que telle n'a aucun intérêt, mais se traverse sans peine. L'intéressant site algarve-tourist.com fourmillant d'informations non truquées car c'est fait par un particulier, qualifie le balnéaire d'Albufeira comme étant - pour nous en tout cas - à bannir, car c'est le secteur de la bronzette piscine. Nous y passons parce que, après tout, c'est le Portugal et … c'est sur notre chemin hein ! Quant aux autres types de tourisme que nous (boîtes de nuit, golf), le site est plus modéré dans les propos : c'est fait pour et ça convient. En réalité, Albufeira ne nous aura pas posé de soucis, aussi étonnant que ça soit.

Quarteira étant assez brève, la suite du parcours se situe à Vilamoura. C'est une marina longue à traverser, comme le sont toutes les marinas en fait. Ici le rapport portugais/touriste doit avoisiner les 1 pour 10.000. Il s'agit d'un interminable alignement de commerces quasiment identiques. Le seul portugais est Fatima-João qui fait le ménage dans les hôtels ou vend la camelote industrielle chinoise. Mélancolique… mais non problématique finalement. Ca concentre le tourisme de masse à mort, 15 km sacrifiés, ça fait tourner l'économie et ça gène peu. C'est un Walt Disney pour anglais qui pratiquent du golf. Que cela peut-il nous faire ? Ils sont bien, nous sommes bien.

Vilamoura apporte peu, une heure de grosse chaleur à la marina et voilà. Passons à autre chose.

Quelques kilomètres plus loin, nous faisons une pause de trois heures dans les pins. Sieste superbe. Nous sommes le long d'un bunker touristique invisible car dissimulé dans les pinèdes, caméras partout et barbelés ; il s'agit du Sayanna Wellness do Epic Sana Algarve Hotel. Dans la pinède nous sommes un peu cachés, pas un matou moustachu. Des pies ibériques ne cessent de nous enguirlander, ce qui sera une constante du séjour. Elles sont belles et bavardes !

En bas, nous prenons un bain, douche-lavage peu chaude dans la mer à la splendide Praia da Falésia. Mais quelle chaleur dès le sable ! Couleurs truquées ? Non, les lumières portugaises c'est la palette du peintre.

La suite est un problème par contre, car le passage en plage est bloqué à Praia do Barranco das Belharucas, les falaises ont été privatisées par les hôtels. Nous montons dans les quartiers 'villas de riches' ultra barricadées derrière des barbelés. Les chemins en impasse bloquent tout. Après des déboires globalement peu pénibles en fin de compte, nous traversons le hameau de piscines, quelques courses sommaires, puis prenons un repas chinetoqué à la poétique Praia Maria Luísa. Les fourmis adorent le melon.

Un tenancier de bar installe des piquets de parasol avec un soin démoniaque : foreuse à sable, jalons, mesures, niveaux. C'est ça le Portugal ! Derrière, un gardien bloque l'entrée d'un monstrueux club med, le Da Balaia. Combien d'hectares ??? C'est une ville derrière des barbelés.

Ca prend plus d'une heure à contourner le complexe touristique. Loin derrière, les rochers ne sont pas avantageux pour un squat. Après des détours, croisant trois touristes inquiètes de jouer à Koh-Lanta sur deux cailloux, nous arrivons à Albufeira assez tardivement.

Nous ne sommes que là ? Certes au tout départ, j'avais suivi les conseils du site algarve-tourist, j'avais évacué le site touristique d'Albufeira, puis finalement le séjour ne posant pas de soucis, la marche a été engagée… mais sans carte !

Tard pour un squat, c'est après quelques recherches et une décision difficile à prendre que nous posons les sacs de couchage à même la plage… et donc… là ! C'est la plage la plus fréquentée de l'Algarve !!! Et que s'est-il passé ? Bah ça l'a fait, c'est ça le Portugal ! Nuit 3 étoiles à cause d'un défilé incessant de moustiques, sinon c'était super bien.

Mardi

La plage d'Albufeira est superbe mais par contre possède une curiosité peu agréable, ça sent l'ammoniac partout. Ou disons-le crument, ça sent la pisse à tel point que nous pensions être dans un pissoir. Serait-ce une algue qui provoque ça ? Le mystère restera complet. Même la vieille ville sent ; ça doit être peu agréable pour les résidents.

A la Praça dos Pescadores, la plage centrale d'Albufeira, nous trouvons une douche. A poil !! Autant dire que le spectacle qui s'offre ne manque pas de piquant !! Heureusement il est avant 7 heures. Les bains de mer ça décrasse bien, le souci en contrepartie est que le sel rend collant. Retirer la couche de sel est utile car sinon le sentiment de saleté est épais.

Suite à ces moments épiques pour le voisinage, nous montons dans la vieille ville, qui curieusement est plutôt agréable - on s'attendrait à ce que ce soit balnéaire et moche, mais même pas. Nous allons dans une pasteleria et améliorons la qualité de notre portugais (le reste sera éclipsé hein). Le ciel devient nuageux.

La promenade qui s'ensuit est longuette étant donné que c'est de l'alignement de logement sans charme au kilomètre. Devant un intermarché (ils sont fort implantés là-bas), nous demandons à une dame où passe l'autokarou, laquelle nous indique une direction surprenante. Après un quart d'heure d'attente sans trop d'infos, nous déclarons forfait, tandis que soudainement un bus arrive.

Montant dans le véhicule en courant, je demande avec mon portugais irréprochable à prendre la direction d'Armação. Le chauffeur m'indique que ce n'est pas bon, voire même pas bon du tout, mais il dit : montez vite. Sans que nous ne comprenions tout, il nous fait traverser le déluge de logements insipides et nous dépose à estrada das Sesmarias (37.085076, -8.276064) sans nous faire payer de billet, avec un immense sourire et en nous souhaitant bon voyage. C'est ça le Portugal, ils sont touchants.

Du coup, nous prenons le chemin vers la côte. Nous arrivons à la Praia dos Piratas. Ici ce ne sont plus de longs linéaires de plages mais plutôt des criques à la Varoise. C'est beau comme tout, même si le ciel est plombé. Nous faisons une pause et regardons longuement l'impressionnant ballet de fourmis découpant une demi-fraise tagada. C'est assez fatigués que nous traversons toutes les falaises, mais c'est plutôt normal. Le troisième jour de randonnée est toujours difficile et après on s'habitue.

Ayant passé l'obstacle de falaises, nous arrivons sur une immense plage, se déroulant telle un tapis magique jusqu'à Armação. Nous n'avons pas ce qu'il faut pour manger, faute de prévoyance. A une paillote, le restaurant Praia da Galé, je monte prendre le nécessaire. M'étant trompé de lieu dans le restaurant, je suis guidé en pleine heure de pointe par du personnel prévenant. Ricardo, un serveur attentif et aidant, prépare pour une bouchée de pain de chouettes encas. Le pain et le fromage y sont super bons. On discute un bon dix minutes dans un portugais-français approximatif mais bien marrant en tout cas.

Il est admiratif devant le projet de randonnée et n'a jamais entendu parler de gens l'ayant fait. Ca doit pourtant bien exister. A défaut de falaises donc, le paysage devient une longue plage. Le ciel se découvre, laissant place à une chaleur torride. C'est venu le moment de prendre la longue pause de midi, jusqu'à 16 heures. Nous nous installons à l'ombre sous un ponton.

Marée basse, la mer est montante. Je débute un gros château de sable, qui résistera vaillamment à la marée haute par une technologie avancée : le réchauffement climatique n'existe pas et la montée des eaux est une chimère d'écologistes dégénérés. Le premier ministre, un os de sèche prétentieux, domine l'édifice. Alors que la marée commence à lécher le château, je me sacrifie pour le protéger. Pif paf pouf, le t-shirt vole, la protection de tête aussi. Je me jette à l'assaut de la mer afin d'arrêter les vagues. Durant une petite demi-heure, je défonce les vagues… mais… les vagues me laminent ! Le premier ministre finit emporté comme la vulgaire crotte de mouche qu'il est, noyé, tandis que le château devient un souvenir minable. Belle bagarre !

Après ces évènements, nous reprenons la marche. Le parcours nous fait éviter la plage et partir dans de curieux et jolis marécages, envahis de roseaux. Un faramineux ponton en bois permet de tout traverser durant des kilomètres. C'est beau, calme, il fait très chaud.

