Vincent Tchorski ~ Journal intime des catacombes ~ 1989 à 2004

2002

Introduction

(le 25 explique l'absence de 6 mois)

 

C'est un étrange moment pour reprendre ce journal. Mais peu importe puisque je n'ai aucun compte à rendre. C'est peut-être justement parce que ces écrits sont illisibles que je me permets de les remettre à la lecture. Qui en veut et qui cela intéresse t'il ? La réponse m'a été donnée ces dernières années. Pratiquement personne. C'est sans optimisme que je reprends, sans pessimisme non plus. Je ne sais toujours pas pourquoi je mets en ligne, persiste à ne répondre à aucune question et me fout largement de tout commentaire. Journal on ne peut plus intimiste, de ce fait complètement inadapté. C'est bien car c'est au final ce que je souhaite. Et après quelques mois d'absence qui furent très chaotiques, c'est reparti.

 

25 décembre

Dans le train qui fait Saint-Amand Montrond Paris. De retour de chez Fanny. St Amand est un bourg cossu perdu au milieu de rien. C'est le centre vital de tout un coin. La vie y est recluse, les gens (français donc) sont typiquement renfermés sur eux même, méfiants et peu avenants. Ce n'est pas spécialement une critique contre un peuple, la généralité est à bannir. Simplement un constat et que là, ça marche ainsi (d'après ce qu'en émane le sentiment d'un fugace visiteur). La pierre est plutôt jaune. En fait, le lieux offre un mélange de ressources. On ressent très clairement une influence beauceronne, notamment du point de vue de l'architecture ; cependant, l'âme bourguignonne est bien perceptible.

Fanny se sent seul. Elle habite dans un logement qui ma foi est pas trop mal. C'est assez petit mais le caractère fonctionnel en fait un lieu agréable. Sympathique la moquette dans la chambre, surtout que ça à l'air de cailler sec dehors. Mis à part ça, elle a tout sur place. Je crains seulement qu'à la longue, elle s'ennuie ferme dans ce lieu archi paumé. Les paysages auraient un peu tendance à être ennuyeux. Mais je n'ai pu en percevoir qu'une infime part. Donc mon jugement doit comporter une part d'erreur.

Nous avons profité de la journée de Noël pour faire une ballade. Du côté de la tour Malakoff, qui reste inaccessible et incompréhensible. Au soir, nous mangeons du riz et un cordon bleu. Ca reste hyper sobre mais y a t'il besoin de plus ? Finalement, ce sont les médias qui nous créent des besoins.

J'espère que Fanny arrivera à s'insérer dans la vie locale. C'est loin d'être gagné mais il ne faut pas chier sur l'espoir et l'opiniâtreté, preuve en est de ma vie.

 

Ce qui me donne finalement l'occasion de revenir sur ces derniers temps.

La fin du journal en août dernier (ou je ne sais plus quand) était bidon. C'était pour décourager quiconque de me poser des questions. Ca a marché du tonnerre, jusqu'à en inquiéter largement certains. C'est une preuve de leur amitié et j'en suis reconnaissant.

J'ai quitté Nice vers le 10 novembre je crois, dans une furie incroyable. J'ai du partir du jour au lendemain, étant obligé du coup à vider le logement dans la nuit. Ce n'est qu'à quatre heures du matin que ça s'est terminé. Ereinté bien évidemment. Mais le logement était propre, cela me suffisait.

Je suis arrivé à Bruxelles complètement paumé.

 

Ensuite, c'est une description que je relève d'impossible. Des galères accumulées les unes après les autres, innombrables, décourageantes. Chaque chose devient un obstacle. Les démarches sont imbriquées, parler de vie est illusoire. Ce fut de la survie. Et encore.

Certains m'en veulent de mon silence. Je ne sais écouter leurs paroles. Ils ne savent pas ce que furent ces douleurs. Bien sûr, c'est de ma faute, j'avais une planque et j'aurais pu la garder, toute la vie même. Mais ce n'est pas à ce râtelier que mon âme s'abreuve. Soif d'une vie intègre, ce que grand nombre de personnes exècrent. Quand je veux, je fais, quelqu'en soit le prix. Et mes lignes ne comportent pas une lettre de plainte. C'est un constat brut d'une situation - d'ailleurs, je suis content d'avoir agi ainsi, malgré les douleurs que ça entraîne. La situation à Nice n'était qu'un mensonge quotidien, ça n'allait pas très bien.

 

Les échecs se sont multipliés comme jamais cela était arrivé dans ma vie. Mais j'en suis sorti vivant. Presque indemne. Ces horizons donnent un recul intéressant sur la vie des clodos, une fois de plus. Et bien que 'riche', je me sens solidaire avec eux.

J'ai aujourd'hui de quoi vivre dignement, même très dignement. Un logement, de quoi cuisiner et de quoi manger, ce qu'il faut pour dormir correctement. Les démarches administratives sont en grande partie réalisées. Reste le dernier maillon manquant : le boulot. Ce n'est pas faute de demandes, je les compte par centaines (jusqu'à employé à la morgue.) A ce jour, je suis sur une piste très intéressante, à la Hulpe. J'aimerais beaucoup que ce soit une réussite. Pour l'instant, c'est encore un peu mystérieux. Donc je ne dis rien.

 

Je termine volontairement la description dans le flou. Ce n'est pas la peine de relater des centaines de galères accumulées. Cela n'est pas intéressant. Je regrette simplement d'avoir au fil de ces histoires perdu quelques amis qui m'étaient chers. Je suis d'ailleurs retourné chez Angelina, à Paris, en face des Tuileries. Les peintures au mur représentent Nice. Il paraît que je ne suis plus le même, enfin, c'est ce que certains proches disent. Il est vrai que d'avoir tout reconstruit sur des bases que je juge plus proches de mes aspirations entraîne le fait indéniable que je me sens mieux dans ma peau. Nice était certainement sans que je m'en rende compte une tentative en ce sens. Mais je n'avais pas été assez loin. Je croyais pouvoir reconstruire sur des bases pourries. La vie à Rixensart n'est pas grand chose, mais elle offre l'avantage d'être saine. J'espère que cela restera. Pour l'instant je suis heureux. C'est probablement ça qui fait dire au changement. Je n'en rajoute pas là dessus non plus. La vie se reclus sur de petites choses et finalement, le plus important reste secret. Ca a toujours été ainsi, aujourd'hui cela est plus fort que jamais.

 

27 décembre

Journée grisâtre. La situation du point de vue emploi semble s'arranger. Un second entretien qui s'est passé relativement convenablement. Je balise malgré tout...

J'ai profité de quelques instants libres pour tirer des bilans étranges. Enfin, ce n'est pas un mot très adapté. En fait, j'ai fait le point sur qui étaient mes derniers amis. J'ai perdu de vue de nombreuses personnes. Il ne me reste que 6 amis de confiance. Oh oui, ça fait pas grand monde ! Mais d'un certain côté, ça a du bénéfique, je sais quelles sont les personnes qui ont une grande valeur. Pour les autres finalement, la perte n'est pas une catastrophe. Ce n'est pas que je me juge d'une valeur au dessus de tout, mais à vrai dire, si leur amitié était sincère, ils auraient compris... (même si sur ce coup ci, j'ai été particulièrement peu loquace...)

Autre bilan, il y a une personne que j'estime dangereuse. C'est rare mais c'est ainsi... Du coup, il faut que je prenne pas mal de précautions avant de couper tous les ponts. C'est pas facile la vie, mais d'avoir été abusé point de vue gentillesse, c'est vraiment ce que je trouve du plus impardonnable. Parce qu'en fait, je ne crois pas que je suis spécialement gentil, un peu manipulateur sur les bords, mais sur ce coup là, j'avais changé de tactique...

 

28 décembre

Visite au soir d'une usine désaffectée du côté de Court St Etienne, au parc à Mitrailles. C'est un site où étaient produits des moules. La première partie était réalisée en sable compacté. Donc il traîne plein de moules bizarres en bois. Puis ensuite étaient fondues des pièces sensiblement compliquées. Il y a un appareil à radiographie ressemblant à un immense sèche cheveu. Il est terrible ! Cette usine séparée en deux sites distincts est un classique du genre. Il ne reste pas grand chose malheureusement pour témoigner de ce qu'elle fut. Elle subira d'ici peu le même destin que la tour de Genval, c'est à dire la mort. Cette dernière est béante, écorchée, les aciers tordus à l'air. Elle fait mal au cour ainsi...

 

2002

1er janvier

Une nouvelle année commence. Comme d'habitude en cet occident pourri, c'est le déchaînement de la bêtise. Qu'ont-ils inventé cette année ci ? L'euro. Minable à souhait. Les gens se sont jetés comme des abrutis sur les distributeurs, tellement martelés par la publicité. Ils sont conditionnés. Véritablement ça fait pitié.

Comme hier soir, quel bonheur de pouvoir regarder la télé ! J'ai découvert un gars très intéressant, il s'appelle Arthur. Je ne connaissais pas. A vrai dire, c'est bien, maintenant la bêtise à un prénom.

Enfin... ces plaintes semblent presque du radotage. C'est la même chose tous les ans, c'est lassant. Ce monde est bien triste.

Face à cela, j'organise jour après jour mon offensive contre ces masses publicitaires dont le spirituel est au constant néant. Bien sûr je ne suis rien, mais je ne suis qu'ainsi, en réaction contre ces pourris. Mon site internet est maintenant refondu en intégralité. La présentation y est encore plus sobre (oui c'est possible), le contenu encore plus personnel. J'espère que je choque, j'espère que je suis à contre courant, j'espère que l'on s'attachera à moi au travers des idéaux jamais trahis, j'espère qu'on me haïra aussi. C'est certainement utopique... Tout le monde s'en fout.

 

3 janvier

Harry Potter hier soir au cinéma. C'était pitoyable. Ca me rappelle le temps où à Valenciennes il n'y avait qu'un seul cinéma. Du coup, on allait voir des grosses merdes. Il paraît en contrepartie qu'il y avait Arvo Pärt sur la RTBF. Loupé... Je vais regarder quand passe "à la verticale de l'été", j'ai vu qu'il y avait une rediffusion.

 

6 janvier

Depuis quelques jours, il ne se passe pas grand chose. Je reprends en main des tas de brols que j'avais laissé au complet abandon. La mise à jour du site internet est complètement terminée. Ce fut assez conséquent, il faut dire que je m'étais quand même bien entêté sur des grosses merdes... Etonnamment, ce fut l'occasion de lever des lièvres. De vieilles histoires sont ressorties, datant de plus de deux ans. Je ne m'attendais pas à ce que des bazars si pitoyables puissent encore interpeller quelqu'un... Quoi qu'il en soit, j'ai laissé tomber, jugeant cela plus raisonnable. J'ai vraiment fait beaucoup d'erreurs mais en aucun cas ma volonté actuelle doit se transformer en un procès de l'ancien vincent. La tentation est grande pourtant puisqu'au vu de ce que je fais, ça en a toute la tournure. Faut dire que je n'ai pas une bien grande estime de moi-même, j'ai toujours eu tendance à me descendre...

Enfin, je retrouve François et quelques amis que les événements m'avaient fait perdre de vue et j'en suis bien content...

 

8 janvier

Reparti à zéro une fois de plus. C'est raté pour l'emploi. Ca fait depuis septembre que ça dure ainsi. J'en ai ras le bol mais c'est ainsi... Je préfère ne rien en dire, le manque d'espoir devient trop flagrant... Mais bon, la combativité est encore là et aujourd'hui, je me suis bien donné de ce point de vue là. J'espère que le destin remercie ceux qui sont opiniâtres à la tâche, c'est bien là ma seule qualité en ce moment...

Mis à part ces emmerdements, ce sont des bonnes nouvelles. D'étranges situations me font retrouver des gens que je croyais perdus. C'est inattendu et agréable... D'un certain côté, ça me renforce dans le chemin que je suis actuellement. Je recherche en effet une amélioration de qualité dans toutes mes démarches et par ce biais, j'ai envie de leur faire plaisir, de les remercier pour leur présence.

 

15 janvier

C'est dingue comme quoi que dès que le boulot ça merde, ça fait des trous pas croyables dans l'emploi du temps... Les derniers jours furent agités et le seul loisir que je me suis accordé fut une descente à Lezennes dimanche dernier. Mais bon, c'est porteur. J'ai réussi à dégotter une entrevue avec une entreprise qui a tout point de vue me semble très intéressante. Là encore, je ne sais pas si ça va marcher, c'est une fois de plus une nouvelle espérance... C'est dur d'être chercheur d'emploi, autant pour le moral que pour l'entourage... Ce serait un poste de géologue, je n'en dis pas plus...

Il fait froid. Ca fait du bien d'avoir un café près de soi. J'écoute Sonic Youth. J'avais ça depuis longtemps et je découvre, c'est pas désagréable...

 

Bon, le compte rendu de dimanche dernier... (Dimanche 13 janvier pour Lezennes)

Un rendez vous à la gare de Lille Europe avec Olivier P, impeccable et sans problème. Sauf une chose, les gens chargés de la sécurité de l'eurostar ont balisé un peu avec la barre à mine dans mon sac. Enfin, c'est passé...

Nous nous rendons directement à la plaque que j'ai nommée "grand sud". Comme tous les sites du département du Nord, cette plaque a une clef. C'est assez rudimentaire mais embêtant. Cette clef ci, la seule d'ailleurs, est un peu trop large. De ce fait, j'avais du un an auparavant bourriner durant de longues demi-heures. Là, en donnant quelques coups de marteau, c'est du nec plus ultra, ouverte en quatre secondes. Malheureusement, je dois déplorer la casse de ma clef. En tapant, j'ai en effet rompu une pièce à l'intérieur. Groumf, je vais devoir en bricoler une nouvelle...

 

Réseau "grand sud" donc. Nous partons vers la Chapelle, repaire de Jeff. Après des dizaines de demi tours, nous ne retrouvons pas ce lieu. Nous décidons alors d'aller à son puits et à la salle de la Pierre Sacrée. Et là, quelle surprise... C'est ravagé, pourri, y'a plus rien ou presque. On dirait que c'est à l'abandon. La salle de cinéma est toujours là, la salle des tortures aussi, mais cela n'est pas étonnant puisqu'il ne s'agit que de déchets, personne n'y touche... Bref, je me demande si la Chapelle existe toujours, si l'entrée discrète n'a pas été comblée avec des moellons. Il semble qu'il y a eu des ravages depuis un an...

Ensuite, nous essayons d'avancer vers l'est, mais c'est tellement paumatoire et tellement chiant que nous renonçons, rien à signaler dans ces coins là. Nous essayons alors une explo en suivant le bord ferme droit et nous arrivons à nous paumer, ce qui est relativement angoissant ! Ce n'est qu'après tours et détours dans des galeries submerdiques que nous nous en sortons.

 

A part ça, les injections continuent ça et là, une nouvelle au formol urée dans un coin que je ne connaissais pas. Le réseau s'avère immense mais véritablement difficile à visiter, il est impossible de faire dix mètres sans tourner et retourner, ça gâche la visite et presque son intérêt.

Nous ressortons et allons bourriner une autre plaque, située près d'une rocade pas trop circulée pour un dimanche. Je tape sur la plaque pour la dessouder, celle qui était restée scellée la dernière fois, celle où Porcelanosa était spectateur. Au bout de 5 ou 6 minutes assourdissantes, ça bouge !

En bas, un réseau de taille assez restreinte mais donnant un bel aspect de la partie nord des exploitations. Calcaire de moins bonne qualité et surtout galeries basses complètement bourrées de moellons "déchets d'exploitation". Il en résulte une visite fatigante peu intéressante. Seule la présence d'un puits à eau est amusante. Il est numéroté 33, c'est le premier que je rencontrais... Une autre rencontre également, une chauve souris en hibernation. Je ne comprends pas par où elle est rentrée...

 

Dans une galerie basse, un bloc se détache et me tombe sur le dos. Je ne sais pas ce qu'Olivier a pensé sur le moment, il a du entendre un grand cri Oooouuuaargh ! Le bloc devait faire vingt kilos. Je sens encore son impact mais à priori c'est sans aucune conséquences. C'est vraiment dans les moments où on s'y attend le moins mais bon, c'est une activité qui n'est pas sans risques... Je préfère crever en carrière plutôt qu'étouffé de big macs... M'enfin, je préfère encore ne pas crever du tout :-)

 

Sinon, les tracts que j'avais laissé y'a deux ans avec Manu sont encore là. Vraiment vivant comme lieu ! Comme éventuelles prochaines visites, il faudrait réussir à aller plus loin vers l'est, pourquoi pas... Mais Lezennes s'avère quand même un réseau emmerdant, c'est trop difficile d'avancer là dedans. Il pourrait être plus fascinant d'entrer dans Lille Sud Fac de Pharma et ce sera probablement par là que s'axeront les prochaines recherches...

 

Voilà...

 

Le temps est grisâtre aujourd'hui. Je suis heureux mais je balise. En fait, je n'arrive pas à m'intégrer en Belgique. Même si je ressens la France avec une vague sensation d'écourement, je me sens encore et toujours étranger ici. La maison communale me pose de sacrés problèmes de paperasses et c'est cela qui me fait peur. Ils écrasent avec un étau, la libre circulation, c'est vraiment du grand n'importe quoi, c'est un discours politique de façade qui n'a pas d'application concrète (ou peu)... Il faut vraiment avoir de la volonté pour y arriver...

Groumf, je manque de courage aujourd'hui...

 

16 janvier

Compte rendu d'une descente faite le 11 septembre, lorsque j'étais monté pour une entrevue chez Bia (ratée et plus que ratée). Je ne mets que des compte rendus de descente parce que sion, ça ne parlera que de lettres de démotivation...

La Malogne, Cuesmes, près de Mons.

Il s'agit d'une exploitation de thuns phosphatés. C'est une des plus vastes carrière de Belgique, mais une part non négligeable est noyée.

Nous prenons le train relativement tôt et arrivons sur place sous un temps passablement pluvieux. Le site est morcelé en plusieurs entités, cause de remblaiements. Nous cherchons longuement les entrées possibles pour le site le plus proche de la voie ferrée, mais c'est en vain. Le lieu est réutilisé à des fins de pompage. Il existe en effet huit dômes, de grandes dimensions, mais ceux ci sont obturés avec des cadenas robustes. Il n'y a rien à chercher par là.

Nous retournons sur la partie centrale. Il y a une porte jaune, possédant deux ouvertures pour les chauve-souris. C'est une porte blindée, protégée par deux cadenas, un extérieur, un intérieur. De la même manière, il n'y a rien à chercher par là.

Nous explorons alors les vastes remblais au dessus de la carrière. C'est glissant et il n'y a rien.

C'est seulement à moitié paumés dans des pâtures que nous trouvons quelque chose d'intéressant. Des effondrements laissent un passage (un peu douteux) à l'exploitation.

L'intérieur ne manque pas d'intérêt. Le creusement est très régulier, des galeries plutôt carrées, de 4 mètres de haut environ. Les phosphates ont une teinte jaune-ocre-gris. D'aspect, c'est un peu comme un calcaire de mauvaise qualité. Le site est apparemment bien grand. De nombreuses galeries débouchent sur des endroits noyés. Les galeries sont très similaires et peu de choses permettent de prendre des repères. En fait, le lieu est complètement démantelé, il ne reste rien : pas de graffitis, pas de matériels, c'est vide vide vide...

Quelques lieux intéressants toutefois : les endroits aménagés pour les visites lors des journées du patrimoine. Il y a une voie qui a été montée pour l'occasion, la présence de berlines renversantes importées type Godbrange (si si, je le promets, je les ai même en photo !!), une table en métal semblant servir pour des lessivages (je n'en sais rien, je m'avance...)

Quelques lieux pour la culture de champignons aussi. Bref, le lieu n'est pas désagréable, sans être tout à fait exceptionnel. Ca mérite une bonne visite approfondie, un jour viendra...

 

20 janvier

Comme le dit un sage : quand tu touches le fond du fond, soit tu crèves soit tu remontes. Ah, fait chier la vie ! C'est pas que je ne l'aime pas, mais on peut pas dire qu'elle me fait des cadeaux en ce moment... J'attends. Encore et toujours, ça fait six mois. Je crève comme un rat mort dans mon coin. De tant de difficultés, certains s'étonnent que je cherche à perdre le contact... N'est-ce pas légitime ? Le jugement est toujours bien présent et dans quelque situation que ce soit, c'est cela que je fuis. Il y a beaucoup de gens à qui je n'ai plus rien à dire. Ca se retraduit par un fichier word. Je dresse la liste de ceux qui furent mes amis et je marque à côté perdus, perdus, perdus. C'est loin d'être une complainte. Ce n'est pas la peine d'avoir des amis si on a rien à leur donner. Je constate simplement que là, j'ai plus de boulot, je suis aux fonds de caisse et je ne sais plus trop comment faire pour m'en tirer. Pratiquement tout ce que j'ai entrepris au départ de Nice s'est lamentablement cassé la gueule. Oh pourvu que je m'en sorte... L'espoir existe encore un tout petit peu, des entrevues à venir. Mais si ça marche pas, je ne sais pas quelle sera l'alternative au fond du fond...

J'abomine ce monde de merde. Dans les moindres détails. Comme ces chrétiens qui feraient n'importe quoi pour sauver leur peau ; s'ils étaient bons, ils chercheraient à engendrer le bonheur des autres. Ce monde est un foutu tas de merde. Je ne souhaite plus qu'une chose, avoir un boulot et de m'enterrer au fin fond du monde. Ca fait bien longtemps que les événements ont chié sur mes ambitions...

 

22 janvier

Argh, enfin trouvé un emploi qui ne me détruira pas (Gembloux)... Vraiment il était temps. En regard avec ces semaines et ces mois passés, j'étais vraiment arrivé en fond de caisse, autant financièrement que moralement. C'était le dernier maillon manquant pour qu'une vie saine refasse surface...

En attendant, je garde un étrange regard sur cette période. Tout un mélange entre le dégoût et l'exténuation. Je savais que ça allait se passer ainsi, cela déjà depuis novembre. Dois-je me plaindre ? Certainement pas donc... Malgré tout, je chie de toute la diarrhée possible et imaginable sur la vie. Jamais je n'avais été habité de cette manière d'un tel soulagement en pensant à la mort. Loin de rejeter l'idée de me foutre en l'air, la seule chose qui me dérangeait véritablement, c'était de laisser les autres orphelins. C'est probablement ce qui m'aurait fait reculer, parce que c'est trop lâche de laisser les autres dans la merde et de s'en aller comme ça sans régler ses comptes.

Enfin, faut plus y penser. De cette période, j'aurai gagné en simplicité au moins. Plus d'espérances débiles concernant mes écrits, mon originalité et tout le tralala bien duseignien. Je me concentre sur une toute petite vie. Pas celle d'un péquin moyen certes, parce que jamais oh non jamais je ne pourrai me résoudre à la médiocrité. Mais simplement une vie où le peu de choses qui sont faites le sont bien.

Le week end prochain, descente dans des carrières souterraines du côté de Soissons, un peu d'explo. Ca fera des vacances. J'espère que mon cheminement n'aura abîmé personne, je n'en suis pas bien certain au vu de certains témoignages. Malheureusement, toutes mes présomptions sont confirmées : je souhaite vivre dans un tout petit univers, celui de quelques amis de valeur, celui de références décalées (souterrains, littérature), celui d'un renfermement massif sur moi-même. En fait, j'ai du mal à compter pour quelqu'un, ça me fait très peur. De ce fait, la seule solution d'équilibre est de compter pour très peu de personnes. Ah mon Dieu, ce que je suis compliqué ! Quand je pense que le bonheur pour certains est de savourer un bon match de foot... J'ai beau me vanter d'être simple d'abord et d'opinion, je crois que c'est un vaste mensonge...

Demain, signature du contrat pour le boulot. Va falloir se lever tôt ! Ouf...

 

Les jours manquants sont crashés. Mon site a été piraté. Déjà, si ces jours précédents sont accessibles, c'est grâce au cache de google... Durant ces jours manquants, Gembloux m'a posé des problèmes administratifs, m'a pété de manière impitoyable. J'ai eu un autre entretien ailleurs, aux Isnes, où ça n'a pas marché non plus. Y'a rien eu d'autres parce que ces journées ont été longues et difficiles.

 

 


Quelques recherches...

 

11 février

Pétard, c'est à croire qu'en dehors de la mort, il y a de la vie. (??)

Ah là là, qu'est-ce que j'en bave en ce moment. Le plus terrible, c'est de tenir les moments où le moral tombe au fond du fond. Encore cette après midi, en train de nettoyer la terrasse, j'étais à moitié abattu, surtout à constater que j'envoie des centaines de demandes d'emploi et que le téléphone ne sonne pas. Finalement, j'ai reçu un appel vers 18 heures. Ce n'est pas gagné, loin de là, toutefois ce n'est pas perdu. Dès fois, on se dit qu'on serait mieux mort. J'entendais cette parole dans la bouche d'une autre quelques jours auparavant, faut-il lui en vouloir ? La seule lâcheté consiste à abandonner les autres, c'est ça qui est salaud. Sinon ? Sinon. Je trouve que la question a son intérêt. Mais il faut prendre garde à l'humeur. Parce que perdre la vie, c'est pour toujours, tandis que l'humeur passe par là puis s'en va.

Mouais, je suis un peu à la métaphysique ce soir. Faut dire que j'ai tant de mal à vivre. Je ne fais plus rien de ce que j'aime, je passe mes journées à rédiger des lettres de démotivation masturbatoires. Qui veut de moi ? Je suis un pauvre petit Caliméro malheureux ! Vraiment minable. En attendant, je vois qu'il y en a qui s'éclatent bien. François Bon qui se fait un site du tonnerre, Tue Loup qui présente son album autoproduit, Tiersen toujours aussi touchant (pas pu aller à son concert), Daniel Hélin qui habite à cinq kilomètres de chez moi, (même pas pu aller le voir à Bruxelles faute d'argent). C'est pas facile de reprendre sa vie à zéro. Je ne dis pas que je n'avais pas pris les bons chemins auparavant, je crois simplement qu'à l'écoute de Krzyzanowski, je n'étais pas du bon côté du chemin (ombre et lumière), d'où tant de tristesse au quotidien.

Un entretien il y a quelques jours, pour être serveur dans un resto (oui j'en arrive là.............) Le type, respectueux et intéressant, me dit : tu es un peu intellectuel toi :-p Que dire à ça, répliquer non par modestie, par mensonge, ou tout simplement parce que c'est pas vrai ce qu'il raconte ? Je n'ai rien répondu, mis à part un sourire équivoque du genre à répondre : tu frappes à la bonne porte mon gars, c'est précisément ce qui me traumatise. Par rapport à tous les entretiens que j'ai eu à subir jusque là, surtout deux dont je ne cite pas les noms, ce type était le plus aimable. Je ferai de son resto, si l'avenir me le permet, une de mes tables de référence. Dans la souffrance, on est reconnaissant de la moindre perche tendue.

Il y a quelques jours, je parlais justement de longue et lancinante souffrance. Je pense à juste titre que je suis loin d'avoir dépassé la cap et que c'est encore bien d'actualité (à vrai dire, le peut-on plus ??). Mais je lâche pas prise. Je pense que je regarderai cette période avec pas mal d'émotion quand je serai plus vieux, si je suis plus vieux un jour. Déjà avant hier, je suis passé par hasard devant la smap à Bxl, à quelques pas de là où j'ai essuyé mes plus grosses galères en novembre. J'étais profondément touché. C'est dur d'être humain mais je vais tenir le coup, c'est promis (je crois en fait que cette promesse me lie surtout à moi-même, c'est quand je galère sur les chemins, à m'avaler les kilomètres à pied les larmes aux yeux parce qu'il est quatre heures du mat, c'est là que je dois y repenser fort - je vis un peu pour quelques uns, beaucoup pour très peu, cela ne me permet pas de mourir en discrétion au fond d'une mine en Lorraine). Vais y'arriver.

 

12 février

Compte rendu de recherches, hier soir : la carrière du bois des rêves ou la carrière secrète à Ottignies et peut-être Mont St Guibert.

C'est une carrière secrète parce que parait-il, la Flandre pompe de l'eau en Wallonie. Bien évidemment, c'est le genre de truc qui doit rester discret ici. Concernant la carrière, c'est le seul indice. Aucune trace écrite malgré une recherche approfondie de ma part.

Nous partons Sandy et moi sous une pluie assez correcte. C'est bien, ça fera plus discret... Cette parole anodine me retombera sur le coin du nez quelques heures plus tard... Nous avons un mal fou a localiser ce que j'avais repéré. Ce n'est qu'au bout d'une demi heure de tournicotage que nous retrouvons le site. En plein champ, le long de la voie sncb, une plaque en dôme, type eau comme à la Malogne mais en plus petit. C'est une plaque blindée, assez originale dans sa conception. Elle est ouverte. Elle révèle la présence d'un feeder d'un diamètre de1,20 mètres approximativement. C'est une petite salle abritant donc un gros tuyau d'eau potable. La canalisation file sous la voie et de l'autre côté sans bifurcation apparente.

De l'autre côté de la voie, le pendant. Une autre plaque, même type. Ouverte aussi. Elle révèle la même chose. Sauf qu'il y a une vanne et un coffret électrique en surface, plus un déversement de trop plein. Un peu plus loin, côté est, il y a un reste de descenderie. Comblé, pas de fontis, pas de chatière. Ceci est le résultat de la prospection sur place, c'est maigre ! En rangeant mes brols, mon appareil tombe par terre. Sblontchg, dans la boue. J'ai eu du mal a le nettoyer ce matin. Au passage, j'ai niqué ma dernière péloche de Vassens, rembobiné avec une ouverture en pose B, c'était resté ouvert, je ne pouvais pas le savoir... Ca m'a bien grumblé ! Ensuite, pour rentrer, nous devons passer dans des zones inondées, c'est la merdasse. Sandy se tape plein d'épines de ronces, ses chaussures sont noyées. Chouette la pluie !

Après quelques recherches, je conclue les faits suivants :

Il est évoqué que le feeder alimente Boistfort. Son origine est appelée Profondval. Ce nom ne m'est pas connu, toutefois, je constate sur la carte ign qu'il s'agit du bois qui est situé un peu plus a l'est de la voie. L'alimentation doit donc être ouest-est. La carrière a toutes les chances de se situer un peu plus a l'est en suivant le linéaire du feeder. Possibilité d'utiliser des baguettes de sourcier, c'est certain.

Au vu du diamètre du tuyau, la carrière doit être de belles dimensions, car même en nappe captive, on ne trouve pas des dimensions aussi importantes. C'est en bonne voie d'aboutissement. Je pense qu'on mettra la main sur l'entrée d'ici peu.

Demain, entretien d'embauche. Pas l'un des moindres. Espoir. J'ai d'ailleurs appris que Cécile à trouvé un travail ces jours ci, elle restaure des anciennes photos. Je suis bien content pour elle.

La nuit tombe.

 

14 février

L'entretien hier s'est bien déroulé. Malgré tout ce qui a pu m'arriver jusque là, je ne sais m'empêcher de former un espoir. Ce n'est pas très bon parce qu'à chaque fois, je me tape une désillusion pas croyable. A chaque fois également, je me dis que je ne vais pas m'en sortir, parce que l'avenir devient de plus en plus orageux. Ah, là vraiment j'espère que ça marchera, parce que le fond du fond comme ça, c'est comme bien mortel.

Hier, surprise, une reprise de contact avec Luc. Je ne sais pas trop ce qu'il s'est.................... [interruption, longue et abominable séance de courses].

Luc s'est éclaté dans un puits. Il était avec des spéléos. Il y en a un apparemment qui lui a dit de sauter et il a sauté. Il a l'air vivant, c'est déjà ça !

 

16 février

Compte rendu de visite de Loos, c'est une commune directement attenante à Lille.

Rendez-vous avec Olivier à Lille Europe. Nous partons directement vers la fac de pharmacie, située à Lille Sud. Il y a en dessous des carrières qui paraissent intéressantes.

Sur place, nous trouvons à l'emplacement de cette carrière un magnifique bâtiment d'un institut de recherche, flambant neuf. J'avais prospecté deux ans auparavant ! Le fontis n'existe plus. Par contre, les autres plaques d'accès existent bien. Il y a celle dans le parking du métro, mais c'est activement contrôlé par des gardes qui font des tournées. Il y a la plaque située dans le parking de la fac, mais celle ci est située en plein milieu du parking. On a vu mieux... C'est une plaque ancienne, type Paris II. A l'intérieur, je ne suis pas bien sûr qu'il y a des échelons. Dernièrement, il y a une entrée mentionnée près de la station essence, dans un bâtiment sans porte et sans fenêtre !

Donc, l'entrée n'est pas vraiment possible par les moyens classiques. Nous faisons de la désobstruction dans un champ, sous le regard d'un vigile au loin. En dessous, une seule catiche et rien d'autre. Plus loin dans le jardin de la fac, il y a des fontis, mais ils ne donnent pas accès à la carrière. Ce dossier Lille Sud ne manque pas d'intérêt, mais la seule entrée possible est le parking de la fac. Ce n'est pas pour aujourd'hui.

 

Ensuite, nous filons vers Fâches Thumesnil. Sur la route, nous voyons dans les champs des barrières au loin. C'est sur la commune de Loos, il y a des carrières ici. Nous allons regarder, c'est un effondrement de deux catiches fort hautes, le trou est majestueux, impressionnant, beau : photos à venir !

Nous nous équipons et descendons le bazar. Une barre de 1,50 m plantée dans le sol à quatre mètres du trou, une corde et toute la quincaillerie spéléo. La descente fait dégringoler plein de morceaux de calcaire. Pour ma part, je merdouille un peu, n'étant pas vraiment habitué à ces techniques, mais tout se passe bien.

En bas, nous suivons le bord droit. C'est très régulier, c'est en fait du tout catiche (que des catiches, pas de chambres et piliers). Les catiches sont des excavations ayant la forme d'une grosse bouteille de lait. 5 à 6 mètres à la base, 10 à 12 mètres de haut. L'obturation par enroulement de pierres est tout petit ici (1mètre). Les catiches sont collées les unes aux autres dans de longs linéaires imperturbables. C'est très similaire de place en place. Le paysage est presque lassant, mais ça vaut franchement le coup quand même de voir ça au moins une fois, c'est atypique et mémorable. Sinon, peu de graffitis anciens, pas de restes mis à part deux puits à eau. Le sol est nivelé champignonnière dans un certain nombre de catiches. Nous ressortons à 15h30, après une séance photo en contre jour.

Par la suite, nous arrivons à Fâches. Ma tenue de glauque n'arrive pas à impressionner une dame qui ose me demander si je connais un lieu pour trouver des pilules anti convulsion ! Avec quelques difficultés, nous arrivons à trouver la plaque de la rue Kléber. Très peu profond, quatre mètres je crois. Nous entendons les voitures d'en dessous.

C'est un infâme trou à rat où il faut ramper sur des cailloux informes, les galeries queutent de partout. Je m'attendais à mieux ! Nous ressortons rapidement parce que c'est gonflant de ramper ! Mmm, c'est qu'on commence à se faire vieux !

Nous poursuivons par des prospections dans le secteur de la Jappe où il est mentionné plusieurs carrières mais nous ne trouvons rien. Prospecter, je crois que c'est plus quelque chose à faire seul. En tout cas, la prochaine descente lilloise nous irons vers Valenciennes, parce que là, on a beaucoup marché et c'était pas forcément très payant. Il faudrait trouver des sources d'information plus précises, il y a quand même 280 carrières en secteur Lillois (sans Cambrai) et les découvertes ne sont pas proportionnelles.

 

18 février

Il est 9h17 et j'ai déjà terminé tout ce que j'avais à faire. La journée promet d'être longue ! A vrai dire, je devrais continuer à chercher un emploi mais le courage me manque affreusement. J'attends la réponse de l'entreprise E.

Hier, il y a rail.lu qui m'a contacté. C'est un site très conséquent sur les mines de fer en Lorraine. C'est marrant parce que justement, j'avais découvert cette documentation il y a quinze jours. Ca se croise étrangement. C'est un événement qui me plaît beaucoup et je vais tout faire pour lui donner de la valeur, peut-être une participation.

 

22 janvier

Etrange comme tout s'est solutionné en quelques heures. Ca faisait des mois que l'immobilité totale m'écrasait et là... soudain tout est réglé. Je ne comprends pas toujours très bien ce que la vie veut par moments, enfin... je ne vais pas me plaindre. Cette fois ci, j'ai les outils nécessaires pour la stabilité. Tout ce que j'ai cherché à construire depuis quatre mois est maintenant abouti, je ne le regrette pas, il me semble que ce sont des bases qui seront durables. Cette réaction fut dure mais nécessaire. Un peu d'amertume seulement face à ce que la vie m'a fait bouffer. Comme le témoigne les jours accumulés, ça n'a pas été sans peines. Franchement, y'a pas de quoi être glorieux...

Je suis chez E.. De ce que j'ai vu, je ressens que c'est sain. En plus, j'ai enfin l'occasion de m'investir dans le privé. Au revoir le public, c'est sans regret. Les dernières impressions du secteur public ont été plus que nauséeuses, je pense en particulier à ***, Gembloux. La dame chargée de l'entretien a été impitoyable, d'une dureté à se demander ce qu'elle fout dans une structure sociale ! Je pourrais être haineux. Tout ces gens qui ont été franchement désagréables, je pourrais péter leurs mails, éclater leurs sites internet, leur envoyer des troyens, déchirer leurs ordinateurs, c'est pas un problème, je sais faire. Mais je préfère me forcer à oublier, taire la rancune. La vengeance n'apportera rien de plus malheureusement. Ils ne prendront même pas conscience de leur connerie. Finalement, essayer de ne pas être con soi-même, c'est déjà un bon boulot... Détruire la bêtise des autres, c'est un combat un peu vain, y'en a trop...

Bref, je serai informaticien, comme 80% des cataphiles. Petit clin d'oil amusé sur ce que je ne croyais pas possible durant de longs mois... Contrat signé, début le 4 mars.

Dans les quatre jours qui précèdent, de nombreuses choses se sont passées : j'ai crashé le secteur de boot de mon ordi. Du coup, j'ai du retrouver toutes mes docs. Maintenant, ça se compte en gigas, j'en ai bavé... En même temps, une personne a détruit une partie de mon site internet (110 mégas disparus). Ca en fait un tiers, gros boulot pour retrouver les docs, reconstruire la structure qui devient un peu complexe (surtout à cause de la désorganisation). Avec l'aide de Sandy et François, presque tout est remis en place. Y'a encore des dysfonctionnements, c'est normal, mais je sais où ils sont. Ce sont surtout des problèmes où l'on tombe sur des anciennes pages, ce sera vite réglé...

Sinon, ça y est, je sors du tunnel concernant le culturel, je peux enfin me déchirer à nouveau. Hier, découverte de nouveaux disques : dEUS, le dernier René Aubry, des disques suédois, africains, belges, etc... Et puis de la littérature serbe... Hum, je crois que je recommence à être un peu heureux ; enfin la vie m'appartient. Ca veut pas dire qu'elle sera facile, mais tout au moins j'aurai l'impression de la tenir entre mes mains.

Question littérature, X a été crashé en partie, mais c'est pas grave. Pour ces lignes là, je suis devenu extrêmement exigeant (d'où la lenteur, ça fait déjà 6 mois), ça ne fera pas de mal de les reconstruire.

 

24 février

Ces derniers jours ont pris une tournure que je n'apprécie pas énormément, le temps a été dispersé dans la vacuité. De l'entretien et des changements mais pas de production. Faut dire que c'était pas évident... Site piraté, mail piraté, je me retrouvais un peu démuni... Bref, j'ai tout reconstruit, presque à l'identique. Faut dire que tout ces crash cumulés commencent un peu à me fatiguer, moins d'énergie à revendre... J'ai remis ça en place de manière honorable mais la passion y est un peu moins. Internet me parait trop vulnérable. Quoi que tu fasses, n'importe qui peut passer derrière et tout péter. Bref, je garde une copie sur mon ordi, bientôt sur un cdrom, et internet, ça devient du "secondaire", c'est à dire : c'est bien si ça marche et si ça marche pas, ce sera franchement tant pis !

Dimanche, tout est calme. Petit chat dort. D'ici une semaine, je vais revoir François, c'est une bonne chose, tout autant que la venue des parents en mars. Je commence à retrouver la confiance et le moral, mais c'est long. Des contacts intéressants s'établissent : j-m Ottelle pour les mines de fer en Lorraine, Stevenhagen pour Maastricht. Comme je le disais, cela débouchera probablement sur du mémorable. Il y a quelques années, je me demandais si je n'allais pas décrocher pour les souterrains. Là, je crois que la réponse est donnée, c'est non. Ces lieux sont les seuls où je retrouve la paix, où les contraintes du trottoir ne sont pas présentes. Une vie renfermée sur soi-même, comme d'habitude (dont ce journal est l'antithèse et la contradiction mais je ne m'étends pas puisque je ne sais pas répondre...) Au vu d'une soirée passée chez des amis hier soir, je me rends compte finalement que je ne me contente pas de peu. Ils parlaient gsm, msn, télé et autres bazars bien emmerdifiants. Certes je suis rarement à la hauteur, mais tout au moins je recherche l'intellectualité... Cette complainte est bien habituelle, je me répète.

En parlant de ça (tiens d'ailleurs, ce sont des phrases bien vides...), d'ici quelques minutes, je vais reprendre la rédaction de X. Pouh ! Que c'est dur... Le crash de ce que j'avais écrit me déstabilise un peu, surtout parce que je n'ai pas crashé moi même. Je me retrouve avec un récit amputé à reprendre je ne sais pas trop comment. En plus, je suis assez perturbé avec "Rocade", un livre que je viens de terminer, assez semblable dans le fond. J'ai un peu l'inquiétude de l'interférence. Ce n'est pas que je manipule beaucoup de personnages, mais j'ai quand même l'impression que certains traits de caractère vont se télescoper... Faut reprendre courage en fait, et un bon bol de concentration. Avec la galère, ça fait trop longtemps que je n'ai plus ébauché une seule ligne, ça me démange un peu de donner. Ma vie n'a pas de sens si je ne peux rien donner de manière anonyme...

 

 

28 février

Départ vachement tôt pour aller chez Monique. A quatre heures et demi du matin, faire une vaisselle immonde, ça a un petit quelque chose de romantique ! A la fin, je suis tellement à la bourre que je manque de rater mon train. J'ai du courir comme un fou, je le voyais arriver à partir du magasin de chauffage au croisement. J'ai réussi à le choper et pétard c'était une chance ! Dans le train du coup, j'étais malade comme un chien. Déjà, rien que le lait périmé, c'est déjà pas mal d'habitude, alors là c'était vraiment trop ! J'ai eu du mal à tenir et vers noordstation, j'ai bien cru que j'allais y passer. Heureusement, à Midi, le cercle magique m'a redonné de la force.

J'avais besoin de pognon et évidemment tous les distributeurs étaient en panne (à la place de pognon, le correcteur d'orthographe propose rognon, c'est ça oui, avec un peu de sauce svp...) Après, c'est la France. Et bah là, je crois que l'insertion sociologique est faite pour de bon en Belgique ! Les français m'énervent, je ne sais dire pourquoi. Cela est certainement une réminiscence psychologique toute formée dans le but de justifier et donner de la valeur à ma présence en Belgique. Quoi qu'il en soit, je les trouve bien stressés et surtout peu aimables. La sncf tout particulièrement bât des recors de nullité, c'est impressionnant.

Fontainebleau est un bled bien riche mais y'a des zivas quand même. Ma maman est là et ça permet de la revoir. Mireille aussi, avec ses chats. La journée se tire et s'étire sur cafés et papotages. Caroline la tortue est morte. Je peux constater une forte régression pour une certaine personne de la famille faisant grandes déclamations incendiaires. Je me demande pourquoi tant d'importance lui est donnée, peut-être simplement parce que c'est là une occasion de dire du mal. C'est en tout point pitoyable. On va dire que je grogne tout le temps, grmbl, c'est même pas vrai d'abord :-)p

A 18 heures, François vient me chercher. Il rencontre l'espace de quelques minutes ma famille. Nous partons assez rapidement.

L'arrivée sur Moret (juste à côté) est une occasion de photographier le Loing. J'aime bien ce canal, tout autant que celui du Berry ou du Nivernais. Ils ont une âme. L'eau est bien haute.

Bien crevés, nous allons dormir rapidement.

 

1er mars

Aux gens simples et qui savent le rester.

Nous partons aux aurores pour visiter des trous. La campagne est agréable le matin. Nous commençons en premier lieu par de petites carrières de sable situées à Darvault, petit patelin proche de Nemours. Le site est situé un peu derrière dans la forêt, semble t'il dans des haldes ou tout au moins d'anciennes carrières à ciel ouvert. Nous trouvons un puits à moitié rebouché avec des branchages, il y aurait un gros travail de désobstruction à faire. Nous trouvons le lieu principal au bout d'une dizaine de minutes (François connaît). Non loin d'un porche, c'est autre chose que nous trouvons : quatre gros sangliers et un peu plus loin, neuf petits. Ah ah ! charmant ! Où sont les arbres ? Euh ouais, on va peut-être grimper hein !

Demi-tour et direction une première petite galerie. Ensuite, nous allons à l'exploitation proprement dite. Elle est protégée par des chauvesouristeux. La chatière plairait à Ryu :-p L'intérieur est semblable au Puiselet, je décrirai plus loin. Nous faisons quelques photos puis repartons. Nous avons rendez-vous pour visiter le Puiselet.

A l'heure prévue, nous nous retrouvons sans problèmes, c'est tout près de Larchamp. Ryu et Moloko sont là. Nos tenues orange fluo (François et moi) font fureur. Dommage que nous n'étions pas tous ainsi, on aurait pu faire un catachipendales... En nous changeant, nous tombons sur le maire de Larchamp qui passait là en vélo.

-Bonjour, vous allez descendre dans des galeries ?????

-Euh... Oui, qwaâ...

-Et vous êtes qui ?

-Bah, on est un peu en droit de vous demander la même chose (non?)

-C'est que je suis le maire de Larchamp, j'aimerais bien savoir quand même !

Alors là, François sort son grand jeu : Ah c'est vous, bah j'ai mis du temps à la trouver votre carrière !! [La suite, je coupe, parce qu'avec les érections présidentielles, on a assez de discours !] La fin, c'était : bon, on descend quand ensemble ! Les coordonnées sont échangées.

Nous rejoignons rapidement le site. Ryu et Moloko font la chatière tandis que nous allons les rejoindre à l'intérieur. Seulement, Ryu recule, la chatière est un peu trop fine pour laisser passer sa tunique de taliban. Et puis son turban à l'effigie du barbu le plus connu du monde risquait de prendre un peu le sable, alors non hein !......

Le Puiselet, c'est une carrière souterraine de sable. En son genre, elle est unique en France. Le sable est très fin, très doux. (d'ailleurs, on n'a pas arrêté de le tripoter dans les mains). Le plafond est constitué d'une dalle de grès informe, en gros, ça ressemble à du sable compacté. Les galeries font à quelque chose près 5 mètres de large, 2 à 3 de haut, en fait c'est très informe. Le sable est blanc ou presque. On s'en servait pour faire de verre. Ca a été exploité des années 20 à 40. Le paysage est torturé, c'est bizarroïde, un peu lunaire.

Nous visitons et faisons beaucoup de photos. Y'a du sable partout dans les bottes, le froc, le slibard, etc... Nous mangeons vers midi et demi. Un repas bien mérité et agréable autour de grandes traditions culinaires : paté, pinard, chips... C'est l'occasion de dire du mal de plein de monde, activité préférée du cataphile. Je me suis bien donné ! A ce titre, je suis étonné de voir des tags un peu partout, de gens bien connus dans le milieu. C'est incroyable de voir comme les cataphiles sont égocentriques et imbus d'eux même. C'est un peu comme la sncf, ils ne sortent jamais de leurs références et au final ils sont nuls. Bref, je prends un peu pitié de ces égotiques qui ne trouvent rien de mieux que de graver leur bêtise dans le sable.

La pause du repas est également une occasion pour Moloko de vanter les mérites des hollandais concernant certaines techniques bien précises en matière d'agriculture.

Nous parlons un peu de Titan. Ca fait bien rire. A cette occasion, je ferai un tract spécial Titan (eh oui... désolé !) que je diffuserai de manière très restreinte à cent mille exemplaires numérotés :-)p Ce sera extrêmement méchant, voire même cruel... Bon d'accord, c'est pas vrai.

Nous reprenons la visite. Cette carrière est contifère, enfin non, connifique, enfin non, couillonitique, enfin... Bon, on a envie de faire le con dedans quoi ! Les pentes sont idéales pour le toboggan, les promontoires semblent fait exprès pour faire des sauts de débile dans le sable. C'est vraiment rigolo. Marcher nu pied, c'est pas mal aussi, c'est la plage. Mais bon, y'a quand même des tessons de verre...

Nous sommes rentrés avec le beau temps, nous ressortons avec la drache. Moloko va filer dans le 14 tandis que François et moi allons visiter une carrière à Mocpoix, tout près de Château Landon. Juste à côté, y'a une usine squattée par les ouvriers, y'a des tags partout : otor fermera pas, patron t'es con, etc... L'entrée dans la carrière n'est pas facile facile. Une entrée en hauteur et deux chatières. A l'intérieur, y'a des chauves souris assez rares semble t'il (ventre blanc), nous nous faisons discret. C'est une carrière de blanc. J'ai rien compris à quoi ça sert, faudra que je fasse des recherches. Le matériau ressemble à un calcaire très blanc et de très mauvaise qualité. Le creusement est assez bas (2,5 mètres), c'est en ogive comme à Marly et y'a plein de rognons de silex. C'est assez petit mais pas désagréable. Surtout, y'a une pompe qui était actionnée avec un cheval qui tournait, c'est pas mal. Un peu plus loin, un reste de broyeur. Nous ressortons une heure plus tard, après quelques photos.

De retour à Montarlot, nous sommes vannés et allons vite dormir...


François

2 mars

Départ aux aurores pour rejoindre la Belgique. Il fait beau tout juste après la frontière ! Evidemment, il est à déplorer un retard de la sncf, ceux là ne méritent plus aucun commentaire. Ils sont juste bons à pomper les compte en banque et spammer les mails. J'arrive à la maison à 11h30. Sandy est là, il y a eu de gros problèmes avec la porte. La serrure crochetait, il a fallu pas mal d'énergie pour ouvrir. Bien chiant cette histoire.

Au soir, concert de Daniel Hélin (Pouh fatigué !) Il y a d'abord Mathieu Ha et les marsistes (qui seront bientôt les maiistes, puis les juinistes...) Ils font une prestations vacances. C'est original. Ensuite, c'est un concert d'Arold. Elle est seule avec sa boîte à rythme et c'est bien rigolo. Il y a des fausses poules sur scène ! Pour terminer donc, c'est Daniel Hélin. Le concert est à l'image de son dernier album, ce n'est plus vraiment rebelle. Oui il a chanté le skinhead, mais à part ça, c'était plutôt calme du point de vue rebelz... Enfin, il fallait y aller, sinon cela aurait laissé une déception...

Le public était très indiscipliné et c'était plus que pénible. C'est sans compter les gsm, les cigarettes, la bière renversée... faut que j'arrête parce que sinon, je vais me remettre à grogner ! Le retour est fait dans le froid, y'a du givre sur les fenêtres. Bien crevé. Petit chat arrive à rentrer le matin, il tente de pattouner sur le drap mais se fait éjecter. Pour la première fois, il sort dehors de lui-même durant deux heures. Ce soir, les encombrants, je vais lui prendre ce qu'il faut pour lui faire une cabane.

 

9 mars

C'est difficile de commencer un nouveau job, il y a plein de trucs qui grincent parce que ce n'est pas rodé. Du coup, le journal cette semaine ? Inexistant. Comme le courrier, les loisirs, etc... Même que ça a été la croix et la bannière pour faire les courses mercredi, je n'avais pas prévu assez à manger... Enfin bref, la semaine a été chargée.

En regard avec le passé, je crois que ça y est, je peux m'estimer à peu près sauvé. Avec le poste concerné, je suis certes sur des battons de dynamite mais bon... il suffit de savoir comment les protéger pour qu'il n'y ait pas d'étincelles. A première vue, l'ambiance est sympa mais je ne me fais pas d'illusion, il y aura forcément des têtes de noeud. Tout au moins, je ne serai pas obligé d'attendre quatre mois une commande et quand on passe sa journée dans un système comme ça, je peux assurer que ça pèse. Je ne reviens pas sur les dysfonctionnements du service public, j'en ai déjà parlé et c'est une déception. Cette semaine, j'ai appris énormément de choses, ce n'est pas un mal. Mais toutefois, ça démontre bien que j'ai beaucoup d'adaptation à mettre en place. Avant, j'étais sur NT4, oracle, novell et lotus, là je navigue dans des trucs carrément différents (rien de pareil et c'est même pas ce que j'ai ici à compte perso). En plus, comme les utilisateurs sont tous admin, ils sont balaises et ont quelquefois un pc et un mac. C'est un environnement où ça cravache dur et pour l'instant ça me plaît, le niveau est monté un peu plus haut. Il me semble que le 'pour l'instant' va durer un sacré bout de temps. Quand je pense qu'à la Hulpe, on m'a fusillé à cause de ce pour l'instant... On ne sait rien d'eux mais on veut rester pour toujours parce qu'ils sont génials, ça se voit sur leur tronche tuméfiée. Qu'ils sont cons, c'est phénoménal... Passer des entretiens de motivation en série, il n'y a rien de mieux pour former une rancune solide et un dégoût sans nom sur le monde du travail. Je crois finalement que j'ai eu de la chance.

Le matin en ce moment, je reprends le train. C'est moins galère qu'avant parce qu'il y en a beaucoup plus (facteur 3), mais bon, c'est pas le rêve quand même. E. va déménager à Bosvoorde, je crois bien que je suis l'un des seuls que ça arrange. Les nouveaux locaux sont terriblement chouettes et ça changera de cette tour de 30 étages. Du point de vue transport, étant donné que ce sera dans le centre, ça sera facile. Le temps de trajet sera divisé par deux.

Hier soir donc, de retour pour le week end. 346 mails de retard. Ils ont profité de mon absence pour boucher la châtiere de la PC, entrée des catacombes. Soit ça va être réouvert d'ici peu, soit ça va dégénérer, je ne sais pas s'ils se rendent comptent que pendant que les gens sont en dessous, ils ne font pas chier ailleurs. 4000 visites par an, ça veut dire qu'il y en aura au moins un centième qui va aller foutre le bordel en surface et emmerder tout le monde. De toute façon, nous sommes dirigés par des abrutis, c'est pas nouveau. Et apparemment, plus on monte dans les catégories sociales, plus on devient complètement con. Il est impressionnant comme le champagne et la première classe font tourner la tête à certains.

Week end donc et construction de la cabane pour petit chat. Il en a pris possession avant même que le toit soit posé. A l'entrée, c'est marqué propriété privée en deux langues et apparemment ça lui plaît. Sur l'un des meubles, y'a une grosse farde de docs géologiques à étudier, de bons renseignements sur la Belgique. Pour mon compte, Maastricht sera annulé à cause des parents qui viennent, c'est chiant, ils préviennent même pas à l'avance. Mais bon, je pourrai quand même organiser ça pour les autres. Et puis demain je vais aller creuser, du côté d'Ottignies comme je l'avais déjà raconté. Je ne sais pas ce que je trouverai en dessous mais qui ne tente rien n'a rien. Je ne sais pas ce que sera ma vie dans un an (d'ailleurs personne ne le sait) mais tout au moins, j'ai l'impression d'être du bon côté du chemin. Maintenant que cela est réglé, je vais pouvoir me pencher un peu plus sur les projets littéraires.

 

19 mars

Et paf, 10 jours d'absence. Ce fut le bordel !

C'est marrant, j'écris sur un écran bleu comme quand windows plante. Charmant, ma vie n'est qu'un grand plantage ;-)

Bon, je retourne un peu en arrière, sur la nausée en premier lieu. Lundi dernier, train en retard. Mercredi, train supprimé cause affaissement. Jeudi train supprimé. Vendredi train raté. Hier train annulé. Bref, la SNCB bat des records de nullité. C'est comme la SNCF, ce sont des grosses merdes qui ne sont capables que pour te pomper ton fric. Ces gens m'écourent lamentablement. Certes, c'est pas nouveau et puis... je passe mon temps à grmbler et c'est pas nouveau. Bon... retard chronique, retard énorme donc, je ne sais plus comment donner des priorités tellement tout est vital. La vaisselle qui n'est pas faite, la lessive non plus, le ménage non plus, les sandwiches pour le midi qui sont pas prêts. Merci les enculés de la SNCB. Pour une fois, je peux l'affirmer haut et fort, le malheur de ma vie provient de ces batards. Ce soir, j'arrive à peine à rattraper, ça fait pourtant des jours que je cravache. Oui, faut dire que le week end a été torride. Les parents qui sont venus ici à Rixensart, c'est pas ça qui fait gagner du temps... M'enfin, tous comptes fait, ça s'est bien passé. Le samedi, nous avons été chercher des pralines chez Godiva. Ma môman qui fait : c'est qwaaaaââ ça ?? Elle va en prendre pour son grade avec ce qu'elle a pris, régime sévère à venir, eheh ! Le soir, restaurant à la maison basse, comme je me l'étais promis. Le chef me reconnaît et me demande des nouvelles. Je ne sais pas très bien que penser de tout ça, mais à terme, je persiste à croire que cette personne m'est sympathique. Ca fait appel à des racines que je cherche à enfouir, celles de la souffrance. Jamais je n'oublierai ceux qui m'ont aidé dans ces moments là. Pour revenir aux parents, dimanche journée à Bxl. Le mannekenpis et tout le tralala, ah là là ! C'est dur la vie ! En plus, il pleuvait pas mal... Je ne sais pas s'ils se sont plus, mais tout au moins ce sera un essai mémorable. Lundi matin, à la bourre, je manque de louper mon train, comme d'habitude. Et ce matin, vlan, le gsm tout neuf par terre... Pétard de chiotte, déjà que j'en veux pas de ces merdes, s'il faut en plus que j'en bave à les crever sur le trottoir... Enfin, c'est futilité, on s'en fout.

Nouveau job. Je ne ferai pas les éloges de ce travail parce que cela reviendrait à faire un procès sans concessions de tous ceux qui ont précédé... Oui cette fois c'est vachement bien. Très indépendant, je mène la barque comme je le souhaite sans que personne ne vienne remettre en cause débilement. Les remarques sont constructives, on ne se noie pas dans une hiérarchie à la noix de coco minable. Je ne sais évidemment pas comment ça va évoluer et peut-être bien qu'il y aura de la dégénérescence... Je ne crois pas que ce soit inévitable parce qu'il faut tout le temps apprendre, ce que je souhaite. Et puis personne ne vient partager mon travail, je suis seul sur mes projets et mes entretiens. Finalement, un poste de solitaire endurci mais ayant toutefois un certain nombre de contacts ponctuels (helpdesk). Cet investissement est exactement ce que je recherche, ce sera peut-être une souffrance qui s'éteindra dans quelques semaines (je parle de la souffrance engrangée quant au vécu par rapport au travail)

En fait c'est bizarre. Je vis depuis des mois avec ce putain de fantôme d'Amélie Poulain. Tiersen qui tourne en boucle sans arrêt (d'ailleurs, l'album le phare est vraiment des plus magnifiques), les images qui reviennent sans arrêt dans de multiples situations. J'ai été happé et ce n'est pas fantastique. Ce n'est pas pour Tautou, le fait qu'elle soit connue me lasse et m'écoure un peu. C'est pas de sa faute, faut quand même accepter qu'elle le mérite... C'est peut-être une jalousie mal placée... Enfin, je m'en fous, ce ne sont pas ces questions là qui m'intéressent. Je conclue en fait que le personnage du film représente mon idéal de façon presque parfaite - il manque les idéaux de recherche, de connaissance, de désir d'apprendre sans cesse. Tout au long, je ne souhaite qu'une chose, c'est donner, rien de nouveau non plus. Or, j'ai un mal fou à concrétiser ces envies parce que je me trouve fondamentalement nul. Certes, j'ai une très bonne opinion de moi-même concernant la comparaison par rapport à la masse (ce qui est un fait de fierté bien misérable). Cependant, et ce n'est pas fondamentalement contradictoire, je m'estime comme de la sous-merde parce que je suis à des années lumières de la qualité que je souhaite atteindre. Qu'est-ce que je lis comme bouquin en ce moment, qu'est ce que j'écris (mis à part des articles crapouilleux), qu'est-ce que je fais comme photo, qui est-ce que j'édifie au travers de mon parcours ? Réponse : rien ni personne. Le niveau est trop faible. Quand je pense (enfin repense) à François Bon et autres du genre, je reste un peu décontenancé. Soit je suis manifestement trop con, soit mon chemin est dans la même ombre que le parcours de Krzyzanowsky... C'est pourtant pas la célébrité que je recherche, la preuve en étant que je ne contacte que des purs inconnus (mais tout au moins eux sont intègres dans leur destin).

Soit, tout à l'heure, je me disais dans le train que mon journal prend une tournure de conclusion. Je conclue une vie comme si rien n'était possible ensuite... C'est complètement con parce que ce n'est qu'à force de persévérance contre les masses noires de la vie qu'on arrive à quelquechose... Mais je me sens si fatigué, l'impression terrible d'en avoir trop fait, d'être vieux avant l'âge. Encore certainement une réminiscence du complexe d'infériorité... Pour en revenir à Amélie Poulain, je me fous finalement du film, préférant me tenir à la substantifique moelle. Si ma vie n'a de sens qu'au travers du don, il faut apprendre encore plus, déployer encore plus d'énergie lorsque je suis sollicité... Facile à dire, facile à dire... Je sais que derrière ces mots se cachent plus de 400 mails non lus dont un bon paquet de demandes de renseignements. Il y a quelques temps, je disais que je ne souhaitais pas devenir le monsieur souterrain comme michel le jardinier... Mais bon, je me dis qu'il se peut (chance infime) que ma réponse change du tout au tout une vie (vers le haut) comme cela s'est passé pour mon cas.

La vie, c'est tout petit. Je crois en fait que je suis un peu embourbé. Peut-être trop simple d'esprit... Oui souvent je ne comprends pas les subtilités des relations humaines. Mes idéaux se placent dans des relations simples où la parole à côté de la plaque n'est pas fustigée. Il y a tellement de choses à faire partout, tellement de livres à ouvrir, tellement d'histoires à raconter, c'est trop dommage de rester en plan comme ça comme des cons parce que c'est compliqué d'être amis. Je sais pas trop en fait, c'est un truc à creuser...

Je ressors de la lecture édifiante du journal de ma commune. C'est un ramassis de connerie, comme de très nombreux écrits dans le genre - on se demande pour qui ils cherchent à s'adapter, aux escargots ? Non c'est encore trop haut, ça doit être pour le gazon des pelouses. On devrait interdire la publications de journaux aussi minables, est-ce franchement une nécessité de griffouiller ces merdes là ? Ou bien (sérieusement et interrogation véritable), est-ce pour se mettre au niveau d'une population franchement avilie ? Tout aussi bas, il y a l'édito du vlan et les commentaires du plus, deux journaux gratuits d'annonces. Le gâchis de papier est impressionnant, pour des conneries pareilles, on en vient à avoir pitié. Alors... comme à la commune, ils sont en manque de jeu de mots complètement cons, je vais leur en donner quelques-uns pour leurs prochains articles (quoi, faut bien se mettre à la hauteur de gens comme ça !) : le rix-journal, l'association les rixcons, ou bien les rixabrutis, l'échevin des classes très très moyennes (surtout spirituellement), donc les rixmoyens, les rixspammeurs-de-boîtes-à-lettres, les rixanus (ceux qui ont un anus à la place du cerveau), les rixes-en-catas, etc, c'est infini. Je suis dans une commune où l'on s'affiche. Monsieur Cucu qui est avocat mondialement (voir universellement) connu et qui vent son bouquin de merde lors des réunions publiques. Ca pète plus haut que son cul de partout et la médiocrité va bon train. Hum ! Ca fait du bien de grogner un peu, faut dire quand même que ça me manquait !

Bon, j'arrête là. Mes références se sont encore amoindries depuis quelques semaines, ça en devient vraiment restreint ! Je crois pas que je vais arrêter tout ça. Faut du courage, c'est une petite épreuve à dépasser, une autojustification à former (et même si elle est bidon, ce dont je ne doute nullement, ça permettra d'aller un peu plus loin...)

 

22 mars

Il est tard et je suis crevé. Je voulais faire une retouche du journal mais je ne crois pas que ce soit envisageable, il y en a trop maintenant. Ce qui est derrière est devenu maintenant quasi immuable... J'ai essayé, puis au bout de trois mois compulsés, j'ai compris la douleur. Ca me fait bien chier mais je ne vais quand même pas tout saccager n'importe comment. Brice, mon dirlo, doit passer à la télé actuellement. L'environnement est positif, y'a un potentiel motivant à l'élévation spirituelle ; mais c'est vachement dur quand on est con comme moi. Bah, une seule solution : ne pas s'en faire... J'espère que les gens du boulot ne tomberont jamais sur ces textes, j'ai trop peur des commentaires, des analyses foireuses, du regard des autres (voire le jugement), de la stigmatisation... L'expérience a été faite et ce fut nettement négatif...

Ces jours ci, je vais reprendre la production, celle que j'avais abandonné depuis des semaines et des semaines. Enfin, faut dire que l'emploi du temps était plus que super surchargé... Tant de choses à apprendre la journée, on se couche le soir la tête un peu vide. Là ça va, je recommence à naviguer dans mes pas... Franchement, c'est galère de prendre la relève de quelqu'un... Je suis légèrement inquiet quant à l'avenir - et je crois que cette inquiétude ne me quittera jamais - je suis toutefois agréablement surpris à chaque fois, constatant que les lundis sont moins difficiles qu'avant. Le progrès est franc. Est-ce que ça justifie la totale remis à zéro ? Ces propos tendraient à le confirmer. Mais bon, j'ai tendance à me bouger le cul fortement un temps puis ensuite tout laisser valdinguer jusqu'à l'écourement, un peu de mesure dans tout cela ne fera pas de mal. Caractère de merde trop voué à l'emportement sans réflexion.

Au niveau des projets, il s'agit surtout de reprises et de finitions. D'une part, je vais mettre au propre et en papier les travaux déjà réalisés. Ces tas seront un encouragement non négligeable, parce que franchement, tant de virtualité dans les réalisations, tant de fragilité, c'est dur. Faut quelque chose de palpable. Si j'ai pas mes 5000 pages sous les yeux tous les jours, je suis malheureux. J'ai l'impression d'être plus rien, un joueur de foot en quelque sorte (au bout du match, que reste-t'il ?) Ensuite, une fois que cela sera fait (ce n'est pas rien), je vais attaquer les projets. D'une part, je m'interdis de manière quasi systématique les retouches sur le site, la mise à jour n'est pas bénéfique, c'est du vent pour rien... Je vais reprendre la rédaction de X, chaotique X... Créer un press book des plus belles photos, peut-être entamer un article pour des journaux, puis enfin terminer ces #&# de 5 disques de docs de souterrains. Y'a de quoi faire. Lorsque cela sera fait, ce sera un grand pas de réalisé.

23 mars

A 18h00, je reçois un coup de fil. Bonjour, c'est Ludo, je suis à Bxl, tu peux venir ? Euh ? Bah. oui...

Et hop, une heure plus tard, me voilà à Etterbeek. En fait, tous les joyeux lutins sont là. Ils ont eu un peu de mal à trouver la gare mais au final ont tout de même réussi (ils étaient à Grand Bigard). But premier : bouffer. Nous cherchons donc une gargotte honorable capable de nous fournir des moules frites. Et bien pas moyen d'en trouver. Nous nous traînons lamentablement jusqu'au Solbosch, cela sans succès. Finalement, de retour à la gare d'Etterbeek, nous prenons un steak frite sauce au poivre qui était pas trop mal.

Cette rencontre est l'occasion d'échanger de bonnes idées, des entrées et quelques souvenirs. Ils constatent qu'il y a de la pub partout, y compris dans les chiottes. Bienvenue en Belgique ! Le serveur détecte quant à lui que nous sommes français, peut-être à cause du non-accent, ou bien parce qu'on prononce tout ? En tous cas, il a vu juste.

L'heure de se quitter arrive. Eux partent du côté de Nampcel tandis que train-waiting, je photographie les glauquocoins de la gare d'Etterbeek. Je suis bien content de cette soirée.


Jibou

24 mars.

Ce beau dimanche était sensé être consacré à la gare de Bruxelles Kongres, mais pas de chance, l'entrée officielle est fermée (ouverture seulement en semaine). Du coup, c'est loupé pour ce projet. Je me rabats sur un immeuble en cours de réhabiltation du côté de noordstation. L'entrée est trouvée mais c'est un peu chaud, le projet est à remettre. Quant à une entrée frauduleuse dans les tunnels sncb, c'est même pas la peine d'y penser, y'a une dizaine de trains par minute, c'est inimaginable. En fait, ce lieu ressemble à un goulet d'étranglement.

Déçu, je vais vers centraal pour repartir à la maison. J'aperçois par hasard une tour semblant abandonnée (plus de trente étages). Après une dizaine de minutes de prospection, je trouve enfin un moyen pour rentrer (par les parkings souterrains). L'intérieur est chouette, beaucoup de tuyaux. En fait, c'est la tour où résidait il y a quelques années la loterie nationale. Chaufferie, eau potable, adoucisseur, gaz, ventilation, électricité, c'est tout neuf et imposant. Je mitraille (des dizaines de photos). Les étages supérieurs sont moins intéressants (juste le -1 et le 0), ensuite, il y a une grille. Le seul passage possible est l'escalier de secours, tout le reste est non fonctionnel ou obstrué. Je rentre à la maison enchanté de la visite, une bonne impression. En fait, je crois que je suis heureux comme rarement. J'étais habitué à la galère depuis des années et des années, et là ça fait vachement drôle que tout aille bien, comme une anomalie. Ah, c'est chouette, j'espère que ça durera.

 

25 mars

Amélie Poulain version 2.0 au soir. Je comptais retourner voir ce film pour m'en écoeurer, (afin de ne plus y penser), ce fut un échec relativement mémorable ! En fait, c'est impossible, ce film fait appel à mes valeurs et mes rêves d'une manière quasi intégrale, c'est donc complètement illusoire de m'en séparer. Je conçois tout de même qu'il y a des failles qui ne sont pas négligeables, tout autant dans le scénario qui se perd un peu de temps en temps, mais également dans les couleurs qui sont entièrement fausses (beaucoup de jaune). Mais ça ne suffit pas à foutre en l'air la substance. Le temps calmera tout cela.

Enfin bon, en attendant, y'a Tiersen qui tourne une fois par jour et tout plein d'images qui reviennent (ces quartiers de paname que je connais par cour). C'est pas mortel, heureusement.

 

27 mars

Le chat fout le bordel la nuit, le déménagement de la société où je bosse approche et la tension monte. Je suis crevé et c'est pas prêt de se calmer, j'en ai jusqu'à dimanche comme ça ! Mais l'ambiance est saine et je suis bien content de la tournure des évènements. Certes, je manque de temps de manière assez chronique, mais ce n'est pas une catastrophe. Maintenant que j'ai une machine à laver, ça va s'arranger. De beaux projets prennent pied, notamment une visite de Montrouge, souterrains bourré de crânes et de cadavres. Ca me plaît bien !

Pour ce qui est de mes bouquins, j'imprime méthodiquement. C'est long, ça fait des gros pavés et c'est pas réglé en 5 minutes. Mais ce qui est fait s'amasse et ça marche bien. D'ici une quinzaine de jours, j'aurai tous mes écrits en sécurité, ça va me rassurer. Je sais bien que c'est pas grand-chose, mais bon. protéger autant que faire se peut n'est pas un mal.

 

1er avril

Je déborde sur le mois suivant. Peu importe... Argh, ça y est, enfin terminée cette horreur de déménagement. Trois jours d'enfer total. Du matin au soir, le bordel, la nervosité, les tâches répétitives et fatigantes. Faut dire qu'on a quand même eu le DNS qui a cramé et le routeur qui avait une carte incompatible. Sympa le technicien venu de Mechelen à 20h30 le vendredi soir... Bref, on en a bavé quelque chose de bien ! Là, c'est terminé et enfin à la maison, pétard qu'est-ce que je me sens bien ! Y'a du soleil dehors, des mails bien aigris dans le courrier. Toujours les mêmes histoires, dès qu'il est question de plans de souterrains, il faut qu'ils se tapent dessus. C'est un problème d'ego très répétitif. Rien que pour cela, j'ai bien envie de les faire chier ! C'est amusant, bref, presque une belle journée !

Marrant d'ailleurs cette semaine, des personnes de Berlaimont m'ont retrouvé. Je ne m'y attendais absolument pas. Cette séparation de plus d'un an aura apporté de la valeur à une relation que tout ou presque avait éteint. De la même manière, Morthicia a retrouvé des phrases la concernant dans des archives ayant presque un an... Il me semble que google est un traître de ce côté là... C'est un certain manque de discrétion, mais bon, j'ai qu'à savoir ce que je veux... Mise en ligne égal document public...

De la même manière, je renonce à parler de ce site à Brice. Cela fut une source d'hésitations assez grande, mais bon, au final, je crois que ce serait une démarche digne d'égocentrisme.

Le temps se tire et s'étire. Ca va faire un mois ou presque que je cours après le temps. Là, ça y est, je crois bien que ça va revenir sur un rythme un peu plus cool. Franchement, ça fera pas de mal. Contrairement à ce que peuvent dire certains, je n'apprécie pas d'être sous la pression. C'est tout simplement parce que j'ai du mal à dire non. On me demande un CD par ci, un bouquin par là... Franchement, j'ai aucune raison de refuser... Ca fait plaisir, ça diffuse la connaissance, et quoi ? Je vais refuser tout ça parce que ça me prend 10 minutes ?

Du point de vue des projets, ça se recentre sur des plus petits bazars. Des articles à boucler, des corrections à faire, quelques diffusions. Ca se calme et c'est pas un mal. Faut dire que j'ai lancé un système de systématisation. Maintenant, j'ai beaucoup plus facile à diffuser. Rigolo d'ailleurs, cette semaine, mon papa à lu ce journal. C'est bien la première fois. M'y attendais pas (non plus), pourtant, j'étais resté plutôt discret... Bah, en soi, c'est pas un mal... Disons qu'il va découvrir un certain paquet de choses...

Pétard, on est déjà en avril ! La galère s'efface. Ses traces commencent à se perdre.

 


Carte trouvée dans le bâtiment abandonné Zurich Assurances.
Effectivement, que désirer d'autre, hein !

 

6 avril

Beau samedi. Réveil la tête dans le q à 10 heures, dans le train à 10h30 ! En fait, ça faisait trop longtemps que j'attendais ça, je pars me taper la tour d'Ursel. J'avais trouvé il y a quinze jours un moyen de rentrer, mais des grilles m'interdisaient le passage aux étages supérieurs. A 11h00, je suis sur place. C'est en plein centre de Bruxelles, près de Centraal, la gare la plus fréquentée de la capitale. En fait, on rentre par le -2, la grille se trouve entre le 0 et le 1. J'arrive à la dézober au bout d'un bon quart d'heure. Alors commence l'ascension. Entre le 4 et le 5, nouvelle grille. Putain ! Celle ci se contourne très facilement par un accès pompier. L'ascension continue alors, jusqu'au 28. Une cote sur une poutre m'apprend que je suis à 80 mètres de haut. Je tombe direct sur l'accès au toit. Et là... Pétard c'est beau, je me marre tout seul tellement je suis content ! Une vue exceptionnelle sur Bruxelles. Je sais pas si c'est évident d'imaginer quel bonheur une telle visite peut donner. La tour Eiffel, c'est cool, mais c'est autorisé. Là, j'ai une tour entière pour moi tout seul, y'a personne et c'est interdit. La présence sur ce toit est une jouissance très grande, c'est un instant de bonheur comme il en tombe rarement. Encore mieux quand je constate qu'il y a tellement de vent qu'il faut ramper sur ce putain de toit, surtout à voir qu'il n'y a aucun garde corps. La vue est phénoménale, je précise que Bruxelles est une ville bâtie sur une plaine. Du coup, il n'y a pas d'obstacle, on voit à des kilomètres, il est même possible de voir nettement la campagne derrière la banlieue. C'est l'un des points les plus haut de la ville. En équivalent, il y a la tour Fortis et la tour Belgacom. D'ici, je dépasse la cathédrale (elle est à 30 mètres de là, on perçoit tous les détails), la tour de la grand place est allègrement dépassée. Dépasse par contre le signal TV d'Etterbeek. En bas, on voit les toits de centraal (bâtiment Horta), la cité administrative, la tour noordstation... Les vues en plongée sont plus que vertigineuses et c'est en repartant que je me rends compte que j'ai mal au ventre (stress certainement !) Je mitraille dans tous les sens, les tours de Sint Peeters Leeuw sont étrangement visibles, la voie ferrée structure le paysage, un canard passe complètement emporté par le vent (on voit qu'il est déporté !) Il y a deux relais GSM. Ce sont des grands trépieds portant un espèce de bazar rectangulaire. J'imagine que je me tape un bon tas de radiations pas du tout nocives pour la santé !

A la redescente, je visite tous les étages. Ils sont relativement vides. Le tag SHIFT62 est fait au rouleau de peinture blanche, il fait deux mètres de haut. Les vitres sont quelquefois cassées, des morceaux de verre ne demandent qu'à tomber, c'est vraiment incroyable le danger que représente cette tour ! Comme tout est démantelé, on voit comment sont fixées les fenêtres, c'est dérisoire. Les 20 étages en dessous du toit sont peu intéressants. Le bordel ne recommence que vers le 6. Des fardes, des papiers, des cartons, rien de bien intéressant. Finalement, il n'y a que les étages enterrés qui soient passionnants, à cause du chaos de tuyaux, de chaudières, de machines. Je n'ai rencontré personne. C'est la première fois que je fais une exploration urbaine de cette envergure et franchement, je suis enchanté ! Je redescends par un escalier roulant qui tombe sur une obturation assez conséquente. Le seul accès possible est la chatière que je viens de faire. Elle est de taille restreinte, c'est d'un assez bon niveau j'avoue (faut expirer à fond pour passer). Mais ça peut s'arranger...

Au retour, je constate que la tour de noorstation est accessible. Il y a un pylone (provisoire) qui a été posé près d'une fenêtre cassée. Et hop, demain matin, c'est reparti pour un tour ! Etrange vie de cataglauque qui d'habitude sous-terre vient soudainement fantasmer loin au dessus des âmes de sur-terre...

 

7 avril

C'était prévu la tour près du botanique mais quelques changements de programme sont venus tout chambouler. En fait, re-tour d'Ursel au matin parce qu'il faut en profiter. La tour de noordstation, ça attendra, elle a de toute façon l'air moins intéressante. Par rapport à hier, la visite s'est faite avec sérénité. Je suis un grand habitué, eheh ! En fait, il n'y avait pas de vent en haut, faut dire que ça change toute l'ambiance ! Mais ça reste quand même fortement vertigineux. Dans les invitations que j'ai lancé pour visiter ça (vraiment peu de monde), il y aurait Oxynelle qui répondrait présent. On verra bien... J'espère que j'arriverai à en faire profiter. De la tour, je ramène encore une fois plein de brols ! Des pictogrammes danger de mort, des sorties de secours, un immense plan de Bruxelles sur un tableau (génial dans le train !), bref, une belle journée. A noter la découverte d'un truc que j'avais loupé, la cage d'ascenseur qui est phénoménale. C'est vertigineux et c'est carrément comme dans les films d'horreur des années 50 ! Sinon, en corrections, il y a trois relais GSM en haut et une tour de plus qui dépasse : le crédit à l'industrie. Ce fut un week end bon bol d'air.

L'après midi est consacré aux recherches. Le site abandonned places de Henk Van Rensbergen est impressionnant. Il y présente des endroits glauques exceptionnellement bien photographiés. Je découvre avec passion un site à Vilvoorde (Buda) qui est plus que prometteur. J'aimerais bien rencontrer ce type mais j'imagine que ce n'est pas gagné, ex sabénien, il doit probablement traverser une période bien galère (surtout qu'il est pilote). Sinon, c'est habituel : les touristes qui spamment tout le monde pour avoir des entrées, les histoires à la con inintéressantes des cataphiles, le ménage et le repassage... Enfin, je suis à jour et ça promet donc une belle semaine. Pouh, je suis crevé ! Etrange, je suis content que demain soit lundi, c'est bien la première fois que ça arrive ainsi, d'habitude, je hais travailler...

Pour ce journal, je pense avoir trouvé une solution, je vais filtrer les IP pour que les gens du boulot ne soient pas autorisés à y aller. Y'a que deux adresses, ce sera pas compliqué...

 

13 avril

Bouh, quelle semaine... Malheureusement, je fais une présence hebdomadaire en ce moment... Pour tout le quotidien (courriers, téléphone, courses, vaisselle), je brille par l'absence. Je vais essayer que cela change un peu, mais je constate que c'est de mon plein gré que je me surcharge ainsi... Ce n'est que de cette manière que j'ai l'impression de faire tout mon possible pour avancer... Bref, je ne sais pas ce que promettent les semaines à venir. C'est un débat avec moi-même qui dure depuis des années, je doute que cela va se solutionner facilement...

Journée un peu perte-de-temps. Faut dire que je devais être à Paris et que suite à quelques aléas, je n'y suis pas... Au matin, je file donc à Bxl pour faire le Botanic Building à côté de Noordstation. Sauf que pas de chance, y'a plein d'ouvriers. Grmbl, c'est loupé... En passant derrière le botanique, j'arrive à me trouver au dessus de l'entrée du tunnel sncb. Après, rien de plus facile pour longer les voies. Je repère un immeuble en construction qui me permettrait de grimper, mais c'est loin d'être évident aussi. La coïncidence, c'est que le botanic building appartient aussi à la loterie nationale, ils sont terribles ceux là !

Le long des voies, je file vers le nord (un truc que j'avais repéré). La traversée de la gare se fait sans encombre - c'est étonnant car la même chose à Paris m'aurait valu d'être arrêté cent fois... Après passage dans des quartiers plus que gore (rue du Palais), j'arrive au but. Il s'agit d'un ancien poste de contrôle sncb servant aux aiguillages. Sur trois étages, très sale mais bien intéressant tout de même. Il y a entre autres un immense panneau de contrôle mentionnant toutes les voies (18 à cet endroit). Je ramasse le plus gros fusible jamais vu pour ma part (50 centimètres pour 11000 volts). [Il est à présent sur le rebord de fenêtre et il est vachement beau, en porcelaine !]. Le lieu est de dimension restreinte mais bien amusant quand même. Série de 24 photos.

Je poursuis un peu plus au nord (bords de la Zenne canalisée) mais ça n'apporte pas de nouvelles découvertes.

L'après midi est consacrée au développement d'un outil web sur les explorations urbaines en Belgique. Comme à chaque fois que je suis plongé dans mes trucs, je ne vois pas le temps passer et je me couche à deux heures. N'importe quoi...

 

14 avril

Train de huit heures au matin pour aller explorer le Botanic Building. Quatrième tentative pour quatrième échec. Il y avait des ouvriers. Un dimanche matin, putain, c'est grave ! Dernière solution, y aller la nuit, mais même là, je commence à douter.

Du coup, je file vers Vilvoorde dans l'espoir de trouver des trucs glauques. C'est une belle perte de temps. Je passe par des quartiers bien dégradés. La rue de Brabant est étrange. C'est pas très sain... Dans le genre pauvreté aussi, y'a la rue d'Anvers juste à côté. Là habitent de nombreux bulgares. L'ambiance est plus saine, plus détendue, mais la pauvreté fait quand même mal au coeur. Tout cela se situe sur la commune de Schaarbeek. Je parviens quand même à rentabiliser le déplacement : j'ai trouvé la sortie de la Zenne (pour le projet de se taper la partie couverte en canoë). Elle sent bien fort et de surcroît coule à l'envers par rapport à ce que je pensais. Donc faudra la prendre à partir de Ruisbroeck... Ce sera un sacré projet, mais j'avoue aussi, un beau rêve de réalisé lorsque ce sera fait.

L'après midi est également dédié au site internet. Il y a encore beaucoup de boulot mais ça commence à ressembler à quelque chose... Saurais-je m'arrêter un jour ?? Je constate en passant que je suis presque complètement détaché de la France. Agir en Belgique me donne un sentiment d'appartenance. Faut dire que je ne peux vraiment plus les encaisser ces cataphiles parisiens ! Vendredi, en train d'aspirer un site, je constate que certains se vantent de ne pas diffuser de plans (Tank). C'est quand même terrible cet individualisme ! Bah moi j'en diffuse, et plein, et même que je donne les entrées aux touristes. Voilà ! Plus envie d'en entendre parler de ces gens là.

 

15 avril

C'est reparti pour un tour du côté de la tour d'Ursel. Ce soir, rendez-vous avec h2o et catafille. Il y a également Christophe. Sa présence est inattendue et j'en suis bien content. Nous prenons d'abord un peu de bouffe puis nous grimpons. Seul détail, j'ai complètement oublié de prendre une lampe. Du coup, nous grimpons au briquet, ce qui est digne de cataglauques minables. Enfin, c'est pas la mort non plus. Rien ou presque n'a changé. Par contre, à chaque fois que j'y vais, je trouve de nouvelles choses ! Cette fois ci, des grilles remplies avec les noms et adresses. Egalement quelques plaques émaillées bien jolies. Ces visites sont à chaque fois intéressantes, je ne me lasse vraiment pas d'y retourner.

Nous constatons que les câbles d'alimentation des antennes GSM sont sectionnés. Sinon, lâcher un bazar dans la cage d'ascenseur, c'est vraiment terrible ! Ca met un bon bout de temps à s'éclater !

 

16 avril

Tour d'Ursel, encore et encore ! Cette fois ci, c'est Gaëlle et Sandy qui viennent visiter. La visite se passe bien. Au niveau des découvertes (nouvelles), pas grand chose sinon que les emballages d'autocollants ont des bouchons qui conviennent parfaitement aux boites du chat :) Le collage de h2o interpelle les deux visiteuses ! Au détour d'un couloir, je trouve un plan de la tour, une liste du personnel avec affectation des bureaux (y'a les noms et tout et tout). Sinon, c'est l'occasion de faire monter la tour de trombones dans le salon ! Peu de changements à signaler mais je perçois que l'ouverture ne durera pas toujours...

 

20 avril

Ce fut une semaine d'apnée ! Je me suis acharné comme rarement. Des photos à la pelle, des scanners de documents, des regroupements d'information... C'est du déchaînement complet ! J'en suis vraiment content. C'est ainsi que me va la vie, à fond la caisse. J'ai profité de transferts ftp interminables pour faire des recherches bibliographiques sur tout ce qui a pu sortir depuis quelques années. C'est étonnant, je suis quelquefois référencé au milieu de n'importe quoi, des machins pour des putes par exemple !! (ce qui devrait plaire à Ryu !)

 

21 avril

Là c'est clair que c'est le rush... Pas une minute de répit. En fait, je suis face à une série de choix. J'ai cent mille choses à faire, essentiellement des courriers. Si je réponds, je ne fais plus que ça. Mon week end se fait grappiller à vitesse folle. Rien que pour les mails, 270 cette semaine. Je suis reparti sur un rythme qui va trop fort. Dès que je fais un truc, je suis complètement à la bourre, donc mon choix, c'est de moins répondre aux courriers. C'est pas très sympa mais je ne m'en sors vraiment plus autrement.

Cette journée fut dédiée à Carcoke Marly, une ancienne cokerie située à Vilvoorde non loin de Bruxelles, dans la partie flamande. Vilvoorde est mondialement connu de par la fermeture d'une partie de l'usine Renault y'a quelques années. Je me souviens, j'étais encore gamin ; je vois avec netteté les images de manifestations et de gens complètement paumés - un peu un Sabena d'avant garde. Aujourd'hui, la cité porte la grande balafre du chômage : friches, quartiers défavorisés, gens en dérive. Ca fait un paquet de temps mais ça se ressent toujours.

Carcoke Marly fait partie de cet environnement. Ca a fermé me semble t'il en 1992. La fin des activités s'est ensuivie d'une activité populeuse et agitée. Garde du site (dans un joli mirador encore visible aujourd'hui), vol organisé du cuivre par des bandes d'anciens ouvriers, désaffection totale, menace de destruction, abandon du projet, incendie. Et aujourd'hui, voilà qu'on remet sur la table que ce lieu est super pollué ! Bref, c'est un endroit qui est dans la ligne de mire ! Un gars me racontait qu'un soir, en volant du cuivre, il marchait à un coin de bâtiment. En tournant, il est tombé nez à nez avec un dogue allemand. Il a eu tellement peur qu'il a tout lâché et s'est cassé en courant. Le chien en a fait de même !

L'usine a été en grande partie démantelée. Par rapport aux documents de Henk, il reste le noyau central. Tout le reste, c'est à dire un enchevêtrement de pièces métalliques, a disparu. Le site se constitue donc actuellement de trois tours assez massives et bien crades ! Il faut compter une hauteur de 40 - 50 mètres environ pour la plus haute des tours. Les buddleias envahissent beaucoup les lieux, donc faut se faufiler. A l'intérieur des usines, y'a pas grand chose. Des centaines de personnes sont passées là avant. Du coup, c'est léger dans le sac ! Toutefois, l'architecture même de l'usine est encore bien présente. Et bah, j'ai essayé de tourner ça dans tous les sens mais vraiment je n'y comprends rien. Y'a de la trémie, des fours, du charbon, du coke, des cheminées métalliques immenses, mais ça reste très complexe.

L'espace de midi, je discute un peu avec un sdf qui habite là. Lui son job, c'est de récupérer le cuivre des câbles électriques. Après il le revend à des grossistes. Ensuite, y'a du monde qui arrive. C'est l'occasion de faire connaissance avec des glauques belges :) Je finis ma visite avec un type de Kraainem. Nous échangeons nos adresses. Au total, nous aurons croisé pas mal de monde, ce lieu est loin d'être un secret bien préservé ! Mais faut dire que ça reste tranquille, et une chaise longue en haut de la tour la plus haute, ça serait vraiment un luxe par ce beau soleil ! Parce que, parmi les vols affolés des pigeons très nombreux en ce lieu, j'oubliais de dire que de tout la haut, on a vraiment une belle vue sur le site et la campagne loin derrière !

Une petite usine située de l'autre côté du canal est pas mal aussi, mais c'est quand même beaucoup plus restreint (mais tout au moins, comme personne n'y va, y'a de quoi ramasser) Il s'agit de CFI, située à Vilvoorde aussi. [En fait, pour les puristes, Carcoke est sur Neder Over Hembeek...] CFI semble être une usine de traitement d'acide sulfurique. Mais rien ne vient me le prouver, ils ont déménagé méthodiquement pas mal de choses... A vrai dire, au vu de l'entrée, on aurait plutôt pu penser à un abattoir ! Y'avait une tête de mouton pourrie bien atroce (hum !! cool !) L'usine est à priori en train d'être démolie, bien que là encore, je n'en sois pas sûr. A l'intérieur, il y a un peu de machine, des bureaux défoncés, des belles perspectives sur des toits qui s'éventrent, un coffre fort.

Bref, ce fut une belle journée. Je me tape Vilvoorde jusqu'à Noordstation à pied. C'est une belle promenade. Là où sur les bords de route, tes empreintes de pied sont les seules parce que c'est pas un endroit humain ! Ca me fait bien délirer. Pendant que les gens profitent du soleil à vélo, pendant que les scouts scoutent, et bien moi... je me promène dans les reliques d'une vague société industrielle ayant disparu, dans le cadavre de ce qui a fait vivre des centaines d'ouvriers. Respect pour eux. Des traces de charbon sur la gueule, des balafres de pétrole sur les mains, les chaussures, les fringues, c'est pas une manière me clamer sa différence à la vue de tout le monde ; c'est juste que durant ces pauvres instants où vous vous vautrez devant la télé, y'a des gens qui se redécouvrent et qui boivent la vie comme le plus doux des muscats.

 

25 avril

Outre les 80 mails reçus par jour, quand ce n'est pas plus, il faut encore que je m'acharne à répondre à telle ou telle personne de la famille, que je sois gentil au téléphone et que je tienne mes engagements. En fait, comme je le disais, soit je ne fais plus que ça et je vis plus, soit je réponds plus. Comme j'en ai ras le cul de courir tout le temps, et bien je réponds plus. Et bah faut voir comment ça grogne ! C'est à croire que ces gens voudraient que je leur écrive durant mes horaires de travail, cela au mépris de mon contrat et au risque de me faire virer. Pour n'importe quoi, j'ai presque un mois de délai maintenant. C'est pas que je veux faire mon crâneur surchargé, mais oui sorry, dès que j'ai du temps, je vais dehors me promener plutôt que de pourrir devant mon ordinateur. Bref, les récriminations au téléphone comme quoi j'en ai rien à foutre sont vraies. Oui j'en ai vraiment rien à foutre et laissez moi tranquille. Ca ressemble curieusement à de la moutarde douce made in Stéphanie Hochet.

 

26 avril

C'est un peu la foire et surtout une belle accumulation d'échecs. Première action : essayer de dézober Blaton (en fait, j'ai raté mon train donc autant en profiter). Les planches sont de belle constitution et donc, c'est loupé. Par la suite, je file au Botanic pour essayer de me taper la tour de nuit. Mais rien à faire, c'est la sixième fois que je m'y rends et les employés sont encore là. Ils travaillent jour et nuit sur ce truc, y compris le dimanche. Donc on arrête là les frais, j'abandonne ce projet.

Un peu écoeuré, je file à Etterbeek. Il y a là toute une série de casernes. L'un des îlots est abandonné. Il pleut fort. J'arrive à trouver un moyen pour rentrer, sans aucune difficulté. Ce sont des vastes hangars, magnifiquement graffités. Ca vaut le détour rien que pour ça. Ce qui est agréable (et rare), c'est que c'est très lumineux, même sous un ciel plus que gris. Des plantes poussent à l'intérieur, c'est dire ! La configuration, c'est simple : 4 hangars de taille différentes, une maison et une grande cheminée (30 mètres). Il y a moyen de grimper au sommet de la cheminée mais c'est un peu craignos. Je rentre à la maison tout trempé, un bon paquet de photos en plus à développer.

 

27 avril

Journée désespérante ! De bon matin (7h00), je prends le train pour aller à Diegem. Il m'avait semblé y repérer une ancienne tannerie abandonnée. J'y vais à pied, ça fait du chemin ! Pratiquement intégralement par la chaussée de Haecht. Après tours et détours, j'en conviens que le bâtiment n'existe plus. Il y a bien une usine qui fait du pâté pour chien juste à côté, mais ce n'est pas ça. Après étude, je remarquerai que la tannerie en question est à Zaventem. Bref, je suis un peu écoeuré et prends le train pour le retour. Pas de billet donc pas cool.

Je file à Bruxelles Midi pour aller à l'entrée de la Senne dans sa partie couverte. C'est derrière un car wash. Il se révèle que cette entrée est barricadée de barrières monstrueuses et qu'il n'y a pas de banquette. Du coup, ça va sérieusement compliquer l'affaire et il va falloir que je trouve un moyen d'avoir son tracé, afin de localiser des tampons. C'est pas gagné.

Sur ce, je file Rue Lemonnier afin de faire quelques courses : carte de Bxl, carte de Belgique. Il y a dans le Pêle mêle l'intégralité des annales minières de Belgique.

Ensuite, je m'en vais à Bruxelles-Ville. Là, j'y repère un îlot abandonné, du nom de Krenie, la seule devanture restant sur la façade. Ca pourra valoir le coup, mais y'a un dézobage à envisager. Plus loin, je repère une école abandonnée, l'école de la Reine située Rue du Poinçon. Même scénario mis à part que ce sera nettement plus difficile. Pour terminer ces visites, je retourne une dernière fois à la Tour d'Ursel pour faire les photos qui me manquaient. L'entrée parking a été défoncée et l'entrée escalier de secours a été agrandie. Des vitres sur rues ont été cassées au +24. C'est profondément débile. A 15 heures, je file à mon rendez vous gare centrale. Je fais visiter les lieux à Rudy, il est clair qu'il y trouvera son bonheur.

Six heures se pointent et je rate mon train. C'est en retard que j'arrive chez Sandy. Un peu plus tard, nous filons à la Hulpe pour un concert de Gérard Jaffres. La soirée se termine sur une belle pleine lune, mais plus qu'étrangement. Il fait froid.

 

28 avril

Lendemain dodo, eheh :) Je profite de l'occasion du repos pour bidouiller mon cyberkata belge. Ca avance bien. Je serai à même de proposer quelque chose qui déchire d'ici quelques semaines.

La tannerie à Zaventem étant identifiée et localisée, j'irai me la taper mercredi, ce jour étant férié. J'en profiterai pour ne pas répondre au courrier. Dans les gros projets, il y a la Lorraine dans moins de quinze jours et Floreffe avec Romain et Jean-Paul que je serai heureux de revoir.

 

1er mai

C'est férié, c'est cool :) Les politicards défilent dans la rue. Au matin, je file vers Zaventem. Cette fois ci, je vais réussir à me les faire ces #&# de tanneries abandonnées. D'après la carte, elles sont immédiatement situées près de la voie ferrée. Et bah quelle déception, c'est un chantier. Tout est rasé. Grmbl. Je vais quand même voir pour la forme. Sur le chemin, une porte entrouverte, un vieux bâtiment tout près de la gare. Mon instinct de chat me fait regarder dedans et qu'est-ce que je vois, des bagnoles taguées. Hum, ça parait intéressant ! Je me faufile difficilement dans l'interstice (aah, qu'est ce que je suis heureux d'être maigre !) Je me demande quand même plus ou moins où je suis, il y a des masques de carnaval en carton pâte, et puis plein de décors. Au bout d'une dizaine de mètres, je tombe direct sur une grille. En fait, ce n'est qu'en me faufilant derrière matelas et autres brols que j'arrive à m'introduire dans le site.

A l'intérieur, c'est super grand. De longues pièces relativement vides, bien éclairées. Des papiers à terre m'apprennent que je suis chez Suchard. Cool, c'est ma première chocolaterie ! Le site est un vaste rectangle dont le plus long pan mesure 200m de long. Les cours intérieures sont le royaume de la nature, des plantes de partout, c'est beau. Il pleut fort d'ailleurs, ça donne un aspect encore plus sauvage à cet endroit replié sur lui-même.

Deux principales artères permettent de visiter rapidement les trois étages. L'un des sites a des pièces où le sol est concrétionné. C'est bien la première fois que je vois ça !

