Cette page est un documentaire sur l'église décanale des saints-Pierre-et-Paul de Chatelet. Un tout grand merci à monsieur Robert Henrion de la fabrique d'église pour son accueil. Merci à monsieur le doyen Jean-Luc Deblaere pour le suivi du dossier. Les photographies concernent essentiellement les cloches, une étude transmise à l'Association Campanaire de Wallonie, mais aussi la charpente. En effet, cette église a une couverture qui est tout à fait spécifique.
Cette église a été construite entre 1867 et 1871. Elle est bâtie selon les plans de l'architecte Eugène Carpentier (1819-1886), sur un style tendance néo-gothique, en brique et en pierre de taille. On lui doit les plans de la place De Brouckère, la collégiale saint-Ursmer de Lobbes, une participation à la Sint-Salvatorskathedraal de Brugge, une participation au château d'Antoing, le château Het Steen de Elewijt, l'église paroissiale de Beloeil, etc. C'est un architecte controversé. Certains de ces travaux sont jugés trop entreprenants, originaux, voire inadaptés.
A la suite d'un incendie en 1941, les charpentes, toiture et flèche sont largement endommagées. Valentin Vaerwijck (1882-1959) entreprend d'effectuer une restauration. Ce célèbre architecte est spécialisé dans les réhabilitations de sites désespérés. On lui doit notamment la restauration du beffroi de Gand ou le château de Terleyen. C'est à partir de ce moment là que la couverture devient métallique (cuivre rouge).
L'église possède deux tours de façades et une tour centrale, posée à la croisée du transept. Cette tour est beaucoup plus massive et élevée que les deux premières.
A propos du campanaire
Vous
pouvez écouter ci-dessous le tintement de midi, l'angelus et la volée
:
https://tchorski.fr/audio/chatelet.mp3
Les cloches sont situées dans la tour centrale, au dessus de la croisée. Elles sont au nombre de trois. Elles sont toutes en lancé rétrograde. Etant donné que la tour est large, elles sont en enfilade. Elles sont disposées à l'intérieur d'un beffroi en madriers de chêne, assez récent (probablement 1941) et massif. Il n'y a aucune marque de tâcheron sur le beffroi.
Les dédicaces des cloches sont toutes situées du côté madrier gauche, quand on regarde vers le chevet, ce qui les rend quasiment illisibles (elles sont entre la poutre et la robe !) De ce fait, les dédicaces, pourtant simples à lire, sont tout à fait lacunaires. Ce n'est pas de chance... J'ai relevé les seuls mots lisibles, mais je ne peux rien garantir quant au contenu.
Cloche 1 - La moyenne, tinte les
heures et les demies heures. Diamètre 120 cm. C'est une Georges
II Slegers. Elle possède un battant thermoforgé. Elle sonne
le fa.
Dédicace : MARIE-PAULINE, DETRUITE
PAR L'INCENDIE. REMPLACE VEDASTINE LE 2 JUILLET 1943, ? FONDUE EN 1816 ET ? CAROLINE-MARIE.
L'EGLISE L'A ? LE 20 FEVRIER 1937 ? DE SON EXCELLENCE MONSEIGNEUR HIMMER, TOURNAI,
QUI M'A BAPTISEE, PAR LES AGREMENTS SPECIAUX ? HENRI RINCHARD (probablement le
parrain) ? PHILIPPINE BERGHA ? PARRAIN ET MARRAINE ? VEUVE DE L'ANCIEN ? DE LA
FABRIQUE D'EGLISE ? CAUSARD, TELLIN. ? TRISTESSE, NOUS ? (reste totalement illisible).
Cloche 2 - La plus grande. Diamètre
130 cm. C'est une Causard. Magnifiques rinceaux en forme de remplages
de cathédrale néo-gothiques. La cloche possède une
représentation des 12 apôtres, tous situés en haut
de la robe. Elle possède un battant à boule. Elle sonne
le mi.
Dédicace
: EN L'HONNEUR DE S. S. PIE XII ? GLORIEUSEMENT REGNANT ? MARIE-LOUISE, EN MEMOIRE
DE ? 1816, LEONIE-ELISE, 1903 ? 20 FEVRIER 1937 (probablement la bénédiction)
A ETE DETRUITE PAR L'INCENDIE ? MONSIEUR ET MADAME GEORGES, PARRAIN ET MARRAINE
? SLEGERS-CAUSARD A TELLIN.
Cloche 3 - La plus petite. Tinte
l'angelus. Diamètre 106 cm. C'est une Georges II Slegers, vu le
type de rinceaux au cerveau. Elle possède un battant thermoforgé.
Elle sonne le sol.