C'est de la sorte que nous arrivons sur Armação. Le côté plage de la ville est beau, une sorte de station balnéaire aérée, bien pensée et agréable. L'arrière de la ville est la réalité portugaise : pauvre, sale et dégradée. Nous errons dans la partie pauvre avec un regard mélancolique sur la population emmêlée dans cette situation ; il ne fait guère de doute que certains sont plongés dans la misère et la rue.

A la jonction des deux mondes, nous prenons un repas à O Major 1, restaurant du club de football
Les Armasenences. C'est fréquenté par les locaux et pas des touristes. Rien de bien spécial, assez longue attente, mais ça ne dérange pas.

C'est là que ça commence à craindre. Du fait que j'aie protégé cette raclure de premier ministre incompétent et véreux, la demi-heure de bain a généré un terrible coup de soleil sur le dos et un début d'insolation. Dix jours après j'en ferai encore les frais ! Pas assez précautionneux…

Suite au repas et à une dernière pasteleria, nous montons sur les falaises, au début du circuit des Sete Vales Suspensos : les sept vallées suspendues littéralement. Nous établissons un campement en bord de falaise (raisonnablement je rassure), avec une vue à peine croyable. Nous sommes au pied d'un hôtel très luxueux, le Vila Vita Parc Resort & Spa. Le campement est culotté !

La notation de la nuit, je ne sais qu'en dire. C'est un 5 étoiles et/ou un 0 étoile. Du fait de mes brulures, je ne dors pas de la nuit. De cette situation nait une consommation outrancière d'eau et je n'ai plus assez durant la nuit. Je ne suis pas bien…

Mercredi

Au petit matin, nous débutons la promenade dans les 7 vallées, avec un commentaire qui sera récurrent : le Portugal ça va de 8 heures à 10 heures, ainsi qu'après 19 heures, mais alors le reste…

Au début de parcours, nous notons un tapage. En effet un épervier essaie d'attraper des martinets au fil de périlleuses pirouettes. Avec des difficultés non négligeables, nous devons contourner l'hôtel mille étoiles, du fait qu'ils ont privatisé falaises, chemins, plages et tout ce qu'ils pouvaient. Le détour est conséquent. N'ayant pu privatiser la Praia da Cova Redonda, ils ont rendu son accès invisible : un minuscule escalier avec un panneau à moitié plié. Bref, ce n'est qu'à Praia de Nossa Senhora da Rocha qu'on s'en sort.

Au gré d'immeubles tous vides, on voit une grand-mère arroser. Un robinet ! Oh sauvé. Je suis tellement loin que j'engouffre deux litres d'un coup en dix minutes, sans même ressentir que c'est de trop. C'est dire comment c'était peu drôle. Soudainement ça va beaucoup mieux. Nous dépassons la belle et déserte Praia Nova, puis entamons les falaises. Là-haut c'est prestigieux. La promenade des 7 vallées est effectivement incontournable.

Le défilé de bateaux allant voir la surcotée Benagil débute, ils sont des dizaines. Sérieusement, ça ne pose aucun problème. Parler d'overtourism là n'est pas une réalité flagrante. Ils se concentrent, soit, oui c'est ainsi. Mais que dégradent-ils ? Pas grand-chose. Ils braillent, mais ils sont encadrés. Cependant dès la Praia do Buraco, clairement ça fait mal au cœur.

Là-haut les falaises se rapprochent d'un parking, le Parque de Merendas. C'est immédiatement dégradé à cause de l'accès véhicule. Disneyland à ciel ouvert, les paysages sont détruits. Les chemins font dix mètres de large, c'est piétiné et saccagé à tout bout de champ. Les gens font des bouquets de fleurs et bourrinent la nature de par leur présence. Jusqu'à l'Algar de Benagil, c'est de la défonce. Chemins anarchiques, beaucoup trop larges, selfie sur les bords de falaises, destruction des plantes, incessantes gravures de noms débiles dans les agaves, crottes partout, chiens libres, déchets.

A Benagil, on pensait que ça se calmerait, mais loin de là. Une route mauvaise en long lacet accueille un déluge de bagnoles dans un manque de capacité de stationnement. Ca demi-tourise partout chez les habitants, enfin comment dire, les quelques qui restent. Le carnage dure jusqu'au Farol de Alfanzina. Les commentaires affluent : ouais, bah c'est un chat comme à Paris quoi. Ca gesticule, ça crie, tourisme de masse en fait.

Sortant de ce démoralisant bordel, nous allons au Spar de Alfanzina, correctement pointé sur mes cartes. Bien qu'onéreux, ça dépanne agréablement. Méga pastèque au programme, ça hydrate bien. La dame fait une tête pas possible lorsqu'on parle en portugais, elle évoque qu'elle a l'habitude de se faire insulter en anglais (elle a utilisé le mot ofensa).

Durant le repas, un capverdien passe. Symbole même de la lenteur et de la coolitude, il fait un signe trop chouette de la main en voyant la pastèque ! L'après-repas étant une fournaise, nous faisons une longue pause à la plage Praia de Vale Centeanes, magnifique lieu possédant une grotte agréable. De nombreuses tartiflettes bronzent sous un soleil écrasant. Mazette ?!

La reprise est sans grande remarque, on longe des complexes hôteliers, puis voilà, nous arrivons en fin de parcours des vallées : Carvoeiro.

Cette ville est un Walt Disney plastifié à peine croyable. On tourne à plein régime dans le rapport un pour dix mille. Le portugais est le conducteur du petit train touristique. On quitte le lieu sans visiter, ça ne nous correspond pas (mais ça a l'air de leur plaire un max, donc c'est bien pour eux), puis orientons nos pas vers la suite, qui ne manque pas de surprises d'ailleurs.

Car oui ! Nous devons éviter la gigantesque marina de la ria Arade, qui provoque un détour de 45 kilomètres !! Nous devons aller jusqu'à la gare d'Estombar-Lagoa (6 km) et rejoindre Portimão. Sujet prévu, sans problème, cartes, etc etc. Nous demandons confirmation du chemin à un postier, lequel nous répond en portugais-anglais-français-allemand, enfin bref du alleporfranglais ! Super gentil.

Faisant du stop, nous sommes pris immédiatement par un hollandais retraité ici, lequel nous relate aimer le Portugal et être devenu parfaitement bilingue. Plutôt qu'Estombar, il nous lâche à Lagoa et nous indique un point de stop pratique, qui est… la gare des bus, de laquelle nous attrapons un bus immédiat et direct pour Portimão. C'est dingue !! C'est ça le Portugal.

A Portimão, grosse ville de l'Algarve, nous débutons la promenade à partir de la gare. La ville est totalement déroutante. C'est une grosse conurbation de ville ancienne, collée anarchiquement à Praia da Rocha, une station balnéaire plutôt neuve. Nous sommes perdus !! Mais ça ne fait pas de mal. Algarve-tourism dit que c'est sans charme, mais en réalité c'est plutôt portugais et avenant. Sympa en résumé.

Assez tardivement (pour nous, pas pour le Portugal !), nous prenons un repas à Yupik bar Pim Pam Pum. Le service est d'une rare gentillesse. La serveuse Patricia nous donne des cours de portugais, dont le pluriel des mots est difficile pour nous.

Nous allons dormir à Praia da Rocha, voire même probablement à Praia dos Três Castelos, mais ça reste indistinct. C'est tellement culotté, mais ça passe tellement bien ! Nous sommes dans un repli de falaises, au calme. Formidable. Nuit 4,5 étoiles.

Jeudi

Nous débutons notre promenade du jour par les falaises de la Praia João de Arens. Le moins qu'on puisse dire est que ça dépote sa mémé et il n'y a pas un minou. Ces paysages, alliés avec la Praia do Submarino, constituent les spectacles les plus grandioses de l'Algarve. C'est complexe à marcher, ça fourmille de tournants et ça prend un temps fou à passer. Mais qu'on est bien !

Il est plus de 10 heures lorsqu'on arrive à la Praia dos Três Irmãos (on ne sait pas qui est le troisième), c'est joli comme tout. Le soleil tape et les gens cherchent le roi des coquillages. Peu à peu, on arrive à Ribeira de Odiáxere. C'est une rivière qui forme une barrière de 120 mètres, totalement infranchissable. Le contournement de l'obstacle fait… 35 kilomètres ! Ah bah voilà hein ! Donc on s'y colle.

Deux options sont possibles. La raisonnable : un retour vers Portimão et le train. La déraisonnable : un passage par Alvor, des lagunes, traverser une voie ferrée durant 60 mètres, puis la gare de Mexilhoeira Grande. Nous sommes … déraisonnables ! Ça vaut le coup.