Et puis plus loin, un pigeon en train de mourir, les pattes en l'air. Il respirait à l'aller. A mon retour, il avait fait caca et était mort. L'usine a fermé en 1983 (décembre) d'après un calendrier laissé là. Bonne visite - ça casse pas trois pattes à un canard mais ça vaut le détour.

 

Bon, du coup, j'y vais à mon ancienne tannerie. Je ne trouve rien et de surcroît me fait courser par un engin de chantier. Groumf, ça veut dire ce que ça veut dire, il est temps de s'en aller... Je prends le train et file à Anderlecht. Je retourne sur les entrées de la Senne. Derrière le car wash, le niveau d'eau n'a pas changé. Je me dirige sur Forest et à Klein Eiland, qu'est-ce que je trouve ? Une gare abandonnée ! Pétard, autant à Bruxelles y'a pas de souterrains, autant en ruines on s'éclate ! Le bâtiment n'est pas fermé, une porte dans les broussailles s'ouvre. L'intérieur est assez dégradé. Salle d'attente vide, guichets dont les fenêtres sont cassées. Mais bon, c'est rigolo. Fermée en 88.

 

Pour ce qui est de la Senne, je trouve en effet des entrées, (je recherchais des affluents). Mais ce ne sont que des vastes égouts en somme, donc rien de bien intéressant. La seule entrée est celle précédemment repérée. Je crois que ça va être compliqué... Donc chemin du retour. J'en profite pour ouvrir quelques plaques sur le tracé de la rivière et qu'est-ce que je trouve ? Un truc encore plus désespérant : une station de relevage. Il semblerait qu'il y ait des siphons ou des toboggans. Je n'en suis pas sûr, mais ce n'est pas du tout bon signe. Je sais que ces choses là sont extrêmement dangereuses.

 

Près de Brussel Kappel, je repère une bonneterie abandonnée. Elle déchire bien, mais pour l'instant, je ne sais comment y rentrer. Finalement, je file au Botanic. Bah oui, c'est férié, donc ils vont pas travailler... Eh eh, c'était un bien joli rêve. Septième échec ! Je connais le quartier par coeur !! Un peu déçu, je décide de rentrer à la maison.

 

Dans les nouveaux projets, j'inscris pour bientôt la grimpette en haut de grues gigantesques, puis une exploration du côté de la Gare du Midi. Malgré tout, je constate qu'il va y avoir des recherches à faire, parce que j'ai presque épuisé l'état des connaissances actuelles sur Bxl...

 

2 mai

J'ai conscience d'être un asocial profond, c'est à dire le type dont on ne peut vraiment rien tirer. Certes, dans les masques et adaptations, ça marche parfaitement, lorsqu'il s'agit de tenir un rôle, je sais le faire, quel qu'en soit le poids et la durée. Cependant, faut bien reconnaître que ce n'est que du théâtre - finalement, la vie n'est-elle pas que ça ? Aujourd'hui, ça déconne dur et je me prends une remarque qui coince, ça me remet en cause. En fait, ce qui pèche, c'est que je suis un taré à ma manière et je ne supporte absolument pas qu'on vienne me remettre en cause sur des choses qui me concernent au plus profond. Ca ne signifie pas que les remarques sont fausses mais en fait, j'aime bien être assez grand pour gérer cela tout seul - tant que cela n'affecte pas à la vie d'autrui.

Dysfonctionnement ? C'est pas nouveau, le fait que j'arrête jamais, que je suis débordé et que patati patata s'ensuivent les plaintes et complaintes... En ayant plus qu'assez, il est temps de mettre un point final à cette éternelle merde, autant sur une série d'agissements que sur des manières de voir les choses. En fait, cette belle illusion dont je me targue depuis des années : vivre pour les autres, faire mon Amélie Poulain à deux francs, c'est du pipo. J'en suis incapable, trop égoïste, trop égocentrique, trop imbu, incapable de partager ce qui ne m'apporte rien. Certes, c'est vraiment dégueulasse comme constat mais à quoi ça sert de se mentir plus longtemps... J'attends trop de mes mots, de mes photos... Un espèce de pourri enculé qui ne rêve qu'à grimper en haut de n'importe quel podium, (tous en fait, mon idéal étant l'excellence absolue (j'en suis bien loin...)), pour cause d'avoir été trop écrasé dans l'enfance. D'un certain côté, ça a du positif, j'ai l'impression d'en avoir tellement fait que j'ai trois vies derrière moi. L'au delà de l'ultra itinérance m'a fait connaître plein de points de vue différents, m'a fait ouvrir les yeux et haïr la connerie. En attendant, mes objectifs de vie recommencent à partir en vrille. Si je suis parti et ai coupé les ponts avec tout ce que constituait mon passé, c'est pas pour repartir sur les mêmes conneries... Bref, en analysant de manière assez simpliste, je constate que je rame jour après jour pour des bêtises. A combien de personnes j'appartiens, à combien de personnes j'écris par jour ? On retombe sur les mêmes paroles remises sur le tapis jour après jour, cela depuis 6 ans je crois... Du coup, ceux auxquels je tiens en sont à l'overdose. L'équilibre entre le soi et le rapport à l'autre est un éternel conflit dans lequel il faut trouver le juste milieu afin que l'équilibre apaise les tensions. Du coup, cette fois ci, je vais vraiment ravager mes habitudes. C'est pas la peine de vouloir atteindre l'Everest si c'est pour déclencher une dizaine d'avalanches au passage. Une résolution, d'application immédiate : je tiens mes promesses précédemment édictées et puis j'arrête là tout le bordel. Comme c'était le cas il y a quelques années - cela a peu duré je l'avoue, quatre mois tout au plus - je ferai en sorte d'avoir peu d'amis mais que ce soit bien. C'est une attitude de bâtard de dire oui à 80 personnes puis de ne tenir aucune promesse... De la même manière, fini les effets d'annonce. Parce que ouais, c'est bien cool de s'exalter, de dire ouais ce serait chouette de faire ça et ça (la plupart du temps dans de bonnes intentions) puis au final se retrouver à ne pas savoir tenir les engagements.

Ca ne veut pas dire que je vais plus rien faire, oulah, loin de moi cette idéal de médiocrité merdique. Et cette dernière phrase ne signifie pas (je l'espère, même si je sais que je le pense, mais c'est un défaut en plus) que j'estime mes idéaux supérieurs aux autres. [Le problème étant que je méprise l'humanité entière]. Simplement que ce que je ferai ne regardera plus que moi, de manière extrêmement sauvage. Partager mène à l'incompréhension, au mépris puis à la douleur. Stop là les dégâts. Je suis un sauvage peu louable, un espèce de con qui se la pète. Que cela ne fasse pas de mal à autrui, avant de rêver l'impossible, tenir cela sera déjà bien.

Ces mots me rappellent ma mère qui me gueulait dessus il y a bien longtemps. Déjà à cet âge, on me reprochait de me foutre de tout. En fait, c'est très paradoxal. J'adore la vie dans des petits trucs de rien et j'en profite à mort, mais d'un autre côté, j'en ai rien à foutre. J'ai l'impression d'avoir traversé des douleurs qui me font mépriser la vie comme la dernière des merdes. Trop souffert pour engager quoi que ce soit. Je sais que je ne suis pas à plaindre, loin de là, vraiment. Mais bon, certains passages de l'existence font qu'on en a vraiment ras le cul de se prendre des remarques. Parce que derrière, il y a eu le feu qui a tout brûlé plusieurs fois, parce qu'il a fallu reconstruire sur la fragilité, parce que les idéaux auxquels on tient mis en confrontation avec la dureté de la vie se cassent la gueule. Cela entraîne violence, bêtise, repli sur soi voire misanthropie, rien de bon en somme... J'ai un mal fou à trouver mon chemin. Seul je me sens inutile mais avec autrui, je ne fais que des conneries et je ne suis pas intéressant. Finalement, cet aujourd'hui n'est qu'un choix de médiocrité, j'abandonne le rêve au profit d'un ciel gris. J'avoue que, aussi directif cela peut paraître, j'hésite pour tout. Ma hantise et de détruire comme l'on m'a détruit auparavant. Mes idéaux sont dans le partage mais je recherche une simplicité qui semble ne pas exister.

Je ne remets pas en cause mon acharnement actuel en ce qui concerne les visites d'usines, même s'il faut l'accepter, c'est un rythme qui est excessif. Je me sens trop bien à explorer les recoins partout et j'ai pas envie de changer cela. Parce qu'en somme, qui cela dérange t'il ? Il est évident que s'il fallait changer cela du jour au lendemain, ce ne serait pas un problème. Or, en ce moment, j'en ai la possibilité, la liberté et le loisir. La remarque me concernant touchait directement ce fait. Que faut-il en penser ? Je ne le sais vraiment plus du tout sinon que je constate que depuis quelques semaines, je m'enfonce peu à peu dans la douleur, faute d'une incompréhension massive par rapport à des détails qui sont censés être mineurs. Laisser traîner les choses mène inévitablement à un retrait. Parce que j'ai peur. Oui je suis fragile, oui j'ai les chtouilles de me faire éclater la gueule - perdre ce qui finalement est le but de mon existence ne m'attire en rien, même si je ne peut nier une part indéniable de masochisme. Les questions viennent s'éclater au sol de plus en plus fortement. Y'a des jours comme ça où c'est pas le moral qui tombe, mais les événements font qu'on remarque qu'on est vraiment bien bas. Seules la prise de conscience et l'action peuvent remédier aux dysfonctionnements. Encore faut-il que cela aille dans la bonne direction, et sans lumière, il est bien dur de choisir son chemin.

En passant à la loupe ce pétage de plomb, il est clairement identifiable que je choisis volontairement le parti de l'égoïsme. C'est vrai. Mais d'une part, l'allocentrisme, j'ai donné et je vois les résultats. D'autre part, j'ai une espèce de petite intégrité à la con que je ne veux pas qu'on touche, uniquement par réaction de protection. Celle qui me dicte que tant que je fais chier personne, je fais ce que je veux. J'en termine là avec ces conneries dans les mots, mais c'est pas fini, je le sais.

 

4 mai

Bon, ça remonte la pente, doucement... Ce matin, Vilvoorde. Romain m'avait conseillé les forges de Clabecq, tout juste désaffectées. Il me paraissait assez probable qu'il s'agissait de la cokerie de Clabecq à Clabecq, ville située près de Tubize. (En somme, fonderie de Clabecq, c'est une marque). Du coup, à Vilvoorde, c'est avec pas mal d'interrogations que j'y vais. Sur place, je trouve une belle friche. Du gazon quoi ! Bref, c'est rasé et plus que rasé, cela depuis pas mal de temps. C'est pas bien grave. C'est sur le retour que je m'aperçois que des fenêtres, les gens qui me regardaient fouiller, c'étaient ces gentils messieurs de la police ! J'aime pas trop Vilvoorde. Je pensais que j'allais tomber amoureux de ce coin à cause de son passé, mais c'est pas confirmé. En fait, je m'y sens mal à l'aise confusément, sans savoir en dire plus.

Sur ce, je file direct sur Solvay, de toute façon le but était une pierre deux coups... Par la suite, après quelques problèmes de tickets de train, je file sur Schuman. Il y a là un garage abandonné dans lequel j'arrive à m'infiltrer. (C'est vraiment parce que j'ai 50 minutes de poireautage en attendant le train correct !!) Bref, rien à dire. C'est très vieux et esthétique. C'est tout.

La dernière étape, c'est ce que j'appelais Blaton. En fait, un immeuble en cours de réaffection sur Boitsfort. 6 étages et une terrasse panoramique. C'est pas exceptionnel mais dans cette partie de Bruxelles, y'a rien d'autre qui domine. Du coup, d'en haut, on peut voir nettement : la tour itt, l'église de Boitsfort, le château Bischoffsheim. Mais c'est un coin très vert, donc le panorama se constitue également de pas mal de forêt...

A l'intérieur, ce furent plusieurs entreprises comme Heinz Tomato Ketchup, Survey & Action, Owens Corning... Mais il ne reste rien. Seule la machinerie d'ascenseur vaut le détour. Elle était en parfait état de marche, les lumières étaient même allumées. Donc, une visite qui n'a rien d'exceptionnel, c'était vu d'avance, mais qui a le mérite de ponctuer le quotidien. En effet, chaque matin je passe devant pour aller au travail. A l'avenir, je sais que je serai content chaque jour de me dire : je suis rentré ici. Voilà, c'est tout.

Dans les toutes petites choses repérées : la Gare de Watermaal qui est laissée en plan. C'est complètement vide mais le bâtiment a un petit quelque chose d'esthétique. Quant à Catala, ce dont parle Henk, je ne comprends pas très bien parce que cette papeterie existe encore. Peut-être que les gens d'abandoned-buildings viendront donner un nouveau souffle à toutes ces découvertes...

Sinon, je suis un peu écoeuré parce que Mari Boine Band passe à Bruxelles la semaine prochaine, la veille de la Lorraine. Donc je ne pourrai y aller... Ca me groumfe vraiment parce que ce sont des scandinaves vraiment méconnus ici et c'est pas demain qu'une occasion se présentera...

 

Au soir, je reprends le train et c'est reparti pour un tour, même s'il pleut. Les gens du Botanic Building ont posé les rames et ça c'était sérieusement pas à faire ! Après un nombre de tentatives digne de l'acharnement, la neuvième fois fut la bonne. En bas, des échafaudages me permettent de grimper au +1. Mais c'est pas facile parce que d'une part, c'est au moins à 5 mètres et que d'autre part, y'a pas d'échelle (les ouvriers sont montés à la grue, je l'ai bien vu...) Du coup, je me tape quelques frayeurs.

A l'intérieur, c'est terrifiant. Tout comme Tomato-Ketchup, c'est un chantier de désamiantage. Sauf que là, c'est encore pire, y'a des ventilations de dingue qui mettent certaines pièces en dépression. C'est un peu complexe à expliquer avec des mots. En fait, une isolation de certaines parts de l'immeuble est réalisée avec des bâches plastiques doublées (deux épaisseurs). Je me doute parfaitement que j'ai pas intérêt à faire le con avec ça... Il y a toutefois un escalier de secours qui me permet de grimper sans trop de mal. Mais je remarque que je dois passer devant des lieux éclairés et les bruits m'amènent à me demander si y'a pas du monde quand même. 21 étages enfilés, me voilà cette fois ci à 75 mètres au dessus de Bruxelles. Une fois de plus, je m'éclate bien ! Mais c'est dommage qu'il pleuve si fort...

Cette tour est située à Sint Josse Ten Node, c'est au nord "du centre de Bruxelles", on va dire à peu près à un kilomètre de la Tour d'Ursel. Le quartier, c'est celui de noordstation (que résolument je ne peux appeler gare du nord, cela porte trop à confusion, pour moi, la gare du nord, c'est Paname et résolument rien d'autre). Le quartier environnant, afin de donner une description, c'est Manhattan. Y'a des tours de partout. Mais on voit aussi le vieux Schaarbeek. Juste au pied de la tour, les 19 voies de noordstation. C'est impressionnant. Bref, je suis en train de prier Dieu, Allah et le Dieu des Chats que mes photos soient réussies... Toutes explo confondues, j'en ai maintenant 160 à développer... L'intérieur de l'immeuble lui est moins intéressant, en fait, c'est carrément en travaux. Donc ce qui devait être bien ne l'est plus... Ce sont des grands plateaux, vides. Comme je le reprécise, cette tour appartenait aussi à la loterie nationale :)

La redescente se passe sans encombres, mis à part que mon appareil me fait comprendre qu'il n'aime pas la pluie. J'en profite pour jeter un coup d'oeil au tunnel de centraal. C'est entièrement faisable point de vue espace, ce qui m'étonne. Mais c'est très éclairé et surtout, y'a des trains toutes les vingt secondes (sans éxagérer). A faire le jour d'une grève totale !

Pour terminer, je vais à un immeuble en construction (je dois attendre mon train) L'intérieur est chouette, grand hall circulaire et vastes plateaux éclairés. Ca fait vraiment ambiance infiltration ! Il est minuit quand je rentre. Vraiment content d'avoir fait cela, la preuve que faut jamais désespérer... Mais bon, faut avouer quand même que c'était chaud, plus d'une fois j'ai du m'arrêter, faute de dépasser la limite du raisonnable...

 

8 mai

Ballade innocente dans les bois entre Rixensart et Wavre. Qu'est-ce qu'on trouve ? Un petit village abandonné. Comme quoi c'est vraiment impossible de faire trois pas dehors sans tomber sur des trucs passionnants ! Il y a un manoir esthétique. Une petite tourelle comme dans le château de Dracula ! Il faudra revenir pour faire des photos... Seulement, c'est situé dans une propriété privée et les gens font du quad (connais pas l'orthographe). Bref, c'est un peu embêtant... Mais bon, ça vaut quand même le détour, même si ce n'est pas incontournable. A noter d'ailleurs que par terre, y'a pas mal de blocs de grès. serait-ce ça, la carrière de grès ferrugineux de Wavre ? Mystère... Au niveau historique, il est tout probable que cela soit un ensemble d'anciennes dépendances du château du prince de Mérode. A étudier afin d'amener confirmation.

 

9 mai

La semaine était super courte. De ce fait, il a fallu boucler le travail habituellement réalisé en cinq jours avec deux jours de moins. Autant dire que c'était le bordel... En vue de ce qui s'annonce, c'est terrible ! En fait, aujourd'hui, c'est tout calme, c'est le silence qui précède la tempête. Dans quelques heures, je me taille en Lorraine. Un retour dans les mines de fer, franchement ça faisait longtemps que j'attendais ça. Un bon week end passé dans des galeries infâmes, ça me manquait ! Bref... Je me demande un peu comment ça va se passer, mais j'ai beaucoup d'espoirs.

Quant aux nouvelles, c'est remué. Ce matin, je devais aller à la tour d'Ursel avec Jérome, mais celle ci a été fermée proprement et méthodiquement avec des parpaings bien épais. Faut dire que y'a eu un mort et des plans vandales, donc ça pardonne pas... Les gens n'ont aucun respect. Ils sont tellement bêtes que si on ne leur pose pas de limites (flics), ils font n'importe quoi. Ce genre de gaminerie m'écoeure. Du deux de QI... Du coup, on a traîné. Dans les projets : le toit (dôme) du glauquopalais-de-justice, le ministère des affaires juridiques et Léonidas à Anderlecht. Ca en fait des trucs à voir ! Je pense avoir une attitude constructive par rapport aux sites abandonnés, surtout par la démarche documentaire et photographique. J'espère ne pas être assimilé à ces débiles de casseurs... Les gens me voient passer les chatières, peut-être suis-je à leur yeux un bandit, un nuisible... C'est un aspect négatif de mon activité qui me déplait...

Sinon, des petits bazars sans importance... Je formate mes sites internet de manière à ne plus jamais y retoucher parce que j'en ai marre. La structure globale est presque saine. Finalement, je ne souhaite faire plus que des mises à jour du journal et du Brussel.Clan. C'est déjà un boulot immense. Quant au temps gagné, ce sera pour faire des ballades à droite à gauche, comme cela tend à devenir de plus en plus présent... Ca me plait et je crois que la vie gagne en qualité au fur et à mesure.

 

10 mai

Le départ pour la Lorraine s'effectue cette fois ci à partir de bxl. Nous sommes trois et filons pratiquement sans détours jusque Esch sur Alzette. En cet endroit, nous retrouvons 3 autres personnes. Avant de descendre, nous nous étions mis d'accord pour faire une bouffe dans un coin pas rupin. Bah ce fut pas une gloire ! C'est l'occasion de mettre en exergue un mensonge au propos d'une brochure hilarante sur Esch. Les habitants y sont soit disant conviviaux et chaleureux. Je trouve que c'est quand même un mensonge gros comme une maison ! Bref, nous mangeons pas terrible et attendons quarante ans l'addition. Peu importe puisque nous ne sommes pas là pour ça, enfin c'est quand même un peu décevant.

A noter qu'avant le repas, nous avons visité une petite part d'une cokerie pas désagréable du tout, Esch-Belval, un truc méritant d'y passer une bonne demi journée. Deux cheminées imposantes marquent le paysage d'un bon quarante mètres de haut. Comme dirait Cécile : c'est bestial. Comme dit Moloko : c'est barbare.

En fin de soirée, le groupe s'est séparé, chacun va dormir là où il le souhaite. Nous sommes trois à vouloir passer la nuit dans la mine. Nous allons à la mine **, comme convenu. L'entrée est une autoroute ! La porte est décalée, ça laisse un passage aisé, voire agréable ! Nous filons 500 mètres sur un travers banc ventilé, puis complètement pété de fatigue, nous nous couchons au beau milieu de la galerie. C'est du beau n'importe quoi, mais bon, vu l'état de fatigue, ça parait pardonnable !

Le ciel est constellé de trois traces d'effondrements. Je fais remarquer que la suivante, c'est pour nous... mais cela n'a changé en rien notre volonté fermement décidée à sombrer dans le sommeil. La nuit se passe dans le froid, le courant d'air et l'humidité ambiante, du tout lorrain quoi ! Moloko teste durant la nuit une technique très intéressante : la couverture de survie au sol. A cause du bruit, ca lui vaut à quatre heures du matin une remarque cinglante : p'tain, t'es vachement nuisible comme mec toi... Faut pardonner ces paroles que la nuit a rendu accueillantes lorrainement parlant...


11 mai

Le lendemain matin très tôt, les autres nous rejoignent. Un bon petit dej au fromage nous met d'aplomb. Il doit être 7h00 lorsque nous commençons la visite.

Nous nous enfilons d'abord un long travers banc avec du ballast au sol, mais plus de rails présentes. Il file tout droit vers le sud est. Au bout de quelques kilomètres, nous tombons sur un transfo en état de marche avec une porte fermée à clef. C'est en suivant l'un des câbles que nous faisons notre première découverte. Il s'agit de l'atelier de réparation de Saint Michel, mine de Crusnes. Il y a à cet endroit un deuxième transfo en état de marche, donnant une atmosphère un peu étouffante au lieu. Dans les ateliers, nous trouvons masse d'outils et de pièces de réparation. Il y a là taquets, embouts de pantofores montabert et diverses pièces mécaniques banales de chargeurs.
Plus loin, dans des secteurs éclairés, nous trouvons des machines en attente de réparation ou en attente de démontage : Salzgitter RB60, ctx3, ctx1000, ctx8, purgeuse mécanisée EM, Iveco avec fronton ARB3D... Plus loin, nous trouvons une loco renversée (AEG U28 d'après moi, mais bon, c'est pas facile à reconnaître ces bestioles). Bref, c'est pas le paradis du matériel comme à Rumelange, mais c'est déjà ça...
Dans le local des gens qui travaillent ici, la pendule est à l'heure, c'est chauffé et sur le frigo traînent des oranges parfaitement fraîches. Nous préférons partir de peur de faire des conneries, c'est tout de même préférable.

Nous continuons notre chemin vers le sud. Après tours et détours, nous arrivons au coin de Bure. Ce fut un atelier de roulage. Il y avait là un porion particulièrement pédagogue qui faisait de grands efforts pour former son personnel. Nous avons d'abord cru qu'il s'agissait d'une école pour les nouveaux arrivants. En cet endroit, de vieux plans sont accrochés aux murs, nous les prenons en photo. Des liaisons bestiales sont possibles jusqu'à Kayl.Un travers banc menant apparemment jusqu'à Ottange2.

Nous tentons de prendre la direction de la recette d'Aumetz, qui n'est pas loin, mais nous nous plantons. En fait, après des travers bancs carrément rebutants (nivellés, sans ballast et identique tout du long), nous arrivons au puits François. Il y a là un transfo en marche, assez oppressant. Un téléphone aussi, avec la liste des personnes d'astreintes, mise à jour le 20 mars 2002. Le lieu est éclairé au néon, nous faisons attention de ne rien toucher. Ce lieu est en fait un centre vital pour la région, puisque des pompages importants d'eau d'exhaure sont effectués. A noter que le téléphone est peint n vert fluo et qu'il y a des petites fleurs dessus !

Nous pensons toujours rejoindre Aumetz mais nous n'avons pas encore conscience de l'erreur monumentale (un tb à gauche loupé). En fait, notre point d'arrivée est la mine Ferdinand, à Tressange. Nous sommes loin d'Aumetz et c'est tant pis. En ce lieu, nous trouvons une salle de transformateur imposante. Ca grogne beaucoup et franchement, ça donne vraiment pas envie d'aller voir de plus près !
La fatigue commence à se faire sentir et nous faisons demi tour.

Sur le chemin, nous trouvons encore une autre salle de transfo, du côté du puits François. Un peu plus loin, dans les galeries, de nombreuses indications sont portées aux murs : Billert, Ottange 2 et 3, Thomas Byrne, Bassompierre. Le réseau est infini. Ici, c'est l'extrême. Entre deux trucs intéressants, il y a 5 kilomètres à faire. C'est étalé dans des dimensions étonnantes. Par contre, par rapport à Tiercelet ou Moulaines, le réseau est nettement plus bas de galeries. Il est assez rare que ça dépasse 5 mètres.

La soirée se termine de la même manière que la veille, le groupe se dispatche. Avec Moloko, nous nous faisons une orgie lorraine : pâté, saucisson, boeuf bourguignon, lasagnes, fromage. C'est vraiment barbare. Dehors, la pluie nous rebute à faire quelques repérages. La nuit est refraiche, rehumide. Bref, c'est dans un état bien glauque que nous nous levons le lendemain matin !


12 mai

Nous nous retrouvons un peu moins tôt non loin du carreau de Cokerill. L'entrée est rendue inaccessible. De ce fait, nous décidons d'aller à Eisekaul. L'entrée est comblech, mais un passage discret permet de rentrer dans la mine. Nous tombons sur un travers banc barbare, assez humide, bordé d'un second tb, muni d'une voie et de ses rails.

En moins d'un kilomètre, nous tombons sur un secteur un peu inondé (mais pas grand chose) qui nous fait reculer. Au final, nous préférons nous enfiler des quartiers vers l'est. En grimpant dans une couche grise, nous tombons sur des lieux dépilés. Il reste cependant un roulage de circulation nous permettant d'avancer. C'est complètement par hasard en fait que nous nous sommes retrouvés à Paafert. J'étais loin d'imaginer qu'une correspondance aussi facile pouvait être établie. J'ai reconnu le lieu grâce à une salle de pompes bien reconnaissable.
Il y a là aussi un reste de berline de type ancien (en bois) à laquelle je ne sais mettre de nom.
De nombreux " fahrstr " émaillent les murs, je ne sais pas ce que ça signifie. Pas mal de W aussi, certainement pour indiquer Wallert.

Nous opérons calmement le retour. La sortie se fait sans encombres. Nous nous quittons devant l'entrée, chacun de notre côté. Tout le monde a fait le trajet du retour sans problème.

Cette descente aura été l'occasion de s'atteler à un projet non négligeable : monter un plan relativement correct du réseau. Je suis sûr qu'il existe déjà dans une version super exacte, mais puisqu'il est véritablement impossible de le trouver...
Nous sommes également passé à Martelange, et cela nous a rappelé que c'est un projet intéressant qu'il serait urgent de mettre au point...

Au soir, un bon nettoyage s'impose. C'est avec étonnement que je constate dans le miroir que par rapport aux autres fois, je ne suis même pas, lorrainement parlant, sale. En fait, la perception de la descente varie énormément en fonction des personnes présentes. Par rapport à ce qui avait été fait avant, là ça m'apparaît comme plus détendu. En somme, c'est pas une épreuve. Ca encourage à continuer les visites, une grande part d'appréhension ne fera plus reculer.

13 mai
Aujourd'hui, j'ai décidé de fermer complètement mes sites internet, ça faisait longtemps que j'y pensais (cf 9 mai d'ailleurs). Ca ne se fait pas en cinq minutes, c'est un projet qui va s'étaler sur deux ou trois semaines. Faut que ce que je laisse soit impec, autant dire que y'a du travail ! Aujourd'hui, j'ai viré les adresses mails, fait du nettoyage dans les codes source. En fait, je vais former le brussel-clan comme un outil de promotion, mais je ne ferai plus de mise à jour après cela. Le but, doubler voire tripler son contenu, et après ça j'arrête.
Ne restera plus que ce journal. Mais ça, c'est immuable. Je le mettrai encore à jour parce que finalement, la mise en ligne n'est qu'une option, en quelque sorte je m'en fous complètement. C'est un sacré changement, ce n'est pas un mal (tout comme la désinscription de certaines mailing listes pitoyables où les gens y sont mégalos). Ca fait bizarre d'avoir le temps. Je me demande quelle aurait été ma réaction de lire cela quelques années auparavant. Je crois que je me serais pris en horreur. Mais où est le principal dans la vie. Est-ce que ça donne un sens de foncer n'importe où ?

 

14 mai.

Hier soir, je me suis éclaté la gueule en vélo. Un chat s'est propulsé dans mes roues. Je ne pense pas l'avoir tué, enfin je l'espère vraiment. J'ai des bosses partout. Lui ça doit être pire. Y'avait une voiture qui arrivait en face. Pas de dégats heureusement.

Sinon, mon mail est en panne, mon ftp tiscali est en panne, quant à lycos, ça fait des mois et des mois que ça ne marche plus. En fait, ce que je compte envoyer, ce sont mes réparations. Ensuite, fini ces bordels de merde. Internet, ça marche vraiment quand ça veut... Je suis vraiment content d'abandonner cette sale chiasse.

 

15 mai


Le montage du plan de la Lorraine s'amorce. Les travers bancs principaux sont tracés. Restera à les corriger avec les distances qui sont figurées sur un plan électrique. Seulement après, je pourrai commencer à tracer les quartiers. Bref, c'est un gros boulot. Mais là vraiment, je ne me presse pas


Ce matin, la douche a encore fait des siennes. Eau froide puis eau brulante. C'est cool sur mes blessures. Il est temps que je fasse chier la propriétaire. Sinon, ce matin, je me disais que j'étais franchement minable. En fait, je me sens bien seul et j'aime pas les gens. Surtout, je n'aime pas les gens qui sont différents de moi. C'est là l'une des principales bases du racisme et ça fait carrément pitié d'avoir des réactions aussi basses. Bref, l'isolement est une chose, la médisance en est une autre. Les dérives sont faciles...

En attendant, je n'ai jamais eu aussi peu d'amis et aussi peu de contacts. Je m'en sens bien, je crois que c'est une part de mensonge qui se termine. Se mentir à soi-même ne peut durer qu'un temps. En fait, j'accepte comme un défaut que je suis misanthrope, un défaut que je ne souhaite plus corriger. Aujourd'hui, la vie est basée sur le contact. Au boulot, tu es obligé d'endosser un rôle de gars cool qui reste ouvert. Le contact humain est prisé comme une belle valeur. Ca fait bien chier, surtout quand on a une mentalité un peu décalée. La raison ? Certainement une bonne part de timidité, mais je crois aussi beaucoup de mauvaise volonté et un mauvais caractère à décorner les vaches...

 

17 mai

De sortie hier soir pour aller revoir le petit manoir abandonné du côté de Bierges. Ma grande théorie a marché à fond la caisse : quand on cherche, on ne trouve pas. Par contre, quand on se pointe au hasard, alors on trouve plein de trucs. Bref, nous nous sommes gentiment largué dans les bois sans rien trouver d'intéressant. La semaine dernière, on s'était pointé pour aller voir des bunkers, on a vu un manoir. Là, on est venu pour les vieux murs et on a trouvé des bunkers. C'est n'importe quoi !!

Dans tout cela, il y a au moins une chose de bien, c'est que ça a permis de comprendre l'architecture d'un blockhaus. En effet, étant donné qu'ici, leurs entrées sont plutôt petites et que c'est un peu complètement dans des propriétés privées, il y a eu peu de massacre. Du coup, il a été possible de voir les étagères à l'intérieur, ce que je n'avais jamais observé jusqu'ici. Egalement un porte-manteau, une sacoche de l'armée (défoncée). L'épaisseur des murs est colossale, finalement, c'est tout petit à l'intérieur... Bref, une visite plus que courte mais riche en enseignements. Par contre, nous nous sommes demandé pourquoi ces bunkers sont tous construits sur le même plan. Parce que si tu en connais un, tu les connais tous. Etrange...

Dans la forêt, nous avons découvert un effondrement. Serait-ce donc les carrières de grès ferrugineux de Wavre ? Franchement, je ne pensais pas que ça existait vraiment... Il n'a pas été possible de trouver une quelconque entrée pour l'instant.

 

19 mai

Aujourd'hui, je ne bouge pas d'un centimètre ! C'est repos. J'ai les jambes aussi molles que du pâté pour chat super GB. Faut récupérer !

 

20 mai

Déjà fatigué au réveil, je crois qu'une journée complète de repos va être nécessaire. Probablement demain... Parce que c'est pas gai de ramer en se promenant. Autant ne rien faire...

Au matin, après une file colossale à la poste, je chope mon train de justesse. A 10h08, je suis à Ste Elisabeth, c'est nettement plus rapide que ce que j'avais prévu et ça c'est bien cool. En fait, je suis devant une clinique abandonnée qu'une connaissance internetique venait juste de me conseiller. L'ensemble a vraiment une belle apparence, c'est ancien, ornementé, une architecture à la flamande, avec de très grands toits.

L'entrée est un porche assez monumental, bien que moderne. A l'origine, c'était blanc. Toutefois, étant donné que le site a l'air d'être super connu, c'est multitagué de partout. Y'a plus une seule vitre vivante et à l'intérieur, tout a été volé depuis des lustres. Mais ça vaut bien le détour, parce que c'est quand même très grand. Des couloirs qui partent dans tous les sens, des centaines de chambres... C'est bien simple, les seuls lieux qui ne sont pas tagués sont ceux où il fait noir. Du coup, les blocs opératoires ne manquent pas d'intérêt, mais c'est démantelé. Il ne reste pas un seul échantillon de matériel. Afin de faire le tour sans se presser, faut compter facilement deux heures. Des toits, on voit la tour itt et surtout la clinique Ste Elisabeth... Et oui, y'a quand même une moitié qui fonctionne encore !!! Quitte à être soigné, je préférerais être dans la partie glauque ! Quelle vue pour les vieux, c'est génial !

Le site le plus intéressant, c'est la chapelle. Etant donné que c'était un truc catho, y'a une petite chapelle assez esthétique. Malheureusement, elle a été massacrée comme le reste.

Sortie sans ennuis, je me dirige vers un truc que j'avais repéré la semaine dernière Rue Clauwaerts. Il s'agit effectivement d'un tout petit site industriel, mais un ouvre boîte serait nécessaire... C'est fermé comme une huître. Du coup, je file place Flagey. Même chose, un site industriel intéressant mais barricadé comme on peut pas beaucoup plus.

Pour terminer, je file Rue M__. La même connaissance citée quelques lignes auparavant avait fait des photos d'une ancienne clinique privée (juste l'extérieur). Sur place, faut malheureusement constater que c'est bien fermé... Par contre, en regardant par la fente de la boîte à lettres, on se rend compte que derrière, c'est une jungle. Hum ? Ca veut dire qu'il y a des jardins, ça veut dire qu'il y a des accès par l'arrière. En fait, le passage est possible. Il faut s'introduire dans une cour d'un institut social. Au fond, y'a des arbustes en fouillis, un peu de bazar et ça passe. C'est correctement barricadé mais il reste une faille. Y'a juste un passage un peu barbare où on passe dans des jardins, c'est pas tranquillou...

A l'intérieur, y'a quatre ou cinq étages, je ne sais plus très bien. Il y a un endroit où ça a brûlé mais d'une manière générale, c'est en bon état. Une paperasse m'apprend que ça a fermé en 1991. C'est incroyable le décalage. A Ste Elisabeth, ça a fermé en 95 et faut voir dans quel état c'est... En fait, c'est bien cool ici parce que c'est fermé aux visites. Seule déception, les blocs opératoires sont en grande partie fermés... Mais bon, je ne savais pas ce qui m'attendait ! Dans une petite chapelle (là aussi), y'a des vitraux. Oooooh, comme c'est beau. Je reste un peu émerveillé je l'avoue... Parce qu'en fait, ce ne sont pas des vitraux d'église, ce sont des vitraux abandonnés, voués à une destruction prochaine, peut-être imminente... Ca n'a pas la même valeur.

Je me promène et soudain, j'entends des rires. Des gamins dévalent l'escalier principal, ils se poursuivent et ne m'ont pas vu. J'essaie de me faire discret pour ne pas les effrayer mais ça n'a pas loupé, ils m'ont vu un peu plus tard. Au début, ils ont eu la frousse et ont cavalé pour s'enfuir. Mais deux minutes après, je leur tombe dessus sans le faire exprès dans une impasse. Je les rassure tout de suite... Au bout de quelques secondes, un dialogue s'établit.

- Tu es quelqu'un qui fait des photos ?

- Oui, je visite et prends en photo des bâtiments abandonnés.

- Ah, alors t'es pas quelqu'un qui regarde ce qu'il y a à prendre avant de détruire. Tu t'amuses comme nous quoi ! Ca va pas être détruit ici ?

- Y'a des casques de chantier en bas à la réception mais ils sont anciens. Y'a personne ici.

- Ouais, parce que nous, on a eu des ennuis avec les flics ici. Ils ont dit que c'était nous qui avions mis le feu et qui avions cassé les vitraux.

Deux minutes après, ils étaient repartis dans leur cache cache génial, à peine perturbés ! Voilà un lieu qui leur laissera certainement de beaux souvenirs, parce que c'est vrai que de faire des traques dans un ancien hôpital, ça a un petit quelque chose de palpitant !

En bas, il y a un long couloir souterrain qui mène à une morgue. Une autre petite chapelle et des tables en pierre pour poser les morts. Ca j'aime bien ! A la sortie, je me fais discret et c'est sans problème. Etonnant... Arrivé à la gare d'Etterbeek, je constate que j'ai 45 minutes d'attente pour le train, alors j'en profite pour aller voir la gare abandonnée de Watermaal. C'était convenu d'avance, ça n'a absolument aucun intérêt ! Le retour à la maison se couronne d'un bon café. Hum, c'est une belle journée !

Au soir, c'est reparti pour un tour. Le but : éclaircir la situation au Château de l'Etoile. En fait, il apparait que c'est une maison de repos pour les petits vieux (bravo les dépendances du Prince de Mérode ! Comme quoi il est facile de dire n'importe quoi !) Ce retour est donc l'occasion de faire plein de photos, ça ne m'en fais plus que 300 de retard à développer, je vais mourir quand il va falloir scanner ça... A part ça, je trouve la petite tourelle magnifique, c'est pas nouveau.

 

21 mai

Y'a 20 jours, je faisais Suchard. Ca me parait y'a trois mois tellement les visites se sont succédées. Aujourd'hui, c'était fort mal parti, mais la fin de la journée fut intéressante.

Suite au conseil d'abandoned-buildings, j'ai été à Anderlecht pour aller traîner du côté des abattoirs. Je commence les visites par une petite usine rue du collecteur. Celle ci a brûlé, c'est d'une saleté épouvantable, y'a des mouches. Ce lieu n'a aucun intérêt donc je me tire... Un peu plus loin, aux abattoirs proprement dits, je découvre les lieux. Ce n'est pas désagréable mais en activité. La halle Curegem est d'une grande beauté, une architecture très lumineuse, massive et légère. Contrairement à ce qu'on peut s'imaginer, c'est pas du tout épouvantable. Bref, le temps se tire et s'étire et je n'ai toujours pas fait une seule photo ! Un peu plus loin, je découvre que ce que je croyais abandonné est utilisé par Emmaüs la Poudrière. D'ennui, j'en suis réduit à rentrer dans des immeubles de 20 étages (habités) pour voir comment c'est en haut... C'est la misère !

Je ne savais pas ce qui m'attendait. Après avoir constaté qu'à Ursel, rien n'a changé, je me rends rue de la Loi. Le but : prendre connaissance d'un îlot de maisons abandonnées. C'est vite trouvé. La première maison est probablement ce qu'il reste d'une petite PME. La façade est crado, certainement à cause du passage incessant des voitures. A l'intérieur, ce n'est pas le royaume de la stabilité, c'est d'ailleurs un peu inquiétant. Des fissures, des blocs tombés, des étais... Mais bon, y'a pas un tag, c'est pas squatté et ça pour une fois c'est agréable ! Cette maison n'offre rien de bien extraordinaire, sinon qu'elle donne accès à d'autres bâtiments par le biais de la cour intérieure.

Immédiatement attenant, le bâtiment des SCRR : service central des redevances de route. Ce sont apparemment les gens qui s'occupent de la taxation des trafics en avion. L'intérieur du bâtiment est en projet de désamiantage. Côté déménagement, c'est soigneusement nettoyé, il n'y a rien à voir sinon une série de bureaux propres. Par contre, au rez de chaussée, une salle de réunion torride ! Un truc bien grand, du style pour recevoir des ministres, avec des vitres partout. C'est en photo dans leur brochure, ça fait plaisir à voir !! Sur la photo, on voit plein d'ambassadeurs, et dire qu'il s'est passé plein de choses dans cette salle aujourd'hui vide et un peu dégradée...

De retour dans la cour intérieure, il y a possibilité de se taper encore un sacré immeuble (situé rue de Spa). Cette fois ci, c'est Zurich Assurances. Point de vue déménagement, là c'est autre chose ! Ils ont laissé plein de bazars. Tous les bureaux sont là, avec une quantité étonnante de téléphones, y'en a de partout ! L'architecture est en deux partie bien distinctes, des plateaux et des bureaux. La visite de tout cela n'est pas inintéressante. On retrouve des machines un peu bizarres, servant à empaqueter des colis (de publicité ?) Les 8 étages sont assez variés. Par contre, sur le toit, c'est la punition. L'immeuble d'en face possède sur son toit une caméra directement braquée sur la surface de la terrasse de Zurich Assurances. Dans le but de ne pas déranger des gens pour rien un jour férié, je laisse tomber. J'arrive quand même à faire de beaux clichés, dont la tour de la RTBF qui est toute proche.

La redescente se fait sans ennuis, mis à part qu'un pigeon tentant de s'enfuir se bouffe une vitre. Il a du se faire mal... Je file sur la Rue Belliard mais là, c'est fermé comme une huître. Un peu plus loin, je trouve un autre immeuble abandonné, mais lui aussi fermé (dommage). Sur ces émotions, j'oubliais de décrire ma grimpette au sommet du Berlaymont. A l'intérieur, c'est vachement beau. Et du haut du quatorzième étage, mon Dieu que c'est joli ! On voit fort loin. Je ne sais pas très bien à quoi servira cet immeuble, certainement à un organisme européen de taille (commission européenne ?), en tout cas, il est certain qu'ils y seront bien lotis. Il fait beau et du toit, on voit l'atomium, carcoke, la tour du midi... Vraiment je ne me lasse pas de flirter avec les nuages !

Plus loin, je continue encore les découvertes. Rue Wiertz, je grimpe au sommet d'un immeuble en chantier. Ca me permet de prendre en photo des statues en or qui surmontent la chaussée. Cette grimpette m'a également permis de prendre connaissance d'un château en cours de réaffection, juste derrière. Mais ce sera pour la semaine prochaine, je suis crevé... Bref, je prends le chemin de la gare et là, je trouve une grosse maison abandonnée. Ce quartier est dingue ! C'est une ville entière qui est abandonnée en plein milieu d'organismes mondialement réputés, c'est terrible ! Je ne sais plus où en donner de la tête... Les prochaines visites sont prometteuses !

De retour à la maison, un bon café. Un repos bien mérité. Plus que jamais je me dis que j'adore retourner la ville dans tous les sens ! Je me sens un peu pénalisé par mon mauvais caractère. J'aimerais partager tout cela avec plein de gens, mais je m'en sais complètement incapable... C'est malheureux d'être aussi con...

 

23 mai

Quand tu penses que Lenny Kravitz arrive à être publié, à vendre et faire des concerts. C'est inimaginable de voir comme la masse se nourrit de ce qu'on lui donne. Les médias mettent en haut du podium des tâches - la seule qualité de ces gens là : ils s'écrasent et font ce que les producteurs demandent. Du coup, on obtient une quantité extrêmement majoritaire de caves qui chantent comme des tâches et qui racontent n'importe quoi. Ca fait pitié de voir ça, ça fait encore plus pitié de constater qu'il y a beaucoup de monde qui se mobilise dans ce créneau. C'est à croire que la majorité est constituée de veaux vivant dans une vacuité cérébrale.


25 mai

Week-end repos, vraiment obligé faut l'avouer, parce que ça me gonfle lamentablement de rester ainsi à rien glander. J'ai les jambes en coton, la cheville droite qui déconne. Je vais pas me la jouer grand sportif, parce que ça ferait vraiment pitié, mais bon... J'avoue que j'ai un peu forcé la dose ces dernières semaines. En plus, comme je bouffe comme un porc, ça n'arrange rien pour la forme. Grmbl, je suis coincé ici, enfermé. J'en profite pour tout boucler. Objectifs : dans une semaine, j'ai terminé mes sites internet, j'ai tenu toutes mes promesses, je suis à jour dans les photos, j'ai balancé les crasses qui traînent depuis des mois. C'est pas gagné mais l'espoir fait vivre...

Aujourd'hui, je m'acharne sur la construction du plan de la Lorraine. L'ossature est entièrement bâtie, je commence à tracer les quartiers (Bure, Bassompierre, Nondkeil). C'est pas du petit boulot et je ne vois plus très clair (toute la journée sur autocrade, c'est pas réjouissant...)
Mouais, c'est vraiment un week end emmerdant.


26 mai

Après un travail exténuant, le plan de la Lorraine est terminé. Il fait la synthèse des documents que nous avons retrouvé. C'est extrêmement loin d'être complet mais cela nous permettra de nous orienter plus facilement...
Vers 14h00, je constate que je n'ai plus de café. Et bien impressionnant la torture que cela engendre. C'est malheureux mais je viens de découvrir que je suis physiquement et mentalement dépendant. Je ne pense qu'à cela, c'est comme un appel du corps, une douleur très discrète qui vient se rappeler de manière incessante. A Cela, deux solutions : soit je me programme des piqûres régulières (injection de caféine), soit je réduis proportionnellement la dose ! Le choix est vite vu.


27 mai

La première chose que j'ai faite en arrivant, avant même de poser mon sac, c'est prendre un café. Soit cela s'appelle de la bêtise, soit c'est un manque flagrant de caractère.
La journée est en apnée. Il y a pas mal de mauvaises nouvelles et le boulot est assommant.

La réalisation de référencements assez complets m'a fait prendre conscience de faits vaguement inquiétants. Maintenant, quand tu tapes le nom de là où je travaille dans un moteur de recherche, tu tombes assez rapidement sur des pages de ce présent journal. Mon nom est intimement lié à celui de l'entreprise, en tout cas au moins informatiquement parlant. C'est une chose à laquelle je ne m'attendais absolument pas. A vrai dire, je préfèrerais que cela s'efface (que le nom soit remplacé par un E ou n'importe quoi...), mais je sais que c'est entièrement illusoire, autant du point de vue des délais que de la prise en compte des pages en cache. Du coup, je laisse un peu tomber l'affaire, priant le dieu des chats une fois de plus que personne ne tombe là dessus. Il y aura forcément un jour où cela va lâcher... Il n'y a rien de bien grave dans ce qui est évoqué, trois lignes vagues n'engageant que moi. Mais bon, ce n'est pas idéal, je le répète.


28 mai

Petite recherche sur la nécrophilie. Mon économiseur d'écran avec des crânes humains ayant entraîné des remarques, dont celle (à tort) d'être nécrophile. En fait, cela prend systématiquement une connotation sexuelle. C'est un abus de langage (enfin, quand on voit ce qu'est la nécrologie, science de la mort, c'est à dire faire paraître des annonces pour dire qui est mort, on constate qu'il y a pire !) Enfin bon, tout ça pour dire que oui, je suis nécrophile, mais dans le sens exact du terme, c'est à dire aimer d'une manière générale tout ce qui tourne autour de la mort. Cela pourra paraître étrange, mais toute sensation de morbidité est absente. Il n'y a même pas d'attirance vers une mort souhaitée proche. Non, c'est tout simplement parce que je trouve que les morts sont bien moins emmerdants que les vivants. Ils sont beaux, blafards et immobiles, ils sont calmes, ils testent pas, ils ne parlent pas, ils n'ont pas d'urgences dérisoires à traiter. J'aime leur contact. Je ne sais pas si c'est atypique (je me doute que oui), mais j'avoue que je m'en fous comme de l'an quarante. Allez-y avec vos commentaires de merde, ça ne changera ni mon intégrité, ni ma passion, ni mon dégoût du vivant. Quant à l'admiration, je ne vois pas d'où elle pourrait provenir...
Triste de constater une fois de plus qu'il est extrêmement difficile d'être solitaire. Y'a des gens partout, faut être avec d'autres gens pour gagner son pain. Heureusement, les week-ends européens sont plus longs que les japonais, ça permet de se retrancher.
Work like you don't need the money. Love like you've never been hurt. Dance like nobody's watching. (Jessica Speigel)


29 mai

Petit ajout sur hier : il est vachement dur de voir des morts en Europe. Ils sont planqués et enfermés. Il n'y a que bien peu d'endroits où l'accès se fait facilement, où l'approche dépasse la vue (toucher, odorat).

La semaine sera totalement en apnée. Pas une minute de libre. Mais bon, la seule chose qui me remonte le moral, c'est que dimanche matin, tout est bouclé de A à Z. Cette fois ci, ce sera vraiment la dernière fois que de telles choses seront évoquées. Mon site perso est terminé, le brussel clan le sera samedi soir. Je n'ai plus que 350 photos à intégrer, fait avec méthode, cela n'est pas grand chose. Je ne sais pas à quoi le temps dégagé servira, mais certainement pas de nouveaux projets. Il n'y aura que deux endroits où je ferai des modifs : ce présent journal et la page de news des visites bruxelloises.
Dans l'ensemble, mes photos sont une chiée. Les photos souterraines sont très bien réussies, en contrepartie, c'est une catastrophe pour tout ce qui concerne les intérieurs de bâtiments. J'ai beaucoup de progrès à faire.

Sinon, je constate que toute tentative de partage est vaine. Plusieurs projets avaient vu le jour ces dernières semaines, ils se sont révélés infructueux. Ce n'est pas nouveau, je n'aime pas le contact humain et le seul lieu où je me sens vraiment bien, c'est le repli total sur moi-même, en négation totale du monde, de sa réalité et de ses contraintes. Les gens m'écoeurent. Je les fuis parce que j'en ai peur. En somme, je constate qu'ils m'emmerdent. Dès qu'un contact s'établit, c'est à contrecoeur que je suis les évènements, que j'engage la conversation et partage des éléments passés. La discrétion est là où je me sens idéalement le mieux. Ca ne me gène pas du tout que des gens prennent connaissance d'une grande part de mon intimité, mais en somme, je ne souhaite pas le savoir et encore moins en avoir de retour. C'est un paradoxe, je souhaite que ma vie soit une grandeur et que tout le monde en profite ; ma vie est une somme d'évènements minables et je ne fais rien (ou presque) pour partager cela. Il n'y a plus de logique, il n'y a plus de schéma directeur. La solitude est le seul équilibre où ces pauvres éléments ne sont pas perturbés.

Mon ordinateur est remis à zéro. J'ai rattrapé tout ce que j'avais backé à Nice parce que je n'avais pas le temps. Je vais me retrouver sans rien avoir à faire de spécial, comme c'est arrivé plusieurs fois ces dernières semaines. Ca fait bizarre. C'est l'occasion de reprendre bien des choses qui étaient parties en live. J'attends la fin de la semaine avec impatience.

Ce matin, c'était un colloque de limaces sur le trottoir :)

 

30 mai

Youpi, je suis encore malade... Fièvre et gorge enflammée. Comme c'est agréable...

Petite entrevue hier avec Eric Smeesters. Il avait trouvé un de mes tracts à Defré. Il a comme projet de tourner un film sur le 107. C'est un numéro que les gens en galère appellent pour se défouler ou trouver un réconfort. Son but, mettre en voix off des témoignages d'écoutants. Sur cela défilerait une série d'images décalées. Une partie de ces images concernerait le cul des villes, c'est à dire le petit vecu de tout le monde, mais vu d'un autre endroit. Du haut d'un toit, du dessous par des soupirails, etc... Bref, c'est un projet intéressant. Durant cette courte entrevue au psylophone à Bruxelles, nous ne nous sommes pas ennuyés !
Cette soirée a été l'occasion de parler de quelques projets bruxellois. C'est décidément une activité passionnante que de retourner une ville. Mes enregistrements (voix de la terre) ont évoqué de belles perspectives. Mais bon, j'imagine toutefois qu'une amélioration de la qualité sera nécessaire...

A part ça, les chats pattounent derrière les fenêtres, uniquement en recevant des ondes positives. Nous sommes tombés sur un chat qui vivait dans un paradis : un pot à bouffe à moins d'un mètre du lit :)

Ce matin, j'ai eu le feu vert pour la rédaction d'un article sur le Bec de l'Echaillon. Ca va être difficile mais le pari en vaut vraiment la peine. Ce sera l'occasion de faire des recherches poussées sur un site qui reste véritablement mystérieux. J'ai de plus l'impression que de très belles photos pourront être utilisées. Y'a aucune urgence donc on verra bien, ça aura le temps de se construire en douceur...

Sur hier soir. Par rapport aux interrogations que peut supposer l'exploration urbaine, il n'y a pas beaucoup de réponses. Le but, c'est d'aller au fond du tissu urbain, là où c'est abandonné ou bien là où la présence humaine est tout sauf désirée. Faut pas croire que c'est une passion facile. Souvent, on se confronte à de grosses difficultés. Les villes se protègent des intrusions de par la conception même des bâtiments, sachant que le principal ennemi est la verticalité. Les projets sont quelquefois "easy-peazzy", mais ça ne constitue pas la majorité. La plupart du temps, des études de cas sont nécessaires, sur quelques lieux, ça va jusqu'à revenir cinq fois, dix fois... Il faut toutefois se rendre compte qu'il y a presque toujours une faille au système. Assez régulièrement, c'est l'arrière de la ville qui n'est pas bien protégé. Si le devant d'un bâtiment est fermé comme une huître, ça ne veut pas dire que c'est foutu. Les jardins et les cours intérieures sont des porte bonheurs. Quant aux immeubles, les rdc sont souvent condamnés. Bien plus d'espoirs du côté des parkings souterrains (testé sur 4 tours jusqu'à présent). On n'est pas dans de l'Indiana Jones fantasmatique. Quand faut grimper, c'est du vrai. Ca n'a rien d'exceptionnel sinon le mérite d'être fait juste pour le plaisir (et non la frime).

Par contre, l'exploration urbaine n'est pas un banditisme. Faut remarquer quand même que la marge n'est pas grande. Souvent, on me dit "tu ne t'es jamais fait pincer ?" Je ne réponds pas non, ce ne serait pas vrai. Malgré de nombreuses précautions, je me suis déjà fait avoir. Et alors ?? Bah rien. Je ne suis pas un tueur, je mets en valeur les sites par le biais de récits, de photos. Jamais je ne tague ni ne casse les lieux, aussi ravagés puissent-ils être... Je ne dis pas ça parce que je sais que ça va être sur internet, preuve en est que je signe toujours mes visites. En effet, je laisse pratiquement toujours un papier avec des photos comportant des remerciements à l'adresse du propriétaire des lieux. De toutes façon, je ne me fais aucune illusion. Les flics sont entièrement au courant de chacune de mes visite. Internet n'a rien de secret, google est d'une indiscrétion terrible. Est-ce que c'est gênant qu'ils sachent tout ? Franchement je ne le crois pas. Je n'ai jamais eu de problèmes et ne les crains pas. Non pas par idéologie "Je suis le plus fort", non... je crois simplement qu'ils ont d'autres chat à fouetter plutôt que d'emmerder des gens qui ne font pas de mal. Est-ce une conception très personnelle de l'illégalité dans laquelle je vis ? Je ne le sais pas. La seule chose que je constate, c'est que je ne reçois jamais de retours de propriétaires en colère. C'est quand même positif...

 


Antonin

 

2 juin

Après une journée abrutissante de mise à jour des sites internet (hier), voilà enfin la liberté regagnée. C'était détestable mais au moins j'en ai fini avec ces conneries. Je n'en reparlerai plus.

En fait, j'ai terminé ce matin (mise en ligne). A Boitsfort, il y avait une brocante, j'en ai profité pour fouiller un peu. Mais je n'ai rien trouvé d'intéressant. Faut dire que mes magasins à moi, ce sont les usines et les bureaux abandonnés ! Ma maison est devenue complètement loufoque comme ça ! Il y a un téléphone dans les toilettes, des panneaux "danger" partout, des "sortie de secours" qui se contredisent de partout... Bref, une brocante, ça fait pâle figure maintenant, quand tu penses qu'il suffit de franchir une porte pour avoir des montagnes de merdes bizarres et inutiles. C'est Jérome qui est attaché à l'objet et à la signification qu'il peut en ressortir. Là, je crois qu'il s'amuserait ! A un moment dans la brocante, j'entends ooouaarghaaah ! Hum, tiens, il me manquait ! C'est le petit taré de la maison d'à côté, il crie tout le temps. Presque attaché à ce petit gars, je le préfère à bien des nocifs qui se prennent au sérieux, même si je le sais archi-insupportable...

Train attrapé à la volée, je vais jusqu'à Centraal. Là, cette fois ci, plus de Tour d'Ursel, je file aux Marolles. A ce titre, les heures de la Tour sont comptées. Le démantèlement pointe son nez, le rez de chaussée à été ferraillé. Je sens qu'elle va me manquer, ça va faire un immense vide lorsqu'elle sera fracassée...

Sur le chemin, je tombe par hasard sur la caserne Rue du Petit Carme. Après peu de temps, j'arrive à m'y introduire (par des maisons abandonnées attenantes). Un clodo m'accueille froidement (voire très froidement, mais c'est sans incident). L'îlot est constitué de six ou sept maisons dans un état lamentable, c'est sale et sans intérêt. Seule chose intéressante : on voit un chat sur la fenêtre de la maison d'en face !

Après chatière et re-chatière, je suis enfin dans l'enceinte de la caserne. Ce n'est pas spécialement cool, il y a une caméra un peu plus loin, une partie de la caserne est utilisée. Je me fais discret afin de ne déranger personne (ce qui somme toute est le but). Les bâtiments de la caserne sont beaucoup moins sales, ils ne sont toutefois pas très intéressants. Quelques longs couloirs, quelques grands volumes, des caves complètement vides. Ca a été abandonné en 74, c'est dire si y'a du monde qui est passé là avant !

Par contre, des plans étranges (et faux) indiquent "grotte" et "sous terrain". C'est vrai qu'on est tout à fait attenant à Egmont. Ca signifierait qu'il existerait des accès à ce souterrain par la caserne... C'est un fait qui m'étonne, du coup, je fouille. Je ne confirme pas, mais il se pourrait que j'aie trouvé un accès, un puits sans échelons. Une étude complémentaire devra être menée. Hum, ce serait vraiment bien ça !

La sortie se passe sans ennuis (mis à part que je deviens chatièrophile et que je me tente une sortie dans un soupirail à chat minuscule alors qu'il y a une porte ouverte vingt mètres plus loin, du grand n'importe quoi !) Je continue ma promenade jusqu'au but de la journée : le ministère des affaires juridiques. Je ne dormirai pas tant que je ne l'aurai pas fait ! Seconde venue donc pour une étude plus en détail. Il va falloir être ingénieux. Oui, l'imagination va être nécessaire pour concocter un système délirant pour rentrer là dedans. A première vue, tout individu normal pense à voir le bâtiment que c'est une forteresse. Comme c'est bien connu maintenant, je ne suis pas normal ! Donc je me suis promis la visite de ce lieu quelque soit le travail à fournir.

Plus loin, je me tape un bâtiment de 8 étages. Sur le toit, une superbe vue. Je suis à une rue de la grand place. C'est un très beau spectacle, mais la présence de très nombreuses antennes gsm me fait fuir. Là, c'est plus que certain, elles sont en marche. Sinon, rien à signaler, c'est en chantier, donc c'est pas intéressant. Comme il me reste un peu de temps avant le train, je me tape un autre îlot en chantier près de la Rue du Cardinal Mercier. Les échafaudages sont très imbriqués, c'est un peu difficile. Ce qui est génial à Bruxelles, c'est que les arrière-cours sont très surprenantes. Le niveau de la cour est 5 étages plus bas que la rue. C'est quand même pas rien ! Le paysage est assez secret (complètement fermé), mais ce n'est pas très intéressant.

Paris est une ville d'idées. Il y a des quartiers unifiés et un urbanisme totalitaire. Bruxelles est une ville d'images. Ce sont plein de petits rien juxtaposés. Il y a une liberté dans cette ville qui ne se retrouve pas ailleurs. C'est ouvert de partout de manière incompréhensible pour le parisien que je fus, malgré cela les gens respectent le tissu urbain. C'est très agréable, parce que ça permet de creuser les quartiers, de retourner la peau de la ville sans pour autant abîmer ou gêner qui que ce soit, ce qui est le principal élément dont il faut se méfier lorsque l'on explore. Jusqu'où aller, la limite est essentielle... Elle conditionne le moindre mouvement.

8 juin

Soirée de préparation à Ursel. Avant d'entamer cela, je me ballade quelques heures du côté du quartier Luxembourg. C'est pas très agréable. Y'a des caméras dans tous les coins de rues, on ne s'y sent vraiment pas à l'aise. C'est le genre de quartier inhumain que l'on s'acharne à bâtir alors qu'on sait immanquablement que c'est de la merde. Ca fait pitié. Après, on obtient des cités fantôme comme La Défense en France. Le soir, c'est vide.

Je vais quand même faire quelques visites, notamment à l'ancienne gare du Luxembourg, un bâtiment relativement vétuste. Rien d'exceptionnel...

C'est vers 20h00 que j'arrive à Ursel. Les accès sont tous condamnés proprement avec des parpaings plus que balaises. Du coup, c'est pas la peine d'espérer quoi que ce soit pour monter normalement dans les escaliers de service. Commence donc une recherche méticuleuse : trouver un moyen quel qu'il soit pour grimper, sans que cela se solde par de la casse. Au bout de deux heures, j'ai trouvé (enfin), c'était pas simple. En fait, j'ai grimpé par un conduit d'aération bourré de câbles électriques (sympa pour la poussière). C'est un truc assez désagréable faut l'avouer. On est serré comme une sardine dans un truc qui pue avec 20 mètres de vide en dessous, y'a mieux... Cette grimpette a permis d'accéder à des faux plafonds bourrés également de câbles. En rampant dans cette merde infecte remplie de poussière, ça permet au bout d'une quinzaine de mètres d'accéder à un local de machinerie communiquant avec la cage d'ascenseur. Alors là, c'est fini. Une échelle dans la cage permet de redescendre à un entresol. Cet entresol donne une communication avec le rez de chaussée. Le long d'un pilier qui a été équipé pour la cause, il y a moyen de descendre en s'appuyant sur des morceaux de soudure, c'est gagné et j'en suis soulagé.

Sur le retour, je rate mon train et c'est la galère. Retour tard, crevé.


9 juin

Rendez-vous avec Henk à la gare de Rixensart. Nous filons direct sur Ursel. L'entrée se fait sans difficultés, malgré le lieu propice au tourisme bestial troupeautique. La grimpette le long du pilier est d'une facilité déconcertante. Ca nous permet de visiter sans ennuis l'ensemble de la tour. Henk flashe particulièrement sur les lits de clodos et les merdes qui traînent partout. Notamment, il fait un gros plan sur un étron dans lequel est planté un mégot de clope ! Du point de vue photo, il réagit de manière différente par rapport à ce que je connais et j'en apprends beaucoup. Même en plein jour, il fait de la pose longue. C'est clair qu'il a un oeil exercé que je n'ai pas. Il voit des reflets esthétiques, des détails cachés... Bref, une visite intéressante. Pour moi, Ursel, c'était la dernière fois, mais j'espère qu'on remettra ça ailleurs...
A l'extérieur, nous faisons des gros plans sur la façade. Un troupeau bovin se stoppe et nous fait "mais, vous prenez quoi en photo là ???". Après explication, nous avons le droit à des éructations d'incompréhension. Entre la mamie qui nous fait des sourires à la chatière d'entrée et les commentaires plus ou moins mêlés d'indifférence des autres, c'est assez rigolo.


10 juin

Matin gerbant. Je suis à la bourre, une fois de plus et combien de fois de trop ? Dans le train, c'est bourré de boeufs de merde. Ils font du bruit, c'est pas imaginable. Ca me donne envie de leur gerber dessus. Celui qui bouffait une pomme à côté, je lui aurais transpercé le pied avec un tournevis au moins une dizaine de fois. Quant à la turbine turbonucléaire qui respirait comme un éléphant en train de se masturber... C'est de l'incitation au meurtre. Voilà ce que ça donne d'obliger les gens à vivre en société. Des individus pas vraiment méchants qui au contact forcé avec le troupeau deviennent complètement tarés. Ma vie, c'est la haine. J'aimerais crever pour qu'au moins, je réussisse à avoir la paix.


11 juin

Découverte d'un groupe relativement méconnu : i am third, dirigé par Ryan Vansickle. C'est un rock très doux dont la conception est originale. Les césures sont vraiment particulières. Bien sûr c'est complètement artisanal, mais en attendant, on a vraiment l'impression de tomber sur un talent ignoré. Peut-être ai-je flashé un peu vite sur ces mélodies faciles, toutefois, je crois qu'il ne suffit que de peu d'évolution afin que ce soit une grande réussite.

La déchéance d'internet, c'est la publicité. Il y en a partout, jusque dans le massacre de mon site, alors que j'avais porté une attention particulière au "sans pub". Cette évolution est détestable. Le pognon gagne du terrain et le contenu se pourrit peu à peu par la vente et le grand déballage. En attendant, il reste quelques îlots intéressants, notamment des sites russes (en russe donc) qui propose des contenus intègres.
Du point de vue musical, c'est par ce biais que j'ai réussi à reconstituer ma collection de afrocelt sound system. Dans un tout autre genre aussi : Erkki Tüür et des bazars de Sisask. Ca fait pas de mal, surtout dans ce pays où l'accès à la culture signifie vidage de porte monnaie...


12 juin

Gros travail afin de comprendre comment fonctionne flash. Et bien, résultat des courses : je n'y comprends pas grand chose. Les interfaces sont tellement intuitives qu'on se sent complètement perdu dès le départ. Ca demande une bonne technicité pour un résultat qui reste moyen. Du coup, je laisse tomber.
J'essayais d'étudier ça pour faire une belle présentation à mes bouquins, mais c'est un peu l'échec. Tant pis, ce n'est pas une catastrophe. En fait, je travaille beaucoup sur X en ce moment, donc j'ai envie de faire bien...

Dehors, il douche comme c'est pas croyable. J'aimerais pas être en dessous ! Hier soir, quelques heures de libres ont permis un retour à l'Arsenal à Etterbeek (une caserne abandonnée). Rien de changé sinon plus de plantes...

 

15 juin

N'ayant rien de particulier à foutre, je vais gambader à Bruxelles. Je me grimpe un bâtiment tout près du centre la Monnaie, ça me permet un beau point de vue, mais malheureusement très lumineux (ensoleillé). Quelques photos tout de même. Plus loin, dans le même ordre d'idée, c'est sur les toits de bâtiments Rue du Congrès que je me promène. Ca me permet de prendre en photo la colonne du soldat inconnu du haut, tandis qu'un car rempli de japonais la photographie du bas !

Pour terminer la journée, je m'achète "le patrimoine industriel de la Wallonie" qui semble être un bouquin exceptionnel. Il y a même les papeteries de Genval ! Quadrillage de la capitale : Quartiers des quais et place Madou. Ca s'avère fructueux, une tour semble abandonnée.

 

16 juin

Au matin, je file sur Bruxelles pour faire la Getr0nics tower repérée la veille. C'est une tour de 112 mètres de haut située à Madou, une place située sur une ceinture de circulation assez dense, tout juste excentrée de Bruxelles (juste à côté de la maison communale de Sint Josse Ten Node). C'est presque l'un des points les plus hauts de Bruxelles. En fait ce n'est pas la plus haute tour (c'est la troisième), mais sa situation sur une butte en fait le deuxième plus haut point, il y a juste la financietoren qui dépasse à peine. La tour du midi est largement éclatée.

Cette visite est donc capitale dans mon cheminement photographique actuel "les toits de Bruxelles". Sur place, une triple chatière me permet d'accéder à un parking souterrain privé qui donne accès à des endroits très anxyogènes. Le passage des chatières est assez difficile. je m'y chope des crampes au bras (c'est terrifiant quand on est en hauteur), mon pentalon s'y déchire. Mais c'est sans gravité. A l'intérieur du parking, il y a des véhicules belgac0m, d'autres de particuliers. C'est à ce moment que je comprends qu'il ne s'agira pas d'une tour abandonnée mais d'une véritable infiltration...

Je peine un peu à trouver l'escalier de service. Il est en fait situé derrière une série de 8 ascenseurs. Au départ, je croyais entendre le métro là dedans. En fait non, ce sont les ascenseurs qui fonctionnent. Dans ce genre de moment, c'est là où tu te dit "are you mentally very strong ?", avec comme réponse : bah pas vraiment... Merdouillage intense, je ne comprends pas la configuration des lieux et commence à avoir peur. Après quelques minutes de cafouillage, je m'engouffre dans l'escalier qui fait rare est hélicoïdal. Avec lenteur, je grimpe les 32 étages. Les deux derniers sont condamnés, certainement à cause de machineries en fonctionnement. En effet, le sommet de cette tour est coiffé de dizaines de relais, d'antennes, de paraboles...

En haut, c'est en désamiantage, fait devenu maintenant classique. Ce sont de vastes plateaux entièrement vides. L'intérieur ne présente pas d'intérêt particulier. La vue est par contre démentielle. C'est peut-être même un peu trop. C'est tellement haut, on a l'impression d'être dans un avion, on commence à perdre le contact avec le tissu urbain. Ce n'est pas exactement ce que je recherche, un peu une sensation de déshumanisation du paysage. C'est toutefois quelque chose à voir, la ville se dévoile dans son entièreté, il n'y a plus rien qui vient obturer la vue.

Du point de vue paysage, ce qui est le plus marquant, c'est la tour Astro située à quelques dizaines de mètres et tout juste 5 mètres plus basse (c'est la tour de F0rtis Bank). La Finacietoren est également très marquante étant donné son aspect massif. D'ici, on domine tout. De ce fait, tous les buildings sont visibles. Apparemment, il y a du y avoir une victoire au foot car en bas, des dizaines de voitures klaxonnent dans la Levensesteenweg. Je mitraille selon les conseils photographiques de Henk, en espérant de bons résultats sur l'ouest, le soleil ne cramant pas les couleurs.

Les étages étant tous semblables, je redescends assez rapidement, mais par palliers de 5 étages à cause du tournis. Au zéro, je retombe sur les ascenseurs. Il y en a un qui passe du 19 au 0. Vraiment je ne comprends pas comment fonctionne cette tour, malgré le plan détaillé qui est affiché. Il semblerait que ce soit utilisé par d'autres immeubles ? Pourtant 19 étages, ce n'est que là, au dessus, il n'y a que ça... Je me disais : tu vas voir, les portes vont s'ouvrir et tu vas tomber sur le gérant. Bref, incompréhension...

L'explication m'a été donnée dans le parking souterrain.

-Monsieur !

-Oui, bonjour Madame.

-Est-ce que vous pouvez m'expliquer ce que vous faites là ? Vous êtes rentré par là ? (désignant la bonne porte)

-Oui madame. Tout à fait.

-Et vous êtes grimpé là haut, mais vous avez pas le droit, c'est en chantier.

-Oui Madame. De toute façon, vous voyez bien, je ne suis pas méchant, je ne fais que des photos. (On dit vraiment n'importe quoi dans ces situations là...)

-Il va falloir me donner votre nom, parce que s'il y a des ennuis, il faut savoir quoi...

-Oui bien sûr Madame.

Sur ce, je m'enfuis. Je regrette profondément que j'en sois arrivé là car cette dame était très cordiale au vu de la situation. Je suppose que cela va lui créer des angoisses (car sait-elle véritablement que je n'étais pas un nocif). Je reviendrai dans la semaine pour lui offrir des fleurs, car emmerder les gens est ce que je déteste. Je sais où elle habite. J'aurais aimer lui expliquer, au moins pour la rassurer. De ce côté là, je reste sur un échec total que je n'arrive pas à digérer.

 

19 juin

Le début de semaine a été d'un grand chaotique. Je ne souhaite pas revenir sur ces instants de douleur, cela est dépassé - même si l'oubli ne se taille pas de place.

La journée est très chargée, mais pas désagréable. A signaler la redécouverte de kery james. Renaud m'avait fait écouter des sons d'Ideal J y'a un bon bout de temps. Je voulais retrouver cela et ce fut pour ce jour. C'est avec pas mal d'émotion que j'écoute ces paroles scandées de manière très personnelle (ce du bla bla qui vient vraiment du fond). C'est là tout mon passé qui ressort par vagues floues. Violent ? oui dans la force d'un texte de souffrance, de frustration et d'écoeurement. La musique quant à elle est douce, très particulière. Ca n'a rien à voir avec le rap archiconnu des radios. Une construction complexe allant à l'encontre des stéréotypes, quelquefois un peu confuse malheureusement. Mais bon, le bonhomme est intègre, il a été jusqu'au bout de ce qu'il souhaitait. Y'a pas de cordes, pas de vent, pas vraiment d'éléctronique. C'est un mélange de cubain, d'haïtien, de culture de la banlieue. Etrange et accrocheur. Dans le fond, faut être solide. C'est l'égoïsme, la vacuité et la méchanceté des gens qui est mis en exergue, le fait que bien trop de relations sont basées sur l'argent, que les riches sont souvent des enculés, bref c'est pas nouveau... C'est le genre d'écoute qui retient l'attention mais qui surtout change le regard. Tu te dis que t'as bien de la chance, tu te rappelles que c'est la galère pour un certain nombre d'autres.

Sinon, par hasard, je suis tombé sur l'un de mes textes dans Canclaux. C'est pas la première fois que ça se passe, c'est un étonnement pour moi car je pensais que ce serait la ligne d'une fois qui aurait laissé une trace en passant, rien de plus en somme. Je suis dans l'incompréhension en pensant que ma vie déposée ici puisse interpeler quelqu'un. Pour moi, y'a personne qui lit. Les compteurs cachés dans chaque page me donnent des trafics faramineux, j'ai toujours pensé que c'était l'échouage de gens qui se paument là tout juste parce que y'a plein de mots et que ça multiplie les occurences dans google... Faut se dire qu'il y a l'exception, c'est tout... Je ne pense pas que remercier soit là une chose bien importante, juste dire qu'il n'y a pas que de l'ignorance dans la jungle internetique, que derrière la froideur des lignes, y'a quelqu'un, [qu'est pas seulement une photo sur une page d'accueil de merde].

Pas mal de fois, j'ai pensé à ce que serait l'édition de ces foutus écrits - un concept un peu semblable au travail qu'a mené Matzneff. Je me demande véritablement si cela serait assimilable à de l'échec. Matzneff lui a un but, foutre sa bite dans des trous. Regarde mon sillon, c'est sinueux, y'a plein de demis tours. Qui c'est que ça peut édifier ça ? J'arrête là, je radote sur des trucs qui ne servent à rien.

 

22 juin

Pouh, quelle journée... Pas de visites de glaucomines, pas de tours abandonnée aujourd'hui. Houla non ! En fait, ce fut un concentré de caca boudin dont on ne parlera plus, plein de crasses éliminées : courses, vaisselle (toute la semaine était entassée, baaaaah !), l'occultation de la fenêtre parce qu'il n'y a pas de volets, donc il a fallu bricoler quelque chose, dermato, pochette des disques, photos à déposer, impôts, argh, overdose en quelque sorte !

Dans tout cela, il y a du bon quand même. Des sushi chez Arigato hier à Bruxelles avec Fred et Seb, c'était d'une grande finesse et ça me fait penser qu'à une certaine période, Ninih s'était déchiré aussi sur les resto japonais... Au soir, resto encore au brin de paille à La Hulpe. Nous avons mangé dehors, avec les chats (et passablement les limaces !) C'était vraiment délicieux, la crème brûlée avec une croûte bien craquante était véritablement un régal ! Une adresse à laquelle nous reviendrons, c'est sans doute. Je suis actuellement dehors, en train de regarder le soleil couchant. Bon c'est pas merveilleux, c'est un peu grisouillant... Mais c'est quand même du bonheur. Les petites enceintes de l'ordi crachent "Jayce conquérant de l'univers", le dessin animé où y'avait des monstroplantes. Je suis carrément en train de revenir sur des trucs tout simple, c'est bien en ce moment.

Une petite pause quand même en fin de journée, un retour rapide à la maison de retraite de Bierges, le château paumé dans la forêt qui a brûlé y'a un bon bout de temps. Toutes les photos sont refaites, parce que j'avais loupé l'intégralité précédemment à cause d'un manque flagrant de lumière. J'en ai profité pour prendre des photos d'une chaise avec un pot à pipi. Le tout était tellement rouillé que ça croûlait sous son propre poids. Bon c'était une journée peu passionnante mais utile. Demain explo, ça ira mieux.

Cette semaine, découverte de nouveaux albums dont le dernier Keren Ann Zeidel : la disparition. Ce n'est pas décevant, c'est encore pire que ça. Les chansons ne sont plus liées par un fil conducteur, les mélodies sont devenues faciles et un peu mièvres, y'a même un espèce de remix techno misérable. L'exploit du premier album franchement très construit n'a pas été renouvellé, il n'y a plus rien à attendre de ces gens là. C'est dommage. Heureusement, il y a des choses plus intéressantes à découvrir : une quasi intégrale d'Arvo Pärt, un album de Einstürzende Neubauten (silence is sexy) et quelques bazars divers dont The Roots, Starflam et Kabal, des groupes de rap proposant des travaux construits. Par contre, impossibilité totale de trouver quoi que ce soit de Erkki Sven Tüür... Il va falloir faire de sacrés recherches. Apparemment, il existe deux albums de ce compositeur hors normes : Architectonics et Flux. Ce sont des symphonies ou des morceaux pour piano révolutionnaires, mais pas gerbants pour autant (parce que le renouveau de la musique classique, merci...) Bref, y'a du travail en perspective.

 

23 juin (quelques idées sur Bruxelles)

Bruxelles, juxtaposition de cultures

Prendre le métro à Bruxelles, voilà une action simple et anodine en apparence. A y prêter attention, combien de langues différentes y entendrez vous ? Dans une seule rame, en dehors des heures de pointe, cela ira sans difficultés jusqu'à la dizaine. L'urbanisme bruxellois est à cette image. Le multiethnisme se ressent dans chaque quartier, au sein de chaque rue.

En effet, à de rares exceptions près, il n'y a pas d'homogénéité dans le bâti. Des façades au post-modernisme ravageur côtoient sans discontinuité d'autres au clacissisme flamand très ornementé ; le meilleur exemple en la matière est la cathédrale Saint Michel, déposée au milieu de buildings datant des années 60. En somme, on en conclut que Bruxelles est une entité où les règles d'urbanisme n'ont pas su s'imposer clairement afin d'égaliser les contradictions du tissu urbain.

A cela vient s'ajouter le fait relativement rare que Bruxelles n'est pas une commune mais l'agglomération de 19 entités indépendantes et quasi autonomes. De ce fait, la rue encaisse des cassures franches. Le trottoir change soudainement d'aspect, des variations de richesse se ressentent à la dizaine de mètres près.

Bref, cela dresse l'image d'une ville désordonnée. En arpentant la rue, ce n'est pourtant pas le principal ressenti. C'est en fait parce que Bruxelles a un schéma structurant dont les mailles sont très libertaires. Paris a dressé son histoire dans un urbanisme totalitaire. C'est une ville idéologique où chacun a du se tenir à certain nombre de règles urbanistiques. Bruxelles est au contraire une ville d'images, une cité non pas de caractère mais au caractère des habitants. C'est en cela que le touriste de passage est déçu. Cette ville, aussi ouverte soit-elle, ne se révèle que très lentement.


Des ilôts à l'abandon

Dans cette cacophonie urbanistique, culturelle, politique, se trouvent de nombreux bâtiments abandonnés. Les lenteurs politiques en sont parfois la source, on observe des retards de décision. Mais il est à noter toutefois que ce sont souvent des infrastructures des années soixante qui sont concernées. Faux plafonds en amiante, canalisations en plomb, sous dimensionnements, les dysfonctionnements sont nombreux et coûteux...

A Londres, Madrid, Paris, ces constructions sont fermées puis démolies rapidement, cédant sous une pression foncière élevée. Bruxelles, cité au tissu urbain lâche (Boitsfort ou Etterbeek pour exemples) oublie volontairement ses abandons - il coûte moins cher de bâtir du flambant neuf juste à côté. Cela reste toujours un étonnement. En plein milieu de la ville, des rues soudainement plus entretenues, de l'herbe entre les pavés disjoints, un ilôt de verdure au sein d'une usine croulante.

Ces no man's land permettent de prendre connaissance de l'intime de la ville. Les arrières des maisons, les toits des constructions élevées et reprenant une expression inspirée de François Bon, le cul des jardin. Il est de plus possible de naviguer dans des industries déchues, comprendre le fonctionnement et se dire qu'en tel endroit, peu de temps auparavant, des employés travaillaient là. Parfaitement solitaire, on se confronte aux fantômes des ouvriers.


Topologie de l'abandon bruxellois

Quatre grandes entités bien reconnaissables sont caractérisables. Cela fait appel à un concept de généralité qu'il est quasiment possible d'appliquer sans exceptions.

Les maisons : La plupart du temps dans un état de dégradation extrême cause succession de squats, elle possèdent souvent une grande part de leur mobilier, les particuliers ne sachant faire appel qu'à de modestes moyens. L'intérêt historique de ces lieux est très moyen. De plus, des problèmes de sécurité se font souvent ressentir : toits décomposés, escaliers broyés ou instables...

Les usines (et hôpitaux) : Assez fréquents, ces lieux sont vides et colonisés par la verdure. La structure est horizontale et les bâtiments complexes. Les pignons sur rue ne présentent généralement aucun intérêt et sont obturés méthodiquement. De ce fait, ce sont des lieux méconnus du public. Ces usines structurent toutefois l'aspect de la rue de par leur hauts murs ponctués de petites fenêtres cassées et de luminaires ne fonctionnant plus.

Les buildings : Aussi étonnant que cela puisse paraître, Bruxelles recèle d'un nombre important de buildings totalement vides, ce allant jusqu'à 112 mètres de hauteur. Ces lieux sont capitaux car ils permettent d'orienter le visiteur dans la cité (y compris l'aguerri qui se localise grâce à cela !) Le sommet de ces tours permet également de prendre connaissance de l'ensemble de l'entité urbaine, les oppositions et les axes structurants. Ces lieux sont méconnus du public car ils sont obturés avec soin. Il est vrai que de manière quasi générale, il n'y a que deux sources d'entrées possibles : le sas et le parking souterrain. Le sas d'entrée est évidemment systématiquement clos.

Les axes de transport : Cette dernière catégorie ne manque pas d'exemples à Bruxelles : canal, rivière souterraine, voies ferrées, tram, tunnels routiers abandonnés. Ces infrastructures sont généralement très dégradées car connexes à des passages constants de publics d'origines diverses.


24 juin (sur hier, dimanche)

La journée fut assez agréable, bien que fatigante et bien peu payante. Nous avons été à Mazy Bossière, une petite commune de Gembloux, au nord de Namur. Il y a là au moins 5 carrières souterraines de marbre noir. Quatre d'entre elles sont anciennes, la dernière est en exploitation et propose un nombre d'hectares semblant impressionnant, bien que ce ne soit pas confirmé.

Nous fouillons en premier lieu les sites 3 et 4 indiqués par Cauberghs. Il a été impossible de les retrouver. Il est à noter en effet que le plan est particulièrement imprécis : pas d'échelle, pas de points de repère par rapport à l'existant. Bref, on perd du temps dans des broussailles, des champs de colza.

Un peu plus loin, c'est un peu par hasard qu'on tombe sur une aire de taille tout à fait classique. La scie est d'une dimension bien impressionnante, le diamètre de la lame doit être de 1.20m à vue de nez. Les blocs sont gris foncé, dans une pâte homogène paraissant très dure. Juste à côté, un puits de pompage. La société des eaux du coin vient puiser dans le fond de la carrière une quantité non négligeable d'eau potable. Le puits a un diamètre de 5 mètres au moins, de forme oblongue, profondeur 45 mètres minimum. L'accès est condamné, il n'est possible que par le chevalement qui surmonte le puits (en état de marche).

C'est plus loin que nous trouvons enfin notre bonheur. Une descenderie longue et abrupte nous mène sous le plateau. Les galeries sont humides, tour à tour bouillasseuses ou glissantes. La pierre est noire avec l'eau qui suinte. Ca donne un petit air de Grenoble, mais en moins chaotique. Il faut dire aussi que c'est exploité, de ce fait, les lieux sont adaptés au passage de petites machines. D'apparence, c'est un mélange de Lachal et d'une ardoisière récente. On y voit rien tellement les parois sont sombres. Rien d'exceptionnel jusqu'à ce que nous arrivions dans des quartiers intéressants : le site du pompage, soit tout juste sous le puits. Les machines bourdonnent dur, la pompe doit être d'une taille respectable... La profondeur du puits est confirmée, un petit 50 mètres, c'est en deça de ce qu'annonçait Cauberghs...

La taille de la pierre est étonnante. Outre la parfaite régularité des parois, on observe très souvent des ondulations. Ca fait comme des petites vaguelettes verticales de 2 centimètres de largeur. Je n'arrive toujours pas à comprendre comment cela est obtenu. C'est très régulier, un peu comme si on avait passé une immense pelle à tarte pour creuser la paroi...

Il y a possibilité de poursuivre la visite vers l'ouest mais nous stoppons là, préférant rechercher les entrées des autres sites. Ce fut vain (nous n'avons trouvé que des fraises des bois). Bref, ces lieux sont intéressants et quelques recherches complémentaires seront menées, notamment avec une carte ign. Du point de vue visite souterraine, c'est encore assez atypique et ça vaut le détour.

 

28 juin

Ce week end est consacré à la prise d'un bon bol d'air, fini le train train quotidien - ça fait pas de mal. Le point d'arrivée sera un petit patelin bien paumé au fin fond de la Bourgogne : Saint Germain des Bois.

Le trajet commence tôt, à partir de Bruxelles midi. Ensuite Paris, Laroches Migènes puis Auxerre. Là, François et Antonin nous attendent. En premier lieu, nous commençons par une heure de courses tout à fait asphyxiante, mais bon c'est indispensable... Nous en profitons pour piquer du sifflard de démonstration, la grosse madame nous regarde méchamment - j'avoue que je me délecte de foutre le bordel dans ce mégabouffe de merde. La ktanisette est bourrée à bloc. C'est seulement après cela que nous commençons les visites.

En premier lieu, nous nous rendons à la carrière de La Fosse, hameau des fourneaux, dans l'Yonne. C'est une dénomination personnelle, car comme souvent dans ce coin, les sites souterrains sont inconnus internetiquement parlant, ce ne sont que de petits points noirs sur les cartes topographiques. Le site est assez difficile à trouver mais Moloko connaît bien. Le lieu est franchement agréable, c'est paumé comme on ne le peut pas plus, c'est à dire qu'il n'y a rien que des champs. Même les lignes électriques sont rares. Bref, c'est paisible avant même d'être sous.

A l'entrée gît une berline quasiment entière, elle est colonisée par une végétation gourmande en place, c'est très verdoyant. L'entrée de la carrière, c'est une vieille porte pourrie belle à rêver - les interstices sont pris par les toiles d'araignée, l'armature est rouillée comme on peut pas plus. L'intérieur de la carrière retient un peu moins l'attention, ce sont de beaux volumes bien blancs dont la hauteur avoisine quelquefois les 12 mètres. La forme ronde n'y existe pas. Heureusement, c'est creusé un peu n'importe comment, ce qui entraîne multiples recoins à grimpette et formes bizarroïdes.

A la sortie de cette carrière, les autres s'apitoient sur mon manque en caféine. C'est tristounet, l'envie de lutter n'y est pas, c'est cela le problème... Juste après, nous enchaînons sur une autre carrière à Molesmes. L'entrée du site est typique et agréable. Ce sont des couloirs taillés dans la pierre, le tout est envahi de végétation, un peu comme à Vassens mais en plus libre et surtout plus joli.

Dans cette carrière, deux sources d'intérêt : un puits qui rejoint la surface, de forme carrée et de belle profondeur, l'autre source d'intérêt étant les bestioles qui se vautrent dedans. Il traîne quelques ossements. Du point de vue photo, j'en profite. Les os sont mis dans une casserole, puis mis dans de belles auges ça donne un certain esthétisme.

Juste après, on fait un détour (juste pour moi, c'est gentil), afin d'aller admirer le relai télé du coin. Il est d'une hauteur impressionnante, 150 mètres apparemment. Il est vraiment impossible d'y grimper, c'est sans ambiguité.

Pour terminer la journée, nous allons dans une carrière de Courson. Les volumes y sont grands. A vue d'oeil, c'est difficile à dire, mais il semblerait que ce soit du 15 - 18 mètres de hauteur. Des gens y avaient fait du feu quelques heures auparavant. Du coup, les rayons du soleil faisaient de beaux effets en tombant dans le fond de la carrière. Nous en avons profité pour faire des montages photo. Dans les plus gros volumes de rayons lumineux, je me suis mis les bras en l'air dans une position d'adoration sectaire. Il est à espérer que cela fera de beaux effets, mais c'est toutefois le style de photos qu'il est difficile de réussir.

La carrière est assez grande, quelquefois un peu inondée. Elle le fut beaucoup plus peu de temps auparavant à ce qu'il parait. C'est un véritable frigo, caractéristique commune aux carrières du coin semble t'il. C'est vers 20h30 que nous rentrons à la maison de Moloko, bien affamés.

Ryu n'arrivera qu'à 22h30. Il s'était paumé dans Clamecy, ce qui somme toute semble compréhensible tellement c'est mal indiqué.


29 juin

Tôt le matin et sans problèmes, nous partons explorer quelques sites à vocation variée. Tout d'abord, une mine de fluorine dite des tritons à Sauvigny, dans la Nièvre. L'entrée est une chatière qui tôt ou tard finira par être complètement comblée. La mine en elle même est représentative des centaines de travaux similaires en France : des petits sites faiblement minéralisés et non rentables. De ce fait, le développement linéaire est faible, il en est de même pour les dimensions de creusement. La fluorine est visible, ce sont des petits filons informes, très oxydés. Il y a également de la galène, mais rien de bien imposant.

Ce qui est assez comique, c'est la présence de grenouilles dans l'eau, tout à fait au fond des galeries. C'est à se demander comment elles font pour survivre là dedans. Elles n'ont pas l'air en mauvaise santé pourtant...

Ensuite, nous allons visiter un bazar complètement différent : un viaduc de « la rigole d'Yonne » à Montreuillon. C'est étrange qu'il n'y ait pas de documentation sur ce site, parce que c'est très esthétique. C'est donc un pont permettant à un cours d'eau de traverser une vallée. Les piles y sont d'une belle hauteur mais je ne sais préciser plus... L'eau est froide, elle parait propre et s'écoule rapidement (un mètre par seconde). De là haut, on voit loin. Il n'y a pas grand chose dans cette région et c'est véritablement agréable de s'éloigner de toute civilisation.

Après le repas, passablement arrosé de fraises des bois, nous filons au tunnel de la Collancelle. Pour l'atteindre, il faut suivre une route qui longe une série de 16 écluses. C'est un paysage atypique, on se sent complètement ailleurs, un peu pris par l'ambiance paisible de ces gens qui ont le temps. Au niveau de l'arrivée de la rigole d'Yonne, il y a une croix. Un gamin de 5 ans est tombé dans les tourbillons. Ca a du être bien triste... Le tunnel n'est pas très facilement accessible, mais ce n'est pas la mort non plus. C'est un passage souterrain de 700 mètres de long permettant le passage au bateaux. C'est une partie couverte parce que très encaissée.

L'intérieur est constitué d'une voûte de 7 - 8 mètres de large, une banquette de 1 mètre de part et d'autre. Trois puits de lumière viennent émailler le parcours qui est totalement rectiligne. Comme style, c'est assez monotone, mais c'est à voir parce que toutefois mémorable. L'inconvénient majeur en fait, c'est qu'il faut faire un aller retour.
A la sortie, deux bateaux sont de passage, ce qui est rare parait-il. Ces gens ont eu le droit à un accueil de qualité, François avec son casque et sa combi, en train de prendre des photos, puis peu après, dans le tunnel, mon appareil photo qui les attendait. Ils étaient assez hilares de voir de tels glauques.

Quelques photos sont visibles sur l'adresse suivante, afin de donner une idée des lieux.
http://www.charmes-nautiques.com/2_vakantieverhaal_14.htm

Après quelques errances le long du canal, nous rentrons chez Moloko. Peu après, nous partons à pied jusqu'aux magnifiques souterrains de St Germain. Nous sommes talonnés par 120 millions de mouchettes impatientes de nous butiner. Le souterrain en question a une hauteur de 1 mètre pour 60 centimètres de large. Il est équipé d'un rail au plafond. Longueur développée, au moins 15 mètres ; nombre de moustiques habitant les lieux, au moins 15 mille... (+ limaces et autres rampants).

Le site est inexpliqué, personne ne comprend ce qu'il représente. La théorie comme quoi c'est une glaisière ne plaît pas à François. Sur le retour, après jeu de lancer de glaise, la fatigue se fait un peu sentir.

Au soir, nous faisons quelques photos du village : le cimetière puis des photos des environs du haut d'un petit château d'eau. C'est l'occasion de tester de nouvelles techniques, en longue pose mais aussi en très longue pose, ce qui donne d'étranges effets de lumière.


30 juin

Au matin, problèmes de réveil et dysfonctionnements. Quelques tensions apparaissent. Nous filons juste après vers Courson, pour retourner à la carrière qui était enfumée l'autre jour. Sans fumée, le lieu est très différent (presque moins bien, disons que c'est plus classique - mais cela n'est pas une éloge du fumis). Nous profitons de ces instants pour visiter une carrière située juste à côté, dont l'état est franchement dramatique. Décollements, fissurations, stromboli, c'est la totale. Cependant, la carrière n'est pas "en train" de tomber, c'est au moins ça de rassurant.

Après quelques photos, nous retournons à Molesmes. Cette fois ci, nous y visitons deux carrières situées côte à côte. Plutôt que de parler de carrières, il faudrait évoquer des frigobox. Assez terrible dans son genre ! Les volumes sont carrécarrécarré, à tel point qu'un lieu fait penser à une gare tgv. Ce site est cependant varié, ce sont en fait plusieurs souterrains qui communiquent entre eux.

Juste avant de terminer la visite, nous faisons quelques photos montages gores. Un monsieur écrasé sous un bloc, des mecs fusillés le long d'une paroi glauque. C'est bien amusant et faut prier le dieu des chats pour que ce soit réussi :)

Sur ce, le week end se termine là pour nous. François nous raccompagne à Auxerre. A la gare, je me tape le claquos. C'est une infection, une attaque chimique, un outrage aux accords écologique européens. La gare d'Auxerre, c'est quelque chose ! Celle de Rixensart est plus équipée que ce lieu. C'est vraiment paumé...

Le train crache de la fumée noire. Malgré quelques bêtises, c'est l'ennui total. C'est loooong... A Bxl midi, c'est l'indigestion d'ennui, à tel point qu'un babybel finit par terre dans un état piteux :) A noter qu'à Paris, nous sommes accueillis comme des chacals puants à "la pinte du nord". Avoir un café, c'est dur... Le serveur est une pauvre merde. Juste à côté, une bagnolle de travelair explose 3 fois le pare choc d'une caisse juste derrière. Le comportement des parisiens est souvent gerbant. Ca nous donne qu'une seule idée : FUIR !

A la maison, enfin de retour, tout va bien. Un peu de bouffe puis dodo. Je constate que mon chat ronronne dans une fourchette située entre 17 et 20 Hz. Il n'a presque rien bouffé du week end... Le sommeil ne fait pas de mal.

 


Courbe de température de four - Glacerie de Franière
 
 
3 juillet
C'est une semaine trash. Seb n'est pas là, du coup, la charge de travail est multipliée de manière exponentielle. C'est un peu galère pour réussir à trouver le sommeil, mais cela constitue une manière de prendre des expériences. Il n'y a pas moyen de se reposer sur qui que ce soit... Tout de même, je ne serai pas fâché que ça se termine...

 

4 juillet
Petit tour à la ferme Blaret, il s'agit d'un bâtiment abandonné à Sint Genesius Rhode. Ancienne ferme en plusieurs corps, l'état est proche du fracassé absolu. Les étages sont extrêmement instables, les murs fissurés, les poutres par terre. Bref, c'est un lieu où l'on avance avec précautions.
Plus on monte, plus l'état général est minable, certainement à cause des infiltrations d'eau. La commune ne connaît pas le propriétaire, les confortations du bâtiment sont là pour faire joli. Dans une végétation proche de la jungle, ce bâtiment n'a pas grand chose d'intéressant. Les pièces sont vides, il y en a même où le parquet a été retiré, c'est dire...
Tout en haut, une bande de 17 pigeons volant dans les morceaux de poutres pendouillantes. Dans la cave, une canalisation d'eau qui crache tout ce qu'elle peut. J'ai téléphoné à la BIWM pour leur dire de faire quelque chose, ils n'ont même pas daigné prendre les indications pour bouger leur cul. Je prends conscience peu à peu que la Belgique est un chaos absolu proche de l'anarchie.
Cette ferme ne vaut pas le déplacement pour une visite, c'est certain...
Aujourd'hui, j'ai passé une petite heure de mes composition musicales à Thomas, un type du bureau. C'est la première fois que je fais une démarche de cette sorte (car d'habitude, je reste plutôt extrêmement fermé). Je ne sais pas si ça aura du bon, il est probable en tout cas que cela n'apportera pas de mauvais, c'est déjà ça. Les erreurs du passé me rendent très méfiant...


 
7 juillet
Journée au zoo d'Antwerpen. Voilà une activité qui n'est vraiment pas dans mes références, mais je pense que cela ne fait pas de mal de se remettre profondément en cause de temps en temps. Pas grand chose à signaler, mis à part la présence d'un ours blanc piteux, dominé et battu par son colocataire. Ca faisait franchement mal au coeur à voir...
Juste après, nous avons été traîner vers l'Escaut. Il y avait un grand bateau à quai, l'Odessa. C'était bien sympa. Le zoning d'Antwerpen a l'air vraiment digne d'intérêt. Quant au bâtiments signalé par Henk, il ont l'air palpitants... Dernièrement, il a rajouté des photos sur un lieu étonnant, servant à la fois d'asile, d'hôpital, de stockage militaire, de couvent...

