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La maison Michel
Nous avons reçu les photos d'un voyageur et nous en avons fait la synthèse historique.
De retour après plusieurs jours d'explo sur Ganges, le coeur des Cévennes, ce n'est pas à côté, je suis assez fatigué. J'arrive sur Saint-Hippolyte lorsque j'aperçois une dame faire du stop. Où allez-vous ? A Bessèges me dit-elle. Belle chance pour elle, c'est ma route et je vais l'avancer d'une bonne heure.
Cette dame est ce que la société névropathe de nos jours appellerait une marginale. Elle a vécu sans argent, mangé beaucoup d'orties, vécu à l'écart de la société. En fait beaucoup de choses très positives émanent de ses paroles. Discutant de nos activités respectives, je lui explique que je visite des maisons abandonnées.
Elle me dit alors en connaître une. Très isolée. J'y allais pour piquer du bois me dit-elle. Il est mort y'a dix ans de toute façon. C'est entouré de barbelés. Y'a une rivière en contrebas.
Sur ces paroles, ce matin très tôt, je prends les routes. J'essaie de passer surtout avant le marché de la ville-inévitable-au-secours, qui recueille un déluge-diluvien de touristes en ce week-end prolongé, carrément ! La maison est en hauteur, beaucoup de ronces pour y accéder. Ce n'est rien.
La déception de voir que c'est une déchetterie. Tout a été retourné, il n'y a plus rien de lisible, bref le topo habituel, même dans les campagnes les plus reculées qu'il soit.
Il s'agissait de la maison de Michel. Il est né le 23 septembre 1943 et décédé le 15 décembre 2010 à 67 ans. Ses derniers temps furent à l'hôpital local, qui en réalité correspond plutôt à un Ehpad fortement médicalisé ; il y est décédé. Sa compagne Geneviève l'a accompagné jusqu'au bout.
La rumeur tenace veut qu'il ait mis fin à ses jours dans la maison, en présence de ses petits-enfants. Ces allégations sont fausses et diffamatoires.
Il est inhumé, seul, au petit cimetière du village. Sa compagne est introuvable du fait d'un nom de famille très commun. La maison est absolument blindée de chauve-souris, ce qui témoigne que la vie continue de se dérouler en cet abandon, chaque soir le bal recommence.