Dans Alvor, nous faisons quelques courses minimales, puis prenons un repas à rua de Ribeira, le long de la Ria Alvor. Ça sent la grande pauvreté. Un chat est en train de mourir, un goéland est en mauvaise santé, des gens misérables pêchent à pied au cours de la marée basse finissante. C'est sinistre, il fait froid.

Nous montons dans des petits chemins qui ne doivent pas voir grand monde et encore moins des touristes, traversons un pseudo-barrage, longeons des lagunes boueuses blindées à mort d'étrilles, puis arrivons à la voie ferrée. C'est une monovoie très peu fréquentée. Nous la traversons à l'arrache sans danger. La veille, des gens la traversaient sur un pont, sur des centaines de mètres, en plein Portimão. Mode locale.

C'est sans difficulté majeure que nous arrivons à la gare de Mexilhoeira Grande (ça se dit, accrochez-vous, Méchuleuéirao-Grandé). C'est un bâtiment tel qu'il était en 1950, inchangé depuis, quasiment abandonné et fermé. Trois anglaises bimbo arrivent dans ce cadre et jettent un sacré décor ! Le train est une pourriture, qui agréablement nous dépose à la gare suivante, Meia Praia, qui de gare n'a que le nom, mais qui nous fait passer l'obstacle de la rivière. Super trop bien !!

Du coup ça se passe tellement bien, nous retournons jusque la jetée à Ribeira de Odiáxere et voyons les 120 mètres qui nous séparent de l'autre côté. Mazette !! 5 heures pour 120 mètres, après tout c'est plutôt un bon score.

Il fait mauvais temps et venteux. Pour fêter ça, nous creusons dans le sable un réseau de galeries formant un dédale minier technique et amusant. Au passage, deux personnes âgées demandent : what are you doing ? Je leur sors : we are searching gold, it's a gold mine. Madame lance une phrase, sans s'attendre à être comprise : c'est quoi leur connerie ? A laquelle je réponds dans un français parfait : c'est une mine d'or mâdâme !

A la plage, le goéland João Carvalho Camacho da Meia Praia est en train de mourir. Il allait se faire emporter par la marée haute et se noyer. Je le dépose avec infinie douceur dans les dunes.

C'est là que nous terminons définitivement l'Algarve des plages. Ensuite il n'y aura plus de longues étendues sableuses. Nous traversons actuellement l'Algarve des falaises, qui a débuté il y a 20 kilomètres. Après Luz, nous passerons sans transition, brutalement, dans l'Algarve austère et ce jusqu'à Sagres. Tout l'Alentejo est d'ailleurs au même rythme. Superbe, sauvage, rude, dure… En réalité donc il y a 3 Algarve.

C'est au fil d'un parcours en marée haute que nous rejoignons Lagos. Il faut marcher dans le sable mou et c'est dur-dur. Lagos est à ne pas confondre avec l'éponyme du Nigéria. Ca se dit à peu près Lagous(sh). Le sh est à peine prononcé. Il fait froid et nous devons contourner la marina de la ribeira de Bensafrim. C'est longuet et de peu d'intérêt. Un établissement touristique s'appelle we are locals. Ah bon ?? On en vient à douter en fait.

Derrière, Lagos offre un paysage lourdement touristique, mais ça on s'y attendait. Nous faisons quelques mini-courses d'appoint à intermarché, puis montons dans la vieille ville. Manger dans cette enclave surtouristiquisée n'est pas aisé. C'est le hasard qui nous amène à un des meilleurs établissements de la ville, le Momo Express. C'est un népalais. Momo signifie vapeur.

Ce tout petit établissement a un bon rapport qualité-prix. Le service est approximatif, jusqu'à ce qu'on se rende compte qu'ils sont à l'aise en anglais et moins au point avec le portugais. Assez étonnamment, il existe une communauté népalaise non négligeable au Portugal. Le service et attentionné et gentil. Seul bémol, ils superposent la musique ( ??? ) de Justin Bieber avec des chansons traditionnelles népalaises. Sacré capharnaüm. Le repas est agréable, mais ce n'est pas régime !

En montant dans la ville, nous allons dormir à la Praia do Pinhão (photo d'entête du CR). C'est un truc de dingue. Nous sommes en pleine ville, 30.000 habitants, et squattons dans un 5 étoiles. La vue dépote. Par contre il se met à pleuvoir. La tarp est accrochée sur des bourrelets de falaises. C'était du jamais fait. Des granulés tombent sur la toile, ça fait un peu bizarre… Il tombe 0,1 mm. Nuit 4,5 étoiles à cause de la pluie.

Vendredi

Réveil assez tôt, ce qui n'est pas plus mal, car au matin nous sommes accueillis par John Wingsley, qui fait 163.528 photos du lever du soleil. Certes c'est magique. Nous plions et cachons les sacs dans des fourrés. C'est en léger que nous redescendons à Lagos, que nous estimons ne pas avoir assez vue la veille. Une visite plus soignée parait indispensable ce d'autant plus qu'en léger, il ne faut certainement pas s'en priver.

La vieille ville est un dédale de rues à la portugaise : petits pavés, ça monte ça descend, maisons blanches, c'est étroit et… et… pasteleria. Nous prenons un petit déjeuner numéro 2 pas régime du tout, sur une des places principales, la Praça Luís de Camões. Jolie ! Sans détour sans bonjour, un anglais vient nous voir : hey guys, where is the bakery ?

C'est en terminant calmement la visite de Lagos que nous remontons aux sacs. Le soleil tape déjà dur. Ca fait du bien mais ça chauffe !

Nous passons par la très célèbre plage Praia Dona Ana puis au fil d'un parcours tranquille, arrivons, au phare, le farol Ponta da Piedade. C'est infesté de touristes-à-bus mais ça dure peu de temps, ça ne dérange pas pour un sou. La suite du chemin est en pontons de bois, afin de canaliser les touristes et éviter le phénomène de dégradation de masse observé à Benagil. C'est pas mal. Curieusement le cheminement forme plein d'impasses, que nous devons sans arrêt escalader, patauds que nous sommes avec les sacs.

On passe dès lors la gigantesque plage Praia de Porto de Mós, qui possède des falaises ééénormes ! Quelle vue ! On pensait que ce serait une tuerie à monter mais en réalité, ça passe bien. A l'approche de Luz, nous faisons une longue sieste sous les pins longeant le point géodésique, afin de s'abriter de la chaleur. C'est d'un agréable ! Personne à la ronde, seulement la berceuse des pies ibériques au loin, quelques petits fringilles. Les fourmis se promènent et nous explorent.

Vers 16 heures, nous descendons plein pot vers Luz. Il fait chaud quand même ! Luz est une petite station balnéaire, sans prétention et franchement juste ce qu'il faut. Au gré d'une pause lavage dans la mer : ô sainte couille-bleue, le temps mis à disposition est utilisé afin de faire de la maintenance dans le village : cartes postales, timbres, gros lâchage du bic, quelques aliments. Au supermercado, sinistre au possible, mais avec des caissières d'une telle gentillesse, une des dames nous dit : Vila Do Bispo c'est trop bien !

Nous reprenons les chemins. Très soudainement, les paysages deviennent austères. Les falaises ne sont plus rouges mais effondrées dans la mer, grises et brutes. C'est un paysage dur. C'est beau, poignant et violent. C'est de la sorte que nous arrivons sur le village de Burgau, qui se prononce Bourgaou. La consonance germanique fait bien marrer Les Astres.

C'est une toute petite bourgade, ancrée autour de son petit port de pêche. A la micro-plage, nous prenons un repas à la table de pique-nique. C'est venteux. Nous sommes près du « Beach Bar Burgau ». Esteban, un espèce de restons-poli, passe une musique de merde espagnole qui s'accroche atrocement en tête !! Lorsque nous partons, nous chantons tous deux la-la-poutchi Esteban-mon-q, cette espèce de rââclure poutchi pou tchi poutchi pou. Aah !

Trouver un squat n'est pas chose aisée car c'est très venteux. On se croirait près du Kayl Lich en Arménie. Le manque d'espoir pointe son nez, partout c'est caillouteux, quand on voit une pinède… Ah ? On traverse tout dans la brousse, puis, oh merveille, on trouve une purée de trop-bien petite chambre tapissée d'aiguilles de pin. Le bonheur TOTAL. C'est sauvage, à l'abri de tout.