 

9 juillet
C'est la bourre en ce moment, le cpu est tout le temps à 100%. Pourtant, j'ai lâché les sites internet, je ne fais presque plus de courriers... Faut dire que je prends un temps fou à apprendre pas mal de chose en IT et en support sur des applications carrément difficiles. Ne serait-ce que le développement cfm, c'est un concept à comprendre et un langage nouveau à appréhender. Enfin, quoi qu'il en soit, c'est loin d'être dramatique. J'avoue que je m'en fous un peu. Surtout que c'est agréable d'apprendre.


Faut dire aussi que l'exploration urbaine devient omniprésente. Les week end sont réservés de plus en plus longtemps à l'avance, les projets se multiplient à tel point qu'il devient impossible de gérer ça normalement. Il y en a partout, c'est donc sur du coup de tête que ça se décide ou presque. Le prochain évènement sera la visite de Cheratte avec Ryu et Moloko. On en profitera pour retourner voir quelques lieux explorés un peu trop rapidement... Point de vue photos, une livrée de 130 nouvelles vient achever toute ambition de site internet. Il me faudrait véritablement un temps complet pour tout scanner. C'est assez frustrant d'avoir des centaines de choses à montrer et puis finalement, se dire que c'est pas possible, tout ça parce qu'il faudrait 5 vies pour y arriver...
Le concept d'exploration évolue en moi et ce qui me tente de plus en plus, ce sont les tours, autant dans l'abandon que l'infiltration. Rien de nouveau dans le fait que le problème majeur de ce genre d'attaque, c'est la verticalité. Mais ces réflexions engendrent une nouvelle façon de penser ; en somme, cette difficulté n'en est plus une si on la conçoit comme un nouveau référentiel. Le regard bascule de 90 degrés, l'horizontalité ne veut plus rien dire. Du coup, le fait d'avancer d'un point à un autre se réalise par d'autres techniques. L'humain est adapté à évoluer sur l'horizontalité, un pas devant l'autre et c'est réglé. Avec les tours, il faut accepter de redevenir bébé, apprendre à marcher en repartant de zéro.


Les attaques de verticalité se distribuent en deux grands groupes, celles de l'intérieur et celles de l'extérieur, je m'explique... La plus simple consiste à attaquer les tours par l'intérieur. En gros, ça consiste à s'infiltrer horizontalement dans le système et de là, utiliser tout passage approprié pour monter : gaines techniques pour faire passer les fils électriques, cages d'ascenseurs, gaines de ventilation, voire la plupart du temps, de bêtes et simples escaliers de service (parce que faut quand même pas jouer les boss, on ne se fait pas chier dans une gaine d'aération quand y'a un escalier à deux mètres...)
L'attaque de verticalité extérieure revêt d'une plus grande difficulté. Ca signifie qu'il faut se coltiner des parois avec peu d'attaches et surtout sans harnachement (car sur quoi se baserait-on...) En bref, ces manières permettent de rejoindre une fenêtre ouverte perchée au troisième ou quatrième, mais en aucun cas au trentième étage d'un building. Le vent est trop destabilisant, la peur vient amener trop de sueur dans la paume des mains. Finalement, ce sont des techniques réservées à de grands spécialistes qui ne font que ça de leur loisirs, dont le concept d'exploration urbaine n'est pas le motif principal.
Il est bien plus sécurisant d'être compressé dans une conduite, même très haut, plutôt qu'à l'extérieur. Il n'y a pas le même vertige. Pour moi, les tours sont finalement un aboutissement, car elles me permettent une élévation spirituelle. Dans les attaques, j'ai du remettre en cause mes limites et faire preuve d'une nouvelle manière d'appréhender l'infiltration. Maintenant, je sais que dans quasiment tous les systèmes (par là, j'entends toutes les tours), il y a une faille. Rentrer et évoluer dans le système n'est pas impossible - il faut simplement porter son regard ailleurs que dans la logique convenue comme normalité, avoir une parfaite conscience de l'espace qu'occupe son corps et dépasser les frontières de l'impossible. La survie dans les conditions extrêmes que cela engendre n'est pas difficile : respiration maîtrisée et surtout très grand calme.

 

11 juillet
Complètement fracassé en cette fin de semaine ! Il y a des gens qui sont vraiment des bouffons, c'est étonnant comme bien souvent la bêtise peut prendre du pouvoir...
En ce moment, je me pose pas mal de questions quant à la validité de ce journal, et plus particulièrement sur sa mise en ligne. Ca fait des années que ça dure, mais en fin de compte, je ne retire d'internet qu'un quasi complet écoeurement. La bêtise et la méchanceté gratuite des gens vient s'y déchaîner (puisqu'en gros, on peut concevoir que c'est un espace sans limites), ce n'est que de la pub, avoir un contenu valide, conséquent et intéressant relève du défi.
Etant donné que ce questionnement n'a pas vraiment d'intérêt, tout comme les autres gens pratiquant la même passion d'exploration urbaine : j'ignore voire méprise. Suis-je moi-même un bouffon ? Je m'en tape complètement. Je ne demande rien à personne, je n'attends rien sinon qu'on me foute la paix. Certes je vis dans ma bulle, je suis renfermé sur mes petites valeurs de merde... Et bah ça sera comme ça et puis point. La vie sociale et ses obligations, c'est de la merde. Devoir rentrer dans le lot, j'aurais vraiment envie de crever. En socialité, je suis quelqu'un forgeant une apparence de convivialité et d'efficacité. En réalité, je suis une nullité assez conséquente, développant une personnalité intime quasiment totalement différente (et relativement secrète) - le renfermement est ma solution d'équilibre parce qu'en rien je ne veux changer cette situation intérieure. De plus, je ressens le fait d'ouverture comme une violation, une saleté. Ouvrir mon vrai moi à autrui, c'est accepter que des poubelles viennent se déverser en moi, dans ce qui déjà n'est pas bien immaculé.


Passant à autre chose... Dernièrement, je me suis bien éclaté avec le dernier album de einsturzende neubauten. La recette est simple : une basse bourdonnante, une voix particulière et intimiste (proche du micro et douce), une ligne rythmique originale et peu envahissante, un concept différent : reprend les bases du rock à partir de zéro. Par rapport à de nombreux trucs écoutés dernièrement, cela vaut vraiment la peine. C'est pas du simple bruit pour rien - et pour une fois, c'est pas un einsturzende difficile à avaler, malgré la présence (tout de même) de bidons, de bouteilles, tôles et autres instruments industriels.
Demain, repos, exploration, Cheratte du côté de Liège. Ca fera pas de mal de sortir de cette atmosphère viciée.
 


12 juillet
Il est 1h30 lorsque Moloko, Raffi et Ryu arrivent. Ils ont fait un crochet par Maastricht. La porte leur est ouverte dans un état comateux, ce qui annoncera la tendance du week end 8-) Ryu a faim, il a mangé 18 tartines et deux raviers de frites, cela jusqu'à 4h30 du matin !

 

13 juillet
Aux aurores, nous partons pour Cheratte, un patelin situé non loin de Liège. Il y a là un carreau minier relativement exceptionnel architecturalement parlant. En effet, il a été érigé en ce lieu au début du siècle une tour d'extraction reprenant un style moyenâgeux tout à fait étonnant.
Nous arrivons sur place par un petit sentier encombré de végétation et très pentu. Pas vraiment facile comme accès, surtout qu'il y a de temps en temps de morceaux de fer bien pointus qui sortent du sol. Mais bon, ça se passe sans problèmes.
Le site est divisé en plusieurs parties, structurées par les puits d'extraction. A l'origine, il y en avait trois, il en reste deux à ce jour. Nous commençons par le plus ancien, donc la fameuse tour très esthétique. Un escalier en bon état nous permet de grimper au sommet. Restent les molettes mais aussi tous les appareillages de manoeuvre, de contrôle, d'alimentation électrique. C'est d'une grande beauté, mais malheureusement pas très bien préservé. Cela deviendrait difficile d'en faire un musée à ce jour... Toutefois, par rapport à ce qu'on voit d'habitude, c'est en bon état. La vue sur Cheratte est intéressante, nous pouvons apercevoir au loin l'aciérie cokerill.


Par contre, ce lieu est un véritable casse-tête. Il faut vraiment faire attention, il y a des bazars bas et mal placés, ça fait un peu mal quand on s'y cogne à répétition...
En bas de cette tour, nous trouvons deux entrées de la mine, une constituée d'orifices de ventilation, l'autre grillagée, ressemblant à un petit roulage. Les rails y sont encore. Ce sont des mines de charbon dont le développement doit être titanesque. D'après les dires, il y aurait eu jusque 2600 ouvriers là dedans. Toutefois, l'exploitation se faisait dans des galeries de 40 centimètres de hauteur (sur la hauteur des filons). A ne compter que les roulages, le développement doit être nettement moindre.


En ce qui concerne l'exploration que nous avons menée, ce fut très limité. Les risques sont très grands dans ces mines : instabilité du ciel d'une part, mais aussi et surtout teneur en oxygène faible, présence de grisou, de co2. Moloko a sa lampe spéciale antidéflagrante, mais cela ne suffit pas pour nous rassurer. En effet, des odeurs particulières viennent des galeries du fond, nous avons l'impression (peut-être psychosomatique) d'avoir mal à la tête. C'est donc un lieu frustrant, on aurait bien aimé aller plus loin... Toutefois, il est important dans ces situations là de réussir à poser les limites...
Nous poursuivons l'exploration dans les bâtiments attenants, composés principalement de centaines de douches. Il y traîne pas mal de bottes, mais d'après les photos que j'avais vu, je pensais en voir plus... Pour terminer, nous grimpons la tour d'extraction la plus récente. En haut, deux molettes de taille respectable, je pense 4 mètres de diamètre, bien que ce soit difficile d'évaluer ça. Les pigeons y habitent et laissent des plumes sur la graisse omniprésente. Ce lieu n'est pas désagréable et malgré la présence importante de guano, nous décidons de manger là.


Il est presque 14 heures lorsque la visite se termine. Nous aurons donc passé 5 heures sur le site. Nous avons tout fait, sans trop traîner. C'est donc un lieu assez grand où l'on ne s'ennuie pas. La remontée dans les broussailles est encore plus difficile que la descente, surtout parce que nous n'avons pas retrouvé le bon chemin...
Juste après, nous allons à Wonck. C'est une petite commune de Bassenge. Il y a là d'après Cauberghs des carrières dont le développement est assez important. Nous en trouvons une première sans grandes difficultés. Ryu et Raffi tombent même sur un agriculteur propriétaire assez stoïque possédant une stachmou ;-)
Finalement, la carrière n'est pas très intéressante. C'est surtout parce que nous ne pouvons aller derrière à cause de tôles barrant le passage. Malgré le fait que j'en ai rangé une, ce n'était pas passionnant. Plus loin, les autres carrières sont obturées. Cause en est qu'elles servent de restaurant, si si, c'est vrai ! Bref, c'est un peu décevant. Il semble que la très grande majorité des sites en Belgique est de cet acabit là...
Nous continuons les recherches et arrivons sur Eben Emael puis Lanaye. Ce sont les prolongements belges des carrières de Maastricht. Après pas mal de voiture, nous finissons par longer groeve zonneberg. Nous ne trouvons que des tarn (trou à rat notoire) parce que nous n'avons pas pris la documentation avec nous. C'est bien dommage car bien souvent, nous sommes passé tout juste à côté de sites gigantesques. A noter que la CS Lanaye inférieure (gigantesque) était à moins de 100 mètres du glacier pistache. C'est un peu rageant.


Finalement, après de grosses difficultés, nous arrivons à Mergelgroeven. C'est une série impressionnante de cavages donnant directement sur le Albertkanaal. Le site ne part jamais loin dans le coteau, par contre il s'étale sur une grande longueur. La hauteur des galeries approche le 10 mètres, la largeur de 4 ou 5 mètres. C'est un lieu qui n'est pas désagréable, même s'il apparaît clairement que ce n'est pas l'essentiel de la région.
Quant au maastrichtien, il semblerait que ce soit un tuffeau jaunâtre extrêmement friable. Les ciels sont typiques, marquées de larges stries circulaires d'un diamètre de 6 ou 7 centimètres. L'exploitation semble avoir été menée à la barbare.
Nous rentrons à la maison complètement fracassés. Ce n'était rien encore par rapport au lendemain.

 

14 juillet
Nous commençons la journée un peu plus tard. Nous partons en excursion afin d'explorer en détail les carrières de marbre. Il s'agit d'une dénomination commerciale pour une pierre que j'identifie comme un calcaire à plaquettes.
L'entrée se fait sans difficultés, mis à part que c'est nettement plus boueux que la dernière fois. Nous retrouvons les mêmes lieux sans grands changements, sinon que le pompage semble fonctionner à vitesse réduite. Par exemple, le trop plein en surface ne fonctionne pas. Il y a peut-être un système de réserve d'eau ? Ou bien, c'est parce que nous sommes sur place plus tôt que la dernière fois...


En approfondissant un peu, nous trouvons des nouveautés. Le fond de l'exploitation est une albraque. Derrière les transfos, il y a une porte menant à une galerie fortement concrétionnée. Cette galerie assez rectiligne amène au puits d'aérage localisé en surface. Au dessus de cela, une échelle permet de monter dans des quartiers à moitié remblayés. Ce sera un endroit que nous irons visiter un jour ou l'autre... Ca donne envie, malgré le fait que la hauteur de passage est faible (entre 1m et 1m50).


Avant de repartir, Moloko travaille un peu. Il en profite pour faire des saucisses de glaise. Ces choses là doivent probablement servir à obturer les trous pratiqués pour dynamiter. Du point de vue activité, il nous est possible de voir un font de taille. Mais celui ci est petit, on a du mal à s'imaginer une entreprise vivre de ça. Les chantiers sont tous systématiquement remblayés ? Bien des questions auxquelles nous n'avons pas de réponses.
Juste après, nous trouvons l'entrée d'un site plus ancien, le 3 sur le plan de Caubergs. Ce lieu est dans un état lamentable. Nous pouvons observer de nombreux décollements et c'est franchement extrêmement dangereux. C'est dommage car cette carrière comporte des piliers à bras et un pilier pyramidal type Joinville Pompiers, ce qui est extrêmement rare.
Malgré l'envie, nous n'irons pas voir plus loin comment ça se passe.


Raffi et Ryu sont claqués, ce qui est compréhensible. De ce fait, nous rentrons à la maison. Sur la route, un gars qui fait sécher son futal en l'accrochant à la fenêtre - du grand n'importe quoi... Il est 16h30 lorsque nous nous quittons. Ryu a oublié 2kg de champignons dans le frigo !15 juillet
Reprise du boulot. Complètement fracassé.
Pour Maastricht, il semble que la légende des carrières ne soit pas surfaite. Seulement, il faut compter que 5 sites valent le déplacement - le reste, soit 295 autres - n'ont absolument aucun intérêt. Il sera utile de contacter Ed Stevenhagen ou Joep Orbons pour en savoir plus...
Le canal Albert est vraiment très joli, il y a d'immenses péniches qui passent. C'est un lieu qui restera dans les souvenirs.
 


22 juillet
C'est avec beaucoup de retard (une semaine entière) que je conclue sur ces jours de merde. Ca fait maintenant trois semaines entière passées en apnée sans une minute de libre. Là, les dernières obligations sont torchées, je vais enfin avoir la tranquillité, presque des vacances. Sur ce, peu de projets sont prévus. Le besoin de poser les rames se fait ressentir... En fait, il y a toujours autant de projets (et d'envies) cependant, c'est repoussé à un peu plus tard.
Hier fut une journée pas complètement inintéressante. Avec les parents, nous avons été à la citadelle de Namur. De premier abord, c'est total-blaireau. L'accueil est lourd, voire vraiment-carrément-trop-insistant. Bonjour l'angoisse des guides si tu t'écartes d'un mètre du troupeau... Mais bon, malgré le petit train hideux bourré de gros porcs sillonnant les chemins, le site vaut le détour, notamment pour sa richesse archéologique.
La visite guidée permet de voir 450 mètres de galeries. Sur les 7 kilomètres existants, on a déjà repéré comment s'infiltrer dans au moins plus de la moitié. Un jour ou l'autre, ce sera intéressant. Cela permettra de découvrir l'architecture souterraine militaire, au moins en ce qui concerne les sapes. Il n'y a que dans ce genre d'endroit où ce n'est pas dangereux. Les sapes de guerre du côté de Lens sont truffées d'obus, ça donne pas tellement envie !
Repéré également où se situe les grands malades à Beez. Il y a en cette place une carrière souterraine de grandes dimensions, l'accès se ferait par une grotte située sur le plateau directement attenant. Une situation semblant difficile donc puisqu'il faudra pratiquer un peu de spéléologie, mais il semblerait que le jeu en vaille la chandelle.
 


23 juillet
Internet devient vraiment un lieu où l'on dépose du bordel sans y prendre soin. Vaguement intrigué par le sujet du journal intime, je viens de trouver une chiée de sites, une montagne de journaux et rien de bien intéressant. En fait, internet est un chouette lieu dès qu'il s'agit d'imagination : les journaux érotiques sont amusants à lire, mais cela ne reste qu'une écriture de fantasme. Ce n'est pas la vie dans sa réalité, ses bons moments et surtout ses merdes. Je préfère un journal qui reste évasif sur certains détails, mais qui au moins retrace une culture de réalité. Le journal n'est pas conçu pour être lu par des milliers, c'est ce que beaucoup oublient. Jusqu'ici, l'écriture m'ayant le plus marqué dans ce créneau là, c'est celle de Vicky Corrich. C'est le seul journal où j'ai retrouvé le bordel absolu de la vie. D'ailleurs, ce n'est même pas un journal, c'est un entassement de réflexions, quelquefois même des poèmes. Bref, ça vaut le détour, sans ambiguïté. Toutefois, ça reste un avis complètement personnel - je me sais féru du goût en décalage... Je ne comprends pas en quoi ces textes me sont une fascination, car en somme il n'y a pas plus de 200 pages. C'est peut-être par ce caractère secret, une personnalité qui ne se dévoile que si l'on cherche véritablement à se séparer de cette mentalité d'internaute superficiel. Là, il faut aller au delà du site conçu de manière minimaliste et empirique. Je ne sais rien de cette personne et c'est bien ainsi, les écrits sont amplement suffisants pour satisfaire une envie de lecture dépassant la vacuité commune des sites internet.


Passant tout à fait à autre chose, ce matin, je ne pensais qu'à une chose de manière assez unilatérale : l'omniprésence des bruits poubelle. J'imagine que je vais acheter un casque anti bruit, parce que j'en ai vraiment marre de subir tous les jours les bruits des voitures, des camions, des gens, des ordinateurs, les radios des autres, la musique pourrie dans le supermarché, le bruit des gens qui bouffent. Ah pitié ! Une maison isolée, avec des murs de deux mètres d'épaisseur, des oreilles qu'ont peu arrêter quand on a envie (seulement, of course)... La solution des boules quiès n'est pas appréciable, ça fait vraiment trop mal aux oreilles. Bref, il ne reste pas trente six mille choix... Ca va être beau tiens...

 

24 juillet

Etrange journée où il ne se passe rien, c'est assez ennuyant. Quand je pense qu'il y a 4000 photos que j'ai envie de scanner, 18 livres à écrire et une montagne de courriers en retard, c'est un peu rageant. Enfin, c'est pas bien grave. En fait, le peu de choses que je désire stable le restent - voilà bien une chose qui me suffit (puisque de toutes façons, je suis un éternel insatisfait de merde.) Sans cesse, cette contradiction comme quoi je souhaite faire des choses merveilleuses, cela mêlé au problème de temps et de capacité. C'est bien beau de vouloir être artiste mais encore faut-il en avoir le courage. Dans mon activité, presque tout est lié maintenant avec un fil conducteur, mais je n'arrive pas à l'enrober d'un contenu suffisamment élaboré. Le thème de ma vie, c'est l'exploration urbaine, ça on l'a bien compris - ça s'image par actions d'explorant, des textes (documentaires ou imaginaires), des photos, le développement d'un concept nouveau (avec recherches). Toutefois, la constitution générale manifestement bâclée - car ce n'est pas mon métier - entraîne un manque de structure évident. Ce sont les années internet. Depuis 6 ans, je réalise immédiatement, sous la pression d'une vitesse inutile. Avant, je rédigeais encore sur papier, comme au bon vieux temps. La qualité était supérieure, ça impliquait quand même un peu plus de réflexions.

 

27 juillet

Actuellement, a vie ne sait se dérouler que dans une grande insouciance. Je me sais très menacé, quelque soit le domaine. En fait, je ne cherche pas vraiment de stabilité, mis à part sur quelques bases permettant d'assurer mes faibles besoins. Etant donné que je suis un petit consommateur, mes achats sont réduits au minimum. Toutefois, je me rappelle certains passages assez lointains où j'étais pas vraiment loin de crever - et ça tant qu'à faire, je préfère ne pas recommencer.
Ce qui entoure ma petite vie de merde est dérisoire, il ne faut pas beaucoup de vent pour que ça se dégrade. Voilà une chose bien stressante - vaut mieux ne pas y penser... C'est malheureux mais ainsi.

Egalement, je me rends compte qu'il ne faut vraiment tenir compte d'aucun commentaire, sinon tu ne fais rien. Qu'est-ce qui est critiqué ? Ce journal souvent, mais aussi mon caractère d'ogre solitaire pas très agréable. C'est incessant et incroyable de voir comment les gens ont un avis sur tout et surtout sur ce qui ne les regarde pas. Est-ce que je leur demande leur avis ? ce journal, je le fais pour moi. Je m'en fous de sa mise en ligne et de ce que les gens pensent de ces écrits. C'est nul, c'est déplacé, c'est psycho-dépressif. Oui, si vous voulez. Comme vous voulez. Ca me concerne pas. Tout comme cet article de Nathan Essache sur les journaux intimes. Les diaristes y sont traités comme des sous merdes. C'est tellement minable que c'est perdre son temps de réagir sur telle bêtise.


28 juillet

En cette chaude journée, quelques recherches menées sur Cocrou, un lieu dit à Grez Doiceau. Il y a là une carrière souterraine de phosphates très méconnue. Le peu de renseignements que nous avons réussi à collecter sur le sujet en disent long : c'est proche du néant.
En premier lieu, nous interrogeons quelques personnes bien sympathiques. Cela nous amène au bunker de la société des eaux, ce que nous avait décrit Luc. Le site paraît douteux. Rien qui nous permet d'identifier un site souterrain, mais rien également qui vient en contredire la présence. Le problème étant que c'est très barricadé. Il faut dire que ce site est un problème politique notoire ici en Wallonie.

Nous tentons des repérages aux abords du lieu, ce sans succès. Les bois ne révèlent pas de cavages, nous ne retrouvons pas la cheminée d'aération qui existerait en lisière de bois. La chaleur assommante nous fait finalement fuir. Bien trop épuisant. Ce sujet de carrières sera donc étudié une nouvelle fois un peu plus tard, mais les informations sont minces et ça va être difficile.


29 juillet

Un voleur viendrait dans ma maison, il y serait complètement décontenancé. Il y a plein de choses partout, mais rien qui ait une quelconque valeur. Des casseroles rouillées, des cailloux, des objets bizarres servant à rien... Une maison loufoque, un peu du style celle à Jeff le groenlandien !

En ce moment, je rêve d'un ailleurs. Ca fait longtemps que je n'ai pas voyagé pour de vrai, dans un pays bien accueillant et méconnu. Il y a quelques temps, les projets s'étaient multipliés : punta arenas en terre de feu, anadyr en Russie, etc... C'est avec nostalgie que je repense aux criques de la mer Adriatique. Mais la patience aura du bon. Le temps passé en apnée en ce moment se soldera par de meilleurs instants un peu plus tard...


31 juillet

La journée brûlante d'hier a été totalement improductive. Je pense que ce fut le cas pour pas mal de monde. En soirée, juste après la pluie, le soulagement s'est fait ressentir. Ca y est, j'ai des chaises ! Ce n'est pas miraculeux mais bon, c'est quand même une bonne chose de faite !


 

 

2 août

C'est une semaine étrange, il ne s'est rien passé de surprenant. Ce week end sera une délivrance. Ca va être reparti pour de bonnes explorations un peu partout. Les temps morts du style de cette semaine sont propices à la réflexion et à la divagation, pas forcément dans le bon sens. Je me sens très vulnérable, probablement un manque d'appui et de confiance en moi - mais ça, je suis loin de le reconnaître et surtout de l'accepter. Enfin, peu importe. Ce qui compte à priori, c'est de se sentir bien jour après jour et ça pour le moment, c'est sans problème. C'est peut-être juste une quête de l'extraordinaire qui manque : partir en voyage avec un sac à dos presque vide, on sait pas trop où et surtout, on sait pas trop comment. Ca s'arrangera, c'est juste une question de mois - de moins en moins.

...au soir...

Une envie d'aventures qui s'est concrétisée - mais qui au détriment du bonheur d'explorer, s'est rapidement transformée en cauchemar, tout particulièrement samedi.

Vendredi soir, première explo. Nous avons décidé d'aller à Ottignies pour faire les recherches sur cette descenderie comblée repérée quelques mois auparavant. Le but ? Creuser suffisamment pour pratiquer une ouverture, prendre connaissance des lieux et communiquer les découvertes aux scientifiques et archéologues de la région. Résultats ? Il s'est mis à pleuvoir des litres et des litres et la descenderie n'en est pas une. Nous avons découvert un radier uniforme à faible profondeur et après quelques recherches succinctes, nous avons conclu qu'il s'agit d'un abri à vaches à configuration assez étrange. Perte de temps et déception donc, ce qui nous vaut de rentrer comme des chiens mouillés. C'est pas joyeux !


3 août

La visite de Esch Belval étant reportée, nous décidons avec Henk de faire quelques autres explorations. En premier lieu, nous allons dans des sites de la Rue de la Loi à Bruxelles. Cet endroit, je le connais, je n'y trouve pas grand chose de nouveau et surtout, rien de changé. Ce n'est pas désagréable, mais ce bâtiment présente quelques endroits manifestement chargés en amiante. De ce fait, nous abandonnons la visite. L'amiante est un danger invisible auquel nous ne sommes pas formés et pas équipés. Juste à côté de cet immeuble, un autre bâtiment présentant des volumes un peu plus sains. Mis à part une belle salle de réunion avec locaux pour traducteurs, il n'y a pas grand chose à signaler.
En repartant, nous visitons juste à côté une maison abandonnée. Il y a un piano, ça fait très "château fantomatique". Cependant, la maison est habitée et ça sent très mauvais.

Là où ça commence à être intéressant, c'est juste après. Nous allons à la Clinique St Joseph, avenue Malou. L'accès est toujours aussi difficile. Nous demandons l'accord pour rentrer parce que cela ne peut pas s'imaginer autrement. La dame nous apprend que des travaux sont engagés. Le lieu sera transformé en logements sociaux. La première étape consistant à construire un parking souterrain est entamée.
A l'intérieur, peu de changements. Les vitres ont toutes été obturées avec des planches, il ne reste qu'un seul accès situé sur l'arrière et peu praticable. Par contre, grande déception : la chapelle a été en partie démontée. Il y avait là en effet une chapelle esthétique avec des anciens vitraux et un oratoire. Ce dernier a été démonté, quant aux vitraux, les deux plus beaux ne sont plus là. Volés ? Cassés ? Démontés par des professionnels ? Pas de réponse. La seule chose que j'espère, c'est qu'ils n'aient pas été lâchement vandalisés.

Cette fois ci, je vais sur le toit de la clinique (l'autre fois, la présence de gamins dans le bâtiment m'avait perturbé). Il y a une très belle vue sur Bruxelles, le tout couronné d'un extraordinaire coucher de soleil.
A la sortie, un gamin de trois ans à peine (et encore...) nous interpelle et nous dit que nous n'avons pas le droit d'aller dans cette clinique. Celui là n'est pas un timide !!

La soirée se termine de manière assez agitée. Nous devons échapper à des gens qui voulaient nous casser la g... et nous piquer notre matériel. Cela n'a pas été sans peine... En rentrant, nous sommes dans un état extrême. La tension nerveuse a été considérable. Y'a vraiment pas de quoi être fier, c'est clair...


4 août

Le lendemain matin est à la grise mine. Nous partons tout de même explorer un village du brabant. Il y aurait là une cokerie dont certaines parties seraient abandonnées. Il s'agit uniquement de ouie dire, rien n'est prouvé.
Sur place, c'est assez esthétique. La glauquitude est importante, notamment sur l'arrière du site. Après une promenade relativement longue sous la pluie et bien dans la boue collante, nous avons une idée devenue un peu plus nette sur l'architecture du site. On peut dire que c'est en quatre parties distinctes. Deux sont utilisées sans ambiguïté (bruits d'aciérie, gardiens, camions en mouvement, lumières). Le problème étant que les parties abandonnées sont en plein milieu du site, dans un chaos de bâtiments, de hangars, de tuyaux. Il est difficile de poser des limites sur ce qui est abandonné et ce qui ne l'est pas. Cela parait anodin mais ça rend la visite difficile.

Du coup, nous ne visitons qu'une infime partie des lieux. Un hangar de stockage de minerai, puis une station de broyage. Cette dernière usine est assez étonnante. Ca donne vraiment le sentiment d'errer dans les lieux de Harald Finster (stahlart). La couleur est uniforme : marron. Le matériau est uniforme : acier partout. Ce dans un chaos total. Il y a de l'acier partout, des escaliers dans tous les sens... Pour moi, ce genre d'installation, c'est vraiment nouveau. Etant donné que nous ne savons pas où arrêter la visite, nous nous stoppons rapidement. Toutefois, il parait probable que nous n'ayons fait qu'un dixième de l'ensemble à l'abandon. Une étude longue et difficile sera nécessaire afin de maîtriser l'essentiel de ce site. C'est en tout cas d'emblée un lieu qui se révèle passionnant. Mais sans mystère, les entreprises de démolition ne sont pas loin...


5 août

Un peu moins de grisaille après ce week end mouvementé.

 

9 août

La condamnation de l'explorateur urbain, c'est d'être perpétuellement en retard, la liste des choses à faire interminable. Ca fait des années que j'essaie de lutter contre ça, c'est complètement sans succès. La confrontation entre la vie normale et l'exploration est forte, la vie normale disparait complètement au profit d'un rythme de cinglé. Pourquoi ça ?
-Les voyages sont passionnants, donc incessants.
-Le moindre instant est consacré aux recherches.
-Les passions font rencontrer beaucoup de gens.
Tout cela est vraiment très positif, c'est un regard ouvert sur le monde, on apprend vraiment plein de choses. On devient même un boss dans son credo. Cependant, la maison est un taudis, je ne tiens pas mes promesses, j'accumule des retards démentiels, mes relations sociales sont réduites au néant.
Je pense que je vais arrêter un peu. Trop d'extrême n'est pas bon. Un peu de modestie me rendra peut-être moins détestable. Faut pas compter la dessus pour cet été, c'est trop la merde... Septembre sera normallement un bon départ pour ça...


10 août

Départ au matin tôt pour aller à Maastricht, une seconde fois. Cette fois ci, c'est entièrement différent. Nous y allons pour rencontrer Ed Stevenhagen. Bien que improvisé, cette excursion est bien plus organisée, ça s'est nettement ressenti dans les visites...

Après un trajet relativement court, un peu plongé dans les brûmes du sommeil, nous arrivons à Maastricht peu avant dix heures. C'est l'occasion pour signaler que la gare de cette cité est très esthétique, il y a des vitraux à l'intérieur. Cette architecture est bien peu commune.

Ed arrive rapidement sur place, nous nous retrouvons facilement. Avant de partir pour le sint Pietersberg, nous flânons dans une petite brocante. On sait jamais, une carte postale, une carte géographique... Mais malheureusement rien de concluant. Nous filons donc en premier lieu à "grotten noord". C'est la carrière souterraine située la plus au nord du mont Saint Pierre. Avant de descendre, nous prenons un café (aah!)

La mode locale, c'est la lampe à pétrole. Il y en a beaucoup. Les touristes venant en masse visiter les lieux utilisent tous ça, on leur prête le temps de la descente. Etant donné que c'est un lieu sûr, personne ne porte de casque ! Nous commençons la visite dans un groupe avec un guide. Le paysage est assez impressionnant, c'est digne de ce qu'on s'imaginait : nombreuses gravures, nombreuses sculptures. La visite est de bonne qualité, même si ça semble taillé en partie pour le touriste, c'est à dire que les dessins ne sont pas tous d'origine. Au bout d'un quart d'heure, Ed nous amène un peu plus loin. On retrouve les grandes inscriptions classiques (portraits, tableaux au fusain), c'est très typique. Finalement, nous rejoignons un autre groupe, ce qui fait bien marrer la guidesse.

La suite se déroule à Zonneberg, là où nous étions allé la première fois, sans rentrer à l'intérieur (avec le barbu à jumelles qui devait probablement être un touriste). L'entrée est juste à côté du tarn dans les champs. C'est une porte blindée inviolable, tout comme celle de Grotten noord. La visite est très intéressante, notre guide est Rik Willemse. C'est un passionné qui relève toutes les inscriptions de noms américains dans la carrière, des réfugiés durant la seconde guerre mondiale. Un travail de longue haleine terrible et passionnant. Les lieux sont extraordinaires. Les galeries sont hautes, constellées de graffitis anciens. Geos serait malade de voir ça. Il y en a un qui date de 1550...

Un peu plus loin, c'est le gigantisme qui triomphe : chapelle souterraine, statues immenses, publicités en couleur extrêmement belles... On comprend la valeur de ces sites et pourquoi ils s'acharnent autant à fermer de toutes part les entrées. C'est entièrement justifié. De nombreuses inscriptions anciennes sont déjà massacrées... Bref, il n'y a vraiment pas de quoi pester contre la fermeture de ces lieux, au moins pour ces deux là.

Une fois dehors, Rik nous montre ses études sur les américains, c'est impressionnant. Cela cumulé au travail topographique de Ed, on obtient un professionalisme qu'on observe peu dans nos contrées. L'exemple le plus proche étant le sdics, mais ils ne sont pas encore à cette hauteur... De plus, ces gens sont très accueillants. Une hospitalité étrange. Ils nous ont consacré leur temps, leurs congés, leur passion de manière très libre, c'était agréable.

En soirée, nous décidons de retourner en Belgique, à Lanaye. Le chemin pour y aller était assez long (passage devant zonneberg, Enci, les tarn, puis les deux petits chemins que nous avions commencé à explorer. Les entrées de Caestert et Lanaye étaient à quelques dizaines de mètres de là où nous avions été. C'est quelque peu rageant !
L'entrée de Lanaye est extrêmement sale, comme la petite ceinture en fait... Il y a des montagnes de cannettes brulées, c'est gerbant.

Après avoir mangé un peu, nous visitons les lieux. Les galeries sont plus hautes qu'aux Pays Bas. Il y a 10 à 12 mètres. Les parois n'ont presque pas de graffitis anciens, juste des montagnes de sales graffitis nouveaux, comme dans les catas aussi. C'est toutefois une visite qui nous a plu, parce que nous étions libre d'aller n'importe où, de nous arrêter là où on voulait. C'était plus cataphile en un mot !

Vers 10 heures, nous décidons de trouver un coin pour dormir, nous pensions à une entrée paisible (pas au fond parce que c'est trop caillant). Sauf que pas de chance, l'entrée est squatée par des zonards techno... Plus qu'une solution, le fond... un endroit discret. Résultat, nous nous sommes vraiment caillés (9 à 10 degrés qu'ils disent, on témoigne, c'est un con-no (congélateur notoire !)) et puyis nous avons été stressés par les bestiaux qui sont passé près... C'est bien tôt qu'on se réveille, tout éclaté de froid !
Seul moment agréable, dix minutes durant, survolés de près par des chauves souris curieuses. flap-flap-flap, mignon petit bruit d'ailes...


11 août

Au matin, nous déjeunons gerbiboulga. Puis retour à Grotten noord. Nous y retrouvons Ed, passablement curieux de connaître le déroulement de notre belle nuit ! Il y a également Rik qui nous salue. Au bout de quelques instants, nous partons pour la campagne. Nous allons visiter quelques carrières du côté de Bemelenberg. ce sont des petits sites, à flanc de coteaux. C'est assez similaire à Wonck dans son aspect. Les moutons peuvent aller dedans, du coup, c'est assez encombré de crottin. Il n'y a pas grand chose d'exceptionnel dans cet endroit.

Plus loin, nous allons au Roothergroeve. C'est une carrière qui est également lourdement protégée. Une grille blindée monstrueuse. L'intérieur n'est pas immense mais d'une belle originalité. Pendant que Ed fait une topo d'un étage inférieur, nous visitons les lieux. Des cataphiles ont aménagé et décoré les galeries de manière artistique. Un champ d'oeufs de Pâques (un mètre par oeuf) arrosés par des tuyaux, des cailloux suspendus par des fils, des sculptures bizarres, une boussole gravée dans le sol, une charrette à cheveux d'osier, etc... Malgré notre regard cataphile, nous n'avons pas compris comment ces gens étaient rentrés là dedans. C'est en tout cas une carrière qui mérite la visite, parce qu'elle est mémorable.

C'est sur ce dernier site que nous revenons à la gare. Globalement, nous sommes très content de ce week end. Il est clair que cela change de nos habitudes, c'est nettement plus encadré. Mais la richesse historique vient justifier les visites et dépasser la difficulté. Au retour, nous sommes complètement vannés, le repos s'impose !

 

English translation


10 august

Early departure in the morning to go to Maastricht, this is the second time for us. This time, it's entirely different, we'll meet Ed Stevenhagen. Although improvised, this excursion is more organized, it was clearly felt in visits... After a relatively short way, littely plunged in sleep's shadows, we arrive to Maastricht, few before ten o'clock. That's the occasion to explain that the station of this city is very aesthetic, there are stained glasses inside. This kind of architecture is not very common.

Ed arrives quickly, we recognize us easily. Before leaving for sint Pietersberg, we stroll in a small secondhand trade. Why not an old postcard, a geographical map... But unfortunately nothing conclusive. Just after, we go to "grotten noord". It is the "more at north" underground quarry in sint Pietersberg. Before going in, we take a coffee (aah!)

The local fashion is the oil lamp. You can see this everywhere here. Tourists come massively to visit the places and use that kind of lamp, vvv lends it the time to come into. Underground are sure places here (true), nobody carry helmet! We begin to visit with a group and with a guide. The landscape is rather impressive, it is exactly what we thought : many engravings, many sculptures. It's a good quality visit. After fifteen minutes, Ed brings us a little further. We found the great traditional inscriptions (portraits, charcoal paintings), it's very typical. Finally, we join another group, guide's laughing seeing us.

We continue visits in Zonneberg, where we had gone at the first time, (with the bearded one with binoculars which was probably a tourist). The entry is right beside the "Tarn" in fields. It is an inviolable armoured door, like the Grotten noord one. Visit is very interesting, our guide is Rik Willemse. He's passionated, he raises all American names inscriptions in quarry, (refugees during the second world war). A terrible long-term job. Underground places are extraordinary. The high galleries are constellated with old graffitis. Geos would be sick to see that. There is one of them which goes back to 1550...

A little further, this is gigantism which triumphs : underground vault, enormous statues, extremely beautiful color publicities... The value of these place is very important and we understand why they close of so much the entries. It's entirely justified. Many old inscriptions are already destroyed...

Once outside, Rik shows us its studies on American names, it's impressive. That, cumulated with Ed's topographic work, you obtain a professionalism which is not observed in our areas. The nearest example here is "sdics", but they are not yet so strongs... Moreover, these people are very accessible. A strange hospitality. They devoted us all their time, their vacation, their passion in a very free way, it was pleasant.

In evening, we decide to turn over to Belgium, in Lanaye. The way to go there was enough long, passage in front of zonneberg, Enci, Tarn, until the two small ways we had started to explore last time. Caestert and Lanaye entries were tens meters more far than where we had been. It's a little rageant! Lanaye entry is extremely dirty, like "petite ceinture in Paris" in fact... There's burned-cans mountains, it's stacking.

After a little lunch, we visit the places. Galleries are higher than The Netherlands ones. 10 to 12 meters high I think. Most of times, walls do not have old graffitis, just mountains of dirty new graffitis, as in the Paris's catacombes too.

Around 10 o'clock, we decided to find a corner to sleep, we thought of a peaceful entry (not at the bottom of quarry because it's too cold). Unlucky, entry is used by
mad shitty guys... Only one solution, go to bottom... a discrete place. Result, we really curdled ourselves (9 to 10 degrees they say! we testifies, notorious freeze!) Only one pleasant time, ten minutes during, closely flown over by bats, curious to see us, flap-flap-flap, nice small noise of wings...


11 august

In the morning, we lunch gerbiboulga (it means horrible foods). And then, we return to Grotten noord. We found Ed there, passably curious to know the course of our beautiful night! There is also Rik, which say us hello. At the end of a few moment, we leave for the countryside, to visit some quarries on the side of Bemelenberg. It's a small place, rather similar to Wonck. The sheep can go inside, it's encumbered of droppings. There's not exceptional things to see in this place.

Further, we go in Roothergroeve. It's an heavily protected quarry. Inside is not so big but there's some beautiful original things. While Ed makes topo of a lower stage, we visit the place. Cataphiles arranged and decorated the galleries in an artistic way. An egg field (one meter per egg) sprinkled by pipes, stones suspended by wire, odd sculptures, a compass engraved in the ground, a cart with wicker hair, etc... We didn't understand how these people were returned there inside. In any case, it's a memorable quarry.

That's the last visit for us, we return to the station. All in all, we are very happy with this week-end. That changes a lot with our practices, but the historical richness comes to justify the visits.

 

16 août

Ca fait deux mois que c'est le chaos total. Ca fait deux mois d'apnée, je ne trouve plus la moindre seconde pour respirer. C'est devenue une espèce d'overdose courante, ça fait huit semaines, des années en réalité. J'ai essayé de multiples fois de m'en sortir, j'ai même tout recommencé de zéro, c'est complètement sans succès. Les applications de ces décisions, jamais plus d'une semaine, probablement par manque de caractère. Je ne sais plus comment faire. Il faut que septembre soit un aboutissement positif, parce que je vais complètement péter les plombs. J'en ressors misanthrope à l'extrême. Encore pire que ça, mon corps est fatigué, livide. Mes sentiments sont réduits en poudre. Je relisais hier des passages de mon journal il y a quelques années, c'était vraiment différent. J'exprimais des choses du fond du coeur. Aujourd'hui, il n'y a plus ces expressions parce que je ne ressens plus rien. J'ai l'impression que j'ai tué volontairement tout ce qui vivait en moi, afin de ne plus rien ressentir, probablement pour ne plus souffrir. C'est vrai que ça marche ! De ce côté là, je ne me sens vraiment plus malheureux...
Trop de voyages, (petits et grands), trop de courriers, trop d'internet, trop de projets, trop de gens. Je vais me renfermer comme une boîte de conserve. Les semaines qui viennent seront étranges et probablement agréable, du "test" pour du plus durable. J'ai l'impression de faire du déjà vu, on dira que c'est une nouvelle tentative afin de retrouver un équilibre perdu... J'espère que ça va marcher.


Ardoise de Rimogne


17 août

Suite à quelques problèmes de trains, il est quatre heure quart lorsque la journée commence. Autant dire que c'est une errance comateuse qui débute. Dans le brouillard cervical, nous nous retrouvons à Bruxelles Luxembourg. A 5 heures et quelques, y'a un type qui passe, tout heureux, en train de siffler. Voilà une chose qui m'est incompréhensible ! C'est après une heure d'attente qu'arrive enfin le train pour Namur.
Nous y retrouverons Bernard sans difficultés.
Nous avons rendez vous au top hôtel à Thionville. C'est une zone commerciale à la Lorraine, indice 3 sur l'échelle de Knutange, glauquicité intéressante ! Nous arrivons exactement en même temps que Jean-Paul, nous le retrouvons donc facilement, avec sa béïxemobile.

Après peu de temps, nous allons directement faire la première visite. Il s'agit d'un fort, dénommé Jeanne d'Arc. C'est proche de Metz, à l'est de cette ville. Un site différent des forts Maginot classiques, car là, l'organisation serait due aux allemands, apparemment ça s'appellerait des " festen ". Dans les bois, toute une série de casemates fortifiées, rejointes par des galeries souterraines. L'entrée est située dans un terrain militaire ne servant plus à rien. Il reste cependant les barbelés au milieu de la route, ça fait penser à Belgrade il y a quelques années. Un bâtiment moderne se situe près de la route. Il est vide, défoncé, sans intérêt. Mais sa couleur kaki le rend original.

Nous trouvons une entrée sans difficultés. C'est dans un bazar qui ressemble à un petit blockhaus. Le nom exact serait caponnière. Je ne suis pas certain de l'orthographe. En dessous de ça, c'est une série de galerie très rectilignes, assez abîmées. La largeur est faible, ça ressemble un peu aux catas, sauf qu'ici c'est du béton. Les galeries mènent toutes " quelque part ", des endroits intéressants, d'autres moins. Les places les plus belles, ce sont les casernes, des séries de salles en enfilade, plutôt vides. Quand c'est pour le beau monde, c'est joli, y'a même des dessins et des frises sur les murs. Quand c'est pour les péquenauds (soldats), c'est glauquissime.

Mon regard n'est pas exercé en architecture militaire, donc je décris de manière simpliste ce que je vois. Deux étages, rejoints par des escaliers de grande taille, des galeries linéaires avec de temps en temps des chicanes, des portes blindées très conséquentes et puis une organisation sommaire pour pouvoir vivre : cantine, dortoirs, toilettes (Bernard les adore !), baignoires en béton, etc. Il y a aussi des dômes, équipés de canons, ce sont les tourelles. Elles sont en bon état. On peut y voir les armoires à obus, les élévateurs permettant de les monter, les goulottes permettant de redescendre les carcasses (douilles).

A l'intérieur d'une caserne, nous croisons un groupe. Ce genre de rencontre est un peu surréaliste en tel endroit. Ils n'ont pas l'air sérieux. Ils ont perdu certaines personnes et sont peu équipés.
Avoir le plan des lieux sera intéressant. Il est difficile de savoir ce que nous avons visité, certainement une large part. Nous ressortons par un trou un peu artistique au niveau descente. C'est pas sans bleus et griffures. Dans les bois, il y a des morceaux de fer en pointe avec des barbelés. Sympa pour empaler les parachutistes !!!
A la voiture, il fait turboméga chaud. Mon fromage a bouilli ! Nous mangeons un peu, au milieu des guêpes, puis partons rapido. Sur le chemin du retour, nous croisons deux tagueurs qui vont refaire un look au bâtiment récent. Ca ne gène en rien, ce bloc n'a rien de fantastique.

Nous nous dirigeons vers un autre fort, pas très loin non plus. Son nom serait " fort de l'Yser ". C'est renommé par les français, il avait un nom allemand avant (Luitpol). A l'intérieur, il y a des fresques magnifiques. Ils se sont amusés à améliorer la glauquitude avec des tableaux franchement magnifiques (paysages calmes, marins, forêts). A l'intérieur, on retrouve un fonctionnement assez similaire à l'autre fort visité précédemment, mais le lieu semble plus agréable. Un peu moins humide, plus de petits détails. (Outre les scènes de beuverie, ce lieu est chouette à visiter). Un four à pain bestial, des grosses cuves, une salle des machines.
Durant ce temps là, un jeune chat maigrichon nous a bien fait mal au cour. Certainement abandonné, il ne cessait de miauler. On lui a donné du fromage et du jambon. Est-ce que cela suffira pour lui donner un court répit, le temps qu'il trouve quelqu'un pour s'occuper de lui. C'est à espérer, (c'est pas facile.)

Après cela, nous retournons au top hôtel. Chambres réservées, nous filons direct à Uckange. Il y a là une ancienne cokerie. De la route, on la voit bien, c'est pas désagréable. Un enchevêtrement d'aciers dans tous les sens, des machines bizarres, des tuyaux monstrueux. Je fais une pellicule entière rien que pour cet endroit ! On ne peut pas grimper dans les hauts fourneaux, ce n'est pas possible, l'accès ne se fait pas comme ça ! Mais bon, le peu que nous arrivons à voir me fascine déjà énormément.

La faim tenaillant les ventres, nous allons manger dans un resto à Hayange. Une grande salle ressemblant plus à une cantine qu'autre chose. C'est pas merveilleux mais bon, ça remplit l'estomac. Pour terminer cette journée, nous allons sur le site de la fonderie d'Hayange. C'est absolument dantesque. C'est éclairé de partout, ça fume dans tous les sens et le grondement ambiant est monstrueux. Quelques passages nous permettent d'approcher le site, mais nous ne voulons pas y rentrer. Du coup, nous nous cantonnons à des photos prises de loin. Les tuyères crachent un feu horrible, les trains sillonnent le site, des alarmes crient leurs signaux, c'est vraiment bestial ! Je suis très impressionné. Franchement, oui !

La fatigue est omniprésente. Nous retrouvons l'hôtel dans un état comateux dramatique. La nuit se passe mal, les gens n'ont aucun respect et les gosses font chier.


18 août

Le lendemain matin, nous sommes donc complètement dans le cirage. Nous partons en premier lieu à Fontoy, qui est en fait la mine Fensch. C'est un lieu que je connais déjà. Rien de changé depuis 3 ans, y compris l'entrée. Seulement quelques nouveaux effondrements. Au sommaire : gare souterraine, berlines renversantes, poudrière et salle des pompes et surtout quartiers ravagés et dangereux.

Ensuite, après quelques discussions torrides, nous partons pour Esch. Nous mangeons chez les impérialistes, ce qui est rare ! C'est l'occasion pour mettre un plateau à la poubelle, d'en laisser un autre sur les sièges, de prendre un mac-concombre et d'en foutre partout !

A Esch, nous allons à Belvaux. Il y a là un haut fourneau gigantesque et bestial. Au total, 110 photos, et pas que de la merde ! Le lieu n'est pas très rassurant, c'est le genre d'endroit tellement étrange que ça en devient oppressant. Les tuyaux fusent de partout, il y a des machines bizarres, les aciers sont corrodés à mort. C'est à croire que ce fut l'apocalypse complet ici ! Il est assez difficile d'arriver jusqu'à la base des hauts fourneaux. Beaucoup d'escaliers dans toutes les directions, des usines en longueur avec des bigs trous, des structures imbriquées qui ne sont pas compréhensibles du premier regard.

C'est une visite passionnante. C'est encore un autre style, une autre découverte. C'est l'écrasement de l'humain devant la machine. En fonctionnement, ça devait être le cour des enfers ici. Daniel nous explique un peu le fonctionnement, avec les injections de ci et de ça, les matériaux utilisés, ceux rejetés. C'est complexe et très instructif. Cependant, seul défaut du site, c'est qu'il est difficile de savoir où s'arrêter. Parce que si l'on va trop loin, on rentre dans l'enceinte d'une autre usine, en utilisation. Cela n'est pas du tout souhaitable, sachant que nous n'y connaissons rien, nous pourrions entraîner de graves problèmes, voire un accident.

Les sites avec les grandes cheminées près de l'entrée ne paraissent pas visitables. Nous repartons donc vers Esch. J'en profite pour leur montrer les entrées des principales mines du coin. Nous nous quittons peu après à la gare de Esch. Je garderai un long souvenir de l'endroit où sort le laitier. Ca fait penser à une machine infernale déglinguée et atroce.

Le trajet du retour (en train) est assez cosmique. Dans le train vers Namur. Des cons de gosses de merde tirent la sonnerie d'alarme. Du coup, nous sommes en retard et nous loupons la correspondance pour Ottignies. Les portes se ferment à notre nez. Heureusement, nous discutons avec un contrôleur sympathique, ce qui arrange considérablement notre état piteux.

Une fois rentrés, une de mes poubelles se vide en partie dans l'escalier. L'odeur est absolument immonde. C'est pas de chance.
Monsieur Mousty va bien, j'en suis content :)


19 août

Difficile de rester éveillé en ce lundi chargé. Le milieu de semaine sera mon début de régime. Plus d'exploration intensive durant quelques semaines. Il faut arrêter, je me sens complètement vidé, il faut agir avant qu'il ne soit trop tard. Cette explo était l'aboutissement d'une horreur de fatigue. Les visites étaient intéressantes, mais le harassement gâche tout, plus possible d'en profiter. On verra bien comment se déroulera ce changement.

 

23 août

Dernière visite à la tour d'Ursel, avec F. et un journaliste. C'est rapide, sans passion. Cette tour va être détruite dans les jours qui viennent, elle partira sans regrets ou presque. Il y a juste que cela fera un immense trou et le paysage de tout en haut manquera... mais rien de plus. J'y ai été trop de fois, je me retrouve comme un guide, qui fait un métier identique ou presque les jours passant. Bref, Ursel, c'est fini ! Au revoir.

 

24 août

Plein régime ! Je n'ai rien fait ou presque de la journée. Vraiment, ça ne fait pas de mal, il y avait tant de fatigue accumulée... Ce repos est une bénédiction ! Cette journée a été l'occasion de reprendre de manière suivie la rédaction de X. Ca faisait pas mal de temps que j'attendais cela. Sinon, je me dois de constater que je suis encore pire qu'avant. Je suis vraiment devenu un misanthrope détestable. Je commence à ne même plus essayer de comprendre pourquoi je déteste les gens. Etre renfermé dans ma petite sphère et ne rien partager constitue un étrange idéal. Plus je suis loin de toute civilisation et mieux je me porte. Il est au moins quelque chose de bien, cela ne dérange personne (donc ça ne constitue pas un défaut à corriger). En plus, le travail me donne une grande satisfaction de ce côté là. Les gens viennent me demander des choses, je dois régler des problèmes dans l'ombre en quelque sorte, je ne suis pas obligé d'être avec eux tout le temps, de faire une collaboration. Cet aspect solitaire me conforte beaucoup, je suis seul responsable de ce que je fais et de la qualité que je donne. En plus, mon principal "collègue" est un bon solitaire aussi. Du coup, on s'apprécie bien ! (enfin, c'est l'impression que j'en ai) Ma période d'essai se termine dans quelques jours. Apparement, tout va bien. Voilà une chose dont je suis vraiment content.

Côté exploration urbaine, je pense que le futur sera à moins d'infiltration. J'en ai marre de m'infiltrer dans des systèmes, je vais privilégier l'aspect purement archéologique. Ce n'est pas l'envie qui manque, surtout quand je vois la tour de finances (qui me fait baver !), mais il faut savoir poser des limites.

...

Bonne partie de la nuit à faire des photos (en ce moment, c'est grave !) Je me suis éclaté dans le cimetière de Rixensart, celui dans la rue de l'institut. Le projet : faire des photos plus que vraiment étranges. Il y a de cela quelques mois, j'étais tombé sur le site de Larrie Thompson. Ce "night photographer" fait du painting with lights. Les paysages nocturnes sont métamorphosés, ils deviennent complètement irréels. Les découpes sont extrêmement précises, on obtient des objets rose fluo sur un fond bleu outremer. C'est d'un atypique profond et ça m'a marqué. Du coup, je m'y suis mis, à ma manière bien sûr. Mon truc, prendre des photos délirantes de tombes. Je découpe des croix bleu vert sur des tombeaux grisaillantes, j'ai beaucoup d'espoirs dans les résultats. En fait, j'ai une grande expérience en photos exigeant une pause longue, c'est sur les photos en plein jour que je me vautre méchament. Du coup, je vois déjà ce que ça va donner, contrairement aux usines où je suis toujours déçu. Je vais approcher les 500 photos de retard à scanner !

 

25 août

Assez fatigué. C'est peut-être parce que je me suis levé à onze heures, je ne suis plus habitué à dormir normalement... Dans l'après midi, nous allons visiter l'institut Lemaire à Tombeek. C'est un sanatorium abandonné depuis 25 ans maintenant. Résultat : c'est complètement devasté. Les vitres sont pétées de toutes part. Et puis c'est d'aspect moderne, complètement vide. Donc c'est dénué d'intérêt. A la sortie, nous croisons un groupe d'aspect 'jeunz fumeurs'. Bref... Mouaffh, on a
vu mieux ailleurs !
De retour, j'écoute les nouveaux disques de la semaine. Cette fois ci, j'ai réussi à avoir une version du requiem de Fauré avec des fausses notes. Toujours autant le feu au cul, je crois que la version idéale, il va falloir que je la fasse moi même ! J'ai rarement vu une oeuvre aussi universellement mal jouée. Sinon, je renoue avec des grands classiques, dont hot rats de Zappa. C'est toujours aussi bon !

 

26 août

Tiens, serait-ce la rentrée ? Tout plein de gueules de cons dans le train, des gens tellement moches que tu as envie de vider le wagon d'un coup, faire place nette sur ces enculés qui parlent fort pour dire des conneries, mettent des sonneries de téléphone reprenant le thème de la toccata de Bach. Pitié, les égorger...
Je suis aigri. J'ai pas envie de plaire, j'ai pas envie de connaître des gens. Ras le bol de croiser ces merdes sur le quai le matin, d'entendre toute la journée les débiles d'à côté qui gueulent parce que y'a des explosions dans leur tête. Vivement l'hiver. Ils auront froid, ça les calmera.

 

1er septembre

Le mois d'août se termine. Cette semaine aura été à l'image de cet été, une véritable calamité. Et pourtant... et pourtant je suis en plein régime : plus d'explorations, plus de nouveaux projets, plus de mails, plus rien donc, la vie du beubeuh classique... N'empêche que ce fut une véritable asphyxie. Le temps a une fois de plus manqué de manière chronique ; quant à la fatigue, ça devient risible tellement c'est pitoyable. J'ai gerbé cette semaine, j'ai les jambes qui me semblent toutes découpées de l'intérieur, j'ai le ventre qui est une planche à pain devenue toute tordue dedans... Et puis les cernes, les "je-dis-vraiment-n'importe-quoi", les lamentations incessantes, c'est nul... Il n'y a pas qu'une seule source à mon malaise, c'est tout conjugué (y compris mon attitude puisque je ne dis pas assez non). Je me répète, j'en ai plus qu'assez de cette vie de fou. Ce que je crains, ce sont les deux solutions qui vont arriver : soit je casse (physiquement, mentalement), soit je deviens à moitié taré et j'envoie chier la vie. C'est pas nouveau mais ça ne s'arrange pas...

Il faut dire aussi que le manque de temps a jusqu'ici été un pseudo-équilibre. Foncer permet de ne plus penser à rien. Je hais tellement ce monde, cette vie et ces relations uniquement basées sur l'argent que je ne peux entrevoir l'extérieur normalement. C'est mon seul échappatoire pour ne pas sombrer dans la dépression, me dire que je suis complètement différent de la masse, puis construire des choses où je suis manifestement le meilleur - même si le domaine est fort restreint. Combattre pour atteindre un haut niveau est une lutte bien plus honorifique que d'écraser autrui afin de se foutre des pépètes dans les poches.

Je hais ce monde profondément, ce n'est pas nouveau non plus. En ce moment, ça s'amplifie, c'est tout. Ca devient comme un état désabusé où je ne crois plus en rien, me basant de manière unilatérale sur la misanthropie comme mode de vie idéal. Moins y'a de gens, moins y'a d'emmerdes. C'est très certainement simpliste et méprisant, mais... Je ne veux plus le savoir, ne plus m'en rendre compte.

J'attends un changement que je suis le seul à pouvoir construire. Seul ennui, il se base sur des actions violentes que je ne souhaite pas mener, un peu du genre à la novembre dernier. L'équilibre est brisé, cependant je crois bien qu'un peu de demi mesure ne fera pas de mal - car après tout, je passe mon temps à tout casser dans ma vie, puis à reconstruire à l'identique juste après. Ce n'est pas vraiment malin... Cette semaine sera probablement une première étape importante dans le changement. Je suis épuisé et je ne veux pas que ça continue. Donc, je vais faire en sorte de constituer quelque chose qui ressemble un peu plus à de la vie plutôt qu'à de la survie. Faut quand même bien que j'arrête cette vie de con un jour...


 

Illustration imprimée sur mon carnet de russe

 

4 septembre

Je me suis rendu compte il y a quelques heures que mon anniversaire, c'est dans deux jours - voilà bien quelque chose qui m'avait complètement échappé. Ca a beau faire marrer Seb parce que je pense à ça en configurant la date d'un serveur, ça me fait bien chier de devenir un vieux con. Enfin bon, je suis pas le seul et c'est le genre de truc où t'as pas le choix !

Ma période d'essai est terminée. Jusqu'ici, j'ai réussi à tenir le choc question secret. Il n'y a qu'une personne qui connaît ce site (Jérome), c'est une question de confiance. Il y a deux personnes qui l'ont trouvé par eux même, je leur ai demandé de taire l'existence de cela et il semble qu'ils aient tenu parole. Je l'ai délibérément montré à une stagiaire, sachant qu'elle se casse dans 15 jours. Bref, j'arrive à un bilan plutôt positif de ce côté là. Je pense que c'est parce que je travaille dans une boîte de web. Tout le monde a son (ses) site(s) perso et du coup, c'est avec joie qu'ils se foutent complètement du reste. Ils ont bien raison d'ailleurs. Quant aux écrits, j'arrive à maintenir le cap total, c'est à dire que personne ne sait où et ce que j'édite. Il est hors de question que ce serment (avec moi-même) soit brisé, ce serait une rupture violente d'équilibre. Bref, pour le travail, tout va bien pour le moment. Mais c'est un équilibre plus que fragile. Le métier que j'occupe est celui le plus difficile, le plus risqué, le plus en vue des craqueurs et craqueuses, le plus imprévisible que l'informatique ait pu pondre. C'est ce défi quotidien que je recherche, sinon je me fais carrément chier. mais la contrepartie, c'est qu'il faut être à la heuteur.

A part ça, ces jours ci sont encore placés dans un contexte hyper chargé. Lundi, ce fut l'asphyxie et le pétage de plombs. Trop c'est trop, c'était tout à fait prévisible que tout éclate... Je n'écris plus à personne, mis à part quelques exceptions parce que l'excès n'est pas désirable. Quant aux projets, c'est au compte goûte qu'ils font jour pour l'instant, malgré que ça fuse vraiment de toutes parts... J'ai un régime à tenir, à commencer, et même si c'est complètement illusoire, j'ai quand même envie d'y croire cinq secondes. En ce qui concerne l'exploration, je vais mettre en place un système de comparaison. Juste pour moi, faire un palmarès des explorateurs. Qui est le plus grand explorateur de l'année 2002, qui est le plus grand explorateur du monde. En exploration urbaine, je ne cache pas que mon objectif est de devenir le champion mondial toutes catégories (souterrains, immeubles, friches...) Il reste un grand travail à accomplir, notamment du point de vue des publications, mais le nombre des adversaires se réduit de jour en jour... Ce n'est pas dans le but de me vanter, je souhaite atteindre le sommet juste parce qu'il existe, parce qu'il y en a un, parce que l'émulation par le haut n'a rien de mauvais en soi tant que ce n'est pas dans la négation d'autrui. Le jusqu'auboutisme est ma religion. Croire n'aboutit pas à la réussite, mais c'est tout au moins le seul chemin qui y va...

Par rapport à ces désirs, je m'enferme encore plus dans ma bulle. Je ne crois pas que je peux dire à ce jour avoir des amis. L'isolement et la solitude comme idéal. Ce ne sont pas les occasions qui manquent, mais les occasions n'ont pas fait le larron. Faut pas imaginer que je sois harcelé non plus ! Finalement, je crois que je n'ai pas vraiment de valeur et que de surcroît, j'ai un caractère extrêmement mauvais. Ce que je fais est particulier, je ne cherche pas (ou peu) à le partager, on peut considérer ça comme de l'égoïsme, voire de la prétention. Peu importe. Dans ma démarche quotidienne, je cherche à ne pas exister pour les autres. Seulement par le biais de services qui me permettent de rester sauvage. Juste une seconde, le fait d'imaginer un lecteur devant cet écran bleu me paraît complètement déplacé. Je ne comprends pas l'intérêt qu'il peut y trouver - être lu me semble impossible, irréaliste. En contrepartie, je ne sais justifier pourquoi je mets en ligne. Il y a donc un concept d'égalité ! Le lecteur tout autant que le rédacteur se demandent vraiment ce qu'ils foutent ici...

 

5 septembre

Je ne tiens pas mes promesses. Je dis à machin truc que je ferai quelque chose, puis je me retrouve en situation d'échec. Quel est ce processus qui se met en place à chaque fois ? ... C'est probablement l'envie de rendre service. Malgré mon désespoir sur ce sujet là, j'ai du mal à me résoudre à devenir complètement égoïste. Même si je déteste les gens de tout mon coeur, je ne sais pas m'empêcher d'avoir envie d'agir dans leur sens. C'est un comportement complètement contradictoire - c'est cela qui me rend probablement comme je suis, soit un moitié-complètement-dingue... Ce matin, les bestiaux vâgissaient dans ce train de merde. C'est pas nouveau, j'en aurais bien balancé les trois quarts par les fenêtres... "C'est pas nouveau", c'est mon expression en ce moment, c'est à croire que je suis complètement désabusé. La haine déforme les esprits dans un bien mauvais sens - mais c'est de la faute à la vie. Je lui crache à la gueule avec tout ce qu'elle m'oblige à être, peu de gens ont véritablement l'occasion d'être eux-même dans la totalité de leur intégrité. Ca doit être un sacré combat à mener...

 

7 septembre

Journée chargée. Nous partons tôt le matin pour aller visiter UCA à Chênée. Etant un peu en retard, il est juste 9h00 lorsque nous arrivons sur place, il ne fallait pas plus... UCA est une usine en fonctionnement qui retraîte des déchets de cuivre. Ils ont des arrivages de câbles, des restes de bobines, des restes de la construction, etc... Tout cela est fondu puis moulé dans différentes optiques : des plaques, des goutières, des feuilles. L'usine est à l'arrêt le week end. Enfin, arrêt est un grand mot, il s'agit plutôt d'une veille. En effet, les fours gardent du métal en fusion, sous la garde d'une personne assignée à cela. Cette visite a été intéressante car nous avons pu voir les laminoirs, la zone de coupe, le galopant ! et les diverses étapes de fabrication. En plus, c'était le PDG qui nous faisait la visite, ce qui est étonnant. Cependant, il y avait vraiment beaucoup de monde - c'était inévitable ! Globalement, nous gardons un agréable souvenir de cette usine. Deux heures et demi de visite, c'est une grande disponibilité, on ne trouve pas ça partout... Mais il est clair que ce lieu doit vraiment avoir un autre aspect en fonctionnement, ça doit être dantesque !

Après un repas rapide, nous filons vers Kelmis, l'origine historique de cette usine. En effet, au tout départ, UCA provenait de l'exploitation des minerais de zinc et de cuivre de Vieille Montagne. Au musée de la Calamine, un nouveau groupe se forme, nous allons visiter les lieux de l'ancienne exploitation. Résultat : il ne reste vraiment plus rien. Même les haldes sont à peine visibles. Du coup, nous nous ennuyons ferme.

Juste après, nous partons à la recherche de la mine de Schmalgraff. Après une laborieuse fouille du coin, nous ne retrouvons rien. Bref, c'est lassant ! C'est sur une grande fatigue que nous rentrons à la maison, déçus de l'après-midi.

 

8 septembre.

Journée de repos. J'ai enfin le temps d'écrire à Nora :) Ce jour a été l'occasion de peser le pour et le contre de ce que je racontais il y a quelques jours. Finalement, élire le plus grand explorateur, ça n'a pas véritablement de sens. Chacun est le meilleur dans son thème. Il faudrait généraliser l'exploration urbaine, ce qui n'est pas possible autrement que par la réduction. Donc c'est abandonné comme idée...

 

9 septembre

La journée est à l'étouffement. Les choses à faire se renouvellent sans cesse, j'en peux plus. La nuit, je rêve d'habiter dans une montagne, quelque part où in n'y a rien et surtout pas d'humains. Mes souhaits les plus profonds approchent ceux de la mort, cette vie de dingue me déplait profondément. Il faut absolument que je réagisse, je sens une tension qui s'accumule - il est nécessaire d'agir avant que ça casse vraiment. Je vais aller acheter des boules kies, puis je vais essayer de trouver un casque anti bruit. Déjà, ce sera mon sens le plus douloureux qui n'existera plus. Il faut également que je me sépare d'internet, surtout du mail. Je n'aime pas communiquer, il est donc nécessaire que je cesse quasiment complètement d'exister par ce biais. La folie de cette vie ne sait se calmer. C'est un échec de plus. Je ne peux pas aller plus loin de moi, le retour aux sources doit être fait. Mes rêves me font peur. J'habite dans un piton rocheux. Je suis dans un espace vide de sons. Quelques humains passent et je les descends avec un pistolet silencieux. Après cela, je ne prends même pas la peine de leur faire une sépulture. Dans cette habitation, il y a une télévision. Elle diffuse des images du monde d'en bas. Des tours accolées les unes aux autres, dans une fumée épaisse et un bruit atroce. D'autres fois, les rêves me placent dans ces tours horribles. Mon appartement est ultra-isolé phoniquement (des mètres d'épaisseur). Je passe mes nuits à foutre en l'air la cité, par les égouts, les toits. Des pièges, des bombes, des atrocités. Je crois sérieusement que je commence à approcher une limite dangereuse - celle insidieuse d'une folie discrète mais pesante. Je déteste les gens et rien en ce monde est fait pour les gens de cette catégorie. J'ai un peu peur quant à ma stabilité, mais il est encore temps de prendre les devants...

 

10 septembre

Les plus grands voleurs ne sont pas en prison. Skynet est un voleur, un bandit, un truand. Ils m'ont pillé en toute légalité, c'est une honte. Ils affichent des publicités mensongères, leurs arnaques sont bien préparées. Je l'avoue avec joie, tout ce que je pourrai mettre en oeuvre contre ce provider enculé, je le ferai. La légalité ne peut m'aider, mais jamais ils ne sauront empêcher le fait que je viendrai cracher toute ma haine autant que cela se peut. De toutes part, je démontrerai leurs arnaques, sensibiliserai les gens contre eux. Ce ne sera qu'une goute d'eau, mais tout au moins cela viendra en réaction à leur actions misérables.

Ce monde de merde oblige chacun de nous à devenir le plus cruel possible. De toute part, il n'y a qu'une chose qui compte c'est l'argent. Dès que tu en as, dix mille rapaces de merde veulent te le piquer. On te fournit des services de merde mais toi, toujours tu dois payer, sans discussion possible. Il n'y a pas d'autre alternative que la violence. Je hais ce monde de merde.

 

11 septembre

Je ne sais ce que me réserve l'avenir - je crois ne pas être en tort en disant que ça fait vraiment peur, l'instabilité va grandissante. En attendant, je constate que le présent est extrêmement pitoyable. Je vais arrêter la mise en ligne de ce journal durant quelque temps. Ce concept d'immédiateté apporte du trouble en mon esprit, je n'arrive plus à mettre une distance assez importante. C'est grave car le contenu en est modifié - du coup, ça n'a vraiment plus aucun intérêt. Trois semaines voire un mois vont être nécessaire pour reconstruire ce que j'ai bousillé par négligence.

 

13 septembre

La rupture avec le journal est une bonne chose et a apporté du bon, toutefois je me sais en difficultés. La violence n'est que contenue, elle n'est pas éradiquée. Quant au rythme, c'est illusoire de croire que ça pourra aller mieux. Ca va mal et je ne sais pas comment faire pour m'en sortir. La solution plus de mails, plus de net, plus de courrier, plus de ci et de ça n'est qu'une négation d'un bordel que je n'arrive plus à cerner. Je ne sais pas trop comment faire pour améliorer la situation, je me sens démuni. Je crois en fait qu'il s'agit tout simplement d'une normalité qui m'écoeure. C'est comme ça pour tout le monde. Sauf que les autres encaissent mieux que moi...


14 septembre

Journée du patrimoine à Bruxelles. En premier lieu, nous allons visiter les souterrains de la place royale. Il y a trois quarts d'heure de file, tout de suite ça place la motivation à un certain niveau ! Première surprise, c'est ouvert tout le temps aux visites, c'est en quelque sorte une extension de musée. Il y a dans ce lieu un monde fou, c'est l'usine. Des gens tellement partout qu'on ne voit plus rien. Quant aux contacts, je dois me retenir pour ne pas vomir à deux reprises. Bref, c'est un lieu intéressant historiquement, mais ce n'était pas terrible en cette journée. Un lieu qui sera à refaire, c'est évident. Le guide, c'est à peine si l'on pouvait entendre ce qu'il racontait. J'ai trouvé un moyen pour rentrer dans le souterrain par une plaque d'égout (localisée en surface), mais je pense que cela n'a vraiment pas d'intérêt d'y aller par ce moyen.

Ensuite, nous allons visiter l'une des centrales de la stib, celle située près du canal à Anderlecht. Il y a tout autant de monde, mais c'est un peu plus espacé. On ne peut pas dire que c'était méga intéressant, mais il y avait quelques détails qui valaient le détour. C'était de toutes façon un bâtiment que j'avais repéré depuis longtemps, ça a au moins fixé l'esprit sur ce qui se passe là dedans. Ils y fabriquent les aiguillages et des rails courbes. D'après ce qu'on a pu voir, les caves sont dignes d'intérêt. Malheureusement, les accès nous étaient condamnés...

Pour terminer la journée, nous décidons d'aller visiter une dernière fois la clinique St Joseph. Ce fut désespérant. Les lieux ont été saccagés. Il y a des bris de verre partout, des morceaux de murs éclatés au sol. Quant aux vitraux, ils sont en lambeaux. Il y a même des tags dans la chapelle. Ca illustre parfaitement la connerie générale des humains. Dès qu'il y a un truc intéressant, il faut que ce soit massacré.

Si je vais aussi mal, c'est parce que je suis écoeuré de constater que les gens sont cons dans l'immense majorité des cas. Quand je commence à m'en occuper ou croire que ça peut aller mieux, ou bien même penser qu'il y a des coins où la bêtise ne règne pas, alors je pète les plombs comme il y a quelques jours. La vie quotidienne se transforme en haine délirante, pleine de frustrations. Je hais les gens, les institutions, la télévision, la radio et les habitudes.


17 septembre

Ce dont je rêve, c'est de ne pas être lié aux gens. Je rêve d'une solitude assez importante - mais pas complète. Je n'aime pas être impliqué dans des histoires, je n'aime pas également qu'on parle de moi (parce que j'ai une faible estime de ma personnalité). En finalité, je suis reconnaissant envers un nombre très restreint de personnes. Les autres ne reçoivent qu'une haine aveugle et complètement stupide. Je n'essaie pas de progresser parce que je suis révolté contre l'aspect de notre société hypocrite basée sur l'argent.


18 septembre

J'apprends par hasard que la cataliste est en train de se casser la g. C'est à croire que le fait de constituer un groupe cataphile sur Paris relève de l'impossibilité. C'est habituel, c'est tout le temps comme ça. Les participants sont probablement trop cons. Ici, je savoure mon isolement. Ca fait bien longtemps que je suis lassé de ces histoires. Il n'y a pas d'espoir en région parisienne pour un avenir cataphile.

En attendant, je prépare activement le transfert de mes sites internet. Lycos est vraiment trop pénible avec ses pubs merdiques. Au revoir les têtes de noeud. Quant à internet, c'est à peine si j'ai envie d'en entendre parler en ce moment. Ce qu'on nous assène est trop mauvais dans son fondement. Le goût de l'argent, les casinos, les débauches de cul et de fumette. C'est à croire que je suis devenu réactionnaire dans un monde qui a perdu ses repères...

 

19 septembre

Quand je constate que Papon est libéré, je me dis que ce monde est véritablement absurde. En fait, si tu es un bandit, il faut l'être à fond. Tuer 100 personnes, c'est pas assez, voler 4000 bagnoles, idem. Par contre, tues-en 100000, alors tu as toutes les chances d'attendre ton jugement sur la plage avec un pastis. Cette société me révolte, je n'ai vraiment plus envie d'en entendre parler.

Ce matin, j'allais chercher une couque au beurre. La vision de Rixensart à 7h30 m'a écoeuré, c'est abominable. Un caractère absolument inhumain, les voitures défilent dans un bruit et une pollution épouvantable. Ca donne vraiment une impression d'atrocité. J'imagine que la bourgmestre Jacqueline Herzet doit se lever trop tard pour pouvoir jeter un oeil à son Avenue de Mérode... Parce que pour dire que son village est un lieu agréable et valloné, faut quand même aller chercher loin... A Rixensart comme dans bien d'autres villes, la gestion communale est un véritable foutage de gueule, à la limite de la provocation.


20 septembre

Vendredi soir a été la journée de l'échec. Depuis combien de temps je dis que je n'arrive plus à tenir le rythme ?... Et bien vendredi, je suis tombé. Voilà.
Ca a commencé par un vertige, j'ai un peu perdu l'équilibre. Ensuite, je perdais carrément tous les repères, alors j'ai décidé d'aller me coucher, même s'il n'était que 19h30. C'est 18h30 heures plus tard que je me suis réveillé. J'ai mangé à quatre heures du matin, puis je suis retourné aussi sec au lit.
Les sources de ce malaise, je n'ai pas besoin de les lister, je les connais par coeur, j'en ai déjà parlé 10 fois.

Et lundi, on me prend la tête, tout ça parce que j'en ai marre de subir une agression incessante et que pour une fois, je gueule qu'il y en a assez... Je me demande comment ça va évoluer, je me sens dans une situation sans issue du point de vue pression, toutefois je ne suis pas reparti à fond la caisse, cela peut constituer un semblant d'espoir... C'est un peu le mystère, mais il est certain que c'est un tournant décisif. C'est maintenant ou jamais.


23 septembre

Après une semaine délirante d'absence internétique, me voici de retour... Avec un bon vieux windows bien pourri, waow... Ca fait plaisir de retrouver sa belle vieille daube... En fait, ça fait maintenant pile une semaine que je m'arrache les cheveux sur une suze linux absolument gerbante. Ca a l'air très bien certes, mais cela fonctionne t'il de temps en temps ? Installer un winshit, faut deux heures avec toutes les winmerdes qui vont avec. Linux, en une semaine, tu as quelque chose qui ressemble à un amas infonctionnel. Rien que pour configurer ppp, faut
deux plombes et avec ça, on te demande si ton modem fait de l'urticaire si on lui propose des fraises des bois au repas. Bref, je suis déçu, je m'attendais à mieux. Comme serveur ou outil de développeur, ça semble intéressant, mais dans une utilisation quotidienne pour des bêtes trucs, ça parait pas idéal...

Sur ce, j'apprends plus ou moins par hasard que la cev est en difficultés. (C'est le regroupement de diaristes francophones). Je me demande quel va être l'avenir de cette association que je juge intéressante. J'espère qu'ils sauront faire les bons choix, parce que c'est loin d'être évident. L'écriture des diaristes laisse vraiment très souvent à désirer, surtout par le manque de franchise et d'ouverture manifeste. Ils se font des pseudos délires paranos misérables, régulièrement, ça ne reflète pas une vie mais une imagination. On verra bien... C'est pas mort (comme le cercle) donc c'est déjà ça.

Dans les nouvelles également, le décès plus ou moins proche de la cataliste se précise. La cataphilie en région parisienne n'a pas de sens à cause de l'égoïsme assez répandu dans cette population. C'est pourtant étrange que ce groupe soit touché, parce que dans l'ensemble, c'étaient des types ouverts et intéressants. A croire qu'il suffit de peu de choses pour que ça rate, ou bien que c'est un gout prononcé pour le ragot. Placé entièrement en dehors de ces bêtises, j'avoue que je m'en fous. Un peu comme le Cahu qui ressurgit quatre ans après un courrier. Désolé mon vieux mais c'est trop tard... C'est comme si un employeur te contactait avec plusieurs années de retard...

En attendant, je pense que je mets un terme à un chantier terriblement merdique. Mes sites sont maintenant transférés chez Free grâce à Xavier Niel. C'est un changement de pointure assez terrible j'avoue ! (le transfert de 1500 fichiers sans plantage, c'est quand même beau !) Bref, j'ai presque fini, l'espérance que d'ici peu, ça ne se verra plus. On dira que tout ce que j'ai contruit jusqu'ici était la version 01. La suite ? Je ne sais pas... Probablement... Mais pas tout de suite.


24 septembre

C'est donc un échec total. Je ne m'en sors plus. Pour sauver ma peau, j'ai déjà agi plusieurs fois, ça veut dire que je casse tout. Seulement, ça ne mène à rien de nouveau, et j'ai vraiment pas envie de recommencer ces bêtises. Je ne m'en sens pas l'énergie. Je ne sais plus comment faire pour m'en sortir. Ca devient extrêmement récurent... Je suis tellement explosé par le quotidien qu'il n'y a plus rien qui fonctionne. Je suis malade, improductif et aigri. Je laisse tomber... Peu importe ce qu'il se passera, je ne crois plus en aucun avenir.

 

28 septembre

Le voyage de Chihiro au cinéma de Rixensart, c'est une belle occasion ! Avant le début, on nous abreuve de Walt Disney Company of Shit. C'est d'un pitoyable assez exceptionnel. Ils ne sont toujours pas sortis des gags lourdingues du mec qui tombe, de celui qui se mange une tarte à la crème dans la figure. C'est probablement de l'anti-américanisme primaire ce que je dis là... Enfin, c'est tellement du déjà vu maquillé à la sauce commerciale... Ce qui allait suivre avait nettement une autre allure...

En effet, ce dessin animé japonais au contenu extrêmement dense a donné un bol d'air étonnant. Au fond, c'était un pari risqué, car c'est un remake d'Alice au pays des merveilles, cela aurait pu être complètement plat. Or, le sujet est traîté sur un fond très moralisateur, sans que cela tourne au jugement. Par exemple, il y a un esprit de la rivière qui est malade. Le guerissant, Chihiro se rend compte que c'est parce que dans son corps, il portait des tonnes de déchets : vélo, bidons, mitrailles, etc... En plus de cela, il y a une imagination hors du commun. Les personnages sont attachants, rigolos, a double triple personnalités. Il y avait un sans visage atypique. Celui ci n'était pas mauvais dans le fond, mais la société de consommation le rendait très dangereux, retors et malsain. Bref, je ne souhaite pas rédiger des kilos de commentaires sans intérêt. Je crois que l'humilité est de mise, un grand bravo pour ce bel exploit.

 

29 septembre

Les jours passent et je crois qu'on peut dire que ça va mieux côté mental. Cette semaine a été une explosion au travail. Il fallait que je sois 800 pour réussir à assumer la charge de demandes. Du coup, j'ai éclaté, n'en pouvant véritablement plus. Je me suis dit que si vraiment ça allait trop mal, je leur tirerai la langue et puis basta. Ca ne me fait pas peur de devenir vendeur de fromage ou de café ou de n'importe quoi - enfin, un truc con. Si je suis en Belgique, c'est pour deux raisons très précises. Or, il se trouve que le travail vient détruire totalement ces deux aspirations une grande partie du temps. C'est à dire que je suis surchargé, donc je n'arrive plus à faire face normalement. Du coup, je suis épuisé et je porte en moi une charge malsaine qui s'extériorise par un très mauvais caractère.

Ainsi, cette semaine, je leur ai fait comprendre que si des situations comme celles ci se reproduisaient trop fréquemment, il y a des alternatives. Parce que c'est vrai aussi qu'il faut leur dire, ils peuvent l'ignorer parfaitement - ce qui d'ailleurs semblait être le cas. Egalement, cette semaine, j'ai cessé d'arriver beaucoup en avance, ce que je n'avais jamais fait jusqu'ici, (faut dire que j'avais trop besoin de repos). Mais la semaine prochaine, je reprends le rythme habituel, le matin est calme et j'aime ces instants. Ces démarches n'ont pas été anodines dans le cheminement, je me sens moins mal aujourd'hui.

Ce matin, promenade au matin dans les bois. L'échéance du concours photo approche et je ne suis toujours pas au niveau... Je commence à me demander si je vais réussir à présenter quelque chose... Mais faut essayer !

Sinon, cette semaine a été l'occasion de bonnes découvertes musicales. Telenn Gwad, un groupe russe de musique celtique. D'après les dires, il parait que ça n'en est pas... Peu importent les classements ! C'est une musique très calme, sans percussions, juste contrebasse, guitare, flute, harpe celtique et très belle voix. malheureusement, ils ne sont en concert qu'à Moscou... Je n'arrive pas à ressortir des groupes traditionels de Croatie également. Il y a notamment Trenk qui propose un contenu très intéressant, même si ce n'est pas facile de rentrer dedans à la première écoute. Je crois que je suis influencé principalement par les chants de l'Istrie. Les bazars de Slavonski Brod m'intéressent un peu moins...

 

 



Extrait de documentation sur le Kuzbass, remplissant mes bibliothèques


3 octobre

Pouh, et bien ça va beaucoup mieux ! La fatigue se résorbe peu à peu... Une nouvelle technique qui fonctionne bien, je pense que je vais la conserver : je me fous de tout. Au travail, on cherche à m'éclater sous la charge de réparations ? Allez-y... Ca ne sera plus ça qui me rendra malade. Je n'ai pas quarante six bras, tant pis si ça prend 5 semaines. Pareil pour les courriers, le téléphone, les factures et tout le quotidien. Je ne suis pas à la hauteur hein ! Bah c'est bien, je m'en contrefous. Je demande rien à personne. S'ils sont pas contents, qu'ils aillent voir ailleurs.

Du coup, la respiration redevient presque normale. J'ai même commencé à retaper X. Correction orthographique et grammaticale (des montagnes), mais rien n'est encore en ligne comme je devrais le faire... Mais c'est pas une catastrophe. Je le ferai... Il y a un progrès considérable, c'est que la trame est au point maintenant, l'histoire est conçue dans les moindres détails. Il ne reste qu'à passer à l'attaque, soit écrire et dessiner ! Ca me plaiît beaucoup...

La période est à une recherche assez intense sur les productions du studio Ghibli. Ce sont eux qui ont pondu Mononoke, Chihiro, Totoro et similaire. Je me fais une intégrale parce que je trouve leurs animations originales et interressantes. Toutefois, je ne pense pas que ce sera un investissement durable. Je ne ressens pas une attirance au point de continuer les recherches sur d'autres animes du genre Akira. C'est spécifiquement Miyazaki qui m'intéresse, uniquement parce que celui ci propose un fond qui approche mes aspirations profondes. Il conçoit que le monde actuel est complètement fou, les autres mangas n'abordent pas ce thème de la même manière (c'est moralisateur ou grossier, ou complètement décalé avec la réalité). La base de tout, c'est que ma vie ne doit pas venir abîmer celle des autres. Quitte à ne pas exister (ce qui est très souvent le cas pour moi, puisque je suis mort pour beaucoup), je ne veux pas le mal mais le bien. C'est pour cela que je ne tue pas. Un cloporte dans la baignoire, je le prends et le dépose sur le rebord de la fenêtre. Il n'y a que les moustiques que j'éclate, question de survie ! C'est probablement très naïf, mais c'est en ce respect que je me sens bien. La nature n'est pas complètement tarée comme nous. Lorsque je perds l'équilibre, je souhaite la mort de tout, surtout des humains. C'est souvent...

Cela est également l'occasion de compulser pas mal d'oeuvres de Joe Hisaishi. Il a un style assez particulier, je crois qu'on peut dire que c'est tout le temps la même chose. Mais bon, ça reste bien agréable. La bande son de Sen to Chihiro no kamikakushi est bien dans son style, il y a un morceau délirant avec un chant traditionnel nô placé dans un référentiel complètement décalé (musique moderne). Le dernier morceau quant à lui est émouvant, malgré sa complète simplicité : Itsumo nando demo. Bref, l'activité culturelle reprend doucement ;-) A ce titre, Hisaishi tient un journal en ligne, c'est rare. En plus, il est mis à jour régulièrement. Mais celui ci n'est pas très facile à comprendre...



6 octobre

Temps incertain en matinée, beau et griffus en après-midi. Ce jour était l'occasion de faire un retour à Buda. J'avais visité trop rapidement la dernière fois, et puis S ne connaissait pas. Cette fois ci, y'avait personne. Pas un chat, pas de Rudy, même pas de pigeons...

Sur la route, nous jetons un oeil à Fobrux, la fonderie qu'avait localisé S. C'est bien fermech donc on insiste pas. Elle a l'air glauque - pas palpitante, mais disons qu'elle a la couleur locale atrocement gerbifiante ! Au passage, nous en profitons pour visiter le bateau abandonné sur le canal. Il est beau mais la pourriture commence à le ronger. C'est dommage... J'en profite pour dire que CFI, c'est fini. C'est complètement rangé. Finalement, il y a plein de bazars qui ont disparu. Bruxelles reprend peu à peu un visage moins glauqué ? Bouh, c'est dommage... Cette semaine, je dois aller dans le quartier Madou, je n'ose pas imaginer ce que je vais voir... Ca se trouve, la tour Getronics est neuve flambante...

A Buda, rien de changé. Sauf au moment de manger, je m'exclame : mais la tour de bois a disparu, elle s'est gauffré !!! En fait non, elle était
cachée derrière une autre. M'enfin, Buda c'est sans mystère, ça n'attend que ça de se vautrer ! Y'a des piliers de béton, on se demande comment ils sont encore en l'air... Quant au nombre de pavés qui sont tombés des tours, c'est impossible à énumérer...

Bref, Buda, c'est sale et vraiment en sale état ! Y'a du coke partout, puis des ppni au sol (des poudres pulvérulentes non identifiées). D'un
point de vue échelle de Knutange, on est facile à 3,5. Manquent quand même les odeurs atroces ;-) Malgré cela, on a ramené un chouette dessous de plat. C'est une dalle de charbon (ou de coke spécial ??) Un carré de 20 centimètres, lourd comme de l'acier et bien strié. Ca fait joli parce que c'est tout lisse avec des relets bizarres ! Je l'ai testé ce soir, c'est super bien ! Un brol de plus !

On a trouvé un plan complet des installations. Y'a plein de mots bizarres ! C'est fou le nombre de voies qu'il y avait, une véritable gare de triage... On repart de là sous un beau soleil, c'est pas désagréable. On va alors voir ce que nous avait signalé le mec "foudurail", soit les piles du pont du ring. Il parait qu'on peut grimper dedans. Sur place, on en trouve en effet des plus épaisses qui ont des formes bizarres en
haut. On arrive à grimper dans une pile plus maigre, mais ça ne nous permet pas d'évoluer dans la totalité du pont, qui je le signale au passage fait 500m de long pour facile 20 de haut. La grimpette est atroce, ça résonne fort et les barreaux font mal aux mains (sans compter
les araignées ! enfin bon, oui je sais, je suis un râleur...)

Sur le chemin du retour, on visite une maison abandonnée pas désagréable. Mais quand je trouve des emballages médicinals pas ouverts avec un sigle nucléaire dessus, je me dis que c'est pas complètement super...

Au soir, eau noire au lavage ! Bien crevé. Ce fut une belle journée.

 

7 octobre

Le quai de Rixensart, c'est comique, mais c'est quand même pas un sommet comme le quai de Berlaimont. (La France, c'est Aulnoye-Aymeries. Un égo surdimensionné, basé sur des coutûmes qui datent de la première guerre mondiale et puis des gens bêtes qui conduisent comme des ordures avec des voitures qui font du bruit et qui passent leur soirée devant Lagaf vomissant ses insanités vulgaires). Bref, pas mécontent d'avoir quitté ce pays de coqs, les pieds dans le fumier. On peut pas dire qu'en Belgique, c'est beaucoup mieux. Juste un tout petit peu... C'est déjà ça.

Sur le quai de la gare de Rixensart, il y a les deux filles tristes. On dirait que toute la vie les emmerde. On a envie de les prendre et de les secouer, rien que pour voir ce que ça donne... Ensuite, y'a le cadavre. Un vieux mec horrible qui passe près, beaucoup trop près (l'espace réglementaire européen n'est pas respecté !) Un autre cas à part, une "toute petite" englishophone qui parle tout aigu et qui semble à chaque fois heureuse : ça dépareille mortellement parmi les épaves maussades !
Le reste... beaucoup d'emmerdeurs. Ceux qui fument surtout. Ils sont partout, dans un manque total de respect. Un truc étrange aussi, dans la salle d'attente : une personne se lève, et bien tous les autres se lèvent aussi, même si le train n'arrive pas. Ce sont des méga stressés ! Beaucoup ne connaissent pas la lenteur.
Je critique beaucoup... Oui c'est vrai, j'adore ça !

 

8 octobre

Au niveau de la gestion du temps, ca c'est reconstitué en complète catastrophe. Depuis une semaine, tout semblait aller mieux. C'est redevenu le chaos. Une chûte extraordinaire, créée par un concours de circonstances. Si je ne fais rien, ce sera l'explosion dans très peu de temps. Je ne souhaite vraiment pas que ça en arrive là, donc je vais devoir prendre les devants... Je hais ces situations, en somme je crois que je hais véritablement de tout mon coeur la vie qu'on nous concocte. C'est affreux de constater qu'on a si peu le choix et que ce sont toujours les mêmes qui s'en foutent plein les fouilles...

Hier soir, je me suis tapé Kunerai no nata. C'était quand même nettement plus intéressant que le navet que je me suis mangé ce week-end : hotaru no hata. Un mélodrâme poussé à l'extrême. Ils en font tellement que ça en devient pitoyable. Tu as envie de dire : bon allez, arrête un peu le cirque, c'est nul ! A un moment, j'ai coupé, en me disant que c'était vraiment bidon. Mais ça m'a énervé, alors j'ai quand même regardé le bazar jusque la fin. Quand ce n'est pas Hayao Miyazaki, ça se voit...


11 octobre

Il y avait en ce jour un coktail donné à l'ERM, l'école royale militaire à Bruxelles. J'ai été à cela, ce fut une catastrophe. Le fait de voir des teutons à chaque coin de rue m'a rendu à moitié malade de peur. En généralisant un peu je le conçois, je me rappelle que ces gens ont totalement détruit un an et demi de ma vie. De ce fait, je ne sais plus voir un militaire sans avoir l'envie de détruire... Chirac est un abruti certes, mais au moins il a fait cesser cette idiotie de service militaire obligatoire.

Une fois arrivé sur les lieux, plus ou moins avec encombres, la peur fait place à la désespérance. Il y a des gens, plein de gens. Trop. Du coup, j'ère maladivement n'importe où, complètement perdu. J'ai l'impression que tout mon corps veut vomir. Cela m'était arrivé dans une gare il y a quelques années, à Lille Flandres. Tellement de gens, j'ai dégueulé... Charmant... Bref, ce bazar fut un échec total. Bien dommage car les bâtiments de cette école sont très beaux.

Au rond point Schuman, j'ai repéré une partie de banque abandonnée. Oui... Mais ça j'irai pas ! Pas encore complètement fou !

Au soir, je m'interroge une fois de plus sur la nécessité de continuer ce journal. je n'ai pas encore trouvé d'aboutissement. Un seul changement toutefois, je ne rechigne plus à le montrer au travail, dans des proportions extrêmement restreintes toutefois. C'est je pense du au changement de mentalité de ces dernières semaines. Ils m'ont tellement sollicité, maintenant je me fous largement de pas mal de choses chez eux. Je me suis dit que finalement, faire vendeur de chocolat ne me dérangeait pas. S'ils poussent trop loin, c'est ce qui arrivera...

Quant à ce journal, il est rédigé continuellement de la même manière, cela depuis des années. J'écris généralement les textes dans le feu de l'action. c'est à dire que pour un évènement X, la rédaction intervient souvent dans les 12 heures qui suivent. Je n'aime pas rédiger longtemps après, parce qu'alors le contenu change. J'écris dans des fichiers txt. Ensuite, pour finaliser, je colle dans le htm puis j'envoie sur le serveur. Je n'utilise aucun programme perfectionné. Pas de word, pas de css, jamais de photos non plus dans le texte. En fait, je trouve que d'écrire sur ordinateur est déjà une grande concession, on ne peut vraiment pas dire que le contact est le même avec le papier...

Sinon, d'une manière générale, je suis franc dans mes textes. Je ne constitue pas de romans à la noix. La seule chose qui peut paraître étonnant, c'est que je ne parle pas des éléments qui me sont vraiment importants. Il y a deux raisons à cela. D'un certain côté, je ne veux pas livrer ça à des internautes, mais il est de fait que même sur papier et sous clef, je n'écrirai pas ces choses là. Je n'aime pas parler. Une introversion poussée à l'extrême (et oui, une contradiction là depuis longtemps). La deuxième raison étant que je n'ai pas grand chose de vraiment important - mis en exergue depuis longtemps aussi que je me fous quasiment de tout. Je ne suis pas un fanatique de femmes comme le sont quelques-uns par exemple... Je reconnais tout à fait que certaines sont jolies, de là à en faire une fixation obsessive, y'a du chemin à parcourir... C'est un exemple parmi d'aautres...

En finalité, je pense que ce journal me reflète, mais dans sa globalité. Je crois que je suis une personnalité assez instable et peu fiable. Du coup, il n'y a que sur un an que ça peut prendre un sens. Sinon, ce sont des flash sur des périodes qui sont peu représentatives.
Les éléments qui me sont importants sont liés à l'intérieur : protéger sa fragilité avant tout. Du coup, peu de gens y sont véritablement admis. Ces gens me sont primordiaux, malgré le fait que je déteste la terre entière. Il y en a deux.

Au soir, on regarde par hasard le journal télévisé français. Ils ne parlent que de la France. La FFRANCE n'est-ce pâs ! C'est un grand pays, grand rayonnement culturel. Cela image parfaitement ce que je veux dire quant à l'égocentrisme de cette nation.


12 octobre

Nous avons profité de l'anniversaire de la jonction Nord-Midi pour visiter les arrières de la gare centrale de Bruxelles. Celle ci possède en effet un important patrimoine souterrain, dont la majeure partie est noyée. L'entrée, je l'avais déjà repérée il y a longtemps. Cependant, c'est une porte blindée qui saurait résister aux attaques répétées d'un diplodocus en rut...

A l'intérieur, ce sont des galeries assez larges mais pas bien hautes, entièrement en structures béton. Ce n'est pas fort glauque. En fait, ce qui d'habitude sert d'accès pompier est décoré d'anciennes affiches ferroviaires, ça fait bien. En une demi heure, on en fait le tour. Ca donne une indication du volume de vide. En fait, les associations locales ont profité de l'occasion pour décorer les lieux. Je pense qu'ils ont bien compris le thème. La musique était grave, industrielle et opressante. Juste ce qu'il faut pour donner une ambiance dans un truc qui finalement n'est pas très intéressant. On a pu toutefois identifier des bazars qui donnent en surface. Au vu du nombre de portes fermées, y'a du potentiel ! On a pu également voir ce
qui partait sous l'eau, ça ressemble un peu à des rampes de parkings souterrains. Ils ne pompent pas parce que ça viendrait affecter la stabilité de bâtiments en surface. Quel gâchis !

