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Les catacombes de Louvain-La-Neuve (1/2)

Ici, ils ne se souviennent pas où est le soleil,
Il ne brille, ni ne réchauffe.
Les étoiles tombent une à une.
Sur une large rive.
Et quand tu atteins la rivière,
L'eau y est plus sombre que la nuit.
On peut la boire avec précaution.
Seulement, boire ici, personne ne le désire.
Et le final du drame est connu de tous,
Nulle part où fuir tout cela.
Personne à qui raconter la malédiction.
Seulement dans chaque petit coeur,
Un bonheur attendu bat doucement.
Рада и Терновник

Louvain-La-Neuve est une ville nouvelle, ou autrement dit bâtie quasiment de toute pièce, dans les années 70, puis régulièrement en extension jusqu'aujourd'hui. La cité toute entière est construite sur du vide. Le centre-ville est sur une dalle, les dessous-terre sont des parkings souterrains. Les extensions du centre sont soit du résidentiel, soit de vastes édifices scolaires. Il y a en effet 17.000 étudiants à LLN. Sous les bâtiments de l'université court une myriade de galeries souterraines. Ce sont essentiellement des galeries techniques.

On les appelle les catacombes de Louvain-La-Neuve

C'est un lieu secret que peu de personnes connaissent. Seuls quelques initiés parcourent ces galeries, en quête d'une solitude absolue : le noir, le silence, le retrait du monde. Ces gens, on ne les connait pas trop. Ils naviguent dans la discrétion des ombres. Ces longs tunnels d'obscurité sont courus pour leur discrétion, il s'y tient des orgies incantatoires, des messes fuligineuses, voire même des évènements plus importants, mais cela reste dur à cerner, très dur à cerner... c'est comment dire... un monde dans lequel il faut entrer, et la porte ne s'ouvre pas facilement.

Passage onirique vers l'espace funèbre
d'un pas silencieux je vais vers ta ténèbre
Panser le long halo d'une ancienne blessure
Et noyer les sanglots d'une sombre nature

Dans ces galeries parcourues de vagues brumes grisâtres, nos pas se dirigèrent vers le sanctuaires des disparus. c'est une grande salle à l'aspect lugubre, ou les étudiants enivrés, gorgés d'une sombre haine morbide, font disparaître les corps des anciennes amours perdues. Derrières d'immenses ventilateurs, un puits engouffre les âmes. Nous avons vu ce lieu, c'est un trou dont il ne ressort rien, c'est le néant. c'est à croire que cela va très loin dans les tréfonds de la terre. Nul ne songerait que dans cette ville à l'apparence moderne et festive, il puisse exister des lieux d'oubli aussi profonds.

Ils marchent courbés la nuit sans dire un mot
Leur dos porte douloureusement le fardeau
Ce sont les monstres hideux des poids inertes
Les âmes sont d'une lourde chape couvertes

Nous emmenâmes l'un ou l'autre journaliste en quête d'un article rondement ficelé. Je suis si célèbre que cela fut embarqué en quelques coups de cuillère à pot, deux-trois e-mails, un coup de téléphone, ce fut arrangé sans efforts. Le rendez-vous fut fixé, place de la Croix du Sud, comme de funèbres prémices. Après quelques centaines de mètres dans les galeries désertes, chacun fut assassiné dans les règles de l'art - mes méthodes ne sont certes pas toujours appréciées, mais il est certain que cela ne fait pas de bruit, mes amis me furent d'une aide précieuse. Lorsque les corps plongèrent dans le puits sans fond, comme je me plaisais à l'appeler, je n'entendis aucun bruit mat de chute, ni un quelconque mouvement d'eau sonore. Tel un sinistre monument sépulcral, les cartes de presse furent accrochées l'une à côté de l'autre à une canalisation d'égout.

Il avale goulument le soir comme l'avenir, les pitoyables pouilleux
Dans le puits sans fond s'entend l'écho étouffé de leur murmures
La dernière heure a sonné, même pour le quotidien de Namur
A mesquin loqueteux, et vlan ils crient leurs adieux

Ce n'est probablement pas le plus bel endroit du monde, mais c'est certainement l'un des sanctuaires les plus secrets de la capitale estudiantine. Sous la dalle, ce sont les parkings qui absorbent principalement les canalisations, qu'elles soient électriques ou bien d'eau potable. En dehors de la dalle et surtout sous les bâtiments universitaires, ce sont donc des kilomètres de galeries, comme on pourra le voir ci-dessous. Le reportage est bien évidemment incomplet, il y aurait énormément à documenter. Je fus menacé d'emprisonnement par certaines entités gouvernementales si je révélais l'emplacement du temple de la disparition, ce documentaire est donc un acte de résistance.


.longuement convoitée par nos services secrets, voici la catacombe de Louvain-La-Neuve.


.sa recherche m'avait valu de finir dans les caves d'un supermarché en 2005.


.cette incursion dans le sanctuaire de la consommation était une erreur d'orientation.


.cela n'avait pas manqué de semer la zizanie.


.ici, c'est avant tout un lieu d'isolement et de secret.


.les galeries zig-zaguent sous les bâtiments.


.le paysage est à la fois monotone et jamais identique.


.il faut être attentif pour ne pas se perdre dans le dédale.

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