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Les carrières souterraines de Valenciennes

Cette page concerne des carrières médiévales situées sous la ville de Valenciennes, dans un site qui s'appelle la plaine de Mons. En 2015, une mise à jour importante à été à faire concernant les trois carrières souterraines que je cite, à savoir la rue Ernest Hiolle, le Glacis, la rue Milhomme (en ajoutant que cela concerne aussi la carrière Serbat, mais je ne connais pas cette dernière) : les sites sont remblayés en grande partie. La mairie de Valenciennes a fait procéder au remblaiement quasi-total de ces lieux. Un marché public a été passé puis la société Ramery a réalisé des remblaiements pour un montant approchant les 7 millions d'euros. Notons que plusieurs marchés précédents avaient été passés dans le même but. C'est donc un travail de longue haleine.

La perte du patrimoine est importante, étant donné qu'il s'agit de sites médiévaux, mais il faut l'écrire, notons que ces travaux sont salutaires vu l'ampleur des dégâts en souterrain. Ces carrières font donc partie d'un passé qui est définitivement révolu.

Ainsi afin de récapituler un bref descriptif historique, il s'agit ou plutôt s'agissait de 4 carrières différentes, situées sous les rues Guillez, Milhomme, Hiolle, Fleurie. Le site de la rue Guillez est la carrière dite du Glacis, qui s'étend sous la patinoire, c'est l'ensemble le plus vaste. La carrière située sous la rue Milhomme a la particularité d'être très basse (rarement au dessus d'un mètre). La carrière de la rue Ernest Hiolle était accessible en 1998 par un bunker. Il a été démoli en 2001 suite à la construction d'un ensemble immobilier. C'était une carrière vaste et variée. La carrière de la rue Fleurie se réduit à un puits et quelques apendices de galeries. Une plaque donnant dans un second réseau n'a pas pu être ouverte, soudée par le temps. Il y eut une carrière sous le château d'eau Louis Bracq, non décrite ci-dessous. Elle fut remblayée en grande partie d'assez longue date. Et puis, comme mentionné supra, une carrière rue Serbat, cette dernière était de faible dimensions.

Ces carrières sont des exploitations de craie grise du turonien. Ca a un aspect de craie de fort mauvaise qualité, bien que la pierre ne soit en fin de compte pas si mauvaise que ça. Ces exploitations sont situées entre 10 et 15 mètres de profondeur. Leur hauteur est variable et ne dépasse que fort rarement les deux mètres. Dans la rue Milhomme, le nombre de bourrages et de remblaiements rend la visite complexe, il y a peu de volumes où l'on tient debout. La nappe phréatique est très proche. Dans la carrière du Glacis, elle est affleurante et il y a régulièrement des vasques, voire même des zones de noyage - ça dépend des périodes de l'année.

Concernant la carrière située sous le château-d'eau, celle-ci n'a pas été totalement comblée. Construit sur le gruyère valenciennois, le château-d'eau s'enfonce chaque année d'environ 4cm. Toujours est-il qu'en 95 ou 96, une personne n'a rien trouvé de mieux que de descendre dans les fortifications par le puits au pied du château-d'eau. Il faut bien comprendre que dans le Valenciennes intra-muros, il n'est pas rare de passer par le lit souterrain d'une rivière, de se retrouver par la suite dans les différentes fortifications et de finir dans un restant de carrière avec escalier donnant à la cave d'un riverain, d'où le terme de fortification très généraliste. L'urbanisation a toujours été anarchique. Il s'agissait d'un puits d'aération ? Point d'échelle en tout cas, la personne était descendue à la force de ses bras et jambes mais s'était retrouvée dans l'impossibilité de remonter. Suite au sauvetage de l'aventurier par les pompiers, les services publics ont donc décidé de se pencher sur la question du remblayage. Le souci de la responsabilité du site est compliquée : le château-d'eau dépend du service des eaux, c'est sur un site de l'éducation nationale, mais ça doit être le service des carrières qui doit s'en occuper... Deux ouvriers ont donc tenté de combler certaines galerie en très mauvais état pendant plusieurs semaines. Faute de moyens, les pauvres ont dû le faire à coup de seau de mortier et gravat... Actuellement le puits a recu une chape de béton.

Il n'y a pas de graffitis témoignant des dates d'exploitation, où ceux-là sont fort récents (guerre 39-45). Dans le PPRMT, il est évoqué que ces carrières auraient été débutées au 11ème siècle, et achevées au 17ème. Quelle que soit la précision, cela en fait des volumes fort anciens, on comprend mieux l'état de dégradation observé en divers lieux. Cela explique aussi que le creusement soit parfaitement anarchique, il est difficile de s'orienter dans ces labyrinthes. Je peux vous affirmer qu'il a été pénible de se retrouver perdu sous la rue Milhomme, chercher son chemin en marchand en canard est épuisant.

Concernant la carrière de la rue Ernest Hiolle, elle servait pendant l'occupation de refuge pour la population lors des bombardements alliés. D'ailleurs d'autres carrières ou édifices de la période Vauban servaient de refuges à la population. On ne retrouve aucun graffiti datant des périodes médiévales. La dégradation de la roche est probablement en cause.