Par la suite, nous filons à Chapelle pour aller prendre le train à vapeur ! Derrière est couplée une motrice nettement plus classique, parce qu'ils ne veulent pas en-vapeurer les tunnels de central ! Donc à certains moments, la motrice pousse. Par chance, on me permet de monter dans la motrice. N, un passionné m'explique le fonctionnement et me fait visiter les lieux. C'est assez impressionnant, les ventilateurs font beaucoup de bruit ! Je n'ai pas tout compris ce qu'il disait, sur les shunt par exemple. J'imagine que c'est normal...

Pour terminer, nous allons visiter le salon royal. C'est une loge où se rend le Roi lorsqu'il va prendre le train. Autant dire que ça doit pas être souvent utilisé !! Nous avons appris aujourd'hui qu'il a sa gare à lui tout seul, située juste à côté de Bockstael.

Bref, c'était une visite assez enrichissante, surtout par le fait d'aller derrière ce qu'on fréquente souvent. La gare centrale est un beau labyrinthe, toutefois il apparaît comme certain qu'il en reste beaucoup à voir... Le trajet aura été l'occasion de localiser un nouveau bâtiment abandonné, non loin du min.


15 octobre

Ils se tiennent la main et marchent en silence / dans ces villes éteintes que le crachin balance / ne sonnent que leurs pas, pas à pas, fredonnés / ils marchent en silence, les désespérés.
Ils ont brûlé leurs ailes, ils ont perdu leurs branches / tellement naufragés que la mort parait blanche / ils reviennent d'amour, ils se sont réveillés / ils marchent en silence, les désespérés.
Et je sais leur chemin pour l'avoir cheminé / déjà plus de cent fois, cent fois plus qu'à moitié / moins vieux ou plus meurtri, ils vont terminer / ils marchent en silence, les désespérés.
Et en dessous le pont, l'eau est douce et profonde / voici la bonne hotesse, voici la fin du monde / ils pleurent leurs prénoms comme de jeunes maries / ils marchent en silence, les désespérés.
Que se leve celui qui leur lance la pierre / ils ne savent de l'amour que le verbe s'aimaient / sur le pont des plus rien, une brume légère / ca s'oublie en silence, ceux qui ont espéré.


16 octobre

C'est le feu, vraiment ! Un assassinat. Je ne sais pas comment je vais tenir, je ne sais pas comment je tiens. Je ne prends plus de plaisir à la vie. Comme originalité cette fois ci, c'est la vie professionelle qui explose tous les palmares. Je rentre le soir complètement lobotomisé. Puisque ça tient ainsi depuis des années, ça tiendra bien encore un peu. Mais je ne sais pas pourquoi je laisse ces choses filer ainsi. Ma vie m'échappe.

Il y a toutefois un point positif, c'est que ce qui me touche au plus profond reste là. Y'a beaucoup de vent, beaucoup de bêtise aussi de ma part (incalculable). C'est en cela probablement que je résiste. Sinon, je serai parti une fois de plus, peut-être plus loin encore... Je recherche le repos. Que ceux que je hais me pardonnent.

Passant tout à fait à autre chose, le week end dernier fut l'occasion pour visionner Totoro, la première production de Miyazaki. C'est tout simplet mais on sent déjà le bonheur qui habitera la suite. Au terme de cette intégrale, je suis absolument charmé par ce réalisateur. Disney and dollars ont du travail pour remonter le niveau...


18 octobre

La semaine a été émaillée de beaucoup de commentaires sur les femmes. Il faut dire que je suis dans un univers d'informaticiens, donc c'est loin d'arranger les choses. J'ai un peu du mal à dire ce que je pense des femmes car pour moi, cela revient à émettre des généralités. De tout cela, il y a au moins une chose clairement définie, je déteste la vulgarité communément affichée partout.

En quelques mots, je crois que je déteste vaguement moins les femmes que les hommes, peut-être parce que plus régulièrement, elles ne deviennent pas dingues devant une voiture, un match de foot... Encore que cela reste à confirmer... Je les hais toutefois parce qu'elles sont humaines. Chaque humain est pour moi un obstacle, un danger, un emmerdement.

Par rapport à cela, les déductions s'enchaînent facilement. Je ne suis pas un dragueur, je ne vois pas en chaque femme un peut-être, je ne suis pas vraiment attiré par le sexe. Je suis par contre admiratif devant l'esthetisme. Une femme a un plus joli corps qu'un homme, les hommes sont franchement hideux avec leurs bistouquettes qui pendouillent. Cependant, c'est une mauvaise époque, elles sont souvent traumatisées par leur silhouette. Ca entraîne des excès, les planches à pain affluent !

Une fois de plus, on en concluera que je suis en décalage avec la masse. A mon avis, c'est volontaire. Je déteste tellement les gens, si je commençais à trop leur ressembler, je me foutrais sous un train... Du coup, ces décalages sont formés par mon esprit de manière quasi volontaire. Simplement que je ne m'en rends même plus compte.

Ce soir, nous avons été au cinéma voir un vieux brol : la première folie des Monty Python. Je ne connaissais pas du tout, ce fut un assez grand étonnement. En fait, ce n'est pas un film, c'est une série de collages burlesques s'enchaînant à grande vitesse. Il y a beaucoup de bonnes idées, mais le rythme est tellement soutenu qu'on en ressort complètement décomposé ! L'esprit n'a pas le temps de se reposer. Ce fut une bonne occasion pour réviser l'anglais, ce qui au départ était le but.


19 octobre

La période est à un nouvel essai. Quand je pense à la vie qu'on mène, quand je pense au bruit qu'on subit, quand je pense qu'une bagnole pas trop pourrie rejette 140 grammes de CO2 dans l'athmosphère, quand je pense qu'on se ravage la vie au travail... Non, non... La vie n'est pas là.

Bref, je change un peu de regard. Le boulot, si je le perds, rien de grave, j'irai vendre du café. Cela arrivera ? J'en suis de plus en plus convaincu. J'imagine que par radinerie, c'est d'ailleurs ce qu'ils cherchent. Quant au quotidien, je vais finalement essayer de cesser de foncer tout le temps. Il y a trop de temps passé devant l'ordinateur, pas assez d'instants consacrés à la qualité de vie. j'ai ravagé ma vie dans un but de production : site internet, mails, journal, courriers, photos, musique... C'est certainement faire un bond en arrière assez phénoménal mais tant pis. Le mal être commence à prendre des racines trop profondes. Ca fera probablement du bien de savourer un thé ou un café, prendre du temps à cuisiner, à apprendre les plantes et aimer ce qui est encore un peu naturel.

Du coup, j'ai modifié ce que je ne savais plus encaisser. Avec un maping tout simple, j'ai relooké les pages les plus anciennes de mon site afin de ne vraiment plus avoir à y retoucher. Je ne pense pas que je les modifierai encore, puisque la France ne m'intéresse plus. Il me reste deux trois bêtises à faire mais dans l'ensemble, je crois qu'un train de vie moins dégradé prend forme. Au travail, cela ne se constitue pas sans heurts, on verra jusqu'où ils pousseront.

Bref, j'espère ne pas avoir à reparler de malaise mais j'en doute franchement. Je crois que ces démarches ne pourront qu'alléger le fardeau, ça ne le tuera pas. Ce sera déjà ça de gagné et c'est beaucoup...


Ce matin, nous avons été à la maison des arts de Schaarbeek pour aller voir l'exposition photo de Christophe Mincke. C'est un type qui photographie avec des techniques un peu particulières des lieux abandonnés. Les résultats sont parfois intéressants. On a un peu discuté, il est probable qu'on ira visiter quelques glaucosites d'ici quelques temps. Il habite à Hoeilaart, décidément on est tous dans le même coin !


Cette semaine a été l'occasion de la redécouverte de Rada i tchernobichk. Au départ, j'avais été choqué par le manque d'harmonie de ce bazar. La musique est relativement simple sauf... que la madame chante souvent complètement autre chose. Franchement, ça donne un résultat bizarre, un décalage qu'il faut savoir supporter ! Et bien là dernièrement, j'ai mis la main sur deux albums complètement différents. C'est un espèce de folk-rock à la russe, harmonieux et tout juste un peu bizarre. Même la couverture n'est pas moche ! Ca reste loin d'être fondamental, mais la connaissance de ce thème apporte un savoir non négligeable - de ce que je connais, personne n'a jamais tapé dans une conception de ce genre. zappa avait imaginé des déconstructions, cependant il n'avait pas poussé jusqu'au bout.

Cet après midi, nous avons été prendre un maragogype à Samoka, avec un bon gâteau au chocolat. Ce fut un petit instant de bonheur qui a renforcé mon cheminement actuel. Je me demande ce que je vais écrire dans un mois - si j'écris toujours ;-) Finalement, je ne fais que suivre ce que je rêve. Chaque nuit, je suis en montagne, dans des espaces solitaires et non pollués, loin de la folie des gens. Ma vie est une solitude qui rejette ce que la société préformate pour nous.


Ce matin, j'ai repéré par hasard un restaurant croate sur la chaussée de Laeken. Il s'appelle le Plitvice. Le menu a l'air fort attirant ! Faudra aller tester ça... Cela me donne l'occasion de parler d'obeskana zemlja, un groupe de rock que j'écoute souvent en ce moment. Il est agréable finalement de se dire que pour une culture donnée peu connue dans son pays d'origine, on va aller explorer toute la musique. Vaste chantier bien sûr, mais cela est enrichissant. C'est là qu'on se rend compte à quel point on est rien, les groupes inconnus foisonnent de toutes part. De visu, si je pose la question : tu connais quoi comme groupes serbes ? Bah... pas des masses et à vrai dire c'est normal. On a un peu tendance à ignorer cela, parce que cela ne parait pas essentiel dans notre culture occidentale. Or l'approche musicale approfondie d'une autre communauté ouvre l'esprit à des conceptions complètement inconnues en nos pays. De plus, les sonorités liguistique sont souvent fortes. Comme on ne comprend pas tout, on se focalise sur chaque variation bizarre. Trenk m'avais beaucoup appris sur ce coup là, Zejanski aussi et je pense que ce n'est pas terminé. On a beaucoup à prendre, même de là où ça parait peu concevable...


20 octobre

Petite virée au cimetière d'Hoeilaart, pour aller retrouver ce que Christophe avait pris en photo. Résultat : complètement bredouille ! Il y a certes des belles vieilles tombes recouvertes de mousse et à moitié cassées, mais pas d'écritures effacées par le temps. Enfin si, mais il n'a pas été possible de le retrouver.
Ensuite, ce fut une recherche d'usine dans les broussailles. De la même manière, ça ne s'est pas couronné de succès. Pourtant, on la voit bien du train...

Sur le chemin du retour, j'ai acheté quelques grappes de raisin à Overijse. C'est l'une des spécialités de la région, mais ils n'en font pas de vin. C'est uniquement pour de la dégustation. Sur le retour, le lac de Genval était encombré de partout de petits vieux béretisants. On se serait cru au parc de Vincennes !


27 octobre

Jour de tempête un peu partout, on en a profité pour aller à la mer faire des château de sable, waouh ! Départ assez tôt le matin pour Blankenberge. Le trajet est loong long... mais ça aura vallu la peine... La ville est secouée par un vent assez fort, c'était rien par rapport à ce qui attendais derrière l'escalier - car derrière, c'est la plage. Et quel bazar !! Le vent chariait le sable, ça faisait comme des nuées. Le sable, emporté à toute vitesse, s'élevait jusqu'à trente ou quarante centimètres. Ca fouaitait sec les jambes. C'est sans parler du visage, des oreilles, des mains... Impossible de faire face, un seul sens : le vent dans le dos. Du coup, on a été jusqu'à Zeebruge !

La mer était bien démontée, mais il parait qu'à Oostende c'était bien pire, à cause de digues sur lesquelles la mer se fracassait. A un moment, nous avons aperçu des goëlands qui résistaient tant qu'ils pouvait, les pattes campées au sol, le corps placé en aérodynamisme. Etrange à voir... Ces bêtes oiseaux ne pensaient même pas à se mettre à l'abri derrière un mur...

Au retour, le train fut aspergé de sable, une véritable montagne ! Même la douche n'a pas réussi à venir à bout de la tornade, il y en avait encore dans les oreilles ! Ouargh !
Le soir, j'avais comme des lunettes autour des yeux. Des cercles rouges qui ne sont partis que le lendemain matin, tellement ça avait fouetté durant la journée. Bref, une belle journée...


28 octobre

J'ai pris quelques instants pour réfléchir (oui ça arrive, mais c'est rare...) Y a t'il une continuité entre la Flandre Belge et les Flandres françaises ? Par là, j'entends une espèce d'entité palpable dans le seul fait de regarder un paysage comme un village, sur lequel évoluent des gens.

Dans ce qui rapproche, c'est au moins l'adéquation paysagère. Les Flandres sont humides, plates, bordées de grands champs dont quelques-uns sont des cultures maraichères. Il y a également le village regroupé comme un amas autour d'une église qui structure le paysage. Cette église est souvent ancienne, massive et assez basse - mais ce n'est pas une généralité. Il y a également une adéquation dans l'architecture, le plus souvent sur des maisons anciennes de type fermes. Les toits sont grands, assez pentus, avec quelquefois même une recoupe en plein milieu (le pan change d'angle pour être moins pentu). On observe également sur les constructions neuves des tuiles noires, ce qui à ma connaissance s'observe peu ou pas dans les Wallonies.

Par contre, il n'y a pas d'unité liguistique. A la base, il faut déjà savoir que le flamand est une langue très variable d'un point à un autre. Ne serait-ce que le flamand parlé aux Pays-Bas, c'est très différent. Ils se comprennent, mais cela n'est pas sans difficultés.
En France, on ne peut pas parler de flamand. C'est à présent une langue morte dont les derniers représentants disparaissent. C'est une volonté politique menée depuis des décennies, on en arrive au bout. Est-ce un bien ? C'est probablement très discutable... Enfin bon, cela pour dire que la langue n'est plus là pour unifier, c'est énorme. Il apparaitrait d'après les dires que les flamands parlés {vvvvvvvvcccvvvvvvvvvvvv je le laisse, c'est le chat qui a tapé !} des deux côtés de la frontière étaient assez différents aussi. Par contre, d'autres dires m'ont appris que la frontière belge était relativement peu présente avant 1940. C'est à dire qu'elle existait politiquement, mais était peu contrôlée. Possible...

Bref, ce qui fait rire certains belges ne semble pas manquer tant que ça de sens. Considérer la côte architecturalement parlant n'a pas grand intérêt (stéréotype), par contre il y a des faits indéniables en ce qui concerne la ruralité. Peut-être tout simplement une question de couleurs et de nuages ! Enfin, c'est un peu éviter le problème que de se réfugier là dedans !

Ce que je raconte ne peux pas être étendu aux Wallonies. Je crois que ce qui est conçu comme wallon en France ne constitue déjà pas en soi une entité palpable. L'Avesnois n'a pas grand chose de commun culturellement avec du patchèque... jusqu'à la langue qui différait dans l'ancien temps... En Belgique, il y a un grand fractionnement aussi. En plus, chacun se revendique un peu comme une capitale culturelle (Namur, Liège). Voilà, j'arrête de penser.
(c'est mieux :-)


29 octobre

En contrepartie du week-end dernier, c'est un jour de mauvaise humeur. Le nombre de choses me gonflant bêtement s'allonge en une liste débile et sans intérêt. Je hais basiquement, comme un cochon stupide. Je crois que c'est parce que beaucoup de choses sont dans un aboutissement d'écoeurement, je suis loin de ce que je veux et y'a des moments où ça pèse trop lourd... peut-être que ça ira mieux demain, il suffit que je j'oublie, que je replonge dans des choses intéressantes... faut beaucoup de force pour être humain. Toutefois, c'est dégueulasse ce que je pense parce que y'en a des millions qui en chient à max... Je déteste finalement redevenir occidental par faiblesse... C'est comme tomber dans les escaliers.

Hier fut une journée tibétaine, j'ai passé du temps à étudier les chants et prières de quelques lamas. Aujourd'hui fut un jour polonais. J'ai trouvé une montagne de documents plus intéressants les uns que les autres, dont une certaine Agnieszka Krzanowszka qui se débrouille pas mal. Il y en aura au moins pour une semaine à étudier tout ça...

{Interruption} Le chat vient de ramener dans la maison un rat vivant, c'est le troisième de la semaine... Je viens d'avoir toutes les difficultés du monde à sortir le bestiau, qui s'était caché derrière un meuble. Argh !

Je viens de terminer des gâteaux. Je suis impatient de me manger ça ! Dernièrement, j'ai découvert un nouveau thé, le lapsang souchong. C'est un thé noir qui est placé au dessus de branches d'épicéa qui brulent. Du coup, le breuvage prend un goût assez fort et surtout une épouvantable odeur de... cigarette ! Oui c'est vrai ! C'est à croire que c'est infâme... J'avoue qu'il faut aimer et c'est carrément différent d'un keemun, qui lui n'est pas fûmé. Mais bon, le goût a sa particularité. Si ce n'est pas un "préféré", il en reste tout au moins mémorable.

 

 

 


Carnet de sécurité - Mine de Bure, Lorraine

 

31 octobre

Cinéma au soir pour aller voir "le peuple migrateur". Il y a vraiment beaucoup de monde. Les images sont très belles mais nous n'arrivons pas à échapper au contenu moralisateur. A un moment, les oiseaux passent au dessus d'une cokerie monstrueuse, ça donnait vraiment envie !
Au sortir de ce film, on a un "flap flap flap" dans la tête qui ne s'en va pas !


1er novembre

Journée torride, je suis emmené à la patinoire au lendemain d'une piqûre dans la fesse droite ! Résultat : je ne sais pas patiner d'une part, mais vraiiiiment pas ! Et de surcroît, j'arrive à tomber méchament sur la précédente fesse. Bref, je me trouve lamentable ! Mais j'arrive à échapper au drame de justesse, Hossaine était au même endroit à 21h00...


2 novembre

Week-end tranquille dans les catacombes de Paris. Avant de descendre, nous rencontrons Ido dans le centre de Paris. Histoire de nous connaître, nous allons manger dans un resto de la Rue Saint-Severin. C'est le "grand bistro de Paris", c'est osé d'appeler ça un restaurant. C'est une gargotte immonde, la bouffe était une atrocité, c'est étrange que de tels lieux ne soient pas tout simplement interdits. Bref, la tartiflette était un reblochon bouilli mélangé à quelques maigres pommes de terre marinées dans de la graisse. Comme rencontre, c'est sympa. Je trouve ça véritablement dommage, surtout qu'on avait prévu notre rendez-vous depuis pas mal de temps... On va dire que c'est pas de chance...

Notre visite de Paris est pluvieuse et nous arrivons à notre second lieu de rendez-vous proche du trempé total ! C'est une juste préparation par rapport à ce qui suit (je décrirai plus loin). Nous avons rendez vous au château pour y retrouver Moloko, F2, Xavier, Ryu, Olivier, Anne et quelques inconnus de passage. Sur ce cours trajet, nous arrivons à :
-nous tremper ce qui restait de sec !
-rencontrer un nombre incalculable de touristes. Bref, c'est le bordel !

Après une petite papote, nous décidons de partir vers les seconds niveaux de Montparnasse. Au bout de 5 minutes, nous arrêtons la marche parce que nous tombons sur Gillou, Rahan et d'autres que je ne connais pas. Et hop, squat au milieu de la galerie ! Tout de suite, on nous propose citrouilles et bombons à la bave de crapeau. Hum, ça ne se refuse pas ! Nous atteindrons le bureau du centre après quelques galeries sinueuses. A tous là dedans, on se croirait dans un train sncb à 8h00 le matin ! Xavier en profite pour vider son sac. Mary Poppins proposant bombons naturels leader price et tout un tas de spécialités locales ! Le but unilatéral : ne pas porter !

Je remarque au passage que c'est de moins en moins la faute à Ryu. Il y a un transfert de compétences, c'est de la faute à F2. Il faut de toutes manières un fautif ! A ce titre, je relève le vocabulaire utilisé par les guides : peut-être, probablement, environ, ça se pourrait, ça ressemble à ça et... merde je me suis planté p.. ça fait vraiment ch...

Pour terminer, nous faisons les galeries de second niveau de Montparnasse. Il n'y a personne, contrairement à l'étage du dessus. Vers 19h00, le retour est entamé. A la sortie, c'est la foule ! J'ai rarement vu un tel passage, essentiellement des touristes. Nous mangeons et dormons chez Xavier. Une bonne nuit de sommeil ne fait vraiment pas de mal !


3 novembre

C'est vers 9h00 que les activités reprennent. Nous descendons dans le 14 histoire de se refaire une santé. Là encore, des gens qui sortent, des gens dedans, un véritable boulevard... Nous passons par les passages bas, c'est une atrocité ! Ensuite, la plage, qui est devenue un dépotoir absolument immonde (enfin, ça fait longtemps...) puis nous filons vers le cabinet minéralogique. La salle HB est également devenue une montagne d'immondices, en fait les catas sont salies intensivement et régulièrement dans toute une série de lieux à la mode...

Aux promos, il y a un fumis hardcore et emmerdant qui nous empêche d'en profiter et c'est bien dommage... Nous devons alors entamer un retour rapide, étant un peu en retard... La sortie se fait tranquillement, nous croisons des groupes se chiffrant par dizaines de personnes.

Nous avons rendez vous quelques rues plus loin pour descendre dans le 13. Il y a Xavier, Geos, Droopsy et Anne. Plaque rapidement ouverte, la descente se fait sans encombres. Nous commençons par quelques galeries au sud, basses et humides. C'est à nouveau un désastre innondant, faut vraiment que je me prenne des cuissardes ! Nous remontons ensuite vers le centre du réseau, place d'Italie. C'est l'occasion de voir de belles plaques de noms de rues. Ici, pas de gens, pas de tags (ce qui finalement est lié !) Pour finir, nous allons voir les deux escaliers minéralogiques enterrés (aux trois-quarts comblés). Il est nécessaire de ramper dans une chatière visqueuse pour y arriver. Il y aurait un beau travail d'archéologie à faire, mais c'est colossal... En attendant, ils ne s'abîment pas, c'est déjà ça...

Le retour se fait par la rue des bouchers. Il y a là de belles inscriptions anciennes. Peu ou pas de dégradations, c'est agréable ! Toutefois, c'est un réseau moins ludique que le 14eme, moins de salles et moins de détails amusants, chacun son style... La sortie se fait sur un boulevard très fréquenté. Les gens nous regardent comme des curiosités. Nous croisons les roussins et attirons les regards de toutes parts. Pauvres parigos, c'est dur la vie...

Les pieds son entamés de partout et il devient difficile de marcher. Nous arrivons toutefois à rejoindre le métro puis la gare du Nord. Nous sommes répugnant, ce qui malheureusement ne semble pas assez inquiéter les autochtones, dont certains sont des emmerdeurs proches de la quadrisomie... Jérome était dans le même train, on l'a loupé...


4 novembre

Dans un état de fatigue absolument crapuleux, il est dur de tenir debout ! Restructuration du réseau dans la société où je travaille. Ce ne fut pas du plus facile (dodo).


9 novembre

La fin de semaine est placée sous le signe d'une fatique extrême. Ce sont ces moments où tu te demandes un peu où tu es et qu'est-ce qu'il se passe... Le rythme a été d'un soutenu assez torride, ce n'est que maintenant que je reprends un souffle normal. Outre le retard accumulé du à la ballade du week end dernier, il y a eu une volonté artistique intense. Cette semaine a été l'occasion de réaliser un travail musical sur fond industriel. En premier lieu, j'ai cherché tout ce que je pouvais sur Merzbow, pour comprendre le fonctionnement de ses constructions. C'est seulement ensuite que je me suis mis au travail ! Ce type a pondu 57 disques, c'est assez impressionnant...

Merzbow est un musicien noisecore. Ca veut dire qu'en intensité d'horreur, on ne peut pas imaginer pire. Il prépare un melting pot-de sons bizarres, les mélange tous n'importe comment et les sature à l'extrême. Ca signifie qu'en observant les courbes, tu te rends bien compte qu'on ne peut pas aller plus loin. Sur ce fond, il rajoute généralement une ou deux couches de larcènes. C'est tout simple et c'est fini ! Inaudible à tel point que je ne connais pas grand monde pouvant tolérer ces bruits plus de 30 secondes...

Donc je m'y suis misà ma manière. Utilisation de prises de son ignobles en milieu industriel, destructuration, mélange... Ca donne également un bazar qu'aucun être humain normalement constitué ne peut écouter. Un ami de Moloko disait à ce sujet : on dirait un avion qui s'écrase... Bref, je m'amuse bien ! Pour la première fois, je vais diffuser ces merdes. D'habitude, je me faisais un cd et le laissais dans une boîte. Là, je vais assomer un peu ! C'est pas gentil, je sais... Le projet s'appelle (glauque).

Hier soir, cinéma pour aller voir "Insomnia", c'est complètement dans le thème ! Je pensais que ça allait être un navet à l'américaine, ce ne fut qu'un presque-pas-navet. C'est du divertissement, faut pas y aller en espérant apprendre quoi que ce soit...


10 novembre

Toute une journée calme, de repos, de remise à niveau aussi. C'est rare que j'aie le loisir de glander, alors j'en profite. Café thé café, puis composition de (glauque). J'ai réussi à convertir mes sons en mp3, ne reste plus qu'à terminer le concept. Plus que de saturer mes sons, je les destructure. Je prends les courbes et je les déforme dans tous les sens. Ainsi, ça me donne l'atrocité que j'attends. Ce qui est marrant, c'est que par rapport à cette barbarie, j'affiche des moeurs entièrement pacifiques ! Comme quoi il y a une grande différence entre les concepts artistiques et la vie...

 

14 novembre

C'est le calme avant la tempête. Rien d'interessant à raconter, les journées sont bourrées et c'est vraiment pas intéressant... J'ai envie d'un ailleurs, le week end qui vient tombe à point.



15 novembre

Vendredi soir, départ en train vers la glauquitude. Le week-end commence merveilleusement bien : la sncb nous programme un retard de 45 minutes au bout de deux gares seulement. Du coup, nous ratons nos correspondances un peu partout, le train est bourré et nous accumulons le retard. La sncb fait preuve pour la troisième fois de la semaine d'une incompétence formidable.

Nous arrivons tout de même à Differdange avec un peu moins de retard qu'au départ. En fait, nous avons eu de la chance dans notre malchance... La gare de Differdange est marrante, y'a deux quais et c'est tout. Vue imprenable sur une glauquitude fumante, ce qui semble être une aciérie interminable !

François et Moloko sont à l'accueil, là aussi nous avons de la chance. Moloko a essayé de m'appeler sur le gsm, il s'est tapé un "nicht würrzbarch alröfch zu herrstack nieet", en gros ce qui signifiait : ici t'es pas là mon vieux...

Nous filons rapidement vers le mister bed de Longwy. C'est un hôtel miteux et puant, je le déconseille à quiconque souhaitant se reposer normalement. François monte l'acéto tandis que nous finissons les derniers préparatifs.


16 novembre

5h30, François mioumioute à la porte, j'erructe quelques grognements ogreliens, c'est l'heure du départ. Après une courte période rampatoire, nous sommes au parking de l'intermarché (juste à côté) pour petitdéjeuner. Nous sommes dans un abri à kaddie en train de faire du café, ça attire le regard de quelques locaux étonnés de voir un tel spectacle. Faut dire que ça doit pas être spécialement courant...

Une fois calés dans la voiture, nous partons pour H., notre terminus. François gare la voiture en ville tandis que nous l'attendons dans un endroit passablement puant. L'accès à la mine se fait par un passage dans des bois type bosnie-herzegovine, les fontis ont créé des zones crevassées. François et Moloko ont fait un excellement repérage, l'entrée est extrêmement dure à trouver mais ils s'en sont sortis. Depuis la dernière fois, il me semble qu'il n'y a pas eu de changement. C'est très étonnant pour une telle mine...

L'accès est un effondrement bien vaste, chaotique et d'une couleur sombre assez proche du noir. Il est exactement 8 heures lorsque la visite commence. Les premières galeries sont humides, plutôt carrées, d'une section de 4 sur 4. Ca descend un peu, un pendage de 2 ou 3 pour cents. Fidèle à la tradition, je suis les quartiers afin d'arriver aux traçages, puis de là je suis jusqu'au bout afin d'arriver aux roulages. Je sais de manière certaine que c'est là qu'ont été laissés les matériels les plus intéressants, les quartiers sont vides ou le plus souvent dépilés.

Nous suivons les rails, tombons sur un passage type rue sarrette puis commençons à trouver de belles berlines. Des classiques, des locales, des tordues, un peu pour tous les gouts ! Après pause acet et re-pause acet, nous arrivons au roulage. Il est sec, propre et intéressant. Il y a deux trains presque entiers, il ne manque que les locos. Au mur, une inscrption fléchée "gare DW".

Nous pouvons apprécier des bennes 6 tonnes, un wagonnet porte cuve-à-eau, des bennes renversantes de grande dimension (avec un taquet pour le renversement automatique), un wagon magnifique pour le transport du personnel, une pelle Eimco. Photos faites, nous décidons de manger là.

L'acéto a F2 m'a bien fait grogner. L'alimentation en gaz était systématiquement encombrée d'eau après un délai très court de fonctionnement. Après une somme colossale d'emmerdements, nous trouvons la cause. Il y a une coupelle qui retenait l'eau de manière peu compréhensible. Celle ci retirée, il s'est avéré que ça fonctionnait mieux.

Après une pause méritée, nous repartons en arrière pour chercher d'autres lieux à visiter. Cependant, cela nous amène de manière assez systématique sur des quartiers dépilés ou des lieux sales. Il faut signaler également que nous sommes en couche noire, l'une des plus profondes. De ce fait, nous sommes soumis à un bruit constant d'eau. Cela est assez fatiguant.

Après une errance quasi désespérée (j'ai même dit à François, on arrête et on va dans une autre mine), nous tombons grace à Moloko sur un puits vers une couche supérieure, probablement une grise. L'ambiance change du tout au tout, c'est incroyable ! Les galeries sont deux ou trois fois plus hautes, le silence est reposant, l'ambiance moins malsaine : peu de courant d'airs et presque pas d'eau. Complètement vannés, nous décidons d'arrêter là, miam et dodo.

Dans les expressions du jours, il faut signaler la recto-encéphalie vespérale. Tout simplement quand on a la tête dans le cul le soir ! François préfère dormir un peu à l'écart tandis que nous nous mettons dans une queute bien tranquille.

La nuit fut gore mais pas trop. Juste un sol mal rangé qui fait mal, des gouttes qui tombent de temps en temps sur une bache en faisant du bruit, et... deuxcauchemars de ma part ! (on sait qui est nuisible cette fois ci !!)
C'est typiquement de la faute à F2, sans qu'il y ait de protestation possible. J'ai hurlé à deux reprises parce que l'acéto prenait feu puis explosait. Les autres ont dégusté !


17 novembre

Il est 5h45 lorsque François gazouille yOuuYOuuuhH, on se lêve les petits. Victime d'une recto-encéphalie extrêmement poussé, je vocifère des erructations peu honorables et quelques pets détestables. On sent que radio twee n'est pas là pour me sortir de manière gerbatique du coma. Le camping glaucotaupe est quand même nettement plus agréable que le mister-bed de Pulventeux !

Après un lever erratique, j'arrive vaguement à émerger. Pour une fois, François a aussi eu du mal à se réveiller. Il a tenté désespérement d'enfiler un de ses gant au pied, ce qui signifie bien des choses !

Nous commençons l'explorations vers le sud est. Il y a un roulage assez important bordé de nombreux quartiers. Le lieu est plus homogène, ce sont des galeries hautes et rectilignes, victimes assez régulièrement d'affaissements et d'effondrements. Il est possible de voir dans la glaise les traces de multiples renards, c'est à se demander ce qu'ils peuvent foutre là... La roche est plus claire, on voit très bien les oolithes en regardant de près.

Au bout de 500 mètres, nous butons sur des dépilages et des coulées glaiseuses complètement grisatres. Sur le chemin, il a été possible d'apprécier une étrange construction. Du ciel, un puits crachant une eau de rivière, peut-être une canalisation d'un étage supérieur afin de drainer (nous avons vu que cet étage existe). Cela allait se perdre dans un puits à eau de 2 mètres de large, plutôt sale dans son genre.

Demi-tour fait, nous suivons la galerie dans l'autre sens. Il y a un monticule de glaise à contourner et c'est à nouveau du roulage. Au niveau du redoutage, on arrive à la lingerie féminine. François se propose spontanément de s'occuper du marquage, ce qui n'étonne personne ! :-p

Nous commençons à être bien crevés - l'escalier nous aura achevé ! Nous trouvons en effet un escalier en trois volées, menant à nouveau à la couche noire. Le lieu est assez esthétique, sans être flamboyant tout de même. Les photos nous font faire aller-retours là dedans !

Ensuite, en continuant le roulage du haut, nous tombons très vite sur un effondrement "volontaire", afin de boucher le passage. En couche noire par contre, ça file loin, mais c'est très boueux. L'acéto de F2 marche plus, c'est parce que je n'avais pas rechargé en eau. ca m'a fait grogner dans tous les sens - bon cette fois ci, on dira que c'est de la faute à Ryu...

Dans les déductions, nous pensons que le cavage avec le train qui roule, c'est situé sur le carreau de fosse de R.. Mais Il n'a pas été possible jusqu'ici de comprendre l'inscription mine DW. Rail.lu montre effectivement une image d'une Alsthom MF69C qui pourrait être notre nervosité.
Quant à la dernière galerie, nous pensons sans doutes qu'elle rejoint la mine de L.. Le foudroyage serait un bazar pour fermer à la frontière.

Sur ce, nous entamons le chemin du retour. Il se fait sans ennuis, nous regagnons l'entrée sans même nous perdre. Il est 13 heures, nous en profitons pour grailler un peu. Cette visite aura été assez chaotique, mais pas inintéressante. Nous n'avons pas vu de salle de pompes, de compresseurs, de poudrière, d'ateliers, nous n'avons pas du tout été là où je pensais...

Cette visite donne envie de connaître à fond ces mines, avec un plan tout aurait été amplement plus facile... Je pense qu'il n'est pas impossible de continuer l'étude des lieux. Le rail.lu a encore grandi, internet se dote d'une foule de micro-sites sur le thème... En s'organisant, on arrivera bien à comprendre le bazar !

Au retour, gare de Differdange, les djeunz du coin sont pénibles. Nous ne sommes pas tout à fait propres mais nous échappons aux remarques désagréables. Les trains sont encore en retard, une preuve de plus de la nullité de la sncb. De retour à la maison, Mousty-le-chat mioumioute tellement qu'il ne retrouve pas son souffle. Dans le train au retour, Sandy a écrit TONJE avec des nic-nac (gâteaux en forme de lettres). Pour ma part, je garde un bon souvenir de la descente.


CFI de Haren


20 novembre

La semaine est à l'overdose. D'une part d'un point de vue perso, c'est l'horreur parce que c'est un retour de glauquitude (ménage + lessives) d'autres part au travail où toutes les formes d'abus ont été dépassées. Je suis maintenant tout seul pour gêrer 160 machines, dont un certain nombre de serveurs relativement complexes. La fatigue s'accumule alors que je ne cherche même plus à maintenir mes projets personnels.
Je n'aime pas cette période, ce sont des instants de malaise où il apparait clairement qu'un ailleurs est souhaitable. Cependant, faut faire les démarches, faut tout risquer une fois de plus... Je n'en ai vraiment pas envie, c'est certain...

Toutefois, je suis au bout de pas mal de choses. Si je ne relance rien de particulier, ça devrait aller mieux d'ici une semaine. Je vais attendre au moins tout cela avant de faire quoi que ce soit...

 

25 novembre

La semaine dernière, je m'étais donné ces jours ci pour juger ma situation, à savoir si je décide effectivement de changer de travail ou non. On est lundi et je constate d'emblée que c'est une catastrophe. Autant dire que c'est extrêmement mal parti ! Rechercher un autre job ne me plaît pas du tout, mais il est de fait que je suis placé dans une situation extrême qui ne peut durer. Il n'y a pas de dialogue, c'est la massue ou la remontrance. A vrai dire, je suis lassé de ma vie chaotique, plate et sans intérêt.

Heureusement, le quotidien en dehors de cela n'est pas à ce niveau. La Belgique est un lieu passionnant et le potentiel d'endroits à visiter dépasse toutes sortes de fatigues ! Il n'y a plus rien en prévision pour les semaines à venir. C'est certain que ça ne fait pas de mal de s'arrêter un peu pour une fois... mais c'est une simple latence par rapport à ce qui va tomber ! La période est à l'étude de nouveaux lieux, mais également de nouveaux thèmes. Les usines, les toits, les souterrains, c'est bien ! Mais découvrir de nouvelles fonctionalités, c'est mieux ! Par exemple, quel beau rêve d'aller traîner du côté de Dortmund pour aller visiter toutes les industries du métal... Ca doit être passionnant... Pour l'instant, tout cela n'est qu'un état de rêve. Je n'arrive toujours pas à m'assumer, donc il y a un travail préparatoire à mener...


27 novembre

Ce jour fut l'occasion de cloturer l'intégrale de l'oeuvre de Nick Cave, ne me manquait que les "songs for a november night". Au final, c'est un ensemble monstrueux, de qualité très éparse, héteroclite et étrange. J'aimerais bien pouvoir cloturer de la même manière l'intégrale de Einsturzende Neubaten, mais c'est pas prêt d'avancer...


28 novembre

Ce fut une journée très difficile. En résumé, je pête litteralement un plomb sur tout ce qui déconne depuis des mois, j'en suis arrivé au point final, c'est du "ça passe ou ça casse". C'est comme une glissade, plus ça va et plus tu prends de la vitesse - si tu n'arrêtes pas à temps, tu te crashes majestueusement... Cela s'est soldé par deux principales attaques.

-travail, situation devenue ingérable, complètement dépassé par les évènements pour cause de surcharge (je suis seul face à tout pour un nombre incalculable de machines). J'ai peut-être agi d'une manière idiote mais personne ne m'écoutait. Du coup, j'ai planté le piquet de grève ce matin - une grève symbolique pour ne pas tout paralyser (je m'appelle pas sncf). Résultat, en un quart d'heure à peine, j'étais invité au tribunal. Ils ont qualifié mon action de débilité, mais tout au moins j'ai pu expliquer clairement le malaise. Ce soir, je suis dans l'expectative. Soit je suis viré mais au moins je saurai pourquoi, soit la situation s'arrange par construction. Cet aprem, ça allait comme mieux, je ne sais pas pourquoi. Peut-être était-ce purement psychologique... Les jours qui viennent seront décisifs en la matière, je choisirai alors si je commence ou pas une recherche d'emploi ailleurs.

-vie perso, largement perturbée aussi, bien que je n'en aie pas parlé (en fait, j'avais pas le courage ;-) Suite à quelques problèmes, je me suis compris comme tout à fait inapte à la communication. Je sais bien faire le clown lorsqu'il s'agit de parader, mais ce n'est qu'un habillage. Autrui ne m'intéresse pas parce que je hais l'être humain. Cela entraîne une vacuité en moi, cela fait que je ne suis pas intéressant pour quelqu'un de normal. Mes rêves ne sont pas dans la réussite de quoi que ce soit, ils sont loin. Là où y'a pas de gens, c'est aussi simple et c'est tout. Pourquoi je rêve de la Patagonie depuis des années, à la Sibérie, aux souterrains, aux usines désaffectées ? Ce sont des déserts que les gens fuient.

Sur cela, j'accepte sans détour maintenant que je suis fou. L'inadaptation extrême est une forme de dérive. Je sais que je l'ai choisi, je sais que je ne pourrai changer qu'avec d'immenses efforts, impossibles à surmonter sans une pression externe. J'ai pris goût à la solitude au fur et à mesure, pour la facilité que ça donne : ne plus voir ni entendre des cons. Puis le temps passant, j'ai commencé à haïr les gens pour rien, juste comme ça parce qu'ils existent. Maintenant, j'en suis au point où discuter de rien normalement est devenu une difficulté. C'est dommage mais pas dramatique - le tout est de le savoir, de ne pas commencer ou recommencer des conneries, de pouvoir marquer des paroles afin que la personnalité ne transparaisse pas (sinon faut s'expliquer et c'est pénible). Sur cela, cette semaine fut l'échec. Ca indique un simple renforcement de ma misanthropie, mais tant que cela ne vient pas affecter des gens, je laisse couler...


29 novembre

Ca va beaucoup mieux. Vraiment. C'est agréable.

 


Souvenir rapporté du lavoir du Roton

30 novembre

Visite d'un atelier de nitruration.

Midi et demi, petit dej à peine fini, nous volons jusqu'au train. Noordstation puis Vilvoorde, nous sommes assez rapidement à Destination. Sur le quai, il y avait un schieve-pigeon (pigeon tordu) qui se couchait pour manger parce qu'il avait une patte blessée.

Le but de la visite, c'est d'aller voir le château Beaulieu, situé sur la commune de Machelen (juste à côté de Vilvoorde). Au passage, nous allons voir une nouvelle fois le pont Van Praet, celui avec ses fameuses piles-à-la-con. De l'autre côté du canal, les portes sont totalement inaccessibles, situées dans un parking fermé dans un je-ne-sais-pas-quoi-qui-a-des-caméras. Faudra repasser un jour où l'autre au premier endroit, c'était plus facile...

Arrivés sur place, le château est effectivement beau, mais y'a des types de l'entreprise qui sont là. Cool... Y'a même un type qui prend une photo. On décide alors d'aller prendre un café à Machelen-City-Centre pour patienter. Un quart d'heure plus tard, les mecs sont à l'ouvrage, c'est grillé...

On entame le retour par un autre chemin et qu'est-ce qu'on trouve ? Une Schieve-cheminei. Il s'agit d'une toute petite usine dont j'ai perdu le nom, située Kerklaan (rue de l'église). L'entrée est derrière dans les broussailles, il y a manifestement du passage. En rentrant par la chatière, nous sommes plus que très hésitants. Oulah, mauvais plan, ça à l'air sérieusement pas abandonné, c'est l'aspect d'un foutoir mais c'est pas dégueulasse...

Hésitants, on y va quand même et c'est sans regret. C'est un tout petit bazar, quatre grandes pièces, mais il y a un bordel épouvantable ! C'est une usine chimique, ils déposent une fine couche de matériau métallique sur des statues en platre. Du coup, il y a des têtes, des bras, des toucans, un buste du pape, des mains, des pieds, des ailes d'ange, des plaques représentant des scènes religieuses, des brols difformes, des moules, une infirmière... On remarque ici une énumération très technique ! Bref, c'est amusant de passer d'une tête de pope grec à Taetcher, puis soudainement une gargouille pas bien jolie (quoi que, avec Margaret, ça fait une continuité...)

Au milieu de ce bordel, les installations restées comme figées - ce n'est pas cassé et en plus il reste plein de futs. De l'acide nitrique, du chrome, des sacs éventrés de cuivre ou nickel, même un échantillon d'eau d'égout destiné à l'analyse (jaune fluo !) C'est un vrai bonheur écologique. A un endroit, le sol est ocre vif et légèrement luisant, des têtes de morts sur les portes ! Ils ont tout laissé alors que ces choses ont une valeur marchande, même de caution... Il semblerait qu'ils aient fermé en décembre 92. Bien sûr la poussière s'est accumulée mais c'est loin d'être l'un des merdiers épouvantables qu'on trouve d'habitude dans ce genre de cité...

On s'est bien amusé et pour finir, je fais du trafic d'organes (je prends une main !) Mais promis la prochaine fois, je prends la tête d'une vieille, ça j'y compte bien ! Les photos ont été difficiles à cause de la lumière intermédiaire. Sur le chemin du retour, on voit un gardien de Renault, les pieds sur la table, en train de s'emmerder. Et dans le train, on se tappe des scouts de merde, c'est pénible... A noter que l'une des maisons près de la gare de Vilvoorde a sur son balcon un très beau buste. On sait d'où il vient !

 

2 décembre

Journée épouvantable, dès le démarrage. Quand tu ne dors pas de la nuit, qu'est-ce qui est le mieux ? Rester au pieu pour glander ou se lever à 5h30 pour aller au travail ? On te coupe la jambe ou le bras ?! J'ai choisi de me lever tôt pour aller scanner les dernières diapos.

Il pleut, je suis trempé et j'ai des chaussures inondables. J'arrive enfin sur place, qu'est-ce que je constate ? La machine qui sert à scanner est morte (le disque). Bref, je suis de très bonne humeur !

A cela vient s'ajouter le repas de famille de la semaine prochaine. J'en suis malade une semaine à l'avance. La vie que je mène s'écarte lentement de mon idéal, mais régulièrement et sans interruption. Je n'arrive plus à aller à Bruxelles glauquer dans des coins à droite à gauche. J'en ai plein le cul et un nouveau pétage de plomb s'approche. Quand je pense que c'est bientôt noël, ça me fait vomir. AAAh non pitié ! Pas les cadeaux, pas les repas, pas les gens, pas ces putains de faux bonheur. Pitié, foutez-moi la paix, oubliez-moi... Je veux pas, j'ai rien demandé de tout ça......

Je réponds plus aux courriers, au travail on me prend pour un âne qu'on charge, plus rien ne me plait dans cette vie merdique ressemblant à une course. Je souhaite un ailleurs, un autrement, typiquement comme d'habitude.

 

5 décembre

Thème récurrent de ces jours ci, le "comme d'habitude". Ainsi, comme d'habitude, j'ai pété un plomb. Qu'est-ce que ça a changé ? Pas de mystère, rien du tout. Je me suis simplement creusé une tranquillité de quelques jours, quelques heures. C'est minable mais bon... en attendant, on me fout la paix. J'ai la réputation d'un mauvais caractère, d'un intraitable chiant, d'un misanthrope peu apprécié, d'un instable psychotique. Ceux qui ne veulent pas croire que je suis une merde ne veulent pas me connaître - ils se forgent une image sur l'apparence, ou ce qu'ils ont envie de voir en moi. Résultats : décalages dans la vie de tous les jours, désillusions, relations qui ne mènent à rien. Une belle liste qui finalement est entièrement chaotique. L'essentiel dans tout cela ? Y'en a même plus, je m'en fous bien. C'est je crois l'émergence d'une part de désespérance encore plus forte. Je ne crois même plus en l'isolement - je le sais inexistant. Je ne crois plus en rien, j'ai tué tout futur en moi.

-Je suis comme un vieux poivrot-

Et je m'en fous. C'est incroyable quand même ! Les seules pensées qui me viennent à l'esprit, c'est du : qu'est-ce que ça peut foutre vieux ! C'est à se demander comment ces quelques os tiennent encore debout. Ca ressemble à de la magie...

La journée fut toutefois l'occasion d'une étonnante découverte. Recherchant quelques brols sur les journaux intimes, voilà que je tombe sur celui de Dominique A. C'est un personnage que j'apprécie beaucoup, un chanteur francophone très original. Je me suis tapé tout ce qui est disponible à la lecture, une vie apparemment agitée... Et qu'est-ce que je découvre ? Il semblerait qu'il habite à Bruxelles. Tiens tiens, c'est vraiment tout sauf ce à quoi je m'attendais ! Je l'imaginais en Bretagne aux côtés de Tiersen, ou bien encore dans un hôtel bizarre au fin fond de Paris... Comme quoi on se forge des idées complètement fausses...

Son parcours est écrasant et c'est une claque d'envergure. Mélomane, il connaît des montagnes de groupes, il cite même Amor Belhom Duo. Ecrits, musique, voyages, voilà un cheminement très intéressant... Ca donne envie de claquer la porte au quotidien, les beubeu à problèmes àlacon, les bugs microzob insolvables tellement ça relève de la science des astres... Peut-être est-ce tout simplement une situation dégénérée jusqu'à la moelle qui me pousse à vomir tout ce qui m'entoure... Peut-être le besoin d'une pause ?

Au matin, c'est la lutte infernale. Tous les jours, radio twee. C'est un sommet inégalable d'horreur, je me demande véritablement comment ils font pour trouver autant d'andouilles à chanter des misères à deux francs. Il y a autant de gens que ça qui vendent leur cul au business ? Heureusement dans tout cela, il y a quelques ilôts de franchise, voire presque de bonheur. Le boucher terrible de Boistfort, Willem, qui ne faillira jamais de bonne humeur, drakovic dans la poche... Et puis le poilu aussi, un bar tout sauf artificiel dans lequel on se sent bien. Ca devient rare les endroits où ça ne renifle pas la prise de tête...

Cette semaine aura été une plongée folle dans le travail - je ne me le cache même plus, c'est pour oublier cette misère de vie car je me déteste. Entre photos, textes et lectures, il y aura eux deux faits majeurs : la construction du plan des mines de fer puis la finition de mes albums de musique glauquatroce. Dimanche horrible passé, je crois que je partirai sur d'autres projets, tout étant terminé. Ce ne sera assurément pas désagréable puisque je m'ennuie... Dans les bonnes découvertes cette semaine, il y aura eu le dernier Sonic Youth, devenu tout calme et à peine dissonnant, puis toute une série d'artistes intéressants mais (je le regrette) pas fondamentaux : Johnny Cash, Interpol, Berlin de Lou Reed, Grandaddy, un autre album d'Aphex Twin, Elektrowerkzeuge, Coal Chamber, Dave Mattews Band, etc...

Mes nuits s'enchaînent à la Napoléon. Rarement plus de 5 heures... C'est largement pénible. Heureusement, quelques petits bazars viennent remonter le niveau et gonfler l'ambition de continuer les jours.

Juste au passage, un copié-collé de ce que j'ai trouvé dans google ces jours ci :

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Comme quoi on a quelquefois des activités restées complètement ignorées !

 

7 décembre

Résultats du concours photo hier soir. Nous ne sommes pas les derniers !!! Mais bon, il faut admettre tout honnêtement que c'en était pas loin... Assurément, le bonheur de vivre n'était pas un sujet facile - ce qui nous ressemble plus, c'est... Le désespoir de vivre, la froideur de vivre, la chaleur de mourir, la saleté c'est cool, les glauques et les malsains dans les usines dégueu, etc !! Bref, ce ne fut pas une grande surprise !

Au lendemain, samedi donc, nous avons été visiter une nouvelle fois Interpochim avec Christophe. Les statues ont été déplacées, signe qu'il y a un sacré passage. Rien de neuf, sinon le bâtiment administratif, dans un état de pourriture avancé (fuite dans la toiture). Les factures sont intactes, il y a même le portrait du patron. A part ça, le château Beaulieu n'est pas visitable, c'est bien dommage. Quant aux souterrains situées place Jamblinne de Meux, ils sont probablement en partie détruits. Il y a un tunnel routier à cet endroit, peut-être les travaux ont-ils recoupés d'anciens vestiges. Quoi qu'il en soit, l'infrastructure locale donne à penser qu'il y a des extensions au tunnel, mais difficile de croire qu'il peut s'agir d'une carrière souterraine.

 

8 décembre

Finalement sans m'en rendre compte, j'ai constitué mon journal aux même couleurs qu'un plantage total de windows !

Il caille, je me réchauffe les mains sur la tasse de thé. La journée fut navrante. Comme je n'ai pas envie d'en parler, je dirai juste que ce fut l'opposé exact de ce que j'aime, ce que je fais et ce que je désire. Une désespérance mémorable.

Mon chat vient de faire pipi sur le mur. C'est la deuxième fois qu'il agit de la sorte. S'il tient précisément à finir ses jours à dormir dehors, il ne prend pas meilleur chemin. Cette fois ci, je l'ai frappé fort en raison que c'est le dernier avertissement. Il multiplie les conneries depuis quelques temps, il y a des limites à ne pas dépasser et ça, je ne peux vraiment pas tolérer.

 

10 décembre

Le temps passe. Il me semble que la baisse de moral actuelle se précise. Rien de grave mais je constate juste que y'a plus aucun défi à relever. Je suis quelque part à 13 heures, autre part à dix huit, ça va bien et ça va bien... Mais je sais où je serai demain, où je serai le lendemain du lendemain et encore encore... C'est pas rigolo, c'est comme s'enfoncer dans un sable mouvant d'habitudes.

Une chose est certaine, ça va remonter. Dimanche dernier m'a laminé, je ressens encore les griffes de l'ennui. Ce qui compte c'est de reconstruire sans cesse, afin de servir à quelque chose. La vie c'est complètement nul, mis à part si tu peux apporter du bien à d'autres personnes - c'est une conception entièrement personnelle je le comprends... Il y a des gens qui sont attachés à faire la fête et qui se sentent bien ainsi, ce qui m'est complètement étranger...

Des projets, je n'en ai plus ou presque. Il y a juste une chose qui s'éternise, c'est le roman intitulé X. ca fait vraiment trop de temps que je suis dessus et je m'impose une myriade de contraintes. Du coup, ça n'avance pas ou presque... Les essais d'écriture sont infructueux. Etant donné que je n'ai plus rien à foutre, je vais recommencer à taper sur la tôle ! Ce que je changerai, c'est le rapport au texte. Peu importera les conséquences et si j'ai besoin de continuer toute une nuit durant, je le ferai ; bien que n'aimant pas cela.

Pour clore cet essai de nouveau commencement, je constate que j'enterre complètement ce que j'appellerais les années web. C'est un changement important. Voilà maintenant presque dix ans que j'ai plongé tête baissée dans l'internet, jusqu'en faire mon métier. La vie s'est transformée peu à peu, tombant dans une folie d'immédiateté et de densité sociale. Aujourd'hui, une distance est prise. Je suis seul (vie sociale proche de la non-existence (car je ne veux pas parler de nullité, ici le zéro est entièrement voulu)) et je ne vis presque plus au travers de codes source. C'est un peu complexe à expliquer je le sais... Enfin, cela pour dire que ce qu'est l'internet aujourd'hui est pour moi proche d'un sentiment de dégout. En premier lieu et avant tout, la fausseté m'écoeure. Les gens décrivent des mensonges remplis de vacuités, c'est irrespectueux et fantasmatique, soit tout sauf interressant.

Dans le peloton, je serai toujours hors du groupe. Mes écrits sont vrais de A à Z, même si pour ma vie cela représente un risque. Par rapport à cela, je ne peux participer activement à la CEV, à Claviers Intimes. Mon journal n'est pas un blog, un joueb, un amusement. C'est le reflet le plus exact possible d'une existence - certainement pas exceptionnelle mais tout au moins authentique. Je me fous du design. Oui c'est du texte au kilomètre, il n'y a pas d'images, etc... Mais avant tout, c'est pas un journal rédigé pour l'autre. Je le fais pour moi, la mise en public n'est qu'un privilège (soit dit en passant bien minable).

Et pourquoi cette remise en cause perpétuelle ? (car je ne vis pas dans mon journal). C'est parce que je veux intensément dépasser la normalité. Je souhaite sans cesse atteindre cet idéal d'exception : celui qui édifie, ce petit rien entrainant, ce regard qui placé face à un destin ne se retrouve pas écrasé mais reconnaissant - un peu comme la vision que l'on porte à son écrivain favori. C'est en cela que j'aime les gens, cette volonté de porter plus haut. Ma misanthropie n'est qu'une déformation construite à cause des contraintes que je subis de ce monde de merde.


Morceau de la défourneuse de Tertre

12 décembre

Rrrâââ, il fait froid ! Là franchement, je suis comique à voir... Encastré dans deux sacs de couchage, parce que je ne mets pas le chauffage parce que je n'aime pas ça, je savoure un thé comme une petite vieille. Ne manque plus que les binocles et la voix chevrotante et ça y est, c'est bon !

Bon bein ça y est, le moral remonte. Ce qui m'énerve, c'est que je le savais et que je savais pourquoi... Il y a des fois où se connaître un peu trop bien donne proie à des angoisses. On se dit, ça va aller mieux parce que ci et ça et au final, la vie devient tellement prévisible que la monotonie s'installe. Bah oui c'est vrai, y'a plus de surprises... Donc sans mystère, ce qui ne va pas en ce moment pour le manque d'entrain, c'est la répétition des choses. Les vraies nouveautés se font rares. Bien sûr je trouve des usines, des souterrains et des bazars du genre... Mais ce n'est qu'un de plus dans le tas. Conceptuellement, je n'ai rien créé de nouveau depuis plus d'un an, je fais juste tourner des choses qui marchent bien... Il n'y a plus de défi...

De cela, l'estime de soi tombe dans les profondeurs d'un gouffre sans fond. Si c'est réglé maintenant que je suis à l'aise dans ma solitude, il en reste que je m'entend pas très bien avec moi-même. Et ça... Autant dire que ça fout le bordel. Par hasard tout à l'heure, je relisais d'anciens textes (il y a trois ans). Je pleure à parcourir ces lignes. C'est lamentable... Peut-être que sur X, je cale régulièrement, mais tout au moins j'ai pas envie de tout balancer à la moindre relecture.

La découverte de la semaine se situe sur une revue littéraire : chaoïd. Le contenu est dense, et outre l'originalité des thèmes, les rédacteurs amènent une qualité qui est franchement rare. Je suis tombé là dessus en allant voir comment évoluait le site de Joris Lacoste. Cette armée de gens représente une somme de recherches épouvantable, ce sont des travailleurs de l'ombre, c'est à se demander pourquoi ils ne sont pas plus connus du grand public. Peut-être tout simplement parce que les gens se repaissent de litterature de gare. En tout cas, je n'ai jamais vu un François Bon dans un train, alors que c'est bien là un endroit idéal pour le lire...


16 décembre

Lundi en toute beauté. Journée chiante-pénible-longue. Il ne se passe rien d'intéressant, rien d'intéressant ne se passe. Demain sera mieux. Probablement...

Des réjouissances se profilent toutefois. Janvier je verrai Renaud, c'est bien chouette. Puis un peu plus tard - mars ou avril - ce sera la grande escapade : la Sibérie, la belle la grande la merveilleuse. Ce n'est pas encore prêt, mais je commence à y travailler sérieusement.

 

20 décembre

Ce mois ci n'aura vraiment pas été du plus paisible... Voilà trois semaines maintenant que je cours un peu partout sans raison vraiment apparente. Mais bon, ça se calme rudement maintenant, surtout avec ces #&# de fêtes qui arrivent. A priori, on ne devrait pas m'embêter sauvagement, puisque j'ai bien manifesté par grognements et grondements que je ne voulais pas y aller...

Hier soir, visite d'une ancienne brasserie plutôt réputée, la Wielemans, plus connue sous le nom "la Wiel's". Je n'ai pas été foutu de retrouver une seule boutanche là dedans et ça m'énerve encore un peu aujourd'hui ! Juste une seule, mais extrêmement abîmée (il en restait pas grand chose). Les étiquettes étaient rouges (un peu tirant sur le rose), l'inscription Wiel's en bas apparaissait en blanc avec une écriture plutôt cursive.

Le lieu est composé de quatre entités plus ou moins séparées. Le premier bâtiment est un bloc de béton carré massif. On le voit bien du train. C'est une série de hangars, on dirait presque un parking. Sans intérêt donc. La grimpette à ce lieu est désagréable, un échaffaudage pourri rempli de barbelés, cela sur 10 mètres de haut. On a vu mieux aileurs...

La seconde entité, composée de deux bâtiments, est la plus intéressante. Il y a tout d'abord une partie administrative, les escaliers en bois sont encore présents sur 4 étages. Par contre, il y a des trous au sol, taille iso F340. C'est assez dangereux et faut avancer doucement. La seconde partie est la brasserie proprement dite. Un panneau affiche <Entrée interdite, bâtiment classé, archéologie industrielle> c'est plutôt rare comme style... L'intérieur montre une énorme pompe, arborant sa courroi. Rouleau d'entrainement de 5 mètres, ça vaut le détour ! Les diverses machineries sont encore présentes, mais dans un état assez dramatique : rouille, vandalisme, vols... Probablement un projet de réhabilitation qui ne se fera pas...
J'en profite pour dire que les celliers sont agréables. Un labyrinthe un peu inondé, mais bien préservé (plus personne n'y va parce que l'escalier est cassé)

Dernière partie, un bâtiment en réhabilitation par l'entreprise blaton, comme d'habitude. Impossible de rentrer. Un ami m'avait dit qu'il y avait à l'intérieur des cuves en cuivre. N'ai pas pu vérifier ! A noter que les celliers sont totalement noyés ! Bref, cette visite aura eu un petit air de Lorraine, les grosses pompes faisaient penser à ça. C'est un lieu à parcourir impérativement la nuit. La voie ferrée juste attenante, parcourue à outrance par toutes sortes de bestioles bruyantes, donne une ambiance d'un glauque soutenu.

Mon frère est là. Ce soir, la der-des-der à Ursel, si on y arrive. Puis demain, triage lavoir de Peronnes les Binche et Tour d'extraction de Ressaix.


21 décembre

La matinée est vite avalée, ce n'est qu'à midi que la journée commence. Tours et détours dans Bruxelles, nous commençons par une pause (véridique !), un bon petit goûter au Samoka.
Juste après, nous filons au palais de justice afin de faire une série de photos des enfilades de colonnes, nous enchaînons sur les souterrains de la place royale, puis terminons sur une dernière pause au Celtica. J'arrive à y oublier mon pied photo, tête de linote...

La nuit tombe, la tour d'Ursel est ouverte - ultime visite de ce lieu fantastique. Le toit est toujours accessible, la vue sur Bruxelles est très belle. Il y a seulement un brouillard épais empêchant la vision plus loin que Bruxelles Nord. Je profite de l'instant pour faire des photos de nuit de la ville, ce qui jusqu'ici était resté absent du palmares.

De retour en surface, nous allons de retour au Celtica, dans la pauvre espérance de retrouver le pied photo. Je rentre. A la place où nous étions, il y a un type (et le pied, bien caché, qu'il n'a pas vu).
- Hi, I just want to take my photographic foot, I forgot it one hour before...
Le mec me répond : heein???
- Heuu... Oui pardon, c'est juste que j'ai oublié de reprendre mon pied.
- Heeein??!
Bref, n'importe quoi ! Mais je ressors avec le pied miraculé.


22 décembre

Il pleut ypleut ipleu ! Un beau déluge. C'est sous une pluie bien vicieuse que nous arrivons à Peronnes les Binche, petite ville de la Région du Centre. Il y a là un lavoir-concasseur à charbon plutôt massif. Un immense cube de béton, tout plein de verrières et d'escaliers difformes.

L'entrée est facile, les ennuis habituels ne commencent qu'au bout d'un quart d'heure. En effet, le premier sandwich entamé, on entend ppaaanG ! Des chasseurs, juste au pied du bâtiment. Il n'y a pas à dire, nous nous sentons pleinement rassurés ! Heureusement, ça n'a pas duré longtemps.

La visite est faite assez rapidement, trois heures à peine. Cela permet une connaissance assez approfondie des lieux, bien qu'il soit certain que des cachettes restent à trouver ! L'intérieur du bâtiment est du tout béton costaud, les escaliers les trémies les trous et les poutres se croisent dans une anarchie très esthétique. Globalement, c'est assez propre, mis à part le rez de chaussée où les déchets sont accumulés de manière tout à fait illégale.

Juste après cela, nous allons voir la tour d'extraction de Ressaix. C'est le typique tout béton bien carré et bien moche ! Juste derrière, les installations de pompage de gaz sont rangées. La visite est donc sans intérêt.

Pour terminer, nous faisons une promenade sur les bords du canal du centre. Tout d'abord l'ascenseur à péniches numéro 3, inutilisé à ce jour. Il totalise 17 mètres de dénivelée. Ensuite le nouvel et fameux ascenseur de Strepy-Thieu, totalisant lui 73 mètres de dénivelée. C'est un monstre assez gigantesque, bien mémorable. Nous n'avons pas trouvé la moto de Ryu, déception...
En tous cas, cette promenade gadouilleuse nous donnera bien de l'eau dans les chaussettes !

 

25 décembre

Hier soir c'était noël. Ouaaiis cool. Je me suis retapé une torture impossible à imaginer : un repas super convivial qui s'est terminé à 2h30 du matin, alors que j'ai travaillé le jour même, la veille, la semaine d'avant, etc... Bref, une lamentation qui aura duré huit heures et rien que ça.
Je ne voulais pas... Je ne vois pas ce que ces gens trouvent à avoir quelqu'un qui s'emmerde à leur table, qui ne dit rien et qui menace de s'écrouler dans l'assiette cause fatigue. J'aime pas les gens, j'aime pas les fêtes - mais merde ou quoi ! Ils ne comprennent donc rien ?!! Je ne le crie pas assez fort peut-être...

Bien sûr, c'est bien plus perfide que ça, il y a toujours des "oui mais"... Tu fais plaisir à la grand mère désespérée, ce peu qu'on te demande est énorme pour eux, le tonton bourré facho est content, ils font ça pour toi, etc... Je ne pense pas qu'ils se rendent compte que ce genre de fête là est pour mon cas une torture extrême. Ca m'horrifie car c'est ce que j'execre le plus : une privation de liberté parmi plein de gens, une situation dans laquelle je dois respecter des conventions de convenance complètement bovines. Dans les instants d'après cela, je perds la tête. En fait, je navigue dans l'envie de rompre tout dialogue, toute connaissance, toute rencontre - même pour ce qui m'est le plus cher.

Reste le nouvel an. Je ne sais pas qu'est-ce que je vais pouvoir inventer pour y échapper...

Heureusement, la journée est aux bonnes nouvelles. J'ai reçu un courrier d'Aurora, à Kemerovo. Ce contact sera primordial pour connaître les détails du voyage. C'est quand même pas du plus simple de s'en aller au coeur de la Sibérie, dans une région où l'industrie s'est écroulée. Ce voyage sera le plus conséquent réalisé jusqu'alors. J'étais toujours parti dans des pays urbanisés ou des zones pas trop éloignées culturellement. Là, ça promet ! Déjà, j'ai du boulot pour réviser mon russe!

28 décembre

Découverte de nombreux groupes intéressants (c'est chargé !). Les principaux sont Mouse on Mars, dont j'avais un a-priori très négatif. Or, il s'avère que c'est bien déconstruit et fort orginal, bonne surptise donc ! Ensuite, que des groupes russes parce que la période est à cela... Zemfira, une intégrale (parce que franchement, ça vaut le coup !), Aria, DDT, et autres noms inconnus ici. Je révise le russe chaque jour, ce qui est une surcharge de travail évidente et lancinante...

 

29 décembre

Dernier repas à-la-con. Rien à signaler de différent par rapport aux jours précédents, c'est l'agonie. Sauf que là, je suis tellement largué, ça se termine sur un beau clash. Y'a pas à dire mais des trucs pareils, ça me déboussole. Au sortir de ces machins, je suis complètement paumé, je vomis le monde entier. Ce qui est dangereux, c'est que dans ces instants là, je suis capable de tout renier, même ce qui m'est le plus cher. Ca peut être lourd de conséquences... heureusement, ce fut sans accumulations d'ennuis, je m'en sors pas mal... Mais bon, faut toutefois voire la vérité en face : l'année prochaine à la même période, je pars dans un pays musulman durant quinze jours. Au moins j'aurai la paix.

La semaine passée fut d'un abominable rare. Je n'ai pas cessé de cavaler dans tous les sens, ce fut d'un nauséeux de grande qualité. Retards, accumulations de problèmes, perte de qualité de vie... Argh vraiment la période de Noël, c'est pas la joie. La semaine qui vient sera en contre partie très calme. J'ai vraiment travaillé à la construction de la tranquillité, je n'ai plus rien d'important à finir, les promesses sont tenues. Cependant, comme résolution de nouvelle année : je vais cesser de bâtir ma dépendance au temps. Etant donné que je suis incapable de tenir mes promesses, je vais tout simplement cesser d'en faire. Je ne parlerai des projets qu'une fois ceci en bonne forme. Pas la peine de véhiculer du vent... Je remarque toutefois que mise à part la semaine précédente, le rythme de vie s'est nettement amélioré. C'est en bonne voie donc !

A part ça, le projet Kemerovo avance à grands pas. La Sibérie se fait moins lointaine. J'ai maintenant deux contacts privilégiés, dont Inna Belousova qui m'apprend pas mal de choses sur sa région. C'est nettement plus agréable d'arriver quelque part et d'avoir un passé déjà construit plutôt que de former une découverte complète. Je sais la valeur que prend un voyage bien contruit, c'est au moins cent fois plus passionnant. On aura probablement l'occasion de se rencontrer sur place, ainsi ce sera une véritable incursion dans la culture locale - ça changera de la superficialité de mes précédents voyages !

 

2003

 


Carnet de douches du charbonnage du Hasard

1er janvier

Les beubeuh ont fait la fête toute la nuit, ce fut tout particulièrement prise de tête. Le bruit de musique, les pétards, l'alcool, les cris. Ah ! Véritablement quand je vois ça, j'accepte sans rechigner : certes je n'ai pas l'esprit festif ! D'ores et déjà je le savais, il devient urgent de déménager dans un trou du cul du monde, les gens m'excèdent et c'est malsain de rester ici. Juste "trois-rues-plus-loin", peu importe : un truc où y'a pas de voisin fêtard et un tout petit peu moins de cons si c'est possible... Bref, au matin, il faut une bonne dose de griffures pour sortir du lit,11h16 !

Aujourd'hui, Ste Elisabeth version 2. Cette clinique que j'avais visité il y a plusieurs mois a proposé de belles surprises. En effet, il y existe un lieu retranché, uniquement accessible par des sous-sol d'une glauquitude à faire trembler !! Au bout de ces couloirs humides, sombres, froids, sauvagement ravagés par le temps, un espace oublié des tagueurs voleurs ravageurs. Des pièces où tout est resté, c'est d'ailleurs assez incroyable (voire révoltant). On y trouve dossiers médicaux, radios (avec les noms), les carnets de rendez-vous, des archives, des seringues et vaccins, des lits, perruques, dessins de gamins et tout ce qu'on peut imaginer dans le genre. Le respect de la vie privée, c'est pour ailleurs... On est en plein centre de Bruxelles, dans un quartier chic. Au beau milieu de ce bordel épouvantable dont les portes claquent et les fenêtres sont brisées, on trouve quoi ? Eh-eh, suspense ! Qu'est ce qui est le plus impossible à imaginer ?! Une garderie ! Et oui, au milieu des vitres pétées, un jardin d'enfant recouvert d'un treillis métallique. Au centre de celui-ci, une chaise et quelques déchets. Aux dernières nouvelles, ce chancre devrait être reconverti en logements de qualité d'ici peu. C'est assez rare de penser ça, mais là on a presque la sensation que c'est une bonne nouvelle !

La machine à laver tourne. J'avoue que je prends ces lignes comme échappatoire, j'ai pas envie de faire la vaisselle et le ménage ! Zemfira tourne, agréable groupe russe très connu, dont je ne me lasse pas. Un peu moins connu, Akvarium, intéressant aussi mais un peu plus conventionnel. Tout à l'heure, on se demandait comment se dit "cool" en langage djeunz. Ah franchement, on est pas à la page ! Euuh... non, on est pas 'in', n'est-ce pas ! L'année 2003 aura donc commencé comme les autres, dans un calme loin du tumulte des débiles-humains. Ca commence fort aussi, j'ai déjà 700 pages de thèse à lire sur les révoltes des mineurs au Kuzbass. Cela m'amènera au millier de pages de documentation sur la région. Malgré tout, j'ai le sentiment de ne pas saisir l'essentiel. Trop loin - une culture trop complexe et trop différente... Ca s'arrangera probablement, faut prendre le temps... A cela s'accumule la continuation du plan des mines de fer de Lorraine. Un travail aussi monstrueux que la dimension du réseau souterrain. Un boulot véritablement passionnant.

Une interrogation qui me tripatouille depuis quelques heures... Est-ce que macdo était ouvert hier soir juste avant minuit ? Et si oui, quelle était la tronche des gens présents ? ... On se pose véritablement des questions stupides quelquefois !

 

2 janvier

Les pires choses que j'ai lues sur les russes :

-Les magasins sont tous vides, il n'y a absolument rien à manger.
-Les russes sont si pauvres qu'ils mangent des patates toute l'année.
-La Russie est un pays dangereux, tu risques de te faire voler à chaque coin de rue.
-Ils prennent la vodka dès le matin et sont tous bourrés à 10 heures.
-Les femmes sont des putes et n'attendent qu'une chose, partir en occident grace aux agences matrimoniales.
-Les gens sont d'une tristesse épouvantable. Ils sont inhospitaliers et ne parlent pas parce qu'ils ont peur.
-La Russie est un pays de steppes et de forêts gelées, il n'y a rien à voir.
-Les gouverneurs asservissent le peuple.
-La mafia est omniprésente et domine le pouvoir.

Avec ça, comment voulez vous qu'un occidental se fasse une idée non déformée de ce pays ! N'importe quoi quand même ! Par rapport à ces quelques lignes, je voudrais juste préciser que je suis intensément dégoûté par ces idées. Ce qui est véhiculé en masse n'est pas fondé, cela est édicté dans le simple but de rabaisser une série de nations peu connues. Peut-être dans l'espoir politique de paraître supérieur, peut-être afin de canaliser des peurs sur un difficilement palpable... Quoi qu'il en soit, les russes sont très accueillants et dans bien des cas, on paut s'attendre à un niveau économico-culturel bien élevé.


4 janvier

De l'eau de l'eau de l'eau de l'eau de l'eau de l'eau de l'eau de l'eaaaaaauuuu... Petite promenade à Dinant aujourd'hui. La Meuse est en colère, grouar ! Elle charie des morceaux de bois, renverse les plots puis déborde de son lit. Les rues sont dans l'eau, il n'y a que les panneaux qui dépassent, les barrières sont quelquefois entièrement immergées. Les voitures se font hésitantes puis demitourisent, les passant arborent bottes et regard-fatalité. En effet, il n'y a pas que les rues sous le déluge. La Meuse a également trouvé de bon gout de visiter un sacré paquet de cuisines et salons. A la télé, c'est banalité. En réalité, ça acroche un peu de voir ces gens dans la boue et la galère. Dans ces situations, il se créée une sorte de solidarité - là où l'on se dit finalement que l'humain n'est pas si pourri que ça... Mais bon, la solidarité c'est léger contre tant d'eau... Les sacs de sables semblent dérisoire par rapport au débit... Petit village de Houx, le centre nage. Plus loin à Yvoir, une maison semble déposée là par un hélicoptère au milieu d'un fleuve bien déchaîné. Ils avaient même pris soin d'étêter les marronniers... De l'eau partout, triste réalité malheureusement de plus en plus fréquente... Les pouvoirs publics ne se rendent probablement pas vraiment compte des conséquences de l'imperméabilisation. Les temps de réponse des bassins versants deviennent d'une rapidité effroyable. Par ceci s'amoindrit le pouvoir d'absorbsion, qu'on ne me dise pas que ce n'est pas évitable... On sait modéliser tout cela...

A Dinant, il y a un téléFérique. Ca me fait penser à François Bon, avec ses voeux de nouvelle année à Tours ! Mais là, c'est encore mieux, puisque les panneaux sont définitifs ! Sur le chemin de la promenade, nous profitons de l'occasion pour visiter la carrière Saint Anne, située sur la commune de Dinant. C'est une vaste carrière à ciel ouvert, dans laquelle s'ouvre une petite partie souterraine. Le lieu est récupéré pour du ball trap. Le sol est pollué comme rarement. Des centaines de milliers de disques, des millions de plombs, des montagnes de cartouches. C'est bien simple, le sol est orange fluo. J'en ai fait des photos pour témoigner de l'horreur, c'est une véritable honte...

La carrière est relativement petite, mais elle est esthétique. Initialement dénommée marbre noir, la pierre est en réalité un calcaire à plaquettes exactement similaire à celui de Mazy. Ici le pendage est important, atteignant facilement les quarante degrés. Les piliers sont dans la même orientation, ce qui constitue un paysage typique et amusant. Cependant, la visite est difficile parce qu'il y a beaucoup de blocs épars très informes. De visu, la carrière est un vaste carré de cinquante mètres sur trente. La hauteur doit avoisiner les six mètres, visite rapide mais intéressante. Juste à côté, il reste deux trémies d'une ancienne station de broyage. Les balltrapeurs en ont évidemment massacré une... Bref, à voir si on est dans le coin...

Le retour dans le train nous apprend qu'il faut avoir une adresse caramel pour être dragueur ! c'est en tout point snifsniff pitoyable... Rien de moins pire que les commentaires de Michel Tournier sur les journaux intimes (dans la revue L'express). Ces "littéraires" sont vraiment détestables, tout comme les musiqueux de "Diapason" ou "Le monde de la musique". Un obscurantisme digne du catholiscisme... Donc Tournier se permet de promulger, voire proclamer qu'un journal intime où l'on raconte sa vie, c'est bidon. La phrase exacte : «Parler de soi est idiot, je préfère évoquer les gens ou les métamorphoses de mon jardin»
Accompagné de ce commentaire : Les écrivains les plus révérés n'échappent pas à cette triste règle : nombreux sont ceux qui ont cru faire une oeuvre en reproduisant servilement le réel, alors que la liste de leurs bleus à l'âme contribue à affaiblir la puissance de leurs autres écrits. Donc ce Monsieur détient la pensée universelle. Et qui est t'il donc pour décréter ce que doit être un journal ?! Chacun écrit ce qu'il veut dans le but qu'il entend, il n'y a pas un journal bon un autre mauvais... A vrai dire, il n'y a même pas de qualité en jeu puisque initialement et principalement, le journal est rédigé pour soi-même (uniquement) - sinon, on appelle ça du journalisme et c'est autre chose... Bref, Tournier m'avait déjà bien excité avec des propos de barbare sur la littérature - là franchement c'est le pompon. En fait, un vrai journal n'est pas vraiment publiable. L'éditeur prenant cette responsabilité risque beaucoup parce que c'est sortir amplement du sentier battu. Assez souvent, il le fait parce que l'individu est connu, alors ça fait un style biographique. Mais le journal de Machin 3 rue des Fleurs, c'est pas courant...

 

5 janvier

Marché de Bruxelles-Midi ce matin. J'en ai profité pour acheter des légumes plutôt difficiles à dénicher : patates douces, bananes plantain, dattes et autres trucs du genre. Malheureusement, je n'ai pas trouvé d'ignames ni du manioc... Juste après, nous allons manger à Hydia Bd Lemmonier. Ils passent Cheb Hasni, plutôt connu des services ! C'est très bon et c'est une bonne pause. La fin de la journée est située dans la glauquitude. Il y a dans Schaarbeek d'anciens bâtiments de la SNCB paraissant abandonnés. Arrivée sur place : en fait les bâtiments sont en ruine, ils sont dans un état dramatique rarement croisé ! Saleté, humidité débordante, tout est cassé brûlé putréfié. Il y a toutefois une chose intéressante à voir, derrière dans les amusants jardins broussailleux. L'entrée officielle de l'atelier, surmontée d'une belle et grande plaque émaillée bleue. Juste à côté, une autre plaque du même style indiquant un joli 15000 Volts. Le lieu est squaté donc le départ est rapide.

Un truc que j'oublie tout le temps de raconter : au samoka mon frère a demandé une salade carèbe. A cela il fallait comprendre salade caraïbe. Ca a bien fait rire ! Egalement ce matin, une dame demandait à un marchand : c'est pour homme ou pour femme ? Le mec a répondu "oh... ça c'est bisexuel"

 

7 janvier

Dans le train, le voisin lit : Jean-Marie Messier, Mon Vrai Journal. Sortez les mouchoirs, vous allez pleurer...

 

11 janvier

A Maintenon pour aller voir les parents. Journée sans grand chose à raconter, sinon les visites cumulées de l'ancienne usine près de la gare et le petit souterrain de La Garenne, dont la décoration est à ce jour complètement ravagée. Les journées chez les parents sont souvent sujettes à l'indolence, ce qui en soit n'est pas si mal que ça pour casser ce rythme complètement fou - mercenaire du quotidien.


Cokerie du Marly, NOH.

12 janvier

Ce beau dimanche est consacré à la rencontre de deux amis de longue date : Jean-Baptiste et Renaud. je n'avais pas revu JB depuis 96, autrement dit, ça fait un sacré bout de temps ! Malgré tout, les deux zèbres restent fidèles à eux même, toujours aussi intègres à leurs idéaux. Je ne sais pas si mon parcours déchiqueté leur donnera la même impression... A vrai dire je m'en fous, car il est équivoque que je ne cherche en rien à impressionner qui que ce soit. Mon cheminement est tout petit est c'est bien ainsi... La grandeur apporte souvent beaucoup d'égoïsme et de vanité.

Nous avons d'abord mangé dans un restaurant libanais plus qu'infâme, ensuite nous nous sommes retrouvés à la terrasse de Beaubourg, heure internet 613. Ces retrouvailles sont l'occasion d'évoquer de nombreux projets en cours ainsi que quelques souvenirs. Des moments cruciaux nous ont amené à faire des choix difficiles. C'est étonnant de voir finalement que nous sommes tous à une place entièrement différente de ce que nous revions, alors étudiants... Toutefois, la base est la même : cet idéalisme rageur, tout au fond et bien ancré, criant jour après jour contre la connerie humaine jamais lassée.

 

13 janvier

A imaginer quelques secondes un Mano Solo non malade, ça signifierait qu'on aurait jamais eu son oeuvre. Mais est-ce que sa musique, aussi belle soit-elle, a suffisament de valeur pour justifier ce prix à payer : la maladie et une immensité de souffrance. C'était ce matin, quelques interrogations sous la pluie. Le destin aurait été mieux avec un Mano Solo malade ou non ? Question débile en soi, mais finalement importante lorsque l'on vient à généraliser la situation... Le destin des artistes est souvent un ravage extrême de la vie, je pense entre autres à bon nombre de poètes... La profondeur et la beauté proviennent de la douleur, pourquoi la souffrance est-elle source d'excellence ?

Journée banale en soi, mise à part que je suis malade. Le bide complètement en charpie. A force de faire le pitre, c'est quand même normal que j'en paie les pots cassés. Mais bon, je m'en fous comme de l'an quarante. Déchiré jusqu'au fond des os, démoralisé jusqu'au fond du coeur, je crois que j'écrirai encore. Ma vie est une écriture, sans cesse renouvelée et toujours merdique. Mais c'est le cri humain d'une détresse extrême, ce hurlement d'impuissance face à tant de misère. Un cri rendu encore plus rauque depuis que je suis entouré d'occidentaux dont les préocupations sont : le téléphone qui prend des photos (dont je ne sais même pas le nom (d'ailleurs je ne veux pas le savoir)), la victoire de Trouduku à starakademy, les formes du cul de Mamzelle Machin. Marre de l'égotisme de cet occident de merde. Mon cri est d'une désespérante platitude, mais tout au moins il justifie une vie. Loin du stéréotype de mère Thérésa, l'action peut être autre que merdicocatholique...

 

17 janvier

Depuis le début de la semaine, c'est le feu. Une activité intense, la plupart du temps peu constructive. Il est évident que je n'aime pas beaucoup, j'ai l'impression de me dissiper et me perdre dans un peu n'importe quoi n'importe où... Du coup, j'ai la tête qui pèse du plomb, je suis complètement ailleurs (voire perdu) et je fais des erreurs grossières.
- Cette semaine, j'ai mis une brique de lait à moitié pleine à la poubelle.
- En cherchant à manger chez machin, au lieu de donner l'argent, j'ai tendu le porte-monnaie.
- Je me suis emmêlé les pinceaux, j'ai prévu que Michel venait en Russie.
Bref, je crois qu'il faut pas y aller par quatre chemins, je suis complètement paumé !

Mais bon, ça n'a rien de catastrophique puisque j'en ai parfaitement conscience. De ce fait, je peux améliorer la situation. Il est clair que je passe une part de ma vie beaucoup trop importante à répondre à des mails. Le fait que j'ai remis mon mail sur le site est une catastrophe. Mais si je ne le fais pas, les gens écrivent à des copains en demandant de faire suivre, c'est pas terrible... J'ai pourtant bien précisé que je ne voulais absolument pas en recevoir, sauf si je suis la seule solution. Je pensais que ça allait en dissuader bon nombre, puique je ne suis la solution à rien... Mais non...

Du coup, la semaine prochaine, je tenterai de rétablir la situation. Je ne vais pas dire que je n'écrirai plus, mais je vais encore diminuer le rythme. J'ai un mal fou à trouver du temps pour écrire ce foutu roman à la noix et ça, c'est quelque chose qui m'énerve pas mal. Ma résolution de ne plus vivre à fond n'est pas tenue. Il faut absolument que je ralentisse : c'est une drogue et je me détruis pour des conneries.

A part cette routine, je suis traumatisé (par cela, j'explique quelque chose de tout à fait sérieux). J'ai pris connaissance du destin de Jacqueline Saburido. C'est une jeune femme qui a eu un accident de voiture parce qu'elle a été percuté par un mec qui était bourré. Elle n'a plus de nez, plus d'oreilles, un oeil crevé, le menton cassé, la bouche détruite, plus de cheveux, plus de mains et presque plus de pieds. Les états unis font actuellement une campagne de pub sur ce thème. Est-ce critiquable ? Je ne sais pas répondre, parce qu'il est impensable de nier autant de souffrance. Mais en attendant, je suis absolument brisé par ces photos, nombreuses et détaillées. Personne ne peut rester indifférent...


Numéros de Berline, La Vallauria

 

18 janvier

Tôt tôt tôt le matin... Dur dur de tenir le coup dans le train... Direction Mons pour aller visiter une immense cokerie abandonnée depuis quelques années. Nous avons rendez-vous à la gare, elle offre un regard qui émerveille les français qui nous attendent : une architecture néo-stalinienne bétonique carrée. Ca place le contexte !
Nous sommes légèrement en retard sur le planning, nous ne rentrons sur place qu'un peu avant midi. Une voiture garée juste devant l'entrée nous interpelle : quoi, un glauque là dedans ? Groumf, c'est bien étonnant ! Cokerie de Tertre, Eurodisney pour les glauques ! Youpi !!! Bienvenue !

L'usine est d'une dimension rare, un gigantisme dédié à une productivité intense. C'est un lieu qui fabriquait du coke. Le coke est un charbon modifié par quelques procédés simples. Il est chauffé à haute température dans des fours, cela durant 24 heures, puis défourné, soit balancé dehors sur des plans inclinés. Alors, une douche froide attend. A cela, il semblerait que viennent s'adjoindre de nombreux processus : éjection des gaz de combustion, agglomération des morceaux, traitements pour épurer les matières premières. Cependant, ce sont des techniques qui deviennent rapidement complexes, de ce fait nous ne comprenons pas tout...

Nous avons commencé par un silo à charbon. Ce lieu est équipé de multiples cheminements de berlines. Le charbon est déposé dans d'immenses réservoirs en forme de sablier. Ceux ci se déversent sur commande dans des trains étranges encore présents sur place ou bien dans un convoyeur d'une dimension terrifiante.

Pause gerbivomie aux bâtiments administratifs dans lesquels il est possible de trouver de nombreux plans, des docs techniques et quelques fardes administratives bien conservées. Nous continuons plus ou moins en suivant le cheminement du charbon. Les fours, intacts ce qui est rare, s'alignent sur des centaines de mètres. La défourneuse est encore là, une centaine de boutons et commandes dans la cabine du conducteur.
Le coke est refroidit puis ensuite stocké dans d'autres silos. Ce matériau est utilisé dans les hauts fourneaux. On s'en sert pour fondre les métaux et produire de l'acier - entre autres...

Plus loin, l'intérieur des fours donne une impression de machine infernale dans les mangas japonais. C'est fantastique ! Nous finissons la visite sur des réservoirs et bâtiments étranges plutôt puants. L'odeur est telle qu'on a l'impression d'avoir le gout en bouche... Il fait nuit lorsque nous partons, juste après avoir donné un coup d'oeil dans la partie souterraine, d'un turboglauque extrême !

En repartant, je laisse un tract sur la voiture du visiteur. Ca lui donnera certainement une étrange impression ! Au final, le sentiment est celui d'un site exceptionnel car instructif et bien préservé. Cependant, la pollution est à la même échelle. C'est impressionnant de voir les arbres en train de crever dans des nappes de pétrole miteuses. On se demande véritablement quel avenir est possible pour ces kilomètres carrés ravagés.

Le soir est tombé. Nous filons à Charleroi. Après quelques difficultés, nous arrivons à Marcinelle, site de la Providence. Un peu le même type d'entreprise, cokerie et hauts-fourneaux dans un même ensemble cette fois ci. Les usines fonctionnent et ça donne une impression de bestialité peu commune ! Ca fume, ça crache, ça brûle, ça grogne... Un chemin sur l'arrière du site permet de rentrer en plein coeur de l'usine sans rencontrer un seul garde. C'est étonnant... Cependant, nous n'y allons pas, parce qu'on n'est pas complètement fous ! Mais cela nous permet de voir de près les convoyeurs grinçants et les tuyères crachant de belles flammes bleues.

Sur le chemin du retour, nous nous arrêtons à une friterie terrible. Les quantités sont atronomiques ! A la maison, le sommeil fait son appel rapidement !


19 janvier

8h13, la radio passe des caves. Talalalalllllaaaaaboumboum, je danse le boum boum, les filles sont folles de moi parce que boum boum paf pif. Lamentable !
Merzbow et Macronympha parviennent à peine à sortir Michel de la léthargie. Petit dej puis départ pour Maastricht. Nous allons visiter Caestert, une des plus importantes carrières de la Montagne Saint Pierre.

La route est faite sans erreur. C'est chouette ! Nous trouvons quelques tarn, puis enfin l'entrée du site. C'est un trou tout minuscule, puant à plein nez le tarn (trou à rat notoire, à rajouter au dictionnaire d'ailleurs). Cependant, ça file loin. Les galeries sont creusées dans un tuffeau jaune très granuleux. Elles font cinq mètres de large pour une vingtaine de haut, ça donne un étrange profil.

Le lieu est agréable, moins tagué que Lanaye, mais moins chargé d'histoire que Grotten Noord. Ca vaut le détour tout de même, au moins parce que le réseau est vaste, et typique des techniques d'exploitations observées dans cette région. Il y a quelques dessins médiévaux étranges, quelques inscriptions de carriers aussi. Le réseau est creusé dans une vaste anarchie, ce qui ne manque pas de nous perdre...

Le repas de midi est titantesque. Paté, Sifflard, c'est atroce ! Ca nous fait d'ailleurs bien rire ! Nous terminons assez rapidement la visite, content du voyage. A Maastricht, un petit détour s'impose pour visiter la ville. Une église dont les pavés sont tellement cirés qu'on se sent mal à l'aise (qu'est-ce qu'on fout là...) une place en travaux, un pont étrange à bi-bout... Maastricht est une ville agréable mais difficilement caractérisable, un style particulier assez hégémonique...

En tous cas, la Montagne Saint Pierre est très attachante. C'est un paysage touchant, très marquant. Peut-être à cause du lierre partout... J'aime bien y revenir en souvenir...
Dans le train, je gaze à la Titan. Dans les escaliers, à la sortie du train... Bref, pas fantastique le voyage ! Ce week-end a apporté pas mal de nouveautés et un bonne masse de satisfaction, c'était bien !


20 janvier

Cernes, le dessous de mes yeux, c'est noir. J'abuse de manière inconsidérée, ce qui est fréquent et peu justifiable. Mais bon, je suis heureux. Je ne sais pas si c'est le principal mais c'est déjà ça d'acquis. Une vie dont le regard est tourné sur la découverte et le partage. Samedi prochain, je rattrape le sommeil. Ca sera un grand bonheur !

 

23 janvier

Les périodes de calme sont toujours étranges et mal vécues, l'esprit qui plonge tête baissée dans le doute et l'expectative, le moral en chute et la peur irraisonnée de tout perdre. Mais je ne lacherai pas, trop de fatigue accumulée, il faut absolument que j'arrive à tenir quelques jours sans rien faire de spécial. Ma course contre le temps est une maladie, c'est ce qui me permet d'oublier les angoisses. Seulement, ce n'est pas une solution car c'est propice à toutes sortes d'excès...

Bref, ma parole ne sera qu'une parenthèse du doute. A chaque pas, je mesure le tremblement de mes jambes... Ceux qui croient en moi se trompent. Ils sont de moins en moins nombreux, c'est tout à fait normal. La pensée est un danger que peu affrontent, beaucoup par l'alcool la mode et la monotonie. Mon crédo de sur-activité est tout aussi pitoyable. En attendant, je garde le cap. Trop de mails, trop de courriers, trop de désorganisation : je m'enfonce encore plus loin dans le silence en réaction. Les commentaires sont assez agressifs, mais bon, c'est ça ou je crève à petit feu...

Très peu de projets en cours. Juste une demande d'autorisation pour visiter les hauts-fourneaux de Hayange, un vague projet de Lorraine en février, rien d'autre et ce n'est pas un mal. Il y a tellement de promesses que je n'ai pas tenues, c'est un cercle infernal qu'il faut enrayer...

 

26 janvier

Journée de faible motivation, je n'ai pas envie de me bouger et je ne sais pas pourquoi. Ce n'est pas courant car d'habitude, je suis toujours plein d'entrain. Je profite de ma mauvaise humeur pour éclater tout ce qui m'emmerde. Les comptes mails qui ne servent qu'aux ennuis, les centaines de courriers dits "jyrépondraiunjour...", les centaines de demandes "dis-moi-où-est-l'entrée-de-ce-souterrain-?" alors que c'est connu du monde entier tellement c'est facile... Ah ! J'en ai marre ! Hier après-midi, je trainais dans le centre de Wavre afin de récupérer des photos. Cette sortie m'a apporté un dégout extrême. Le commerce est lamentable, les gens s'en plaisent et complaisent. Quant aux quelques minutes de télé supportées hier soir, c'était pour constater une fois de plus que l'on nous propose des rêves supramatérialistes. Le mec qui a construit sa ferrari, c'est sa vie. Lamentable. La pub qui vante les chips ducon. Lamentable. La musique qu'on nous assène. Lamentable. La pub pour les soupes knorr : "merde le jardin ça fait chier. Une pelleteuse arrive et détruit tout avec sourire. Oh oui oh oui, les soupes en briques de merde c'est tellement mieux". Lamentable.

Bref, ras le bol extrême de perdre mon temps avec ces andouilleries. Je ne me sens pas spécialement supérieur, mais tout au moins infiniment différent. Les individus bornés dans ces stéréotypes chechent à me contacter - ce qui est quotidien et m'excède. Là j'ai tout largué. Ca ira mieux. Un coup de poing dans cette société fière de son odeur épouvantable. Ceux qui disent que je reste dans mes "trips" égoïstement ont tout compris. En effet, je me moque de tout ce que la vie veut nous asséner. Je ne demande rien à personne depuis longtemps maintenant, mis à part la paix. Ce n'est pas compliqué mais toujours pas d'actualité.

Après de nombreuses hésitations, j'ai enfin trouvé un nouveau logement. C'est vraiment une nouvelle qui me réconforte. Au revoir le voisin débile mental qui fait la fête deux fois par semaine jusqu'à trois heures du matin, au revoir les 30000 véhicules / jour. Une vie qui sera axée un peu plus sur le calme et la qualité de vie. Dans le même ordre d'idée se situe le au-revoir-les-200-mails-par-jour, je ne suis pas un mailman. C'est bien triste de se lamenter de manière répétitive sur les mêmes problèmes années après années - il y a un moment où ça craque.

Les projets refont naissance, ils sont légèrement différents de ce que j'ai l'habitude. Les lettres et les demandes fusent de partout, l'envie étant de visiter les principaux hauts-fourneaux avant extinction. A cela s'adjoint les visites de cokeries avant destruction. Les noms de sites sont peu connus du grand public, pour moi ils arborent une forme de rêve. Hayange-Florange, Dunkerque, Anderlues, Chertal, Charleroi la Providence, Drocourt... La sidérurgie est en train de s'éteindre un peu partout. Il est tard, peut-être même déjà trop tard... Quand on dénombre les déjà-morts : Carcoke Tertre, Buda Marly, Zeebruge, Clabecq (à moitié), etc... J'espère que ça va marcher...
Bah, sinon... Si faut aller dans la Ruhr, c'est pas une catastrophe, c'est encore facilement accessible...

Et puis y'a la Russie. C'est tout de même un gros boulot. Ajouté aux habituelles descentes sous terre un peu partout, ça donne beaucoup de joie. Une découverte sans cesse renouvelée. Harald Finster compte aller en Ukraine visiter le bassin houiller, ressemblant à celui de la Ruhr avec des années de retard. Certes, dès fois on se dit qu'il faudrait dix vies pour tout faire !! Cet acharnement à la connaissance et à la promotion d'une culture d'archéologie industrielle est un grand bonheur.


Cahier de four - Cokerie d'Anderlues

29 janvier

De sortie pour aller prendre mon billet de train pour Amsterdam, je me suis trouvé dans une situation bien étrange. Soir à la gare du Nord, le ciel était gris foncé. C'est une grande gare dont le hall principal a des dimensions pas tout à fait normales - un vaste hall rectangulaire. Soudain, des grondements très sourds. Tiens ? Serait-ce Saddam et son copain Bush qui commencent à jouer à la bêtise ? En fait non, le tonerre grondait et cela donnait l'impression d'une pluie d'obus. Impressionnant !

A la gare, ils sont d'une grande incompétence et d'une malpolitesse rare. Il y a un problème de guichets dans ce lieu, parce que c'est régulièrement lamentable. Du coup, j'ai été chercher mon billet à Central...

Dehors, c'est bizarre, tonerre et fracas mélangé à une tornade de neige. Deux centimètres en quelques minutes. C'est assez curieux à vivre et même si je suis trempé, je ne le regrette pas...


30 janvier

Dehors toute la soirée pour prendre en photo la neige toute douce. Je voulais tester la combinaison neige-nuit, car du peu d'essais que j'ai fait auparavant, je sais que ça donne de très belles couleurs. Du jaune, du bleu, des contrastes forts... Donc j'ai commencé par le cimetière dont j'étais le seul passant (neige immaculée) puis j'ai été en forêt et aux papèteries de Genval. Résultats à venir...


31 janvier

Départ au matin (tôt) pour Amsterdam. En heure de pointe à Noordstation, la dame qui dit les changements de voies au haut-parleur babille dans un flux intensif qui ne décolère pas. J'ai regardé, il n'y a pas dix secondes sans une annonce. C'est extrêmement saoulant. En comparaison, à minuit c'est le silence, un peu étrange car on ne reconnaît pas le lieu...

Le train est évidemment en retard (tout comme celui que j'ai pris avant pour venir jusqu'ici). Les horaires ici comme partout, c'est de l'approximation... Durant le voyage, une fille (de Boitsfort) a raconté durant deux heures au moins les moindres détails de la rupture avec son mec. C'était... très dur... Ah ! tant de souffrance... L'appeler ? Oui mais non, non mais oui..?..;:/? Bref, c'était insupportable...

