Il s'agit d'un reportage dans les infrastructures techniques d'un tunnel routier, d'une longueur de 6872 mètres, c'est le plus long tunnel situé en totalité sur le territoire français. Il fut initialement percé pour établir une liaison ferroviaire, il a été adapté au trafic routier puis ouvert le 7 février 1976, il fut modernisé dans l'intervalle 2004-2008, en particulier par le percement d'une galerie de service.
L'infrastructure du tunnel est scindée en quatre parties :
1) Le tunnel proprement dit.
2) La galerie de secours, nouvellement percée lors de la récente modernisation, et ses dépendances : abris (refuges), canalisations d'extinction d'incendie + extraction air vicié, sous-stations électriques.
3) Le dispatching, dans lequel on surveille l'installation. Il est situé dans les locaux administratifs. A côté de ce dispatching, il y a la salle technique, qui centralise les principaux organes de surveillance et de communication.
4) Les usines de ventilation. Il y en a deux, à chaque extrémité du tunnel. Ces deux usines de ventilation sont identiques.
Ce reportage vise à témoigner de ce que nous ignorons presque tous : un tunnel n'est pas seulement un percement dans la montagne, mais aussi une infrastructure technique de soutien très importante. Voici un reportage détaillé sur ce qui équipe un tunnel et en particulier ce qui n'est habituellement pas visible des usagers.
Le tunnel
L'entrée
du tunnel. Il y a un éclairage additionnel avec des lampes au sodium (les
jaunes). C'est pour permettre aux yeux des conducteurs d'avoir une transition
plus progressive entre l'extérieur lumineux et l'intérieur plus
sombre.
Le
tunnel a été creusé pleine roche et est resté sans
autre parement qu'un béton projeté. Il y a de temps en temps des
plaques inox pour canaliser l'eau le long des parois. C'est le type de plaque
incurvée qu'on voit de temps en temps. Comme on peut le constater, ici
au milieu du tunnel, il n'y a plus d'éclairage au sodium.
Il
y a 120 caméras pour l'ensemble de l'infrastructure tunnel c'est-à-dire
les galeries (tube circulation et tube secours) mais aussi les abris, les salles
électriques, les péages, etc. Tout particulièrement, une
surveillance accrue est effectuée en cas de neige, complété
par un service hivernal (dénéigement, salage). La surveillance est
effectuée 24h/24 avec un opérateur présent au PC en permanence.
Ici,
nous sommes à l'entrée d'une sous-station. On distingue sur la voûte,
vers les toles inox, un accélérateur, c'est un ventilateur qui
permet d'accélérer le flux d'air dans le tunnel.
La galerie de secours
Cette
grande pièce vide est un sas de décompression / compression. La
galerie de secours est mise en surpression par chacune de ses extrémités
à l'aide de ventilateurs installés dans chacune des usines de ventilation.
Elle sert de nourrice pour alimenter le tunnel routier en air frais à travers
chaque abri et sous-station (alimentation en râteau). Grâce à
la surpression permanente, en cas d'incendie, la fumée ne pourra jamais
entrer dans la galerie de secours.
Vous
pouvez écouter ici au bout de 25 secondes l'ouverture du sas. Vous verrez
comment l'enregistreur a souffert de la soudaine variation de pression :
https://tchorski.fr/audio/dslesas2.mp3
Voici
l'aspect de la galerie de secours.
Cette
galerie a été percée très récemment, suite
à la nécessite de mettre le tunnel en conformité d'un point
de vue sécurité. Cet investissement colossal, 4 ans de travaux et
1000 ouvriers (information sur le personnel non vérifiée), fait
suite à l'incendie du tunnel du Mont-Blanc le 24 mars 1999, où 39
personnes perdirent la vie. L'incendie a été causé par un
semi-remorque frigorifique belge transportant de la margarine et de la farine,
qui a pris feu à environ 7 km de l'entrée française du tunnel.
L'incendie a duré 53 heures et il en résulta la destruction de 24
poids lourds, 9 véhicules légers et 1 moto, sans prendre en compte
les deux véhicules de secours immobilisés dans le tunnel sans qu'ils
aient pu intervenir. Cette galerie de secours devrait permettre une meilleure
prise en charge de ce genre d'accident (évacuation des personnes, gestion
des fumées, etc.)
Elle
suit le tracé du tunnel, donc elle est rectiligne sur l'ensemble du parcours,
sauf à l'entrée est, où elle tourne assez fortement. L'historique
du tunnel est assez particulier, c'est un tunnel ferroviaire qui a été
adapté au trafic routier. Le tube routier correspond donc géométriquement
au percement ferroviaire initial.
Voici
une des deux navettes. C'est un bus destiné à évacuer les
personnes en cas d'accident grave, en particulier d'incendie. Elle est surbaissée
afin de pouvoir circuler dans la galerie, c'est un véhicule conçu
pour le tunnel. Elle a une capacité de 25 personnes.
Ce
véhicule sert actuellement à une majeure partie des interventions
du personnel technique. Ce n'est pas un moteur électrique, le câble
sert juste à ce que le moteur soit à bonne température en
permanence, prêt au démarrage en toutes circonstances. Cependant,
quelques vélos sont disséminés dans la galerie ou dans les
refuges, parce que pour des interventions légères, c'est tout aussi
efficace.
A
chaque croisement de refuge ou de sous-station, le conducteur doit klaxonner,
afin de prévenir quelqu'un qui sortirait éventuellement vers
la galerie.
A
l'avant de la navette. Comme elle ne peut pas faire demi-tour dans la galerie,
elle a deux postes de conduite, parfaitement identiques. C'est le même fonctionnement
qu'un train réversible. On notera sur la photo le câble détecteur
d'incendie, fixé à droite du plafond, légèrement décalé.
Dans
la partie passagers.
La
galerie de secours a été creusée par un tunnelier. Deux tabliers
ont été installés pour former le plancher et le plafond
que nous voyons ici. Les zones inférieures et supérieures ont conservé
leur creusement pleine rocheet servent de gaines techniques et de conduit d'évacuation
des fumées, au dessus du plafond. Cette gaine n'est pas vraiment visitable,
le tunnel étant en circulation, car c'est par là que s'effectue la sortie d'air vicié.
La
conduite sur la droite est la canalisation d'eau pour l'extinction d'incendie.