Un debut d'exploitation dès le XIème siècle parait quelque peu précoce... Il ne faut pas oublier que la première enceinte était quand même éloignée de près d'un kilomètre de l'endroit d'exploitation. Les travaux d'archéologie locaux ont souvent montré que carrières et site d'exploitation ont suivi l'évolution de l'habitat. Le valenciennois est donc rarement troublé de la (re)-découverte d'une carrière et d'un quelconque four ou atelier de taille en plein centre-ville lors d'une démolition ou d'une construction. Il serait envisageable de miser sur un début d'exploitation au XIVeme siècle lors de la mise en place de l'enceinte définitive (hors travaux d'amélioration espagnole puis français sous Vauban), exactement comme à Hordain ou Avesnes-Le-Sec. A titre d'exemple la carrière du château d'eau Louis Bracq alimenté des fours à chaud encore en fonction au XIXème siècle, adossés au remparts et démantelé en 1893.

En certaines galeries, on trouve les pieux de fondation profondes des bâtiments. Ces fondations permettent d'éviter de fortes dégradations en cas d'affaissement. A ce jour tout cela n'existe qu'au travers de quelques vides résiduels. La plupart sont comblés d'une injection de béton, sable et calcaire.

Les photos ont été réalisées en 1999 dans les diverses carrières accessibles. Elles restent des photos faites avec un appareil jetable, et ne seront donc jamais de qualité, malgré les avancements de la technologie de récupération des films.


Le plan de la rue Milhomme. Elle n'est pas la plus vaste, mais le plan est significatif : ce n'est pas rectiligne.

La carrière du Glacis


Dans la carrière du Glacis, mon ami Alain fait une pause sous les blocs.


Une partie de la carrière est noyée, pourtant on est à faible profondeur.


Sous une école, ce pilier est sous surveillance car en mauvais état.


Les secteurs d'instabilité semblent parfois se multiplier au point que ça en devient inquiétant.


Un convergencemètre, appareil qui sert à mesurer l'affaissement du ciel.


Les racines des arbres transpercent la roche.


Le puits d'accès du Glacis.

La carrière Hiolle


Au Fort Minique, une autre carrière souterraine (Rue Hiolle).


Aujourd'hui, son accès par descenderie n'existe plus.


Ici, ce sont des confortations en maçonnerie de brique.


Blanche, une réfugiée, a tracé plusieurs colombes.

La carrière Milhomme


Un pilier de fondation profonde de la résidence La Chataigneraie.


Rue Milhomme, une carrière basse et pénible à visiter. Ici, c'est dans une cloche de fontis.


Un bourrage par injection. Il s'agit d'un remblaiement par clavage.

Anzin, la carrière du stade

Anzin est une commune du pourtour de Valenciennes. Elle possède une identité forte et n'est pas à considérer comme une simple banlieue, ou comment dire, une zone périurbaine sans âme. C'est une ville qui a connu un essor gigantesque grâce au charbon. Le territoire urbain est profondément marqué par cette activité passée. Aujourd'hui, même si ça fait des décennies que l'activité est achevée, il reste des traces historiques. Le voyage que nous ferons aujourd'hui ne concerne pas le charbon. D'une manière nettement moins connue, Anzin fut dans le cadre de son activité industrielle, aussi, une ville d'extraction de la craie. Cela rejoint finalement un certain nombre de villes du valenciennois, invariablement concernées : Saint-Saulve, Estreux, Petite-Forêt, Marly, etc.

Le texte ici présent décrit ce qu'on appelle la carrière du stade. De larges portions de territoire d'Anzin sont excavées, notamment à l'est de la commune, reste que ces carrières sont inconnues à ce jour du fait d'une impossibilité d'accès. La carrière du stade est nettement mieux connue, étant donné que le SDICS a établi des accès en puits. De par le passé, il existait deux puits assez profonds. Ils ont été démolis. A ce jour, il ne reste plus qu'un seul puits d'accès.

La carrière du stade est loin d'être immense. C'est une carrière creusée dans le sénonien et recouverte d'une épaisse couche de tuffeau du landénien. Cette carrière est assez profonde comparativement aux autres exploitations du valenciennois (30 mètres). Notons de même que c'est une carrière qui n'est pas ancienne, au contraire des ex-carrières de Valenciennes. L'exploitation date ici du XIXème siècle et semble être majoritairement liée aux activités des sidérurgies d'Anzin.

Cette carrière a été creusée avec une certaine régularité. Ce n'est pas un plan d'exploitation anarchique. Les galeries ont une hauteur globale de 2 mètres et peuvent régulièrement atteindre 5 à 8 mètres. A l'intérieur se trouvent deux gros cuffats. Ils sont splendides. Ces derniers témoignent bien qu'il s'agit d'une exploitation de chaux et non de pierre à bâtir. Il serait en effet ubuesque de remonter des blocs carrés dans ces deux gros cylindres.

Les secteurs en mauvais état sont nombreux. Cela a provoqué, nous le devinons à la lecture du paysage, l'abandon progressif de l'un des deux stades. Ce n'est pas le seul problème. La teneur en Co2 est élevée. Elle l'est à ce point que les visites sont difficiles. Il y a un temps très reculé, une personne de la mairie me déclarait : nous n'y allons qu'en hiver lorsqu'il gèle. Nous ouvrons les deux puits et nous attendons plusieurs jours que ça aère. A ce jour, les deux puits n'existent plus et sont remplacés par un troisième.

Bernard Bivert cite que le chef exploitant était Monsieur Henri Guislain. L'exploitation aurait été cessée en début 1900. Nous supposons de notre côté que l'exploitant était Henri-Guislain Monfort, né le 16 janvier 1865 à Préseau et décédé à date inconnue. Son grand-père était fabriquant de chaux, son père chauffournier et lui-même chauffournier. Cette déduction est faite étant donné qu'il n'y a pas d'henri Guislain connu à Anzin, le seul connu de ce nom là dans le proche secteur est un enfant décédé à un an, et celui que nous nommons fait partie d'une longue tradition de chauffournier.

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