Puisqu'il serait déraisonnable d'aller plus loin, les affaires posées, on regarde le coucher de soleil. Soudain… en deux rasades, 7 youtubeurs passent à 3 mètres ?!?!?! Hé ? Pô compris… Ils ne nous ont pas vus. On regarde le ciel, puis une demi-heure plus tard, j'entends des voix. Je pars vite me cacher, mais les youtubeurs étaient à 3 mètres de moi, ce qui fait que… bah ils se foutent de ma gueule quoi ! C'est pas volé !!

On regarde la télé dans les branches des pins. Merles et chauves-souris. Nuit 4 étoiles. Ah bah non hein, pour un 5 étoiles, il faut une vue exceptionnelle ! C'est comme ça, cela ne se négocie pas !

Samedi

Petit déjeuner assez frisquet, mais tout va bien. Pris en sac de couchage, c'est agréable. Nous démarrons la promenade sous un ciel chargé, mais comme souvent durant notre séjour, ça se découvre graduellement et c'est ensoleillé à 10 heures.

Après un passage le long d'un château ruiné, on voit Sagres au loin. Le paysage devient franchement austère. Certaines plages semblent abandonnées. Nous subissons un long détour routier sur lequel passent tout bonnement deux voitures, dont un ouvrier du bâtiment qui allait sur son chantier juste après. Ensuite de manière hasardeuse, on rejoint la plage Praia da Boca do Rio. Ca change d'ambiance. Plus de parasols, plus de bronzette, ça devient nature.

Les quelques falaises qui restent nous amènent sur le hameau de Salema. C'est le dernier village guilleret. Après nous serons dans la définition de l'austérité, nature sévère et rigoureuse. Dans un petit dédale de minuscules rues, il y a plus de chats que d'êtres humains. Et ils ne meurent pas en plus, si c'est pas chouette ça ! Mais quasiment tous sont fort farouches.

A Salema, nous allons à une pasteleria, la Solmar. Le café fait du bien. Ensuite, la dame refuse de me donner de l'eau, m'expliquant dans un français remarquable que ça ferait du mal aux commerces. Reste que, un wc est dissimulé dans un fond de recoin (37.065801, -8.824556), il faut le savoir, c'est caché, mais il est bien. La douche est prise au lavabo, ça arrose ! Notons que cet établissement Solmar est coté grumpy sur gogole, ils ont même été jusqu'à la non assistance à grand-mère en danger il y a un an.

Reprenant la marche, on se paume brièvement dans un maquis désagréable. Puis, après ce bazar, nous passons les falaises. Le paysage n'a rien de spécial par là. Au gré d'un chemin descendant, un monsieur porte un bébé, lequel fait des cris de goéland !

Le soleil se fait présent. Nous promenons sur trois plages de nudistes, on ne sait plus trop où regarder, puis à la dernière, la Praia das Furnas, nous prenons un repas à une arche projetant de l'ombre. Je creuse une énorme grotte sous le sable, que j'appelle gruta do psiquiatra. La plage est difficile d'accès, ce qui explique le naturisme.

Plus tard, nous allons à une seconde grotte, car la marée monte. C'est très-très venteux et ça lève des nuages de sable sec. Ca fouette et on en a partout.

C'est sous une chaleur torride que nous reprenons la marche à 16 heures. Là-haut après les vallées, ça souffle beaucoup. Du coup c'est nettement plus supportable. A la Praia do Barranco, nous croisons un squat de punks à chiens allemands, puis montons une énième vallée. Là haut ah bah purée, c'est surprise, le paysage n'a rien à voir. Nous sommes au causse de Sauveterre. C'est plat, rude, vide. Curieux et agréable.

Sous un vent furieux qui désormais donne froid, nous prenons notre repas dans une ferme abandonnée (37.033863, -8.907714). Les portes claquent, c'est sinistre ! Au mur, nous gravons un court récit de notre épopée. Il ne sera probablement jamais lu tant c'est isolé.

Nous sommes inquiets pour le campement, car c'est venteux et de plus en plus en réalité, mais je suis confiant du fait que jusqu'à présent, tout a été. Arrivant à Sagres, ça souffle-souffle ! C'est sans difficulté que nous trouvons une chambre fort isolée dans les pins. Il a fallu ouvrir un chemin pour y aller. Sans nul doute, plus aucun humain n'avait été là depuis 10 ans. Ca nécessite un peu de discrétion au vu du voisinage mais c'est super adapté.

Les sacs sont cachés et le lit en place. Nous tentons une sortie à la Praia do Martinhal, mais avec le vent c'est impossible. Nous longeons une villa étrange construite en 2009, formant un bunker repoussant. Caméras de partout, bâtisse dégradée, presque abandonnée mais chiens en chenil. Gros mystère en somme. De quelle célébrité de chiotte est cet étron ?

Soit, nous retournons au lit et la nuit est superbe. Nuit 4 étoiles.

Dimanche

Que l'on pourrait qualifier de journée ratée, mais il y en a toujours une. Après le petit-déjeuner, nous découvrons que le vent est tombé. Nous partons à la découverte de Sagres, mais conformément à la description que j'en avais lue, il n'y a strictement rien ! A ce point d'ailleurs qu'il n'y a pas de point d'eau. Miraculeusement, à 7h55, nous découvrons qu'un Spar-à-Chats ouvre à 8h00. J'y achète un bidon de 5 litres. A l'entrée, les chats attendent leur ration de croques en miaulant. Un monsieur s'en occupe et fait tomber un scooter, tout en s'en foutant complètement.

Plus loin, un autre chat creuse et miaule un doux chant après avoir fertilisé le sol !

En guise de première promenade, nous allons à Ponta da Atalaia. L'ambiance est la fin du monde et l'on pense à Henrique o navegador, il est sûrement venu ici, voir le monde qui s'arrête après la mare incognitum. Longtemps on a pensé que la fin du monde était là.

Après une pasteleria bien méritée, nous partons à la Fortaleza de Sagres. Mais là par contre c'est déception, ils ont privatisé le bout de la presqu'île et il n'y a rien à voir sans ticket. Dommage. Nous n'y avons pas été. Ce n'est pas pour le prix (3 euros) mais pour les bus. Du coup, nous prenons le chemin TRES laborieux vers la fin du monde, le Cabo São Vicente. Le problème est qu'il n'y a qu'une grosse route immonde de 6 km pour y aller et aucun chemin. Ca on le savait, ça ne faisait de mystère pour personne. Au prix de gros efforts, nous trouvons des sentes jusque Praia do Beliche, mais après ça devient invivable, même si on s'acharne en hors piste.

A un moment, il faut prendre la route. Nous sommes trop dégueu pour faire du stop.

Le cap Saint-Moi est infect. Il s'y trouve une accumulation de bus, des camelots de péruviens (SI !!), le site est infesté. Sur place, ça n'a aucun intérêt et on n'arrive même pas à prendre un repas de midi, qu'on finira finalement mal à l'aise sur des cailloux pointus quelques centaines de mètres à l'écart des commentaires oiseux des Michels.

Grosse déception. Nous rentrons par la route au pas de charge. Ca arrive. C'est pas grave. Nous faisons une pause à la Praia do Beliche, bien belle, mais y prendre une douche est un défi. Ca a la même température que la Moulaine ! D'ailleurs personne ne s'y lance. Enfin si, nous !

Partant de Beliche, le palmarès est de prendre un des rares bus, ce qu'on arrive à faire avec succès. Comme on a du temps, on prend un billet pour Villa Do Bispo, puisque la caissière de Luz avait lâché un gros pouce bleu. Le trajet est sans histoire mais même avant de descendre du bus, ça sentait déjà mauvais. Le village est certes authentique et beau mais… se visite en 10 minutes.

Nous avons 3 heures avant le prochain bus !!

Je tente vainement du stop, mais la configuration routière n'aide pas, c'est une grosse nationale. Du coup, nous allons nous promener dans le morne paysage agricole. C'est le vrai Portugal et autant dire que ça ne respire pas l'aisance financière. Des vaches mangent des salades sous les cris énervés d'un agriculteur. Beaucoup de terrains sont en friches. Le village a des maisons abandonnées.

Plusieurs bus passent, mais personne n'y monte. Ca dessert des coins de campagnes reculées. Un jeune fait du stop, galérien vers une zone encore plus reculée. Des vieux devisent, antiques et immuables. Des maisons sont abandonnées et pétrifiées. Au seul bar, nous prenons une imperial. Il ne se passe purement rien sur une lenteur indolente. Quelque part c'est aussi ça le Portugal.

Le bus suivant nous amène à Lagos, de laquelle nous partirons le lendemain matin pour Lisbonne. On fait quelques derniers préparatifs à la va-vite, il est déjà tard.