A l'arrivée, Luc et ses amis étaient là. Depuis mon départ de Nice plus d'an an auparavant, il n'a pas changé. Ses amis sont Sideth, Caro et Carine. Il n'y a que Sideth que je connais, et encore, je ne l'avais vu qu'une seule fois, en train de prendre une bière chez Luc !

Nous commençons par un tour en bateau touristique, du genre le petit-train-de-Nice. Cela nous fait découvrir agréablement ce qu'il n'est pas vraiment possible de connaître autrement : le dessous des ponts. En effet, Amsterdam est flanquée de 1200 ponts et cent kilomètres de canaux. Cela constitue un paysage assez typique, qu'on ne retrouve pas exactement de la même manière ailleurs (même à Venise). Le bateau prend les principaux canaux du centre touristique et nous amène même sur Het Ij, grand espace d'eau où ça tangue bien ! A noter une église qui s'intitule Homo Monument !

Ensuite, étant donné que j'ai une faim à dévorer un buffle entier, nous allons manger dans un bazar de Binnenbrouwers straat. C'est vraiment très très cher, mais ça nous permet de rencontrer un type qui nous conseille sur des choses agréables à voir. En fait, comme dans toute ville touristique, le flux de touristes-à-la-con se réduit à un ridicule centre ville dénaturé. Ici, il semblerait que passé le Singelgracht, on est tranquille...

Luc avait besoin de faire quelques courses, ce qui nous amène dans le populeux centre ville (Nieuwen Dijk rue Massena du patelin), puis au nationaal monument, en quelque sorte la Grand-Place de Dam. Juste après, nous sortons des sentiers battus, direction Overtoom. Tout d'abord le Vondelpark puis des quartiers attenants. Comme le parc ne plaît pas à Sideth, nous avons le droit à une crise d'adolescence ! Muuuh, j'ai mal aux orteils, j'ai mal au cul, je sens plus mes pieds, je veux pas aller par là, j'ai déjà vu, na !!!

Bref, après quelques boules de neige protestatrices, nous arrivons dans le Oud West, très agréable quartier. Après des détours du côté de Eerste Constantijn Huygenstraat, nous découvrons le Kashmir Lounge, Jan Pieter Straat. C'est un lieu qui ressemble au Noci Be de Nice. Un bar où on s'assoit par terre, ambiance indienne. Cependant, c'est vraiment très brouillardeux, les fumées de tonjes sortent par cheminées entières ! Après quelques temps, nous avons les yeux explosés...

A quelques pas de là (Eerste Helmerstraat) nous allons manger dans un restaurant éthiopien. Le décor est très agréable, des tentures traditionnelles et des peaux. Les gens représentés ont des yeux immenses, je ne sais d'où vient ce détail iconographique, mais j'avais déjà vu... La nourriture est excellente. Servie dans un très grand plat, il n'y a ni assiettes ni couverts. Les mets sont déposés à même une galette, et chacun se sert en piochant ce qu'il lui plaît. Luc prend un Gored Gored speciaal, Carine un Deblesek, moi un Goro Wot speciaal, le reste je ne sais plus. Quant au vin, d'Afrique du sud, c'est un rouge au goût sucré et surprenant, bien que ce ne soit que d'une cuvée de l'année dernière. Bref, viandes diverses, des légumes comme épinards, patates douces et navets, ça fait un repas équilibré et remontant. J'ai beaucoup apprécié ! Il semblerait qu'il n'y a qu'un seul restaurant de ce type en France. Quant à la Belgique, c'est le mystère... Une occasion rare donc...

Pour terminer la soirée, nous allons au Red light district. C'est le fameux coin où les putes sont dans des petites chambres avec vitrine sur rue. La débauche est très contenue. En fait, le quartier est relativement circonscrit. C'est ici et pas deux rues à côté. A noter qu'à un endroit, les lumières rouges se reflètent dans les vitres d'une église toute proche, je crois que c'est une vue vraiment marquante : une culture dominée par le mélange de toutes visions et origines, cela dans un respect assez fascinant.

Dans les rues, les néons rouges indiquent une chambre. Il y a beaucoup de monde, des mâles essentiellement (pour ne pas dire uniquement). Ce sont souvent des mecs ayant la trentaine, stéréotypés gros porcs bien violents. Mais il y a aussi des très jeunes et des touristes. Il n'y a pas vraiment de sentiment d'insécurité, finalement c'est très canalisé comme ambiance. Pour le gouvernement, j'imagine que ce genre de méthode permet de garder un contrôle direct sur ce qu'il se passe. Mais c'est sans aucun doute qu'il y a du tapin ailleurs, probablement plus sale et plus malsain.

Les bars à tonjes sont bondés, les bars à alcool le sont tout autant. Des gens sont amassés devant une chambre où une pute est déguisée en infirmière. Ca gueule fort, ça se bouscule. Dans ce bordel, des gens passent. Ils parlent comme ceux qui sur les plages cherchent à vendre des glaces : miko, beignets, eskimos... Sauf que là, c'est Heroin ? Cocain ? Alors tu leurs réponds nee... Mais cela ne les décourage pas : Ecstasy alors (XTC) ? Bref, c'est curieux de voir que tout cela s'ébat sans contraintes et sans bagarres (ou à peine). Ce n'est pas un discours pour dire "où est la police" ? Car chacun fait ce qu'il lui plaît en âme et conscience... Toutefois, de ma culture je manifeste pas mal d'étonnement. Je me dois de leur donner un minimum de respect...

Nous terminons la soirée dans un koffee shop miteux. Crevés, nous retournons à l'hotel vers 1h00 du matin.


1er février

Le réveil est assez lamentable. Keizergracht, je me promène un peu n'importe où. Je remarque que le matin n'est pas actif ici. Il faut attendre 10h00 pour avoir le premier café ouvert. Les lieux "in" ont souvent des noms français. "Le Carré", "Cusine française Bonjour", "Le printemps"... Après un petit kawa bien remontant, nous montons vers Jordaan par les quais. Nous avons rendez-vous avec Boris, un local, juste à côté de la maison d'Anne Franck.

Il nous fait visiter le marché, semblant assez réputé. Avec Sideth, nous profitons de l'occasion pour commencer une belle bagarre de boules de neige ! Criblés de froid, nous stoppons la marche pour manger un repas spécifiquement hollandais, un beenham. Il s'agit d'un petit pain tout simple, rempli de jambon grillé et de choucroute. Juste après, un café et une genièvre (jenever), nous allons chez lui, Kortjesportsteeg ou Roomstraat, je ne sais plus très bien.

Sa maison est parait-il représentative de l'habitât amsterdamer. C'est un logement entièrement en hauteur. Une petite pièce par étage (15 mètres carrés environ) des escaliers très raides, le tout orchestré sur 4 étages. C'est très propre et agréable, c'est un espace restreint et vertical, mais malgré tout, on s'y sent bien. On a vue sur les toits un peu partout, très pentus. Il nous raconte que pour un 50 mètres carrés, il faut compter quelque chose comme 800 euros. Mais il y a des aides d'état pour ceux qui rament, et ça peut descendre à 300 euros.

La maison est d'après lui relativement fermée. C'est à dire que les rencontres se font la plupart du temps dans des cafés ou à l'extérieur. La maison est réservée à soi, cela reste assez rare que d'autres personnes y viennent. De ce fait, nous avons eu pas mal de chance de pouvoir apprécier son logement.

L'après midi est au Morlang, un bar assez "in" situé sur Prinzengracht. Il y a beaucoup de monde et pas mal de bruit, mais c'est assez représentatif de l'attitude néerlandaise. Finalement, la vie est très repliée derrière les murs. Les gens ne sont pas tant que ça dans la rue, le bar est comme une seconde maison pour eux.

Alors vient pour moi le moment de repartir "back at home". Après quelques adieux déchirants (:-p) je m'en vais à pied jusque Amstel Station. J'ai la ville entière à traverser, ce qui m'enchante vraiment. Sarphati straat et son méga célèbre pont vite dépassé, je prends les quais de l'Amstel, au Weesper Zijde. Le vent et la neige ont fait de mes cheveux des mèches de glace. Je me demande si les gens reconnaissent que je ne suis pas d'ici. J'espère pas...

La gare est rejointe vers 17h30, ce qui me laisse ving minutes de liberté. J'en profite pour visiter le quartier des tours de Omwal. Là, le tourisme n'afflue pas ! Puis le moment de quitter la ville définitivement arrive. Le bus est en retard, mais au final je m'en sors plutôt bien (pas mal de chance à vrai dire !)

Dans le train, une fille raconte que lorsqu'elle sort avec un mec pour un soir, c'est pas pareil que lorsque c'est avec des copains. Propos joyeusement lamentables. Au final, ce petit séjour à Amsterdam aura un peu mis à l'épreuve ma vision du voyage. Adèpte profond de Jacques Lacarrière qui ne peut pas saquer les japs à Paris qui se reconnaissent à 200 km avec leurs drapeaux français voletant et l'appareil photo en bandoulière autour du cou (comme barrière au monde), le touriste doit se fondre dans la nature, il doit s'adapter à la culture, s'imprégnier des habitudes du lieux. Et bien là, c'était quand même assez dur. En effet, l'adaptation à donner faisait appel à de l'intime, voire à du refoulé. Le sexe omniprésent, la perte de contrôle de soi-même dans l'alcool ou le cannabis, c'est vraiment des données qui me sont complètement étrangères. Certes tout le peuple n'est pas dans cette caricature, toutefois à Amsterdam, cette manière de vivre représente une frange de culture vraiment non négligeable, au vu du monde présent et de ce qu'on nous a raconté. Cette découverte a été intéressante, j'espère que je n'ai pas trainé avec moi cette barrière culturelle belgo-française, celle qui apporte le je par dessus l'écoute d'autrui... Je garderai comme image de cette ville les derniers instants, ceux où une dame se vautre par terre parce que le pont était penché, et elle se marre, sans se relever.

 


Tickets de Tram, Amsterdam

6 février

Pétard, en ce moment c'est grave... La première réjouissance, c'est que je suis malade, mal au ventre, toux pénible. Y'a pas à trancher, je suis complètement convaincu que ça vient d'Amsterdam, nous n'avons pas arrêté de faire les ploucs avec les boules de neige ! Enfin bon, comme source de maladie, franchement je ne le regrette pas un instant !

Ce qui est plus embêtant, c'est la tournure de folie furieuse de cette semaine. Le retard s'est accumulé dans le travail perso, mais bon ça je m'en fous bien... C'est simple, tu regardes ma liste de choses à faire, c'est écrire à machin, à machin et à truc-bidule. J'ai l'impression d'être un write man depuis qu'internet est rentré dans ma vie. Bon, je ne vais pas tergiverser durant trois heures, je n'écris plus (ou avec trois plombes de retard). Ce n'est pas que je déteste tous ces gens, c'est juste que je suis arrivé à un point de non-retour avec moi-même, ne tolérant plus mes excès et ma stupidité.

Au travail, la situation est encore bien pire. C'est tellement explosif que la situation est totalement désespérée. Je ne cherche à conserver mon emploi que pour qu'il aille jusque quelques jours après la Russie. Après, je m'en fous complètement, ils m'ont amené à un point tel où la situation est en bloquage : je n'ai plus envie de progresser et faire progresser. Simple fait que je ne suis pas écouté, même sur des petits détails insignifiants, je ne suis que simple machine à faire le travail, méprisé et utilisé de manière machinale et inconsidérée. Je ne vois plus d'autre solution que de partir.

Dans le quotidien, c'est donc pénible. Ces jours ci ne me plaisent vraiment pas du tout. Sur ces couches de malaise, il faut greffer deux travaux rébarbatif : la préparation administrative de la Russie et un futur déménagement (ouais, au revoir le voisin à la con !!) Afin d'obtenir un visa pour la Russie, c'est impressionnant de constater que l'administration est toujours aussi vive. On te demande des choses épouvantables, c'est pas loin de placer ton voyage en impossibilité... Mais il est hors de question de se laisser niquer par ces abrutis. Ca sera dur mais l'épreuve en vaut la chandelle... Inna donne toujours des nouvelles, c'est un contact stable et agréable.

Ces derniers jours sont signes d'étranges retours d'amis perdus dans le fin fond du passé : Mirana Ramialison, qui a été pas mal de temps au Japon (un ou deux ans, je ne sais plus) et Cécile Miller, dont je n'avais pas eu de nouvelles depuis des années. C'est là où tu te rends compte que les chemins suivis sont loin d'être rectilignes. D'un certain côté, c'est passionnant. La semaine est également une nouvelle plongée dans l'univers Ghibli (peut-être en réminiscence du courrier japonais de Mirana). Les oeuvres pré-ghibli sont pas mal, mais les dernières productions sont vraiment plus riches de sens. Mononoke et Chihiro représentent des étapes fantastiques, je me demande vraiment ce que sera neko no ongaeshi, la dette du chat. Ici à la maison, je me régale des disques de Hisaishi, pianiste dont le jeu est vraiment agréable.

 

9 février

Week-end déménagement, week-end laborieux. Faire les cartons, c'est pénible. Remettre de la peinture un peu partout dans un logement qui tient plus debout, c'est encore pire. De ce fait, une sortie à Charleroi a donné un bon bol d'air frais. Charleroi, tout de suite ça évoque les plages ensoleillées et les destinations de vacances mystiques : Tahiti, Vanuatu, Papeete, Charleroi, etc...

La première destination est le Bois du Cazier, ancien charbonnage récemment transformé en musée. Ce fut le lieu d'un accident dont le tragique est assez impressionnant : plus de 250 morts en 1956. Il y a eu un incendie fulgurant au fin fond de la mine, 850 mètres sous terre.

Mis à part que le site est difficile à trouver, c'est une visite intéressante. Nous nous sommes paumés jusqu'aux tréfonds de Couillet, pouvant admirer au passage la belle architecture de deux chevalements métalliques (intitulés n°2). Le site du bois du Cazier est constitué de deux chevalements métalliques aussi, possédant encore leurs molettes, et d'une tour d'extraction mixte briques-béton assez esthétique. Les musées retracent l'histoire agitée de cette petite mine et un vague aperçu de l'industrie en Belgique. Ce qui est agréable, c'est qu'il n'y a pas de barrières, les machines sont accessibles. On peut tourner autour, chipoter avec un levier, etc...

C'est un musée qui vaut la peine et la restauration est réussie (il y a deux ans, c'était encore ravagé). Cheratte mérite amplement le même traîtement ! malheureusement, les puits ne sont pas visibles, de ce fait on ne peut voir leurs tombes. En effet, le bâtiment central est dans un fort mauvais état et l'accès n'est pas possible.

De retour vers Charleroi Sud, nous apercevons avec dépit que le prochain train nous laisse une heure et demi de baillement. De ce fait, nous filons vers Carsid Charleroi. C'est un site fumant et crachant, une toute beauté industrielle, sentiment que bien peu doivent partager. Le chemin de halage permet d'accéder au coeur même du site. Aucun panneau d'interdiction. Ouaich... On peut vraiment y aller 'quand même' ?? Cela nous laisse assez interrogatifs. De ce fait, nous n'y pénétrons pas. Mais je vais me renseigner sur ce thème. Suivre ce parcours parait fantastique !

Le chemin du retour est entamé. A la maison, je manque de courage, c'est dimanche soir, pouh... Vivement le week end prochain...

 

11 février

La CEV est un groupement de diaristes, c'est à dire des gens qui mettent à disposition leur journal par le biais d'internet, dont je fais partie. Cette association coule complètement depuis le changement de propriétaire. Je pense que je vais leur donner ma démission car ils privent le diariste de pas mal de libertés. Tel acte ne peut mener qu'à l'échec, car le journal est un écrit à juste titre intime, et donc ayant une grande valeur dans le coeur de l'écrivain. Le lecteur éprouvera probablement un sentiment de lassitude par rapport à ces écrits et cela me semble normal. Enfin peu importe... La CEV axe sa stratégie sur la mise à jour des journaux, c'est le critère le plus important. Or, le journal n'est pas un produit, il n'est pas rédigé sur commande, mis à part s'il est faux. De ce fait, je n'ai pas ma place parmi ces mendiants.

 

12 février

C'était réglé, c'est reparti pour un tour : je suis malade... J'en ai mââârre ! Je déteste ça, cette fébrilité minable, cette inactivité longue... Vivement que ça aille mieux. En fait, le stress y est pour beaucoup, ruinant mon sommeil jusqu'à l'aube blanche du matin. Les démarches administratives pour la Russie sont difficiles et me brouillent beaucoup. Lorsque tu veux aller à Moscou ou Kaliningrad, c'est facile. Mais lorsque tu évoques Mezhdurechensk, fin-fond de la Sibérie, ça se complique. Il n'y a pas beaucoup d'hôtels et les seuls qu'il y a sont destinés à un public d'hommes d'affaires. Les prix suivent. L'ennui majeur, c'est que je suis dans l'obligation stricte d'avoir mes réservations, sinon pas de visa. C'est une difficulté que je consomme à grand frais, mais je ne désespère pas. Les kuzbassien (je néologise !) ont jusque là été d'une grande cordialité - malgré mon manque de connaissance prenant souvent forme de gros sabots. Donc ça ira. Questions délais, c'est encore tenable.

La période est donc plus que laborieuse, parce que le déménagement pointe son nez en surenchère ! Mais malgré cela, je ne manque pas de temps, comme peuvent l'insinuer certains. Ca fait depuis noël maintenant que je suis mort pour tout le monde sauf la famille. Je n'en veux à personne, mais j'opère un retrait encore plus accusé. En quelque sorte, mars sera l'avènement de ma disparition de la circulation. Plus de téléphone, plus d'adresse, plus rien de tous cette vie furieuse. Beaucoup ne comprennent pas et ont le sentiment que je dédaigne. J'en suis un peu blessé car de tout coeur je souhaite le bonheur d'autrui - cependant je ne me sens plus capable d'assumer la relation à l'autre. Planqué dans mon antre, une maison tournée vers l'intérieur (jardin et pas rue), je crois que je vais repartir un peu mieux, mais certainement pas évacué des angoisses. Mais bon, peu importe...

My favourite things de Coltrane. Ninih m'aura appris a aimer ce jazz si doux et délicat, délicieusement improvisé. Je suis dans mon sac de couchage, un peu apathique et les yeux cernés. Du passé, je n'ai plus rien. je n'ai rien gardé sauf quelques pierres ne valant rien. Je n'ai plus de courriers, plus de dessins, plus de souvenirs. Chaque personne me demandant un retour sur le passé me demande l'impossible : j'ai brisé-cassé toute l'existence, tout est parti dans la rue ou bien des poubelles grouillantes de rats. Je ne veux pas revenir sur ce thème, le passé m'écoeure sur beaucoup de points..

Dans les dernières nouvelles basiques, ça va mieux au travail car j'ai poussé une nouvelle fois une hurlante. D'après ce que j'ai compris, je suis estimé comme un caractère épouvantable, changeant et cassant. Ma place est menacée, je le sais mais je ne ferai rien pour y changer. La désorganisation à ses limites et lorsque ça détruit la vie, c'est non, quelqu'en soit le prix à payer. Là, nous mettons en place un système de gestion du temps. Je ne sais pas ce que ça donnera - c'est en quelque sorte l'opération de la dernière chance. Mais je crois que ça en vaut la chandelle.

Les cartons sont un peu partout, j'ai été en chercher plein hier. Mais c'est un peu illogique, car je n'ai rien de vraiment volumineux, rien de précieux à ranger. Ma vie est dénuée de matériel de valeur, je n'ai que des conneries inutiles. Ca me conforte dans le sentiment de haine de l'occidentalisme. C'est peut-être parce que je suis malade que je raconte des choses aussi inintéressantes et égocentriques... En principe, usines fumantes et gerbantes samedi, ça remontera le moral.

 

15 février

Rendez-vous tôt le matin à Charleroi avec Jean-Paul, Romain et Antonin pour des visites d'usines. Ca se passe à merveille, tout le monde est arrivé à l'heure. En plus de cela, j'ai réussi à trouver dans un cours intervalle de temps des pellicules noir et blanc et des couques au chocolat ; bref, une journée qui commence bien.

Passé l'instant des retrouvailles, nous filons à Farciennes afin de visiter le triage-lavoir du Roton. Il s'agit d'une ancienne usine qui permettait de trier les tout-venants de charbons miniers. Aujourd'hui, une partie de l'usine est utilisée pour faire du séchage et retraîtement de sable industriel. Le reste de l'usine est partiellement détruit, mais il subsiste encore de beaux vestiges. L'accueil du grand chef est très sympatique, nous avons le droit pour une visite libre, c'est très agréable.

Dans les broussailles mêlées de partout de boulets de charbon, nous avons vue directe sur les ouvriers en train de bosser. L'un d'eux viendra même nous voir dans le bâtiment central "alors, vous faites des chef-d'oeuvre !" Le lavoir en lui même est détruit, cependant, nous avons l'occasion d'admirer pas mal de trémies, certaines vues sont très esthétiques. L'un des ouvriers nous dit avoir fait 200 diapos de l'usine lorsqu'elle fonctionnanit encore.

Au final donc, le Roton est un petit site assez attachant. En une heure et demi, on en fait le tour. Le locotracteur et la poutre qui étaient pris dans un étau informe de glace étaient magnifiques. Rien à regretter, ce fut un bon moment.

Juste après, nous partons vers le charbonnage du bois du Luc. Petit musée, cité ouvrière et chevalement très comique, c'est un endroit attrayant, cependant la moitié en est fermée. En effet, l'hiver n'est pas propice aux visites ici...

Pour terminer, nous nous retrouvons à la Louvière, à la porte de Safea, une fabrique d'ammoniac, société appartenant à Duferco. Cependant, l'accueil n'est pas aussi chaleureux. Une mégère nous crie méchament d'aller chercher l'autorisation à Duferco, alors que nous étions tout à fait cordiaux. Bref, une belle morue séchée...

Jean-Paul et Romain nous quittent ici. Avec Antonin, nous continuons avec l'idée de faire le tour du haut-fourneaux Gustave Boel à La Louvière. Les passages le long du canal du Centre donnent de beaux points de vue. C'est également l'occasion de voir des couvercles de cowpers renversés par terre. Cependant, après un très long tour dans les champs, le plus beau point de vue se situe à l'opposé. En effet, une rue placée très proche donne une vision "terrasse panoramique".

Dans les buissons épineux juste à côté, (oui nous nous sommes échoués là dedans), nous pouvons voir les manoeuvres des locotracteurs chargés. Ca fait pas mal de bruit. Seule déception évidemment, le haut-fourneau est mort...

De retour à la civilisation, nous nous faisons zivater sans cesse. Ouais, le photogrâf, tapahuneclöp ? Ayant raté le train, nous sommes coincé une heure dans une zone épouvantable. La Louvière le soir, c'est pas top... Juste le temps de bouffer un peu et nous sommes repartis. Ces visites nous aurons inspiré un beau vocabulaire nouveau : le kamping Glockotäupp, les zivatages, c'est gerbihémétique, c'est gerbitronique, debellhüzin Haffreuhz ... ...

De retour à Bruxelles, nous laissons passer le train vers Ottignies. C'est une honte infâme, jamais telle misère m'était arrivé. De ce fait, nous faisons une der des der des der à la tour du Lotto. C'est massacré de partout à cause des travaux, c'est bien simple, il ne reste plus rien. Cependant, la vue est toujours aussi belle. De retour à Ironmaiden gare centrale, nous sommes à la maison à minuit...


16 février

Le téléphone sonne à 8h12. Belgacom messenger machin truc. Putain !!! Mais j'en ai rien à foutre de leur merde...

Mousty le chat a dormi dans les pieds de Moloko. Ca lui a donné un envoûtement et changement de personnalité : il est devenu furieusement fuyant et légèrement gerbitroniqué. Bref, le réveil est difficile (et pourtant j'ai pas sorti le CD de "vive la gym" !)

Nous sommes au départ pour visiter Cokerill Sambre à Charleroi. C'est une usine intégrée, c'est à dire qu'il y a sur le même lieu cokerie, hauts fourneaux, fonderie et diverses usines de traîtements chimiques. Bref, c'est la totale.

Un terril placé juste au pied de Carsid donne une vue apocalyptique sur le site. Les grognements sont intense, les fumées abondantes et parfois jaunies, le sol encombré de poussière dégueulasse. Un peu plus loin, le haut-fourneau est en activité. On voit la molette tourner, le skip monter et redescendre. Nous commençons la visite par la partie cokerie, mais ce n'est pas ce qu'il y a de plus intéressant.

En fait, suivant les chemins de halage (familièrement appelés chemins de hhhhââlajh), nous arrivons au coeur de Charleroi. C'est un endroit situé en plein coeur de l'usine, on peut voir les torpilles passer lentement, tractées par les locotracteurs, puis les godets immenses et terrifiants. Juste un peu plus loin, c'est sur le four électrique qu'on a vue directe. Les coulées sont proches, c'est extrêmement brillant. Il n'y a aucun panneau qui t'interdit le passage, cependant il faut savoir s'arrêter. De ce fait, nous n'allons pas plus loin.

A quelques encâblures de là, près de l'entrée de l'usine Thy Marcinelle, la vue est tout aussi magnifique. Les grognements sont mêlés de grincements, coups sourds, sirènes, c'est tout à fait terrifiant ! Une visite qui aura été enrichissante, même s'il n'est pas facile de tout comprendre au premier abord...

De retour au centre de Charleroi, manger donne l'impression d'un pavé de fonte dans l'estomac. Au niveau des trains, ça se passe bien. Moloko aura loupé quelque chose d'impressionnant, un passage d'un train chargé de billettes chaudes, ça brûlait le visage près des wagons ! Juste avant de partir, je me fais zivater une dernière fois. C'était l'au revoir au lieu...

 

19 février

Travail assez intense sur le site internet, qui atteint pratiquement sa mouture finale. J'ai veillé cette fois ci à la clarté du classement. Le commentaire de François la dessus : c'est comme ma cave, y'a plein de choses mais alors pour retrouver un objet précis, tu peux prendre congé... De ce fait aujourd'hui, l'interface prend une tournure minimaliste et regroupée, bien plus aisée à parcourir pour l'internaute.

Il reste à travailler la qualité des photos, je vais les reprendre une par une, quelque soit le temps demandé. Rien ne presse, donc ce sera sans difficultés. Dans le même ordre d'idée, tous les miroirs sont détruits. Il ne reste que la partie centrale du site et peu m'importent les autres données. Google est donc complètement largué mais à vrai dire, je m'en fous - d'évidence le trafic sur mon site n'a aucune importance ni utilité...

C'est un grand changement, ça faisait six mois que je pensais à ça. Cela conforte encore mon idée de disparition, puisque la très grande majorité des liens pointent vers des miroirs. C'est également une somme d'adresses que les amis connaissaient. Peu d'étapes restent à franchir avant ma non-existence en autrui - solitude totale comme équilibre.


Ticket de métro, Lille


20 février

Jeudi, un nouveau bastion vient de tomber : le téléphone portable. Chaque jour est un avancement, dans 10 jours il n'y aura plus rien. Ce n'est pas un recommencement, il n'y a finalement pas grand chose qui change. C'est seulement pousser plus loin le désir d'enfermement. Pour reprendre une expression de Julien Gracq, c'est "Liberté Grande". L'inversion donnant l'attention sur le sentiment d'immensité. Véritablement je me sens bien... Je sais que je blesse, je ne sais pas comment m'excuser... Le sentiment y est en tout cas...

DDT dans les oreilles, (Novoe Sertche), le projet russe avance soudainement à très grands pas. Ce qui est bien avec ce pays, c'est que l'obstination et le travail sont payants. Hier, j'ai trouvé une association : Siberian Centre of International Cooperation Meridian qui va m'aider dans l'obtention du visa. Le parcours devient de plus en plus précis, de Kemerovo à Mezhdurechensk, en passant par Novokuznetsk. Les dates ne sont pas encore chamboulées, pour l'instant tout tient la route, même si je sais la vigilance nécessaire, c'est un voyage difficile. La bonne nouvelle, c'est également l'arrivée d'un nouveau contact passionnant : Stanislav Vechkanov, ayant vécu les premiers instants de la grève. Pour moi, c'est évidemment rêvé...


23 février

Superbe temps. Ah ! Comme je m'ennuie, je sors ! Trop besoin d'air, trop besoin de bouger... Rester Pappy-mammy à la maison, peux pas ! J'ai été re-re-revisiter Sainte Elisabeth à Uccle, une clinique complètement ravagée. Je ressentais depuis quelques semaines l'envie forte d'aller éplucher les milliers de radios qui traînaient. Résultat : des dos, des colonnes vertebrales, des vertebres, des dos des dos... Mais pas de cranes comme sur la photo de Henk. Je ne sais pas où il a été pêcher ça...

Dans le grand soleil, c'est vraiment très joli. Personne à l'intérieur, une tranquillité parfaite et franchement, un moment de bonheur. Les celliers sont les plus intéressants. C'est vraiment très très glauque ! Noir, sale, humide, ravagé, une ambiance pitoyable propice à la peur ! Très agréable donc ! Comme il n'y a pas d'éclairage, personne n'y va. C'est donc un endroit très préservé par rapport au reste. On y trouve la morgue (intacte), les salles d'opération, les salles de radiographie, des archives et des pièces étrangement vides et dépressives.

Au milieu de tout cela, le jardin d'enfants est encore là. Mais ils sont en train de démonter. Je ne sais pas ce qu'il se passe. Travaux imminents ou paranoïa de ma part ? Enfin bref, dans ces couloirs infinis, j'ai passé un très bon moment, silencieux et appaisant.


24 février

Départ tôt pour un dimanche matin vers Liège. Nous avons rendez-vous à 10 heures avec Harald Finster, l'un des plus passionnants représentants des archivistes industriels allemands. Dans le train, une vieille conne sourde comme un pot n'arrête pas de hurler yä yÄAAH... C'est d'un pénible complètement extrême. A Flémalle haute, le rendez-vous est sans ennuis, pas même un retard de train. Harald arrive dans un fourgon blanc décoré de feuilles d'arbres et de trêfles ; ça fait très peace and love ! Il arbore une belle longue barbe soixantehuitarde, tout de suite ça place le contexte, ça ne sera pas stressé !

Nous passons devant le haut fourneau de Seraing, mais le soleil mal placé nous fait filer directement à Cokerill Ougrée. Le site est propre par rapport à Charleroi, très compact. C'est surtout parce qu'une large part a déjà été démolie. De ce fait, le haut fourneau est entouré d'une foule de machineries et tuyaux diverses, c'est un gros ramassis titanesque. Cependant ici, ils ont du avoir des mauvaises blagues. Le site est entièrement entouré d'un mur haut et sans trous. On ne peut apprécier de près l'architecture industrielle de l'animal. Seul un terril relativement bien placé nous permet de voir l'ensemble de l'usine, mais c'est toutefois beaucoup plus loin que celui de Charleroi.

Après avoir acheté quelques victuailles, nous continuons la visite par le site de Chertal le long du canal Albert. Exactement le même topo. Grillage en bon état et à petites mailles, éloignement du site, trafic incessant, rien de bien bon. Il y a tout de même un endroit où ils viennent benner le laitier en fusion dans une fosse, c'est normalement intéressant. Mais pas de chance, aujourd'hui ils balançaient tout à l'arrière... Des torpilles sont stoquées au fond du site, on peut les voir un peu en se mettant dans de belles ronces. L'appareil photo d'Harald nous fait bien rire, c'est un Hasselblad monstrueux, il fait du moyen format. Pour transporter ça, il a une grande caisse qu'il met sur son dos. Son pied photo fait trois mètres de haut déplié !

De retour à Seraing, nous pouvons apprécier le haut fourneau en allant près de la voie ferrée. Cependant, c'est loin d'être terrible. La Louvière en comparaison, c'était bestial. Ici le doute à l'avancement n'existe pas, les barrières sont terribles. Il y a tout de même la cokerie qui donne un spectacle dantesque de feu et de fumées, surtout parce que c'est noir. Tout de suite, on se sent un peu plus loin dans l'apocalypse. On peut voir au loin les fours chargés, je ne savais pas qu'il y avait du feu dedans, je les croyais plein à craquer.

A cet instant, une voiture se gare, un type nous regarde bizarre. Je me dis : oulah, y'a un mec pas content là... En fait, c'était Thomas Imgrund, un autre terrible représentant de la culture industrielle. Le hasard l'avait mis sur cette route, il venait juste de se faire avoir dans la cokerie en question !

L'heure du retour approche, nous arrivons à avoir notre train de justesse. Pour conclure, cette industrie liégeoise est intéressante, mais c'est pas pour nous. C'est tellement loin de manière systématique, on se dit qu'ailleurs c'est cent fois mieux... Y'a quand même cette cokerie qui vaut le coup, mais je ne vois pas quelle solution peut exister pour la voir de plus près.


Cokerie de Tertre

 

27 février

Ces derniers jours sont vraiment à l'asphyxie. Il ne s'agit plus de manque de temps mais de concentration. Mentalement, je me sens épuisé, vidé de toute sève. Tant de choses se préparent actuellement et tant de problèmes s'amassent, c'est vraiment difficile de rester à niveau... Cependant, il n'y a pas de nouvelle catastrophique.

Déménagement... C'est pour samedi. Cela concluera ma remise en route sur des chemins que je ne hais pas à chaque jour passant. Disparition de la vue de chacun, une vie tournée sur l'intérieur. En fait, je ne crois pas que je sois particulièrement misanthrope de nature. C'est ce monde de merde qui me rend ainsi, au caractère changeant, pessimiste et détestable. La vie qu'on t'impose est un tel ramassis de nullité, le monde humain est une telle montagne de stupidité (Bush et son copain Tony Blaireau main dans la main)... Le caractère change, le regard devient haineux voire impitoyable, c'est le monde extérieur qui rend ainsi. La vie intérieure me rappellera probablement la sérénité que j'avais vécu lors de mes passages dans les monastères bénédictins.

Une telle envie de différenciation m'habite, j'ai envie de dire non comme une généralité. Je sais que c'est forcément de la connerie, alors je ferme les vannes. Maigre satisfaction, mais le monde extérieur ne vomira plus ses insanités dans mon logis. Ca me soulagera un tout petit peu de la nervosité, ça viendra alimenter de nouveau quelques rêves de rien du tout...

Dans Chihiro, la phrase qui m'avait le plus impressionné était "c'est l'établissement des bains qui le rend comme ça". Ils évoquaient un être sans visage devenant cruel dans un environnement donné (globalement malsain). Sorti de là il était doux et pacifique. Dans Mononoke, la phrase qui m'a le plus marqué était "je ne suis pas une humaine, je suis un animal". Une fille affirmait son appartenance dans une entité marquée par un clivage humain contre animal. Pourquoi je dis ça ? C'est parce que dans ces deux cas, je m'identifie fortement à l'idéologie que Miyazaki exprime. L'attachement au monde animal et le rejet de ce que l'humain construit. Les humains détruisent et s'en vantent, se pavanent devant un téléphone qui fait des bulles (et qui fait cui-cui lorsqu'on le met à l'envers). La nature est loin de toutes ces idioties futiles qui dégénèrent la culture el l'amènent loin de la Terre. La nature, c'est la pluie, l'orage, l'arbre qui pousse et qui crève, les nuages qui font de l'ombre par terre, le vent qui secoue et fouette le visage. L'établissement des bains représente le "vite" du travail, cette incessante course à la production dans le seul but d'ammasser plus et plus et plus et plus d'argent.

Ma maison est d'un archaïsme assez naïf. Mais je suis heureux de ne pas vivre en téléphone, en télé, en mixeur-batteur-autogerbant... L'ordinateur est la seule enclave. Avec mon vieux brol, je sens la possibilité d'évoluer en culture. Même si je suis au fond de la haine, j'ai tant à apprendre de l'autre... Nier la terre entière apporte cette difficulté majeure : comment réagir face à ce qui est bien quand même ? C'est un problème très difficile à vivre car lourd de questionnements. Actuellement, je suis tellement mal face à ce monde, j'ai tendance à faire embargo sur tout ce qui existe. C'est très mauvais car je vais devenir encore plus bête que je ne le suis déjà. Finalement, cette coupure touche au plus fort d'une question existencialiste : L'individu et sa relation avec le non-soi. J'avoue que je n'ai pas vraiment de réponse. Le temps aidera probablement à construire une stabilité dans ce chemin.

Je ne crois d'ailleurs pas que le chemin suivi soit instable et définitif, je rentre simplement dans un tunnel dont je ne sais pas où se trouve la fin. Un tunnel loin d'être synonyme de galère, j'attends cet instant depuis longtemps. -Je viens de caresser mon chat. A cet instant précis, il fait "buurp". Huuuum Mousty ! Un peu de retenue et de convenance mon cher !-

Russie... Le projet plonge. Pas de réponses aux courriers, je ne sais presque plus quoi entamer pour m'en sortir. En fait, je n'arrive pas à réserver les deux hotels dont j'ai besoin pour entrer au pays. L'échec n'est pas loin, mais ça me dégouterait de balancer tant de temps passé sur ce sujet. D'autres démarches sont en cours, par bouche à oreille. Serait-ce la seule solution ? Je ne sais plus en quoi croire... Mais certes, je ne lâche pas l'idée qu'avec persévérance, cela marchera (aussi).

 


Plans de pomme de terre, un souterrain près de Vassens


3 mars

Ca y est, le déménagement est fait. Heureusement que Willem mon Boucher-Terrible m'avait donné de la soupe à la boulette, parce que c'était bien dur ! Pour un ascétique, c'était quand même un beau volume à déménager... Mais bon, ce ne sont que des minéraux et des glauquotrucs. Rien qui n'a de la valeur - juste du poids, beaucoup de poids... Bref, ça a pris toute la journée de samedi, une belle fatigue. Sans compter le nettoyage infernal de ce vieil appartement de Rixensart. Aujourd'hui, je suis dans un beau logement calme dans un village paisible de Belgique. Un grand jardin, des oiseaux qui chantent dans les arbres du fond. Je ne demande vraiment rien de plus... Enfin... Si, des loups qui chassent dans le jardin. Et des ours blancs aussi !

Cette semaine sera donc au déballage de tous les cartons. Je ne parlerai plus de cette disparition puisque je suis maintenant furtif, seuls les impots ont mon adresse. Ce matin, nouveau trajet de train pour aller au travail et tout va bien. Un rythme qui sera agréable, je me sens bien dans cette vie, (pour l'instant en tout cas). Depuis un an, il y a eu relativement peu de débordements et j'espère que ça va continuer dans cette ligne.

Ma vie est de nouveau en fermeture face aux Etats-Unis. De quelques propos entendus, je ne veux même plus juger de cette nation. La dégénérescence est trop profonde, ma culture est en embargo par rapport à la leur, une négation sans distiction. C'est bien évidemment abstrait car ces quelques débiles mentaux ne cessent d'emmerder le monde entier... Mais cela évite les généralisations, la colère inutile et les propos lassants. A noter que parmi les plus pénibles, on retrouve souvent les cathos. Sans commentaires...

 

5 mars

Encore une fois à se lever tôt pour aller faire une visite, mais bon, l'effort en vaut la chandelle... Nous voilà donc partis pour Clabecq, village historique concernant l'industrie du métal, puisque comprenant l'une des plus intéressants des hauts-fourneaux. Le trajet n'est pas sans ennuis et nous arrivons un peu en retard. Harald Finster est là, cela ne fait que quelques minutes en trop, rien de dramatique...

La conciergerie donne un bon à l'entrée et le contrôle à la sortie. Autrement dit, chaque passage dans l'enceinte de l'usine est strictement vérifié. Nous avons rendez-vous avec une personne du service environnement pour une visite des mélangeurs, du haut fourneau numéro 6 et des laminoirs. Seuls ces derniers sont en activité, le travail a cessé dans toutes les autres parts de l'usine.

Les mélangeurs sont de vastes réservoirs plutôt cylindriques, ayant pour fonction de garder de la fonte en fusion. Un diamètre d'une dizaine de mètres, les parois sont très épaisses et recouvertes de briques réfractaires. Il parait que ce genre d'appareillage n'est plus visible ailleurs en Europe. Ils sont en très bon état et sont à vendre, idéal pour décorer sa salle de bain ! Juste après cela, nous continuons la visite vers le fond de l'aciérie. Il y a là des dizaines de poches entassées, de différents types (pour la fonte, le laitier, l'acier...) Toutes sont recouvertes également couche intérieure d'une de briques réfractaires. A savoir que le terme "godets" pour désigner ces réservoirs ne relèvent que de mon imagination...

La suite de la visite est aux hauts fourneaux. Un ouvrier ayant travaillé dans cette partie de l'usine nous décrit techniquement le fonctionnement de l'appareillage. Pour nous, c'est d'une grande richesse car cela nous permet de comprendre beaucoup de détails. La partie basse du fourneau ressemble bien sûr à celle de Esch, cependant ici tout est à l'air. De ce fait, la présence des aérateurs donne un peu moins l'impression d'une machine infernale tout droit sortie de l'enfer. L'ascension du haut fourneau est passionnante. Chaque étage à son esthétisme. On y trouve tout d'abord des tuyaux fins d'aération (deux étages), des tuyaux qui injectent de l'eau (deux étages), trois niveaux successifs longeant les cloches et un niveau placé au dessus possédant toute une série de trous d'hommes. L'étage suivant est différent, Il y a tout d'abord le trou permettant le basculement des skips, afin de balancer les pellets à l'interieur (les pellets sont de petites billes de 1cm de diamètre de minerai reconstitué). Il y a aussi de plus en plus présents les tuyaux d'évacuation de gaz, car la pression dans le ventre est forte (2kg/cm²). Encore au dessus, l'architecture s'aère. On ne trouve presque plus que des tuyaux d'évacuation. La vue au sommet est extrêmement intéressante. On se trouve à 120 mètres au dessus des paquerettes, une prise de connaissance fantastique de la totalité de l'usine. On peut voir les cowpers du dessus, ce qui est rare, mais aussi l'intérieur des cheminées.

La descente se fait calmement, nous retournons alors dans la partie sur la commune de Ittre pour visiter les laminoirs en fonctionnement. Là, c'est un tout autre style, le bruit et la puissance sont omniprésents. Les brames sont écrasés pour devenir des plaques nettement plus fines. En fait, les brames en question ont une épaisseur de 20 centimètres et sont placés dans un four afin de les amener à une température élevée. Au bout d'une heure, ils sortent de la fournaise et passent dans le laminoir. Ce sont des rouleaux qui viennent écraser un peu par un peu le bloc métallique. Il existe plusieurs techniques, ici les plaques opèrent plusieurs passages en marche arrière et marche avant. Cela est réalisé dans un bruit imposant, des nuages de vapeur et une couleur rougeoyante très esthétique (voire hypnotisante).

Au passage, les brames sont passés dans des jets d'eau, cela forme de la calamine sur la surface, un espèce de dépot noir oxydé. Ces morceaux sont utilisés dans les bétons de machines à laver, afin de les alourdir. Pour nous, la visite s'arrête à cette étape. Il reste encore une aire de refroidissement et une aire de découpe, mais c'est moins intéressant. Malheureusement, Harald a perdu un ustensile de son hasselblad, ce qui est délicat (car dur à retrouver). Cela nous vaut une remontée au pas de course du haut fourneau. Euh... Franchement, faudra inscrire cette épreuve à la prochaine compétition des jeux olympiques, parce que ça vaut le coup ! Pour la petite histoire, la première fois que j'ai grimpé un haut-fourneau, c'était un mercredi. La seconde fois, c'était un quart d'heure plus tard, en courant comme un dératé ! Pas commun !

Nous n'aurons pas retrouvé la pièce manquante. Mais bon, moi je paume mes clefs dans la maison, je mets une journée à les retrouver, alors un bazar informe dans une usine... En attendant, nous avons le droit à un café, ce qui me donne l'occasion de remercier pour la visite. En effet, le personnel des forges de Clabecq nous a accueilli dans une grande gentillesse et ça mérite un chaleureux remerciement. Cette étape dans la prise de connaissance de l'industrie métallique a été essentielle, car les explications directes et parfois compliquées des techniciens permettent de mieux apprécier ce qui est abandonné quelques villes plus loin. En tout point passionnant.


English version for Harald :


Once again to rise up early to make a visit, but that's a good thing, effort is worth the candle of it... This time, it's in Clabecq, historical village about metal industry, including one of the most interesting belgian blast furnaces. The way to come is not without troubles and we arrive littlely late. Harald Finster is there, only few minutes in excess for us, nothing dramatic... The caretaker's lodge gives a control paper at entrance and takes it back in exiting way. In other words, each passage in factory enclosure is strictly checked. We have appointment with environment service for a visit of mixers, blast furnace 6 and rolling mills. Only the last part is active, work ceased in all the other parts of the factory.

Mixers are vast rather cylindrical tanks, it keeps cast iron in fusion. A ten meters diameter, the walls are very thick and are covered with refractory bricks. It appears that this kind of equipment is not visible any more elsewhere in Europe. It's in very good state and it's to be sold, ideal to decorate its bathroom ! Just after that, we continue towards the bottom of the steel-works. There are tens of piled up pockets, various types (for cast iron, slag, steel...) All are also interiorly covered with a layer of refractory bricks. Term "cups" to indicate these tanks only concern my imagination...

Visit continue into blast furnaces. A workman which had worked in this part of the factory technically describes us the flowsheet and equipment. For us, it's a great richness because it enables understanding of many details. Furnace low part looks like Esch one, however all is open cast. So aerators presence gives a little less impression of an explosive device straight left from hell. Rise of blast furnace is enthralling. Each stage with its esthetism. In first of all, you find fine pipes of ventilation (two stages), pipes injecting water (two stages), three successive levels going along the bells and a level placed at the top having a whole series of inspection pits. The following stage is different, There is first of all the hole allowing the swing of the skips, in order to project the pellets into furnace (the pellets are one centimeter small balls of reconstituted iron). There are also increasingly present the gaz discharge pipes, because the pressure in belly is strong (2kg/cm²). At the top, architecture is aired. Almost nothing else than discharge pipes. The sight at the top is extremely interesting. 120 meters high, an fantastic view of the factory. You can see Cowpers on top, That's rare, but also chimneys interior.

Going back is calmly done, we go now in Ittre to visit the operating rolling mills. It's another style, noise and power are omnipresent. The slabs are crushed to become plates definitevely finer. In fact, the slabs have a 20 centimetres thickness and are placed in a furnace in order to be in an high temperature state. After one hour, it leaves furnace and pass into rolling mills. In fact, rollers come to crush littlely by littlely metal blocks. There are multiple technics. Here, plates operate several passages in reverse gear and walk front. That is carried out in an imposing noise, vapor clouds and a very aesthetic red color (even hypnotizing).

Slabs passing in, water jets are projected and it forms calamine, a black oxidized depot. These pieces are used in washing machines concretes, in order to weigh down. For us, visit stops here. It remains a cooling area and a cutting area, but it's less interesting. Unfortunately, Harald lost a ustensil of his hasselblad, it's delicate (because hard to find and expensive). We go back at submit of blast furnace in order to find it. Euh... Frankly, it will be necessary to register this game in next competition of the Olympic Games, because that is terrible ! For history, the first time I climbed a blast furnace was a Wednesday. The second time was fifteen minutes after, running like madman ! Not so common !

We won't find it anymore. While waiting, we take a coffee, it gives me opportunity to thank for this visit. Indeed, workers accomodated us in kindness and that deserves a cordial thanks. This stage in the awareness of metal industry was essential, because the direct-in-place explanations and sometimes complicated make us possible to appreciate better what is abandoned few cities further... Enthralling in any point.


9 mars

Ca y est, le rythme de croisière est tout juste commencé. A priori, ce sera basé sur pas mal de calme. Seul ennui, les voisins du dessus font du bruit en marchant, ça fait des coups très sourds et vraiment pénible. J'imagine que cela pourra s'arranger, ce n'est pas la présence d'un voisin fêtard et débile mental comme avant. Voilà donc un week end de passé, l'un des premiers à glander depuis je ne sais pas combien de mois. Ces derniers temps, c'était sortie sur sortie... C'est d'ailleurs un rythme qui me manque car j'ai eu du mal à rester sans bouger. une envie folle de partir à la rencontre de nouveaux espaces. Mais bon, il faut bien savoir rester ainsi de temps en temps...

La nouvelle maison est "à peu près" aménagée. Pas de grands changements, ça reste fort minimaliste, juste ce qu'il faut pour que ce ne soit pas l'excès, ni dans un sens ni dans l'autre. Dans le fond du jardin se posent de grands ramiers, au loin on entend régulièrement un coq. Monsieur Chat doit régulièrement faire des sprints, poursuivi par Bobby, le super petit minus chien (un jack russel). Mais je lui ai bricolé un passage secret qui lui permet d'aller dans la cave. C'est tellement fin, seul lui sait y accéder. C'est un souterrain qui lui permet un accès dans la maison à n'importe quel moment, fort pratique...

Dans les semaines qui viennent, de nouveaux projets passionnants se construisent. La visite de la cokerie d'Anderlues, qui vient tout juste d'éteindre ses feux (décembre), l'ardoisière souterraine de Warmifontaine (et potentiellement celle de Alle sur Semois) et dernièrement, une tournée de mes souterrains favoris dans le nord de la France. Je ne sais pas pourquoi cette descente est sous le signe d'une malédiction, ça fait plus de six mois qu'on en parle, et il n'est toujours pas possible d'établir une date... J'espère que ça se solutionnera rapidement.

J'ai fait des sushi pour ce soir. La Russie est un projet qui sombre de plus en plus profond. Toujours en difficulté par rapport à l'administratif. Question tourisme, c'est vraiment un pays de merde. Ils sont pas prêts de voir du monde avec les emmerdes pas possibles qu'ils concoctent. Demain, je dois m'y remettre. Ils sont pénibles, j'en ai marre de leurs conneries.


Souvenir de la tour d'Ursel, Bruxelles


10 mars

Tout merde, c'est une journée sans intérêt. L'abus fuse de toutes parts. Je me suis rapidement mis en mode "allez tous vous faire foutre", seule solution face à l'agressivité ambiante. Quant à la Russie, ça devient d'une stupidité effarante. Donc pour obtenir mon visa, on me demande des réservations d'hotels dont j'ai strictement rien à foutre. pour cela, il faudrait que je débourse 980 euros. Ce sont des malades mentaux, ils veulent se préserver de tout tourisme ? Si à cela, aucune solution acceptable ne se profile, je laisse tomber ce projet. Ca fait une nuit plus chère que dans le centre de Paris, faut pas déconner quand même, c'est le Kuzbass. Bref, je ne suis pas d'humeur à produire une litterature agréable ce soir...


11 mars

Journée très agitée. Faut pas délirer, on peut pas laisser tomber un projet pareil... Peu de changements malheureusement, seule une organisation de familles d'hotes reste en espoir.


13 mars

C'est tellement le feu, je n'arrive même plus à me caractériser comme un être humain. Je suis une machine qui fait fait fait, sans arrêt. Le repos n'existe pas et à juste titre, je suis fatigué que cela soit encore. Toujours ce travail, qui est trop prenant et trop ingrat.

Le projet russe est reporté. Une piste un peu plus sérieuse est apparue ces derniers jours, bien que ce ne soit pas encore accompli. Cependant, ils font tout pour se faire détester, ce qui en mon âme commence à devenir réellement le cas. Du coup, trop de tergiversations et débilités en tous genres, on en arrive à la situation où les délais sont intenables. Alors quand ? Un mois plus tard, l'été prochain ? On va voir un peu ce que va pondre le type de l'hofa... Je ne suis plus persuadé de rien - juste blasé de voir ce projet chaque jour menacé. Si pour l'âme russe, le touriste est un pigeon, alors ils ne sont pas prêts et le soi-disant accueil chaleureux n'est qu'une façade qu'ils s'inventent pour faire bien... Enfin bon, je vais pas là bas pour voir leur tronche, j'aime pas les humains, j'y vais pour les mines de charbon et son histoire ravagée.

Dans la pièce d'à côté, le dernier Nick Cave est en écoute. Nocturama n'est pas lamentable mais c'en est pas loin. C'est d'une grande platitude, on ne fait que retrouver du déjà-vu, pour un peu ça manquerait presque de sensibilité... Y'a des hauts et des bas, là c'est au fond...

A part ça, les projets de vie continuent fort. Outre les futures visites de Warmifontaine et Anderlues, le regard se tourne sur tout ce qui bouge. Hier, un ami me proposait de faire l'entretien de son serveur pour du pognon. Ah ! Mais non, franchement je m'en fous de tout ça... L'important est dans le voyage, la découverte, le changement d'opinion, l'apport culturel mutuel... Le monde prend une tournure pitoyable, ne serait-ce que par l'assassinat hier de la démocratie en Serbie... L'humain est fou de toutes parts ; l'animal est peut-être con, mais pas aussi profondément que l'homme - qui ne veut pas l'accepter et se le cache par milliers d'artifices.

 

14 Mars

Le monde devrait être comme Linux, gratuit et basé sur l'entraide.

 

18 mars

Ces dernières journées ne sont pas agitées, elles sont feu : épuisement et exaspération. Le principal objectif de vie - à savoir le suivi d'un chemin qui est sain - est complètement passé à la trappe. La nécessité de revenir à la source se fait fortement sentir... Bref, je me suis énervé sur les problèmes russes, je me suis agité sur les préparations de voyages souterrains, l'essentiel n'est pas là. Du coup, je ressaisis un rythme beaucoup moins perturbé, et tant pis si tous ces problèmes s'écroulent. La Russie, ils me prennent le chou depuis 6 mois, c'est qu'il est trop tôt et c'est tout... Je ne peux pas me battre contre l'extrême nullité d'une administration entière...

De la même manière, j'essaie de recentrer l'imaginaire sur des chemins moins plats. Ne serait-ce qu'un début, la page d'accueil de mon site est refaite, construite sur la base de rêves et de dessins représentatifs de mon univers. Il reste pas mal de problèmes techniques, c'est parce que je ne suis pas doué en création informatique. Mais je pense qu'avec le temps, il y aura bien quelqu'un pour m'aider à ajouter des nuages, un ciel bleu outremer, etc... J'espère en tout cas que ce sera possible, car le simple noir et blanc me semble terne... Je pense que les mois à venir vont se jouer sur moins d'exploration et plus d'expression intime. Je crève d'envie de continuer le roman X, de griffoner tout plein de bazars... Il n'est pas bon de se laisser écarter du fond de son coeur, cela juste à cause des obligations...

En ce moment, je travaille d'arrache pied pour acquiérir un très bon niveau d'informaticien. C'est mon métier plus ou moins par force ; étant donné qu'il semble que ce n'est pas prêt de changer, autant le faire le plus soigneusement possible. Manquant de bases solides, je poursuis actuellement tout cours de réseau pouvant me donner un niveau plus ou moins équivalent à la maîtrise (en France). Evidemment, ce sont de grandes difficultés, à cause de la concentration moyenne sur des tâches rébarbatives. Pas très doué pour ça... Enfin bon, je suis au fin fond de TCP/IP et je crois qu'un petit peu d'études chaque jour fait avancer le quotidien...

Le grand choc de Schuiten et Peeters persiste en moi... J'avais été méprisant il y a quelques années, mais je me rends compte que leurs travaux se visitent avec lenteur. Il n'est pas formidable de s'attacher au fil d'une histoire mais plutôt à la globalité. Egalement, il me parait important de visiter chaque dessin avec attention, parce que l'architecture des bâtiments est souvent exceptionnelle. Bref, un peu comme mon parcours Ghibli, me voici plongé dans Urbicande ! Je crois que ces deux personnes ont une grande richesse et un sens du partage fantastique, ils méritent du temps, même si ce dernier est rare...


19 mars

Ouh... Mais qu'est-ce que je me suis éloigné de mon âme ces dernières semaines. J'ai relu mon journal et y ai trouvé un grincheux confus qui radote péniblement. Heureusement, le présent revient à un peu plus de sérénité. Ca fait vraiment pas de mal !

Dans les derniers travaux, j'ai enfin réussi à mettre un nuage sur l'accueil de mon site. Il reste des montagnes de problèmes, parce que selon les types d'écrans, ça donne des résultats complètement différents... Et des fois, y'a des chats qui se retrouvent dans le ciel, même plus de nuage pour porter leurs petites pattes... Bref, je vais devoir m'adapter, ce sera l'occasion d'apprendre...

La nouvelle du jour, c'est que j'ai réussi à avoir du macha. C'est l'un des plus savoureux thés verts du Japon. Les européens n'aiment pas du tout ce goût, parce que c'est d'une amertume assez extrême. Du coup, c'est pas la peine d'espérer en trouver un seul gramme en Europe... C'est bien évidemment décevant, parce que cela empêche la découverte de nouveaux goûts (comme le Lapsang Souchong) Là, je suis vraiment content. Ca faisait dix ans que je n'avais pas senti cette fraiche odeur. Hum ! Dans les bons thés aussi, il y a le Douchka que je trouve très chouette, mais c'est un style beaucoup plus européen, il n'y a pas cette sensation de surprise...

 

20 mars

J'ai oublié de sortir les poubelles hier soir, tout ça parce que j'étais débordé - alors que ce n'était même pas du domaine de l'obligation, c'est simplement parce que je voulais en avoir fini avec les photos du Lavoir du Roton. Bref, ce genre de stupidité m'apprendra à être légèrement moins con. Je me chargerai du bonheur intense de garder une poubelle puante durant une semaine dans la cave.

Petit vient de partir en courant parce que dans le fond du jardin, il a aperçu un gras pigeon. Piètre chasseur comme il est, il peut y aller, je ne le retiendrai pas ! Les seules fois qu'il ramène des trésors, ce sont des souris trisomiques encore vivantes. Heureusement qu'il n'est pas connecté à Internet, sinon il m'en voudrait carrément que je dénigre son art de chasse. C'est simplement qu'il applique une technique expérimentale révolutionnaire jusqu'ici restée inconnue de toute la gente féline. Il est quand même balaise ce chat... :-p

Cette journée, j'ai passé pas mal de temps à explorer le(s) site(s) de "Belle" ou "Burning Phoenix" ou tout ce qu'on veut. En fait, elle avait fait il y a longtemps un commentaire sur mon journal, je l'ai trouvé seulement maintenant. Je ne suis d'habitude pas très heureux des commentaires et encore moins de trouver au bout du compte qu'il s'agit (également) d'un diariste. Mais bon, surmonté l'effroi, je me suis rendu compte rapidement qu'il s'agissait avant tout d'une personne vivante et non pas d'un blog machin artificiel. La personnalité est extrêmement labyrintique, je ne sais si j'ai compris les limites, toutefois c'est un parcours intéressant - mêlé de chaos et de régularité empreinte de force. La seule chose qui m'a fait accrocher à ces lignes, c'est le caractère totalement désintéressé de cette personne. Dans la réaction, c'est ce qui a pris le plus d'importance car généralement lorsque les gens tentent -malgré tout ce que je dis- de me contacter, c'est pour me demander des choses. Le plus étonnant, c'est que je crois fermement avoir déjà eu des contacts avec cette personne, loin d'être cordiaux d'ailleurs. Mais je ne sais plus quand ni pourquoi. De toutes manières, je sais que je suis vraiment loin d'être un facile et si c'est arrivé, rien d'étonnant. Je ne peux toutefois rien regretter puisque je ne sais plus, mais ça met en exergue un fait certain : je juge trop facilement d'emporte pièce sur des coups de mauvaise humeur. Bref, un moment marquant.

Soir de paix royale, je m'oblige à ne rien faire d'important. Tant pis pour le retard partout, je m'en fous complètement. Je viens de terminer l'aménagement de la dernière pièce du logement, donnant directement sur le jardin. Silence et appaisement. C'est formidable de trouver un repos dans ce refuge. Je me sais hors d'atteinte de tout et de tous, l'isolation est un bonheur fascinant. Je profite de ces instants pour retravailler le roman. Esquisses et dessins, textes un peu moins en déroute, il était temps que ça revienne à l'équilibre.


24 mars

Au boulot, l'abus est lancé dès mon arrivée à 7h30. A midi, ils ont le droit à un pétage de plomb bien justifié : comme quoi je n'en ai vraiment rien à cirer. Je ne sais pas ce qu'ils veulent, est-ce de la provocation pour que je parte ailleurs ou c'est tout simplement parce qu'ils sont d'une nullité extrême ? Quoi qu'il en soit, cette journée est d'un chaos minable, aussi fatiguante pour eux que pour moi.

Heureusement, le soir reprend la vie. Demain, je vais aller prendre du son à Bruxelles. Ca fait longtemps que me tente l'aspect "bruit d'une ville" : enregistrer des ambiances spécifiques à des lieux. Autant Paris m'indifère (voire m'éxecre) autant Bruxelles me fascine par son multi-culturalisme aux variations sonores très étonnantes. Je suis fasciné par exemple par le silence de la Grand Place. Il y a beaucoup de monde et pourtant, les bruits de pas sont feutrés et les voix étrangement mélangées par la réverberation des parois des bâtiments. De cette ville, je compte sortir un CD. Entre 6 et 10 ambiances, ça dépendra des endroits et de l'inspiration. Faut bien évidemment que ce soit le reflet le plus fidèle possible de la ville. Cela s'accompagnera d'une démarche photographique. Un lieu est beaucoup plus construit si au son, on vient ajouter une lumière, un regard, une étincelle. La couverture du CD est faite. Reste l'essentiel à terminer ! Demain soir...

En écoute actuellement : Out of Season de Beth Gibbons. C'est bizarre, un peu inclassable comme genre, l'écoute n'est pas spécialement facile. Cela me fait penser que vendredi dernier, j'ai été voir un film peu conventionnel au cinéma, il s'agit de "Bowling for Columbine". Ce documentaire débridé illustre les ricains face aux armes. De cela et du massacre de Columbine, on constate un peu où en arrive ce peuple, une déchéance morale qui fait pitié à voir. Finalement, ce documentaire retrace la vie de tous les jours et tu vois des flingues partout. Habilement placé dans un contexte de crise, au sortir on se demande un peu qu'est-ce qui amène ces abrutis aux quatre coins du monde. Oui je sais, je suis un anti-américain barbare...

Sinon, les projets suivis depuis quelques temps vont prendre forme. Visite de la cokerie d'Anderlues un peu reportée, visite de Warmifontaine confirmée, visite de la Malogne, mine de Java, carrière d'Eben Emael, mine d'Halanzy, d'Hussigny et j'en passe... Ca va déchaîner des flots de passion. Surtout que maintenant que j'ai le matériel, je vais systématiquement (ou presque) coupler ça avec du son. Une vie furieusement enjouée et sans-cesse renouvelée par de gros bouillons de vie - c'est chouette...


Carnet de vie, cokerie Buda Marly, Vilvoorde

27 mars

Antonin est à Buda Marly. Visite de cette petite cokerie sympathique en attendant de se retrouver au soir à la maison. Ce faisant, je suis au boulot et cherche du boulot. S'ils ne font rien pour améliorer la situation, je m'en vais. Je me suis assez lamenté et rien n'avance.


28 mars

Antonin est au Bois du Casier pendant que je savoure mon congé refusé. Il a également été repérer une belle usine à Lodelinsart. C'est un lieu où se passent des choses pas très claires, c'est semi-récupéré semi-squatté. A noter que juste à côté, on nous signale que le charbonnage du gouffre vaut le détour.

Vers 17 heures, Cedric Allen m'emmene à Court-Saint-Etienne où je retrouve Antonin (enfin, fini le boulot !) Nous filons droit à l'usine Henricot, située une centaine de mètres plus loin. Je connaissais déjà et rien n'a changé, mais c'est toujours une visite agréable. Cette fonderie ancienne produisait des moules et (donc) fondait des pièces à l'intérieur. Ce furent de beaux moulages délicatement usinés puisqu'on retrouva même des pièces de fusées. Les bâtiments possèdent encore le bétatron, espèce de sèche-cheveux immense qui servait à scanner les défauts des pièces, puis des milliers de moules informes difformes étranges bizarres tordus schieve cakepich. Antonin mitraille, pour ma part je préfère enregistrer les bruits des portes en fer qui claquent, les moules qui tombent... Il y a une agréable résonnance. Et donc... Non, je n'ai pas du tout mis le bazar ! Juste un peu de rangement à la Ryu ! Sur le toît, les oiseaux chantent, c'est un décalage délicieux. Nous en profitons pour médire sur tous nos amis !

Le retour en train est sans ennuis. Nous guidons un mec qui va au château de Genval pour une conférence, arrivant tout juste de Charleroi. Y'a mieux comme accueil ! Au soir, Laurent et Ryu arrivent à la maison, sans retard et presque sans s'être perdu. c'est chouette !


29 mars

Départ tôt pour quelques visites de carrières à Maastricht. Ryu se fait réveiller par Ken le Survivant, un thème très musical, dur à retenir à cause de la profondeur du style. Malheureusement, il n'y avait pas d'echos ni de reverb, donc il n'était pas typiquement charmé... Notre groupe se sépare en deux, en effet, je pars retrouver Luc Stevens à Etterbeek. Cela permet à chaque groupe de suivre la route sans ennui, il y a une personne qui connaît le chemin dans chaque voiture. Au final, nous arrivons en même temps sur place, mais avec combien de retard ! Avec Luc, nous avons tellement papoté, nous avons été Jusque Battice et nous sommes complètement paumés à Maastricht. On a vu plus brillant !

Il s'avèrerait que Luc connaisse quelques sources de documentation pour les araines liégeoises, dont Michel Cauberghs est apparemment le plus documenté. C'est un projet de visite pour nous autres... A Maastricht, j'enregistre aussi la descente. Le repas a été une très bonne source de sons, surtout quand Ryu et Antonin parlaient de sa comparaison des terrines à 1 euro les 3 pots ! Nous commençons la visite à Lanaye Supérieure, le chemin nous fait passer devant l'inférieure. Dans les bois, il y a des déchêts et une batterie. C'est fort regrettable...

L'entrée unique de la carrière est un creusement fait à côté d'un bétonnage. Les galeries sont relativement bien préservées parce que les zivahs semblent aller faire la fête dans l'inférieure, plus facilement accessible. Cependant, il n'y a peu ou pas de graffitis anciens, cela n'a rien à voir avec Zonneberg. Pour nous, pas grand chose de nouveau, mais ça reste agréable tout de même.

A 15 heures, nous retrouvons les amis de Ryu, profil plutôt quatorzards mais ils ne sont pas pénibles. Seulement, le groupe est trop important. Cela entraîne des va-et-viens et finalement, la scission en deux groupes. Rien de grave, on sait juste que ce n'est pas à faire. Nous visitons Caestert. Nous connaissions déjà ce lieu mais l'avions partiellement visité la dernière fois. En nouvelles découvertes, la partie néerlandaise (ne possédant rien d'exceptionnel) et les graffitis anciens que nous avions pris pour des dessins d'enfants. Nous n'avons pas retrouvé le paysan qui encule un renard (véridique) mais de beaux personnages, un avec un gourdin, un autre plus noble avec de beaux vêtements. Je suis en train de faire des recherches pour la datation de ces graffitis.

Luc nous quitte pour retourner sur Saint-Hubert tandis que nous allons à Maastricht centre. Antonin et Ryu ont besoin de ramener quelques souvenirs locaux, dont un mouton bleu qui devient rose lorsqu'il va plevoir et un petit moulin en céramique typique des pays-bas. Le retour se fait sans ennuis, nous sommes crevés.


30 mars

Levêr tôt (encore) et réveil avec Olive et Tom (et compagnie). Nous partons pour visiter la mine de Java à Bas-Oha, commune de Wanze. celle-ci est complètement inconnue de la documentation, mis à part le Cauberghs, qui est le seul à la citer. Nous mettons pas mal de temps à la retrouver, il faut dire que ce n'était pas très évident... L'entrée est dans les bois, monumentale, bordée de zones humides. Cependant, elle est grillagée. C'est donc raté pour nous, ce qui n'est pas sans nous décevoir car cette mine fait partie des endroits les plus incontournables de Belgique.

Par la suite, nous allons à Antheit, pour aller visiter une autre mine intéressante. Cependant, les entrées de celle ci sont effondrées ou bétonnées. Une plaque me permet d'accéder à l'intérieur, mais des travaux sont en cours pour canaliser l'eau d'exhaure, une grille barre l'accès au bout d'une dizaine de mètres. C'est également une déception. Des gens du coin nous disent que cette mine est un exemple parmi d'autre, la montagne serait truffée de puits (surtout) et des galeries.

Commençant à saturer d'échecs, nous allons à Blegny Trembleur, un musée où nous sommes certains de trouver quelque chose à voir. C'est une ancienne mine de charbon accessible au tourisme, dont deux galeries restent visitables, à -30 et -60. Comme tout lieu restructuré, j'ai d'énormes difficultés à trouver motivation, mais il est toutefois clair que pour ce genre d'exploitation, ça reste vraiment le seul moyen...

La descente est animée par Luigi, un ancien mineur. Les galeries ont un développement de 100 mètres chacune, plus 30 mètres de descentes auprès des tailles. On y découvre pas mal de choses et cela donne une image sur ce qu'on connaissait déjà. Bref, ce fut intéressant et je pense que François ne serait pas déçu d'aller ici. Nous terminons par une grimpette du terril attenant, cela donne une agréable vue sur le site.

Le retour à la maison est fait en une heure, nous sommes vraiment complètement crevés. Laurent et Ryu nous quittent et mettrons un temps fou à rentrer. Laurent a oublié ses clés, il a du passer une nuit d'un hardcore assez rare. Le penser autant galérien me gonfle un peu, je sais ce que sais d'accumuler les emmerdes de cette sorte...


Cokerie de Tertre, rapport de grève sauvage


31 mars

A l'aube de l'aurore, nous voilà partis pour la cokerie d'Anderlues. Les oiseaux chantent fort, ils sont motivés ! Antonin raconte qu'au Sénégal, il y a des oiseaux qui hurlent dès le lever du soleil à 5h00, on les appelle les emmerdeurs...

Le trajet est long et fatiguant, c'est un peu plus loin que ce que nous avions prévu. Cependant, nous arrivons pile à l'heure. Messieurs Dejneki et Beaudson nous accueillent. Laïus sur la sécurité et hop, c'est parti. Nous avons le droit à une visite guidée d'un quart d'heure, riche en explications, ça nous permet de comprendre un peu plus en précision ce que nous avons vu à Tertre et ailleurs. Ensuite, nous pouvons nous promener librement.

La cokerie d'Anderlues est en cours de démolition. Avec une grosse pince (2 mètres), ils démolissaient l'enfourneuse. Les rails aussi y passent, finalement tout ce qui peut rapporter de l'argent. C'est bien normal, ils sont en liquidation judiciaire, l'activité de l'usine a cessé (presque totalement). Je profite de cette occasion pour enregistrer les sons du métal se faisant déchirer par la bestiole affreuse, mais malheureusement beaucoup de vent vient perturber la prise...

Nous faisons la visite dans le sens du process. Le coke fabriqué ici servait aux fonderies. De ce fait, il est calibré beaucoup plus gros (jusque 30 centimètres). La batterie de fours est relativement petite. De visu et sans avoir compté, je dirais une quarantaine de fours. Cependant, le fait que c'est tout juste en cessation d'activité (décembre 02) nous donne de très belles choses à voir. En fait, malgré que cette cokerie soit ancienne et délabrée, nous trouvons l'équipement du process sans pièces manquantes - mis à part enfourneuse et défourneuse.

La partie de nettoyage des gaz (scrubbers) est la plus atroce. En effet, cela produit des goudrons et des benzols. C'est bien évidemment très sale, mais il vaut mieux que ce soit là plutôt que dans l'athmosphère... On y retrouve des bacs complètement gerbants de bitume, un bac rempli d'un bazar jaune fluo, un autre violet foncé. Vaut mieux pas tomber dedans ! Juste à côté, des pompes intactes de l'ancien charbonnage sont d'un rare esthétisme. Dans chaque atelier, dans chaque bureau, tout est encore là. C'est ça qui fait la richesse de la visite. Plus loin, nous retrouvons un magnifique compresseur ressemblant à celui de Wielemans à Forest. Chaque détail est passionnant et finalement, ils est tard dans l'après midi lorsque nous ressortons.

Le tram nous donne une vue intéressante sur la cokerie Carsid de Charleroi, vraiment tout cela est passionnant. Nous avons été accueilli avec gentillesse par le personnel de la cokerie d'Anderlues et je les remercie pour cela.
A la gare, les trains sont pris sans ennuis. Nous sommes crevés, une vaisselle glaucobestiale nous attend. Nous avons également appris qu'à Aiseau-Presle, la soudière est détruite, il ne reste qu'une cheminée. Bref, il reste cette mine de Java à étudier, un site qui mérite somme toute beaucoup d'attention.


 


Souvenir d'Interprochim, à Machelen


1er avril

De mauvaise humeur car le whois sur certaines catégories de noms de domaines ne fonctionne pas. Ca faisait quelques jours que je réfléchissais à la conception de dessins à envoyer par la poste. Mais google ne sait pas me répondre et l'annuaire inversé sur les numéros de gsm tout autant. Saint Vincent gardera son mystère mais en tant qu'âme secrète, ce n'est rien d'étonnant. Me reste les solutions de piratage de haute voltige, mais ça ne me tente pas : cela se trouve loin de ce qui me tient à coeur et moi qui ait construit ma vie sur le repli, je me vois mal perpétrer une intrusion dans une autre. Peu importe, ce n'est pas un échec qui brise une intention et à vrai dire, le but de la recherche me devient maintenant dérisoire - est-ce une véritable nécessité, n'y a t'il pas d'autres solutions ? Je trouverai une alternative, je crois qu'une nuit suffira à cela. La précipitation m'a souvent donné du fil a retordre. Donner n'a aucune valeur lorsque cela force le passage.

 

2 avril

Obligé de dire à ma moman à moi que j'aime que je n'ai pas le temps de lui imprimer les photos qu'elle me réclame depuis longtemps, ça me gonfle. Les descentes sous terre sont soudain en excédent, le repos se fait rare. Mais si tu comptes la vie normale, travail démarches administratives courses rangement, tu arrives à 100 %. Les descentes en souterrain, ça vient forcément s'intercaler au dépend d'autre chose ou de tout en même temps. Pas possible autrement, le travail mange énormément. Il ne faut pas s'en faire. Tant pis pour toutes ces obligations, elles attendront. Je suis peut-être un largué de la vie, mais tout au moins ces errances me font naviguer dans l'heureux.

Ses photos, je vais les tirer aujourd'hui...
Il pleut. J'enregistre ce son car je le trouve doux, je me le repasserai un de ces soirs sec, ce sera reposant. La pluie était rare ces derniers mois. La voilà revenue à ma grande joie. Les gens n'aiment pas la pluie, j'aime la pluie. Je suis un non-produit. Je n'ai pas de valeur financière parce que je ne construis rien en moi qui en fabrique. Sur l'échelle des hommes, je suis une nullité improductive et un rebus dont il faut se débarrasser. Je suis un non-profit, on devrait m'acheter, on me mettrait à la casse. Ma vie est le rejet de la vie humaine préconçue et prédétruite. Je rejette les rues encombrées de déchets plastiqueplastiqueplastique des magasins qui vomissent leur masse profiteuse, je rejette les fringues qui se vendent et que les gens foutront en l'air un an après parce que c'est plus à la mode. Par delà le quotidien, je vomis cette politique mondiale. On me reproche souvent mon goût pour les morts et les usines apocalyptiques mais bon... la mort n'est pas en mon esprit, elle est dans celle de ces malades mentaux politicards vendus au fric qui détruisent âmes par milliers sans même frémir - j'aime la mort comme une beauté et pourtant, je ne peux me résoudre à écraser le moindre cloporte.

Ma vie est en fermeture. Ce qui m'est le plus ardemment reproché, c'est que je ne veux pas communiquer - je déteste les humains et ma porte est fermée. Pourquoi ? Parce que j'ai des yeux et je vois cette Terre comme les derniers paragraphes de la Bible : là où c'est écrit que l'humain deviendra complètement dingue, que les bons seront des raretés, que le mal sera omniprésent et trompeur, que tout sera explosé dans un ravage sans limites. Les bons ? Je dégueule les chrétiens, je dégueule les musulmans, je dégueule tous ces gens qui se tapent sur la gueule. Fermeture de mon âme parce que ça fait trop mal de voir la nature défoncée à cause des dollars et les enfants déracinés pour des écrits mal interprétés. Ma vie est en fermeture ce sont de beaux mots, je suis même pas capable de faire comme si c'était vrai. Y'en a qui envoient du riz à des gouvernements somalis nigerians et ce qu'on veut dans le genre alors que les dictateurs en place se vautrent dans la luxure des dollars. Désolé mais les gars qui sont dans la merde, ils sont à ta porte, ils sont à ma porte. Quand tu vois le système de merde des pays soit disant démocratiques (système d'entraide sélectif), la pauvreté est près de nous partout. Et le paquet de riz, il compte aussi pour le glauque crado à la gare, le gitan qui se fait virer de partout à cause des polices municipales, les pauvres où on le voit même pas parce que ça blesse trop de l'afficher...

Mon existence est un non-produit. Je rejette ces courses lundi soir au supermarché où pour trois tomates trop mures et quelques brols, on me taxe 62 euros. Le consommateur est manipulé, le jeu devient de plus en plus barbare et on t'extorque tout ce qui est possible sans aucune pitié. Certains nagent dans les millions, pour moi c'est toujours aussi modeste. Et c'est bien comme ça. Arnaquer un type, ça me tuerait, parce que ma vie est un don pour autrui du tant que je peux, gratuit et c'est tout. Y'en a plein qui me reprochent des choses que je n'imaginais même pas. Ma vie est une intégrité qui leur crache dessus, parce qu'avant de gueuler sur un autre, vaut mieux se regarder soi-même et agir. Je ne fais pas l'éloge de mon existence, c'est juste quelques lignes pour exprimer le fait que j'assume ma nullité et mes choix et je ne souhaite qu'une chose : qu'on me laisse tranquille dans ces convictions. Je ne dérange ni ne demande quoi que ce soit à ces gens haineux, sinon qu'ils m'ignorent.


3 avril

Mise au point d'une nouvelle galerie photosphère sur l'acier et son process et travail difficile sur la sélection de clichés pour une exposition Photolucid, un créneau que Henk connaît bien. La période est acharnée à la présentation des travaux, je suis vraiment fatigué... mais je suis heureux de cela. Certes rempli de colère, je ne suis qu'un bloc de haine contre en ce moment... mais je dois résister car c'est une faiblesse de tomber ainsi - l'ignorance de la bêtise des gens, c'est stupide mais moins crevant en tout cas.

Votez 2. C'est marrant parce que dans les usines, ce n'est pas marqué votez CSC ou votez FGTB sur les murs. Les gens ne savent pas beaucoup lire... Alors on trace d'immenses 2 (par exemple). Même les autocollants et les affiches sont construits de cette manière. ~~~Votez CCCC : Comité des Chats Contre Cocra. Cette marque est une bouffe à chat absolument immonde, du genre Syrikit. Mon chat en a marre parce qu'il me restait une boîte comme ça à terminer. CCCC : Concertation de Concentration des Croquettes à Chats, votez vital balance, mort à Cocra ! Il n'arrête pas de miauler et me lance des regards rageurs, je suis un criminel !

Le problème du 1er avril est réglé. Ca m'agitait cette histoire - ce sera long mais je suis soulagé d'avoir trouvé une solution. A part ça, tout le week-end sera sous-terre. Encore une semaine et cure de sommeil...

 

4 avril

Ca y est, c'est reparti pour un départ à l'aube de l'aurore, mais pas pire que François et Antonin qui eux ont démarré à trois heures du matin (argh !) L'effort est dur à fournir à cause de la fatigue accumulée ces dernières semaines mais vraiment, c'est une journée exceptionnelle. Nous avons rendez-vous à Warmifontaine pour la visite d'une ardoisière souterraine dont l'intérêt est majeur. Rendez-vous avec François à Libramont, nous arrivons pile à l'heure. Faut dire que c'est normal... Notre train était prévu en arrivée à moins le quart et l'horloge du quai était en panne sur... moins le quart. Eheh ! Pratique pour éviter les retards ! Nous filons rapidement vers le petit village de Warmifontaine parce que nous avons un court délai pour arriver sur place...

Le carreau est esthétique, il y a des bacs d'ardoises prêts un peu partout, d'une contenance d'une tonne me semble t'il. Nous retrouvons Louis, notre guide et Maurice, le patron de l'ardoisière. Présentations faites, nous nous équipons et nous dirigeons vers le puits. La descente est d'un folklorique rare. C'est un puits de 172 mètres incliné à 50 degrés voire plus en certains endroits - c'est donc un beau puits, comme ceux décrits dans le livre de Léon Voisin. L'appareillage de descente ressemble à ce qu'utilisent les déménageurs pour déplacer les bazars dans les appartements, une plaque qui peut évoluer sur l'inclinaison. Sauf que là, le matériel est vieux, les rambardes sont bien branlantes, dans la descente ça bouge dans tous les sens et s'incline également avant-arrière droite-gauche, le ciel est trèèèès proche du visage, y'a de l'eau qui coule, les poutres sont quelquefois un peu complètement corrodées. Bref... La descente est mémorable. A mon avis, c'est loin d'une cage de mine classique (bien que n'en possédant pas vraiment l'expérience). On est en contact direct avec la sensation de descente, durant trois minutes de stress vraiment agréable (oui...) Il n'y a que François que ça n'a pas choqué ! Il n'a pas cessé de sortir des citations formidables au patron ! "Je ne pensais pas que ça existait encore des trucs comme ça", "Ouah ! c'est exactement comme dans le livre !", "c'est quand même pentu votre truc" et Moloko qui dit également "ouais, les poutres ça tient par habitude en fait..."

En bas, l'eau gerbe un peu. Il y a une exhaure importante, bien que la pompe n'ait pas une capacité très importante. Il est difficile pour nous d'évaluer ce genre de trucs. On nous accompagne jusque la première chambre d'exploitation, la seule où règne l'activité actuellement. Les ouvriers vident une chambre qui avait déjà été creusée. En fait, elle est pleine de stériles. Déblayer, c'est une opération qui leur prend plus d'un an, parce que la chambre est immense (l=40 x L=20 x h=20). Les déblaiements sont réalisés avec une pelleteuse électrique, dans un va-et-viens manuel de berlines incessants.

Durant les explications, un accident se produit. Une berline se met à dévaler une pente vers nous et nous cogne au passage. Nous sommes trois concernés, la berline est arrêtée et remise en place. C'était au cours de photos, l'accident est sans conséquences graves mais ça aurait pu être catastrophique : passage sous berline, renversement d'acéto et incendie, écrasement sous paroi, etc... C'est lourd une berline, faut pas croire... Personne n'a remarqué ce problème, c'est étonnant.

C'est l'heure de la pause. Les ouvriers posent des questions sur notre présence. Louis nous décrit le moindre détail de l'exploitation et des aspects de la sécurité. Le mineur doit vraiment être en contact avec son environnement, les détections de problèmes sont simples mais nécessitent un regard très aigu sur les parois. Plus loin, les chambres d'exploitations sont pleines. Nous les visitons et continuons jusque loin au fond du site. Il existe de nombreux étages intermédiaires, prendre connaissance de toute l'exploitation prendrait du temps. Louis est un fameux guide, il a travaillé dans toutes les ardoisières du coin : Martelange, Bertrix, Warmifontaine...

L'heure du retour arrive. Remonter, c'est encore plus impressionnant, surtout quand ça penche en arrière, aaah ! En haut, nous pouvons visiter l'atelier de refente. Il semblerait que fendre une ardoise, c'est une technique très difficile - mais eux le font en un coup de main puisqu'ils produisent environ 1000 ardoises par jour. L'ardoisière de Warmifontaine est en cours de remise en route (après multiples faillites). D'ici quelques mois, la chambre déblayée sera remise en exploitation. Avec une haveuse, ils débiteront 20 mètres plus en profondeur. Franchement, avec la gentillesse de leur accueil, on leur souhaite toutes chances de réussite...

Cette visite terminée, nous allons manger dans la campagne. J'ai fait un enregistrement de la descente. A l'écoute, le passage du puits est mythique, surtout les commentaires de François !! Juste après, nous nous dirigeons calmement vers Hussigny. Nous en profitons pour visiter l'ancien carreau puis retournons à nos bois bosniaques favoris.

Equipement mis en place, nous descendons au coeur de la mine d'Hussigny. François et Sde font une topo à la chaîne du site, ce jusque le lendemain matin à un escalier que nous jugeons clef dans l'architecture de l'exploitation (jonction couche grise - couche noire). Il y a pas mal d'eau et j'enregistre ça. Seulement, il faudra que je surveille mon matériel car il me manque beaucoup d'enregistrements. C'est comme si ça ne tournait pas... Ce n'est rien de catastrophique, juste une amélioration à faire pour le futur... Warmifontaine, j'ai une heure, Hussigny 20 minutes ! Ce n'est rien parce que des goutes d'eau et de la boue, je pense qu'on en retrouvera dans 15 jours !

Nous retrouvons le lieu de dodo de la dernière fois (très pratique) et crevés, nous allons dormir à 23 heures. Le sol est dur, caillouteux, humide, Antonin ronfle, il fait froid... C'est une nuit remarquablement agréable !


5 avril

Départ tôt, congelé complètement congelé. Nous continuons les visites un peu dans tous les sens. Chaque galerie que nous visitons nous ramène soit au roulage (estimé) vers Moulaine, soit sur des dépilages. C'est assez tourne-en-rond, mais cela nous permet de comprendre un peu comment fonctionne cette mine.

Dans l'après midi, nous retrouvons un garage de réparation que j'avais visité pas mal d'années en arrière, mais nous ne savons poursuivre le roulage, nous tombons immanquablement dans des quartiers puis des dépilages (ça donnera une bonne excuse pour revenir !) Je découvre à cette occasion qu'avec mon matériel, je ne peux pas faire d'enregistrement accéléré pour améliorer la qualité.

Au soir, nous somme vannés, l'impression d'avoir fait le tour de la concession d'Hussigny intra-muros. Nous n'avons vu qu'un seul puits non achevé vers une couche rouge. Il semblerait donc qu'il n'y ait que deux étages, plus un niveau irrégulier d'évacuation d'eau. Je suis loin d'être certain de ce que j'avance là... Je sais toutefois que longtemps avant, j'étais descendu vers Thil ou Tiercelet, et là il y avait de la couche rouge. Cela constitue d'autres approfondissements nécessaires pour comprendre l'exploitation du gisement. Nous dormons au même endroit, il est bien ce coin (qui d'ailleurs est le seul viable dans le secteur...)


6 avril

A matin, nous ressortons au jour. Les bois bosniaques me font râler parce que c'est pentu et mon sac est rempli de minerai - j'en bave un peu... C'est toutefois un environnement épineux atypique et mémorable. J'en ai fait des photos.

Nous partons faire des repérages sur la mine de Grand-Bois, juste à côté d'Hussigny et vers Lassauvage. Malgré deux heures de recherches, nous n'avons pas trouvé d'entrée vraiment probante. Un boyau pentu qui se termine rapidement juste à côté de l'entrée mentionnée sur l'IGN et un puits d'aérage fermé avec des aciers et dont l'échelle n'est pas complète (mais on entend de l'eau au fond). Le ruisseau est couvert en un endroit d'un treillis d'aciers, tout le secteur est suspect. Il est probable que nous n'avons pas fait les recherches correctement, c'est à approfondir et il est probable que d'autres entrées soient proches...

Sur ce, nous entamons le retour. A midi, Antonin sort une terrine de gras de porc et de foie de porc. Si ça c'est pas immonde, ça vaut le toltott ! Au loin, nous avons une vue sur l'usine de Chjilles. Je suis heureux d'un nouvel enregistrement : dans le train, c'est la voix du monsieur qui annonce la gare de "Esch Belval - Belvââll Schmeltz". A ce titre, l'usine de Esch Belval se fait raser à grande vitesse. Actuellement, il reste quelques bazars et les deux haut-fourneaux. Le retour à la maison est sans ennuis, la démitibularisation ne s'improvise pas, on est d'une crasse repoussante ! Mais y'a eu pire... Le hasard m'a fait passer à Arlon.


7 avril

Complètement crevé et ce tellement que j'ai des vertiges au dessus de mon clavier ! Du repos le week end prochain s'impose plus que jamais ! Je suis vraiment amoureux des mines de fer de Lorraine, je les quitte à chaque fois avec regret (et en attendant la prochaine fois). Pour le coup, ce sera dans quinze jours, le programme n'est pas encore strictement défini.
Ce matin, j'ai des nouvelles pour les areines liégeoises et des données sur la mine de Java à Wanze. C'est vraiment chouette, les recherches avancent à grand pas en ce moment...



8 avril

Pourquoi je descends sous terre beaucoup trop souvent (car c'est excessif).

Parce que mon âme est dans la haine - ce que je n'apprécie pas. Mais ce n'est plus controlâble.

Parce que je déteste le monde des humains, parce que je déteste les humains, je suis au fond du rejet. Je sors n'importe où, il y a 5000 voitures qui font du boucan, leur présence m'agresse, elles sont bien plus dangereuses que le dessous-terre. La voiture est vitesse, je me rêve comme lenteur (ce que je n'applique pas par faiblesse, bien malheureusement).

Parce que je sors dans les rues, il y a tout de suite 5000 pubs qui m'agressent. Mes usines abandonnées sont sales mais elles sont moins glauques que ce monde de merde où tout se vend, où les gens se font arnaquer à longueur de journée par les mass-medias. Mes souterrains sont paisibles, il n'y a personne pour m'emmerder. Parce que ce monde est la guerre, parce que les pays vont à leur destruction et je refuse d'agir avec ça, juste par le fait de ne rien dire ni rien faire.

Parce que l'usine abandonnée est liberté. Pas obligé de suivre les règles, toutes vos règles de merde que je vomis tellement elles sont nauséeuses. Je suis démissionnaire de cet univers de stress et d'inculture. C'est pour ça que je ne connais pas grand chose de ce que vous considérez comme normal, c'est pour ça que je suis largué quand on me parle de tout et de rien.

Pourquoi ? Ce n'est rien qu'une minable réaction de rejet, trop d'instants mal vécus. Aucun honneur à ce que j'ai construit comme bases de documentation, je dirais presque que c'est le constat d'un lamentable crédo. Mais qu'est-ce qui compte finalement ? Est-ce d'être heureux, est-ce d'être bien dans la vie de tous les jours, est-ce de construire quelque chose de mémorable pour les (s'il y en a) générations futures ? Chacun son optique... Pour ma part, ce n'est que protection, juste de la protection contre trop de faiblesse et ainsi, dans mon crédo d'enfermement, je me sens beaucoup moins mal.


14 avril

Le week-end entier passé à nettoyer la maison, faire des lessives, laver à fond toutes sortes de matériels spéléo... On peut dire que ce ne fut pas la grande passion. Mais bon, c'était d'une nécessité absolue, les descentes sous terre se sont enchaînées de manière furieuse et la saleté suit de manière exponentielle. Aujourd'hui lundi, je suis encore complètement crevé, j'ai l'impression d'être vidé et sans forces. Les dizaines de mails qui m'attendent ne sont que programmation de descentes. Si je ne freine pas, ce sera semaines et week-ends enchaînés tous à la suite. Ce n'est pas inintéressant, mais je suis un peu dans un état lamentable... Le but n'est pas de courir sans cesse mais de profiter de chaque instant...

Et en ce moment, j'ai envie de dessiner, d'écrire, de parcourir les recoins de l'univers de Nora, finalement de retourner à Baugy. Il y a encore la semaine prochaine à descendre et après la tranquillité reviendra (Juste une descente en Lorraine prévue depuis longtemps, les semaines suivantes sont vides). Ca fera pas de mal parce qu'on est lundi matin, je suis tendu comme tout et la désagréable sensation d'être débordé - alors que ce n'est absolument pas le cas... Peu importe, ce n'est pas du désespoir, juste une semaine à reprendre un peu en main.

En premier lieu, j'ai commencé à reconstruire la partie romans de mon site. Un grand dessin fouillis qui représente bien ce que j'aime. Et puis suite aux conseils de Jérome, j'ai nettoyé les images de la page d'accueil générale. Au final, je voudrais avoir une série de pages où l'identité devient très palpable, où l'on ressent une impression de naturel. Volontairement rétro, mes pages sont du texte au kilomètre, des dessins pas perfectionnés du tout. C'est parce que je souhaite me rapprocher d'une simplicité toute contraire à l'artificialité impersonnelle des sites trop bien fondés. C'est loin d'être fini, mais l'évolution est je l'espère positive.

A part ça, les envies artistiques deviennent de plus en plus illimitées. La collaboration avec Photolucid va se réaliser d'ici peu, une exposition photo entre Shaun O'Boyle et Henk Van Rensbergen, qu'est-ce que je peux rêver de mieux franchement ?! Sinon, je navigue sans cesse entre François Bon, Joris Lacoste, Schuiten, Gracq et etc... Toutes ces hordes d'urbanistes écrivains dessinateurs me fascinent. Ma vie est déchirée du sens du partage, baignée d'illusions naïves et d'imaginations débordantes. Je ne sais ce que réservent les semaines à venir, mais je sens que ça va être d'une grande intensité...

 

15 avril

Très d'actualité en ce moment : si tu vis dans la parole d'autrui, tu te détruits et tu détruits tout ce que tu fais. Les gens sont impressionnants, ils ont un avis sur tout, même ce qu'ils ne connaissent pas et ne font pas. Qu'il y ait des années de travail derrière, peu leur importent et ils commenteront, saccageront tes rêves jusque ce que ce soit la disparition. Pour ma part, j'ai trouvé des solutions qui marchent assez bien : plus de mail ou presque. Rien que cela les calme, ils sont fainéants et ne font pas de dns-lookup. Et pour ceux qui persistent et commentent encore de propos vaniteux et acides, je ne réponds plus ou presque, par protection. Il y en a encore quelques-uns qui demandent des renseignements. C'est quand même comique, le simple fait de leur poser une (seule) question ou précision écrème 99%. Comme quoi c'est pas la peine de se crever pour des gens qui en ont rien à foutre. Enfin bref, je parle de ça parce qu'il y a quelqu'un qui est tombé justement à cause de ça, de la stupidité des gens et je trouve ça regrettable - que la bêtise gagne une fois de plus sur ce qui est un peu moins anormal dans ce monde de fous...

Retour aux sources de la vie... J'expulse l'artificialité un peu par un peu et ce sera fini d'ici une semaine : j'ai dessiné une bécasse en page d'accueil de mon dernier livre. Finalement, ça avance et le goût redevient passion pour ces écrits... Ce jour est cependant au manque de courage, voire presque la baisse de moral. Il y a en effet pas mal de choses qui ne marchent pas, je vois également le planning se surcharger bêtement de projets qui ne m'intéressent pas énormément. Je pense que ça va se solder par des refus un peu mal pris, mais ce n'est pas possible de continuer ainsi en s'écartant trop du chemin. Quand tu comptes le nombre d'heures pourries au travail et aux obligations, c'est clair que l'aspiration à la liberté ne fait que s'accroître... Toutefois, il n'y a rien d'inquiétant. C'est un éternel recommencement : chute et ressaisissement... Une vie de merde je le conçois, puisque ça serait bien plus courageux de travailler à l'écriture en temps plein - mais il faut manger (un peu au moins). L'alternative, autant dire que je l'ai cherchée, elle existe mais c'est un saut dans l'inconnu et la chute est plus que probable.

Ce qui m'agite en ce moment, c'est la rédaction de X. Je ne peux plus tolérer ce texte multiforme complètement infirme. En fait, ne pas cesser de voir le travail des autres me brise complètement. Que ce soit Broussaille (Michel Bom) et sa superbe nuit du chat ou bien Schuiten, chacun développe un univers propre dont le graphisme est merveilleux. Petit merdeux que je suis, je n'ai pas envie de faire mieux qu'eux, cela n'a pas de sens. C'est un souhait d'aller dans la même direction, produire des textes aussi envoutants, des images dont l'attraction est puissante - lunaire. Cela est né de la lecture de Bosco et ce n'est pas prêt de me quitter...

De ce fait, X est en chantier plus que jamais. Pour l'instant, je cherche à concevoir un environnement afin de me replonger dans l'ambiance nocturne de ce texte : une refonte complète du site litteraire et le dessin incessant de morceaux de paysages et d'évènements. En fait, la présentation honorable des écrits est indispensable, j'ai toujours traîté cela (trop) à la légère. Ne serait-ce que la réalisation d'une carte des lieux me ferait faire bien moins de bévues. Certes, raconter l'écriture et l'imagination, ce n'est pas un fait passionnant... Cependant je relisais mon journal hier -car il y a beaucoup de fautes d'orthographe- et je suis au moins content d'une chose : je ne fais pas "des entrées" comme je peux lire ailleurs. Ces jours sont des jours et simplement mes jours, destinés à la lecture de personne en particulier et souvent peu compréhensibles - j'estime cela normal et je ne compte pas adapter d'une quelconque forme. Je crispe un peu face aux journaux rédigés pour les lecteurs comme si ce n'était que le seul but : n'est-ce pas là une officialisation de l'égocentrisme et un détournement de ce qu'est finalement un journal intime ? En fait, ce sont des "lettre ouverte sur moi", et si cela est le journal intime moderne, ce n'est pas reluisant...

 

16 avril

Cette fois ci, je suis vraiment trop fatigué. C'est sûr, c'est un problème récurrent, mais là ? Y'a pas à dire, les solutions sont taillées au couteau. Ca et ça et ça ? C'est simple, je ne le ferai pas. Je constaterai ensuite bien si ça créé des problèmes ou non, en somme j'en doute. Si ca continue sans interruption, c'est parce qu'on le veut bien... Finalement mon argent, c'est l'usine. Je ne recherche pas le gain mais l'usine désaffectée, c'est une drogue à accoutumance, c'est ma monnaie, ma valeur, mon référentiel... Alors je vais calmer toute cette folie, encore le week end qui vient, encore un truc programmé et ensuite basta. En somme, je suis fatigué de me battre pour faire tenir debout des projets bancales dès la conception. Comme je le disais la semaine dernière à François : au final, tu en fais tellement que tu te surprends à te dire que ce serait mieux sans. Ce n'est pas un dégoût mais un épuisement profond, une lassitude de la vie comme elle est, conçue sur la base d'obligations-tout-le-temps et de vie dans les miettes qui restent. Ce qui est dommage, c'est que je n'ai plus aucune réaction face à ce qui rate et plus aucune envie de changer les choses en positif. Je ne pense pas que ce soit une dépression passagère, sinon je ne réagirais pas. Je crois que c'est simplement parce que je m'égare... Ca n'a rien de catastrophique et ça se rattrape.

Découverte ces derniers jours de "Petit Verglas" de Riad Sattouf. Le dessin est extrêmement soigné, c'est vraiment agréable. Heureusement que c'est tracé et coloré à la main, c'est tellement plus naturel que ces #&# d'ordinateurs... Découverte également dans un autre genre de Jay Jay Johanson. Voilà vraiment une oeuvre bizarre, la voix de ce type est amusante...

