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Marly, la carrière du Chemin Vert (1/2)


La carrière du Chemin Vert en 1998.

Cette carrière est située sous l'ancien bourg de Marly, une commune située en périphérie de Valenciennes. Elle sous-mine les rues du Chemin Vert (d'où son nom, carrière du chemin vert), la rue Emile Zola, la rue Pierre Costa, la rue Roger Salengro. C'est un vaste maillage de chambres et piliers tournés assez larges. Certains piliers avoisinent des dimensions de 10 mètres. Deux zones de creusement existent, dans un entrelacs assez vague de galeries en piliers tournés. La particularité de cette carrière, c'est de posséder beaucoup de rognons de silex. Certains ont été entassés dans des coins de galeries.

Cette carrière a été creusée dans une craie du sénonien, à environ 18 mètres de profondeur. C'est un matériau friable et granuleux, fortement fracturé en blocs informes ; c'est pourquoi les galeries ont cet aspect de voutes rondes, il n'y a pas de travail à la haveuse donnant cet aspect si connu de parois parfaitement carrées.

Très peu d'informations historiques existent quant au creusement, ou pour ainsi dire aucune. Il est à supposer, vu le type d'exploitation, qu'un four à chaux était alimenté. Etait-ce Saint-Saulve ? Rien ne peut le garantir. Il pourrait s'agir d'un four à chaux qui était anciennement situé près du cimetière, ce qui serait chose plus logique que Saint-Saulve. Il ne s'agit en tout cas aucunement d'une carrière de pierre à bâtir, ça ne s'y prête pas.

Vu le type de matériau, il n'y a aucune signature de carrier qui nous soit accessible, cet aspect est d'autant plus renforcé que le SDICS effectuait une surveillance importante des lieux, d'où un nombre important de parois peintes en rouge. Cela permet de repérer où des blocs chutent. Autant dire que 1) les graffitis anciens sont recouverts et 2) les blocs qui chutent sont nombreux vu les larges portions de blanc. Cette situation d'instabilité à fait pencher la municipalité vers un certain nombre de remblaiements, devenus indispensables. Le secteur est sous haute surveillance.

Bernard Bivert signale avoir lu dans une archive qu'il existait un graffiti "Carlin, Hurez, 1877". Nous n'identifions aucun de ces patronymes, mais une école de Marly porte le nom de Hurez et ce lieu est situé non loin de la carrière.

Durant la guerre 39-45, les lieux ont été occupés par des réfugiés, ou tout du moins l'entièreté des démarches a été prévue pour. Les galeries ont été aménagées en vue d'un séjour long. Au sol, une scorie a été déversée afin d'aplanir le sol, les aspérités des murs ont été enlevées. On trouve même un ancien panneau WC, sans que les WC chimiques ne puissent subsister. Autrement, on trouve quelques vestiges de fils électriques, mais rien d'autre de bien marquant.

Lors du conflit 39-45 et plus particulièrement en 1944, il fut creusé deux plans inclinés ; les travaux ont été conduits semble-t-il par la municipalité de l'époque. Le premier plan est situé rue du Chemin Vert. Son débouché a été refermé. Le SDICS a percé un puits, permettant de rejoindre cette descenderie. Le second plan était situé rue Emile Zola. Il a été totalement remblayé.

Fait tout à fait particulier, la mairie avait fait appel à des mineurs de charbon dans le but de creuser ces accès, destinés aux réfugiés. L'exploitation du Chemin Vert était abandonnée depuis apparemment 1880. Ces mineurs ne maitrisaient absolument pas les techniques de creusement dans de la craie. De ce fait, ils ont étayé avec des cintres TH, comme à la mine, ce qui est parfaitement inutile. Ca donne un paysage assez unique en son genre. L'exploitation s'organise sur la galerie "ressentie" comme principale, c'est à dire celle avec les scories, puis vers les fonds, des quartiers d'exploitation. Les quartiers éloignés sont victimes d'un manque d'oxygène assez élevé. Il s'agit d'une concentration non négligeable de CO2. C'est donc un lieu dangereux.

En octobre 2008, un article de la Voix du Nord évoque un affaissement dans une maison de la rue Salengro. Si l'article reprend le langage habituel fortement exagéré de la presse locale, il est tout de même étonnant de lire que cette carrière a été remblayée en totalité suite à l'affaissement, ce n'est certainement pas le cas. L'article fait l'impasse complète sur ses sources et prétend qu'en 1996, c'était déjà le cas.

La carrière du Chemin Vert n'est pas remblayée à 100%, mais les secteurs les plus problématiques sont en voie de comblement. Le sol de la carrière est situé à plus ou moins 16~18 mètres, les ciels sont à 10 mètres. Certaines montées de voutes sont à 3 ou 4 mètres du sol. Compte tenu de la fracturation de la craie en ce lieu, c'est évidemment problématique. Les convergencemètres installés dénotent une situation préoccupante. La municipalité met en place les solutions inévitables : le comblement des zones les plus dégradées.

Plus loin à proximité du cimetière se trouve une seconde carrière, c'est la carrière du puits Cuvelier, ou encore la carrière de la rue Salengro. Les travaux souterrains s'organisent sur une structure relativement comparable, bien qu'il n'y ait cette fois pas de descenderie équipée par les mineurs de charbon. C'est une exploitation plus petite et qui ne sous-mine pas de l'habitat. Cette exploitation n'est pas connue comme ayant un intérêt.

Nous allons à présent descendre dans la carrière du Chemin Vert. Lors de notre descente, nous avons eu la présence de Co2 par taux non négligeables. Cela a été soigneusement mesuré.


La carrière du Chemin Vert, topographie disponible dans une ancienne monographie sur Marly.


La visite commence par cette descenderie creusée par les mineurs.


Vue vers le puits d'accès.


Les effondrements sont analysés. Notamment, la bâche datée permet de voir si c'est évolutif. Si des pierres tombent, ce sera sur la bâche. Ici depuis le 03/09/1997, ça n'a pas bougé.


Le symbole de la résistance.


Au canif : P.O. 1944 R.E.


Une seconde descenderie. Elle est aujourd'hui fermée.


La signature de Roger, probable réfugié en 1944.


Les murs sont peints en rouge afin de visualiser ce qui tombe.


Une étrange rigole centrale. Nous en avons vu plusieurs, à quoi cela servait ?


Vers le fond de l'exploitation, l'air est moins bon.


Un tas de gravas en cours de formation.


Nous avons découvert une pipe Scouflaire d'Onnaing. Ces pipes sont en terre. L'avantage de ce matériau,
c'est que c'est très bon marché.


On voit bien l'épaisseur de remblais...


Une cloche de fontis en formation.


Chemin du retour, le fond est visité.


Dans le secteur des réfugiés, le sol a été recouvert de scories.


Il subsiste des vestiges de fils électriques.


Belle galerie de jonction. Avant que ça soit en mauvais état, c'était partout de la sorte.


Les gravas des parois ont recouvert les scories.


La main indique l'échelle. Entre le sol et l'étiquette, il y eut un certain niveau d'eau !

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