Nous partons rapidement vers le Momo Express et nous sommes accueillis comme de vieux amis. A la télé se déroule le match Hollande Portugal. Les népalais ont une belle ferveur pour le Portugal. A un moment, un angolais s'assoit et il est accueilli comme ça, juste pour regarder la télé ! La petite sœur népalaise est intriguée et reçoit des origamis de Nico. Réflexe immédiat : photo avec le gsm. Lorsque l'angolais veut voir, le geste brusque est touche pas à ça mon gars ! Visiblement c'est précieux. Le Portugal a gagné, je ne raconte pas l'ambiance !!

Afin d'être plus près de la gare des bus, nous partons dormir à Meia praia. Ce n'était pas la meilleure idée qu'il soit mais on ne pouvait pas le deviner, nuit 2 étoiles, baignée d'aboiement de chiens se répondant au loin, on ne sait pourquoi.

En effet à 4 heures du matin, Nico me réveille en sursaut, il y a un contrôle de la douane. Les phares puissants d'un pick-up balaient la plage. Des gars sont en mouvement à 100 mètres. Et merde… Nous sortons des sacs de couchage puis attendons la sentence. Ca va chauffer… Le pick-up arrive et j'entends des gros blank de bouteilles. Ce sont les mecs qui font les poubelles. Ils ne nous ont même pas vus !

Essai de retour au sommeil, mais dès 5 heures a lieu un curieux ballet, 40 gugusses mettent un bateau à l'eau. Juste sous notre trombine ! Verdict ? Bah c'est simple, c'est férié. C'est Dia de Portugal, de Camões, e das Comunidades Portuguesas, le jour de la fête nationale. Les gars vont pêcher la sardine, qu'ils vont bouffer à foison sur d'innombrables barbecues improvisés dans les rues de partout-partout ! Génocide sardinien donc. Ah quelle nuit !

Lundi

Bien que crevés, on remonte la pente. La gare de Lagos est un peu nébuleuse, c'est foutoir, mais ça se passe bien. Le bus finit par être plein. A la télé, nous avons d'abord le droit à une émission sur les agriculteurs qui tentent de séduire des femmes : Quem quer namorar com o agricultor. Ensuite, c'est O programa da Cristina, une présentatrice plastifiée ultra-criarde. La chaine de télé SIC vaut le détour, mais je promets pourtant que la télé russe est pire !! Le paysage qui se déroule est quant à lui d'une immense monotonie - pas moche pour autant. Le Portugal de l'intérieur est à peu près vide.

Nous arrivons à Lisboa à 11h45. La gare de Sete Rios est un immense bordel incompréhensible. C'est excentré au nord. Nous rejoignons le centre à pieds, c'est un beau projet, 8 kilomètres urbains.

Bon bref, un compte-rendu sans idioties, sans préjugés, sans dicton à la con, sans citations pourries, ce n'est pas un récit utile. Jusqu'ici c'était trop sérieux, donc il faut ouvrir le bal. Première chose : la valeur d'une ville s'évalue à la qualité de ses pissenville. Résultat : il va falloir s'attendre à un curieux bal à Lisbonne, mais ça ne vaudra jamais Hambourg ! Je sais à qui je pense ;-)

Nous prenons un repas au Jardim da amnistia internacional. Le civisme des portugais est plutôt du genre appréciable. Dans les quartiers portugais - ce excluant donc totalement les quartiers touristiques - la ville est propre. Un berger allemand fait un gros cocó de cão, immédiatement après la parlotte, c'est ramassé par madame-maman. Au-dessus du parc, le ballet des avions est impressionnant. Les habitants de São João de Brito doivent prendre très-très cher.

Nous descendons graduellement vers le parc Eduardo VII, au fil d'un cheminement plaisant. Nous sommes sales. En partant du jardim, les arroseurs automatiques sont en route et font des rotations sur le gazon … ce qui me donne une idée !

La clochardise est poussée loin et Nico est franchement mal à l'aise, tandis que je prends une douche et shampoo dans une hilarité proche de la crise de fou rire. Les gens du bar à côté se marrent comme des baleines tandis que les photos melon envoient du lourd. Y'a pas à dire, les arrosages automatiques, c'est génial, ça décape ! Par contre comme le dit Nico, ça craint si ça s'arrête tout d'un coup durant le shampoooo !

Du coup, c'est tout propre que nous arrivons à Eduardo VII, grand parc urbain. Il est caractérisé par un drapeau du Portugal géant, 6 mètres sur 4, accroché sur un étendard de 35 mètres.

Par la suite, nous faisons plusieurs erreurs d'orientation conséquentes, la géographie de la ville nous étant encore obscure. Nous traversons le quartier Saldanha, avant de quasiment revenir sur Eduardo VII. A côté de la plaque ! Ca ne comporte aucune conséquence. Nous rejoignons Anjos et faisons une pause-café. Dans un petit parc, une enfant joue et possède un rire sardonique communicatif, mouhahahah.

Par des rues remarquablement pentues, nous traversons le quartier Penha França et arrivons à notre logement situé Rua Braamcamp Freire. Ca a l'avantage d'être situé à l'écart de tout cheminement touristique. C'est propre, calme, peu onéreux, adapté, bref du bonheur en boîte de sardines.

Suite à quoi nous prenons des pasteis dans un établissement tout petit et à l'ambiance familiale. Je prends du bolo de bolacha, c'est une TUERIE ! Nico se fout allégrement de ma pomme, étant donné que je vais être obligé de courir autour du lac de Louvain-La-Neuve, avec mon super compteur de calories !

Evitant pour l'instant les emplacements touristiques de l'Alfama et Baixa, nous prenons nos quartiers dans Graça. L'ambiance est pour le moins étonnante et entrainante. En effet comme ce sont les fêtes de quartiers, c'est bamboula dans les petites rues, ce d'autant plus que Mouraria / Graça est à mes yeux le plus agréable de Lisbonne.

Nous traversons assez longuement des rues où se déroulent des festivités pour les enfants. Une musique horriblement entêtante est passée : do re mi fa sol la si. Dur de s'en défaire ! Les enfants jouent de partout, on les appelle au fil du séjour les mômes, donc les momos, qu'il faut dès lors lire mômôsh. Notre langage devient assez compliqué !

Si une chose est bien claire, c'est que de partout des barbecues sommaires sont installés. Des mémés antiques toutes droit sorties d'un livre grillent des sardines. S'il y a bien quelque chose de spectaculaire et attachant au Portugal, c'est la mémé. Elle est partout, elle voit tout, elle sait tout, elle s'occupe de tout et elle est remarquablement gentille.

Nous prenons des sardines chez Susana, un établissement qui fait 3 mètres sur 3, ce qui est à peu près une constante. Le repas est assez déstabilisant, mais c'est en tout cas local et au vu de la festivité, c'était à faire. Sur tout le trajet du retour, nous verrons les barbecues, quelquefois dans de ces rues isolées ! Le fado est diffusé à tue-tête.

C'est suite à cela que nous retournons au logement. Ca fait une journée de plus avec une belle trotte et tout est bien.

Mardi

Au petit matin, notre voisin de logement prend une longue douche. Il nous produit un chant de toute beauté, ce qui provoque de notre part de belles moqueries. Nous l'affublons désormais d'un surnom peu gratifiant : il fait partie du groupe The Destroy ! Il est en solo car il s'est fait virer de The Trash, pour cause d'assez mauvaises vocalises !

Calmement, nous débutons la promenade en descendant sur la gare Santa-Apolonia. Le parcours ne possède pas spécialement d'intérêt. Sur les quais, nous voyons débarquer de gros bateaux de croisière, dont par exemple le Independence of the Seas, possédant 4370 passagers. C'est fou à quelle vitesse ça débarque ces choses-là.

Le tourisme de croisière est le déchet du tourisme de masse, c'est l'apocalypse du capitalisme. Ils font tout à toute vitesse. Ils ont de 9 heures à 19 heures pour visiter, avant de partir à Marrakech ou Djerba, pour le même cirque. C'est de la consommation de masse. Là présentement, ça nous provoque l'arrivée massive de 16.000 touristes pressés, cumulés aux hôtels booking.com, aux 10.000 airbnb existants, aux autobus. En peu de mots, c'est un véritable carnage. Un gros tag bleu écrit en portugais rappelle : touristes dégagez d'ici, Lisbonne n'est pas Disneyland.

Avant que ça ne devienne un désastre, nous visitons rapidement l'Alfama et Baixa, mais 9 heures c'est déjà trop tard.