Ce soir, je vais ranger dans une armoire bien pleine les feuilles de projets. Je vais laisser tomber les mails dans la nuit quelques instants et m'achever sur ce roman. Hier soir, j'ai récidivé de dessins, dont les trois quarts sont des infâmes ratés... mais je m'en fous, je me lance, je saute dans le vide et peu importe si je m'écrase un peu plus... Il faudrait que d'ici une semaine, la charte graphique du site soit conviviale et cohérente, une semaine... C'est un souhait... Parce qu'il faudrait aussi que je finisse la conception du roman (pas l'écriture)... Rien ne presse et je me doute que ça prendra un peu plus...

 

17 avril

C'était prévisible, hier soir et ce matin ont tourné au pétage de plomb. Tant de petites choses qui accumulées t'éloignent de ce que tu crois être ta vie. Le rejet de tout ce monde ambiant ne fait que s'accroître. Face à cela, ça prend la tournure d'une guerre parce que cette fois ci, ça ne s'arrangera pas tout seul. En contrepartie, je suis rejeté de pas mal d'endroits, non reconnu voire méprisé. Ce n'est pas grave, je me fous de la considération d'autrui. Si mon chemin se dirige vers un désert aride, j'irai. Dans les études actuelles, de nouveaux projets s'inscrivent dans une réalisation proche. La carrière souterraine de Gypse de Livry-Gargan, l'ossuaire souterrain du Kremlin-Bicètre, les carrières souterraines d'ocre de Roussillon, les schistes bitumineux du Vaucluse... Egalement et malgré les critiques, je continue le roman X. Je n'ai pas de colère envers ceux qui ne croient pas en moi, je n'ai pas besoin de leur soutien.


Souvenir de Carcoke Tertre

18 avril (après-midi)

J'essaie d'oublier la mauvaise humeur, c'est mieux...
Dans quelques minutes, je pars pour trois jours sous terre.


18 avril (relaté)

C'est la plus petite descente que nous ayons jamais faite en Lorraine, mais au vu de la condition de ce projet, ce que nous avons visité est honorable : en effet, ce fut menacé du début à la fin...
Tout d'abord, il nous a fallu réaliser la visite sans François, ce fut bien dommage. Et le vendredi en fin de matinée, Antonin se décommande. Heureusement, nous avons réussi à lui trouver un billet de train convenable...

Au départ de Boitsfort, le train est en retard et je ne retrouve pas Sandy. En fait, je ne la reverrai qu'à Ottignies, Ouff.. ! Le train est bien blindé jusque Namur, nous faisons route jusque Luxembourg sans ennuis. Nous y retrouvons Antonin et partons pour Esch. Trajet sans encombres, nous allons rejoindre dans le calme la mine E. Or là, nuit tombée, qu'est-ce qu'on trouve ? Une magnifique entrée avec une porte en fer blindée, plus rien de la petite chatière dans les comblements que nous connaissions. Que se passe t'il ici ? Ils ont déblayé un beau mont, est-ce pour permettre le passage de machines ? Les soudures omniprésentes sur la porte apportent un sacré doute quant à cette hypothèse, mais peut-être que ce sera le but futur ? En tout cas, il y a du passage ici, et beaucoup, c'est le centre d'un intérêt important : lequel ? Nous ne l'aurons pas compris. En fait, il est possible également que cette porte en cours de bidouillage soit déblayée afin de donner un accès facile et direct à la mine O. (zone instable) où sont postés de nombreux points de mesure afin de contrôler et de programmer l'étude du futur noyage du bassin...

Bref, nous rentrons à l'intérieur et allons directement nous coucher parce qu'il est tard. Nous allons dans un fond de galerie tranquille en étage supérieur (couche grise). Niveau froid, c'était bien. Niveau réverbération et écho des ronflements d'Antonin, c'était... ... ... Ah... terrible !


19 avril

Nous avons dormi jusque 10H30. Pour du glaucocamping, c'est vraiment du jamais vu, François aurait agonisé. Au travers de quartiers et dépilages, nous retrouvons la salle des pompes de Paafert, où des bougies ont été posées sur les tracts qu'on y avait précédemment laissés, puis l'entrée (sans grillage cette fois-ci) donnant sur l'Intermosel et beaucoup de quartiers dépilés. Par le travers banc énorme qui file plein sud, nous atteignons Billert, la salle des pompes et des compresseurs, puis un réseau d'albraques.

Après manger, nous continuons plein sud et le paysage change. En effet, nous trouvons un capteur plongé dans l'eau. Ce n'est pas pour la turbidité, ce n'est pas pour la vitesse du courant, ce n'est pas non plus un indicateur de niveau, ce n'est pas le genre. Resterait une analyse de conductivité, de pH ? En tout cas, le matériel est relié par un fil électrique jaune et nous commençons vraiment à penser que nous ne sommes pas à notre place ici. Nous le suivons pendant un moment, il y a également plein de traces de pneus fraîches. Nous déciderons finalement de faire demi-tour (traumatisme hussignesque).

Même travers banc au nord, nous ne trouvons que des dépilages. Acharnement vers l'ouest dans les quartiers dans l'hypothèse de rejoindre la mine H., mais nous ne trouverons pas de passage. J'en conclus qu'il n'est possible de rejoindre l'ouest qu'en allant par Bure. Quant au puits proche de l'entrée, donnant vers la couche inférieure, il n'est pas tout à fait engageant et la première échelle a de toutes façons disparu depuis la visite précédente. Donc au final, nous n'aurons pas été loin, nous n'avons même pas lié la mine O. Mais bon, nous avons déjà fait Paafert intra-muros au grand complet, et c'est chouette.

La nuit, Antonin redouble de ronflements et je l'ai enregistré, j'ai la preuve maintenant !


20 avril

Dans les beaux souvenirs, j'ai trouvé une toute petite boîte de mineur contenant une série de becs d'acéto de remplacement et un bouchon de réservoir. Autant dire que c'est un véritable trésor. J'ai également ramené une semelle cloutée de mineur, celle que j'avais vu la dernière fois avec Luc. Le retour à la gare d'Esch se fait sous la pluie, le no man's land est très beau sous ces couleurs. L'entrée déblayée a un mine-appeal très fort.

A la gare, le petit dej au chips goût chili est d'un succulent rare, Ryu m'a converti ! Le retour en train est sans ennuis, il y a juste Antonin qui doit attendre longtemps son train. Nous sommes à peine sales (oui je sais, je suis un peu de mauvaise foi).
Dans les prochaines descentes, je crois qu'il serait intéressant de projeter une traversée du réseau, entrée par le sud et sortie par le nord. Ce serait un voyage extraordinaire. Mais il y a également beaucoup de petites concessions qui nous attendent : Grand-Bois par le puits, Charles Ferdinand, puis bien sûr Saint-Michel... A voir, ce n'est pas l'envie qui manque...


22 avril

C'est reparti pour du feu, une intensité que je vis mal. J'ai mon épaule droite défoncée par le stress - toute dure et toute tendue. Cela n'a aucun sens. Je me donne jusque demain mercredi pour terminer les dernières études. Ensuite, je ne recommence rien, il faut du calme, impérativement.


23 avril

Voilà, on est mercredi et j'ai tout fini, je suis libéré des obligations (courrier mutuelle et autres bêtises de factures) Ca ne fait pas de mal parce que ça fait deux mois que je suis à fond de cale, un bon week-end de repos supplémentaire sera apprécié. J'ai l'impression d'être vidé, que deux mois de sommeil non-stop ne seront pas suffisants !

Quelques nouvelles par rapport aux visites de ce week-end...

En ce qui concerne Paafert, le cavage du plein sud que nous avons pris ne va pas à Ott2. Il continue très longtemps dans des zones où il n'y a rien à voir, puis il plonge dans du noyage. Je suppose que c'est parce que ça passe en dessous de la concession d'Ott2. Mais ce n'est que de l'imagination... Cela m'étonne mais la personne qui m'apprend ça est fiable. Ce sont malgré tout des informations que j'ai envie de vérifier...

Aucune explication pour l'instant concernant Eis. et ses modifications. Je doute que j'arriverai à en avoir. Peut-être par connaissances interposées ? En tout cas, le cavage est décomblé de manière étrange. Creuser c'est bien, mais pourquoi la porte ne laisse-elle pas de passage aux machines ? Je ne comprends pas.

En ce qui concerne la traversée sud-nord du réseau, des amis l'avaient tentée il y a quelques années et cela sans succès parce que ce qui est au sud de Tress. est majoritairement noyé. Ils ont de ce fait visité la partie sud du 'bassin nord' en partant du nord, ça les a amené dans des travers bancs de 10 km sans aucune bifurcation. Pas terrible comme truc... Le puits spitté dans Fontoy fait 15 mètres de fond. Il mène à une partie de réseau extrêmement dégradée. Un travers banc avec quelques berlines et une trémie. Rien à signaler qui soit passionnant, pas de liaison vers Hav.

Pour la salle des pompes de St M, l'accès est désormais impossible. A l'intérieur du réseau, il y a une grille qui interdit l'accès au niveau de la frontière. C'est très dommage mais ainsi... Bref, ça fait beaucoup de petites nouvelles éparses, mais tout cela constituait des questions qui m'agitaient. Maintenant que je suis au calme, je vais dessiner et redessiner tranquillement, écrire et me réfugier dans le silence.


Cokerie de Buda Marly

25 avril

Ah les cons ! Il y avait une belle route pavée, avec de l'herbe dans les jointures - un bazar bien ancien et très esthétique. Ils ont tout ravagé hier, ce pour quoi ? Pas besoin de chercher loin, ils vont y mettre une bonne couche de noir... Ce genre d'actions m'énerve. Je sais bien que c'est chez un privé, chacun fait ce qu'il lui plaît... C'est toutefois tellement dommage...

Ce matin, je suis encore bien fatigué. Difficile de récupérer... En ce qui concerne le travail, je suis dans un état de motivation extrême - au moins tout autant passionné que si j'étais préposé aux toilettes ! Je fais ce qu'on me demande, pas une miette de plus. J'ai vu sur quoi ça débouchait de s'investir, alors maintenant ils ont une larve. Le pire, c'est qu'ils n'ont même pas l'air de s'en rendre compte... Peu m'importe, complètement. Je suis dans ce (détestable) état d'esprit où je ne bouge pas parce que le contraire demanderait des efforts. Je n'ai absolument aucun espoir pour l'avenir, tout ce que j'avais demandé pour améliorer l'entreprise m'a été refusé avec une hypocrisie digne des plus grands modèles politiques. Bref, plus rien à tirer de cet endroit, j'attends que ça se passe...

Ce soir, je vais aller faire un tour du côté de Buda. Je compte y enregistrer les bruits bizarres puis ramasser quelques archives avant la destruction du site (qui semble approcher bien que rien ne soit précis) J'ai la tête dans les usines depuis un an, c'est mon échappatoire par rapport à ce monde naze. Désolé, mais travailler 50 heures par semaine pour des pourris, ça ne m'intéresse que très moyennement... Les usines me permettent de rendre tellement plus passionnant le quotidien. Ca m'isole complètement de contacts avec les gens et c'est pas plus mal - puisque de toutes manières je déteste presque tout le monde. Les personnes que je côtoie encore sont toutes de ce milieu souterrain ? Pas spécialement... Mais bien souvent, ce sont des gens qui ont été blessé profondément dans leur intérieur - il n'y a que ceux là qui respectent ma fragilité.

Hier, je parlais très vaguement des enregistrements (sous terre, les oiseaux, les petits fous d'à côté). J'ai eu comme commentaire : tu es vraiment un anarchiste. Franchement, avec des réponses d'une stupidité aussi effarante, comment voulez-vous que je ne sois pas misanthrope ?!!
Le week end sera -à priori- très calme. J'attends ça avec un peu d'impatience, ça devient extrêmement dur de se lever le matin. Mais bon, je compare cette vie avec celle d'autres plongés dans la pauvreté, je garde à l'esprit que mes grognements et complaintes ne sont que la réminiscence d'un côté obscur - je suis loin d'être à plaindre...


26 avril

Ma passion pour les cokeries est bien plus forte que l'attrait envers les hauts-fourneaux, laminoirs, usines de pelletisation, fonderies et autres de tous genres. Il y a un aspect primitif et barbare qui dépasse toute imagination. De ce fait, je replonge dans l'étude de ce procédé industriel en prenant le site de Buda Marly comme exemple, surtout à cause de la proximité. J'y retournerai très régulièrement - dès qu'une occasion se présente en fait - ce sont des travaux pratiques en quelque sorte.

En premier lieu, j'ai passé deux heures à fouiller le bâtiment administratif. Le but, trouver des plans, des explications. Ce fut assez pénible et passablement dégueulasse, les montagnes de paperasses ont 20 ans d'abandon dans la vue. Mais j'ai réussi à retrouver des documentations exceptionnelles. Outre les plans de l'usine, j'ai un document de 200 pages sur les températures et les procédés de cracking, des documents sur les colonnes de stripping, un livre des contrôleurs de pauses (entièrement écrit à la main) et une série de lettres mythiques où le patron se démène contre un ouvrier rebelle.

Sur le site, j'ai approfondi les précédentes visites. En farfouillant dans les fourrés, j'ai réussi à retrouver la machine de contrôle d'humidité des cokes à froid (située entre les deux lignes de batteries, un quart d'heure de lutte pour y arriver !) J'ai également retrouvé une pelle de gueule d'enfournement et des morceaux de belier de la défourneuse. C'est vraiment passionnant, même si cela parait dur à croire. Je me sens plongé dans une archéologie complexe : je retrouve les noms des gens et leur métier, je rejoins des dizaines de pièces de puzzle...

Au niveau de la tour de refroidissement du coke-car, une planche a failli me décapiter, tombée de je ne sais où. J'ai profité de ces instants pour enregistrer l'ambiance très bizarre de Buda, avec ces momop étranges (seuls les initiés peuvent comprendre). Je serai vraiment malade le jour où ils détruiront ce lieu - il paraitrait que c'est à envisager. Il faut profiter à fond de chaque centimètre carré, histoire d'en être repu repu repu...

Plus tard, je suis retourné au ring zéro et ses piles creuses. J'y ai enregistré le bruit des camions à l'intérieur de la pile. C'est un son extrêmement lustmordien. Sinon Interprochim est ouvert. Il est probable que ça n'a jamais été fermé... Le plan d'Hussigny fait 3 mètres sur 2. Pour la copie, Benoît me la passera lorsqu'on se verra, d'ici une quinzaine de jours.


29 avril

Dans le train, en face de moi, une femme complètement traumatisée. Je ne sais quelle douleur l'habitait. Elle se tordait les mains, marmonnait de l'incompréhensible, avait des gestes brusques et semblait au bord des larmes. Je n'ai rien dit ni rien fait, je n'ai pas osé. Je ne le regrette pas parce que je suis nul, mais j'aurais aimé lui venir en aide...

En ce moment, je découvre une nouvelle langue, enfin plutôt un nouveau patois, il s'agit du bruxellois. Je trouve ces expressions amusantes mais ça n'a pas d'affinités avec le ch'ti mi, en voilà quelques-unes pour mémoire.

-C'est du vlek : c'est de la bricole, désigne un objet de faible qualité.
-Des brols : des objets de peu de valeur et désordonés.
-C'est schieve : tordu, se dit également cakepich. Egalement un schieve lavabo (un fou).
-Faire la file : se dit pour les embouteillages.
-Une drache : une forte pluie.
-Une escabelle : j'ai cru comprendre que c'était un escabeau.
-Alley : ce que les belges mettent au début du "au revoir", véridique !
-Schieve architecte : une personne folle. (Faut voir ce que Bruxelles a subi à cause des architectes, c'est inimaginable...)
-Un dikenek : une personne imbue d'elle même.
-Faire des cumulets : faire des galipettes. cette expression m'a valu un bon fou-rire !
-Faire de son nez : faire le malin, se mettre en avant.
-Une loque : une serpillière.
-Un essui : désigne de manière complexe des serviettes.
-Des crolles : des boucles de cheveux.
-Blinquer : briller.
-Un renon : une résiliation.
-Un pauv' pey : un pauvre type.
-Un navetteur : passé dans le langage courant, ce sont les gens qui vont au travail en train ou bus.
-Brosser : sêcher des cours.
-Se faire pêter : être recalé.
-Une casserolle à pression : un autocuiseur. Je mets cette expression parce que je la trouve vraiment typique des brusselars, un état d'esprit qui se moque de la modernité.
-Fricadelle, fricandelle : ouh... C'est complexe ça ! C'est un morceau de viandasse servi dans les friteries.
-Des spiringues : passé dans le langage courant, des côtes de porc.
-Etre jouette : qui a envie de jouer.
-Du kipkap : un truc informe qui ressemble à de la tête pressée.
-Avoir une gueule à gouttes : expression hilarante pour un malade.
-Une latte : une règle.
-Un pain français : une baguette (!!)
-Un pisseur de comptoir : quelqu'un ennuyant qui parle trop.
-S'il vous plaît : les gens disent ça pour dire "je vous en prie".
-Aller à la toilette : aller aux toilettes.
-Du bazoef (bazouf) : nourriture infecte. Egalement de la firtouille pour de la viande.
-Des cougnous : brioches pour noël.
-Une couque au beurre : le pain au chocolat français, mais sans chocolat. Existe également la couque au chocolat au chocolat (seuls les initiés comprennent)
-De la lapette : un café trop léger.
-Du massepain : pâte d'amande.
-Des nic-nac : biscuits en forme de lettres ;-)
-Un truc ainsi : un truc comme ça (ça fait longtemps que je ne l'ai plus entendu...) Egalement : j'aime autant (pour je veux bien)


30 avril

La motivation de mettre en ligne ce journal s'estompe beaucoup. Mais je me dis que je ne fais pas ça pour les gens en général, je ne le fais que pour les quelques et très rares personnes qui apprécient la lecture de ces écrits. Les milliers de visites, je m'en fous, voire elles me gênent... Peu importe, ce n'est pas intéressant.

En fait, c'est une baisse générale de motivation en tout. Ma volonté de découvrir des lieux nouveaux est en chute aussi. Je pense que c'est une trop grande fatigue accumulée. Ca ne donne plus goût à rien. Et puis il y a ce sentiment d'inutilité. Je me démène pour construire des bases de données monstrueuses sur des thèmes ardus et peu explorés : de cela je ne reçois que des critiques. Certes je m'en moque bien, mais c'est tout de même lassant de s'entendre dire toujours la même chose... Faut rester discret ! Mais pourquoi donc ? Ce n'est pas un boulot illegal à ce que je sache... Et garder les informations égoïstement, je trouve ça tellement dommage...

 

30 avril

Ouh là là, je suis à la bourre... Je ne compte plus les mails et le nombre de choses à faire. Peu importe tout cela, c'est bien trop barbare et un tel rythme à tenir ne m'intéresse plus.

Au soir comme prévu, nous allons au Kremlin-Bicètre pour visiter une ancienne carrière située sous le cimetière. Nous retrouvons Olivier au détour d'un livreur de pizza grillant un feu rouge, puis nous allons passer un bonsoir à Ido. Une fois ces retrouvailles faites, nous le quittons et allons donc au cimetière afin de visiter le souterrain. C'est une carrière de dimensions restreintes (300 mètres en forme de S) mais qui a l'avantage de présenter un charnier très préservé. En effet, les ossements sont rangés comme à Denfert-Rochereau, mais ils ne sont pas massacrés par des vagues successives de touristes bourrins.

Sur place, l'accès se fait par une plaque. Après quelques observations, nous déduisons qu'il faut un bulldozer pour la lever. Vaine tentative, nous n'aurons pas réussi à visiter les lieux, c'est relativement dommage. Ne voulant pas rester sur un échec, je procèderai par un autre type de visite, avec une personne expérimentée pour lever la plaque. Ca fera bien sûr une demande d'autorisation à renouveler mais ce n'est pas sans espoirs...

 


Plaque de four - Cokerie de Tertre

1er mai

Chez Xavier. Nous sommes dans un état de réveil assez approximatif. En voiture, nous allons chercher Fred à Gentilly et allons direct à Vaux sur Seine pour la visite d'une carrière souterraine de gypse, dite des Proverbes. Sur place et en retard, nous retrouvons Cécile, Joachim, et F2. Heureusement que François nous a guidé par téléphone, sinon nous n'étions pas prêts de trouver l'entrée. Service des carrières au service des cataglauques.

La visite des lieux se solde assez rapidement par le squat et le repas. Gerbivomie bien sûr, Cécile me dit que je n'ai vraiment pas changé. Ah ah ! Du point de vue discussion, et j'en ai les preuves, François a dit du mal de François et... Xavier a dit du mal sur moi. C'est un point tout à fait inacceptable. Donc, j'élude certains détails. Il s'agissait juste de photos en open flash et soi-disant (dans un élan formidable de mauvaise foi), Xavier n'a pas voulu croire qu'il fallait de la concentration pour réaliser de tels clichés. Ces propos sont lamentables et purement honteux. Je ne suis pas du tout rancunier mais je retiens de telles paroles et je les revaudrai !

Mis à part ces détails de peu d'intérêt, la carrière vaut le détour. Le creusement est assez informe, les galeries plutôt en ogive, mais renversée (c'est à dire le plus large vers le haut). Le gypse étant un matériau de mauvaise tenue (pierre à plâtre), on observe des consolidations de voûtes dites "anglaises". Ce sont des poutres en forme d'ogives et d'autres en X. Par cela, imaginer une poutre hyperbolique, càd dont les extrémités sont larges et le milieu plus maigre (est-ce compréhensible ?!)

Cette carrière est ornementée de graffitis des années soixante. La littérature y est d'une grande richesse et les citations sont à réserver à un public adulte et averti, la préférée étant "Je t'aime autant que le saucisson...". Et Cécile qui là-dessus rajoute : oh non, je préfère le saucisson...
Je t'aime autant que le saucisson, plus c'est long plus c'est bon, quand y'en a plus, y'en a encore. Ils font fort quand même...

Juste après cela, nous allons visiter une carrière de gypse à Triel sur Seine. Ici, l'accueil est nettement plus glauque : la galerie d'entrée est à moitié crâmée, les parois donc noircies, les boisages un peu pourris. C'est un aspect qui me plaît ! Cependant, le site est infesté de CO2 et possiblement de CO. Ces deux gaz sont extrêmement dangereux, surtout le deuxième qui n'est pas détectable, sauf avec du matériel spécialisé très onéreux. De ce fait, nous contrôlons la teneur en CO2 avec une bougie proche du sol et nous restons dans les galeries aérées. Etre raisonnables nous a amené à visiter une infime partie du site, mais cela était préférable...

Au soir, nous rejoignons Moret et retrouvons François qui a réussi à nous indiquer l'entrée de la carrière Paris-Lyon, où nous chopons un train dans des délais assez brefs. Nous montons dans la première berline pour guetter une éventuelle arrivée de Moloko, sans succès.


2 mai

Entrainement spéléo au matin (corde suspendue à une poutre du salon de François) et Puiselet l'après-midi. Cette carrière souterraine de sable est toujours aussi agréable. On a envie de se jeter dans le sable, de le patouner, de faire des châteaux, etc... Mousty adorerait. J'ai profité de cette visite pour enregistrer l'ambiance sonore du lieu, très typique mais difficile à mettre en valeur : bruits des pas étouffés, bruits discrets de gouttes d'eau, crissement du sable sous les pieds (et les dents, après la chatière !)... Un lieu où on ne se lasse pas de revenir. J'ai enterré au moins cent bouteilles. C'est mieux que pire, on ne les verra plus.
Au soir, nous retrouvons Antonin.


3 mai

Départ à l'aube de l'aurore pour la carrière de gypse des Potences, commune de Citry, près de la Ferté sous Jouarre. L'entrée est dure à atteindre, c'est un lieu perdu dans la forêt, difficile à localiser à cause de la topographie des lieux. La galerie d'entrée est inondée. Le passage dans l'eau est désagréable parce que situé en partie dehors. Donc l'eau saumâtre est infestée de sangsues, moustiques et larves dégueulasses de tous poils.

Le baquage a été douloureux, j'en ai d'ailleurs un enregistrement honteux. Mais le lieu en vaut la peine. Après un long travers banc d'approche, la carrière se dessine. Les galeries sont plutôt rectilignes dans leur construction, on voit la lumière de l'entrée jusque très loin, mais l'épreuve du temps s'est manifestée sur la tenue des encaissants. Par endroits et fréquemmemt, on observe des décollements de voûtes monstrueux et inquiétants. Les galeries sont dans un gypse assez souvent de plus mauvaise qualité qu'à Vaux, mais certains bancs valent le détour. La carrière propose une exploitation par galeries, des zones de pilliers tournés qui tombent en morceaux, une descenderie en mauvais état mais esthétique, les restes d'une deuxième descenderie, de nombreux puits à eaux avec un système de drainage, des passages en voie étroite et deux écuries. Pour un seul site, c'est quand même assez exceptionnel !

Chemin du retour, nous passons voir la glacière de la Ravanne, à Ecuelles. C'est en fait une grande salle ovoïde, placée à quelques mètres sous terre, au beau milieu d'une plaine de jeux désaffectée. Sa fonction était de conserver durant des mois la glace de l'étang situé juste à côte, un congélateur à l'ancienne. D'un point de vue cataphile, le lieu n'a pas d'intérêt. Pour un historien, je sais pas...


4 mai

Entraînement spéléo de Miaou et Moloko sur un rocher non loin de Montarlot-City-Plage, celui du Puiselet étant pris. Je profite de cette journée pour étudier les détails du métier de cokier. Beaucoup appris, mais il y a des étapes manquantes...


5 mai

Le retour à la maison fut glaucohardcore. A la gare du Nord de Paris, ils sont d'une incompétence et d'une méchanceté gratuite qui donne la haine en à peine quelques dizaines de minutes. En rentrant, je vois dans ma rue un grand panneau politique "Rassemblement Wallonie France". Si cette catastrophe se fait un jour, on est "demi foutus". Les spectateurs de "Ils l'ont tant aimée" comprendront...

Mousty aime le reblochon. Fruité. Au lait cru.

 

6 mai

La semaine dernière, j'avais grogné sur les pavés qui avaient été enlevés dans l'allée d'un privé. J'avais craché médisances à profusion. Ils ont remis de beaux pavés, je retire ce que j'ai dit. Comme d'habitude, j'ai jugé trop vite...


Plaque de four - Cokerie de Tertre

8 mai

La perte dans les abymes de la confusion ne fait que s'amplifier : je suis las de cette vie à cent à l'heure, surtout parce qu'elle navigue quotidiennement dans la plus parfaite inutilité. Certes, les explos s'enchainent à vitesse maximale, mais cela fait des semaines que je n'en ai plus envie. J'aspire à un repli, un calme que je ne trouve plus. J'ai déjà prévenu que j'allais calmer le jeu et plusieurs projets ont été déclinés. Ca va aller mieux d'ici quelques semaines, c'est juste le gros coup de blues de la fatigue trop forte. Je n'en veux à personne. Maintenant que la solitude m'environne fortement, je n'ai plus beaucoup à me plaindre. Mais je continue à ne plus écrire de mails. Ma fragile stabilité en dépend malheureusement : je ne suis bien qu'avec les gens qui ne sont pas forts dans la société. Ceux qui naviguent avec aisance au travail, dans la rue ou n'importe où d'ailleurs, me plongent dans un quasi effroi. Je suis nul et je n'ai absolument pas envie de devenir bien à leurs yeux. La culture d'un décalage : je suis dans un monde qui me semble complètement fou, ses rouages me brisent fortement. A leurs yeux, c'est moi qui est fou. Mais cela ne m'importe pas beaucoup. Je hais le travail parce que je hais la productivité et l'argent. Je fuis les obligations, je ne suis qu'une sensibilité, on ne peut pas attendre de moi d'efficacité, mis à part celle d'avoir un coeur qui marche...

Samedi, je crois que je vais dormir toute la journée, je suis dans un état assez pitoyable. Dimanche ça ira mieux, et je serai à Lambusart, afin de visiter un charbonnage (le petit-try) Ce sera la dernière explo pour un bon bout de temps. Je viens d'apprendre ce midi que les travaux vont commencer à la Brasserie Wielemans. Ce sera l'un des derniers sites bruxellois à tomber. Même les plus discrets et les plus fameux disparaissent. J'ai été touché par la destruction de l'ancienne gare du Luxembourg. Elle était plusieurs fois figurée dans "Broussaille", cette agréable bd qui parle beaucoup de chats. Ce qui m'avait marqué dans ces planches, c'est qu'il y a un monsieur pauvre qui va faire des "tournées" pour nourrir les chats déshérités. C'est exactement le terme que j'utilisais pour la même action que je fais très régulièrement. Hier soir, il y en avait 7. Faible score pour un soir de sorties de poubelles...

Aujourd'hui, je finis les derniers bazars qui me sont importants. La liberté est pour samedi ou au plus tard lundi, probablement le bonheur retrouvé. Meow :)

 

9 avril

En recherchant des infos sur les concerts de Venus, je suis (re)tombé sur le journal d'inactivité de Dominique A. C'est systématique, à chaque fois que je vois comment certains vivent, je me prends une claque et ça me redonne du courage pour affronter le quotidien. De mes textes (journal, romans), de mes photos et enregistrements du sous-terre, je n'ai jamais reçu la moindre reconnaissance. Je n'en veux à personne, c'est probablement parce que je suis trop minable et passablement trop misanthrope, enfin peu importe... Dominique A propose un contenu qui me regonfle et en quelque sorte, je lui en suis reconnaissant...

Aujourd'hui marque d'une pierre d'angle le dernier jour de folie furieuse actuelle. L'esprit complètement vidé par la fatigue, je termine les dernières obligations : pondre tel article pour des journaux à la noix, envoyer des photos à droite à gauche afin de rendre service. Certes ce n'est rien de bien constructif, mais tout au moins je retirerai une épine du pieds en le faisant - ce qui d'ailleurs constitue ma seule motivation. Lundi, lundi... ce sera la feuille blanche. Quel bonheur d'avoir un avenir de cette augure ? Je ne le sais car cela n'a plus été le cas depuis longtemps. Je pense que je m'enfermerai un peu plus dans la coquille. Le silence est mon âme, la solitude mon berceau.

Dans les découvertes du moment, il y a donc Venus dont je touchais quelques mots ce jour. Malgré que j'apprécie grandement la délicatesse de Vertigone, je préfère Welcome to the modern dance hall, se déchirant dans une douleur toute emplie de douceur. Voilà quelques années, j'avais écrit un courrier de remerciement à Marc Huygens, il m'est revenu une bonne année plus tard sans avoir trouvé de destinataire... Venus m'a marqué, je me souviens de ce disque tellement rayé qu'il ne passait même plus sans sauter, je me souviens également de ce concert sous la pluie à Dour - tellement étonné d'avoir du succès le Monsieur... A franchement parler, ça se comprend aisément.

 

11 mai

C'est à Fleurus que commence la journée. Petit patelin de Wallonie juste avant le début de la glauquitude charleroitesque. J'y retrouve Benoît, nous avons prévu quelques visites du dessous terre dans les environs de Charleroi.

Le premier site est une mine de charbon à Lambusart, Moignelée plus exactement. L'entrée est un cavage très masqué dans la végétation, recouvert de branches et totalement indécelable pour qui ne le connaît pas. En se faufilant dans cet accès, on arrive dans une galerie de roulage cintrée. Niveau apparence, c'est comme Blegny, mais là c'est du vrai. Il y a de nombreux effondrements, des boisages pourris et des galeries de chantiers noyés, ce n'est pas du site touristique ! Le site ressemble un peu à Cheratte, mais le manque d'oxygène est flagrant, purée on a bien soufflé ! La visite est intéressante, il y a entre autre deux berlines, un objet ressemblant à une tonne à eau, des rails, les restes d'une recette de puits, une belle veine de charbon visible derrière les cintrages : noire, luisante, presque graisseuse, des cabestans (parce que les berlines étaient tirées par câbles).

Avec Antonin, on avait mis en avant une phrase répétitive en allant à Carsid : tu crois qu'on a encore le droit d'être là ? Et bien ici, le thème était "j'ai l'impression que la flamme de mon acet n'est pas normale". En effet, elle a subi de grosses variations anormales : trop grande dans le roulage (mais pas bleue et fine) et carrément éteinte dans les quartiers. Je ne sais dire si cela est de la pure invention, je ne suis pas assez expérimenté. Toutefois, on a terminé la mine avec la lampe de sécurité de Benoît, faut pas que déconner... Certains quartiers n'ont pas été visités, jugeant cela incertain.

Cette mine passe sous une autoroute. Il est sans doutes que cela sera remblayé un jour ou l'autre... Juste à côté, des ruines d'une cheminée, d'autres galeries affleurantes ravagées, puis deux tombes de mines. Un peu plus loin près d'un étang, une autre mine, remplie d'un bon mètre cinquante d'eau.

Après ce site là, nous allons prospecter l'usine abandonnée repérée par Sandy et Antonin à Lodelinsart. Il s'agit selon les habitants d'une verrière Glaverbel. Pour accéder à l'usine, nous rentrons par les bâtiments attenants offrant un visage bien glauque : bagnoles découpées et déchets un peu partout. Le site est utilisé et protégé par une alarme. Donc, pas de visite pour nous.

Nous achevons cette journée au Charbonnage du Gouffre. A l'entrée, il faut ramper un peu. Sauf que... Juste à côté de cet endroit, il y a une charogne de bête pourissante. Ce fut véritablement atroce !! Une puanteur bien terrible !
Le site en lui même est le carreau d'un beau charbonnage. Les bâtiments forment un espèce de grand carré avec une cour au milieu. Les bâtiments sont vides et en mauvais état, intégralement recouverts de crottes de pigeons et de branches de nids. Ce qui est atypique (dans la branche des cultureux), c'est que l'intérieur du site recèle d'un ancien zoo. On a pas trouvé la panthère qui s'était échappé ;) La plus belle partie de l'ensemble architectural, c'est la place circulaire de rotation et renversement des berlines. On peut voir également les deux emplacements de puits recouverts de béton. Mais il n'y a pas de tombe. C'est rare et étonnant.

Au soir, nous étudions le plan d'Hussigny. Par rapport à nos visites, c'est pas facilement compréhensible. Nous aurions fait des appendices de couche noire, en somme l'intégralité de la concession d'Hussigny, mais celle ci est atypique parce que très foudroyée, grignotée par des travaux de surface et effondrée. Le gros du boulot, c'est la concession de Godbrange, elle permettrait (sur plan, en réalité c'est à voir...) de rejoindre de très nombreux travaux, dont Errouville et Crusnes. Cette Lorraine n'a pas fini de nous passionner...

Pour l'anecdote de la journée... Benoît me montre des photos de mine et je lui dis : tiens, tu descends avec Goffinet ? C'est bien son style comme photos... Et lui de me répondre : Mais ??? C'est moi Goffinet...
Ca fait des années que je suis ses articles et ses recherches...


Plaque de four - Cokerie de Tertre


12 mai

Dans les nouvelles du jour, il y a ce courrier d'un éditeur (le Talus d'approche). Pour un refus de manuscrit, somme toutes un acte compréhensible, l'éditeur répond par des propos haineux. C'était vraiment : je ne le prends pas et franchement, est-ce que tu te rends compte que tu me déranges ? Je suppose que la personne concernée considère les livres comme un produit, un étalage de supermarché... Je suppose également que cet individu ne se rend pas compte que par des paroles aussi sèches, il blesse l'auteur. Dans un livre, il y a de l'investissement, je dirais même du coeur. Bref, une édition peu fréquentable.


13 mai

C'est la croisade contre le nombre de choses à faire, c'est un feu terrible à combattre. Je suis tellement surchargé, je perds goût à travailler fort et c'est dommage. Des dizaines de conneries sont à terminer, article pour machin et pour truc... Je dépile et foudroie derrière moi, la liste des choses à faire est bloquée, je refuse toute nouveauté car la fatigue est bien trop encaissée dans le fond du corps. Il y a une ligne sur cette liste, je m'interdis d'y tracer quoi que ce soit en dessous... Cette agitation incessante et pleine de vacuité m'empêche de m'occuper de ce que j'aime et ça va finir par casser. Autant éviter le n'importe quoi... Le planning des jours à venir m'écoeure. J'aimerais être sur une autre planete. Je n'ai aucune idée du temps que ça prendra pour s'arranger... Toutefois, c'est laborieux en ce moment. Heureusement, le programme de descentes sous terre s'allège...


15 mai

La fatigue a tout brûlé sur son passage. Je suis complètement vanné. Je n'attends qu'une chose, c'est que ce qui est en cours soit terminé. C'est quand même sacrément dépressif comme parole !! Heureusement, je sais que du repos viendra redonner de l'entrain.
Liste des choses à faire ? Il reste deux trucs et j'en ai fini. Ce sont des bricoles, des conneries, rien de ce que j'aime - ce qui me tient à coeur, c'est derrière. Ca reviendra tout doucement. De ce fait, complètement écrasé par le manque de sommeil, je suis avachi et je n'ai plus rien à dire. Cette vie est devenue lamentable. Il est grand temps de rebâtir de belles perspectives de voyages et de découvertes... Ce n'est pas ça qui manque, les rêves y'en a des camions entiers ! En quelque sorte, je vais m'éclipser durant un mois, le temps de reprendre de la force, le temps aussi d'être proche de ceux qui sont dans les ennuis très fort.


16 mai

Semaine finie. Presque sauvé. Plus que 7 jours à tenir avant la libération. Ce week end, je pars voir mes parents, je sais que ce ne sera pas de tout repos bien malheureusement. Mais après... Aaah ! La paix !

 

18 mai

Sur le chemin du retour pour la maison et afin de prendre le tgv pour Bruxelles, je me vois contraint et forcé de traverser Paris à pied (pas assez pour prendre un ticket de métro). Heureusement, il s'est mis à pleuvoir. Je n'ai pas eu à croiser ces milliers de gens. Je ne sais dire pourquoi, même s'il ne se passe rien, marcher dans Paris me remplit de haine. J'ai envie de découper, détruire, inexister. Probablement parce que tu dois marcher là où tu as le droit seulement (et Dieu sait que c'est d'une platitude touristique écoeurante), probablement aussi parce qu'il y a 200 pubs du Dieu-Dollar au mètre carré et que tout est payant, même pisser.
Je suis heureux d'être parti de ce pays dans lequel je ne me sens plus aucune attache.


19 mai

Ca y est, les difficultés sont derrière. Je reprends peu à peu le dessus sur la vie. On peut dire que je sors d'une période atroce, bien pire que juillet-août derniers. Je n'ai pas réussi à éviter la pluie de choses à faire, je n'ai pas réussi à gérer les visites de souterrains. Chaque occasion a été une difficulté pour dire non. Si je suis (presque) tranquille maintenant, c'est le fruit du hasard. Il n'y a pas de quoi être fier, véritablement.

Sur ce, j'enterre complètement mon travail sur les souterrains dans les profondeurs de mon âme. En fait, j'ai compris une chose toute simple hier. Pris de curiosité, j'ai allumé une télé pour voir ce que c'était devenu (je n'avais pas fait ce geste depuis des années). Je suis resté effaré de voir comme c'est grave. Oui c'est le terme... Lamentable, d'une bêtise vraiment époustouflante... C'est Jacqueline qui fait du jardinage sur son balcon de parigo, c'est Jennifer qui passe son bac et qui fait de la dance, c'est Jack qui chante et produit des disques parce qu'il est beau et plaît aux femmes. Dramatique. Je vomis ces conneries entrelacées de montagnes de pubs fausses et tapageuses. Cette culture de la stupidité bovine, du je-suis-ce-qu'on-me-dit-d'être, de la masse populaire devenue masse monétaire.

De la même manière, les gens vomissent mes friches industrielles. Ca ne les intéresse pas.

De ce fait, j'enferme ma passion dans le fond de mon coeur, je ne fais absolument plus aucune démarche pour la partager. Les réactions haineuses que j'ai du subir me font comprendre que je n'ai rien en commun avec les gens d'un peu partout, sinon d'être biologiquement de la même race. Est-ce cruel de dire cela ? Ou est-ce rempli d'un narcissisme dans lequel je me suffis ? Absolument pas. C'est qu'à regarder le monde comme il est, si je ne construis pas de réaction brutale de rejet, je me noie extrêmement rapidement dans des tendances suicidaires. Je ne reconnais plus des semblables dans les gens du train, de la rue. Je ne veux pas dire qu'ils sont "tous cons" car c'est de la généralisation bornée et stupide. Mais disons que ce qui fait vibrer mon coeur est décidément de plus en plus loin de ce que les autres gens peuvent comprendre. Je m'enfonce dans une solitude encore plus profonde et irréversible. Aves les derniers évènements, autant dire que je n'ai pas envie de changer la tendance ! C'est dans ce chemin là que je me sens bien.

Bref, le rejet de ce monde implique bien de la souffrance. La vulgarité s'impose de toutes parts, dans le journal, dans la rue, dans les gens qui t'adressent la parole alors que tu préfères le silence, dans les relations de travail imposées, dans les tas de pubs de merde dans la boîte à lettres... La négation est somme toutes artificielle. C'est fermer les yeux ou faire semblant de ne pas voir. Ce n'est pas une vie très équilibrée mais c'est cet occidentalisme imbu de lui-même qui ne respecte rien. La démocratie occidentale est placée sous la dictature de l'argent.

 

23 mai

Tout juste sorti du chaos. On peut dire que cette fois ci, je suis tombé profond dans la haine. Paris m'inspire depuis quelques années une violence interne extrême. Le simple fait d'y passer une heure me pousse dans des limites inacceptables de morbidité et de refus de la société. Enfin, faut dire que c'est un peu ma personnalité, mais dans les instants de détresse comme ces derniers, je trouve qu'il n'y a plus de bonheur, je perds goût à beaucoup de choses. Heureusement, je sais que ce sont des débilités passagères, donc je prends patience...

De cette lamentable chûte, j'ai construit. Je viens de mettre la dernière pierre à mon ouvrage industriel. Un projet de longue date enfin terminé : un nouvel album de <Glauque> Par rapport aux disques précédents, c'est un contenu beaucoup plus malsain. Avant, je faisais de la noise. Aujourd'hui, je me dirige plus spécifiquement vers du hatecore. Cependant, j'apporte un énorme bémol : Le hatecore est une musique à conotation presque systématiquement nazie. Je ne suis absolument pas intéressé par cela. Mon but est de construire une musique répulsive, malsaine, illustrant les pensées que je porte envers la société. De ce fait, les sons sont très gênants, sortant du fond de tombes oubliées. Ca se caractérise par des basses vrombissantes, des sifflements atroces, des voix en souffrance, de la saturation à l'extrême... Mais en toute sincérité, aucune touche d'extrême droite. C'est à l'inverse de ce que je crois, c'est contre toute mon intégrité. En toute logique, une personne mentalement équilibrée trouvera cet enregistrement sonore proche de la démence, je pense que c'est normal... Enfin, ce n'est que mon avis... C'est de toute manière le but que j'ai recherché. Ce n'est pas un bon moment à passer - ce que j'estime le juste retour des choses, ce que la société humaine construit en mon âme.

Je vais essayer de mettre ça à disposition pour tout le monde d'ici quelques jours. Je me demande bien quelles vont être les réactions. Dégoût ? rejet ? Interrogations ? Indifférence ? Je ne le sais... En tout cas, c'est loin de ce que je faisais avant. Il y a une dimension en plus qui me rapproche de ce que je voulais atteindre depuis longtemps. Au niveau ressemblances, je ne peux pas citer grand monde parce que ce n'est pas très répandu. Disons... Brighter Death Now, Schloss Tegal, Dysmorphia, Bacillus... Il y en a certainement d'autres... Maintenant que j'ai vomi cette atrocité sonore, ça va nettement mieux. C'est comme si j'avais de la saloperie dans l'âme et qu'il fallait que je la purge... Vraiment une bizarre mentalité ! Enfin bon, c'est terminé...


Plaque de four - Cokerie d'Anderlues

26 mai

Enormément dormi ce week-end et y'a pas à dire, ça va mieux. Je préfère ne plus trop penser à la semaine dernière, c'est passé. Ces jours ci, j'ai réussi à cloturer "ce qui est bien si c'est fait". Du coup, sans aucune matière d'obligation, j'ai terminé tranquillou mes milliers de copies de plans, mes montagnes d'études sur les usines, etc... Tout ça, je vais le donner à machin et à machin, c'est toujours chouette de partager ses découvertes.

Sinon, j'ai cloturé la promotion du dernier album de musique glauquisante. J'ai eu des commentaires qui m'ont énormément plu :
-Je préfère écouter ma machine à laver.
-Euh... Ca me stresse un peu ton truc là...
-C'est le genre de musique qu'il faut écouter durant les repas de famille.
Enfin bref, ça ne plait pas du tout, ça veut dire que mon but est atteint.

Dans la dernière tournée des chats, j'ai fait une série de photos. Ils prennent maintenant une demi boîte de croquettes par tournée ! Mais bon, ils sont nombreux. De mémoire, mes amis sont : Biodroga dit Monsieur Lapatoune, Bavoir, Cheratte, Vissen, Abelard, Boîte, Chaussette, Madame Leblanc, Thierry Ledoux, Ichi, Ni, Go, Monsieur Ledur, Calcaire, Lepunk, Monsieur Lerou, Queue plate, Nala, Louis, Moumoune, Raoul, Madame Lemoine, Le Petit Fou, Rou, Raoul, Bagheera, Barrique, Tonnelet, Felix, Pux, Clochette, Sheir Kan le Prince des Chats... Et puis celui qui tire la langue, et puis tous ceux que je ne connais pas... Ca fait du monde. RRrrrôôu !

 

27 mai

Juste une citation, celle d'un témoignage de Franck.

Cette histoire de Faune est vraiment la réponse de Broussaille à notre monde déboussolé, à ce climat général de déliquescence des valeurs, à la montée des violences, donc à la diminution de la générosité, à la mise en place programmée du libéralisme, ce qui est d'une violence concrète incommensurable et planétaire. Je suis persuadé que nous vivons une époque que l'histoire jugera comme un moment de terreur idéologique comparable aux grands systèmes totalitaires déjà connus. Sans parler de ce que subit la nature... (...) Chacun souffre maintenant des licenciements, du nivellement par le bas, de la montée de l'indifférence et de la violence. Tant qu'on restera à l'horizontalité, comme le font les politiques qui sont dans la gestion, il manquera quelque chose d'essentiel.
(Slumberland n°5, mai 2003)

Ces quelques superbes lignes viennent imager ce beau soir de printemps. C'est en somme l'explication de ces derniers jours dans une grande clairvoyance. J'ai pondu un disque de musique malsaine comme si j'avais vomi trop de mal ingéré par erreur, parce que ce monde me l'avait imposé. A ce point étonnant de voir comme la composition a été vite. C'est sorti naturellement, c'était dans le coeur.
Quant au nivellement par le bas, celui ci décrit parfaitement La Vaniteuse Place du Parking de Rixensart de notre chère Bourmestre si fière d'elle même. Cela décrit la vacuité du Vlan Brabant Wallon (journal d'annonces gratuites proposant également des propos philosophiques) et la pub de Carrefour. Ca... Juste en un soir de boîte à lettres remplie de gangrène et de pourriture.

 

 


Souvenir de La Hulpe

30 mai

A la maison, journée calme. Il fait chaud dehors, la tournée des déshérités est faite. Aujourd'hui, c'est l'indolence. Je n'ai rien d'intéressant à faire. On ne peut pas appeler ça de l'ennui car des choses que je pourrai faire, y'en a des quantités astronomiques. Mais pour une fois encore, je m'interdis toute nouvelle activité, afin de faire rentrer le repos au fond de l'âme. C'est complètement sans intérêt mais bon... Je crois que d'ici mercredi, je vais me retrouver dans la situation du "vraiment plus rien à faire, tout est à jour". Ca fait vraiment longtemps que ce n'était pas arrivé et pour une fois, je savoure. Ca amène un grand calme dans l'esprit.

En effet, dans ces dernières semaines, j'ai mené une suractivité peu profitable. C'était pas évident de dire aux gens : non plus tard, je suis trop fatigué. Mais bon, ça s'est fait, y'avait pas tellement le choix. Aujourd'hui, je finalise un article sur les marnières de Maintenon, demain je finalise le plan de la Lorraine. Tout un ensemble de projets qui ont longtemps traîné. Mettre une fin là dessus me donne l'impression de ne pas avoir bossé pour rien.

Actuellement, je passe de la musique industrielle absolument immonde. J'en ai fait 25 cd pour Antonin. Je suis heureux de la tournure du présent, mais également de ce que promet le futur. Le week end prochain, un nocturne à la cokerie Carsid de Marcinelle. Ensuite, un week-end d'explorations avec François. Puis l'été sera sur la découverte de l'inconnu, dans des pays baltes semblant passionnants. A part ça, rien d'autre. Ce sera la liberté de partir n'importe quand pour n'importe quoi...


1er juin

Cinéma aujourd'hui pour aller voir la mise en images du livre d'Amélie Nothomb : stupeur et tremblement. Ce film est un sacré pari car le sujet du livre est austère, l'aliénation dans le travail au Japon. Au résultat, on a un sujet très proche du texte. Cela entraîne finalement une faible surprise. Mais à vrai dire, le réalisateur aurait fait une mise en scène très particulière, il aurait pris des risques immenses. Bref, c'est tout de même un beau défi surmonté. Ce film n'est pas sans richesse et vaut le détour - au contraire d'un grand nombre d'autres productions complètement stupides.

C'est le soir de l'avant-lundi. Animé par un particulier pas-envie-de-demain... C'est pas grave. La vie est déjà très belle ainsi.


3 juin

Chargé du nettoyage du spam pour l'entreprise, il m'arrive quelquefois de prêter une seconde d'attention à ces milliers de mails. Et bien c'est impressionnant de voir comme la perversion fait fureur sur le net. Ce n'est même plus de la vulgarité, c'est bien pire... Peut-être de la bestialité. En tous cas, c'est complètement pitoyable.

A côté de ça, je me passe et repasse avec délectement les douces chansons de Keren Ann. Il y a deux mondes relativement antagonistes. Celui des gens qui ont choisi la douceur comme mode de pensée, et les autres qui ont choisi la guerre au quotidien et l'argent. C'est bien sûr manichéen, mais cela se retrouve avec plus ou moins de force en chacun de nous... Egalement, cela oscille plus ou moins avec les jours passants... Il y a des heures de force obscure, d'autres plus tendres... En ce moment, je suis replongé dans l'envie de délicatesse (après un petit passage barbare il y a deux semaines). Le Gyokuro accompagne délicieusement ces instants. C'est l'un des thés les plus raffinés. Son infusion est longue, 4 à 5 minutes, il ne se révèle pas en quelques secondes (c'est un sauvage !) Sa couleur très claire cache une force de goût exceptionnelle. On ressent l'intensité de la nature japonaise, la précision, la délicatesse, la puissance de la vie qui anime les plantes de ce monde. Le thé une fois infusé devient d'un vert très vif.

Ces questions de thés paraissent complètement futiles, mais c'est placé en plein coeur des questionnements auxquels je n'ai pas réponse actuellement. En quelque sorte, ce détail insignifiant représente le calme de la vie à laquelle j'aspire. Mais pour rejoindre cet idéal, il faut briser un certain nombre de faits importants construisant ma vie actuelle. Pour l'instant (et depuis longtemps), c'est le statu-quo. Peut-être que j'attends d'être devant l'obligation pour risquer ? Je ne sais pas... La réponse n'est certainement pas pour aujourd'hui...

 

4 juin

Les jours passent inlassablement. Depuis pas mal de temps maintenant, j'ai cessé de m'interroger sur le sens de la vie et plus exactement, au sens de la vie que j'ai construite derrière et devant moi. Je crois bêtement que ça va bien et qu'il n'y a pas de raison à se torturer l'esprit. Avant, je cherchais à maintenir un rythme effréné afin de construire quelque chose de beau et mémorable. Avec le temps qui a coulé, je me suis rendu compte que ce n'est qu'un immense fouillis pas très passionnant. Il y a des gens qui arrivent à monter des projets formidables qui tiennent la route du début à la fin - ce n'est pas mon cas... Est-ce que c'est décevant ? Je suppose oui et non en même temps. L'avis est partagé bien évidemment... Je pense que les sources d'échec proviennent souvent de ma répulsion envers les gens et l'argent. Etant donné que les projets foirent dès que cela est en ligne de compte, il n'y a pas d'étonnement... Malgré l'échec permanent, je continue. Parce que construire une image de l'archéologie industrielle, je trouve que c'est un travail passionnant.

Dans les nouveautés qui valent le détour, il y a l'album de Yann Tiersen : Good Bye Lenin. On ressent comme une influence de Hisaishi. Le thème est très bien construit mais malheureusement, l'album est un peu répétitif. Autrement, toujours aussi passionnants, les rapports d'inactivité de Dominique A. Mais quelquefois, je le trouve un peu dur dans ses critiques envers d'autres artistes. Mais certes, c'est faire part de franchise et à ce que je sache, ça devient de plus en plus rare...

 

5 juin

Un peu complètement pas par hasard, j'ai retrouvé les coordonnées d'une amie rue des petits souliers à Nogent-Le-Roi. Ca fait un bond de quinze ans en arrière, j'étais un gamin. Je suppose que je ne vais pas lui écrire, c'est nettement plus correct. Toutefois, je suis dans l'interrogation...


6 juin

La semaine fut d'une intensité furieuse. Mais là, aucune obligation, c'est simplement dans le bonheur d'étudier. Au menu, un petit article sur la marnière de Maintenon, et suite à cela, un énorme travail sur les mines de fer de Lorraine. Je suis en train de terminer un portail comportant documentations, photos, topographie et reliques. Le but, construire un lieu d'observation d'un point de vue strictement archéologique. Le défi n'est pas de petite taille et je pense que cela va animer pas mal de semaines à venir. Je suppose que je serai loin de devenir la référence concernant le bassin nord, mais tout au moins, j'apporte ma contribution au sujet...

Etant donné que le travail est pratiquement terminé dans sa mouture finale, je vais une fois de plus me retrouver devant une vie en page blanche : plus rien de précis à faire. Est-ce grave ? Est-ce que je vais dormir comme une marmotte ? Je n'en sais rien et je crois que justement, c'est ce qui est bien en ce moment : c'est que ça n'a strictement aucune importance... Faut dire que ça fait vraiment beaucoup de choses qui viennent de s'achever en même temps. Ce plan de la Lorraine, je le travaillais depuis deux ans... C'est sans compter l'impact des albums de Glauque, de la vulgarisation de la documentation sur la Glauquie, etc... En somme, c'est une période souvent calme, et pourtant constructive. Je ne cherche pas à comprendre...

A la maison, des travaux ont été engagés pour insonoriser le plancher. Cela entraîne un bazar absolument complètement épouvantable et c'est relativement pénible... Heureusement, ça ne va pas durer bien longtemps. La seule chose que j'espère, c'est qu'ils ne toucheront pas aux reliques (vieille chaussure de mineur, vieux registres de cokerie complètement fracassés, etc...)

 

8 juin

Journée détente à Floreffe, en compagnie de Bernard et Jean-Paul. En fait, cette journée est dédiée à la brocante de Floreffe, relativement immense par rapport à ce que je connaissais d'habitude. Est-ce 800 exposants ? Peu importe le chiffre, nous y avons passé l'après midi. Jean-Paul a trouvé de multiples lampes de mines (principalement des électriques pour mines de charbon), une lampe de sécurité qu'il a réparé et dernièrement, de belles lampes tempête.

Pour ma part, j'ai erré à la recherche d'un nouvel appareil photo. Il y en avait un qui convenait bien, mais il était cinq fois trop cher au moins. "Ah mais moi j'y connais rien, mais je trouve que ce n'est pas cher..." Bah garde-le ton appareil ma vieille !

En fin de soirée, nous allons visiter la glacerie de Franière. C'est une usine desaffectée dont une très grande partie a brûlé il y a deux ans. Elle fait partie du groupe Saint Gobain et fabriquait (au moins) des plaques de verre ornementées et pour miroirs. Le plus intéressant se situe dans les sous-sols gardés presque complètement intacts. Notamment une série de fours en briques réfractaires, dont les arches multiples sont magnifiques. Dans les très vastes souterrains de cette usine, on retrouve pas mal de restes du fonctionnement : des tubes en verre de formes très étranges, des anciennes canalisations, des lieux de réserve, une salle de pompes en grande part démantelée. Egalement, une magnifique cheminée avec une cuve à mi-hauteur. C'est en fait un réservoir chateau d'eau. En grimpant pour aller sur le toît, je me suis vautré et rattrapé de justesse. Cela aurait pu être très grave. Au final, une minuscule blessure, j'ai eu beaucoup de chance.

Mais le plus grand trésor se situe dans un recoin des souterrains. Il y a une réserve d'échantillons magnifiques. Des plaques de verre entièrement ornementées de motifs (carrés, points, losanges, fleurs) et quelquefois colorées, bleu clair ou foncé, violet. Egalement traînent là dans l'oubli des tas d'archives dans un très mauvais état. On y retrouve des cercles de contrôle de température sur 24 heures, avec une courbe bleue évoluant entre 60 et 120 degrés. C'est loin des cercles de Buda Marly à 1200 degrés. On retrouve également des bordereaux de sortie de magasins, datés de 1956 et signés d'un certain A. Lamand. Ce n'est qu'un faible échantillon de ce qui traine, il y a beaucoup de temps à y passer...

A noter aussi la découverte de conteneurs avec une poudre très cristallisée blanche, peut-être un stock de matière première ? Le manque de matériel (lampe par exemple) et de temps nous ont fait louper pas mal de recoins, il sera nécessaire de revenir...


Clé de la défourneuse de Tertre


10 juin

Ca me fait penser qu'à la brocante de Floreffe, il y avait un vendeur qui avait un superbe étalage : ARICLES BRADER. Tout de suite, c'est clair que ça donne nettement plus envie d'acheter !

Dans les découvertes du moment, les deux albums de Françoiz Breut, deux anciens albums de Tiersen, Stalker de Lustmord et quelques autres bricoles moins intéressantes. Ce matin, j'étais encore furieux. Ces routes complètement encombrées de voitures puantes, ces publicités mensongères et vulgaires partout, ce nivellement par le bas omniprésent... Je suis à pied bien évidemment, mais malgré cela, je subis tous ces gens et leur présence nauséabonde. Ces paroles, je pourrai les vomir tous les jours. Je prends le train très tôt afin de ne pas voir de monde. C'est ce qui assure au moins un minimum de stabilité. J'étais haineux encore une fois, mais je force mon âme à sortir de ce sable mouvant...

En revenant ce soir, il y avait Sidou à la fenêtre ouverte de son deuxième étage. L'ayant vu, je l'ai miaulé. Et le voilà qui se met à me répondre sans interruptions : miou, miouu, miou, miooouu ! Trois maisons plus loin, je me suis retourné, il me mioumioutait encore... Quel cas celui là !

Les travaux à la maison sont terminé. C'est une part de soulagement. En même temps, j'ai achevé de fond en combles le site sur les mines de fer, j'ai également terminé toutes les #&# de démarches administratives. Tout tombe en même temps, le compteur est à zéro et je me sens libéré. Toutefois, j'ai la blessure de dimanche qui prend mauvaise tournure. Ca ne me rassure pas entièrement... Pour ce plan des mines de fer, le travail va maintenant consister à améliorer le tracé et l'aspect, retoucher les erreurs, compléter autant que possible avec ce que j'arrive à trouver... Ce n'est donc pas un achèvement. C'est une première mouture finalisée...

13 juin

Silence et lenteur, l'un des derniers jours de calme, demain ce sera reparti pour quelques explorations. Heureusement parce que la découverte commençait à me manquer... J'en ai profité pour chercher de la documentation sur la glacerie de Franière - autant dire qu'il n'y a pas grand chose. Mais il reste des ouvriers et des membres du personnel administratif. Apparemment, la meilleure piste serait là, cela permettrait de remonter plus facilement l'histoire de ce lieu à présent quasiment totalement dévasté...

A ce titre, nous sommes en train de réfléchir à la constitution d'une association. C'est surtout Jean-Paul qui fait une grande part du travail, mais il reste beaucoup d'autres choses à construire, c'est en cours donc. Cette association d'archéologie industrielle permettrait de donner un cadre légal à nos actions, parce que pour l'instant, nous sommes toujours en relations avec les propriétaires comme des amateurs. Pour eux, cela leur donnerait la garantie qu'on s'intéresse vraiment à eux, parce qu'on s'est déjà cassé la tête à monter toute cette association... En évolution donc...

François est arrivé sans encombres à la maison.


Papier de plomb, ramené de la carbonisation de Tertre

14 juin

Nous voilà partis au petit matin pour explorer La Malogne de Cuesmes. Nous avions déjà visité le site il y a deux ans, un retour ne fait pas de mal. C'est une exploitation souterraine de phosphates. L'aspect est celui d'une grande carrière à piliers tournés avec des galeries régulières, souvent hautes de 4 à 5 mètres. Le matériau est un peu plus jaune-brun que le calcaire, également un peu plus poudreux.

Cinq minutes avant de pénétrer dans le dessous terre, nous essuyons un orage assez puissant. De ce fait, au moment de rentrer dans les galeries, nous sommes trempés. C'est très embêtant car déjà ainsi, la température du site n'est pas très élevée. Du coup, nous sommes proches de la cryogénisation... Oui, bon d'accord, j'exagère... Nous arrivons toutefois à visiter le site sans grandes difficultés. faut dire que François m'a prêté un pull trois étoiles, et ça a fait du bien.

Dans le site, peu ou pas de changements, sinon l'impression que le niveau d'eau a bien baissé. Nous allons explorer un peu plus en profondeur les galeries et tombons sur des quartiers inondés magnifiques. De ce fait, les séances photos sont bestiales. Les endroits noyés donnent envie, quant on pense que les plongeurs ont vu des tables et outils en dessous, ça fait rêver. L'eau est d'un limpide qu'on ne retrouve jamais en surface...

Pour ma part, j'ai retrouvé un clou de la forme d'un petit maillet et un fer à cheval dans des éboulis. Lorsque nous ressortons, il y a un peu de soleil et la forêt est jolie. Le temps de manger un peu, il se remet à pleuvoir. Ce site de la Malogne est très uniforme et presque entièrement vide. Toutefois, son immensité le rend attrayant. Par exemple, nous avons été visiter des galeries dans la partie haute de la carrière, il y a de très beaux volumes mêlés de quelques fontis. Rien que cela rend ce site attachant parce que le paysage est particulier, reconnaissable entre cent...

La suite de la journée est à Tertre, un retour à la cokerie. Là, on peut dire que c'est vraiment la fin. Les chantiers qui ont commencé sont très étonnants. Nous pensions qu'il s'agissait de ferrailleurs qui avaient engagé des travaux illégaux, comme l'avait dit M Baudson à Anderlues. Malheureusement, ce que nous avons vu présage d'autres choses : les ouvriers retirent de l'amiante, c'est loin d'être illégal ça... En plus, le local à archives a été partiellement vidé. Cela sonne le glas de cette cokerie. La démolition commence doucement apparemment...

Nous visitons les silos, les fours et la partie administrative. Nous n'avons pas le temps d'en faire plus (débenzolification, goudrons, sulfates) mais nous allons voir la partie broyage que nous avions oubliée la dernière fois. Etant donné que c'est terminé, je profite de l'occasion pour ramener des gros sacs d'archives (merci François et Sandy) J'ai un plan général du site, les plans de la défourneuse 2 pièce par pièce, les plans de la collecte de gaz, de la batterie 2, les plans des cuves à benzols. Egalement les fiches de salaires sur un an, la dernière courbe de température de la batterie 1, le planning du criblage. Ce sont des documents tout à fait exceptionnels et je vais m'empresser d'aller sauver ceux du Marly avant qu'il ne soit trop tard...

Le retour est sans ennuis.


15 juin

Cette fois ci, nous avons rendez-vous avec Bernard à Floreffe pour aller visiter la carrière souterraine des grands malades à Beez. C'est un site assez vaste creusé dans un marbre noir, dénomination commerciale pour un calcaire à plaquettes. J'ai l'impression que les parois sont de la même couleur qu'à Mazy, cependant les volumes sont plus importants. Cela accroît franchement la sensation d'obscurité. C'est un endroit vraiment très sombre, ne possédant pas quantité de comparaisons dans le genre.

La descente se fait par un puits large de 4 mètres. La profondeur doit avoisiner les 15 - 18 mètres. Comme il n'y a pas d'échelle, nous devons descendre ça à la corde. La difficulté essentielle, ce n'est pas tant la descente. C'est plutôt la mise sur soi du matériel et la vérification que tout est conforme point de vue sécurité. Pour ma part, je ne m'y retrouve pas, ça fait trop de méli-mélo.

L'intérieur de la carrière est assez étonnant. Il y a une réutilisation des lieux assez intensive. De ce fait, les fronts de taille sont rares, on retrouve par contre beaucoup de salles et quelques aménagements. Certains mystères sont persistants et chatouillants, comme la présence d'un endroit ressemblant à une boucherie, un autre endroit ressemblant à une brasserie. Mais en fait, il y a toujours un petit quelque chose qui fait dire que ce n'est pas possible que ce soit ça... Déstabilisent donc...

La sonorité du lieu est particulièrement intéressante. Certaines pièces ont une réverbération intense. J'en profite pour enregistrer François qui marmonne avec Bernard. A 10 mètres d'eux, il était impossible de comprendre le moindre mot...
Nous dînons puis remontons le puits. La remontée est fatigante, je ne croyais pas que c'était si crevant de remonter un puits à la corde.

La suite de l'après midi est un retour à la glacerie de Franière. Bernard a bien fait le ménage, le sauvetage des archives et en grande part terminé. Nous avons identifié la poudre rouge au sol comme étant de la brique. En effet, des briques décomposées sont présentes dedans et d'autres endroits de murs décomposés donnent la même poudre. Mais dans une réserve, il y a des poudres blanches et vertes plutôt malsaines. Nous profitons de l'occasion pour visiter deux collecteurs d'eau pluviale assez esthétiques. La démolition du site avance rapidement, il n'en restera rien d'ici peu. Ca me rappelle une phrase de Cézanne : il faut se précipiter partout tellement tout se détruit, de peur de ne plus rien voir.

Je trouve ça vrai, surtout face aux ravages extrêmes qui vont être fait de la faute de Michel Foret (MR). Celui ci propose un texte visant à la destruction rapide de 700 friches. Je n'ose même pas imaginer la perte de patrimoine que ce sera... Ce genre de politique est strictement lamentable, parce qu'il n'y a pas de préservation des sites, pas de collecte d'archives, pas de textes descriptifs des lieux, pas de photos. A ce titre, je lui prépare directement un courrier en lui proposant de m'embaucher pour photographier tous les endroits avant destruction... Je sais que c'est perdu d'avance, mais il faut réagir, il faut bouger. On va assister à des pertes extrêmement dramatiques. Tertre en est un exemple et y'a du monde qui va suivre...

Pour terminer la journée, nous allons à Mazy. Juste avant, nous nous achevons dans une friterie à la Ryu. Ouh là là, c'était lourd... A Mazy, nous constatons beaucoup de changements. Les galeries sont propres, c'est étayé, l'eau canalisée, un nouveau chantier de taille est apparu. Ils font preuve d'un beau professionnalisme et pour une fois, on a l'impression que la carrière évolue sereinement, que ce n'est pas de la destruction massive mais la preuve d'un artisanat de grande qualité.

Nous profitons de cette visite pour visiter le grenier, ce que nous n'avions pas fait. Les galeries sont basses et rejoignent l'entrée. Etant donné que ça a servi de ventilation, c'est très encombré de poussière. Au final, faut quand même dire que c'est de la belle carrière. Autant les anciens volumes que les nouveaux, c'est chouette de voir ça. A certains endroits, les bancs sont marqués d'initiales. Franchement, faut connaître pour savoir distinguer. A vue de novice, tout semble similaire...

Nous n'avons pas fait attention à l'heure et terminons la journée à 0h20. Ce fut un week end bien rempli. François en Belgitude, depuis qu'on en parlait...

 

16 juin

Un extrait du courrier adressé à Michel Foret, Ministre de l'Aménagement et de l'Urbanisme.

(...) Ce courrier vous est adressé en réaction au plan stratégique concernant l'assainissement des sites industriels désaffectés de Belgique. Votre projet met en avant que 700 friches seraient détruites dans un avenir relativement proche. Or, la construction de ce projet semble promettre des pertes au niveau patrimonial sur certains lieux en particulier.


En quelques exemples essentiels, voici ce que ce plan représente pour les sites industriels de Belgique :

- La destruction d'ensembles architecturaux possédant des particularités uniques de grande valeur : la typicité architecturale des carreaux miniers et carriers, des usines d'industrie du métal, du verre, de la brique... A cela, il serait souhaitable d'associer un reportage photographique détaillé des process industriels avant assainissement, car ce sont des techniques qui se perdent et les témoignages techniques de qualité sont rares.

- La perte directe d'archives de valeur. Carcoke Tertre en est l'exemple le plus marquant. La technologie de la cokefaction s'éteint doucement en Europe. Or, aucune institution ne s'occupe de sauver certaines archives possédant un intérêt technologique ou historique. Un tri rapide doit être effectué par des professionnels, or cela est complètement ignoré.

- La destruction de facteurs archéologiques. Certains sites possèdent des détails minuscules de grande valeur : un graffiti datant de 1750, un outil du moyen âge... Cela part avec les bulldozers. Les sites sensibles sont faciles à cibler, or actuellement, je remarque la disparition fréquente de ces témoignages du passé, sans même une seule photo de qualité.

Certes, je suis tout à fait conscient que la majorité de la population pense que ces lieux sont des chancres dans le paysage. Toutefois, je vous écris pour vous signaler que l'intérieur de ces endroits recèle de merveilles à préserver, ne serait-ce que par des archivages photographiques. Ces détails sont très souvent indécelables aux ouvriers de démantèlement, car cela relève d'une culture de l'archéologie industrielle longue à acquérir.

(...)

Je sais que cela ne sera qu'un cri dans le désert, toutefois il fallait le faire, ne serait-ce qu'en honnêteté intellectuelle...

 

17 juin

Etant plutôt aigri actuellement, cette fois-ci je sombre dans l'extrême. En fait, mis à part quelques points stables, je m'enfuis dans une misanthropie très prononcée. Je n'ai vraiment plus envie de parler avec qui que ce soit, j'ai enfoui ma sensibilité quelque part où on la trouvera pas. Que ce soient les amis ou le travail (vraiment pitoyable en ce moment), je disparais. Je rêve tant qu'on me foute tout simplement la paix et c'est si loin d'être le cas. Ours solitaire et grognon d'Alaska ? Peu importent les commentaires car je m'en soucie bien peu. Il y avait un temps où j'étais ouvert aux gens, où je parlais des passions et des sentiments sans aucun regret. Il y avait un temps où j'allais vers les inconnus et je partageais le bonheur. A ce jour, c'est comme si j'avais tué tout ça (juste en constatant que ça ne m'attire que des ennuis) Je suis devenu une bête dure qui oublie son malaise dans le travail. A priori, ce n'est pas prêt de s'arranger parce que rien en moi ne souhaite aller en ce sens.

La religion s'écroule, surtout le catholicisme. Cela vaut des livres plus ou moins engagés (je parle de ça en rapport à l'article de la Libre Belgique d'hier) Certains analysent ça sur des faits sociologiques et coupent les cheveux en quatre. Je crois que c'est encore se voiler la face sur la réalité. Les gens n'en ont absolument pas marre de Dieu, ce n'est pas l'impression que j'en ai. Par contre, ils sont tout à fait excédés par la religion. Les messes, c'est dire si c'est lamentable... Ils rabachent sans cesse les mêmes conneries, un véritable bourrage de crâne pour quadrisomique. Quant aux actions, c'est incroyable. Les mêmes qui prient pour leur salut et disent aimer la charité sont les premier à rejeter les noirs, les gitans et tout ce que notre civilisation pourrie stigmatise. Alors désolé, ce n'est pas un phénomène sociologique, c'est un refus qui vient du fond du coeur, une répulsion. Dieu n'y est pour rien là dedans. Ses paroles sont les mêmes depuis des milliers d'années, que ce soit dans l'islam ou le christianisme. La religion s'écroule parce qu'elle racole, elle sombre dans le misérabilisme de notre société actuelle. Est-ce grave ? Probablement oui, parce que si notre monde est si répugnant, c'est parce que les gens oublient la dimension verticale de la vie. Ils foncent sur l'horizontal : les problèmes d'argent, les courses à faire, le temps vite vite vite... Pour la spiritualité, faut plus trop chercher. La télévision a abruti les masses depuis longtemps maintenant : ils ne savent plus ce que c'est d'ouvrir un livre aux pages jaunies et annotées, ils ne savent plus ce que c'est d'écrire à la main... On en revient aux paroles de Frank Pé.

 

18 juin

Etant donné que cela correspond à mes souhaits actuellement, je cesse de mettre en ligne ce journal régulièrement. Je le ferai tous les deux ou trois mois. Je reçois des courriers concernant mon présent et cela me perturbe étant donné que je fuis tout contact et toute parole.

 

21 juin

La publication différée du journal m'arrange, en quelque sorte ça me soulage, j'aurais du le faire depuis longtemps. Je n'aime pas les gens, je n'aime plus l'internet, pourquoi encore se démener à mettre à jour très régulièrement ? Si je continue à mettre en ligne, c'est uniquement pour les quelques personnes que j'apprécie.

Dans les nouvelles, à noter un contact avec un explorateur intéressée par l'archéologie industrielle en Flandres. Cela permet de prendre connaissance de ce qu'il se passe là haut. En effet, il nous est difficile de découvrir les lieux intéressants parce que nous ne savons pas comment effectuer les recherches. Tout particulièrement, cela nous ouvre une voie vers le château de Mesen à Lede. Ca fait longtemps que ce sujet nous intéresse...

Sinon, il est difficile d'accepter le fait que Henk s'est vu interdire deux pages de son site. Il est clair que le travail recherché est toujours la mise en valeur de sites industriels par un témoignage photographique. Or, ça ne plait pas à tout le monde. Il est évident que mon sort sera d'ici peu de temps le même, sinon pire. C'est l'éternel dilemne de la présentation des travaux. Si c'est montré à tout le monde, il y aura forcément quelqu'un qui viendra te cracher à la gueule. Est-ce que le fait que cela touche positivement quelques personnes vient justifier le fait de devoir supporter la bêtise des autres ? Comme le dit un ami : pour vivre bien, vivons cachés. Est-ce vrai ? Je n'en sais plus rien, j'attends ma condamnation.


22 juin

Week-end entier passé à l'étude de documents et la rédaction d'articles. En tout premier lieu, il y a une avancée spectaculaire au niveau du plan du réseau de la Lorraine. Benoît m'a passé un grand nombre de topographies sur le bassin nord et c'est très instructif. Malheureusement, ça remet beaucoup en cause ce qui est déjà tracé mais bon... Le but, ce n'est pas de faire un bazar joli mais un plan juste et utilisable. Les modifications à faire sont drastiques, ça me fait mal au coeur parce que je dois recommencer des heures et des heures de travail. Tant pis, c'est comme ça...

Autrement, un article en particulier me pose un problème éthique. Il s'agit d'un texte qui serait distribué à l'ensemble de la population de l'Hautil. Or, la carrière de Triel est ouverte, et on sait parfaitement qu'à l'intérieur, c'est infesté de co2. Que faire ? Publier quand même, publier mais organiser une fermeture du site, ne pas publier du tout ? Le questionnement n'a pas de réponse pour l'instant, c'est embêtant... J'imagine une seule seconde qu'à la suite de l'article, de jeunes débiles aillent s'empoisonner dedans, je me sentirais responsable...

Ce soir, tournée des déshérités. Il y a un point positif, c'est que "Le Chaos Rampant" approche de plus en plus et on arrive à lui donner à manger. C'est le plus défoncé de tous les chats du quartier. Il est malade et partiellement blessé. En plus, il y avait une dame qui leur donnait à manger (aussi) et elle est morte. De ce fait, on doit redoubler de quantités. C'est un peu le bordel...


23 juin

Axelle Red dans les médias, c'est le profil de la génitrice. On met en avant qu'elle procrée, son ventre énorme et ses facéties de mère. Cela me dégoûte intensément.

A part ça, qui finalement est complètement inintéressant - probablement uniquement médiatique et même pas voulu par la personne en question - je constate une déception. Sur l'internet, lorsque l'on recherche de la musique ultra-violente, c'est véritablement du foutage de gueule : des rock-à-gogo de daube, du rap médiatique... Les vrais sons violents sont finalement très discrets. Les musiciens ne s'en vantent pas, ils font l'extrême et c'est bien souvent appréciable. Lorsque je considère les travaux de Leech, je me dis qu'on ne peut pas faire plus atroce, même moi je n'arrive pas à les écouter... (sons de torture mêlés de bruits d'usines absolument abominables) Pour moi, cet aspect est une déception car les minables passent largement devant les gens qui font de la qualité... De ce que j'ai pu trouver, le plus déplaisant est Dysmorphia. C'est du malsain bien pesé, sans tomber dans le trop loin des sons de découpage et de meurtre, sans tomber également dans le tout-juste-bruitiste à la Merzbow... Qui connaît Dysmorphia ?!


24 juin

Y a t'il quelque chose de cassé dans ma tête ou un manque d'harmonie carrément frappant dans ce monde ? Ce matin, il y avait sur la chaussée de La Hulpe une voiture roulant à 120 km/h. C'était un vieux modèle, ça fumait noir et pétaradait comme pas possible. C'est une route où vaut mieux ne pas dépasser 60. De ce bruit immonde, j'ai considéré l'environnement. Au bout de quelques pas, j'ai vu un défilé de camions, des routes recouvertes de bitume partout, le moindre centimètre carré colonisé et détruit par l'Homme. Ou est la paix dans cela, où est l'esprit de la nature ? Tout cela est mort.
L'endroit manifestement le plus éclaté à ma connaissance, c'est le Japon. Là, c'est encore bien pire. Les gens y vivent dans une dictature mentale, les règles et les obligations y sont écrasantes. S'ils se vantent tant de la rigueur de leur civilisation, est-ce parce que cela représente ce qu'ils souhaitent vraiment, ou est-ce en quelque sorte pour oublier le désespoir de l'impossibilité du retour aux sources ? Quoi qu'il en soit, le seul espace que l'humain n'a pas réussi à défoncer, c'est la haute montagne - même le désert et son agrandissement provient de sa folie. La montagne, dès que c'est trop haut, c'est hostile. Alors là, on ne trouve plus de bitume. Mais on arrivera quand même à retrouver des mégots de clopes. Oui, ça... Partout. Souvent, je m'enfuis mentalement dans ces hauteurs, c'est mon échappatoire. Ma vie n'a aucun sens et je ne cesse de me plaindre jour après jour. C'est parce que je suis plongé dans un monde que je juge comme pure folie. Je ne retrouve pas de points d'accroche, tout me dégoûte : les gens, l'urbanisme, ce qui est poli, ce qui est obligé, l'agonie de la nature... Face à cela, je devient taré moi aussi... Je me détruis dans des musiques inhumaines, je travaille comme un dingue pour me rendre compte de rien, j'oublie mon âme dans une passion débordante afin de ne pas faire partie du monde (ça me permet d'être un peu à l'écart) Tout cela, ce n'est pas être heureux, ce n'est pas ressentir une paix intérieure. Ce sont juste des logiques de survie.


Carreau provenant de l'ancien château de l'Etoile à Wavre


25 juin

Plutôt que de prendre du temps sur le positif, je ne fais que râler sur ce que j'estime négatif. Est-ce une bonne mentalité, est-ce que je profite du temps qui m'est imparti ?


26 juin

Afin de déconnecter un peu, je change d'horizon durant quelques jours, ça va changer d'air. Donc la musique industrielle est laissée de côté, ainsi que l'archéologie. Pas pour longtemps, juste une semaine. Pour respirer, j'ai remis à jour tous mes cd de jungle et drum and bass. Egalement, je me suis fait un cd de photos des explorations de pathfinder sur la surface de mars. Ce sujet m'a toujours passionné. Bref, c'est un peu une période de repos. je suppose tout simplement qu'il y en a besoin...

A part ça, je suis en pleine hésitation au propos de la rédaction de X. Suite à la dégradation de ma motivation, je me demande comment continuer ce roman. Ce que j'ai besoin, c'est de tout écrire en une seule fois, même si ça prend une semaine jour et nuit. Ecrire sur une longue période, je me perds. Or, actuellement, réserver une semaine entière me paraît complètement impossible... Que faire en attendant ? Avorter le projet avec une fin bidon, laisser comme ça, dessiner pour pas oublier, trouver quand même le temps... Il y a beaucoup de questions en ce moment, et peu de réponses...


27 juin

Metro boulot dodo : quotidien malsain. Ma vie est une ombre. Je rêvais de voyages et de découverte au quotidien et je ne suis qu'un minable qui attend. Pas même un meilleur futur, non rien - pas d'espoir de ce côté là. Malheureux, mais en comparaison avec les pays du tiers monde ? Je ne sais pas. La misère de l'occidentalisme est très incidieuse. C'est un heureux standardisé, le même pour tous des plus petits aux plus grands, très matériel. Notre monde court au suicide. Je ne sais pas du tout me placer par rapport à lui, c'est peut-être trop de dire cela. Egoïste... C'est juste éloigné des rêves de mes nuits, bien loin de ça... C'est pour cela que je m'en fous de crever. Aucune importance finalement. Qu'y a t'il à perdre ?

Pourquoi chaque matin je me lève un peu plus aigri ? Une parole de Kabal écrite là juste pour dire que je me retrouve en ces mots. Je ne dis plus rien, me replie en mon univers comme refuge contre l'acidité du monde. Enfant, j'avais été extrêmement touché par le film Birdy, m'identifiant au personnage. C'est un homme devenu fou à cause de la vie. Fou est un mot que je n'aime pas, ça ne veut rien dire. Disons qu'il s'est enfermé dans un mutisme total pour échapper à l'extérieur, enfermé dans ses rêves et sa réalité à lui. La totalité du film, c'est son copain (con comme toute banalité) qui cherche à le "sortir de là". Enfant, j'étais dans le silence de cet être, je ne voulais pas qu'il leur revienne. Il leur est revenu, c'est quand même un film pour les gens...

La folie, quelle est la frontière à franchir pour que j'y sois totalement ? Je travaille 50 heures par semaine dans l'informatique. La sortie d'un nouveau windaube de microzob m'émeut autant qu'une vache contemplant sa bouse démoulée. Matin et soir, je prends le train. -Bondé- Je dois à longueur de semaine parler alors que je ne le veux pas. Ou est l'accomplissement de mon souhait de solitude ? Où est la folie, où est la frontière ? Dans mon esprit complètement franchie, ou dans leur monde qui ne respecte plus grand chose... La souffrance n'est pas forcément physique. Univers complètement en contradiction avec la réalité, perdu dans un société où l'esprit se sent inapproprié, écoeuré par système de valeurs rigide et stéréotypé, parcours oppressant dans un chemin chaotique, je me sens dévoré, rongé de l'intérieur par le système omniprésent et pourtant impalpable. Je suis égaré. La force, c'est de combattre contre ce monde absurde. Mais je n'ai aucunement envie de me battre...

29 juin

RIIA = Satan


30 juin

Cette journée est proche de l'enfer, mais je me force à rester de bonne humeur parce que c'est mieux ainsi. Pas de train, huit kilomètres à pied m'attendent à sept heures le matin. Ca fait bondir certains. Franchement, ça ne m'a même pas fait frêmir, habitué à ce genre d'ennuis... Suite à cela, c'est l'avalanche d'obligations. En fait, je me sens comme un enfant à l'intérieur mais j'ai les obligations des adultes. Banque, travail, pluie-douche à midi alors que je suis obligé de rester sec (même si j'aimerais bien être trempé et profiter de la pluie) etc etc... ce n'est pas intéressant que je liste toutes ces emmerdes.

Plus le temps va et plus je me sens escargot : enfermé dans la coquille dès qu'un truc ne va pas, et pourtant si fragile - un pied suffit pour tout écraser... En ce moment, ça ne roule pas parce que je ne trouve plus de sens à l'environnement humain. S'il m'était possible de complètement l'ignorer, on en parlerait plus... Mais dans toutes les obligations accumulées, j'ai la charge désagréable de devoir parler à des gens. Et puis comme tout le monde, je subis par le biais des informations le cirque permanent des politicards verreux. Les solutions mises en place sont minables. Rien qu'à regarder les offices de l'emploi en Belgique, qui se vantent se vantent se vantent avec leurs pubs à vomir, leurs offres d'emploi en comparaison sont de la mendicité absolue... Pas de train aujourd'hui pour cause d'un programme de suppression de 10000 emplois à la sncb. La Belgique se tourne peu à peu vers un chaos omniprésent. On fait le fier côté politique, mais il n'y a pas de travail dans les entreprises. Je n'aimerais pas être chômeur actuellement, et surtout pas nouveau venu sur le monde du travail. Le marasme ne fait que s'amplifier...

Face à cela, je réagis comme je peux. Autant que possible, je ne parle plus à personne. Egalement, je fuis les endroits où je sais que ça peut mal tourner : caféteria, table au soleil à midi et autres du genre. Ces fuites incessantes deviennent la description d'une maladie, c'est clair. Mais le véritable mal, il est où ? Dans ma tête ou dans la société qui donne un visage dégueulasse ? C'est une question déjà posée, à laquelle je n'ai toujours pas de réponse. En attendant, je me réfugie le plus loin que je peux dans le silence...


1 juillet

Enfin bref, suite au pathétique de ces derniers jours, je lâche l'affaire... Le fait de grogner sans cesse change-t'il quelque chose ? Je peux crever là sur la route, personne ne s'arrêtera, parce que tout le monde s'en fout. La terre continuera de tourner... Y'a qu'un truc à faire pour obtenir la paix de l'âme, rester dans son coin. Là au moins j'aurai l'apaisement. Rien à faire si c'est le comportement d'un malade mental. Est-ce que ça intéresse quelqu'un de toutes manières que je le sois ou non ? J'essaie de faire des choses bien (je donne du mieux que je le peux), mais j'ai bien conscience que tout le monde s'en tape. Ce qui compte c'est l'intégrité. Aucune importance l'avis des gens. Ils savent bien que j'écris ces lignes pour ma gueule, tout simplement parce que je suis un paumé... Bon c'est tout, j'en rajoute pas.

Ces jours ci, Antonin et moi sommes en train de réflechir à l'écriture d'un bouquin sur les cokeries de Belgique. C'est vrai que c'est un sujet tentant, tellement c'est passionnant. Mais n'allons nous pas nous noyer dans le travail à réaliser ? J'ai du mal à peser le pour et le contre. D'un côté, nous avons des tonnes d'archives de plusieurs sites abandonnés et des montagnes de photos. Mais bon, d'un autre côté, on y a jamais bossé dans ces lieux... On aura beau chercher des anciens ouvriers, des anciens ingénieurs, on ne sera jamais au top-niveau... L'hésitation se poursuivra jusqu'au mois d'août, à ce moment là nous déciderons... Sinon, j'ai travaillé comme un fou sur le plan de la Lorraine. Il est presque fini. Ca, c'est une bonne chose, c'est grâce à Benoît...

En ce moment, les inconnus tombent par dizaines dans ma boîte à lettre. Bonjour, j'aimerais bien descendre sous terre avec toi, etc etc... En ce moment, c'est vraiment pas le pied du point de vue communication, je ne sais pas trop quoi dire face à ça... En plus, j'aime bien descendre avec les quelques personnes que je connais, mais j'ai pas trop envie de voir d'autres gens. Mauvaise période ? Bof, je m'en inquiète pas trop, tant que y'a du respect mutuel... Et puis je lâche les rênes dans 10 jours. Un peu de vacances redonneront de l'oxygène...

 

 

 


Carnet de route en Estonie

3 juillet

Encore en pétard ce matin, à cause d'une pub de Belgacom. Cela se passe aux pyramides d'Egypte. Une personne perd son temps à regarder une publicité de Belgavol plutôt qu'admirer la beauté du paysage. Ca me révolte carrément. Pour la première fois, j'ai appliqué le principe <Fortunis Bank> de Franck Pé. La pub, elle t'agresse ? Et bien renverse ses valeurs. Grogner ne sert à rien, taille la en pièces avec ton imagination.

Et bien ça marche... J'imagine un gamin qui a scié la publicité de son socle (c'est une sucette) et dans un milieu agréable, une rivière sans humains et sans constructions, il s'en sert de radeau. Nettement plus utiles comme ça les pubs de Belgachiottes... Merci Franck pour ton faune...

Hier, je suis tombé des nues avec le dernier album de Guillaume Sorel, la deuxième partie de l'oeil fé. Le dessin est une pure merveille, c'est vraiment attachant. Vivement la suite... Dans un an peut-être ? J'espère qu'il tiendra jusqu'au bout du chemin... Egalement, je me suis perdu dans les méandres des dessins de Elvire De Cock. Là aussi, y'a beaucoup d'attachement. Heureusement que toutes ces petites choses existent pour remonter la qualité du quotidien...

Le travail commence dans 127 minutes. Encore une journée d'absurdité totale ? Mon esprit est bien loin de ces peines... Je retourne les valeurs.

 

4 juillet

Voilà le week-end qui s'annonce à grand pas, retrouver un peu de paix de l'âme va vraiment faire du bien. Ces derniers temps, j'ai perdu mon chemin à cause de la bestialité rébarbative du quotidien : j'atendais du renouveau sans le construire. Enfin me voilà à nouveau dans un sentier un peu moins instable. C'est reparti sur les romans et les dessins. A ce titre, Sacha Goerg va probablement dessiner dans l'univers de Nora. Je me demande vraiment ce que cela donnera. J'ai toujours tracé son espace et sa personnalité avec pudeur, probablement beaucoup trop... Réminiscence de l'enfance et de ma propre personnalité... L'extérieur remuera tout ça, probablement du bon...

 

6 juillet

C'est la bagarre. La préparation des bagages, le nettoyage un peu partout et tout ce qu'il reste à terminer avant le départ. Au final, un week-end bien chargé et très peu passionnant. Toutefois, c'est inévitable, donc la grogne est modérée !
A noter par contre que la proprio au dessus fait un bordel de tous les diables et c'est difficile de trouver du sommeil. Vraiment pénible...

Sinon, j'ai enfin eu le bonheur de lire "un faune sur l'épaule" en entier. Vraiment très chouette. Les critiques abondent un peu partout : simpliste, les grincheux ne s'y retrouveront pas, etc... Je trouve tout simplement que cela décrit la vie dans son essence essentielle, que la critique n'a pas d'intérêt (elle glisse sans toucher puisqu'elle est à côté de la plaque). C'est beau comme une feuille d'arbre, délicat comme une fleur de calicanthus. Rien de plus


7 juillet

Tournée des chats malheureux hier soir. Ce qui était sensé être une petite tournée (juste la ferme de Madame D) s'est révélé une promenade de deux heures quart. En nourrissant le Chaos Rampant, voilà une dame qui arrive et... Patati patata... Ensuite, deux autres personnes... Et pour terminer, un monsieur qui parle de ci et de ça durant trois quarts d'heure ! Jamais fait aussi long !
Mais c'est bien, cela sort de ces quartiers anonymes de la ville, les coins des fous où les gens foncent et ne se connaissent pas... Comme le dit Philippe Fragione : des gens pas vraiment méchants, mais qui ignorent tout du voisin...
Du coup, je connais mieux le quartier et j'en suis content.

De grands changements en Lorraine dans les mines de fer. Nos explorations vont vraiment devenir difficile face à la fermeture multipliée de sites. C'est comme ça... Au fur et à mesure, tout disparaît. Dans dix ans, tout sera volatilisé et nous serons dans un monde aseptisé. Complètement aseptisé...


8 juillet

Objet : Projet d'assainissement des friches industrielles.

Cher Monsieur,

Votre courrier du 17 juin dernier m'est bien parvenu et a retenu ma meilleure attention.

J'ai pris bonne note des arguments que vous développez en faveur de la sauvegarde du patrimoine industriel wallon.

Suivant le dernier inventaire des friches industrielles réalisé à ma demande par les services de la région wallonne, le territoire wallon compte près de 1800 sites répondant à la définition de friches industrielles. La très grande majorité d'entre eux constituent de véritables chancres, pour la plupart situés en milieu urbain, en entravant lourdement le redéploiement wallon. La plupart de ces sites ne présentent du reste aucun intérêt architectural ou patrimonial remarquable.

Face à cette situation, le gouvernement a souhaité mettre en oeuvre un programme énergique qui permettra la réhabilitation de ces sites à un horizon acceptable. Outre l'amélioration de l'image offerte par la Wallonie, il s'agit aussi d'éviter le galvaudage de l'espace wallon en rendant à nouveau disponibles des portions de territoires actuellement considérées comme perdues sous l'angle de l'aménagement du territoire.

Je puis cependant comprendre que votre sensibilité, proche de l'archéologie industrielle, vous conduise à regretter la disparition potentielle d'archives ou d'autres éléments de valeur d'un point de vue historique.

Je partage entièrement ce souci, tout en défendant pleinement les orientations développées ci-dessus, en faveur d'un assainissement massif et rapide des chancres industriels. Ce souci de conservation de la mémoire industrielle wallonne m'a conduit à renforcer la collaboration entre la région wallonne et certains services universitaires spécialisés dans la sauvegarde d'archives industrielles notamment. Cette collaboration permet le sauvetage, l'exploitation et la mise en valeur d'importantes quantités d'archives industrielles.

Au delà de cette collaboration, je voudrais également souligner les efforts importants consentis par mon département pour rénover et conserver des vestiges industriels wallons reconnus remarquables d'un point de vue patrimonial ou sociétal. Je ne citerai, à titre d'exemple, que les sites des moulins de Beez à Namur, du Bois du Cazier à Charleroi ou encore le Lavoir, celui du Centre à Binche.

Espérant avoir pu vous éclairer sur la politique menée par la région dans ce domaine, je vous pris de croire, Cher Monsieur, à l'assurance de mes sentiments les meilleurs

Michel Foret
(Ministre de l'aménagement du territoire, de l'urbanisme et de l'environnement).


1 / Je remercie sincèrement Monsieur le Ministre pour sa réponse. Rien ne l'obligeait à le faire.

2 / Les arguments tiennent la route. Très grande majorité de friches n'ont pas d'intérêt. C'est vrai.

3 / Toutefois, je persiste : quelques sites majeurs disparaissent ou ont disparu et c'est une catastrophe.
- Carcoke Tertre en premier lieu, dont la démolition est entamée.
- Carcoke Marly, dont des panneaux semblent annoncer la démolition.
- La tour d'extraction du bois du cazier qui serait détruite.
- La tour béton de Cheratte qui serait démolie
- En France, c'est la même chose : la cokerie de Drocourt.
- Au Luxembourg, c'est la même chose : les hauts fourneaux de Esch Belval.

4 / Les sites réhabilités n'ont plus d'âme.
- Le bois du cazier, y'a des petites fleurs partout.
- Le Pass, c'est dénaturé et un échec.
- Le Grand Hornu, c'est complètement dénaturé.

5 / C'est réhabilité de cette manière ou c'est détruit. Qu'est-ce qui est le mieux ? Choix difficile ! De plus, la Wallonie a besoin de place. C'est vrai puisque les terrains partent à toute vitesse et ça construit de toutes parts...

Bref, chacun reste sur ses positions. C'est normal, le courrier n'allait pas changer quoi que ce soit... Mais c'est bien qu'il y ait eu un échange. Ca calme la colère malgré tout, un tout petit peu... La tristesse elle, reste inchangée.

 

Quelques pas en Estonie


11 juillet

Un départ à l'aube de l'aurore, pour ne pas faillir à l'habitude. Il est 6h15 lorsque la maison est quittée. Direction Zaventem, l'aéroport de Bruxelles. Contrairement à l'idée que je m'en faisais, c'est un très grand bâtiment. Par contre, le personnel est à plusieurs reprises franchement désagréable. Le premier avion est un Boeing 347 - 500 croisant à 850 km / heure. Pas trop de secousses parce que le temps était très clément mais c'est tout de même un petit avion. Nous sommes passé au dessus de la Providence à Charleroi. En Allemagne, il y a (je ne sais où) un énorme tas jaune vif. Aucune idée de ce que cela peut être.
A Warsaw, courte escale et second avion pour Tallinn, capitale de l'Estonie. L'avion est un Embraer EMB 145. Quarante places, les secousses sont plus fortes, mais ça reste encore honnête. L'atterrissage est fait dans une véritable purée de poix, le sol est trempé. Du trajet, rien vu de particulier à cause des nuages. Le sac est un peu abîmé, mais bon, ça reste potable.

Tallinn n'offre pas de possibilités de camping. De ce fait, nous prenons le taxi pour rejoindre un hôtel dans le sud de la ville (Hermes) Le trajet fait 102 kroons, ce qui est la première occasion pour se familiariser avec leur monnaie. L'hôtel est un véritable bunker comme on les rêve dans le fond des pays de l'est. Un gros bloc de béton bien carré au milieu d'un ghetto d'immeubles hlm grisaillants. La visite de l'Estonie commence véritablement maintenant, 15 heures.

Bien plus intéressant qu'un taxi, prise de bus (le 17A) Vague caisse verte, ce n'est pas une catastrophe mais ça secoue bien quand même ! Tallinn centre nous offre l'occasion de boucler les dernières formalités. Le centre ville est très fortement démarqué d'un point de vue urbanistique du reste de la cité. Le centre est médiéval et sur-touristique. Le reste de la ville est composé de cités en alignements glauques (Kristiine, Mustamäe) et de maisons en bois à moitié défoncées et affaissées. Comme si le centre ville avait reçu une vague de rénovation il y a quelques années.

Arrive le moment de manger et commence une rude bagarre. Ici, c'est taillé touriste : les prix et la qualité s'en suivent. Après deux heures d'errance, nous trouvons enfin une solution : un pub simili-irlandais ! Oui, c'est pas fantastique mais le reste ne valait vraiment pas le détour, aussi dingue que cela puisse paraître. Donc St Patrick's Pub. Rien de particulier, ça permet de tenir bon.

Crevés, nous sommes de retour au ghetto. L'annuaire téléphonique est marrant (pas classé par villes mais par noms. Donc, on observe un allignement de 250 velja, 200 veljö, etc.) La télévision quant à elle est eurovisionnesque. Cotillons et pacotilles. Les chaînes russes sont les plus terribles.

A noter : les environs de l'aéroport sont d'une sévère glauquitude ! Les ladas pourries abondent, des usines sont vides et des cheminées immondes marquent le paysage.


