Le
collège
Ce reportage couvre le quotidien d'une
année scolaire dans un collège de Belgique : le collège
Saint-Etienne de Court-Saint-Etienne. La date de réalisation est
2010.
NOTA IMPORTANT février 2023 : suite au
décès de flash player en fin 2020, les pages sont émulées
par un plugin nommé RUFFLE. Si ce nom apparait, c'est donc normal
et sans faille de sécurité.
Ce documentaire est dédié
à tous les élèves et enseignants du collège.
Ceux avec qui j'étais proche savent que l'exposition n'était
pas une finalité en soi mais que le travail a été
réalisé essentiellement pour les élèves. En
tant que fonctionnaire, c'était une occasion rêvée
pour faire vivre sa commune, donner une image et une place aux acteurs
de ce collège placé en plein centre-ville. Pour chacun d'entre
nous, nous ne passerons plus à cet endroit là de la même
manière étant donné que les lieux se sont chargés
d'un tissage d'histoire(s) : ce que nous avons partagé. C'était
aussi une occasion de donner sans compter, afin d'exister (fort) et je
crois que c'était bien.
Chaque
image ci-dessous mène à une galerie photo. Les images sont classées
par thématiques, encore que... c'est un tout... Le classement a été
fait par facilité.
Le
collège
Ce reportage
couvre le quotidien d'une année scolaire dans un collège de Belgique.
Le but de l'opération était / est de montrer sans artifices la vie
d'une école. Souvent, les photographies de milieu scolaire montrent un
environnement policé et très fortement stéréotypé
: un enseignant écrit au tableau, un élève lève le
doigt pour prendre la parole, au mieux un enfant écrit sur un cahier. Si
cela existe (et fait d'ailleurs partie de ce reportage), ce stéréotype
- en quelque sorte l'image qu'on se fait de l'école - est un peu stérile,
car le collège c'est une démarche active et beaucoup d'autres choses
qui ne se résument pas à un cahier ou une craie. On y apprend une
matière première qui est la source de la vie scolaire : les maths,
la géo, la grammaire, etc. On y apprend aussi la vie en communauté,
le respect et l'entraide, comment faire pour se dépasser, et tellement
de multiples choses insignifiantes mais qui nous sont utiles pour notre future
vie dans la société. Si ce reportage photographique avait un projet
pédagogique, cela se serait résumé en une seule phrase :
montrer cette réalité
scolaire qui appartient aux élèves. On n'est pas dans
un projet institutionnel ou commercial, la liberté est grande, alors ce
reportage s'est dessiné pour et par les élèves. C'est eux
qui en grande partie ont été acteurs du déroulement : il
faut venir en tel cours, il faut rencontrer tel enseignant.
En
classe (1) |
En
classe (2) |
En
classe : C'est le début à tout dans la vie du collège, l'enseignement.
Le principe a été assez simple, je me mettais près du tableau
et je me faisais le plus discret possible. Au tout départ, rien n'était
possible parce qu'en tant qu'étranger, j'étais le centre de toutes
les attentions. Au début des cours, il n'y avait pas le naturel du quotidien,
je n'étais pas assez absent. Au fur et à mesure du temps qui passait,
les élèves se sont bien rendus compte que je n'étais pas
intéressant, alors l'attention s'est relâchée. C'est à
ce moment là que le travail à commencé. Afin d'être
plus discret dans les prises de vue, j'ai monté un bête système
de déviation de l'optique, afin de pouvoir cadrer sans avoir à regarder
dans ou vers le viseur. Sans en être averti ou sans découvrir le
bricolage-miroir, les élèves ne pouvaient pas vraiment se rendre
compte qu'ils étaient pris en photo - même s'il faut l'accepter,
dans une telle situation, la discrétion zéro est une chimère.
Ces images sont parfois un peu sombres, un peu mal cadrées, mais il faut
bien se rendre compte de la très grande difficulté : la prise de
vue est celle d'un point fixe. Dans très peu de cas j'ai pu me déplacer
dans la classe, au contraire des salles de sport. Il fallait de manière
absolue ne pas perturber le cours, et donc jouer la discrétion maximale.
En
sport |
En
gym |
En
sport et en gym, ça a été plus facile. Il y a aussi que l'ambiance
n'est pas la même. On se sent plus libre, on a la possibilité de
courir partout. Au niveau des impressions, le sport était plus tourné
vers l'activité physique pure tandis que la gym représentait l'apprentissage
de son corps, de ses possibilités, de ses limites. En cette matière
dans la section gym, les photos représentent un cours qui s'intitulait
« travaille ton audace ». Divers exercices reprenaient des thématiques
afin d'apprendre à se dépasser.
Le
carnaval |
Le
cabaret |
Le
collège, ce ne sont pas que des études, ce sont aussi des moments
de distraction, une veille de grand congé, le carnaval, le spectacle des
élèves (appelé le cabaret). Les photos ont souvent été
un peu plus compliquées à réaliser car comme le spectacle
était un vrai, il ne fallait pas déranger le public. C'est pourquoi
la période de préparation en coulisses est prépondérante.