Du coup, nous montons sur Chiado. Nous prenons des pasteis dans un tout petit établissement rempli de maçons. Nous poursuivons sur Bairro Alto, mais le séjour vire au désagréable. Tout donne l'impression qu'ils font le plus de bruit possible : circulation démoniaque dans les petites rues pavées, passage incessant des tuktuk, travaux omniprésents et à tue-tête, touristes qui braillent, danger des segways. Ça devient insoutenable.

C'est pas faute d'avoir été prévenu. Un site relate le calvaire des lisboètes et clairement, ils n'en peuvent plus, tout comme nous, touristes que nous sommes aussi. C'est agressif, bruyant, stressé. L'Alfama est une déchetterie, c'est moche, ça colle et ça pue. C'est tagué à outrance, même en français d'ailleurs. Le tourisme à Lisbonne est une insulte. Les habitants sont rejetés. Ils ne peuvent plus habiter leur ville et sont contraints, faute au bordel qui ne tarit pas, de partir vers des quartiers dégradés. Les lisboètes, on les retrouve à Chelas ou à Oriente. Est-ce normal ?

Mal dans la peau, nous migrons vers les bairros Estrela et Alcântara. Ces quartiers légèrement plus calmes concentrent les ambassades. Nous descendons jusqu'au pont du 25 avril, qui est impressionnant. En effet il est entièrement en métal. Le tablier est composé de treillis soudés, ce qui fait que d'en bas et d'en dessous, on voit passer les voitures et les trains, comme en lévitation. Le bruit produit par le métal est curieux. C'est comme un essaim d'abeilles. Un beau lieu, pour sûr.

Ca fait une belle et longue marche. Nous repartons en ville afin de chercher à manger, mais après plus d'une heure d'errance dans Misericôrdia et Santo-Antonio, nous ne trouvons rien. Nous prenons finalement des pasteis assez corrects mais onéreux le long du tram 28.

Epuisé du bruit, nous allons nous reposer au parc Jardim da Estrela. Les figuiers de la baie de Moreton (Ficus macrophylla) sont d'extrêmement beaux arbres. Que de curieuses racines ! Et dire qu'elles sont étouffantes, quel arbre. Ca fait du bien de prendre une pause à ce parc.

Nous reprenons avec anxiété les visites, avec le secteur des impressionnants funiculaires (mais victimes de vandalisme), la gare Rossio, l'ascenseur Santa-Justa. Afin de terminer, nous allons voir la cathédrale, nommée Sé, à contrecœur en fait. La surfréquentation est insupportable, Santa-Justa étant un paroxysme. Cela signe l'arrêt de visite de Lisbonne, nous n'en pouvons plus. La ville n'est pas faite pour ça. Les rues sont étroites, pentues, en pavés, les trottoirs sont minimaux, les groupes de touristes énormes. Ca ne marche pas, ça ne marche plus. La ville étouffe et meurt. Lisbonne c'est fini pour nous. Ca vaut mieux, il faut rester raisonnable.

Nous contournons largement le château, infréquentable, puis arrivons dans Graça. Nous prenons un petit repas dans un établissement à l'écart, puis montons au miradouro de Monte Agudo. Introuvable, il nous garantit de la tranquillité et la présence des lisboètes. Ca va mieux. Sur ces entrefaites, nous rejoignons Penha França par le cimetière. C'est plus calme. La nuit arrive doucement.

Mercredi

Nous quittons notre logement. Nous devrons squatter à Lisbonne, ce qui promet de belles festivités, mais en l'occurrence à ce moment plutôt aucun stress. Le parcours nous amène assez rapidement sur la gare Cais do Sodré, qui possède une curieuse structure peu compréhensible, mais ça n'est pas plus étonnant que ça. Nous prenons un ferry vers Cacilhas.

Dès la traversée du Tage, qui s'appelle Tejo en portugais, tout change. Du côté Lisbonne, on est chez les fous. Du côté Cacilhas, ça respire le Portugal. Que ça fait du bien. Ca démonte graduellement la force d'accumulation de l'agression : soit, passons, puisque ça reva nettement mieux.

Nous prenons, à l'écart, des pasteis chez Ernesto Carvalho Louro. L'établissement fait 3 mètres sur 3 et il est blindé de mémés. C'est très bon signe. Une dame nous aborde en mauvais français, mais avec une gentillesse démesurée : il faut venir là. C'est un bon établissement. En effet c'est bon marché, accueillant, délicieux. Oh purée mais bordélou, que ça fait du bien !

Au gré des courses, la dame m'aide à nommer les choses, et une seconde mémé me fait apprendre tous les mots : répète après moi ! Non ce n'est pas du Pao, c'est du Alentejano. La première mémé dit que de l'autre côté, à Lisboa, tout est arnaque, tout n'est que problème. Son terme « esquema » signifierait stratagème, conspiration.

Au centre du village de Cacilhas, nous prenons par chance un bus immédiat vers Costa da Caparica. Je me rends compte tardivement et fort gêné que je n'ai plus de monnaie mais seulement 50 euros, le conducteur se coupe en quatre pour nous aider. Il prend des mamies dans les coins reculés de campagne. Il est impressionnant de bienveillance. Le bus est plein et pourtant il attend que mamie s'assoie, même si c'est longuet. Mamie lui crie : c'est booooon !

Au final, nous avons préféré aller à Costa da Caparica plutôt qu'à Cascais, car c'est plus sauvage. En résumé, probablement une bonne intuition.

Sous un soleil généreux, nous marchons sur une très longue plage linéaire, dédiée au surf et au kitesurf. C'est sans prétention mais agréable. Nous prenons notre repas à l'ombre d'un bateau, le vent se lève et peu à peu, le sable s'envole avec. Nous aurions aimé rejoindre l'immense baïne de Lagoa de Albufeira, mais honnêtement c'est trop loin. Nous stoppons notre marche à Praia da Fonte da Telha.

Ce long parcours éteint pas mal d'anxiété, on est bien, sans prétention et ça compte.
Alors, les filles portugaises, on en parle ?
Une fille portugaise est constituée de 50% parlotte et 50% pasteis. La notion est plus compliquée car fondamentalement une fille portugaise, c'est 150%. Déjà il faut le dire, l'avouer, le chuchoter : une fille portugaise, ça parle tout le temps ! 50% téléphone, 50% cancans entre filles, 50% tartiflette sur la plage. La notion de 50% pasteis est cumulable à 50% parlotte, car à la pasteleiria, on bavarde tout le temps. Bref la fille portugaise est géniale, à 150% de bonheur assuré. Mais… en tant que mari, prends un abonnement téléphonique illimité si tu ne veux pas trop souffrir.

Graduellement de retour vers Costa da Caparica, le vent se fait présent. Le sable fouette les pieds, voire les jambes. Au vu du vent, nous sommes en franches difficultés afin de cuisiner, ce qui fait qu'après de vaines recherches, nous établissons un squat dans l'entrée du camping « Parque de campismo Inatel Caparica ». C'est inconfortable et en matière de clochardise, on est quand même vaguement loin. Bôh ça a été aussi. Il y avait des fourmis !

Après ce repas, nous marchons jusqu'à Cova Do Vapor, petit village berlique-berloque. La promenade amène sur une route.

Là se déroule le presque-drame du séjour. Sans le faire exprès, nous entrons dans Segundo Torrão. C'est comme un accident de voiture, ça va très vite, tu ne sais pas trop pourquoi, il est trop tard. Passant un gros tas de déchets, c'est tout droit, soudainement on se rend compte que c'est un bidonville, ce qu'ils appellent favela. Des groupes d'angolais nous regardent, des mecs commencent à avoir des regards furtifs et à se rassembler, ça file avec des regards en biais. Il est extrêmement temps de se tirer, ce que nous faisons sans ennuis et par chance inestimable. Bidonville regroupant 3000 personnes dans des conditions extrêmement précaires, le site occupe une criminalité élevée d'après le journal Publico. D'autres sites qualifient l'endroit de zone de guerre. Plus personne n'y entre, ni même police et pompiers. Purée le guêpier…

C'est avec inquiétude mais aussi du soulagement que nous nous écartons de la zone, assez grande en fin de compte. Grâce au téléphone à vitre, je prends exemple sur Argo et trouve un lieu reculé pour camper. Il s'agit de la 5ª Bataria da Raposeira (38.665017, -9.236158). C'est une fortification. Nous sommes cachés dans les bois, vas-y pour nous trouver ! Dans la nuit des gens passent en criant, mais ça ne cause aucun souci. Nuit 3 étoiles vu la situation. Merci le téléphone, car sinon ça aurait été une sacrée histoire et merci Argo pour la prise d'exemple.