12 juillet

Une journée qui commence tôt. Avec le décalage horaire, on se plante pour la cantine ! Le repas est d'un immonde assez rare : saucisson mou et gras, saucisses reconstituées, pain miteux, espèce de pâte blanche qu'on a même pas osé toucher, etc.

La journée est dédiée à la visite du centre de Tallinn. C'est assez agréable mais il n'y a rien de bien exceptionnel. Des vendeuses de " postcards " abondent, c'est l'horreur totale. Hello (with sourire enchanteur émerveillé) may be some postcards ? (les autres touristes je m'en fous mais toi. TOI.) Bref, c'est pénible et cela prend vite une tournure de fuite.

Du coup, nous partons au nord, le quartier de la gare, puis fouillons un marché complètement bazardesque où beaucoup de produits semblent russes. Là, c'est déjà moins touristique ! (On nous parle en estonien ou russe plutôt qu'en anglais) De nombreux appareils photos vendus trop chers, surtout des zenit. A noter un vendeur qui dispose de réveils à l'effigie de Staline ou de Hitler. Mmm, sympa pour le matin. Sinon, de vieilles dames vendent des fleurs, beaucoup de fraises des bois aussi...

L'après midi, nous filons vers le nord est (Lasnamäe) Il fait vraiment très chaud et c'est épuisant. De plus, il n'y a vraiment pas grand chose à voir. Au soir, nous croisons une troupe d'adorateurs de Krishna. Un gourou tient un panneau avec les paroles (Hare Krishna Hare Krishna Hare Hare Hare Krishna hare.) C'est vraiment enrichissant ! Au soir finalement, je fais quelques détours du côté de Tervise et Sulitse. Il y a un ancien bâtiment russe miné qui donne un beau spectacle de glauquitude dantesque. Un panneau de bienvenue : OBJEKTIL VIIBIMINE KEELATUD ! En gros, ça signifie que c'est vraiment pas permis et que si tu y vas, tu es mort !

Devant ce bâtiment, des canalisations de chauffage urbain ouvertes. Là dedans, il fait chaud à crever. Ca me rappelle que les pays de l'est, ils sont souvents friands de ce style de canalisations.


13 juillet

Nuit très bordélique. On a envie d'en finir avec Tallinn parce que toutes ces visites n'ont rien d'exceptionnel. Le lendemain, nous prévoyons un départ vers Paldiski. Dans le centre ville de Tallinn, nous faisons une tournée des chats (et oui. impossible de résister !) Nous allons rapidement en dehors du centre pour rejoindre une presqu'île située complètement au nord. Les quartiers sont d'un glauque assez absolu. Alignements de cités atrocement moches, quartiers industriels rébarbatifs. La marche est longue et très pénible. Toutefois au bout, il n'y a plus d'urbanisation. C'est la nature et c'est franchement agréable. Quelques bâtiments de l'occupation russe sont encore là, témoins de l'observation de la mer qui était faite. L'architecture est très typique : de petites maisons carrées avec un toît plat et des briques blanches en silicates. Toutefois, c'est ravagé et il n'y a rien à voir, sinon l'aspect général du bâtiment.

La chaleur est terrible et le retour pénible. Outre la découverte d'une boulangerie, patisseries et petits pains locaux, nous mangeons plutôt mal. Seuls des teranagin sont délicieux. Ce sont des tresses de pain contenant un peu de fromage fondu et des graines de sésame et pavot.

L'après midi le long des remparts, nous constatons la présence de bunkers souterrains, mais les portes sont soudées (ce dont parle Juri Zaitsev dans Underground Estonia) Pour terminer la journée, nous testons le type de fast food local : Hesburger. Nous sommes vraiment accueillis comme une chiasse de caniche et leur bouffe est gerbante à souhait. Même mort de faim, il faut éviter, c'est de l'immondice de Saint Bernard constipé.

Souhaitant retourner dans le ghetto, nous nous faisons virer du bus sans explications. La politesse ici, c'est le minimum, et encore. Les conducteurs sont des bouledogues dépressifs. Les gens sont méfiants et ne nous accueillent pas chaleureusement. Cela donne une demi heure d'attente et l'occasion d'observer les gens. Ils sont vraiment comiques. Je dirais qu'il y a deux styles principaux : ceux qui sont habillés comme des ploucs et ceux qui sont sophistiqués. Les premiers portent un jogging avec une chemise par exemple, ont une main molle et un regard vide. Les autres portent de vêtements à la mort-voilà, avec des stupidités écrites en anglais, cheveux teints et piercing partout. Pas de généralité, c'est juste un ordre d'idée.

Les femmes ont très souvent les cheveux rouges. Mais même si les cheveux sont noirs, c'est encore teint. Maquillage à tout va, l'idéal pour terminer le portrait : des vêtements semi transparents trop courts, une culotte qui dépasse pour qu'on la voit un peu, un tatouage bidon bien visible. Pour un style naturel ? Oulah, c'est pas là !!

De retour dans le ghetto, visite des bois avoisinants et du cimetière orthodoxe (le plus classique). Les cimetières sont des forets. Il n'y a pas vraiment de pierres tombales comme en Belgique, ce sont plutôt des bacs à sable bien ratissés, avec un banc et quelques fleurs. L'aspect général, c'est un lieu très vert, un peu bordélique, sans immenses murs autour (Eventuellement quelques barbelés).

La nuit, le soleil ne se couche pas. Ou si, mais pas complètement. Vers 23 heures, il a disparu, mais la luminosité reste très forte toute la nuit. Avec cela, pas de rideaux, nulle part. Ramassé je ne sais où, une pub vantant " Enjoy the magic of white nights ". Pour nous, c'est t-shirt sur la tronche tellement c'est impossible de dormir !! Veri-magique !


14 juillet

Petit matin, départ de Tallinn pour Paldiski. Le trajet de bus n'est pas cher. De tout le long du séjour, ces faibles prix auront favorisé nos déplacements, très pratique. Paldiski est une petite ville portuaire située sur une presqu'île à une quarantaine de kilomètres à l'ouest de Tallinn. Ici, pas de maisons individuelles ou presque. Ce ne sont que des alignements de cités béton. Sur la route à l'arrivée, un immense complexe russe abandonné, deux cités entières abandonnées aussi. Ca semble pauvre mais malgré cela, le climat n'est pas particulièrement malsain. Difficile à dire, on n'est pas resté longtemps.

Partis dans la nature, il fait épouvantablement chaud. La marche est très malaisée car le sol est constitué de galets informes ou bien de tas de fucus séchés. De plus, le poids des sacs se fait très lourdement sentir. Au nord de l'île, nous arrivons au phare. Quelques bunkers clones de ce qu'on a vu à Tallinn, pas de point de vue exceptionnel.

Complètement crevés, nous stoppons la marche à une crique pleine de galets. Les moustiques sont extrêmements présents depuis le matin (un qui tente le coup toutes les 20 secondes) En manque d'eau, je tente de trouver une source pour remplir la bouteille. Deux heures pour un demi litre vert et infâme (même avec hydrochlonazone). De ce côté là, c'est perdu. La nuit est étouffante.


15 juillet

Départ très tôt pour rejoindre Paldiski. Plus d'eau, ça signifie fini la promenade et retour au bercail. Le chemin le plus court en théorie fait traverser la presqu'île transversalement. Sauf que les chemins ne sont pas faciles. En cours de route, nous traversons un vaste projet russe. De nombreux bunkers plutôt démolis. Pas de photos cause manque eau, il ne faut pas traîner.

Chemin après chemin, nous arrivons sur une très longue piste rectiligne, bordées de forêts impénétrables. Pas de chemins pour alternatives, on suit. Après un bon nombre de kilomètres, nous nous retrouvons face à une grosse porte métallique bordée de deux miradors. Pas d'alternative, on rentre. Le lieu ressemble à l'entrée d'un ancien camp de concentration. Le chemin se poursuit et nous arrivons dans l'enceinte d'une usine semblant assez moderne. Nous cherchons à en sortir par tous les moyens, mais c'est catastrophique à chaque pas.

Soudain, le drame se précise. Les panneaux nous apprennent qu'il s'agit d'une centrale nucléaire. De plus, nous constatons que le lieu est complètement vide malgré les caméras vraiment omniprésentes, c'est un projet abandonné. Site russe, les alentours de l'usine sont probablement minés. C'était bien écrit en grand en rouge sur la porte qu'il ne fallait pas y aller. Nous sommes au cour de Tuumaobjekti. Les bâtiments sont obturés avec des baches. Il y a des signalétiques de dangers radioactifs dessus. Très rassurant.

Demi-tour afin de sortir de la catastrophe, nous remontons dans un état de plus en plus mauvais la totalité de la piste. Sous un soleil de plomb, nous trouvons un paysan fauchant à la main, qui nous guide et au bout de deux heures difficiles, nous retrouvons Paldiski. Une dame très gentille nous accueille chez elle et nous donne à boire. Ca fait tourner la tête, presque à tomber par terre, c'est dire si ça n'allait plus du tout. Nous la remercions avec des Godivas ! Elle insiste pour nous laisser une tablette locale en échange.

Dans la ville, nous continuons de boire de grandes quantités d'eau. Deux heures à rester là sans bouger complètement assommés. Tuumaobjekti fut une erreur grandiose, fascinante mais remplie d'une inconscience du danger extrêmement grave. Comme nous sommes explosés, nous quittons Paldiski en bus. Pour rejoindre Haapsalu, nous devons repasser par Tallinn et c'est merdique à souhait. Arrivée à 13h30, nous glauquons un peu. Nous ne faisons pas de lumière verte. Tout va bien ?!


Ticket de Paldiski

Au bar Hermannuse Maja, nous avons un repas correct. Au soir, nous louons une chambre d'hôte pour le lendemain. Il y a deux chats : Stefik et Mozart.16 juillet

Au matin, nous prenons le petit dej au Rondo Kohvik. Il y a tout plein de petites pâtisseries et c'est bon ! En fait, Haapsalu est une ville de grabataires, ce qui correspond très bien à la description de notre état ! Au nord de la ville, il y a le Tchaïkowsky Pink. C'est un banc avec le portrait du musicien. Lorsque l'on passe devant, il se met à jouer casse-noisette. Etonnant ! (Et ça reste bien en tête !)

A noter la présence d'un supermarché abandonné et un hôtel aussi. L'intérieur de l'hôtel est très préservé (rien de cassé) mais la visite n'a pas grand chose d'exceptionnel.

A midi, nous prenons un " Hamburger " dans une maison, on va appeler ça comme ça. C'est une dame qui ouvre sa fenêtre et qui fait à manger pour les gens. Le sandwich est fait maison ! C'est très baveux ! Même les flics s'arrêtent là pour leurs commandes !

Dans l'après midi, nous louons des vélos et visitons les alentours. A la gare, il y a deux locomotives vapeur. Plus loin vers Paralepa beach, c'est infecté de touristes allemands. Finalement, ça devient marrant après un trajet dans la forêt. Nous tombons par hasard sur un projet russe complètement défoncé. Les bunkers sont inaccessibles, mais esthétiques de l'extérieur. La partie nord de Haapsalu (Sadama) est fermée.

Au soir, photos d'une centrale thermique esthétique. Les gens semblent ne pas comprendre pourquoi je fais des photos de ça. Mais eux ne nous expliquent rien, alors nous ne disons rien non plus. Ensuite, je découvre une usine abandonnée, mais au vu de la fréquentation des lieux, je n'ose pas rentrer.
La nuit à la chambre d'hôte est épouvantable. Très chaud et beaucoup trop de bruit. Kreutzwaldi 8, un lieu à éviter.


17 juillet

Complètement explosés, une " last time " au Rondo Kohvik (qui par la suite restera mythique !) Nous partons en bus pour Rohuküla. C'est un petit port à une dizaine de kilomètres de Haapsalu. Sur le chemin, présence d'une magnifique ruine de château : Ungru Lossi Varemed. Présence aussi d'autres projets russes et d'une usine abandonnée.

Au port, le bâteau est plus grand que ce que je pensais. On y rentre des bus sans ennuis. La traversée est épouvantable à cause des gens imbuvables et de radio käks criarde. Entre les odeurs de clopes, les clébards et les gamins de merde, on applique à merveille Sartre : l'enfer, c'est les autres. Un chien lèche une glace et une fille la finit. On peut imaginer pire ?

Bus vers Kaïna, petit hameau au sud de l'île de Hiiumaa. Nous sommes accueillis par Viivi. Pour la chambre d'hôte, c'est vraiment très bien (Kaïna, Lookese 4). Pas de bruit, pas trop de chaleur, moyen aussi de faire une chasse aux moustiques monstrueuse ! Viivi ne parle presque pas anglais mais on se débrouille et c'est sympa, beaucoup plus que sur le continent. L'après midi, nous allons vers Orjaku sadam, mais ce n'est pas intéressant. Retour en stop avec " le Monsieur de la Forêt ". Bouffe à Lillia. Leur conception de la pizza est très particulière. Une pâte épaisse semblant pas assez cuite. Juste après cela, un concert médiéval. Certains chantent bien, d'autres sont des catastrophes. Les gamins se débrouillent bien.


18 juillet

Petit dej ultraméga complètement copieux, terrible ! Une omelette de trois oufs, un steak de renne (reconstitué), des pommes de terre, du saucisson, du fromage, des tomates et concombres, de la limonade, un café, un gâteau, du miel, de la confiture. Plus encore si motivation, même du poisson ! Du coup, nous ne mangeons presque rien tout le reste de la journée ! C'est du bestial à la Lorraine !!

Viivi nous ammène à Puulaia où nous louons à nouveau des vélos. L'accueil est plus sympa qu'à Haapsalu. Nous partons ainsi de bon matin pour Sääretirp, une pointe de terre de trois kilomètres qui s'enfonce peu à peu dans la mer, devenant de plus en plus fine. C'est un paysage assez étonnant, plutôt rare dans son genre. La même chose à la Côte d'Azur, ce serait le grand supermarché, le métro, la boutique à souvenir, les gens cons, les publicités et les montagnes de merdes et de déchets. Ici, on est tranquille, loin de ces crasses et de cette destruction massive.

Dans l'eau, une multitude de petites méduses me font reculer face à la baignade. Plus tard, on apprendra que ces minuscules bestioles ne sont pas dangereuses. Il y a même le gamin de la dame aux vélos qui joue avec. Sur ce, nous continuons la ballade vers Kassari et Kiisi. Un moulin tout en bois, une chapelle et un cheval qui se roule dans la poussière. De retour à Puulaid, nous louons un paquebot à pédales afin de naviguer dans les marécages et entre les roselières. La conduite est assez rébarbative dans le genre ! Le marécage a souvent peu de fond, encombré d'une multitude d'algues pourrissantes. De ce point de vue là, je suis déçu car je pensais voir plus d'oiseaux dans les marais. Mais bon, c'est une découverte tout de même.

En stop, nous sommes pris dans une vieille mercedes avec intérieur tigre ! (ils sont friands d'intérieur léopard, zèbre, panthère et tout le genre kitsch qui y ressemble) Le type nous explique pourquoi les gens de Hiiumaa sont plus amicaux que ceux du continent. L'île a été complètement fermée jusque 1990 approximativement (je n'ai pas la date exacte). Fermée au tourisme, cela ne s'est réouvert qu'en 1995, ça faisait partie de lieux interdits. Les habitants devaient avoir un visa tamponné pour entrer ou sortir de l'île. Du coup, il s'est créé une ambiance de communauté. Pas bien certain d'avoir tout compris mais il semblerait que ça soit ainsi.
Remarque du monsieur : avant on avait de l'argent mais rien à acheter (subsides russes). Aujourd'hui, on peut tout acheter mais on n'a pas d'argent. Mais bon apparemment, ils sont heureux d'être libres.

Au soir, sauna. Une petite pièce tout en bois. A l'intérieur, un chauffage à bois. Sur le sommet de ce chauffage, des galets. On verse de l'eau dessus et ça fait psshhhhh ! Faut rester dans cette fournaise quelques minutes puis prendre une douche froide. Pouh ! pas évident !


Chez Viivi


19 juillet

Viivi nous a expliqué que les saucisses Mõho sont de renne aussi. Départ pour Kärdla, nord de Hiiumaa. La plage est grande, l'eau très peu profonde sur 200 mètres (50 cm de fond) L'eau est limpide et agréable. Ailleurs et partout ailleurs, il y a des roseaux véritablement partout ! Nous commençons à remarquer également que les noms des rues sont toujours les mêmes. Aia, Kreutzwaldi, Kalmistu, Alika, Pikk, Posti, Endla, etc. La ville n'est pas très intéressante et la chaleur bien intense.

BrrrRraaAåå !


20 juillet

Tout petit matin, Viivi nous dépose à l'arrêt de bus de Kaïna. Nous n'avons pas échappé au petit dej ogrelien ! Les adieux sont déchirants !! Nous partons pour Sõru, un petit port complètement paumé dans la nature. Nous y prendrons le bac pour Saaremaa, la plus grande île du pays. A Sõru, il y a une épave de trois mats très intéressante (pas de noms). Cela donne l'occasion de faire pas mal de photos sur un thème que je n'avais jamais abordé.

Le bateau est très petit et chaque voiture est casée au centimètre près. D'ailleurs, il y a un camping car qui ne rentre pas, quatre heures d'attente pour lui. Toute la place est réservée aux voitures, les humains se casent là où ils peuvent. 15 - 20 voitures au total, pas plus. A l'arrivée, nous sommes immédiatement pris en stop par un transporteur de lait (qui était présent dans le bac). Cela nous épargne de longs temps d'attente et nous filons direct vers Kuresaare, la plus grosse ville de l'île. Quelques renseignements pris, nous trouvons un très bon lieu dodo avant midi.

La ville de Kuressare est médiévale, encore assez touristique. Pas mal d'allemands et de finlandais semble t'il. A midi, nous prenons une pizza immonde. Dans les assiettes à côté, les pigeons se battent pour les restes. Ils mettent les pattes dans les assiettes et envoient valser les fourchettes. Une mouette essaie d'avoir sa part. Cette saleté est immonde et tout le monde s'en fout.

La visite du château fort est intéressante. A l'intérieur, on trouve un musée présentant des vestiges de l'ancienne Estonie. Plus tard, nous visitons un marché. Un vendeur propose des t-shirt de SS avec comme effigie un panzer. Faut oser. Au soir, repas à Budweizer, très moyen.


21 juillet

Le premier bus pour Salme est à 11h30, de ce fait nous faisons quelques courses en centre ville avant de le prendre. Grâce à nous, un chat affamé gagne trois poissons à machouiller. Bargl ! Dans le supermarché, le rayon vodka est monstrueux !

Bus bondé, il fait très chaud. Nous visitons Tehumardi, un mémorial soviétique à l'esthétique très. Hum comment dire ? Bunkerisante ? Carrée béton ? Sovietique années cinquante ?. Ensuite, nous partons à la recherche d'une caserne URSS soit disant bien préservée. Nous mettons pas mal de temps avant de la trouver (détour par un joli étang qui donne envie de se baigner). La caserne trouvée, nous commençons la visite. Les bâtiments restants ne sont pas très bien identifiés et complètement explosés. Il semblerait que nous ayons visité une infirmerie, des garages et un bâtiment de guêt. Il reste en outre un camion de transmission assez comique. Dans les bunkers, je ramasse des ordres de service signés d'un major, plus quelques autres notes techniques écrites à la main. C'est quand même très plaisant de mettre les mains dans le fin-fond des restes de l'armée rouge ! Toutefois, faut quand même signaler que par rapport à nos standards de visite, ces lieux sont ravagés. Les cantines et dortoirs ne sont pas visitables (fermé + Brutus grognant à l'entrée). On a l'impression qu'il manque quelque chose. Ont-ils fait sauter toute une partie souterraine ?

De retour, miam dans un resto soit disant estonien, très moyen. Le poisson n'est pas frais. Au soir, baignade dans la mer Baltique. Avec les algues et la vase, c'est vraiment complètement dégueulasse. Donc. On s'est baigné ? Oui. On a aimé ? Euuuh....
Le retour est piteux !


22 juillet

Réveil à 7h10 pour un bus à 7h45. Oulah ! C'est la course ! (On n'avait pas de réveil)
Un trajet vers Tartu en trois étapes : Traversée Saarema-Muhu, Traversée Ferry, Traversée Pärnu-Tartu. A noter sur le trajet la ville d'Orissaare. Il y a là un terrain de foot avec un chêne en plein milieu. Amusant ! Six heures pour la traversée du pays Est-Ouest. C'est long et crevant. Sur le chemin, des cigognes ont niché sur le toit d'une église.

A Tartu, nous mangeons vraiment bien au Zum Zum. Logement trouvé sans problèmes, nous visitons de ce fait assez rapidement la ville. C'est une cité universitaire, dite de bonnes pensées. La ville est en chantier de toutes parts. Les pelleteuses terrassent les routes, les maisons sont retapées de partout. On dirait qu'ici, ça repart sur un nouveau souffle.

A l'entrée de la ville (Ravila), un gigantesque complexe abandonné, un hôpital, un sanatorium ? Au soir, nous visitons le cimetière, très vaste. Il y a des bancs sur chaque tombe ou presque. Est-ce une coutume locale ou une part de la religion orthodoxe ? Les gens se promènent à vélo dans le cimetière. Bizarre. Dans la chambre d'hôte, la logeuse nous montre son hobby, faire des tapis avec des chutes de tissus. Elle utilise un métier à tisser comme dans les musées. Assez terrible.


23 juillet

Visite du reste du centre de Tartu (c'est une ville vaste). Dans le parc, il y a une pierre à sacrifices. A midi, nous rejoignons l'esprit Rondo Kohvik et prenons des patisseries au Konditriiari. C'est un peu moins bien que le Rondo mais agréable quand même. Nous visitons ensuite les anciennes prisons du KGB. C'est un ensemble de cellules situées en cave. Le lieu est inhospitalier comme convenu. Il y a même une chaise de torture, on voit bien qu'elle a servi. Les documents exposés sont intéresants. On constate qu'il y a une quantité phénoménale de gulags.


Les caves du KGB

Ensuite, nous essayons de visiter la gare. C'est décrépi à mort. Sur les bancs, quelques personnes attendent, dont un individu qui semble dormir là depuis deux ans. Les trains, ça a l'air d'être vraiment très peu vif ! Au soir, je prends un borsch (soupe populaire russe). La variante estonienne semble être le seljanka. En gros pour les deux, c'est un bouillon de tomate. Là dedans, on met tous les restes de la semaine. Le jus du seljanka est plus épais et moins salé. Le borsch contient apparemment plus de légumes et des boulettes. Mais bon, on dirait qu'il y a toutes possibilités de variantes. Donc ça se ressemble pas mal.

Pour terminer la journée, visite d'un bâtiment abandonné, toujours en briques silicates blanches. Annoncé comme une école (panneau) il semblerait que ce soit plutôt un ancien hôtel. Dedans, rien de bien particulier. L'architecture extérieure est plus intéressante que l'intérieur. A noter : presque pas de déchets dehors comme dedans. Un peu partout, les gens sont propres.

Nous avons le droit à une méga pluie. La logeuse avait dit " Little rain, not a tornado ". Et bien ce fut pourtant un beau déluge. Nous sommes trempés et sur le moment, ce fut vraiment amusant ! Juste avant la nuit, je vais prendre des photos de la cheminée de Tartu Energia, véritablement esthétique. Mais le lieu est vraiment zivaté. Enfin nuit. C'est encore jour.

Au logement, des russes foutent un bordel épouvantable jusque 4 heures du matin. C'est à se demander s'ils ont un neurone, au moins un ??


24 juillet

Bien explosés, nous partons pour Mustvee, village au bord du lac Peipsi. Dans ce coin, il n'y a rien ! Le lac est entouré de roseaux et il n'y a que deux rues !
Nous allons voir l'intérieur d'une belle église orthodoxe et nous sommes accueillis par une moine qui était là à allumer de l'encens. Elle nous parle longtemps en estonien puis en russe. On lui dit qu'on ne comprend pas mais elle continue. Etrange, mais malgré tout, aucune sensation de malaise. Cette dame était très sereine. Au final, on a l'impression qu'on avait des choses à partager mais on n'a pas réussi.

Mustvee est la capitale du concombre. Il y avait des gens qui en vendaient le long de la route. Avant, il y avait 60 magasins. Aujourd'hui, plus rien ou presque. L'ambiance semble assez pauvre. Plus loin dans le hameau, l'ambiance est franchement russe. On ne parle pas systématiquement l'estonien dans les magasins. C'est intéressant mais malgré tout, l'ennui arrive vite. Sous un soleil de plomb, le stop ne rencontre aucun succès. Pour un peu, on aurait même dit qu'ils faisaient des écarts pour qu'on ne se foute pas sous leur voiture.

Après une prière au Dieu des Chats, un bus miracle arrive. Ouf ! Le Dieu félin nous entend même à Nõmme ! Sur le trajet, le bus empreinte une piste à Valjaa. Au loin, on voit un paysan qui laboure le champ avec un cheval. Aucune idée si cela est rare ou répandu.

Notas divers sur Tartu : gens un peu moins crâneurs dans le style vestimentaire, (ce par rapport à Tallinn). Tartu = ville poussettes et city landeau. Y'a des mioches partout ! (Ville en reconstruction !) A part ça, nous sommes harcelés de vendeurs de postimees et compagnie. Ce sont des mioches de dix ans qui vendent un peu partout le journal local. Il y en a une armée. Comme des moustiques, ils attaquent toutes les dix secondes. C'est pénible.

Au soir, un envol de corneilles mantelées. Il y en a des centaines. C'est impressionnant. Il parait qu'elles font de grands groupes pour aller dormir. Ce bordel là tous les soirs ? Woaw !


25 juillet

That's the end. Baignade de jus de chaussettes et vêtements d'une saleté gerbante. Traces de transpiration salée sur les sacs, odeurs épouvantables et chaussures bonnes pour la poubelle. Bref. Hum hum ! Départ juste après le petit déjeuner de la logeuse. A pied, c'est assez long. En cours de route, je fais la conversation à une gokzinelle. Nous attrapons aussi sec un bus pour Tallinn. A cause d'un accident sur la route, nous avons un peu de retard. A Tallinn, les chauffeurs sont des morts-vivants grognants.

L'après-midi est réservée aux achats cadeau, des trucs bizarres ! Au Saint Patrick, nous goûtons le vana tallinn (liqueur) qui est un véritable désherbant ! C'est fort !! Même ici, nous avons le droit à cette saleté de jean-jacques goldman. C'est dingue.


26 juillet

Le matin, nous essayons de rejoindre le lac de Tallinn (Ülemitse Jarv) mais son accès est entièrement grillagé. Aucune idée sur la raison. Sur le chemin, gare de Liiva. Au loin, une belle glaucocheminée et des miradors. Une dame ramasse des plantes dans la forêt.

L'après midi, le retour vers Belgia est entamé. Le temps est un peu plus mauvais et ça secoue bien fort dans l'avion. Hum. Dieu des chats ? Krishna ?! A Bruxelles, nous atterrissons dans de belles quantités de flotte, il pleut à verse. Ce fut long, aucune vue tout le long du trajet à cause des nuages malheureusement... Juste un moment où on voyait au loin les deux îles de Pakri puis Vormsii. Il est trop tôt pour tirer des conclusions de ces quelques pas en Estonie. L'impression qu'il y a eu quelques ratés, mais d'une manière générale, ça s'est plutôt bien passé. Difficile d'apprendre quand même lorsqu'on ne connaît pas la langue locale et que l'anglais n'est pas très utilisé. Bref, quelques semaines seront nécessaires pour en dire plus.


27 juillet

Prévisions météo pour l'Estonie : pluie toute la semaine prochaine.
Prévision machine à laver pour aujourd'hui : travail intense :)


29 juillet

L'ambiance est terrible. C'est la même chose tous les étés, surtout le mois d'août. Le programme se surcharge à crever parce que tout le monde est en vacances. Ils ont du temps, je n'en ai pas parce que je suis au travail. Du coup, la réponse est unique pour tous les projets : plus tard... Ce n'est pas très heureux mais je vois l'horreur se préciser de manière implacable. Non, je ne veux pas crever sous le stress, le manque de temps et les promesses non tenues.

A part ça, ces jours sont dédiés à l'analyse des conséquences de la visite faite par erreur de Tuumaobjekti, la centrale nucléaire russe abandonnée. Il en ressort un tableau assez inquiétant, il n'y a aucun doute quant au fait que nous avons été irradiés à faible dose. Plus précisément, voilà ce que j'ai réussi à trouver...

Le coeur de l'usine, soit les deux réacteurs, ont été mis sous sarcophage en 1995 et ont été enlevés du site plus ou moins à la même époque. Ils étaient extrêmement radioactifs.
Les déchets ont été en grande partie enlevés du site en 1998. Cela comprend également l'eau des réacteurs, les déchets d'exploitation et les métaux lourds. La présence militaire russe a disparu en 2000, les objets de défense ont pour la plupart été démantelés ou mis hors d'état. Le site a fait l'objet de 7 ans de nettoyage par deux pays et une trentaine de sociétés différentes. Les dernières opérations de nettoyage semblent dater de 2001.

Pour nous, il y a deux points importants :

-En premier lieu, nous sommes passés durant trois à quatre minutes devant un bâtiment nocif, à 20 mètres je pense. Ce bâtiment contient en sous-sol trois sources radioactives. Impossible de savoir si ça a été enlevé ; à priori non puisqu'un panneau danger nucléaire et une bache interdisent l'accès au bâtiment. Ces sources sont en sous-sol dans des caves. Il est décrit qu'une personne qui descend sans protection dans ce lieu est morte en 5 minutes. Quelle conséquence pour nous ? Il est certain que la distance et le fait que ce soit en sous-sol a un peu protégé. Mais certainement pas suffisament.

-En second lieu, nous avons fait un parcours dans l'enceinte de l'usine durant 20 minutes. Nous avons été au plus proche à 50 mètres du coeur du bâtiment. L'environnement est forcément encore radioactif puisque les journalistes disent que le site est pollué.

Bref, cela constitue de faibles informations. Toutefois, le fait qu'ils manipulaient plus ou moins bien du cesium n'est pas bon, c'est une certitude ! Du coup, ces jours ci sont à l'enquête. Comment a été démantelée l'usine, quelle analyse en faire, quelles sont les conséquences pour la santé lors d'un cours passage ? L'iode se prend normalement à titre préventif, donc maintenant, il est urgent de contacter des gens qui connaissent bien ce genre de problème...


31 juillet

Programme décidément trop chargé, je ne m'en sors plus. Ras le bol.

En ce qui concerne l'irradiation, une première réponse donne quelques indications. Un ami a été demander des renseignements aux médecins du CEA (centre d'études atomiques) En voici quelques extraits :

< Il faut distinguer deux modes de contaminations :
- Les radiations. Tu t'en es pris c'est certain, comme tu t'en prends quand tu va te balader en Bretagne (le sol est riche en uranium dans le granit). Pour cela il n'y a rien à faire, une dose ponctuelle n'est pas grave. En fait les radiations vont provoquer des dégats dans l'adn que l'organisme va réparer sans problèmes. Si c'est ponctuel, il y a peu de chance que cela provoque une cassure que l'organisme ne soit pas en mesure en réparer.

- L'inhalation de radio-éléments. Si tu n'a pas été pris dans une tempête de sable lors de ta visite de cette centrale ou si tu n'a pas léché la terre, il y a un risque infime que tu aies respiré ou avalé des radio-éléments. Les radio éléments sont des sources de radiations. Leur
présence dans le corps va engendrer des cassures à plus long terme, augmentant ainsi le risque qu'une réparation de l'adn soit mal faite. De plus les radio éléments (par les radiations) provoquent l'apparition de radicaux libres, une classe de molécules dites "oxydants" qui peuvent abimer elles aussi l'adn.

Tout ce que tu as a faire, c'est de continuer encore la prise d'iode pendant deux trois mois encore (le césium a une demi vie biologique de 100 jours) et de manger des carottes (riche en anti-oxydant et bon pour la santé). Pour la radiation, l'unité est en Rondberg. >

Heureusement que ces indications arrivent. Je ne fais nullement confiance a un médecin généraliste qui va broder n'importe quoi pour qu'il soit payé au bout de la consultation. Etant donné que je sais que l'objet avait une émission de plus ou moins 60 Rontgen heure, je vais me renseigner sur la puissance que cela représente. Mais à priori, comme le dit le CEA, l'Estonie est un pays sûr du point de vue démantèlement nucléaire, parce que la Finlande est proche. Bref, la période est 'atome' en ce moment...

Je me suis également renseigné sur l'accident de Chernobyl. Les conséquences sont l'illustration à grande échelle de ce qui aurait pu m'arriver. Pripyat la ville fantôme ressemble d'ailleurs en certains points à Paldiski... Bref, encore (à priori) trois mois et on oublie..

 


Mon album de Zemfira - Les 14 jours de silence

1er août

Juste après le travail, me voilà parti pour le Glaukistan autonome. Sont prévues des visites d'ardoisières souterraines dans le coin de Fumay et Monthermé. Il est 20 heures lorsque j'arrive à Arlon. Je n'y ai pas vu Isabelle.

Je retrouve Bernard et Olivier, nous partons en premier lieu pour Fumay. Le glaucosquatt se fait dans la forêt, nous dormons à la belle dans un chemin complètement paumé. Ce n'est que le lendemain que commenceront véritablement les explorations.


2 août

Près de la gare de Fumay, nous retrouvons Benoît qui sera notre guide pour ces souterrains. Nous commençons par la carrière "Saint Antoine" de Haybes. C'est une galerie qui descend en escaliers jusqu'à un palier un peu encombré d'eau. Au fond, une concrétion ferreuse assez glauque. Juste après, nous allons à l'ardoisière "Madame de Cormont" située 200 mètres plus loin. Le site est une longue galerie rectiligne qui ensuite se subdivise en quelques chambres d'exploitation. Le site est fermé par une grille, ce qui empêche les dégradations. (De toute manière, ces lieux paraissent très peu fréquentés).

Après un repas de gastrovomie bien habituel, nous tentons une visite de l'adoisière Saint Joseph, mais celle ci est fermée avec une porte. Dommage... Nous partons ensuite à la recherche de l'ardoisière "Trou Gigot" située dans des forêts assez touffues. Il fait vraiment très chaud et nous ne la trouvons pas. C'est décevant mais.. c'est de la faute aux arbres ! Pour terminer la journée, nous partons encore en prospection sur deux sites : "Clos Roland" et "Saint Wladimir". Le premier ne sera pas trouvé, le second sera intéressant.

A Saint Wladimir, on trouve près de la source indiquée sur l'ign une galerie qui va très vite dans une eau glaciale. Il y a un courant d'air terrible, une véritable climatisation. Au dessus de ce site, plusieurs galeries. Ce sont d'anciennes exploitations dans un état extrêmement mauvais. Des traverses en bois complètement pourries retiennent au dessus de nos têtes des tonnes d'ardoises empilées. Un mètre ça va, cinq mètres de long c'est dangereux, mais alors... Trente mètres avec des bois tombés, des ardoises qui ne tiennent que par la resistance d'un cheveu ?! C'est trop dangereux, nous rebroussons chemin.

Dans l'une de ces galeries et dans un coin bien difficile d'accès, nous trouverons un bel escalier fuyant dans une eau très limpide. Rageant que ce soit noyé parce que ça donne envie !
Au soir, nous dormons dans la forêt, un endroit tout aussi paumé. Très agréable. Olivier m'évoque l'un de ses rêves, rentrer dans un supermarché avec un tank et tirer sur les rayons de produits de consommation.


3 août

Au matin, dernière visite de Saint Wladimir, nous partons aussi sec pour le bassin de Rimogne. Nous y trouvons non sans peine la descenderie de "Saint Brice", mais elle est fermée à clé. Au musée de l'ardoise, j'en profite pour aller glaner les renseignements, à qui demander une autorisation... J'en profite également pour acheter un second exemplaire du bouquin de Léon Voisin.

A midi, nous visitons la belle tour d'extraction (le chevalet). Cela donne une magnifique vue sur l'ensemble ardoisier et le paysage lointain est splendide. Il reste les berlines, la cage et son bureau de manoeuvre, la molette et le moteur d'entraînement. Un mini-Cheratte en quelque sorte.

Dans l'après midi, nous allons prospecter Monthermé. Ardoisière "La Carbonnière" non trouvée puis l'ardoisière "Mal Hanté" assez photogénique. Le site est fermé avec une grille. Là également, ce sont d'anciens travaux dans un sale état, petits volumes mais lieux intéressants par leur esthétisme. Principalement, deux galeries dont l'une comporte les restes d'une poudrière. D'une manière générale, les ardoisières d'Ardennes sont difficiles à trouver, sur des terrains en pente, d'une longueur rarement supérieure à 200 mètres. Ce sont des lieux tarniformes à cause des effondrements. Avant, c'était plus vaste...
Aucune des ardoisières proche du centre-ville ne semble visitable (Fumay, Monthermé, Rimogne). Toutes noyées ou possédant une entrée rasée. C'est dommage car c'était systématiquement là le plus vaste ensemble de creusements.

Pour terminer la journée, nous allons à la carrière Sainte-Anne de Dinant. Toutefois, les types qui font du ball trap sont là par trentaine et tirent dans la carrière, c'est perdu... A Dinant, il y a une populace exaspérante, ça ne fait pas de mal de rentrer à la maison...


5 août

Extrait d'une interview sur la sortie de "société de consommation"

*Pouvez-vous présenter en quelques mots Glauque et ce nouvel album ?
Glauque est un projet de déstructuration noisecore proposant une musique asociale arythmique et atonale. Le dernier album "société de consommation" représente l'aboutissement d'un an de recherche en matière de démolition. Je suis groupé avec moi-même. En tant qu'anormal, je ne vois pas avec qui je pourrais composer.

*Le contenu est extrêmement violent, quel est le but ?
C'est une représentation de mon univers schizoïde paranoïaque. La société de consommation détruit mon âme comme le feraient des bombes atomiques sur un village. Il reste dans mon coeur des charniers complètement fracassés, je ressens mon esprit comme brisé, n'ayant pas résisté à l'agressivité du monde extérieur. Je préfère encore être à côté d'une poubelle plutôt que de quelqu'un. Ce disque concentre ce que les gens abominent le plus : des bruits d'usine, des hurlements de douleur, des râles d'agonie, des explosions, un sentiment d'insécurité... C'est pour imager ce que la société fait dans mon coeur. Ce que eux détestent et ne peuvent écouter dans ce bruit de torture, la société me le donne chaque jour. Les supermarchés et la populace immonde, la musique soupe assénée partout, les avis de cons qui s'amusent au mois d'août à la côte d'azur, la télé, les voitures, les flux touristiques, le pinard et le camembert...

*Donc c'est une image de refus, quel public touchez vous ?
Oui. Une lamentation tout droit sortie d'un esprit torturé. Un refus construit comme un soulagement. Une boule de pue qui doit être crachée... Je ne touche pas de public. Personne ne s'intéresse à la musique industrielle. Ce sont des projets sortis à trente exemplaires, c'est très confidentiel... Mais les gens qui écoutent cette abomination apprécient - peut-être simplement parce qu'ils sont tout autant paumés. De toute manière, la société ne peut pas accepter ce qui la condamne...

*Vous sentez vous prêt pour l'asile psychiatrique ?
Complètement, oui. Mais au contraire d'un compositeur comme "Clinic of Torture" qui réalise ses disques à partir de véritables sons de torture, les réalisations de Glauque sont une image, une représentation. En quelque sorte, il y a une barrière entre le disque et la vie courante, je ne tiens pas à être considéré comme un futur assassin en puissance. Il y a une gestion qui est faite par rapport à la lobotomie de mon esprit. Le disque vient imaginer la réalité de mon âme détruite, mais cela n'est pas visible pour n'importe qui. La vie courante est au renfermement, ça ne se voit pas. Il est certain que cela est une description de schizophrénie. Les gens s'étonnent que je ne sois pas très loquace, mais il y a un problème quelque part et je ne veux pas que ce problème soit prépondérant... La psychiatrie ne changerait pas grand chose. On ne renverse pas un regard sur le monde en quelques minutes. La solitude est un échappatoire correct. Plus je suis loin de votre monde, plus le sentiment d'horreur s'apaise.

*Etant donné qu'aucun changement n'est prévu, vous prévoyez un album pire d'ici quelques mois ?
Glauque est avant tout une recherche, retraduire une image pure de la brisure interne. Je n'ai absolument pas envie de sortir 180 albums identiques comme Merzbow. Ce qui compte, c'est d'avoir au final une sonorité exacte. Ici, société de consommation en est proche. Mais il ne ressort qu'une image de violence et de douleur, il n'y a pas de tristesse et de morbidité. Si prochain album il y a, ce sera un sujet de recherche. Je suppose que lorsque l'image exacte sera trouvée, j'arrêterai les recherches. Bien sûr, les sentiments internes changent, mais pour l'instant c'est plutôt stable. En fait, les albums précédents ne m'intéressent plus. Je souhaite arriver à produire un son et un seul, qui soit parfait par rapport au souhait évoqué. Donc Glauque ne sera qu'un seul album.

*Quant à la pochette, pourquoi un camp de concentration ?
Ce n'est pas un camp, je n'utilise des images de cette dimension que lorsque je réalise des tracts ironiques, et encore c'est rare. Parce qu'on ne peut rire avec autant de souffrance et de barbarie. Ici, il s'agit d'un mirador de centrale nucléaire abandonnée. C'est typiquement le genre d'image grise et répulsive que les gens détestent. Mon but est en cela : construire ce qu'ils haïssent tous. Ma vie est là.

*Et qu'en est-il du projet d'enregistrement en mine ?
Ici, les sons proviennent de récupération. Il y a des échantillons d'usines, dont particulièrement la cokerie de Buda Marly. Ensuite, j'utilise aussi des morceaux de Céline Dion et autres caves commerciales du genre. C'est particulièrement défoulant de détruire méthodiquement les chansons de ces andouilles. L'enregistrement en mine viendra probablement, parce que les sonorités de fortes résonances sont intéressantes. On peut bien sûr les recréer artificiellement, mais je préfère retravailler des sons naturels en espace naturel.

*Avez-vous des retours de personnes ayant écouté ce disque ?
D'une manière générale, c'est un retour d'horreur. Les gens ne peuvent pas en écouter plus d'une minute. Ils sont totalement horrifiés. Ils ne comprennent pas l'intérêt, ils n'y trouvent qu'une vague de sons saturés à l'extrême. Ils trouvent également que c'est affreux, très répulsif. Ce n'est pas compréhensible pour eux, même avec beaucoup d'explications. La maladie mentale, c'est se retrouver en dehors de tous les référentiels de la société, sans être compris de qui que ce soit. Là, on y est.

*Et pourquoi les titres "non consommable"
Tout simple ! Ce disque n'est pas un objet de consommation qu'on trouve à bas prix au colruyt. Ce n'est pas gratuit, ce n'est pas payant. C'est un objet sans valeur marchande. C'est un produit de l'imagination, une fascination intellectuelle pour l'extrême anormal. Pour connaître ce contenu, il faut faire un pas dans soi-même, accepter d'accueillir l'immondice. Le produit de consommation donne une satisfaction aux gens. Ici, c'est l'inverse. Le produit demande aux gens un effort. C'est un concept très plaisant.

*Que conseillez-vous aux gens qui vont vous écouter ?
Conseiller ? En premier lieu, de faire attention aux enceintes. C'est saturé sur toutes les fréquences et ça peut abîmer le matériel. Ensuite, conseil ? Peut-être de ne pas émettre de jugement sur le sujet... On est dans une société qui stigmatise les individus, les malades mentaux sont mis à l'écart. Or, ce sont des gens qui ont une vie, une âme, un coeur. Des fois, ils sont pénibles à gueuler toute la journée, mais les sentiments qui les habitent sont bien moins pourris que les gens normaux. Un conseil ? La société ne fait que ça de proférer des conseils pré-formatés, des lignes à suivre... Ne pas hésiter à sortir du chemin, à consommer sa liberté, même si c'est dangereux...


Caserne de l'Armée Rouge

8 août

Hier soir, avec Olivier, nous voilà partis pour une visite de la carrière souterraine de Mazy. Pour moi, c'est la dernière fois, sûr de sûr. Ca signifie que je n'y retournerai pas avant dans deux mois ;-)

Par rapport à la dernière fois, encore moult changements. En premier lieu, ce qui est le plus marquant, c'est le niveau de l'eau. Ca a baissé de deux mètres cinquante ! Cela permet d'apprécier une part du dispositif de la pompe. Celle ci était stoppée totalement et la lumière éteinte. Près du tuyau monstrueux de pompage, il y a des boules bleues qui sont pendues à un fil. J'imagine que cela leur permet de connaître le niveau de l'eau. On a fait très attention de ne pas approcher le matériel, pour ne pas perturber d'éventuelles mesures d'on ne sait quoi.

Autrement, les chantiers de taille avancent lentement mais sûrement. Un travail vraiment très beau et très propre. Leur travail : une partie de la roche est percée verticalement par de multiples trous. Ca permet de détacher la roche (les trous se collent les uns aux autres pour former une ligne) Ensuite, ils attaquent à la haveuse. Les blocs sont débités à l'aide d'un système de lèvres. En fait, ils enfoncent des pointes dans la roche, une tous les cinquante centimètres. Ainsi, les blocs se délitent. C'est une roche très dure et très homogène, plutôt marno-calcaire, couleur gris foncé.

A part ça, la galerie concrétionnée n'est pas massacrée. La galerie principale "pompe chantier" semble avoir été nettoyée encore une fois. Par rapport au tout départ, c'est vraiment impeccable. Une découverte, la présence d'un puits remblayé. Sinon, rien de neuf. Les vaches était meuglantes, comme d'habitude !

En plein milieu de l'exploitation, on a trouvé un crapaud qu'on a ressorti au jour. Il était complètement amorphe. Avec la chaleur des mains, il recommençait à sauter partout. Pauvre petit chou ! Au soir à la maison, un crapaud dans la cuisine, l'air un peu paumé. C'est un phénomène de mode ?!

Olivier a été à Interprochim, ça lui a beaucoup plu.
Il s'est englué dans des bitumes à Buda. Ca, c'est vraiment terrible à vivre !

A peine le travail terminé, me voilà reparti pour la glauquitude. Rendez-vous avec Olivier pour aller lui montrer la Clinique Sainte Elisabeth que je connais déjà. Une surprise de taille, le lieu est en chantier, il y a des glauques partout, la partie du jardin d'enfants est dépecée. Ne restent que les façades.

Nous faisons tout de même le tour des lieux. Rien de neuf, sinon la toujours belle attirance envers la morgue, la table de dissection et sa tristesse décrêpie. Les couloirs sont dans un état de défonce extrême, il n'y a pas une vitre en état, il n'y a pas un radiateur qui ne soit pas cassé pillé ravagé en mille morceaux. C'est un paysage d'un chaotique extraordinaire.

Eplucher les radios donne de belles images, tout particulièrement la radiographie d'une dame qui a avalé deux bagues ! Nous sommes de retour à la maison assez tard.


9 août

Un peu avant midi, nous partons faire l'ultime visite de Tertre. La cokerie est en cours de démolition et c'est tout à fait impressionnant. Le bâtiment des silos est un navire en train de sombrer. Ils ont dynamité les bases, les silos se sont écrasés au sol dans un chaos terrible. Les aciers sont enchevêtrés, les parois éclatées et pendouillantes à 45 degrés, c'est la fin... Le bâtiment du broyage n'est pas touché, mais quelques zones du débenzolage sont éclatées aussi. Particulièrement, des cuves sont découpées en charpie informe et dantesque, c'est gore...

La partie fours est presque intacte, il n'y a que les portes qui ont été arrachées. La visite nous prend la journée, sous une chaleur de plomb assez insupportable.

Au soir, nous filons à la Malogne. Le trajet nous fais passer dans le centre humain de Mons, c'est absolument affreux. Heureusement, nous retrouvons rapidement la sortie et la solitude souterraine. Sous terre, peu de changement sinon le niveau de l'eau qui a beaucoup baissé. En fouillant cette carrière gigantesque, nous trouvons encore de nouveaux quartiers. Ils sont rectilignes et monotones.

Au moment d'aller dormir, nous constatons que des glauques ont pris notre place de dodo. Du coup, nous squattons du côté du terril de Noirchain, dans un champ près de l'autoroute. Pas très reposant comme truc !


10 août

Nous sommes réveillés par le tracteur. Ca, c'était immanquable !

Sous un soleil de plomb, nous partons pour la mine de Lambusart. Sur le passage, quelques photos de la tour d'extraction du Roton. A Moignelée, les broussailles sont tellement impénétrables que nous ne retrouvons pas l'entrée.

Nous filons alors sur Carsid. Dans une situation de pollution, de poussière, de chaleur abominable, nous traversons l'ensemble de l'usine. Pas une seule personne prête attention à nous. Dans un bâtiment à l'état glauque, nous trouvons des brochures de présentation de l'usine, du train de 800, des comparaisons de haut-fourneaux japonais et belges, des caractéristiques de la cokerie, des plans, etc... Tout est sous une poussière de ferraille, c'est abomiffreux !

Plus loin, nous allons admirer la cokerie à partir de l'arrêt de tram "La Providence". Ca donne un très bon spectacle, mais ce serait quand même nettement mieux côté défournement. Je suppose qu'une demande sera faite vers la fin de l'année. Il fait une chaleur trop forte et nous décidons d'en terminer là.

Nous finissons la journée à Court Saint Etienne, l'usine Emile Henricot. Les moules bizarres sont toujours aussi fantastiques et j'en profite pour refaire toutes les photos. Toutefois, le betatron a été explosé par des petits merdeux qui ont tagué n'importe quoi.


11 août

Equation temporelle de la fatigue :
Action > Alerte > Resistance > Troubles > Limite > Effondrement.
Actuellement, je suis en état limite. Plus rien d'agréable et conneries alzeimerizantes multipliées. Chaque été c'est pareil...


12 août

La fatigue est décidément très dure à combattre ces jours ci. Dans un mélange de chaleur excessive et d'envie d'inexistence, je ne trouve plus beaucoup d'échappatoires... Depuis longtemps, je cherche des solutions pour rétablir un rythme normal, mais dès que j'entame des démarches en ce sens, ça développe des dépressions passagères, parce que je ne fais plus rien que j'estime bien. Or, le surmenage perpétuel créé également des troubles importants, dont la dépression. En quelque sorte, je me suis concocté mon propre piège ! Dans un sens ou dans un autre, je sais ce qu'il m'attend, et ça ne me tente pas des masses... Peut-être faut-il que je passe par ce stade immonde dans le cadre d'une véritable violence sur mon comportement habituel ? Dans tous les cas, je m'en sens complètement incapable et je crois que ce n'est pas souhaitable du tout.

En attendant, ce que je dois gêrer n'est pas joyeux... Mon humeur est très vacillante, ça va du n'importe quoi excentrique à la mélancolie, sans que je puisse toujours expliquer les raisons. Egalement, je suis complètement paranoïaque, misanthrope et irritable. Mon rythme de vie est perturbé et illogique, mon sommeil ravagé par l'anxiété, ma consommation alimentaire complètement délirante. Je sais que cela est la liste quasi exhaustive de symptomes justifiant mon manque de concentration. Toutefois, je ne peux me résoudre à accepter ces faits de manière intégrale. En effet, la communication envers autrui est jugée normale pour les gens. Or, j'estime que ce n'est pas une nécessité. Cela conditionne beaucoup mon espace de vie, qui se constitue essentiellement par la fuite : je fuis tout ce qui est possible de fuir en matière de relation sociale.

L'avenir est toujours la question qui se pose à ces problèmes : quel futur dans ces situations là. A mon avis, il faudrait plutôt que j'arrive à accepter mon passé, ça changerait déjà beaucoup de choses. Mais c'est un véritable combat car j'ai une très mauvaise estime de moi. Etant donné que je ne peux traiter tout cela seul de manière active, il faudrait que je retrouve un chemin par hasard, et que ça prenne du temps. La paranoïa est bien trop prégnante pour que je puisse faire confiance à qui que ce soit... En attendant, le présent oscille souvent dans des directions peu justifiables, mais il n'y a rien de grave. En premier lieu, du sommeil arrangera un peu la situation...


Souvenir de Mustvee

13 août

Et dire que j'avais failli rejeter complètement le dernier album de Tue-Loup... C'est vrai que certains titres sont véritablement mauvais, parce que cela ne correspond pas vraiment à l'âme du groupe (ce sont des morceaux d'invités). Toutefois, on retrouve une plongée dans l'univers pluvieux des champs aux vanneaux dans quelques morceaux vraiment riches en profondeur. La tremblante, Trouver le temps long et tout Jeter aux orties, encore des thèmes ravagés de tristesse dans lesquels je retrouve le fond d'une l'âme en peine... Finalement, tant qu'il y aura cette image de champs mouillés en hiver, il y aura une adéquation. Au fond, je ne rejette pas les moments complètement plombés, puisqu'ils représentent ce qui s'agite au fond de mon coeur... La mélancolie est condamnée comme humeur à mettre à la poubelle. Or, je ne vois pas en ce monde ce qui pourrait évacuer ce sentiment...
J'ai encore la lettre de Xavier dans une boîte au fond d'une armoire. Ca ne se perd pas des choses comme ça...


14 août

La semaine dernière, j'écoutais Survival Unit tôt le matin. Je me croyais seul. Un collègue qui passe juste à côté du bureau avec un regard tétanisé, presque terrorisé. Ah ah ! Ca me fait bien rire ! J'ai coupé quand même... Faut pas les choquer trop fort...

 

15 août

A mon sens, la photo de nu artistique ou de portrait n'a plus aucun sens parce que tout a déjà été fait. A moins de réaliser un portrait d'un roux plus que roux, et encore... En recherche de thème, j'avais décidé il y a quelques années de pousser dans deux limites peu explorées. D'une part, la photo souterraine et industrielle, d'autres part la photo de morts. Ces deux thèmes posent des difficultés majeures. Il y a des problèmes complexes d'éclairage, des questions de sujets à trouver également. Ces deux thèmes me constituent une recherche quotidienne, c'est agréable.
Me voici ainsi parti à la recherche de morts...

Jeudi soir : fosse mortuaire du cimetière de G. Le site comprend deux fosses communes rassemblant les ossements des concessions expirées. La première prend forme de trois caisses souterraines de béton recouvertes de plaques métalliques. Elles sont vides. La seconde est une pièce souterraine longue de 30 pas, recouverte d'une plaque métallique et accessible par une échelle. Les murs sont constitués de niches, pour la plupart fermées avec du béton. Les ossements se trouvent derrière les murs et je n'ai nullement envie de casser ça. Par contre, les niches ouvertes laissent voir de belles choses. Tout particulièrement, il y a un cercueil en attente, recouvert de toiles d'arraignées glauquiformes. Pas de photos ce soir là parce qu'il me manquait les bougies, mais je le ferai la semaine prochaine...

Vendredi : cimetière de B. Les ossements sont probablement situés dans un baraquement fermé à clef. Sur le verrou, une indication "Evazomer". Je ne sais pas ce que ça peut signifier.

Dimanche : cimetière de R. Les fosses sont trois caisses souterraines en béton. Elles sont vides.

Cimetière de Rt. Les ossements sont probablements confinés dans deux mausolées fermés à clef. Une statue bizarre domine des deux portes. Pas de photos possibles du coup...

Voilà pour ces premiers maigres résultats. Attaquer sur de plus vastes cimetières sera robablement intéressant, mais peut-être également plus problématique... C'est un sujet photographique difficile, qui a tendance à révolter les gens, mais je cherche à inscrire la démarche dans un grand respect. Je ne casse ni ne creuse et ne touche pas les ossements. Je fais en sorte également qu'on ne retrouve pas de traces de mon passage, pas de coulures de bougies ni de changements dans l'environnement - sauf peut-être quelques toiles d'araignées en moins !

L'art comme il est conçu actuellement est complètement sclérosé, c'est un véritable cancer.
-Les peinturlureurs charlatans tracent trois traits merdiques et en sont fiers. Heureusement, quelques-uns comme Civiello proposent une alternative assez fascinante (La Graine de Folie).
-Les imbus de la litterature sortent des pitreries à grand tirage et s'en vantent. Mais là véritablement, tout le monde s'en fout, on en fais pas vraiment du foin, donc ce n'est pas grave... Heureusement encore, quelques auteurs acharnés sortent discrètement de la litterature d'intérêt tout autre que ce qui se vend dans les gares...
A chaque fois, on se retrouve finalement dans un milieu proche de l'implosion, mais quelques types résistent. C'est ça qui vaut le coup. En ce qui me concerne, je suis peut-être complètement lamentable, mais tout au moins c'est ce chemin ardu que je veux suivre, tracer une route en contradiction avec ce monde lobotomisé par la télévision... Quand je serai crevé, il restera quoi de ce que je construis actuellement ? Rien que du néant. Est-ce important ? Est-ce que ces documents ont donné une seule seconde un sens à la vie de quelqu'un, à la mienne également ? Certainement non et c'est cette inutilité qui est à explorer. Ca ne se vend pas parce que ça a franchement aucune valeur. C'est ce qui constitue ce fascinant chemin ardu.

16 août

Une discussion avec une personne me connaissant bien...
-Quoi ? Tu lis ce journal toi ? (de l'air de dire que c'est un tas de merde)
-Oui et d'ailleurs, je n'y retrouve absolument pas le vincent que je connais, mis à part dans les compte-rendu d'exploration...

Peut-être parce que dans cet écrit, je me permets de parler de ce qui est mauvais en mon coeur ? En fait, je sais que les gens se foutent éperdument du journal comme de ma vie, et ils ont bien raison - ça me donne une certaine liberté dans l'écriture. Du coup, je relargue tout le chaos dans la ligne, ce que la vie ne me permet aucunement. Possible que la différence de perception soit là ? Dans la vie courante, je ne parle pas beaucoup des choses qui vivent en profondeur...

17 août

La fatigue de ces derniers jours est résorbée. Elle a quand même entraîné de sacrés désordres mentaux...


18 août

Il y a quand même de nombreux artistes qui produisent de magnifiques compositions. La haine me fait dire des conneries gigantesques.


21 août

Toutes les obligations sont terminées et je me sens libéré. C'est une belle sensation. Il ne me reste rien de précis à faire, alors pour une fois j'en profite et je ne fais rien de constructif. C'est bizarre de se vanter de telle chose, mais finalement ça faisait longtemps que j'essayais d'en arriver là. D'habitude, lorsque le planning se vide, je recharge immédiatement pour ne plus penser à rien. Là, je laisse les jours vides et c'est étonnant que ce soit bien, ça se fait sans dérives complètement débiles.

En attendant, ce soir je vais aller faire des shootings du cimetière du quartier, surtout en injectant de la lumière colorée avec des flash. Ainsi, on obtient des croix rouges, des murs bleus, des sols verts, des photos amusantes... Enfin, ce sera expérimental, parce que je n'ai jamais rien réussi de tel pour l'instant...

23 août

Après une petite reconnaissance à Moignelée, où nous retrouvons la mine de charbon que nous avions perdue, nous voilà parti pour Temploux. C'est la plus grande brocante de Belgique, autant dire qu'il y a de quoi fouiller. La première partie de la journée est dédiée aux collectionneurs. Cela signifie que le prix de la moindre connerie est multiplié par quatre. Du coup, il est difficile de trouver chaussure à son pied. Certes, il y a plein de belles choses, mais est-ce réaliste de mettre cinq euros pour un sous-bock ?! C'est un peu dans cet ordre d'esprit là pour tout et je repars sans trouvaille.
Une citation de Bernard : pourquoi acheter des vieilleries alors qu'on peut trouver plein de choses neuves dans les hypermarchés, hein ! C'est bien évidemment ironique.

Après un repas chez Bernard à Floreffe, nous repartons pour la brocante de nuit. Cette fois ci, l'ambiance est nettement différente. Il s'agit de gens qui vident leurs greniers, c'est nettement plus intéressant. Les trouvailles sont nombreuses, surtout du matériel photographique. Il faut dire que j'étais particulièrement en rade. Bref, du 28 au 400mm, le sac se remplit rapidement. Il est 1h30 du matin lorsque le retour à la maison est terminé. Une brocante de nuit, ça propose une ambiance très particulière. Ce que j'ai apprécié, c'est le manque d'agressivité, pour ça c'était chouette. Par contre, scruter les objets dans le noir est véritablement très fatigant et je me sens un peu lapidé. En plus, les étalages sont quelquefois éclairés, d'autres non. C'est difficile de rester concentré dans ces conditions.

Une citation, juste un truc que je retiens parce que c'est ce que j'aime dans la Belgique. Dans la rue, je dépasse deux flics avec un chien. Deux mètres plus loin, j'entends "Mais d'habitude tu les manges les bombons !" "wouf Wouuff?"


24 août

Il y avait beaucoup de monde à la brocante, bien trop. Me voilà plongé dans une crise de misanthropie sans précédents. Certes, j'avais vraiment besoin de matos photo ancien (en 42 vissant). Je sais bien qu'il y a que dans ce genre d'endroit que je peux en trouver correctement, donc je ne pouvais éviter. Mais ce fut une épreuve lourde. Du coup, la blessure interne ne cesse de se déchirer plus profondément. Je déteste tellement les gens, je me demande comment j'arrive encore à tenir le choc pour que ça ne se voit pas. C'est d'ailleurs un aspect très contradictoire parce que les gens ne me connaissent pas en vérité. En ce qui concerne la relation à autrui, je suis sensible et extrêmement vulnérable. Or, j'ai construit une telle barricade que les gens croient que je suis normal, complètement sociable. C'est une façade et rien de plus, de la fausseté. Souvent, cette façade prend le dessus et on me pense en sociabilité : c'est à dire que pour eux, il est normal que je parle, que j'écrive des courriers, que je sois amical... Or ce qui vit en mon intérieur est une blessure profonde, car je recherche l'isolement comme havre de paix et je ne le trouve jamais. Je hais mais ce n'est pas de l'eugénisme puisque moi-même suis faible... Bref, je vais laisser ces lignes là comme je le fais d'habitude. Je sais que rien ne changera. Cette nuit, je camouflais encore des idées bien noires. Je crois que le mieux est d'opérer un retrait autant que possible... Limiter les mails du plus que je peux, surtout ça. Puis arrêter le site internet, arrêter d'essayer de partager des choses qui ne sont pas partageables. Je pars au fond de ma grotte pour un petit bout de temps.



25 août

Rien à faire, je perds régulièrement ma stabilité... La solution est d'opérer un retrait modéré. Ce qui est trop extrême ne tient pas parce que ça n'a pas de sens, ce sont des directions prises sur coup de têtes. Un véritable isolement, ça va se construire doucement. Si on veut on peut dit le dicton... Je ne crois pas qu'il y ait des actions dramatiques à mener, tout ça va se calmer doucement.

En ce moment, je lis un bouquin sur Clabecq. Les actions qui ont été menées lors de la fermeture des forges sont assez lamentables. Là encore, on constate deux choses :

-La bêtise est toujours celle qui prévaut sur la raison. Que d'argent perdu dans les tergiversations lamentables, que de connerie dans les débordements... d'Orazio et sa bande apparaissent comme de gros cochons qui n'ont rien construit, ils n'ont rien fait que de mener le haut-fourneau au chaos.

-Le système législatif belge est complètement incompétent. Même les législateurs disent que c'est d'une confusion telle que plus rien n'est possible tant les contradictions sont multiples. En fait, l'impression générale, c'est que le système politique belge est complètement sclérosé. Des milliers de ministres, plus personne ne sait qui fait quoi. Du coup, plus personne ne fait rien. D'ailleurs ça se voit. L'état des routes est digne du quart monde, les administrations communales sont dignes de l'époque stalinienne, la population se retrouve face à un système incompétent complètement indépétrable (double impôt, paperasses kafkaïennes, démarches impossibles à réaliser en moins de dix ans... Je n'en rajoute pas puisque je suis moi-même dans ce cas concernant mon insertion en Belgique...) Il en ressort un désintérêt massif pour beaucoup. L'impression qu'il faut raser toutes ces institutions pour repartir sur quelque chose de normal. En fait dans l'Europe, la Belgique apparait très nettement comme une abbération... pourtant, c'est un pays très investi dans cette question. On se mêle des grandes choses avant même de remarquer que la situation de l'emploi dans son propre pays est digne d'un chaos total...


27 août

Au prix de quelques efforts, la situation s'arrange très nettement.
-Décalage de 10 minutes des heures de repas. Ainsi, j'arrive à être seul, ou presque. De plus, je me retrouve avec moins de monde là où je vais acheter les tartines.
-Arrêt en grande partie du développement du site internet. Temps perdu à la vacuité, cela allègera le quotidien. Mais je n'arrête pas tout, l'extrême n'a rien de bien bon.
-Arrêt des courriers, l'un des points les plus importants. Je retourne dans ma grotte parce que cela est un souhait profond. Pas complètement non plus pour la même raison...
-Walkman dans le train. En fermant les yeux, ça me permet d'être presque ailleurs.
-Acceptation des instants de rien. Si y'a rien à faire, ce ne sera pas grave. Impressionant d'en arriver là à décider des conneries au couteau mais c'est un véritable problème dans mon comportement, j'en rajoute tout le temps et c'est n'importe quoi au quotidien...

En fait, il y a une part des choses à faire entre la personnalité, les obligations et les passions. Jusqu'ici, les deux derniers ont eu tendance à écraser une personnalité très effacée. Peut-être simplement qu'il y a une balance à ré-équilibrer ?
Depuis que j'ai commencé cela, je n'ai plus fait de cauchemar. Un hasard ?

 


Ramené de la clinique Sainte Elisabeth abandonnée à Bruxelles

30 août

A l'aube de l'aurore, nous voilà partis avec Luc pour Zichen-Zussen Bolder. L'expression aube de l"aurore est d'ailleurs devenue célèbre puisque même Antonin l'utilise ! Zussen est un petit village belge proche de la frontière néerlandaise. Il y a là un site de carrière souterraine se rattachant à l'entité de Maastricht. Le SOK, fêtant ses 25 ans d'existence, ouvre les lourdes portes d'un site souterrain assez méconnu. Nous y rencontrerons des grands noms du petit monde subterranéen : Ton Breuls, Joep Orbons. Nos apprenons également que Rik Bastiaens était présent, ainsi que quelques-uns de la bande à Roulon, les berglopers.

Zussen est une carrière d'aspect assez similaire à Lanaye, mais la hauteur des galeries est moindre : cinq mètres au maximum. Le développement de la carrière est immense. Il n'y a pas de topographie détaillée, mais il me semble que c'est tout comparable au développement de Caestert, voire un peu plus. La visite est très détendue. Nous nous perdons comme ce n'est pas vraiment possible plus, c'est le cas de tout le monde et ça fait rire. En fait, tout le monde s'en fout ! Les phrases récurrentes : Euh, tu sais où on es ? Tu sais où on va ? On est déjà passé là ? Ca me dit quelque chose... Tu crois qu'on est perdu ? Je crois que ça fait 5 heures qu'on est perdu !! Tiens, y'a des traces de vélo... On les suit ? Je crois qu'on est vraiment complètement paumés...

Un mec à vélo était sensé guider les gens perdus, mais en fait, il ne donnait volontairement que peu d'informations. Perdez vous, ce n'est pas grave, vous en verrez plus ! Suivre ses traces ne menait à rien car il allait partout ! Bref, je suppose que nous avons visité en 7 heures une large part de la carrière, mais ce n'est pas certain...

Le paysage est plus varié qu'à Ternaien Boven. Il y a des champignonières en meules très bien préservées, une multitude de belles traces de lances dans le creusement des galeries, des murs de séparation de secteurs, des auges, des puits à eau, de belles et longues galeries, des tunnels en béton ou dans la pierre (donnant un aspect de souterrain refuge) et une bonne quantité de graffitis anciens. Très fréquentes, des inscriptions brunes de 1707, mais également des dates et sigles religieux de 1559. Pour la région, ce n'est pas totalement exceptionnel, mais pour nous ça l'est, car ce n'est pas fréquent ailleurs. Les dessins représentent des bateaux, des bourgeois, des guerriers, des portraits de belles dames, un gros monsieur, un grand nombre de poules (!!) Il y a aussi des tables de comptage pour salaires, de multiples noms d'exploitants ou de visiteurs (Marguerite et Anne Leenaerts très fréquents) Bref, nous ne nous ennuyons pas. Quelques photos faites des graffitis, j'espère que ce sera réussi... En même temps que le nouveau matériel photographique, j'ai mis en place des techniques plus sérieuse en matière d'éclairage. Ras le bol des photos minable : j'obture beaucoup plus et prends le temps de faire un flashage de qualité.

Après sept bonnes heures de perte dans les galeries, nous ressortons non sans mal au jour. Ce fut particulièrement amusant de voir de grands groupes à l'air sérieux complètement perdus.On nous apprend qu'il y avait 82 personnes à l'intérieur. Et bien mis à part proche de la sortie où il y avait beaucoup de gens, nous avons été très tranquille. Ce qui a été agréable dans cette descente, c'est l'aspect de surprise totale. Je m'attendais à passer une heure dans un tarn... Ce fut loin d'être le cas. Michel Cauberghs ne parle pas de ce lieu car c'est en Flandre et Ed Stevenhagen parce que c'est en belgique. Hors classe donc... En plus, l'ambiance au SOK paraissait agréable. Ce fut donc une bonne journée.


1er septembre

On est lundi et j'ai pas envie. Vivement le week-end prochain ! Le travail à réaliser cette semaine n'est pas énorme,mais je suis hors de toute motivation...


3 septembre

En ce moment, le travail s'organise en résistance. La société dans laquelle je suis est devenue invivable. Sans hésitation, je recherche ailleurs. Je ne sais si cela se fera en quelques jours, mais il est certain qu'il faut agir. Lorsque le quotidien prend la tournure d'un combat, ce n'est plus acceptable... Cette situation est pénible à vivre.

Sinon, ces jours sont intéressants car ils marquent la fin d'une action d'envergure : créer une association d'archéologie industrielle. Les dernières pierres sont en train d'être posées. Cela nous permettra d'être reconnu auprès des industriels, nous aurons également plus de facilité à partager les travaux photographiques. D'ici quelques jours, je vais terminer la brochure de présentation, c'est le dernier élément manquant. Je ne sais pas si cette association sera une pierre angulaire en matière de photographie spécialisée, mais tout au moins son existence permettra de poser un solide point d'appui...


4 septembre

C'est ça la vie que tu as rêvé ?
Me voici à deux jours de mon anniversaire, journée dont j'ai intensément rien à foutre. Il est 20h20 et la journée commence. Levé depuis 6h00, je ne me suis tapé que des obligations. Aller travailler dans un boulot pénible, prendre le train au milieu de chiants, se taper la vaisselle, les poubelles, la litière du chat, l'aspirateur, ... Franchement, je rêvais d'un autre idéal et je crois que je me fais chier pour de bon. Certains textes circulant sur internet te poussent à la bonne humeur en proférant des bêtises simplistes. Bien envie de dégueuler là dessus... Car oui je suis de mauvaise humeur, ça fait maintenant une semaine, et ça ne prend pas la tournure d'un arrangement.
Envie d'être ailleurs, de relever des défis. Rêve de gosse pourri ? Oui probablement, voire certainement. Je ne cherche pas à me défendre, y'a pas grand chose dans la vie qui me fait dire que je suis un grand et beau destin... Ca passera. Je serai peut-être moins con demain ? Sais pas, probabilité faible.

Les offres d'emploi en Belgique...

Type Hotjob.be : Plongeur expérimenté. On recherche pour réserve de recrutement un plongeur indépendant expérimenté, justifiant 5 ans dans une expérience similaire. Horaires variables : 5h30 - 23h30 en pauses. Sens du contact, de la discipline, sourit aux clients malpolis. Langues demandées En/Nl/Fr/De/Jp. Salaire attractif : 0,5  / jour.

Type Vlan : Au bureau Taverne restaurant Wavre cherche plongeur expérimenté ou commis de cuisine salaire à négocier (si salaire) bénévole ou apprenti stagiaire bienvenue. Travail en pauses tous les jours de la semaine sauf le lundi de 12h00 à 14h00.

Type Monster.be : CONSULTANT. Our client is a enormous factory distributing caustic sodas and sulfurhydric acid carbonic drinks. Your career will consist in washing crockery. You are young (less than 30 years old) and proactive. You can justify 42 years of a similar experience in a similar office. If you are interrested, write to Catherin.Van-Cauvelaert@our-businessoffice-consulting.biz

Type references.be : PROJECTLEIDER. Rapportant directement à la directrice commerciale, vous assurez le support lavage de vaisselle. Vous êtes de formation universitaire ou supérieure, à orientation nettoyage. Vous êtes trilingue (Français-Néerlandais-Anglais). Une large expérience (minimum 5 ans) dans une fonction eau de lessive b2b et b2c est indispensable. Vous êtes analytique/conceptuel et jonglez avec les verres. Nous vous offrons des défis importants et stimulants, un travail varié et intéressant au sein d'une équipe dynamique, un salaire motivant assorti d'avantages extralégaux dans un secteur passionnant.

Type Stepstone.be : Prêts pour un nouvel Elan dans votre carrière de nettoyeur ? Depuis sa fondation en 1957 à Londres, Elan Washing Business Class Service Resource est devenue une des sociétés leaders du marché concernant les 'Total Staffing Solutions' du personnel de nettoyage en Europe... etc...

Type Selor.be (administration) : INSPECTEUR EXPERT EN FOURNITURES GENERALES. Pour réserve de recrutement.
Votre inscription à cette sélection n'est valable que si vous complétez le CV standardisé pour les fonctions de management et les fonctions d'encadrement. Vous pouvez le télécharger sur notre site. vous trouverez dans le menu de droite le 'CV standardisé'. Vous pouvez également obtenir le formulaire en le demandant à l'adresse e-mail fonctions.encadrement@selor.be ou via la ligne info du SELOR (02/214.45.55). A défaut de quoi, votre candidature ne pourra être acceptée.
Votre mission : Concevoir, faire approuver par le Comité de Direction de son Service public fédéral et implémenter la stratégie et les projets du lavage de vaisselle de son Service public fédéral, qui soutiennent activement la concrétisation du plan de management et du plan opérationnel du Service public fédéral, conformément à la stratégie TIC fédérale et aux projets TIC horizontaux tels que coordonnés par le Service public fédéral TIC horizontal. Participer activement à la définition et à la mise en oeuvre de la politique lavage vaisselle, en coordination avec le Service public fédéral FEDICT. REFERENCE AFG03764

Et le pire, c'est que c'est un copier coller, et que j'ai retiré les deux pages concernant les concours et les conditions d'admission avant d'espérer un entretien avec quelqu'un de vivant !!! Autrement dit, c'est vraiment les plus nuls qui puissent exister !


Ticket de tram de Tallinn

5 septembre

Je suis content car j'ai enfin trouvé des images de Tuumaobjekti, la centrale nucléaire où j'ai eu (j'ai) tant de problèmes. Cela faisait des mois et des mois que je recherchais ça. C'est un compte rendu de touristes lettons. Je suppose qu'ils ne se sont pas rendu compte de leur erreur. En fait, ces images m'appaisent car j'ai vraiment très mal vécu ce passage à Paldiski, une frustration. Il y a eu un amoncellement de difficultés intenses lors du séjour en cet endroit, avec mise en danger. Cela a fait louper de nombreuses visites. C'est dommage car il apparait très nettement maintenant que Paldiski était le point le plus fort à vivre dans ce pays... Tant pis, on ne peut rien y changer maintenant.

Retrouver un calme intérieur, préparer de nouvelles destinations, n'être pas trop désagréable avec tout le monde... De bien meilleurs objectifs...

 

6 septembre

Je réalise n'être qu'un petit con capricieux. Une phrase toute banale qui avait été dite par une personne que j'apprécie. Une citation que je me dois d'appliquer en ce moment, parce que c'est loin d'être joyeux côté égo surdimensionné !

Aujourd'hui, mes parents sont de passage en Belgitude. Ils viennent pour le week-end. Du coup, c'est la grosse bagarre afin que la maison soit complètement propre. Ils sont en retard, j'en profite pour dessiner une madame chat !

 

8 septembre

La CEV est morte (le seul regroupement de diaristes francophones qui existait) Au vu de ce que c'était devenu, il n'y a aucun regret.

Avec les parents, ce fut un week-end particulièrement humain. Par là, j'entends que nous avons été dans le centre humain des villes, là où ça grouille de toutes parts. L'un des summums fut la visite du lion de Waterloo en heure de pointe. Un spectacle assez gerbifiant, même si le site en lui même n'est pas complètement si nul que ça. Peu importe. Le week end s'est passé sans accrochages et c'est là l'essentiel. Je n'en demandais pas plus. Vraiment.

Une nouvelle semaine s'engage. Je ne sais pas sur quel chemin. Je ne me sens pas en transition, je ne me sens pas en devenir. En ce moment, il n'y a rien, c'est d'une morne platitude. Ce n'est pas une catastrophe, mais en recherche perpétuelle de défis, je me sens un peu inutile. L'occasion de chouchouter les gens que j'aime bien ? C'est probablement la solution la moins débile... La semaine à venir m'apparait comme une grande case vide.

 

9 septembre

Ouf, l'ambiance de la semaine remonte un peu. Me voilà pris dans un tourbillon de photos à réaliser pour un site industriel belge. Au programme, des prises de vue d'appareils en gros plan, des coulées de fonte en fusion. Ca promet d'être magnifique et instructif... Le site du collectif est venu intervenir là dedans et c'est tout à fait positif. Cela promet de belles perspectives.

Sinon, la mentalité de ces derniers jours est étrange, plutôt renfermée. En fait, je pense qu'il s'agit de mélancolie. Cela n'a rien de bien dérangeant puisque pour les autres, c'est un aspect non visible (toujours cette histoire de façade qui prend le dessus). En attendant, je navigue dans un trait de caractère où plus grand chose n'a d'importance. Ils peuvent dire ce qu'ils veulent, ils peuvent faire leurs pitreries, vraiment peu m'en importe. D'habitude, je me révolte. Maintenant, c'est comme si le bateau avait coulé, je suis sous l'eau. C'est bien ainsi, complètement enfermé dans mon univers, en refus de la réalité de ce monde détestable.
Une phrase que j'avais en tête ce matin : dois-je mettre des lunettes pour adapter ma vision de ce monde (afin de l'accepter) ou dois-je rester dans le noir, en négation de tout ce qu'il peut se faire de bon ou mauvais ? Je suis profondément mélancolique car je ne trouve plus de repère dans les gens, les paysages-béton, les rêves qui font vibrer la jeunesse... Un peu comme si j'étais un extra-terrestre dans leur univers. Complètement décalé, complètement perdu, complètement inutile...

L'inutilité est un élément qui est rejeté par les gens. Tout doit se retraduire par du profit substanciel. La seule inutilité acceptée est celle de l'annihilation mentale : la télé qui fait rire (mais en aucun cas des documentaires pouvant fabriquer des rêves à réaliser). Il y a une chose qui me plait dans mon existence, c'est que je suis inutile. Les rêves dans lesquels je m'agite sont les imageries d'un romantisme dépassé, d'un existencialisme adolescent déphasé avec toute les exigences des gens normaux. Comme je condamne la société dans le plus profond de son fondement, il y a trois réponses à mon existence. Soit le monde a réellement perdu la tête, soit je suis un peu trop attiré par la philosophie de Noam Chomsky, soit je suis un malade mental. Peut-être y a t'il un peu des trois ?


Texte tiré de l'asbl Reflexion concernant la schizophrénie :
La maladie mentale n'est pas nécessairement un trouble de l'intelligence mais avant tout un trouble de l'intégration de la personnalité et du rapport au monde. Ce trouble peut se traduire à différents niveaux :
-Il peut s'agir d'une modification de la signification du monde. C'est le délire caractéristique de la psychose.
-Il peut s'agir d'une déstructuration de la personnalité, telle qu'on la voit dans la schizophrénie.
-Il peut s'agir d'une souffrance liée à la difficulté d'intégration. C'est l'angoisse caractéristique de la névrose. (...)
Les différents modes pathologiques coexistent souvent en combinaison et proportions variables. Ainsi la maladie mentale se manifeste-t-elle chez des êtres qui, du fait des insuffisances de leur structure personnelle par rapport aux exigences du monde qui leur est imposé, échouent à préserver l'unité de leur personne et la signification commune du monde. Ou, ils n'y parviennent qu'au prix de souffrances difficilement supportables pour eux-mêmes et pour leur entourage. Les maladies mentales ont donc un double aspect, individuel et social, chacun complémentaire de l'autre.


J'imagine que ces propos sont à modérer dans leur mise en application, car chacun de nous se retrouve un peu dans ces descriptions. Tout est une question de proportions et d'équilibre... Je ne sais en dire plus. Peut-être est-il aussi que je n'en ai pas envie... De toutes manières, je suis le seul à pouvoir faire avancer ce cheminement. L'impression d'avoir une vie en décalage est un aspect intérieur que je ne partage pas... (Ces lignes en parlent vaguement mais ne décrivent rien de ce qui finalement me touche et parfois me blesse)
On verra...


Quand Benoît écrit :)

12 septembre

Actuellement, je suis à la recherche de musique pour nuits de novembre. J'appelle ainsi toute chanson ou album mélancolique. Cela correspond bien à mon état d'esprit en ce moment et je fais de belle découvertes : Beck (Sea Change), Josh Rouse, Neil Halstead, The Doves... C'est très plaisant. Mais le plus intime et profond provient indéniablement de Tue-Loup, avec La Tremblante. C'est sans surprise et sans nouveauté... Xavier Plumas surpasse toute beauté dans ce domaine.


13 septembre

Dans une fidèle aube de l'aurore, nous voilà partis vers Lezennes. Nous avons rendez-vous avec les catiches d'une des plus imposantes carrières de France. Cela nous amène dans le métro de Lille et je retrouve avec amusement ce réseau que j'ai fréquenté des mois et des mois, ce métro que je n'aime pas tant la sensation d'étouffement face à la machine est important. Ca m'a rappelé Mario, Alice, François et tous ces gens dont j'ai perdu la trace. Au Triolo, (ma station) j'ai bien aimé retrouver le jaune et rouge gerbant des murs de la station. Enfin bref, nous retrouvons Amm sans ennuis et sans retard aux quatre cantons.

Sont présents au rendez-vous : Xavier, Titan, Olivier et Fred, en plus des personnes précédemment citées. Nous descendons dans le réseau par une échelle placée dans une catiche en centre-ville. Celle ci nous permet d'accéder au coeur du réseau le plus ancien.

En se promenant sous terre, nous trouvons immédiatement la salle de Nicolas. C'est une nouvelle galerie aménagée. Le mobilier est de très bon goût : un bar en pierre de taille, une table, des bancs, un jeu d'échec, plus quelques décorations indispensables, dont un gros réveil indiquant tout le temps midi et demi ! Je ne sais pas combien de temps il a passé là dessous pour aménager ça mais c'est respectueux des lieux, un bon travail.

Plus loin dans le réseau, nous trouvons les aménagements réalisés par le groupe Ishanella. C'est d'un style un peu différent, proposant des aménagements d'un goût décalé. Il est de fait qu'on peut se demander s'il s'agit d'un groupe sectaire... Enfin, nous sommes mal placés pour juger et tant que le réseau est respecté, il n'y a pas de problèmes. Or, les bougies sont regroupées, les poubelles sorties, les graffitis préservés, donc l'essentiel est garanti. Cette fois ci, nous trouvons la chapelle, la salle de la pierre sacrée, le pilier 69, le puits de Jeff (inchangé).

Nous continuons la visite vers une autre partie du réseau. Les lieux sont extrêmement paumatoires, mais heureusement, quelques fils d'ariane nous permettent d'avancer. Nous avons fait très attention au balisage des galeries et nous n'avons presque pas perdu le cheminement. Au bout d'un long parcours dans une série anarchique de passages, nous trouvons le mémorial des scouts décrit par Bernard Bivert. C'est un petit coin de galerie ayant été aménagé par des réfugiés durant la première guerre mondiale. Très chouette car le nom de l'abbé est mentionné, les réfugiés ont signé.

L'heure de la sortie approche et une partie du groupe s'en va, tandis que la seconde partie dort sous terre, dans la salle du dragon vert. Je note les faits suivants :
-Titan s'est très bien tenu.
-François l'a très largement surpassé, surtout durant la nuit !
-Xavier est un fervent partisan de Wanadoo, surtout pour certains de ses proches !


14 septembre

Le petit matin dans la glauquitude s'avère à peine désagréable. Nous ressortons un peu avant huit heures et le soleil est aveuglant. Nous avons loupé pas mal de choses dans cette visite, c'est évident, mais c'est tellement immense... De plus, la complexité du site fait que nous passons auprès de graffitis anciens essentiels sans même les remarquer... On reviendra probablement. Lezennes, c'est un sacré souterrain...

C'est ainsi que nous partons pour Estreux, une petite commune aux alentours de Valenciennes. Il y a là une carrière souterraine assez vaste, dont une partie reste mystérieuse. En effet, cette carrière est coupée en deux par le passage d'une autoroute. Le sdics a procédé au remblaiement sous les voies et ça se comprend ! Je n'ai jamais trouvé la seconde partie (il y a deux puits).

Sur ce site souterrain, je vais faire un certain nombre de corrections, car j'ai dit beaucoup d'erreurs ces dernières années. François a trouvé le deuxième puits, ce qui nous permet d'avoir une vision un peu plus globale des lieux.

Concernant le premier puits, je note que la tête de puits est complètement défoncée. La plaque était semi ouverte et largement éclatée par des utilisateurs peu précautionneux. Toutefois, aucun danger à signaler donc je ne téléphonerai à personne... Je corrige les idées fausses suivantes. Le puits fait à priori 25 mètres et non 30~35. (Il est en deux échelles et il faut se retourner à l'intérieur du puits). La partie accessible côté Estreux est réduite. Il est impossible de passer sous l'autoroute. J'avais confondu les remblais de l'exploitation et les remblais modernes. De plus, le nord est faux sur mon plan.

La seconde partie de la carrière, côté Saint Saulve, est nettement plus vaste. Cependant, il y a de nombreux passages bas rendant la progression difficile et fatigante. De plus, il y a une bouillasse très collante pesant aux pieds. Contrairement à ce que j'avais dit, ce n'est pas une carrière sèche et en bon état. Les piliers sont souvent fendus sous la pression. De plus, la carrière est instrumentée par le SDICS. Je rappelle qu'une carrière située à 100 mètres de là sur la commune de Saint Saulve fut entièrement foudroyée. Nous n'avons visité qu'une petite partie du souterrain, tant les volumes rampatoires sont omniprésents.

Au final, ce n'est pas une exploitation passionnante parce que les carriers n'ont laissé pratiquement aucune trace sur les murs. Nous y passons beaucoup de fatigue et décidons d'arrêter là pour ce week-end. Nous passons tout de même à Saint Saulve Fourches et Marly chemin vert.

Nous entamons le retour à partir de la gare de Quiévrain, qui donne vraiment une impression d'abandon ! le trajet se fait étrangement : train lent, contrôleur puant l'alcool, un mec derrière qui ronfle... Le train des endormis...

Les carrières du Nord sont souvent passionnantes, c'est ce qui nous fait revenir à chaque fois... Nous reviendrons probablement...


15 septembre

Tôt le matin, longue promenade dans la forêt de Soignes. La lumière est superbe, l'air frais et vivifiant, la couleur de la mousse sur les arbres merveilleuse. Au travail, ils m'ont cherché, ils me trouvent. Je faisais beaucoup d'heures et recevait toute l'ingratitude que mérite un caniche pissant sur la porte d'une maison, donc maintenant c'est le strict minimum. Et forêt de Soignes ! C'est rassurant, appaisant, rassénérant.

 

18 septembre

Un peu à l'asphyxie, un peu envie d'être ailleurs, un peu envie d'autrement... Ca passera comme d'habitude, le temps d'un week end, juste le temps de croire que la liberté est là, qu'elle existera un jour.

 

20 septembre

Je préfère les morts aux vivants. Et de loin. Eux au moins ne me font pas chier.
La mort est un intérêt interdit en nos contrées. Aimer un mort, c'est une hérésie, une culpabilité. Rechercher le contact de gens décédés est encore pire, car il y a un passage à l'acte dans la recherche morbide. Les punitions sont équivalentes à de graves désordres faits sur des vivants. On ne tolère en aucun cas qu'une personne puisse voir, toucher, photographier de véritables ossements (autrement que dans un musée bien entendu, ce qui en soit est une belle hypocrisie puisque les morts sont les mêmes). Rentrer dans une fosse commune, c'est un acte de vandalisme considéré plus grave que de voir toute nue Margaret Taetcher. Euh... Pour ma part, j'avoue quand même que le second thème m'intéresse, moi qui aime faire des photos d'atrocités dégueulasses, je serais servi !

Enfin bref, j'aime la chair froide pour une raison bien simple. Il suffit de rentrer dans un train blindé à 17h00 gare de Boitsfort, l'odeur de transpiration immonde est tellement prégnante qu'on a l'impression qu'elle colle tout. C'est abominable... Pour cette raison, je n'aime pas beaucoup les cadavres sanguinolents. C'est dégueulasse comme truc. L'humain est sale et me répugne, il pue. Les vieux morts sont complètements secs et ne sont pas emmerdants de ce point de vue là.

Les humains, c'est de la merde. Y'en a trop partout et ils défoncent toute la nature sur leur passage. Je préfère les voir crevés parce que c'est toujours ceux là qui ne viendront plus démolir la planète. Finalement, la musique industrielle, tout le monde trouve ça atroce et inaudible, mais ce n'est qu'un miroir déformant de votre monde et votre pourriture. Pour reprendre une citation de François : ce qui fait tourner ce monde, c'est le fric et le cul. Il y a des exceptions bien entendu, toutefois l'humanité vivante construit très souvent la haine dans mon coeur.
Mais je vous aimerai bientôt. Je vous attend en fait.


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21 septembre

J'avais onze ans la première fois que je plongeais dans l'ambiance "Pornography" des Cure, c'était en Angleterre. Je me souviens bien que je recherchais déjà des ambiances malsaines et macabres. Je venais d'ailleurs tout juste de découvrir Joy Division avec "Unknown Pleasures" Enfin bref, la mort est un univers qui me plait. En cela, je ne veux pas dire que je souhaite crever au plus vite. Si c'était le cas, je serais dans le cercueil depuis longtemps, c'est pas dur à faire ! Mon attirance s'explique plutôt comme une idéologie. En fait, je me sens perdu dans un monde "heureux" parce que ça me semble une hypocrisie, une lâcheté, un égoïsme. Les gens crèvent la dalle dans plein de pays et l'occident s'en fout, l'occident exploite cela même. Les campagnes de riz à la con venez nourrir les pauvres ne sont que des conneries à mémères catholiques. Les problèmes sont politiques et surviennent à cause de la manipulation réalisée par les pays riches et les industriels. Face à tant d'horreur, ça me parait une aberration de dire qu'on peut être heureux dans un tel état de destruction. Non, je ne peux pas fermer les yeux sur les dêchets en plastique qui flottent dans la rivière, qui pourissent la nature aux quatre coins du monde. Non, je ne peux pas me sentir bien dans une entreprise où l'on ne pense qu'au pognon, où l'on propose des fausses offres d'emploi afin de paraître dynamique, où l'on vire 65% du personnel en un an et demi.

La morbidité en naît. Déjà enfant, je savais que la vie allait être une vaste pourriture. Je voulais y échapper mais j'ai fait des conneries. Petit discours de gosse riche merdeux ? Je ne crois pas, parce que mes idéaux m'ont amené plusieurs mois à vivre sans un rond. Et peu m'en importe finalement car je n'attend rien de ce monde et je me fiche des commentaires de chacun. Je n'attend rien sinon le plus de tranquillité possible, le moins de destruction dans l'âme en fait. C'est pour ça que je fuis les gens, que je les hais parce que la fuite est quasiment impossible tant les obligations du travail sont irrespectueuses face à un caractère solitaire.

La morbidité m'est un échappatoire. C'est une poubelle dans laquelle je balance tout ce que le monde arrive à pourrir en moi. Je sens la société comme des vers qui me sont rentrés dans le ventre, qui gigotent et qui me bouffent les sentiments. Faire quoi que ce soit n'entraine qu'échecs et douleurs. Du coup, je m'isole et ne recherche pas ce qui motive la vie des gens normaux. Les contacts sociaux, la gloire, l'argent, la possession, la stabilité mentale dans un minimum de reflexions... Ma vie n'est rien au regard de ces gens parce que je ne gagne pas beaucoup d'argent et ne fait rien qui me rendra beau dans leur imaginaire. Je suis un cancrelat. C'est justement là où je veux en arriver et plus je suis délaissé dans mon désespoir normalisé, au plus je me sens calme intérieurement.

La gloire, c'est imposer le plus qu'on peut son égo. C'est un moi qui se veut tellement grand qu'il va dans la vie des autres et y agit positivement ou négativement. C'est écrire son nom partout dans le but de récolter des compliments, voire même des critiques (tant qu'on s'intéresse à son égo, ça suffit - c'est le cas d'une personne que je cotoie de manière forcée). La gloire, c'est rentrer dans le cadre de ce que la masse populaire veut entendre, voir et le magnifier. C'est toucher le coeur de la population afin de caresser l'égocentrisme de chacun - ils aiment ce qui leur ressemble, ce qui met en valeur leurs croyances, leurs espoirs. C'est étaler sa puanteur, tout le monde croit que ça sent bon et ça passe. Et ça passe...

Star academie passe dans cinq minutes. Je vais arrêter d'écrire, je ne peux pas rater mon émission favorite...

 

23 septembre
Compte rendu de visite des usines Gustave Boël, Duferco dll. La Louvière.

Le trajet est long afin d'arriver sur place, un peu plus que ce que je croyais, mais le train fait un détour assez monstrueux par Bruxelles... J'ai rendez-vous à 9h00 aux bâtiments administratifs et le timing est respecté. J'y retrouve Pascal et Daniel qui seront mes deux guides dans l'entreprise. Par le biais d'internet, Pascal m'avait retrouvé parce que je parlais de Carsid. Enfin bref, un peu de magie du net qui s'est rapidement transformée en un reportage photographique. C'est donc parti pour un fantastique voyage au sein d'une usine employant 1300 personnes, réparties sur plusieurs sites de production variés.

Nous commençons par le parc à mitrailles. Antonin s'en souviendra bien, un passage glacial dans le vent terrifiant le long du canal en décembre, avec d'immenses pelles qui charrient des métaux dans un bruit de tôles froissées. Les véhicules qui circulent là dedans ont des roues immenses, ils transportent des poches de 70 tonnes.

Juste ensuite, nous allons à la Fibo (Fil Boël), il s'agit donc de la tréfilerie. En fait, il y a un poste de coulée continue qui est switché en milieu de journée. Le matin, ils produisent de la billette, l'après midi du brame.

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Coulée continue : il s'agit d'un procédé de transformation, où des métaux de récupération sont fondus de manière ininterrompue afin d'être coulés et formés en brame ou billette.
Billette : une barre d'acier d'une section carrée de 20cm, longue de +/-20 mètres.
Brame : une plaque d'acier de 20cm d'épaisseur, 2.08m de large, de 4 à 12m de long.
Tréfilerie : usine de production de fil d'acier, d'une section de 3mm environ.
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A la fibo, les billettes sont sorties 6 par 6. Dans l'aire de défournement, la chaleur est insoutenable. On a l'impression d'avoir le nez dans une poele ! On m'ouvre le coeur de la coulée continue, là où naissent les billettes. C'est une meurtrière qui donne une vision inoubliable sur un coeur d'acier en fusion arrosé de multiples jets d'eaux qui s'évaporent immédiatement. Plus loin, les billettes sont prises une par une dans une série de petits laminoirs qui effilent le profil. Au fur et à mesure, la billette est émincée jusqu'à ce qu'elle deviennent fil. Or, la billette avance à vitesse constante. Du coup, comme le fil a une section beaucoup plus faible, la vitesse en croît d'autant. A la fin du laminage, le fil est lancé à une vitesse de 250km/heure en moyenne, des pointes à 320 quelquefois. Ce fil arrive dans un appareil muni d'un enrouleur. Il est spiralé puis déposé sur un tapis roulant, toujours à la même vitesse. Il plonge alors presque immédiatement dans l'eau. Cela produit un immense nuage de vapeur en plein coeur de l'usine et c'est très beau.

Pour le novice que je suis, cette partie de l'usine parait très dangereuse. Il est bien clair que c'est un process extrêmement dangereux à la base, étant donné que le moindre ennui prend une grande ampleur au vu de la vitesse (le temps que le type coupe tout...) Toutefois, je pense que c'est une relative fausse impression, due uniquement à la vitesse prise par les objets rayonnants...

L'après midi, nous continuons le reportage au Cobra (COnvertisseur à BRAssage oxygène).

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Poche : il s'agit d'un godet pouvant contenir 70 tonnes de fonte en fusion.
Convertisseur : La fonte est convertie en acier dans un processus de transformation lié à une réduction. On retire du carbone à la fonte (-2% environ, selon le type d'acier voulu) On injecte de l'oxygène dans la fonte par une canne de 5 mètres de long.
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Le Cobra est gigantesque et produit une coulée extrêmement rayonnante, difficile à photographier. Durant le process, d'une durée de dix minutes me semble t'il, c'est l'apocalypse. Nous regardions au travers de meurtrières, le visage subissait une brûlure assez intense, dès fois je me cachais tellement ça faisait mal. Mais l'opérateur lui avait tellement l'habitude que c'était du bronzage à la plage ! Les bruits produits sont dignes de ma musique industrielle lustmodienne, mais avec un volume sonore egal à l'explosion de bombes. Le sol en béton tremblait, les éclaboussures allaient s'écraser au sol en crépitant. Lorsque le godet se penchait de 20 degrés, le paysage n'était plus que flammes et projections. Magnifique !

Juste après, nous partons à la découpe des brames et la gravure du numéro. Le fait d'avoir le visage à 3 mètres au dessus du brame immobile donnait une belle impression de cuisson ! La calamine faisait de très beaux reliefs.

La journée se termine et nous n'avons pas eu le temps de faire le tour, il manque la moitié de l'usine. Il faudra donc revenir, dans 15 jours peut-être... Reste le laminage à froid, l'enroulement des coils, les traîtements à l'acide sulfurique, les stockage des coils, bobines, brames, + tout ce dont je ne soupçonne même pas l'existence. Reste également toute la partie abandonnée, dont la destruction approche à grand pas...

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Laminage : écraser un brame dans des rouleaux jusqu'à ce qu'il ait une faible épaisseur (2mm au plus fin.
Coil : Il s'agit d'une tôle enroulée. C'est donc un gros rouleau de 30 tonnes.
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Ce fut une visite très intéressante et le contact avec le personnel a été excellent.