Le carnaval, c'est une journée de grand délire froid au milieu de
la neige, où chacun s'amuse à se déguiser. Un spectacle est
aussi donné, en quelque sorte préparatoire au cabaret. Si quelquefois
le travail en classe a pu être hostile (les élèves sont prisonniers
et ne peuvent partir), cela ne l'a jamais été au moment festif.
Dans tous les cas, aucune image n'a été imposée, c'est tout
de même la moindre des choses...
Quel
est ton plus grand rêve ?
Le
plus long travail a été de développer le thème : quel
est ton plus grand rêve ? Selon l'idée de Lara Orsal, j'ai demandé
aux élèves de marquer leur plus grand rêve sur une ardoise,
je les ai photographiés avec. C'était une manière de placer
les élèves en transition entre leur présent et leur futur.
Le travail n'a pas manqué d'être surprenant. Malgré tout,
cela n'a pas été sans difficulté. En effet, quand on est
peu habitué à cette race de vipère que sont les photographes,
on est un peu effrayé de ce que peut devenir tout ça. Il n'a donc
pas été évident de travailler sur l'individualité.
Les élèves ont presque unanimement cherché à se réfugier
dans l'identité de groupe. D'un certain côté, ça a
quelque chose de rassurant ; c'est autre part aussi une manière de moins
porter le rêve, parfois grand voire très grand. Il peut être
apeurant de se projeter dans un si vaste avenir, les autres aident à cristaliser
le rêve une craie sur l'ardoise. Les élèves m'ont d'ailleurs
demandé de participer. Par équité, probablement. Bien que
ça ne soit pas dans mes habitudes, j'ai accepté. C'était
une façon d'être quittes. Mon rêve marqué en Russe évoque
mon souhait d'y aller.
Il
est tôt, six heures et demi peut-être. En ce mois de février
2010, dix centimètres de neige recouvrent la cour de l'école. Il
n'y a pas d'autre trace que celle des merles. Le site est silencieux. La ville
se réveille à peine. Les tous premiers élèves arriveront
d'ici une heure. Lorsqu'ils passeront devant la maison de Falco le chien, ils
le salueront, comme à leur habitude. On pourrait se dire, ce sont des
murs. On pourrait se dire, c'est une cour. On pourrait se dire, c'est une école
; comme tant d'autres. C'est anonyme, c'est banal. On pourrait même se dire
- le matin très tôt avec des mains gelées - ce sont des mioches. Ô
combien il serait dommage de le penser, ne serait-ce qu'une seconde. Dans quelques
instants, la cour résonnera des premiers cris. De jeux. De bonheurs. D'altercations
aussi. 600 vies.
600 vies, c'est énorme.
C'est 2.160.000
minutes chaque jour, où se concentrent les émotions : apprendre
de son passé, construire son futur. Une telle aventure, ce n'est pas neutre. Longtemps
après, loin dans le monde des adultes, on se souvient de ses amis de collège.
Il y a des choses, oui, qui certainement passent dans l'oubli, mais pas tout.
L'amitié ça compte fort. Ce n'est pas rien. On apprend à
vivre ensemble. Alors, on pourrait se dire que c'est une école, une
cour et des parpaings. Ce serait une vision volontairement réduite à
de la tristesse. Or, nous ne sommes pas tristes. Nous vivons fort. Chaque
élève peut se mettre au milieu de la cour et crier au ciel : j'existe. Nous
aurions pu réaliser des images formidables de couleurs et de truquages,
mais artificielles. Nous avons préféré montrer la beauté
simple de la réalité : l'école sans artifices ; le quotidien,
car c'est lui qui est touchant. C'est un condensé de vie étourdissant. Durant
l'exposition des 50 ans du collège.
Une
exposition a eu lieu au collège durant une semaine et un film a été
tourné. Dans la foulée des photographies en classe, j'ai sorti la
caméra. Cela donne un film de 52 minutes assez agréable à
regarder. Cela retraduit bien l'ambiance du collège. Au vu des fils facebook,
je crois que ce collège marque une étape importante dans la vie
des élèves, on en ressort changé (et c'est un grand bien).
Puisse ce film évoquer l'ambiance des lieux, en tout point loin de la grosse
industrie scolaire anonyme. Ce film n'est pas présenté ici parce
que pour une petite structure comme tchorski, ce n'est pas simple à héberger
sur internet. Ci-dessous, ce sont les 100 jours, fête étudiante réalisée
un matin 100 jours avant la date des examens. A côté, ce sont quelques
images de la fête d'anniversaire des 50 ans d'existence du collège.
Les
cent jours |
L'anniversaire |
Un très grand merci à toute
l'équipe du collège pour l'accueil sur place, qu'il neige, qu'il
vente ou qu'il pleuve. Merci aussi aux élèves de la part de monsieur
Bleu. On se reverra, peut-être dans 10 ans et probablement ailleurs, mais
on se reverra. ACCUEIL |