Jeudi

Le but de la journée est de rejoindre Porto. Il n'y a aucun autre but mais si l'on peut agrémenter d'autres découvertes, pourquoi pas !

Nous descendons sur Trafaria, qui possède un paysage assez approximatif, décrivant une réalité portugaise crue qui dénote de la pauvreté. Face à la gare du ferry, un bâtiment possédant deux peintures illustre le contraste saisissant. D'un côté Lisbonne avec un costa, un cœur et de belles sardines. De l'autre côté Trafaria avec une grue, des containers, un cœur brisé et des sardines mortes. Il s'agit de ce que nous voulions voir, le Portugal réel, ça fait mal au cœur pour eux.

Comme nous sommes un jour férié (fête locale de Lisbonne), le premier ferry est à 8 heures. Nous rechargeons nos cartes de ferry, mais de manière ubuesque, ça ne marche pas. Un guichetier nous évoque avec une mauvaise humeur certaine que ce n'est que pour Cacilhas. Nous devons reprendre des billets et c'est pesant. Arrivés à Belem et voulant prendre le train, il est impossible de recharger les cartes car le système bugue. Nous montons en fraude, ce qui m'est extrêmement désagréable. On rejoint pleinement les paroles de mamie : nous sommes chez les fous ici… A peine le Tage passé, ça nous resaute en pleine gueule.

C'est avec grand bonheur que nous partons. Faute au jour férié, le prochain train pour Porto est dans 2 heures et demie. Du coup nous montons à Graça et prenons des pasteis. La ville est dégueulasse. Près d'un chapiteau, je trouve un évier sommaire, qui permet de se laver. Ca sent horriblement la viande avariée. Clochardise et folle envie de partir.

Le train est un intercités qui s'arrête partout. A Apolonia il est vide, à Oriente il se blinde totalement ; c'est sans le moindre souci en somme. A côté de nous, Joana téléphone quasiment non-stop durant 2h45. Le trajet est sans histoires, tout se passe bien.

A presque 15 heures, nous allons prendre notre repas de midi. En effet clairement, mon chèvre au lait cru sentait trop fort pour le train ! Une constante du Portugal, nous ne trouvons rien pour la pause, donc finalement, nous nous posons le long du mur de la piscine, au sol. Diana, une jeune ado, jette des branches à ses copains et nous regarde intriguée du petit manège.

En descendant sur Porto, l'impression est nettement meilleure qu'à Lisbonne. Ouf, ça va soulager.

Nous nous arrêtons à une pasteleiria près de Campo 24 de Agosto, la Confeitaria Abreu. Les pasteis sont des tueries, dont notamment les jesuítas no porto (dire jezouïtesh). La pâtisserie est blindée de mamies et devient notre repère ! Alors qu'il y a un monde fou, les boulangers sont d'une gentillesse ineffable. Le quartier est par contre fréquenté d'une importante circulation.

Descendant sur le pont Infante, énorme ouvrage de béton, curieusement Porto offre un paysage plus accueillant que Lisbonne, même au centre touristique. Des bateaux de croisière passent 100 mètres en dessous, sur le Douro. Des touristes crient hellooo depuis l'embarcation. De tout là-haut, un portugais crache sur les touristes en contrebas.

Nous longeons le Douro par le haut, ce qui signifie oh purée quel paysage, c'est un canyon rude de beauté. Arrivant au centre, nous découvrons la petite église cachée Igreja de Santa Clara. L'architecture intérieure est dingue, ce n'est pas normal ma foi ! C'est tellement chargé de dorures que ce n'est plus que dorures. C'est affolant. Sans être beau, c'est tellement chargé que c'est interpelant. Un grand respect s'impose dans le silence.

C'est de la sorte que nous arrivons sur la pierre angulaire de Porto, le magnifique pont en fer Dom Luis, le nom du roi l'ayant inauguré. Il est splendide. Une voie de circulation en bas est réservée aux voitures, tandis qu'en haut passent piétons et le tout nouveau métro. Il ressemble trait pour trait au pont Maria Pia, construit par Eiffel, à quelques centaines de mètres de là et aujourd'hui désaffecté. Théophile Seyrig, son disciple, a construit le presque identique ponte Luis.

Mazette c'est beau. Reste toutefois que nous devons camper à Porto (1,8 millions d'habitants) et donc partons pas trop tard. En utilisant la ligne A avec un changement à Trindade, nous nous dirigeons vers Senhor de Matosinhos. Ce qui est très bien, c'est que nous sommes pleinement en heure de pointe. Ca permet de voir le quotidien des habitants. 45 minutes de trajet.

A Matosinhos sul, la plage est immédiatement avenante et un apaisement. Nous y prenons un repas. Il s'y déroule un match de hand-ball. Les gars sont des costauds. Si les danois rentrent en guerre avec les portugais, les vikings vont avoir fort à faire. Désormais nous appelons les mecs les Ken ou les Musclor.

Et les filles portugaises, on en parle encore ? Clairement si la mode balnéaire lisboète est au palmier, ici à Porto la tendance est à la queue de cheval. Quelle théorie fumeuse ? C'est normal. C'est parce qu'à Lisbonne elles doivent gérer le vent. A Porto elles excellent dans les activités sportives. Logique du coup ? Oui bon, d'accord, je sors ---> x.x

Nous partons vers le Parque da Cidade do Porto, qui est l'objectif afin d'établir un campement. Au passage, la sculpture de rond-point Anémona est attractive. C'est un immense filet qui ressemble à un animal marin. Le vent fait bouger comme dans les courants de la mer. Indéniablement une forte réussite. Par contre au parc ça chauffe. Deux tiers du site sont occupés pour un concert. Immensément heureusement, le gigantesque podium est en cours de montage, la musique sera pour demain… On y échappe de peu.

Nous y trouvons soit un endroit caché très bien mais sans charme, soit un endroit pas-caché très bien et avec grand charme : le bord du Lago 2. Que fait-on ? Dilemme.

Le lac permettrait un 5 étoiles. Nous n'en avons pas encore… Nous prenons le risque !

Vendredi

Personne ne nous a vus ! Tôt le matin, une mamie passe pour nourrir les oies, nous ignore superbement. Le petit-déjeuner est pris et les affaires pliées. Reste que… les chants des grenouilles ? Non c'est poétique. Les chants des coqs à 2h12 du matin ? Non ils font partie du lieu. Les moustiques miam-pique ? Non le ballet de chauves-souris les a emportés. Les brumes matinales rampent sur les eaux, c'est de toute beauté. Lourdement négocié : 5 étoiles !

A la plage de Matosinhos, nous avions repéré trois vraies douches et des robinets. Trop glacial pour une douche, nous faisons un gros lavage au robinet, définitivement confirmés en matière de clochardise ! Le trajet de métro est sans histoire et arrivons à notre pasteleiria préférée.

C'est après ce déjeuner que nous rejoignons le centre, afin de visiter le secteur des caves de porto, à Vila Nova de Gaia. Du fait des bateaux de croisière de type Viking, ceux que nous avions eus sur la Seine, c'est nettement plus infesté de touristes. Passant sur Cais da Ribeira, c'est aussi très dense, mais par contre en ce lieu un paramètre connu. Les guides papier en parlent. Depuis que c'est classé unesco, ça craint. Apparemment un classement unesco, c'est décréter la mort d'un quartier.

Ce qui est désagréable, c'est qu'entre São Bento et Bairro da Ribeira, nous sommes constamment harcelés par des vendeurs de drogue : marijuana, chichon, cocaïne. A la fin ils sont agaçants. Dans tout ce secteur, les voleurs sont fort présents. Nos sacs sont portés à l'avant et nous sommes méfiants de manière virulente. Un mec me colle dans la gare, je lui lâche un coup de latte, comprenant le manège.

A midi, nous prenons place dans le logement prévu, situé rua do Almada. C'est une maison de vieux. Sincèrement je me suis cru chez Paulette. La porte s'ouvre avec une ficelle rafistolée de 20 mètres, que l'on tire depuis le deuxième étage. Des myriades de mots écrits sur des torchons de papiers merdiques donnent des instructions contradictoires. Une vieille dame épuisée et totalement exploitée fait le ménage, le chauffe-eau est en panne, ça fuit, la déco est… heu, je ne critiquerai plus jamais celle de mes parents ! Du grand Paulette. Mais bref, nous sommes là pour la douche et celle du quatrième étage fonctionne.