29 septembre

Lourde préparation d'une virée dans la Bauxite et l'ocre d'ici un mois. Cela fait rechercher des documents sur Gargas, Roussillon, puis sur les Baux de Provence. Tout cela a l'air intéressant. Par contre, les recherches sur la lignite de Piolenc s'avère presque infructueuse. Ce sera un sujet difficile bien malheureusement...


30 septembre

On peut dire que c'est la morosité, je crois que c'est un mot qui convient bien. Toujours les mêmes conneries, toujours aussi peu d'espoirs et de perspectives, toujours cette pluie de ciel gris dans la tête. Je ne sais pas ce que sera demain, je n'en suis même plus rongé par les angoisses. J'aimerais être ailleurs que dans moi, sortir de cette âme torturée...
Peut-être est-ce parce que je suis trop sensible, je n'arrive pas à tenir les évènements de ma petite vie ? Ou peut-être que mes rêves sont trop grands pour être portés par mes épaules ? Je me sens tellement insignifiant... Il n'y a qu'en me projetant dans l'imaginaire que j'arrive à tenir le coup, les longues plaines grisonnantes de la Russie hivernale, les grandes steppes brunes d'une Laponie déserte... Finalement, je trace un regard terrifiant au travers de ce journal, je n'évoque que des terres brûlées et un coeur lamentablement déserté de vie...

 

 

1er octobre

Je connais cette douleur, je connais cette souffrance, et que puis-je y faire ? Plus je reste sans rien à construire et plus je m'enfonce dans des ruminations égocentriques. Je chie sur tout ce qui existe et fait référence à mon petit monde pour survivre, or ce monde est lamentable. Qu'en tirer sinon la sensation d'un échec, l'impression que le temps est long et que demain sera pareil ? J'ai tué l'espoir, je tue mes rêves et il ne reste plus rien que des cendres. Je me sens acculé dans la décrépitude d'une imagination massacrée par le quotidien.

Je ne sais pas expliquer pourquoi j'aime cette chanson de Cat Power "Names". Les mélodies sont très simplistes, le texte un peu naïf. Peut-être juste parce que c'est l'expression de la tristesse la plus dénuée d'artifice, un concentré de mélancolie qui ne demande plus rien à personne, parce que tout est déjà perdu et que finalement, ça n'a plus rien de grave maintenant. Encore hier, quelqu'un me disait : "c'est étrange, tu as l'air si ouvert d'esprit et joyeux et en même temps si renfermé sur toi, si mélancolique" Pas grand monde ne voit l'état de mes sentiments ou presque, même moi ne sait expliquer leur déchéance. Je parle ici parce que personne ou presque ne lit ce journal. Je parle parce que le silence est mon retour, il n'y a que lui que j'attend, toute parole m'indispose très profondément.

J'ai envie de dire : je sais, je sais, je sais... Avec nombreux point de suspension. Je sais à quel point je suis bas sur toutes les échelles. Mais pourquoi combattre dans leur territoire ? Pourquoi se battre pour paraître bien ? J'ai envie de lacher cette façade, même s'il est évident qu'il ne faut pas. Pourquoi rester dans leur monde, puisqu'ils tuent le mien ?
Dans le mien, il n'y a pas ces problèmes là. Mon univers est complètement renfermé, mais tout au moins c'est un hâvre de paix...


Carte de pointage, Charbonnage du Hasard

5 octobre

Hier soir, c'était la fête au village : la fête du quartier de Mahiermont. Jusque 3 heures du matin et deux nuits de suite, ils ont mis leur techno à fond en arrosant tout les alentours. Un manque de respect assez lamentable. Mais quand en plus les autorités laissent faire ça voire aident à organiser, c'est encore pire. Bref, j'ai passé un super week end et j'adore ma commune. Ca me donnait des envies de meurtres. Juste un peu tirer dans la foule, juste quelques-uns qui tombent. Ou bien tirer dans les enceintes, les bazars explosent et deux mille personnes se retrouvent brûlées. Ouh là mais non... Ca c'est du génocide et on va me dire que ce n'est pas bien de penser ça. Enfin bref, ce fut l'apothéose du bonheur. Les fêtes de Mahiermont, sponsorisé par Boules Kies. (Nous sommes désolés d'interrompre votre journal intime préféré avec une page de publicité. Les Hypermerdiers Carrefour, et tout devient possible, les Supercrassier Carrefour, tout pour les meilleurs prix)

A part ça, la préparation de la sortie dans le Vaucluse va bon train. Les autorisations sont données par les sociétés exploitantes et je crois que ça va être une semaine de vie, la vraie (contrairement à la mort que j'endure chaque jour en ce moment). J'ai repéré 51 entrées de mines. Si avec ça, je n'ai pas ce qu'il me faut en visites ! Je me réfugie dans les mines parce que ce monde souterrain ne m'agresse pas. Dans le monde des humains, je me sens nauséeux, mon esprit est malade, mon coeur pourrit, je suis perdu, mes repères sont baffoués, écrasés... (Nous sommes désolés d'interrompre votre journal intime préféré avec une page de publicité. Les Hypergerbiers Carrefour, le bonheur garanti. Les Superdiarrhées Carrefour, Vos envies sont toutes matérialisées).

Avant, je disais, heureusement qu'il reste ça et ça pour l'espoir. Aujourd'hui, je me sens pathétique. Je ressasse toujours les mêmes peines, la même douleur. C'est comme une maladie qui ne cesse de dégénérer.

 

6 octobre

Merveilleux Nick Drake, je me régale avec Pink Moon. C'est son dernier album puisque juste après, il est mort d'une overdose d'anti-dépressants. Je trouve que son style est agréable parce qu'aux antipodes de celui de Joy Division, abordant pourtant le même genre de thème. La voix est calme, posée, romantique, mélancolique. Ian Curtis lui était déjà passé de l'autre côté de la frontière, dans les ténêbres du suicide. Evidemment, c'est vieux comme truc et on me reprochera le fait de ne pas m'intéresser aux artistes récents. Mais bon, mis à part Sophia avec Fixed Water, qui a produit des documents aussi sensibles ? Il n'y a pas beaucoup de concurrence et je ne ferai que citer des groupes déjà évoqués précedemment...
A Pink Moon, on reprochera sans tort que les accords sont un peu ternes. En effet, il est seul avec sa guitare, sans aucun autre arrangement, c'est joué de façon assez linéaire (mais pas simpliste). Je pense que cela est excusable du fait de l'homogénéïté de l'album dans la douceur. J'ai l'impression que l'on peut comprendre ces dix morceaux comme un seul. Quand je pense qu'il avait apporté l'enregistrement à la maison de disque et que, perdant confiance en lui, il était parti discrètement au bout d'une demi-heure. C'est le genre de personnage sans aucun charisme qui m'attire énormément.

 

07 octobre

Cinéma hier soir pour aller voir "Jeux d'enfants", un film à la fois attachant et révoltant. Ce sont deux adultes restés dans l'enfance, refusant le monde des grands. Ils s'aiment sans le dire et se perdent pour des conneries tout le long de leur vie. Que dire sinon que ça ressemble furieusement aux Jubilations vers le ciel de Yann Moix ? Certes, un brin de folie est agréable, les personnages sont déjantés, mais je suis quand même choqué par l'aspect complètement immoral du scénario. Ca sent le mâle et l'éjaculation, de l'adultère, du foot... Oui, du bon gros mâle transpirant mais en aucun cas du romantisme (comme j'ai pu le lire) A ce que je sache, le romantisme n'est pas empreint d'autant de violence, ou sinon seulement dans les sentiments. Ici finalement, est-on en présence d'un film parlant d'amour ou d'une succession hétéroclite de moments de vie plus ou moins rattachés sur un fil directeur assez flou et mal articulé ? J'ai trouvé intéressant le fait de placer ce fil directeur sur l'amour d'enfance qui perdure, toutefois je trouve que les adultes ont tout sali avec leurs bites et cul. Restons amis c'est mieux disait l'enfant. Ca aurait été mieux en effet...


8 octobre

Hier, le journal titrait en gros : un milliard de personnes vivent dans des bidonvilles. Ca remet bien en place, une personne sur six. Par rapport à ce que j'ai pu raconter comme conneries ces derniers mois, ça donne un peu l'envie de dire "ferme ta gueule petit con". Sur ce, je me la ferme.


10 octobre

Ca y est, mon travail de musique industrielle est achevé, j'ai trouvé le son que je souhaitais avoir, ça a pris environ trois ans de recherches. Cet album que je viens de finir est inommable. Si je le fais, je me fais virer de tout l'internet, je me fais poursuivre par la législation en vigueur. Et pour cause, j'ai pris comme sujet ce qu'il peut exister de pire, il n'y a pas plus immonde, plus ignoble. De cela, je fais un miroir grossissant. Ca en devient presque une caricature, mes sons sont d'une saleté dépassant presque tout ce qui existe. Je dis bien presque parce qu'à ma connaissance, quatre ou cinq groupes me dépassent : Clinic of Torture, Taint, Nicole12, Genocide Organ, Survival Unit. La réalisation de cet album a été facile, voire grotesque. Jusque aujourd'hui, j'utilisais des méthodes complexes qui me donnaient un résultat trop propre et bien cadré. Là, j'ai utilisé des moyens primitifs dont de vieilles cassettes audio. Pour la constitution des morceaux, j'ai utilisé en vrac les sons de porno les plus lamentables possibles, de la torture, des meurtres, des bruits de guerre, des chants nazis, de la propagande italienne, bref, tout ce que notre belle société génère chaque jour. J'en ai fait un condensé gerbatif, inhumain, impossible à écouter, intensément dépressif, étouffant, répulsif. C'est mon oeuvre, voilà j'ai craché le dégueulis que la société avait ancré en mon âme. A cela j'ajoute des faits assez révoltants. En faisant ces recherches, j'ai trouvé des photos de gamines de 12 ans se faisant enculer en moins de deux minutes, des véritables sons de mecs torturés en cinq, des apologies de propagandes nazies en dix secondes, des images de mecs écrasés par des trains en cinq, etc... Ma musique est un condensé de révolte par rapport à cela, j'ai atteint tout absolu dans ce genre. Je ne pourrai pas aller beaucoup plus loin.

Une anecdote, cet album est livré avec un entier livret descriptif et le boîtier est entouré de fil barbelé. Pour moi, il était essentiel que l'aspect de l'album soit également complètement répulsif. La couverture comporte des versets de propagande prenant forme d'un témoignage désespéré rébarbatif et ultra-violent. Le barbelé provient d'une maison abandonnée. Il est rouillé, cadavéreux, entouré de vieilles toiles d'araignées concrétionnées par la saleté, maladif et tordu dans tous les sens.

Tout à l'heure, j'étais à la banque avec dans mon sac à dos un rouleau entier de barbelé. Pour moi, ce genre de situation était un véritable plaisir. Je trouvais ça tellement décalé d'avoir des pointes dégueulasses trouant le sac, d'avoir ce fil immonde là. Je pensais la situation comme passage situé hors de la réalité, pas un rêve, pas un cauchemar, juste un bond en dehors du quotidien nauséabond. Un peu l'impression d'un comme si : se balader dans la rue avec des abats de poulet sur la tête, jeter des arêtes de poisson sur la devanture d'un boucher, sauter à pied joint dans le lisier de porc, etc... Enfin, cela pour dire que je crois que les gens dans le train étaient loin de penser que je pouvais transporter une telle connerie dans mon sac !
Faut dire quand même que j'en tiens une sacré couche de bêtise hein !


11 octobre

Et voilà, à force de faire le con à vouloir chatouiller, je me paye un pied dans la tronche et une lèvre coupée. Ca m'apprendra ! Avant de chatouiller, fait toujours attacher ! :-p
Bein au moins, je pourrai faire croire que je me suis battu avec mon patron !!! Ah ah ah !


12 octobre

Antonin, Michel et Raphi sont passé à la maison. Ils m'on rapporté de belles plaques émaillées, des bizarres bazars à pinces, du bitume d'une mine du massif central. Très chouette tout ça. Dans la gerbivomie, ils ont donné fort. Leurs frites et brochettes spéciales étaient miteuses. A noter que du point de vue olfactif, Raffi a mis le nez dans la sauce coktail, hum, délicious ! Ils ont dormi à l'usine, dans la cokerie. Ils viennent de partir pour le lavoir de Peronnes Les Binche.


14 octobre

Pourquoi faut-il que je rechûte ? Ca ne se contrôle donc pas le caractère ? Ces derniers jours, je sentais la vie moins lourde, je croyais que finalement la déprime n'était qu'un sale moment, un truc passé et oublié comme je fais d'habitude. Et voilà que depuis hier soir, la mélancolie refait délicatement surface. C'est assez pénible parce que ça prend la forme d'une souffrance. Pas d'idées morbides, pas d'envies suicidaires, pas de violence envers les autres, il s'agit d'une douleur dans l'âme. Pourtant, j'ai tout ce qu'il faut pour que la vie soit sans plaintes. Mais malgré cela, un peu la tendance systématique à déprêcier tout ce que je fais et suis, l'envie de m'excuser auprès des gens : pardonnez moi parce que je suis là. Un peu la tendance à tout renfermer dans mon coeur parce que je me dis que c'est sans intérêt, tant vu et revu. Je me sens perdu. Y'a des jours où on serait mieux à être un chat, glander toute la journée sur le radiateur...


17 octobre

La fatigue est vraiment très prenante ces jours ci, c'est plutôt pénible. Pourtant, je dors un nombre d'heures correct, je n'ai pas une suractivité débordante. Sais pas, peut-être une question de sommeil peu réparateur ? Une fois de plus, je me mettrais bien à la place de Mousty le Chat. Lui au moins s'il est fatigué, il se couche et roupille durant 36 heures !
Ce matin, il me réclamait sans arret et sous les miaulements les plus plaintifs possibles de la bouffe (surtout des croc-croc) alors qu'il avait son bol débordant. Je crois que son poids va rapidement dépasser celui de Barrique ! Ah, quel théâtre !

Bon, demain me voilà parti pour une semaine d'exploration dans le Vaucluse. Outre l'ocre et la bauxite, on va voir de la lignite, des phosphates et d'autres exploitations peu habituelles. Ca va être chouette, un petit arrêt de la routine...


Belle


18 octobre

Lourde préparation d'un voyage et départ en début d'après midi. Avant d'aller visiter l'industrie minérale du Vaucluse, nous avons prévu de faire une pause à Montarlot chez François.
Nous retrouvons Raoul à Mons sans aucun ennui et faisons un quasi sans-faute jusque Montarlot-Plage. François nous accueille avec joie et avec la prune ! Sur le chemin, je remarque quelques bazars paraissant intéressants : un atelier-usine à la sortie de Sivry, des antennes absolument gigantesques près de Melun. Nous avons également vu la carrière de gypse signalée par François (Villevaudé - Le Pin). Les cavages semblent impressionnants.


19 octobre

Départ à l'aube de l'aube de l'aube (certes, il est plus tôt que d'habitude) Nous partons à deux véhicules, François prend un itinéraire nationales tandis que Raoul et moi bouffons de l'autoroute. Nous arrivons dans les environs d'Avignon à 13h30 et commençons par la recherche des phosphatières de Tavel. Il faudra m'excuser pour la description, je n'ai pas réussi à retrouver des documents historiques à ce sujet.

*Les phosphates de Tavel.
Tavel est un petit village entièrement vinicole, on y produit un rosé de grande réputation. La carte IGN mentionne la présence d'anciennes mines de phosphates. En réalité, il s'agit de deux avens qui au cours des ères géologiques se sont remplis de phosphates. Les mineurs ont tout simplement vidé ces grottes verticales.

Nous retrouvons sans peine les ruines du chevalement. Autant dire qu'il n'en reste rien, puisque seuls deux murs délabrés subsistent. L'ancien puits est plein de déchets de peinture et plastiques, plus les ronces. Juste à côté, deux anciens puits subsistent également. L'un est rempli de bouteilles, l'autre d'une voiture à moitié démontée. Dans le fond de ce second puits, l'exploration ne donne rien de bien probant. Au sol, il y a un chien mort, assassiné. C'est la société de consommation. On part en vacances, y'en a qui les emmènent les clébards, y'en a d'autres qui les laissent sur les autoroutes en se disant qu'ils auront peut-être une chance, y'en a d'autre qui les assassinent dans les puits de mines. C'est comme une bouteille de coca. Une fois vide c'est gênant, alors on s'en débarasse. Minable tout ça.

Avec un peu plus de difficultés (broussailles) Raoul arrive à retrouver l'entrée du travers banc principal. Il s'agit d'une entrée assez grande mais ne possédant rien d'intéressant, pas de porche, pas de niche à Sainte Barbe, pas d'inscriptions. L'intérieur du réseau en sera de même. Finalement, on a l'impression d'être dans une grotte. Il y a bien quelques arches, mais ce sont les seuls restes industriels, tout le reste a été méticuleusement vidé. C'est certainement intéressant pour des spéléologues, mais en tant qu'archéologues industriels, on s'y ennuie un peu...

De retour sous un peu de pluie, nous retrouvons François et sandy à La Courtine dans un timing étonnant, de la perfection. Au soir, nous visitons Avignon sous une pluie bien mouillante. Le Palais des Papes (dont je reparlerai plus loin) est très impressionant. C'est un très imposant volume de pierre, magnifique presque sous tous les angles. Sous la pluie, nous chantons le nouveau tube dub-echo "J'ai de bonnes croquettes". Mouais, il est temps d'aller dormir !


20 octobre

Dans une aube d'aurore, nous voilà partis pour les Baux de Provence. Pour moi, c'est réaliser un rêve de longue date d'aller visiter ces mines de Bauxite mythiques. A la boulangerie de Saint Remy, la dame qui nous sert a un accent bien prononcé. Ca faisait longtemps que je n'avais plus entendu ça...

*Les mines de Bauxite des Baux de Provence.
La plus grande partie des restes industriels sont perdus dans le temps, il n'en reste pas grand chose. Des 21 mines de Paradou et Maussane les Alpilles, il est probable qu'il ne reste plus rien. Toutefois, les importants changements dans la topographie des lieux nous ont empêché de vérifier (cela va jusque changer le sens des cours d'eau !)

Nous rentrons dans une première mine. L'entrée est complètement perdue dans les broussailles, il s'agit d'un minuscule trou dans lequel il faut se glisser, au milieu de lianes et de chevrefeuille. On accède là à d'anciens travaux en mauvais état. Les parois sont rouges foncé, le minéral étant constellé de petits points plus noirs. Cela a un aspect assez terreux. je ne peux pas donner la formule de l'élément parce que c'est un minéral plutôt bordélique, constitué du mélange de Gibbsite, de Diaspore, et d'alumogel. Bon courage... Dans tous les cas, c'est une roche massive, minerai de l'aluminium.

Les premières galeries sont basses. On voit très bien que ça a été exploité à la main. Le réseau est plutôt anarchique, suivant un pendage d'une dizaine de degrés au moins. Après une enfilade de galeries assez basses, nous trouvons un ventilateur et un groupe transformateur. Cette galerie en question nous fait arriver dans le travers-banc d'entrée principal de l'époque d'exploitation intensive (galerie aujourd'hui bouchée) La longue galerie en question a des dimensions imposantes, présente une voute en cercle entièrement grillagée et de nombreux câbles de haute tension. C'est vraiment magnifique. Malheureusement, en descendant, on arrive assez rapidement dans l'eau, ça syphone au bout d'une vingtaine de mètres. Sur la gauche, des quartiers s'ouvrent. D'un certain côté, on se croirait presque dans la minette lorraine. Pareillement, tout finit dans l'eau. Au milieu de la poudre de bauxite, le paysage est très intéressant. Les galeries sont mélangées en voutes rondes et voutes carrées. Dans de nombreux endroits, on voit encore les traces de chargeurs et jumbo au sol. Toutefois, ces matériels ne sont pas présents sous terre.

Avant de ressortir au jour, nous visitons des enfilades de galeries très esthétiques, époque intermédiaire de creusement, donnant un aspect assez similaire à celui de la Mine Vallauria de Saint Dalmas de Tende. On y retrouve des témoignages d'utilisation en chapignonnière.
Dehors, nous allons jeter un oeil à la carrière à ciel ouvert. Il y a des restes d'entrées complètement effondrées, des couches de bauxite très visibles. J'en ai ramassé quelques morceaux pour en donner, c'est un joli minerai. Il y a également l'épave d'une berline.

Après le repas, nous allons visiter une seconde mine située assez proche de la première. Le minerai se présente autrement. La bauxite rouge foncé est enroulée dans un conglomérat calcaire. Ca donne un aspect étrange de gateau dont la pâte n'est pas bien mélangée, vraiment très esthétique. Le réseau que nous voulons visiter est en partie noyé. Il faut se tremper pour y aller et nous reculons. Ce n'est pas très courageux, je sais...

*Les carrières des Baux de Provence.
En retournant plus près du centre du village, nous partons à la recherche des carrières souterraines des Baux. Nous ne trouverons pas la première, nous visiterons par contre la seconde, attenante aux cathédrales d'images. Il s'agit de grands volumes peu profonds, creusés dans un calcaire très blanc, proche de l'aspect de la Dolomie. Un tailleur de pierre nous apprendra qu'il s'agit de molasse, nom commun pour désigner un calcaire coquillier très friable. La carrière en elle-même est esthétique et photogénique. cela fait un peu penser à l'exploitation souterraine de Sassenage.

Après cela, nous allons prospecter la carrière de Bauxite à ciel ouvert de Maussane. Nous trouvons des crassiers et des éléments fort louches d'éléments souterrains, mais rien de probant. Ce fut une belle journée en tout cas.


21 octobre

*Le bassin ocrier de Roussillon
Afin de varier un peu, nous partons pour les Ocres de Roussillon. Il s'agit d'un village situé non loin de Apt, entièrement façonné par l'industrie ocrière. Cette exploitation commença tard, vers 1780. Il s'agit d'un minerai à l'aspect très sableux, composé de goéthite, un hydroxyde de fer, de la kaolinite (argile) et de quartz. Ce minerai est utilsé dans de très nombreuses applications, mais principalement il s'agit d'un colorant. En effet, ses couleurs ocres sont naturelles et ne passent pas au soleil et au temps.

A Roussillon, quelques carrières subsistent le long d'une longue colline aux aspects magnifiques. La première exploitation visitée est une petite champignonnière typique des ocres. Des galeries rectilignes en bon état, une voute plein ceintre, un aspect marron uniforme et propre, la présence de rangées de sacs à champignons.

Plus loin, nous visitons la Colline de Pierroux, une exploitation plus longue traversant l'ensemble de la colline. Les galeries sont nettement plus hautes (une dizaine de mètres). Le risque essentiel est le poinçonnement dans ce type de creusement, des galeries se détruisant sous la pression des terrains. Toutefois, je n'ai observé cela nulle part, juste quelques décollements sans grande importance. Par contre, nous trouverons un très grand fontis dans une autre exploitation à Gargas.

Plus loin encore, nous visiterons une exploitation que nous appelerons "Les Maigres". Il s'agit d'une très grande salle creusée dans un ocre uniforme. En cherchant un peu partout, on trouve des galeries de recherche faisant deux mètres de haut et quarante centimètres de large. Ce genre de galerie n'est pas commun ! Il y a régulièrement des encoches pour les bougies, ce qui atteste une certaine ancienneté.

Après le repas, nous continuons les visites au "Cinéma" comme nous l'appelerons. En effet, un ancien décor de cinéma romain reste là. L'exploitation souterraine est assez similaire aux autres, mais balayée par le vent. Les lampes à acétylène crachottent. Sur le chemin du retour, nous visiterons une exploitation haut perchée (il faut grimper le long d'une falaise). L'intérieur des quelques galeries est balayé par le vent, cela donne des concrétions tout à fait bizarres. Les couleurs sont chatoyantes et magnifiques. De l'orange au rouge le plus vif, le mauve, le bleu, le vert, le gris, le violet foncé, on a un panel de couleurs fantastiques.


22 octobre


*Les calcaires de Sainte Juste
Changement de décor, nous partons vers le nord pour un site souterrain dans la Drôme, les carrières souterraines de Sainte Juste à Saint Restitut (commune de Saint Paul Trois Chateaux). Au bout d'un chemin perché sur la colline, donnant une belle vue sur la centrale nucléaire du Tricastin, nous trouvons les premiers cavages. C'est une carrière assez carrée possédant de nombreux cavages. L'utilisation de lampes n'est pas nécessaire. Les volumes sont assez imposants. Ca et là, on retrouve les traces d'un ancien chemin de fer, il y a même des quais de chargement. Près d'un cavage, deux pochoirs indiquent "Carrières du Midi, Lyon"

Dehors, les ruines du bâtiment administratif resistent plus ou moins au temps. Un peu plus loin, on retrouvera les restes d'un plan incliné, sorte de grand canal bordé de murs imposants, aujourd'hui encombré de broussailles. Ensuite, nous retrouverons des ruines avec un porche magnifiques et les restes d'un treuil. Une visite intéressante, mais malgré tout cela reste un site relativement banal. Les caves cathédrales situées juste à côté proposent un aspect similaire.

Après un repas bien agréable, nous partons visiter un tunnel à Mornas. C'est une ancienne canalisation qui servait d'irrigation. Plusieurs fois remis en service puis arrêté, le paysage actuel est celui d'une broussaille assez touffue. Le tunnel est en deux parties assez rectilignes, une longueur proche du kilomètre pour l'ensemble. Hauteur deux mètres pour une même largeur, certains passages sont creusés dans des marno calcaires, d'autres sont bétonnés. Nous n'avons pas pu aller jusqu'au bout à cause de la présence d'eau trop importante. Le parcours est relativement monotone, mais c'est une visite originale.

Nous terminons la journée dans les collines. Nous sommes sur le site des mines de lignite de Piolenc. Le paysage semble façonné par ces anciennes mines, les panneaux de danger sont omniprésents. Exploitées depuis le 13eme siècle et une fois incendiées, ces mines sont dans un état catastrophique.

*Les deux carrières de sable de Piolenc
Ces collines cachent un peu plus haut deux magnifiques carrières souterraines de sable. Pour les trouver, nous avons du combattre avec pas mal d'ardeur les ronces et autres piquants. Cela s'est retraduit par pas mal de griffures et grognements, mais ça valait la peine. La première entrée est une galerie rectiligne en assez mauvais état, habitée par des geais bruyants. Il y a trois sites de carrières de sable en France : Le Puiselet, Darvault et celui ci. Par rapport aux autres, on observe un matériau moins compact. Au Puiselet, c'est sous une couche de grès, les carriers ont vidé des poches de sable meuble. Ici, c'est creusé directement dans un sable compact, ayant une tenue assez moyenne. Quelques passages sont effondrés.

Nous n'avons pas pu tout visiter (il faudrait des cordes) mais toutefois, il semblerait que le réseau s'étage sur trois niveaux, voire quatre si l'on compte celui que nous n'avons pas pu voir. Les étages sont plus ou moins imbriqués, quelquefois séparés par un sol de 10 centimètres d'épaisseur, parfois troué, parfois effondré. Il faut donc faire attention.

Les voutes sont en ogive, magniquement ouvragées, un peu comme aux carrières de Meudon. Les passages sont tous plus esthétiques les uns que les autres. On a fait un peu de photo, mais comme les sables sont très dangereux pour les appareils, on a pas trop insisté.

La deuxième carrière propose des volumes un peu plus grand (4 mètres je crois) sur deux étages. L'aspect est similaire aux ocres, pour un peu on se demanderait si ce ne sont pas les mêmes ouvriers qui ont travaillé. Toutefois, les galeries sont toutes blanches. Jean-Pierre Locci parle un peu de ces carrières, mais les documents historiques semblent rares. Au retour, nous passons devant les ruines de bâtiments, semblant être des restes d'installations de trituration.

Au soir, nous mangeons. Un chien silencieux nous regarde. Il apprécie le saucisson et le babybel !


Etiquettes de champignonnistes - Vic sur Aisne

23 octobre

*L'usine des Beaumes
Rendez-Vous à neuf heures à Apt pour la visite de l'usine de retraîtement des ocres. Le temps est un peu gris, un peu venteux, un peu froid. Nous retrouvons notre contact au Siège de la Société des Ocres de France. Nous partons alors pour l'usine proprement dite, impasse des ocriers. Une personne dont je n'ai pas le prénom nous a guidé de manière très sympathique.

Au niveau du process, les sables ocreux sont lavés à la carrière à ciel ouvert. Par un processus centripète, le sable est séparé de l'ocre. On a un résultat de 90% de sable et 10% d'ocre à peu près pur. Les sables sont vendus pour les travaux publics. Le nettoyage est réalisé dans un séparateur épaississeur assez comique. En effet, les bruits de gargouillis sont lamentablement péteux !

Une fois la séparation effectuée, on amène la bouillasse ocreuse dans des bassins de décantation. Avec séchage, on obtient alors une espèce de galette que l'on ramasse puis achemine à l'usine des Beaumes. Les résidus sont broyés en particules très fines (15 microns) C'est une poussière proche de l'impalpable. Par exemple, il est impossible de marcher dessus, tout s'enfuit sous le pied. Le broyeur utilise des boulets en acier, cela produit un bruit assez épouvantable.

Le dernier procédé, c'est la calcination. On amène la poudre obtenue dans un four d'une quinzaine de mètres de long, ressemblant à un long tube d'un diamètre de moins d'un mètre. Cette calcination donnera la couleur finale aux ocres. En effet, certains sont ternes, d'autres violets, d'autres très jaunes. Il y a un nuancier de 12 couleurs, plus quelques couleurs demandées par des clients habituels. En général, les couleurs sont respectées de manière très exacte.

Nous mangeons à la carrière à ciel ouvert. A deux heures, le conducteur du bull nous fait descendre sous terre pour aller voir la pompe. Nota : Durant la visite des décanteurs, le chien du Portugais suivait la voiture à quarante km/h, en hurlant devant et en se retournant. A chaque fois, on avait l'impression qu'il allait passer en dessous. Un molloss-veloss ! Ses empreintes au sol étaient bien profondes et impressionnantes. Purée, quel bête !

L'après-midi est aux Bruoux. Il s'agit d'une vaste carrière d'ocre située à Gargas. Par rapport à Roussillon, les galeries sont plus hautes, très régulières et suivant un léger pendage, de sorte que la fin de l'exploitation est dans l'eau. Il y a un groupe réfrigérant pour les champignons, des bâches dans tous les sens, des tuyaux et même une route en béton à l'intérieur de deux galeries. Ce site était moins appréciable que Roussillon, probablement parce qu'on manquait de lumière. En effet, les parois marron absorbent fortement la lumière et on se sent un peu au sombre...

Repas du soir près d'une descenderie. Elle plonge à quarante cinq degrés dans une seule galerie entièrement inondée (eau magnifiquement bleue). La descenderie est équipée de rails en voie étroite et d'un treuil. Juste un peu plus loin, nous allons voir le Puits des Pigeons. Il s'agit d'un puits carré d'une dizaine de mètres de profondeur, entièrement squatté par des dizaines de pigeons bruyants, rrroû rrôu ! Il mène à quelques galeries globalement noyées.


24 octobre

*Les carrières de Provence
Départ très tôt pour la carrière des Estaillades à Oppede. Il s'agit d'un ancien site d'extraction de pierre à Bâtir situé entre Oppede et Menerbes, dont le propriétaire est la Société des Carrières de Provence. Nous arrivons juste à l'heure, avec un camion à charger. L'entrée de la carrière est entièrement monumentale, je ne trouve pas d'autre mot. Il s'agit d'un gigantesque cavage bien carré, duquel sortent des dumper mégalithiques et des chargeurs Merlo filant à toute vitesse.

Nous retrouvons notre contact à l'entrée et commençons la visite. La partie souterraine n'est pas immense en développement, mais propose des volumes de grande dimension et de qualité. On retrouve en effet de nombreuses traces des extractions anciennes, lorsque les blocs-monolithes étaient encore sorties par charrettes. Il y a d'ailleurs quelques graffitis anciens, parlant de curés et de grivoiseries. Toutefois, ils sont souvent placés très haut, proche du ciel de la carrière.

La partie souterraine sert surtout d'atelier pour les deux parties à ciel ouvert. On y observe un matériel performant et rapide. Deux scies Rexo permettent une taille manuelle des blocs, deux débiteuses automatiques Gregori et Ravet scient les blocs avec rapidité et précision. Les blocs sont de la pierre tendre donc le sciage n'est pas difficile. Il s'agit précisément d'un calcaire coquillier (comme aux Baux) et la carte géologique atteste qu'il s'agit également de molasse. La destination principale des blocs, ce sont les cheministes. En effet, les blocs sont taillés en plaques minces pour les cheminées. Mais on retrouve également un écoulement par blocs intacts (2,00m x 1,65m x 1,00m, soit 3,3 mètres cubes). En dernier lieu pour les blocs entiers abîmés, on produit de la briquette de parement pour Leroy Merlin. Les parties échancrées ou de mauvaise qualité sont retirées, on ne garde que ce qui est bon pour les briquettes.

Par la suite, nous visitons les deux carrières à ciel ouvert. Ce sont des volumes immenses, il s'agit effectivement de la plus grande exploitation de pierre de taille d'Europe. Les réserves laissent encore trente ans d'avenir, ce qui est large. Les blocs sont sciés avec de petites haveuses Blanc et des haveuses Perrier. La découpe est guidée au laser et suit le guide d'un rail. C'est un travail régulier et opiniâtre. Les vitesses sont optimisées selon la position de la tronçonneuse dans le bloc. De ce qu'on a vu, cela paraissait organisé et une entreprise où on se sent bien. Je sais pas, un ressenti comme ça d'un visiteur de quelques heures. Toutefois en hiver, on doit vraiment se cailler sec et en été, ça doit être d'un blanc aveuglant épouvantable...

Pour terminer, nous visitons une deuxième partie souterraine, possédant l'atelier de taille à briquettes. L'outil est un massicot tout simple, venant casser le bloc en une ligne un peu irrégulière, ce qui donne un bel aspect au parement. La carrière des Estaillades a une longue histoire derrière elle, c'est de la notamment que viennent les pierres du Palais des Pâpes d'Avignon. Près de l'entrée de la carrière, un mur possède deux escaliers abrupts taillés dans la masse. Un reste des ancien carriers... En tout point, ce fut une visite passionnante et agréable.

*Les devens Longs
Après un bon repas où nous disons beaucoup de mal d'Antonin, nous partons pour la visite de la carrière Tomple, mine d'ocre à Gargas. Il y a là un chevalement en bois, ce qui est assez rare (on observe similaire aux ardoisières de Rimogne). Juste à côté trainent d'anciens cuffats en bois. Dans les falaises juste en dessous, nous avons beaucoup de difficultés à trouver le réseau souterrain. Il s'agit en fait de quelques galeries inondées et glissantes.

Juste après, nous voilà partis pour les Devens Longs, la dernière carrière d'ocre de Gargas que nous n'ayons pas visité. Sur le chemin, nous trouvons un puits profond et impressionnant. Le manque de temps et de matériel nous a empêché la visite.

Les Devens Longs est la carrière d'ocre proposant les plus hauts volumes, jusque quinze mètres de haut pour des galeries ne dépassant pas 3,50m de large. Il semble que cela provient d'un oubli du législateur. En effet, pour éviter les accidents, la réglementation imposait une largeur maximale, une forme de voute en ogive, un croisement des galeries en angle droit, mais rien sur la hauteur. Du coup, ils ont exploité dans une belle hauteur de galerie. Cela donne un paysage atypique, assez esthétique.

La mine possède notamment une galerie d'exhaure creusée en triangle. Là encore, c'est un phénomène assez rare. Un peu plus loin, nous retrouvons les deux pompes servant à alimenter le nettoyage des ocres. Les galeries sont rectilignes et rapidement inondées, ce qui nous fait regagner la sortie sans trop tarder.

Les ocres ont proposé un paysage fantastique et dépaysant. Ce fut un véritable plaisir de découvrir ce pan d'industrie assez méconnu.


25 octobre

Chemin du retour entamé à l'aube, onze heures de route bien barbare, pouh... Sur la route, la Lorraine donne un aspect toujours aussi mythique. On aperçoit même les silos de Hettange Grande au loin. Vivement les prochaines explorations...

Dans le Vaucluse, nous n'avons pas tout visité. Par exemple, nous sommes passés devant la briquèterie de Bollène, paraissant vraiment magnifique. Par manque de temps, nous avons également du ignorer les ocres des Bruyères à Apt, la carrière de Fontvieille, le gypse de Mazan, les lignites de Laudun, de Mondragon, l'argile de Bollène, le soufre des Tapets, les carrières du château de Lacoste, les quartzites de Saint Laurent la Vernede, le plomb de Beauvoisin et plus loin, les mines de Plomb-Zinc de Condorcet... Bref, il faudrait toute une vie !

En rentrant à la maison, Raoul a vu Mousty. La première parole : mais qu'est-ce qu'il est gros ! Olivier avait dit pareil, Ryu aussi... Bref, un régime s'impose Mousty !


26 octobre

De retour des ocres, complètement vanné. J'ai attrabé un gros rhube, snif, c'est barce que François il était balade, alors ça n'a pas loubé... Tchââââ !


Mon Mousty :)

 

Ainsi, le postulat de Kant "Je ne peux connaître que ce que j'inclus moi-même dans mon expérience", je l'interprète, moi Münchhausen, de la façon suivante : je me charge d'inclure, aux autres de se débrouiller pour connaître ce que je leur sers, s'ils ont assez d'expérience. Sigismund Krzyzanowski.

1er novembre

A l'instant, je viens de voir un reportage d'Arte sur les explorateurs urbains, apparemment ce document daterait de février 2003. Qu'est-ce que je fais ? Je les taille en pièce ou pas ? A voir ces 8 minutes lamentables, je me sens profondément blessé. Ils nous font passer pour de véritables bandits, comment veux-tu avoir de la crédibilité par la suite ?
Ils montrent des parisiens en train de bousiller des réseaux électriques, qui volent des clés, qui éclatent des portes au cric hydraulique, qui volent des plaques émaillées... C'est cela la passion ? Faire chier le monde et foutre son cul partout où c'est interdit ? Désolé mais j'appelle ça du parasitisme et de l'opportunisme.

1/ Paris, oui c'est bien. Mais ce qu'ils disent "Paris est la meilleure place d'exploration urbaine" est complètement faux. Un thème d'exploration bien mené se trouve sur les routes en Allemagne, en Angleterre, en Russie, en Finlande... Aucune ville ~ aucune entité ne peut dépasser la richesse de tout un monde. Ils réduisent les explorateurs à de faibles manants qui ne sortent pas de leur quartier, minable.

2/ Le pire de tout, c'est cet aspect de vagabon bandit de grand chemin. Certes, quand on voit des panneaux "Entrée interdite" ça veut dire que c'est là, et quand on aperçoit des panneaux "Danger", qu'on est arrivé. Mais je ne supporte pas cette image donnée d'agresseurs de lieux privés. Désolé mais pour ma part (je crois d'ailleurs que je peux parler du groupe cataliste à part entière), lorsque nous allons quelque part, cela ne se voit pas. Nous ne venons pas massacrer les matériels tout simplement parce que dans ces lieux, il est évident que nous n'avons pas de flic au cul. Le comportement démontré dans le reportage me semble celui d'adolescents souhaitant se rendre intéressants - tout sauf passionnants pourtant.
Lorsque nous descendons, nous demandons souvent des autorisations. Je ne dis pas ça pour faire lèche cul. Non franchement, c'est agréable de parler avec les propriétaires, de partager des photos, des valeurs. Encore la semaine dernière, y'en a deux qui étaient super contents des clichés. Faire chier le monde, c'est vraiment l'antipode de ce que je souhaite.

3/ Dans ce reportage, il est dit que ces gens font un travail d'archéologie. Alors là, c'est le pire. Attend, on se fout de la gueule de qui là ??? Ils ont déjà publié des articles, ils ont déjà foutu le nez dans des archives, ils ont déjà essayé de faire avancer les recherches positivement ? Mon cul ! Rien que du vent. Ils ne font aucun travail positif et pillent le travail des autres. Leur passage dans les souterrains est un désastre, ils volent les plans et les archives. Franchement, je suis pour la soudure intégrale des plaques avec des cons pareils.

Certes, je vais paraître un vieux con rétrograde qui ne sait pas s'amuser, mais laisser passer de telles balivernes, ce n'est pas possible. A chaque fois qu'un reportage est fait sur les catacombes où les endroits mystérieux, ça tourne à la connerie absolue. Pourtant, y'a de quoi dire, y'a de quoi se promener. Au moins, lorsque nous sommes au creux des mines de lignite, lorsque nous sommes au fond d'un bunker lorrain tout juste réouvert, il n'y a pas cette pression médiatique abrutissante, tout le monde s'en fout royalement. Paris n'est pas du tout un bon lieu d'exploration urbaine parce que c'est surfréquenté, tout le monde connaît et tourne ça à la masturbation mentale. Les espaces que je présente dans mes photos ne sont pas dans cet état de massacre proche de la mentalité de supermarché. Bref, je ne peux pas me dire que je porte le même nom qu'eux, non je ne peux pas dire que je suis un explorateur urbain si c'est à ce tarif là.


2 novembre

Ca y est, j'ai la photo des albums de musique industrielle. Il est possible de la voir ici. Ainsi, ça donnera une idée de ce dont je parlais ces derniers mois. Dans la promotion de cet album, rien de bien nouveau, je pense juste que j'aurais pu aller plus loin... Peut-être une collaboration avec Nicole12 pourrait me faire évoluer dans ce sens, encore qu'il faut la décrocher cette invitation... Nous sommes les seuls à traîter de ce thème là en terreur acoustique (non non, pas les trucs que l'on peut trouver sur mp3.com en tapant musique industrielle)

A part ça - et en quelque sorte en rapport aux propos de Colette - Le week-end fut charmant. Entre les gosses qui font la mendicité le soir d'Halloween (et qui jettent par terre les emballages de bombons polonais qu'on leur donne), entre les vieux qui vont à la messe parce que c'est la Toussaint et vont une fois l'an au cimetière, c'est vrai que c'est la joie. Mais bon, comme dit Tue-Loup : tous bon à clouer... Si on commence à s'occuper des cons, alors y'en a pour toute une vie.
Du reportage d'Arte, je ne retiens qu'une chose : une dame évoquant que ce qui l'a décidé à revenir sous terre, c'était la sortie, le retour dans leur monde normal, je dis bien "leur". Cette impression de quitter la sérénité pour replonger dans leur folie consommatrice frénétique... Un week-end de Toussaint qui vient bien confirmer cette haine mélancolique.

 

3 novembre

Pouvoir aimer quelqu'un ? Il faut au moins s'aimer soi-même un minimum, ça parait évident... Un matin où je ne sais même plus ce que peux vouloir dire estime de soi. Enfin, peu importe dira t'on, qu'est-ce que cela change de l'évoquer ? C'est peut-être un peu de tout cela que vient ma propension à faire des fissures dans mes dessins (j'aime à couper les personnages, qu'ils aient une cassure dans leur corps, je dois me retenir pour ne pas les découper comme des puzzles) Toutes ces choses n'ont plus d'importance. Je sais imperturbablement que je n'y apporte pas de solutions.


5 novembre

Il y a quelques temps, j'avaix posé dans google la requête "most depressing album", cela afin de trouver des chanteurs que je ne connaissais pas. De toute évidence, j'ai trouvé n'importe quoi, du genre Pink Floyd ou Lou Reed - disons clairement que ces inconnus n'étaient pas loin de citer Madonna voire Britney Spears. Enfin bref, après pas mal de difficultés, j'ai trouvé mon bonheur. Les Red House Painters sont pas mals, mais le groupe m'ayant le plus convaincu dans ce genre, c'est Arab Strap. Ils étaient en concert à Paris il y a deux jours, dommage que j'ai loupé ça (même s'il y a 400 bornes à faire, leur glauquitude étouffante est passionnante) Bref, cette musique est à tuer tout fan de respiration, c'est du lancinant, du moite, le fin fond d'un pub surchauffé l'esprit un peu vaporeux. Pas la peine de chercher du rayonnant là dedans, c'est un condensé de textes glauques sur la société. Toutefois, il faut avoir un bon niveau d'anglais parce que l'écossais, c'est assez terrible dans le genre non-articulé et les jeux de mots sombres ne manquent pas. Elephant Shoe me lasse rapidement, il n'y a que dans Philophobia que je m'épanouis. Les basses de "My favourite Muse" font trembler l'armoire.


Le stylo n'est là que pour l'échelle ! Clés de la cokerie de Tertre



6 novembre

Ma chaussure droite a un trou, ça fait à peine six mois que je la traine. Voilà, je fais dans l'émotionnel, il est vrai que ça ruine totalement mon moral, j'aimais tant cette chaussure, nous avons vécu de si belles aventures...
Mouais, n'importe quoi !

Ces derniers jours, pas grand chose de nouveau. J'ai l'impression que je m'enlise dans la satisfaction de n'avoir plus rien à faire ou presque. Il est vrai que ces instants se font rare et je sais que les livraisons photographiques de la semaine prochaine vont tuer l'emploi du temps. En réalité, je n'essaie même plus de combattre cette désepérante agonie du temps, répétitive voire roborative. Les projets tombent de manière irrégulière et dès qu'il y a un truc à faire, c'est pour hier. Pas d'étonnement à ce que je me retrouve coincé dans mon planning, à me dire "mais qu'est-ce que tu fous de ta vie vieux ?" Enfin bon, j'ai choisi de ne pas choisir et pour quelques temps encore, ça trainera dans une relative lamentable langueur. Peu importe tant que je tiens bon la route ? Peu importe tant que cela m'aide à ne pas trop perdre le moral ? Je n'ai même plus envie d'essayer de trouver des réponses. Il y a de toutes manière un décalage, je n'ai pas envie d'une vie routinière. Or, je suis en plein dedans et ne fais absolument rien pour qu'un moindre changement s'opère...

Etonnant ces changements depuis les dessins du journal. Avant, je refusais toute illustration, les pages étaient bleues comme des blue screen windows. Je me disais "de toutes manières, je n'écris que pour moi et c'est pas fait pour être lu, alors je n'adapte pas". Mais je comprends maintenant que ces dessins font partie intégrante de ma personnalité, surtout lorsque je me suis rendu compte qu'il fallait que je me force à ne pas découper mes personnages. Cette tendance systématique, je l'ai analysé comme une drogue. Je déteste tellement les gens, je ressentais un plaisir à couper leur corps en deux, en quatre, de travers, juste par amusement de voir des visages scindés de manière complètement symbolique. En fait, c'est un défouloir, j'y place mon refus de la société. Tant que c'est un dessin, ça va. Mais comme je sais que je laisse quelquefois des choses dégénérer, je n'ai pas voulu que cette manie empiète trop, jusque devenir nécessaire, incontournable à la stabilité morale.

En parlant de ça, mon régime-café se passe plutôt mal. Je ressens des crampes et j'ai des gestes très brusques. Comme une désintoxication en quelque sorte. Ca me motive encore plus à arrêter.

Quant à la stabilité morale, je suis dans un train en partance pour l'inconnu. Depuis quelques temps, je suis dans une succession de tunnels et passages ensoleillés. Rien à y comprendre puisque je n'ai pas d'espoir par rapport à un quelconque futur. Mais bon, les excuses bidon que je me forme font placer la mélancolie un peu au second rang. Ouais, t'es un artiste vieux, tu ressens les choses différement, tu places plus d'importance à tout ce qui touche le sentimental... Evidemment, un peu artiste de merde mais bon, ce n'est pas sur ces descriptions que je voulais arriver... Quoi qu'il en soit, je me fous de plus en plus de cet état d'esprit à proprement parler lamentable. Je constate bien que mes parents ne le voient pas, que les quelques personnes de mon entourage n'y songent pas, c'est donc que je ne suis qu'un menteur, je ne leur offre pas l'image de ce que je suis réelement. Je ne sais dire si c'est vrai, mais peut-être que mon ressenti par rapport à la vie est complètement faux. La mélancolie n'est peut-être qu'un artifice que je créée de toute pièce en réaction à un cours des évènements qui ne me plaît pas énormément. Une certitude, je me sens complètement paumé. Il est donc de fait que je ne suis pas à même de parler avec clarté de mes ressentis...


7 novembre

Il est temps que je retourne sous terre, je m'ennuie fermement... A priori, la fin du mois sera au fond des mines de fer et la fin de l'année dans les galeries des catacombes. Avec Antonin, nous allons enregistrer un album de musique industrielle entièrement sous la surface. Ca promet une bonne ambiance...


8 novembre

J'en parlais justement y'a quelques jours... Voilà qu'Anne Bourguignon me dit : mais Arab Strap sont en concert au botanique ce samedi. Fruit d'un étrange hasard ? En tout cas, me voilà parti à Bruxelles dans l'espoir de trouver une place libre. Cela se déroule sans aucun problème, il me reste un peu moins d'une heure pour trouver quelque chose à manger.

A 20h00, une première partie est assurée par un groupe de New-York : Melomane. Ils font un rock mélodique assez bruyant, plutôt intéressant dans l'ensemble. Un monsieur et une madame chantent en duo sur des guitares acoustiques et basses saturées. La madame est... comment dire ?! Une semi-sorcière aux cheveux noir et rouge arborant tatouages de partout ! Le meilleur dans cette prestation, c'était résolument le batteur. Il était complètement pris dans sa présentation, c'était amusant de le voir en train d'agoniser sur des rythmes plus que soutenus, parfaitement tenus pourtant.

Après un peu d'attente, voilà les deux types d'Arab Strap qui se présentent. Il parait que j'ai de la chance, cela fait plusieurs fois qu'ils annulent tout simplement pour cause de consommation excessive d'alcool. Mouais, au vu du bonhomme, rien d'étonnant... En Belgique, ils sont moins connus qu'en Angleterre. Du coup, j'ai de la chance de pouvoir profiter d'un concert dans une petite salle. Autrement, ça aurait été une vaste prestation anonyme et désagréable...

Malcolm Middleton est un roux de chez roux. Sur scène, il est pratiquement totalement immobile, il ferme les yeux assez souvent. Je suppose que c'est une question de concentration. Bref, c'est un bonhomme complètement mommifié, jouant par contre à la perfection. L'autre personnage, c'est Aidan Moffat. Barbu désinvolte, il arrive sur scène avec trois bouteilles de bière. Immédiatement, il les décapsule avec son mégadécapsuleur intégré à son pentalon (ça en dit long...) Le plus souvent, il titube franchement et tourne entre les musiciens comme un lion en cage. On se demande s'il va tenir bon jusqu'au bout tellement il semble s'évanouir dans des espaces vaporeux. Toutefois, sa prestation est magnifique. Sur les airs de basses vrombissantes un peu étouffantes, il s'accroche au micro comme si c'était sa dernière chance. Une chose est claire, ses chansons ne sont pas des balivernes commerciales, il les vit au coeur de lui même, de sa tête sa bite et son cul. Il faut dire que ses paroles sont des récits lamentables de bitures et de fréquentations plus que douteuses échancrées de mauvais alcool. Un anglais sordide donne des détails pointilleux sur des relations conjugales extraconjugales ou les deux en même temps. Bref, ce fut un concert poignant, je dirais aussi intense que purent l'être les Joy Division à leur époque.

Ce qui a beaucoup joué là dedans, c'est également le public. Plus de la moitié me semblent t'il étaient anglais (à entendre les discussions). Ne serait-ce que les autobus garés devant le botanique, on ne s'y trompe pas. Ces gens ont fait un long déplacement pour voir les phénomènes et c'était agréable de voir des spectateurs très motivés, connaissant toutes les chansons sans problèmes. Il y en a même quelques-uns qui lui lançaient des vannes comme quoi il était temps d'aller au lit, que la vie était résolument trop dure, qu'il picolait trop, etc... Les deux compères étaient accompagnés de violon, violoncelle, trompette, guitare sèche et clavier. Assez souvent, on avait l'impression que ces musiciens faisaient figurants, une sensation que l'identité, ce n'était finalement que le couple infernal des deux copains écossais.
Les versions des chansons étaient totalement remaniées, changements d'instruments, ajout de multiples couplets, de parties complètement nouvelles, c'était très agréable. En bref, aucun regret d'avoir été les voir. Les morceaux de Philophobia ont évidemment été les plus intenses. Un hasard heureux, j'ai vraiment eu de la chance en somme.


(Devant l'igloo de Mousty)

14 novembre

D'après Krzyzanowski, l'intelligence réside dans les cheveux. En fait, le cerveau envoie des influx nerveux et chaque cheveu représente un mot ou une notion. Ainsi, cet auteur explique que pour maîtriser les gens qui sont contre le pouvoir en place, il suffit de leur couper les cheveux. Dans le récit, il est donné force de détails et démonstrations sur la méthode, et ça marche très bien.
Cela expliquerait la bêtise des gens d'aujourd'hui. En fait, je remarque (au moins en Europe) le fait suivant : les garçons ont les cheveux très courts, voire rasés - certainement un effet de mode que tout le monde s'empresse de suivre. Cela expliquerait de manière implacable le caractère obtus de leurs pensées, la limitation de leurs dialogues (est-ce que tu baises?) et l'indéniable supériorité intellectuelle des femmes sur les hommes. Ca expliquerait également la connerie épouvantable de Pascal Obispo.
Ce Krzyzanowski est quand même un génie visionnaire !


15 novembre

Journée entière à faire des scans pour Oppede et la Société des Ocres de France. C'est un travail étouffant, mais je leur ai promis des photos de la meilleure des qualités, alors je tiens mon engagement !
J'ai acheté des bonbons et ils ne sont même pas bons...


16 novembre

Mon désir maintenant, c'est de dessiner des visages de gens que je connais. Un peu ras le bol de toujours dessiner du fictif. Ces derniers jours, j'ai réussi à faire des copies conformes à partir de photos, alors c'est que c'est possible... Ca m'a mis en route pour un autre projet également, celui d'habiller toute l'année 2003 de dessins. Je sais bien que c'est un travail immense mais je m'en fous. Je n'aime pas trop rester sans rien faire.
Pour l'instant, je suis en noir et blanc, donc c'est encore facile. Mais l'année prochaine, je me lance dans la couleur avec de la peinture à l'huile. Alors là bonjour les dégats. Pas du tout envie d'impressionner avec mes dessins, j'ai plus envie de représenter un univers bizarre, d'agrémenter le quotidien d'images toutes douces, avec des ombres de soleil couchant, belles sur les visages.

Etonnant pour un misanthrope fini de dessiner des visages ? Oui c'est vrai, je reconnais que c'est un paradoxe assez important. Peut-être est-ce simplement parce que j'aime l'humain ainsi ? Dans l'image, il y a un aspect figé. Il ne peut pas y avoir de douleur puisqu'il n'y a pas de communication. Je suis dans la haine de l'autre parce que j'ai peur. Je suis dans la solitude parce que je suis trop timide. Evident tout ça...

Le dessin permet d'évacuer tout un imaginaire (quelquefois malsain), peut-être encore plus que par la photo. Et puis comme je me sens tellement mauvais un peu dans tous les domaines, j'ai envie de progresser afin d'atteindre le top niveau. Bon évidemment, je n'y serai jamais mais ce n'est pas grave. Ce qui compte, c'est de se donner de grands objectifs afin d'essayer d'aller le plus haut possible. A chaque dessin, j'ai Professeur Benjamin qui vient avec son "feutre rouge". Lui, il a fait une école de dessin, alors il voit tout de suite ce qu'il va pas. A chaque fois que je rate des trucs, je dois recommencer, mettre l'élément en question encore plus visible dans le dessin suivant...


17 novembre

La fatigue pèse sur les yeux. Un véritable travail de forçat, ne serait-ce que pour finir toutes ces commandes photographiques que j'avais promises... Mais bon, ce n'est pas de la mauvaise fatigue. En principe, la fin de semaine sera à la tranquillité, j'en aurai fini avec tout ce retard. Il faut dire que j'avais accumulé un travail monstrueux faute de scanner pouvant donner un travail de qualité... Très franchement, je serai content d'arriver au finish, très franchement aussi j'avoue être heureux de faire plaisir à tous ces gens.

Tiens, une nouvelle exposition est en cours en Angleterre, 14 photos d'exploration urbaine sont en présentation et c'est vraiment très chouette. Il reste quelques détails à fignoler et c'est terminé. Tout particulièrement, deux des photos de la Tour d'Ursel sont en présentation, ainsi qu'un cliché de Vaux sur Seine. Bref, je suis vraiment heureux de ce truc là. Ce soir, je vais finir les derniers détails...

Ca fait depuis les ocres que je ne suis pas retourné sous terre. Ca commence à me manquer vraiment furieusement. Ah ! Une bonne usine abandonnée, une bonne galerie humide, une bonne mine de charbon bien noire et bien sale... Hum, je crois que je suis en train de fantasmer là ! A chaque fois qu'il y a de longues périodes sans aller sous terre, je deviens comme un chat qui regarde dehors le temps pluvieux. Vivement la fin du mois dans les mines de fer, c'est déjà la deuxième fois que je le dis, c'est vraiment que la glauquitude manque...


18 novembre

Fameuse journée où tout merde dès le matin, ne serait-ce que le train tellement bondé, c'était immonde à en tomber raide mort... Bref, impossible de faire des scans, impossible de mettre en ligne, le tout sous un retard écrasant. Soit je me mets en colère soit je laisse tomber ? Le travail, tu t'en fous ou tu deviens fou disait Raoul. Certes, je crois qu'il est plus sage d'oublier, ce sera pour la semaine prochaine...

 

19 novembre

Rrraââ ! Touche pas à mon moelleux au chôcôlat, sinon tu risques une mort longue et douloureuse ! Huum, c'est bon le chocolat ! Je crois que je me jette dessus à cause du manque de caféïne... Ce matin je suis content car, levé tôt, j'ai tout terminé en matière de travaux photographiques. Tout partira par la poste d'ici quelques heures. Un moelleux en réconfort ?!

Hier à la banque, je devais porter une copie d'une paperasse minable. En sortant une pochette de papiers dans laquelle je devais fouiller, je n'avais pas remarqué qu'un dessin s'offrait joyeusement à la vue de la personne s'occupant de la banque.
-C'est toi qui fait ces dessins là ?
-Heu... Oui, c'est le portrait d'un copain (c'était le dessin de François aux ocres)
-Ah, moi je n'ai pas ton talent. D'ailleurs on dirait Bruce Willis ton copain.
Alors, je commence à me marrer quelque chose de bien, parce que François c'est tout le monde sauf Bruce Willis, ce qui en dit long sur mon talent ! Quand François sera au courant de l'aventure, je crois qu'il va faire un arrêt cardiaque !

Comme je vais m'emmerder dans les semaines à venir (plus de travail et de photos à donner), j'ai préparé une montagne de demandes d'autorisations. La carrière souterraine du Lycée Gerson à Paris, une nouvelle demande à Cockerill Ougrée, une demande pour la cokerie de Seraing et pour terminer, une nouvelle requête pour la carrière souterraine du cimetière du Kremlin Bicètre, abrittant un fameux ossuaire. A cela s'ajoute la future visite de Umicore Calais. Ouf, ça va remonter le niveau de l'exploration urbaine...


21 novembre

Bon et bien me voilà père de famille. Euh, je crois que j'ai la tête dans le q et que je raconte vraiment n'importe quoi ! Enfin bref, ce matin dans le train, y'avait un sac et un sac et un sac et un petit et une maman que je vois souvent. Ca faisait beaucoup de monde ensemble, alors je lui ai proposé de lui monter les affaires le long escalier bancale, à la gare de Boitsfort. Ca me faisait bizarre de monter ces escalier ainsi, l'impression d'un décalage... Je raconte ça alors que ça n'a aucun intérêt, je sais. C'est juste que je ne suis pas habitué à la communication.

Bon à part ces petites choses, le projet d'enregistrement d'un nouvel album de musique industrielle avance bien. Pourquoi maintenant puisque je n'en ressens pas le besoin ? Une raison toute simple, c'est une occasion qui se présente. En effet, celui ci sera enregistré en live dans un pilier de pont. Les piles de pont sont la plupart du temps entièrement creuses. Du coup, on obtient une réverbération unique dans ces pièces très hautes, caractérisée par un temps de réponse extrêmement long et intense (jusque 20 secondes) De plus, comme c'est à Meudon, les trains qui passent au dessus viennent ajouter des grognements sourds. Je pense que ce sera un son très intéressant, probablement assez dur à exploiter, mais le défi semble valoir la peine. Nous sommes en train de préparer les instruments : scie circulaire, tuyaux en métal, boîtes en fer, cailloux, tubes en pvc, et puis tout ce qu'on trouvera sur la route, puisqu'il est évident qu'un tel enregistrement s'improvise beaucoup. Certes c'est de la musique expérimentale, mais cela donne des résultats étonnants et bien souvent intéressant. Daniel Menche est un peu l'initiateur du mouvement. Pour notre part, nous le continuons avec toute la dose d'originalité nécessaire...

Hier, Georges se foutait de moi avec mes enregistrement à la noix. Lui, il enregistre des trucs chez Sony, alors c'est sûr que je parais un peu "le petit rigolo" à côté... Enfin peu importe. Pour moi, la musique est plus intense si elle est liée à une sonorité d'un endroit particulier. Par exemple, Lustmörd enregistre ses albums dans des galeries de mines abandonnées. Ca donne une ambiance très particulière parce qu'on entend l'eau couler dans les exhaures, les goutes tomber par terre, etc... Einstürzende Neubauten quant à eux construisent de véritables architectures métalliques, afin de taper dessus puis de les détruire au marteau piqueur. Trois heures de travail, tu ne gardes qu'une minute. Il est certain que ce n'est pas un bon rendement, mais quand on aime, on ne compte pas...


22 novembre

Une personne en Australie me disait dans un courrier en parlant des contraintes du pays : avant que tu ne te fasses machouiller par une araignée. J'adore cette phrase, ça porte vraiment en dérision cette peur. J'imagine très bien un gros monstre avec huit yeux en train de se dire "tiens, et si je lui léchouillais la joue avec du venin ?!" Gniark !

En parlant de machouiller, hier soir c'était la tournée des chats du quartier Stouffs. Dans le sac, il y avait un petit pot de beurre comme on donne dans les restaurant. Etant donné que ce beurre avait eu un peu chaud, je leur ai donné. Ni s'est jeté dessus en commençant à engloutir tout le morceau dans des schmoff schmogg et autres bruits infâmes. Finalement, j'ai réussi à récupérer le trésor afin de le couper. C'est parti plus vite qu'en un éclair !


23 novembre

Encore un week end passé dans une activité loin d'être la frénésie. Pourtant, je me sens lessivé. Je crois que j'ai besoin de deux mois de repos, des grandes vacances en somme. Deux bons mois passés sous terre à arpenter des milliers de kilomètres de galeries ? Mouais, encore un rêve qui est loin de se réaliser. Bon, on peut dire qu'une fois de plus, je porte ma plainte devant tout, mais j'espère que ce n'est pas trop l'impression que ça donne. Il y a des gens qui doivent travailler tous les jours et je savoure ce week-end, avec un café et des crayons. A défaut de galeries, je m'amuse à croquer le portrait de mes amis. Ce fut le tour d'Antonin et de Nora, je ne sais pas encore qui sera le prochain.

Les galeries... il faut dire que c'est loin d'être la joie en ce moment. Des dizaines de demandes d'autorisation que je fais, je ne reçois que du négatif. Et quoi ? La seule solution, c'est de rentrer sans rien demander ? Des fois, je me le demande franchement.

 

27 novembre

Quelques lignes en fond de "Love Songs" de Miles Davis. Vendredi soir, grand départ pour la glauquitude, trois jours de bivouac dans des mines de fer souterraines. Ca promet d'être un périple absolument passionnant. En effet, les cartes promettent des milliers de galeries entrecoupées dans tous les sens, agrémentées de salles de pompes, de transformateurs, des locomotives, etc... Au niveau fatigue, ça va être solide, surtout qu'il semblerait qu'on ait à baquer (rentrer dans une eau glaciale sur plusieurs centaines de mètres) Déjà qu'en ce moment, je me sens carrément exténué, ça ne va vraiment pas s'arranger. Mais bon, ça fait quasiment un mois que je pleurniche comme un pauvre débile mental parce que j'ai envie de descendre sous terre, alors maintenant je ne vais pas me plaindre !
Bref, vivement ce week-end, j'ai rarement passé une aussi longue période sans visiter mon si cher sous-terre.

Cette journée de vendredi sera également l'occasion d'une rencontre avec un journaliste de zone02. C'est un hebdomadaire distribué sur la région de Bruxelles Capitale. Nous allons faire un article sur le collectif de photographie industrielle, cela dans le chouette environnement d'Interprochim, l'atelier de Machelen où restent des dizaines de bustes en plâtre prêts au nickelage. J'entrevois cet article avec appréhension, quelques inquiétudes sur la véracité de ce qui va être raconté une fois les textes retravaillés de leur côté, mais je prends le risque.


Souvenir d'un garde douche de Cheratte


29 novembre

A l'aube de l'aurore, nous voilà repartis pour une belle expédition au fin fond des mines de fer. Trois heures de train sans aucun problème, nous retrouverons François à la gare à 10h14, juste en face de la porte du train. François est un peu stressé parce que notre fameuse mine, ce sera techniquement difficile pour rentrer... Juste après quelques courses au shopimarché du coin, où le caissier nous fait un délire sur Captain'Némo, nous partons sacs aux dos dans les bois. Je note à ce titre une citation : un saucisson sans pain, c'est comme un match de foot sans bière. Ca remet tout de suite les idées en place !

Trois quart d'heures de marche sont nécessaires afin d'arriver à l'entrée de la mine. Nous devons faire une approche difficile car le cavage d'entrée est situé sur un ancien carreau encombré de ronces. Rentrer dans la mine demanda une organisation serrée, mais cela s'est passé sans problèmes. Il y avait en effet un énorme problème technique pour passer le cavage n'étant plus adapté depuis des années à recevoir la moindre visite (état d'abandon).

Nous voilà donc dans la mine, nous attend un travers-banc de plusieurs kilomètres. C'est une galerie en ogive, quasiment toute droite. Seuls des regards réguliers sur la canalisation d'exhaure (fort courant) et un puits d'aération viennent égayer le parcours uniforme. Le sol est en ballast tassé, la galerie est ceintrée et muraillée de briques en laitier de haut fourneau. De la seule voie de roulage du TB ne restent que les traverses. Le trajet est rébarbatif, mais nous le savions d'avance. Nous avons mis plus d'une heure et demie avant d'arriver à la gare, un lieu où la galerie se sépare en trois bifurcations.

Nous dormirons juste un peu après cet endroit, au sommet d'un bel escalier, je décrirai cela ensuite. Juste pour dire que nous profitons de ce lieu pour alléger le très lourd fardeau de nos sacs. A vrai dire, ce n'est que maintenant que commence la visite. Il est sûr que se farcir un travers banc monstrueux comme ça, c'est au moins à faire une fois dans la vie pour connaître, mais pfiouu !

La visite débute avec la découverte d'un poste de concassage. Une galerie assez grande, au moins quatre mètres de haut, arborant au ciel cinq immenses trémies. Leurs gueules sont impressionnantes, on aurait aimé voir la taille des wagons qu'elles remplissaient ! 20 mètres au dessus, dans un étage supérieur, nous découvrirons plus tard les installations permettant de balancer le minerai dans ces silos. Toutefois, tout le matériel de concassage semble bel et bien avoir disparu. A cet étage supérieur, les galeries sont pulvérulentes. En bas, notre galerie des trémies se poursuit et donne dans une série d'ateliers dont les volumes sont importants. De vastes salles entièrement carrées, mais plus hautes. Il y reste notamment un redresseur à vapeur de mercure. C'est un appareil bizarroïde ressemblant à une très grande ampoule (au moins un mètre de haut) en forme de méduse. Cette ampoule possède à sa base six tentacules en verre terminées par des raccords électriques. L'endroit est photogénique, mais du mercure traîne par terre et évidemment, ce n'est pas fantastique...

Nous continuons notre galerie et arrivons dans des quartiers de plus en plus complexes. Il y a des albraques, des murs qui bloquent le passage on ne sait pas trop pourquoi, puis soudainement un poste de mesure. Il s'agit d'un analyseur de turbidité de l'eau. Nous prenons quelques précautions puis continuons un peu au-delà. Toutefois nous sommes complètement paumés et question plan, cela ne se recoupe pas comme sur le tracé. Un peu plus tard, nous comprendrons que la boussole était complètement faussée par les étaiements (magnétisés). Ces poutres au ciel faisaient tourner l'aiguille de 90 degrés en fonction de la hauteur (au sol ou à 1m60)

Nous nous engageons dans une descenderie assez rébarbative, bordée de trois canars et des câbles haute tension. Etant donné l'alignement, il est probable que nous allions vers une autre concession, jugée pourtant lointaine. Toutefois, rien ne le confirme. En fait, nous n'étions pas dans la (ou les) bonnes couches par rapport à notre plan. D'après les inscriptions murales, nous étions dans la jaune. En bordure de galerie, des puits descendent vers la couche grise et montent vers la couche jaune sauvage. Cette galerie en légère pente descendante nous fait arriver sur une salle de pompes. Je suppose qu'il s'agit de la 10 nord. Elle n'est plus en fonctionnement. On y trouve deux pompes Siemens et un ancien tableau électrique.

Sur ce, nous entamons le chemin du retour afin d'aller manger et dormir. C'est à ce moment là que nous comprenons l'astuce du plan, ce qui nous permettra le lendemain de partir dans la bonne couche et d'utiliser le grand roulage principal. Le lieu du dodo est comme je le disais situé près du concasseur. En fait, nous sommes en haut d'un escalier, à un carrefour dans une galerie peu ventilée. Comme nous sommes entre 200 et 250 mètres de profondeur, la température est très agréable. Sandy a regardé, il y avait entre 13 et 14 degrés. Nous dormirons bien, ce fut d'une glauquitude très agréable. Si bien même que nous n'avons dit du mal de personne durant le repas. Enfin... Sauf sur Antonin de manière complètement évidente. Après pas mal d'efforts et de larmes, François a compris que c'en était fini avec son petit chéri. Nous avons tous réalisé qu'il ne descendra plus jamais, puisque d'ici quelques semaines, il se mettra même à faire de la moto avec Ryu. Bref, le mythe Antonin est terminé, ce fut un bon souvenir. Heureusement que je suis là pour remplacer le rôle de petit chéri, parce que sinon ce serait vraiment dur pour François !


30 novembre

Un matin en Glauquie où nous n'avons pas froid, et presque pas la tête dans le Q. Même Sandy a réussi a fermer l'oeil (faut dire qu'il n'y avait pas les ronflements de dragon blessé de Moloko). Bref, un glaucocamping de qualité. Il est passé huit heures lorsque nous partons plein sud ouest, sur notre roulage. C'est une galerie de grande dimensions (5~6 mètres de haut), et en bon état car souvent étayée, souvent grillagée, souvent épinglée. Il reste les rails d'une belle voie de roulage, écartement 90cm, de nombreux feux de signalisation minière, et même un crocodile et des aiguillages motorisés, c'est à dire des boîtes à engrenages ouvertes montrant bien le système de changement automatique des voies.

Au croisement de notre roulage et de la galerie menant au stot, nous poserons une redoute spéciale. Nous continuons notre parcours qui se complique légèrement. En effet, le roulage principal devient soudainement de la taille d'une galerie de quartier. Nous devons contourner, ce qui nous fait découvrir le cabinet, un petit atelier de mineur. Quelques journaux et archives de 1967, devenues presque illisibles et à l'état de poussière, des pièces de rechange d'on ne sait quoi, des 'cartouches' Draeger pour mesurer la qualité de l'air, etc.

Nous retrouverons notre roulage et, après la découverte de plusieurs jolis ateliers de réparation des matériels diesel, nous arriverons à la recette du puits. Ce puits a été rebouché, du coup le sol est jonché de gros blocs de béton et de grandes quantités de graviers. On reconnaît bien la forme de la recette et malgré le comblement, nous pouvons apprécier la qualité des lieux. Par contre près du sol, ça sent le H2S.

Nous avons pour objectif de rejoindre une autre concession plus au sud (en fait le bout de la galerie de recoupement des eaux). Après quelques centaines de mètres, nous tomberons sur du noyage. En contournant l'obstacle par des quartiers, nous arriverons dans une galerie avec une eau vive (deux centimètres sur un sol bien dur grâce aux multiples petits gours) devenant au fur et à mesure bordélique, puis franchement boueuse. Nous déciderons d'arrêter là et de faire demi tour. D'après le plan de Benoît, cette galerie mène directement à la partie ouest du travers banc d'évacuation des eaux. Dans cette dernière part de la visite, François et Sandy trouveront quelques centaines de kilos d'explosif (sans doute de la dynamite), bennée en tas dans leur sachet plastique. Charmant ! François en fera quelques photos.

Sur le retour, je fais une multitude de prises de sons. Je me retrouve avec deux heures d'enregistrements, ce que je ne totalise jamais d'habitude. La qualité est très bonne (en écoute atuellement !) De longues plages variées proposant toutes les sortes de pissouilles possibles. Du goutte à goutte, des gazouillis, des grondements, des chutes impressionnantes... Je suis très content de ce son là car ça correspond exactement à l'ambiance mine que je voulais retrouver. Une mine sans eau, ça ne va pas, il manque un point essentiel à l'ambiance... La mine aux cent-mille-pissouilles !
Au repas, Sandy et François feront chauffer des boîtes à la Baltimore, avec passage de serviette rose en triple salto toutes les cinq secondes. Cela donnera une prise de son absolument terrible, digne d'un grand film d'épouvante d'Alfred Hitchkock !

La suite du parcours nous amènera vers le stot. Ce mot est typiquement minier, ça signifie "périmètre de protection". Ce sont des galeries situées sous le village, elles ne sont pas foudroyées afin d'éviter les effondrements pouvant se répercuter en surface. Nous tomberons en premier lieu sur une pompe à l'arrêt, située derrière une albraque. La vanne de trop-plein crachait jusqu'au ciel un jet vertical d'une belle pression. Ca faisait un bruit impressionnant. Nous faisons demi tour et continuons vers le rateau. A noter un trou en hauteur dans la paroi d'une galerie, faisant pipi comme le Manneken Pis.

Le rateau s'accède par le tunnel, une galerie de grand passage et possédant une belle voie ferrée. Nous pensons que cela s'appelle rateau parce que ça donne accès à de très nombreuses galeries d'exploitation parallèles. L'aspect rébarbatif des lieux nous fera rebrousser chemin. De retour au lieu du dodo, nous préparons les sacs avec regret. Nous savons surtout que nous devons nous retaper l'intégralité du travers banc !

Les sacs chargés, ce sera une longue marche bien fatiguante. Nous retrouverons le cavage après 1h45. Il n'en fallait pas plus pour la cheville de Sandy. Sortie sans difficultés, nous sommes presque à la catanisette et hop, nous voilà de retour et les sacs dans le coffre... Nous irons faire un glaucorepas au Mégabouffe du coin. Mon aspect "bronzé" déclenchera des regards horrifiés (une petite vieille qui guettait l'entrée et une autre qui a caché son sac à main derrière la carte des glaces). Retour à la gare le lendemain matin et trajet quasiment sans difficultés.

Cela aura été une visite intéressante. En premier lieu, ça faisait quatre ans qu'on devait la faire et ça compte déjà beaucoup ! Mais en plus, cette visite nous aura amené une nouvelle fois au coeur de la profondeur minière, dans un réseau aux ramifications infinies. Même malgré la fatigue musculaire forte, ça donne clairement une impression de trop peu. Antonin disait : c'est pas grave, on pourra revenir. Euh pour cet endroit là, je crois qu'il rêve éveillé... Mais il est certain que ce bassin minier, on l'a tant aimé © qu'on y reviendra.


3 décembre

Hier soir, c'était quand même formidable. Je rentrais du travail en train et dans les oreilles, j'avais les sons de la visite minière de ce week-end. Sur le quai, je rigolais tout seul à écouter François raconter des conneries sur la cuisine expérimentale. C'était épatant aussi d'être dans un wagon bondé et d'avoir comme fond sonore des galeries pleines de réverbération où s'écoule une eau froide dans des gours de boue solidifiée. Ces enregistrements sont les meilleurs que j'ai jamais sorti. Tout y est : la qualité sonore, le sujet intéressant, la fidélité par rapport au thème du souterrain, les conneries qui font bien rire... Sur les deux heures, j'en retiens une, qui est parfaite. La deuxième heure est nettement plus rébarbative ou bien donne des problèmes de qualité. J'attends les photos de François pour faire la couverture !

A part ça, c'est évidemment la bourre dans le quotidien, parce que je n'étais pas là ce week-end pour combler le retard accumulé en semaine de travail. Bôh, j'ai pas envie de me casser la santé une fois de plus à essayer de rattraper. Ce n'est pas grave, tout cela ira à son rythme et tant pis. Si je n'arrête pas un peu, je n'arrêterai jamais. François disait des méchancetés sur mon compte ce week-end. A propos du journal, il a dit que ce n'était même plus possible de m'envoyer chez un psychanalyste, parce qu'au vu de la masse de travail nécessaire, ça couterait trop cher. Rrô, quel cynique...

Dans les expérimentations, je suis en train de préparer une demande d'autorisation afin d'aller passer trois semaines en mine souterraine. Je cible un réseau très précis, ayant une dimension minimum de 7000km. A vrai dire, il est probable que ce soit plus que ça, mais est-ce bien évalué ? Enfin bref, je voudrais passer ce temps sous terre afin de photographier les principales étapes de la mine, mais aussi pour révolutionner ma propre perception du sous terre. Au delà de quatre jours sans remonter à la surface, je ne sais pas encore ce que c'est. Il me semble que ma demande sera refusée, mais qui ne tente rien n'a rien... Et il est de fait que ce genre d'expérimentation photographique m'attire de manière assez forte.


6 décembre

Ca fait deux semaines que je porte le sac de Matthew dans les escaliers de Boitsfort. Comme quoi je sais ne pas être aussi associable que je le prétends... Cet exercice me plait car j'ai l'impression de réussir à dépasser une de mes plus grande peur et cela m'écarte de ma traditionnelle misanthropie.


7 décembre

En train de faire un peu de ménage dans la maison. Non vraiment, je n'arrive pas à me passer de Zемфира - четырнадцать недель тишины. Cet album, j'ai du le copier tellement mon original est explosé à force de passer. Cette musique russe, je crois surtout que je l'aime parce que ça me fait penser à Mezhdurechensk. Comme j'ai envie d'aller là bas et comme cela prend de plus en plus la tournure d'un rêve impossible... Parce qu'en toute franchise, cet album des 14 jours de silence, il y a quand même des failles. Mais bon, force est de constater que ça ne me lâche pas. Pour Kemerovo, je n'ai actuellement aucune nouvelle piste qui pourrait me donner espoir d'y partir. Peut-être au paradis on me laissera ce bonheur ?!


8 décembre

Travail acharné afin de rénover le site internet sur les souterrains. Il y a des centaines de photos qui datent de 1998 et de windows 3.1 (256 couleurs). Autant dire que pour maintenant, ce n'est vraiment plus acceptable, alors il faut tout re-scanner. C'est très pénible à faire, mais la moitié est maintenant derrière moi.
Ce site est traduit en 32 langues, ça m'amène des visites et des commentaires des quatre coins du monde. C'est chouette parce que ça permet d'ouvrir mon quotidien si étroit, enfermé dans la routine du train-boulot-dodo...

A ce titre, ma demande d'autorisation est prête pour l'histoire des trois semaines sous terre. Je ne sais évidemment pas si ce sera accepté... Ce qui est étonnant, c'est que ça n'a pas levé de taulé. A l'annonce de cela, je pensais que j'allais recevoir toutes les foudres des cieux orageux, mais non même pas. Les gens sont étonnés de la démarche mais ne me prennent pas pour un fou furieux. On verra si c'est accepté, je suppose alors que les réactions fuseront de toutes parts uniquement dans ce cas. Pour l'instant, personne n'y croit. C'est normal.


10 décembre

15h22. La cokerie de Buda Marly est en train de brûler suite à un accident de découpe des colonnes. Des flammes immenses, une fumée apocalyptique paraît-il.


11 décembre

Donc voilà, la Cokerie du Marly a brûlé. Hier, je n'ai pas pu m'étendre là dessus parce que l'heure ne me le permettait pas (c'était dans l'après midi). Toutefois, ça a profondément marqué ma soirée. Purée, quelle fumée noire intense, quelle pollution... Une trentaine de photos ont été faites. C'est comme si cette usine, avant de creuver pour de bon, donnait un dernier soubressaut, une vengeance. "Le soir" titrait son journal avec "des flammes de cinquante mètres de haut". Ce sont des colonnes qui ont pris feu donc tout de suite, ça prend de la hauteur. Mais bon tout de même, c'était extrêmement impressionnant. Surtout que cet endroit, je le connais bien, et il y a fort à parier que ce sont des benzols qui se sont enflammés. Au vu de la saleté de ces produits pétroliers, je n'ose pas imaginer l'impact environnemental...
Ce matin ça fumait encore, et surtout ça sentait extrêmement mauvais. Il parait que du point de vue odeur, ce sont les pires endroits de la cokerie de Tertre mais en intensité fois dix. Ca doit vraiment rendre malade...
J'espère simplement que cet accident n'a pas été volontaire (par la société de démolition). J'avoue que j'ai quelques doutes, ça coute bien moins cher de dépolluer les sols de cette manière...

Bon, à part ça, les journées sont extrêmement chargées et j'ai un peu du mal à m'en sortir. Mais c'est bon, je tiendrai le coup. Dans les nouveautés, il y a ce cd de photographies que je fais pour Bernard Bivert et Etienne Kuffel. Ca me fait vraiment plaisir d'envoyer des clichés au SDICS (service des carrières du Nord de la France) parce que ça fait des années qu'on en parle de leurs sites carriers dans notre forum souterrains. Bref, j'espère que ça va leur plaire. Et puis à noël, cure de sommeil !

J'en profite pour citer M Kuffel : Il n'y a jamais eu de mort, ni d'habitation démolie. Il nous arrive même des histoires marrantes. Dans une courée, une femme balayait tranquillement, a tapé son balai un coup sec sur le sol. Et paf ! Le balai est tombé dans un trou de plusieurs mètres de profondeur. Amusant et inquiétant à la fois...


12 décembre

Qu'il est délicieux de savourer un peu d'ennui, ça faisait des semaines que c'était du "à fond la caisse". Peut-être finalement que cette période de noël ne sera pas complètement infâme ? Une bonne semaine de repos pour cloturer une année d'expérimentations en tous genres ? J'en sais rien, je constate simplement que mes attentes actuelles se retournent toutes vers du vide, juste un peu de vide et rester sans rien faire... Hier, j'ai refait du dessin et une chose est sûre, il y a beaucoup de progrès depuis le changement de papier (un 100 grammes plus lisse). Bien évidemment, je suis encore loin de mes objectifs et je suis mécontent des résultats, mais ça avance. Au final, j'ai envie d'avoir un dessin où l'aspect de rendu provoque l'interrogation : est-ce une photo ou un dessin ? C'est sûr, on y est pas, mais faut dire aussi que l'objectif n'est pas maigre ! Bref hier, j'ai dessiné une partie du visage de Nell et j'ai vu au loin le bout du tunnel, on y est presque...

A noël, je vais revoir Renaud. Finalement, il a réussi à le sortir son magazine "Respect". Je ne sais pas si ça va bien marcher, parce que c'est quand même très engorgé comme domaine, mais le projet en vaut la peine, c'est un beau folio bourré d'informations intéressantes.

 

15 décembre

Saddam s'est fait prendre par les ricains. Je déteste tellement leur politique, j'en suis presque à regretter la capture du dictateur. Oui il a fait des massacres immondes, mais alors dans ce cas, on juge Bush aussi et en même temps ? Bref, c'est vraiment détestable. Pffffff...
Les américains, j'en suis venu à faire un embargo culturel, en rejetant toute leurs productions littéraires et photographiques, sans même essayer de distinguer ce qui est bon ou mauvais. J'ai du mal à répondre à leurs courriers, c'est dire si je sombre dans un racisme débile... Mais bon, je n'ai pas envie de leur donner une réponse lorsqu'ils m'écrivent, c'est un sentiment de rejet, je peux pas y changer grand chose... Je sais que cela est mauvais.


16 décembre

A l'impossible nul n'est tenu. Et bien des fois, on se demande si je ne dois pas m'y coller quand même. En ce moment, je dois faire face à un grand nombre de demandes, souvent incohérentes et surtout la plupart du temps complètement à l'encontre de ce que j'ai envie. A chaque fois, on croit que je fais mon cinéma lorsque je dis que je suis misanthrope, mais ma foi, ces gens ne m'ont pas vu ce jour là où j'ai vomi gare de Lyon, tout ça parce qu'il y avait trop de monde. Ces gens ne se rendent pas compte non plus que d'aller dans "leur" scénario, je tombe dans une déprime lamentable. En quelle langue faut-il le dire que je n'aime pas les gens ? En quelle langue faut-il leur dire que je suis un malade mental dépressif ?
Bref, je me retrouve avec un emploi du temps surchargé, pratiquement que des choses qui me déplaisent profondément. Je suis proche de craquer. Non j'étais optimiste l'autre jour, noël sera tout de même infâme.


17 décembre

Hier quand même, j'y ai été assez fort en disant que c'était l'enfer. Disons qu'en envoyant paître la moitié des empêcheurs de tourner en rond, ça s'est subitement beaucoup amélioré. Reste que la période est encore très chargée, surtout au vu des embêtements qui n'arrêtent pas de me tomber dessus. Mais bon, ce n'est pas grave, ça chatouille la mauvaise humeur c'est tout, mais c'est entièrement surmontable...

Dans les demandes d'autorisations en cours, il y a deux nouveaux sujets très étonnants qui refont surface. En premier, la visite du palais de justice de Bruxelles, l'un des bâtiments les plus monumentaux d'Europe, comportant un gigantesque dome et des souterrains assez mystérieux. C'est une visite qui est pratiquement acquise, c'est inespéré. (En fait, c'est parce que j'ai réparé l'ordinateur d'un monsieur et je ne savais même pas qu'il était magistrat. Il tient vraiment à me remercier, or mon code de conduite me fait refuser l'argent... Donc voilà, c'est un truc qui s'est arrangé par hasard). En second, il y a une avancée sur le dossier de Cockerill Ougrée. En fait, j'ai rendu service à une autre personne et voilà que ça ouvre des portes vers cette usine si difficile d'accès. Hum, ça promet beaucoup de bonheur ! Et enfin, je vais pouvoir régler cette dette envers Harald...


18 décembre

Hier, Henk me fait signe comme quoi il va visiter un atelier en plein centre de Bruxelles. Sans chercher midi à quatorze heures, hop je l'accompagne ! Nous nous retrouvons à 18h00 place de l'Yser. Le bâtiment en question ressemble tout à fait à une maison abandonnée, la façade est recouverte de papiers publicitaires, une série d'énormes chaines obture la porte monumentale, les fenêtres donnent un aspect dégueulasse.

L'intérieur du bâtiment sera par contre assez surprenant. En fait, pour une façade sur rue de quelques mètres, on se retrouve dans l'enceinte d'un atelier vaste et étonnant, c'est toute une série de maisons regroupées, plus ou moins collées les unes aux autres dans un dédale de cours en mauvais état. Ici, on fabriquait du papier de verre et de la toile émeri. De cette industrie, il ne reste pas grand chose, quelques plans de travail, un bureau de contremaître, mais l'intérêt réside principalement dans l'architecture de la maison. En effet, le couloir d'entrée comporte de belles colonnes et moulures, les fenêtres sont souvent avec des meneaux anciens et ouvragés, le balcon comporte des lyres en fonte, l'escalier en colimaçon est très beau. Les toits sont également esthétiques car ils sont imbriqués dans tous les sens avec d'autres toitures et comportent de nombreuses cheminées

Bref, cela aura été une petite visite, mais vraiment pas dénuée d'intérêt. Par contre, le lieu a été squatté en 2002. il restait des montagnes de papiers aluminium (pour la drogue) aisi que des canettes coupées et des seringues. Cela a habite mes cauchemars cette nuit...


Souvenir de Tertre

21 décembre

Trajet vers Maintenon prenant tout à fait tournure d'un moment éxécrable. Ah Paris, comme je hais cette ville de moutons. Dans le métro complètement blindé, y'en avait un qui ne sortait que des onomatopées à sa madame (hu ? haaa ! heeein ? oooh...) et ça semblait être son stade le plus évolué.
Ils sont tellement cons, je leur ai gueulé dessus, je ne peux pas m'empêcher. Le seul truc qui me plaît, c'est qu'actuellement, les pubs sont toutes massacrées. "La culture n'est pas une marchandise". Evidemment, les médias s'en emparent et s'en offusquent grandement. Rôôôô, on se rebelle contre notre bourrage de crâne... C'est tout à fait scandalisant.
Heureusement que je suis parti de ce pays d'enculés, je crois que je serais devenu tout à fait fou à y rester. Je porte encore cette nationalité et un peu leur accent, c'est une honte très forte en moi. ca me fait mal au coeur car je les déteste et pour un peu, je ne ferais même plus l'effort de distinguer le bon du mauvais. Heureusement, quelques personnes me rappellent que cela serait une réaction de stupidité bornée.


22 décembre

Malgré le congé d'une semaine, je n'arrive pas à rattraper le retard. J'ai des milliers de lignes de courriers à pondre, à croire que c'est là ma seule vocation. Je n'y arrive plus. J'aimerais me cibler sur les gens que je préfère, mais même ça est devenu d'un difficile hors du commun. Il va être nécessaire que je calme le jeu et ça me fait chier.
Bon déjà (et de toutes façon) y'a la cataliste qui saute. Ca fait plus d'un mois que je n'y publie plus rien. Au vu de la tournure que prennent les visites, je crois que je n'ai plus grand chose à y faire. Heureusement que François est encore là.

Photos colorées au soir. Passé de longs moments afin de photographier l'usine à blés abandonnées ainsi que la forêt. Il semblerait que les couleurs froides font fortement ressortir les branches des arbres. Sans les feuilles, ça fait des filaments étranges. J'espère que les résultats seront à la hauteur.


23 décembre

Ici, c'est pire que la Russie. Je dois téléphoner à Xavier pour mettre au point les derniers détails de ce soir, tout prend l'allure d'impossibilité. A chaque fois c'est pareil, j'ai l'impression de m'exiler jusqu'en Novy Zemlya. Ne serait-ce que de regarder dans les tiroirs, tout a 20 ans, c'est crasseux et ça n'a pas bougé depuis. Un peu une maison fantôme... Très déplaisant.

Hier soir, ils regardaient TF1. Purée, c'est impressionnant de voir ce que ça peut être con. C'est le scénario répétitif "flic fric lobotomisation". Mais comment peut-on regarder ces images de nazis sans s'offusquer ? Ne serait-ce que le mot France, combien de fois le prononcent-ils en une demi heure ? Hey, il y a quand même d'autres pays ailleurs ! Ils le savent ça ?

L'enregistrement de l'album "Mezoterranea", avance correctement, il sera effectué en deux parties. L'une sera studio, afin d'ajouter aux bases sonores des bruits de grincements et de chaînes. Par la suite, il y aura une partie d'enregistrement live située dans un endroit que résonne fort. Ca fera une ambiance tout à fait fantômatique. Y'a pas à dire, ça collera bien avec l'ambiance du moment...

Autrement, on peut dire que ce fut une journée bien chargée. A traîner dans le triangle de Choisy (Paris 13), nous avons trouvé beaucoup de bibelots chinois cambodgiens thaïlandais, mais peu de katana. Nous avons mis la main sur l'objet rare dans un magasin de 4m², comportant des milliers d'objets. Il fallait faire de la lévitation pour bouger ! Le mec mettait un éventuellement tous les deux mots, ça nous a bien fait rire. Parce que les explications "Ouaiyy éventuellement c'est à dire qu'éventuellement c'est du japon voiyya", c'était assez comique.

Au soir, nous retrouvons Xavier, Titan et Paulos dans un restaurant chinois, afin de ne pas sortir du thème de la journée jaune. Un repas très bon et un accueil sympathique. Juste après, nous allons faire une visite au puits sans fond, une carrière souterraine de Chatillon. C'est une petite exploitation dont le puits avoisine les trente mètres. L'entrée se fait par une jolie soleil dans un carrefour de rues à circulation calme. 30 mètres pour Paris, c'est assez peu courant parce que d'habitude, les puits ne vont pas aussi profondément. L'intérêt de cet endroit, c'est la présence de petites forêts de piliers à bras. Cela donne un esthétisme à la Herblay, une architecture typique des exploitations parisiennes. Autrement, le lieu est assez bas et demande deux heures de visite afin de tout voir. Il reste un atelier de carrier (méconnaissable) et quelques outils en mauvais état, dont une pelle pliée en deux.

Discuter avec le Titan Toltottien nous aura démontré qu'il reste des trucs à voir près de Maintenon, ça fera l'objet de futures prospections. Il nous a passé un tract sur le code grisou et j'ai fait l'affront de l'oublier dans le pantalon que je ne cessais de perdre, je me sens confus. Ce fut quand même une grande émotion d'avoir une vrai étiquette de grisoumétrie dans les mains. Peu après, Xavier nous lache à Montparnasse. Le temps d'attente avant le train était lamentable, un clodo ne nous lâche pas une seconde. Il avait un tuba et nageait par terre sur l'univers glauque du béton parisien.

Le puits sans fond est une carrière qui vaut le détour essentiellement pour les piliers à bras, et surtout maintenant parce que l'eau n'envahit plus les galeries. Autrement, ça reste un lieu assez conventionnel pour la région parisienne. Le puits maçonné en brique est également intéressant, on y retrouve une architecture à la Estreux II, mais sans palier au milieu.


24 décembre

Un peu fatigué... Mais bon, debout tôt parce qu'il y a du brouillard, et c'est un magnifique thème pour les photos. Du coup, j'ai été faire un sujet à l'usine scael de Maintenon. C'était vraiment lugubre et je de grands espoirs pour cette série de clichés. Maintenant, je le fais à la Henk (mon prof de photographie). Dans mes sujets, je recherche des thèmes et des fils directeurs. Je suppose que ça donnera un peu plus de valeur à mes recherches.


25 décembre

Arg... C'est étouffant. Purée, une semaine là dedans, c'est dur à tenir. On me crie dessus parce que je fous en l'air des objets de vingt ans complètement crasseux, "mais non, je vais le donner". Tu parles, c'est plein de pourriture, c'est gangréné. Ils ont des centaines de mouches partout. C'est un combat de tenir cette ambiance.

Bon à part ça, comme il y a plus que complètement le temps, j'en profite joyeusement pour faire des photos en très longue pause. 20 minutes par photo, je sais que ça donne toujours de bons résultats. L'acqueduc la nuit est vraiment très chouette, ses arches monumentales se dessinent sur un décor splendide. Je fais également quelques open-flashs colorés, juste pour test. Ce sera marrant de voir ce que ça donne des arbres rouges se détachant sur des plaines de gazon bleu.

Pour ma noël, j'ai eu un livre sur les chats (mmeeow ;-) et une monstrueuse boîte de peinture à l'huile. Ca y est, j'ai du travail !


27 décembre

L'enregistrement de Mezzoterranea est terminé. Reste maintenant à retravailler les sons et presser la galette :) La couverture a été améliorée aussi. J'espère que le travail final sera nickel...


28 décembre

Au milieu de sacs débonnaires, des coureurs de fond tentant de vaincre le record de navigation hasardeuse. Un petit instant au creux des mains.

 

30 décembre

Le repas de famille qui me faisait si peur est derrière moi maintenant. Ce fut loin d'être une crise, presque étonné que ce se soit bien passé.

A refouiller dans mes archives de journal, je ne cesse de me dire que d'énormes changements se sont fait lors de mon déménagement vers la Belgique. Le plus flagrant, c'est que je suis devenu très froid, d'une méfiance un peu excessive. Je ne me livre à la parole qu'avec les gens que j'apprécie, sinon c'est le renfermement dans le silence. Je ne sais ce qui a provoqué un tel bouleversement de personnalité. Peut-être que j'avais accumulé un peu trop de dégoût par rapport à la parole ? Aujourd'hui, je ne peux cacher que ça va mieux...

Jean-Paul m'a ramené mon kilo de cerises, il l'a fait ! Bien évidemment impossible de savoir s'il a été les chercher chez Fauchon. J'avais calmé son ordi d'un petit virus à la noix, le contrat était ce qu'il était : un kilo de cerises en décembre en remerciement et rien d'autre. Avec mon Jean-Paulounet, il fallait bien se douter que ça allait arriver pour de vrai !

Bref, une petite soirée sympa à Floreffe chez Bernard. Devant chez lui, la commune a installé un Panzersapin, on se croirait dans la forêt ! Il a enfin réussi à acheter une berline Decauville. Il va la sceller au sol devant chez lui.


31 décembre

Quai venteux, le plus loin possible, là vers le bout où il n'y a plus personne. Le regard fragile, un peu celui de Stuart Staples dans les complaintes désespérées de "No man in the World". Est-ce que la tristesse s'attrape comme un bonne grippe ? Suffit-il de de mettre bien au chaud pour en guérir ? Et pourtant, il n'y a vraiment rien dont je puisse me plaindre, sous la main, j'ai tout ce qu'il faut pour construire ce que tout le monde appelle communément -et presque vulgairement- le bonheur. Si je devais conclure cette année en quelques mots, je serais à dire que je n'ai eu aucune épreuve. Pourtant, je me sens toujours autant en équilibre sur la corde, tout la haut au dessus du précipice. Cette incessante désespérance vient peut-être du chaos de ce que je fus années durant, je ne trouve plus les repères, ces balises que les gens utilisent peut-être dans leur vie afin de trouver un goût agréable au jour passant.

Peut-être est-ce aussi un peu trop de perfectionnisme, me laissant éternellement sauvagement insatisfait de ce que je suis ? Ce qui est marrant, c'est que beaucoup de monde se prétend différent de la masse, "moi je ne suis pas comme eux, ces bêtes gens". Mais la différence se paie cher, c'est s'engager sur des chemins épineux, la douleur et l'échec se profilent à chaque tournant. Finalement, ces gens tous différents sont un peu les mêmes, quand tu regardes à l'intérieur de leurs existences, il y a de grands vides. L'année commencera, l'année recommencera. Ce sera sur les mêmes vacuités de feux d'artifices. Peut-être y en aura t'il même un ou deux qui se coucheront sur les rails, attendant le passage d'un train de marchandise.

Un homme sain d'esprit c'est un fou qui tient sa folie dans une poche de sang noir - entre le cerveau et le crâne, entre sa famille et son métier. C'est un fou furieux qui ne saura jamais guérir, n'étant jamais malade. Un fou c'est un homme sain d'esprit, qui n'a plus les moyens de sa folie, qui perd les eaux de sa folie, d'un seul coup. Christian Bobin, Une petite robe de fête.