Dédicace : LEONIE
? EN MEMOIRE DE ? ALBERTINE ? CHANOINE LEON MAGNIE, DE 1921 A 1956 ? DOYEN ALBERT
HUIN DEPUIS 1946 ? DE L'EGLISE LE 20/02/1937. ? 1943 ET PAR L'AGREMENT DE LA FABRIQUE
? MARIE-PIERRETTE ? JOSEPHE ??? MARRAINE MADAME ALBERT ? PRESIDENT DE LA FABRIQUE
D'EGLISE.
Sur l'un des marteaux, il est marqué à la main Ratelet. Un accordeur ?
Au dessus du beffroi, on trouve deux systèmes obsolètes. Ce sont deux boîtiers, apparemment mécaniques, appelés Autocloc. Cela ne donne référence à aucun matériel connu. Il est à supposé, vu le matériel, que c'était un système de tintement relié à l'horloge monumentale.
L'horloge monumentale se situe au dessus de la salle des cloches et en dessous des horloges actuelles. C'est une Léon Van Rie, un fabricant de structures de carillons et d'horloges, au 16 rue Docteur Isaac à Quaregnon. Il apprend le métier chez marcel Michiels à Tournai, avant de se mettre à son compte. Il se spécialisera dans la conception de tambours automatiques pour ritournelles. La firme ferme en 1968. On lui doit notamment le tambour du carillon de Barneveld (NL).
Le boîtier d'horloge actuel n'est pas identifiable (pas de marque apparente).
A propos de la charpente
La tour centrale, au dessus de la croisée, donne accès après un cheminement compliqué à : la flèche, l'abside, un comble seulement du transept, un comble de tourelle. Le reste s'accède par le devant de l'église. Le comble de nef ainsi que les deux tours avant ne sont pas documentés.
La charpente a entièrement disparu suite à l'incendie de 1941. Elle a été remplacée par une charpente en gros madriers en chêne. On les appelle d'après Gilles Durvaux des poutres de fer. Cette charpente est partiellement accessible. En effet, suite à des problèmes de couverture et d'infiltration d'eau, des bâches ont été installées au dessus des horloges. Le sommet de la flèche est inaccessible.
La couverture est réalisée avec des plaques de cuivre. Elles sont soit embouties (toiture plate), soit mises en chevauchement (tourelles, chiens assis). Dans tous les cas, cette couverture a beaucoup souffert, certaines plaques sont cabossées ou en début de déchirure. Il n'est pas possible de voir cette couverture depuis les combles parce que, tout comme pour les abat-son, elle repose sur un lattis de bois. Les ouvertures sont toutes méticuleusement fermées avec du grillage à maille hexagonale, recouverte d'un fin maillage plastifié noir, ce qui empêche les chauves-souris de se planter dans les mailles (ouf !) Quant aux pigeons et choucas, ils restent dehors (ouf !)
La charpente a été endommagée le 18 janvier 2007, suite à une importante tempête, qui a d'ailleurs fait des ravages un peu partout. Des techniciens spécialisés en travaux acrobatiques sont venus la réparer en janvier 2008. 23 plaques de cuivre ont été remplacées quasiment jour pour jour un an après. Un architecte, Jean-Marie Moraux, est chargé à la suite de ces dégradations d'évaluer le nombre de désordres dont est victime l'église, puis de dresser une liste de travaux à réaliser.
Assez récemment,
la girouette du sommet de la tour centrale a été enlevée.
L'église de Chatelet est un patrimoine en danger ? Oui, cela se ressent.
Sources
:
- Dictionnaire
des facteurs d'instruments de musique en Wallonie, éditions Mardaga.
- Le patrimoine monumental de la Belgique, tome 20, Hainaut, éditions
Mardaga.
Au
fond, le Boubier. C'est l'ascension de ce terril qui m'a fait découvrir
l'église.
Au
milieu d'une circulation infernale, l'église trône fièrement
sur le centre de Chatelet.
Voici
une vue générale de l'église sur la place du marché.
Les
pigeons aimeraient bien entrer, pour se réchauffer les pattes, mais c'est
interdit !
Nous
allons ouvrir de lourdes portes et monter au clocher central.
A
l'entrée de la tourelle, une inscription de 1872, VANDEVEIRE J., SONNEUR.
Le beffroi
Voici
une vue générale du beffroi. En réalité, c'est un
lieu très sombre.
Les
moutons, en alignement.
Appareillage
non identifié, Autoclock, obsolète, probablement affecté
au tintement.
La cloche 1
Derrière
le beffroi.
La
voici, bien que le manque de recul empêche de la voir en entier.
La
bélière.
Le
battant.
Le
marteau.
L'inscription
Ratelet.
De
l'autre côté, vue presque entière.
La
dédicace, avec la police de caractère propre à Slegers-Causard.