Nous prenons un repas de midi dans une pasteleria qui, quelque peu onéreuse, a l'avantage d'être bonne et agréable. L'après-midi marque la pause indispensable au vu de la chaleur, que nous prenons au Jardins do Palácio de Cristal. Il y a plein de bruit à cause des travaux, mais aussi des paons, des poules et des pigeons. On est bien. Nous débutons notre activité préférée, le chopage de pigeons. Ce sont de petits naïfs. Nous les attrapons au sol puis sous le regard émerveillé d'une jeune ado, les lâchons. Alors tout le monde s'envole dans une grande gerbe tournoyante. Puis… ils reviennent. Nico établit des théories et des stratagèmes sur le chopage de pigeon, ceux qui mangent, ceux qui draguent, ça attrape dur, ça relâche immédiatement ! Grands envols.

Porto n'est pas immense et vers 15 heures, on a le sentiment d'arriver à la fin. Nous traversons toute la ville par le bas le long du Douro, remontons à Fontainhas, puis visitons les quartiers Bolhão et Bonfim. Les murs sont parfois décorés de fées (fadas en portugais), des dessins talentueux signés inês. Malgré des recherches et des investigations menées auprès de locaux, personne ne sait dire qui c'est.

Après des difficultés pour trouver un établissement non touristique, nous prenons un repas à la pizzeria Celeste. Service super gentil, nourriture pas chère (3,75 euros la pizza) et serveuses super-méga papote !! Nico fait leur soirée en disant en portugais que c'était très bon, tout le monde éclate de rire avec le méga accent !

Afin de terminer la soirée, nous prenons une cerveja sur un muret, en regardant le coucher de soleil dorer le pont Luis. Notons qu'il aura fallu 6 supermarchés pour trouver un décapsuleur et 4 supermarchés pour choper la méga-trop-bien capsule pour Marie-Claire, celle de la super-bock coruja. Indéniablement, la plus belle de tout ce que j'ai pu voir. PS : elle a bien un canevas dans le salon, c'est vu et si si c'est vrai !

Sur le ponton, la vue est magique. Elle permet un hygge plus que parfait, ce dont nous avions tellement besoin après Lisbonne.

Samedi

Jour de départ, nous quittons le logement ubuesque, tout en ayant profité d'une bonne douche. Ca sent un peu la pomme de terre tout de même car nous n'avons plus un luxe de vêtements propres. Avant de partir, nous faisons un tour à notre quartier général et prenons possession de la commande des Astres. Le boulanger est ravi que ça parte à Bruxelas.

Suite à cela, nous faisons un tour au cimetière Prado do Repouso, qui était fermé la veille. Etonnant endroit car dans les mausolées, les cercueils sont apparents et doivent quelque peu cuire avec la chaleur. Dans les allées, les mamies papotent et ça donne une apparence de lieu de rencontre avenant, plutôt que pétri de tristesse. A noter que le site est habité par les chats et qu'il fait partie de la tradition de les nourrir dans le cimetière.

Comme le départ approche, nous faisons des dernières courses à la pasteleria Pão Fofo. Le contenu de la boulangerie est indécent ! Et puis voilà, nous prenons le métro vers l'aéroport. C'est tout à fait confortable. Ca sillonne entre les jardins et les habitations durant une demi-heure. L'aéroport n'est pas grand mais possède tout ce dont on peut avoir besoin, y compris une zone calme. On monte à l'avion par la piste, comme dans le bon vieux temps.

Curieusement, le trajet ne pose aucun problème ; il est peu dire que nous avions été traumatisés par l'Aeroflot ! A 18 heures et des brouettes à Orly, je rassure un chien en cage, qui a chtouillé à mort et qui pleure. Il se jette sur la grille pour avoir des câlins.

Nous prenons un Orlybus bondé, puis arrivons sans peine à Bercy. Très-très bien, très-très heureux, nous prenons un repas au soleil couchant, sous le regard de pigeons naïfs et de moineaux malins. Il est plus ou moins 22 heures lorsque le voyage se clôt.

Nico me disait : je me demande comment tu vas faire ce CR. Je répondrais avec le recul celui d'avoir eu la chance d'y aller, ce dont nombreux rêvent. Clairement, ça laisse un doute d'être touriste au Portugal. Avons-nous bien fait ? Avons-nous pesé sur la vie quotidienne ? Puisse notre séjour avoir été un tourisme responsable et respectueux. L'équilibre est très fragile mais c'est une chance.

 

ANNEXE - FICHE DE SAC

Portage [total = 1048 g]
Sac à dos de type kit-bag - 1000 g
Sac à dos secondaire - 48 g

Couchage [total = 2130 g]
Sac de couchage vert-jaune - 1150 g
Bâche de tarp mutualisée - 530 g
Bivy bag Millet gris et blanc - 450 g

Vêtements [total = 1537 g]
Caleçons x3 - 252 g
Tshirt x3 - 483 g
Pull - 288 g
Chaussettes x3 - 396 g
Kway - 280 g
Une petite serviette - 126 g

Administratif [total = 87 g]
Billets d'avion - 20 g
Passeport en ziplock - 36 g
Photocopie passeport - 1 g
Monnaie (350 EUR) - 30 g

Utilitaire [total = 608 g]
Pince à tiques - 1g - (mutualisé).
Dentifrice - 40 g (mutualisé).
Brosse à dents - 7 g

Cartes - 128 g (mutualisé).
Téléphone - 100 g (mutualisé).
PQ - 36 g
Crème solaire - 149 g (mutualisé).
1 mini shampoing - 127 g (mutualisé).
1 bic + 1 feuille CR - 20 g

Nourriture [total = 5824 g]
Eau - 3000 g
Céréales - 500 g
Nouilles 10 Ramen - 1000 g
Café - 186 g
Popote - 106 g
Fourchette - 16 g
Gaz - 250 g sur place
Bruleur et briquet - 66 g
1 pain - 450 g sur place
1 emmental - 250 g sur place

Loisirs [total = 1335 g]
Appareil photo - 754 g
Télécommande car déclencheur mort - 32 g
Batteries x3 - 78 g
Chargeur - 60 g
Carte mémoire de sécu - 10 g
Enregistreur sonore - 167 g
Micros - 30 g
Piles x4 - 112 g
Moumoute - 36 g

Total : 12403

Paysage sonore - Le Portugal
Soundscape of the Portugal country
Paisagem sonora - Portugal
Au sein de cette page et dans le compte-rendu se trouve le paysage sonore du Portugal (section Lisbonne). Afin de ne pas encombrer le texte, déjà touffu, je n'ai pas disposé les titres de l'album. Pour qui souhaiterait identifier plus précisément les sonorités, les titres sont les suivants : 0:00 - Faro, the boat coming from the old city and going to the Praia do Faro (the Faro beach). The boat is crossing the Ria Formosa, some muddy lagunas. Drivers discussing before the start and just after, noisy boat.
4:18 - Cacilhas, into the pastelaria. It's a very small pastry shop, completely full of talkative grandmothers. One of the best place of Lisbon.
13:48 - Ponte 25 avril. The very strange sound of the huge bridge of Lisbon, surmounting the Tejo / Tage river. Cars make a curious noise because the bridge is completely metallic and without asphalt surface road.
19:16 - Armaçao Da Pena, the wind in a reeds field.
22:24 - Sagres, very strong wind into an abandoned farm. Sagres is especially a windy area, because it's the end of Europe, most far point on the south-west.
26:32 - Lisbon, a pastry shop into Penha França district, rua Jose Soares da Encarnaçao. The shop is placed in the street and families speak just near.
33:48 - Porto, the Sao Bento station, with lound noise and a lot of guided tours showing the extraordinary azulejos.
39:20 - Lisbon, Graça district, Vila Berta, dia de Portugal. A feast into the narrow streets, with a lot of children playing and adults drinking.
43:36 - Lisbon, Jardim da Estrela. Some children coming from school are playing in the garden, it's a quiet and pleasant ambience.
47:12 - Lisbon, Castelo de Sao Jorge. A person is playing lute on the castle entrance.
50:48 - Lisbon, Travessa do Monte, Tasca da Susana. It's a very-very small restaurant. On dia de Portugal, the national feast, eating some pilchards into the street. Fish grills, happy children and noisy street.
55:28 - Porto, Campo 24 de Agosto, rua de Bonfim, Confeitaria Abreu. Into the best pastry shop of all the Porto city, lot of grandmothers and quiet ambience into the morning.
60:36 - Lisbon, Rua do Vale de Santo António. A grandmother cooking pilchards into the street, with noisy music. It's late, but music is still loud. Happy atmosphere of Portugal.
Complete duration : 65:24 mn.

 

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