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La mine de Vilemagne (1/2)

Après une bien bonne nuit passé dans la nature, nous voilà parti vers Meyrueis dans la Lozère. Sur la route, nous ferons un arrêt à Lassout (Mine Le Pouget). Un site de charbon où il reste un beau chevalement en bois et des dizaines de berlines, plus le système de renversement. Une belle préservation.

Nous ferons aussi un arrêt à Saint Laurent d'Olt. A Bonneterre, il y a une mine de cuivre creusée dans un grès très sableux. Ce réseau, aussi appelé Mine de Lacals, fait trente mètres, avec deux diverticules assez bas et un intérêt limité.

Sur le chemin, nous passerons par le Causse Méjean. J'adore cette terre, je m'y sens puissamment attiré, à chaque fois je ressens cette attraction au coeur. C'est un haut plateau parsemé de mamelons complètement décharnés. La terre est pauvre, couverte d'une herbe rare et sèche. Les lauzes calcaires éparpillées un peu partout donnent des teintes gris clair au tumulus. La particularité de la pierre du Méjean ? Elle chante. Prenez en deux et cognez-les l'une contre l'autre. Vous obtiendrez une note aiguë, courte et limpide. J'ai connu ce causse en hiver et mon attachement à ce paysage rude est profond. Le causse abrite des plantes rares. La plus connue est la carline. C'est un chardon rampant ayant une grande fleur en son centre. On n'en trouve pas partout, c'est souvent dans les terres les plus pauvres qu'elle jette ses racines.

Redescente sur terre, ou même sous terre, puisque nous voilà à Pourcarès, près de Meyrueis. Dans la montagne, un chemin qui s'effondre mène à une petite mine soit disant de plomb et de zinc. En vérité, nous n'avons pas vraiment compris car les haldes ne comportent ni blende, ni galène, ni baryte, ni autre chose d'ailleurs. Juste des quartz et des schistes, en gros que des stériles. Alors ?
Les haldes sont très importantes mais inintéressantes d'un point de vue minéralogique. La mine est un réseau de 200 mètres environ, comportant un étage horizontal et une partie en pente douce (30 degrés), des galeries d'une section de 2 mètres et comportant de nombreux boisages. Seule la fin est dangereuse, les bois maintenant les remblais latéralement plient sous la pression des terrains. On n'y retrouve ni filon ni matériel. Par contre, il y a un beau puits vers des niveaux inférieurs. Les chambres d'exploitation ?

Nous irons dormir dans les bois près de Villemagne. Nous sommes en lisière du parc des Cévennes, ça sent le sanglier et le chevreuil. Au coeur de la forêt, c'est une douce nuit de fraîcheur. Les châtaigniers dominent un paysage de futaie où s'étale le vert à perte de vue.


22 juin

Nous voilà partis pour la visite de la mine SNMV. C'est une mine de plomb et de zinc. Au niveau minéral, ça signifie respectivement que les minerais sont la galène et la blende.

La galène a une densité de 7,5. Le minerai a une couleur gris de plomb tirant quelquefois vers le rougeâtre bien vif. Les cristaux sont cubiques, en masses collées contre l'encaissant. Les cristaux sont un peu brillants, le clivage parfait et l'éclat tout à fait métallique. On utilise le plomb pour la fabrication de câbles, certains tuyaux, les accumulateurs et la protection contre les radiations.

La blende, aussi appelée sphalérite, a une densité de 4. C'est donc plus léger que le minerai de plomb. Les cristaux sont tétraédriques, en agrégats granuleux. Les cristaux sont d'éclat adamantin, le clivage parfait. La couleur est noire, donc plus foncée que la galène. Le zinc est employé pour le zingage et la fabrication d'alliages légers.

La mine est un réseau assez vaste, au moins deux kilomètres pour le roulage du rez de chaussée. Ce sont des galeries larges et hautes, souvent d'une section supérieure à 5~6 mètres. Le creusement donne un aspect récent : extraction au tir de mine, évacuation au chargeur, grillage au ciel. L'encaissant est gris foncé, souvent strié de strates bizarres, noires, bleuâtres ou ocres. La galerie principale est équipée d'un puits d'aération de toute beauté, parfaitement rond, 2,50 mètres de section et facilement quarante de hauteur.

Il y a de nombreux accès vers des étages supérieurs et inférieurs, mais comme ce sont des dépilages, c'est compliqué. Je profite de cette occasion pour grimper une monterie. C'est un tubage se rétrécissant progressivement jusqu'à quarante centimètres de section, dans lequel coule une eau abondante. Le pendage est de soixante degrés, presque vertical en somme. Il y a des échelles en bois dont les barreaux ne tiennent plus grand chose. J'ai monté une cinquantaine de mètres me semble-t'il, c'était long. En haut, on trouve des quartiers anciens, double voie de roulage et boisage omniprésent. Malheureusement, ça tombe pratiquement immédiatement sur du foudroyage. Peste !

Pour finir la visite, nous irons voir une longue descenderie bestiale, plus ou moins à 30 degrés, plongeant dans le noyage. C'est une mine très intéressante, méritant peut-être un approfondissement plus acharné. Aller voir derrière chaque remblai si on peut passer ? En tout cas, le réseau est bien passionnant. Près de l'entrée, on trouve une centaine de bacs en plastique où sont rangées des carottes.

Dehors, les verses sont amusantes, ça prend des formes de colorado provençal. Ce sont des sables jaunes formant des montagnes tortueuses et pointues. Au niveau minéralogique, ça n'a pas d'intérêt. Dans les bois, il reste un bâtiment de l'exploitation. Il est mangé par la forêt, il n'en reste rien ou presque.

Nous finissons la journée au village de Malbosc, au nord-est du Méjean. C'est un magnifique hameau complètement paumé au milieu de collines cultivées ou laissées en herbe. Il y a de belles couleurs avec le soleil couchant, c'est reposant. Nous sommes près du Bermont, à 1000 mètres d'altitude, dans des alpages caussenards. Quelques vaches meuglent au loin. De toute la soirée, la nuit et le lendemain matin, pas une seule voiture. Nous irons prospecter les mines de baryte du Vallon de la Soustelle à Malbosc et la suite du filon à Le Crouzet (Bondons). Il n'en reste plus rien ou presque. Un trou dégradé et une berline, tout le reste est comblé. La nuit fut venteuse, pluvieuse, agitée. Sur les toiles de la tente, ça rugit la montagne.


Il s'agit d'un très beau puits d'une quarantaine de mètres de profondeur.


Des nids d'abeille dans la grande galerie de roulage.


La descenderie. Elle a une pente abominable. Les camions devaient hurler là dedans.


Certains secteurs grillagés ne tiennent plus beaucoup...


Une descenderie noyée. Les noyages de cette sorte ont toujours cette belle couleur verte esthétique.


Grande et belle galerie secondaire.


Evidemment, les coulées de calcite ont cramé la photo... C'était prévisible.


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