La Cathédrale saints Michel et Gudule est la cathédrale de Bruxelles, elle est située à côté de la gare centrale, Sainte-Gudule est la patronne de Bruxelles. Ce reportage photographique concerne exclusivement le volet campanaire. Un grand merci à monsieur Thibaut Boudart pour son accueil et pour son aide à réaliser le dossier. Merci aussi à l'association Tintinnabulum pour l'organisation des concerts de carillon. Merci à Pierre Capelle pour avoir parfois dépatouillé certains couacs. Le reportage est dédié à l'Association Campanaire de Wallonie, afin de participer à l'anniversaire des 500 ans du carillon.
Le carillon se trouve dans la tour sud, au sommet, au niveau des abat-son. La tour sud est celle de droite face à la cathédrale, du côté gare centrale. Une seule cloche se trouve dans la tour nord, il s'agit du gros bourdon.
Avant d'aborder le carillon, un peu plus complexe, nous allons parler du bourdon. Il sert exclusivement à la volée, et ne vole que dans les grandes occasions, religieuses ou civiles. Il s'agit par exemple des fêtes de noël, de Pâques, etc. Il part relativement peu en volée à cause de son grand poids et donc des vibrations qu'il entraîne dans la structure de la tour. Il pèse 6700 kilogrammes et il s'appelle Salvator. Il est rescapé de différents enlèvements de cloches durant les évènements historiques, révolution française, seconde guerre mondiale. Il date de 1481, il a été restauré en 1638. C'est une cloche Peeter Vanden Gheyn. Elle est en lancé rétrograde. Le beffroi est constitué d'énormes madriers de chêne.
Le carillon comporte 49 cloches. C'est un carillon très puissant, il a un fort volume sonore. L'étude de ce carillon a été faite en 1948 par Staf Nees. Il a été installé en 1975. Il remplace deux autres, dont un datant de 1762 et détruit à la révolution française, et un autre évacué cause mauvaise qualité sonore. Il est placé dans une armature métallique pour 42 cloches et clochettes. Les autres cloches, un peu plus volumineuses, sont placées dans plusieurs beffrois indépendants en madriers d'acier. Les cloches volumineuses sont : Fabiola (3164kg), Maria (2298kg), Michaël (1628kg), Gudula (1332kg), Philippe (975kg), Astrid (690kg), Laurent (485kg). De nombreuses cloches ont été volées, seul Salvator et Géry ont été maintenues par les Allemands, les cloches historiques ont donc pour la plupart disparu. Leurs remplaçantes ont été nommées de la même manière (encore que Maria a été rétrogradée de 2ème à 3ème bourdon). Géry a été refondue en 1956. Il reste donc seulement Salvator comme cloche historique. Les cloches de volée datent de 1967 à l'exception de Philippe, Astrid et Laurent (1975).
Les cloches de volée sont des Horacantus et Eijsbouts : 1 cloche Horacantus (1957), 4 cloches Horacantus/Eijsbouts (1967), 44 cloches Eijsbouts (1975). Les cloches sont toutes cintrées sur des moutons en métal. Pour les cloches un peu plus volumineuses, le système de volée est un Movotron de Clock-o-Matic. Ces cloches sont (étaient, changement en 2010) en rétro-mitigé. On y verra, plus loin dans le reportage, le système de battant un peu particulier que cela entraîne, il y a un baudrier supplémentaire qui sert à abaisser le centre de gravité, ça s'appelle une agraphe. Le battant frappe le bas de la pince.
Le carillon joue une ritournelle tous les quarts d'heure, à chaque fois différente. Le système de carillonnement est une horloge-mère Apollo II de Clock-o-Matic. L'Apollo II est située sous la cabine de carillonneur. La ritournelle est très-très sonore ! Comme l'explique Jean-Christophe Michallek, la tour est entièrement en pierre, il y a très peu de structures en bois, qui pourraient absorber le son. Le tintement se réverbère sur les parois, ce qui en augmente considérablement le volume sonore. Ce même genre de particularité s'observe à la collégiale de Huy.
Le carillon de Ste-Gudule, ainsi que le gros bourdon, sont l'un des plus beaux ensembles campanaires de la Belgique, notamment pour la justesse des notes.
Vous pouvez écouter le carillon ci-dessous. Interprète : Mathieu Lenaerts, titulaire du carillon de Tongeren (Onze-Lieve-Vrouwebasiliek). Merci à lui pour ces superbes prestations ! Un morceau est disponible directement à l'écoute.
https://tchorski.fr/audio/gudule14.mp3
Sources
:
- ACW, dossier campanaire
sur le carillon de Sainte-Gudule, site internet campano.be
- Site officiel de Sainte-Gudule, partie du dossier sur l'architecture
et le carillon.
A l'occasion des célébrations du 11 novembre, il nous a été donné l'occasion de réaliser un documentaire sur le bourdon Salvator de la cathédrale Sainte-Gudule à Bruxelles. Nous en donnons ainsi deux vidéos. Un très grand merci à Thibaut Boudart pour avoir effectué le déplacement pour nous ! Cela a permis de réaliser ce bel enregistrement. Merci aussi au doyen Claude Castiau pour l'autorisation de réaliser ce film. Le 11/11/11 à 11h11 et 11 secondes s'éteignait la dernière vibration du bourdon. La vidéo a été réalisée à ce moment bien particulier !
En matière de données techniques, les deux vidéos représentent la même volée. Ce sont deux points de vue différents, l'un impressionnant à la bouche, l'autre qui donne une ambiance générale de ce bourdon à l'oscillation lente. L'enregistrement n'est pas inclus dans cette page, vu que la vidéo en donne une version. Il est disponible pour quiconque en fait la demande. Il ne s'agit pas d'un plenum. Toutes les autres cloches sont dans l'autre tour, elles étaient immobiles à ce moment. Un enregistrement de plenum s'effectue soit depuis le comble, soit depuis le bas de la tour.
C'est une cloche du fondeur Peeter Van Den Gheyn, datant de 1638. Elle pèse environ 6700 - 6800 kg. Elle sonne le sol 0 (G en notation allemande). Elle est en rétrograde, ce qui lui donne un mouvement lent et majestueux, presque funèbre. Elle a une sonorité romantique assez sombre. Elle sonne à peu d'occasions, comme bon nombre de gros bourdons. De surcroît, lors des fêtes impliquant la présence du Roi, l'accès à la tour n'est pas possible, ce qui réduit davantage les possibilités de filmer. Nous avons donc de la chance de pouvoir le présenter.
Il m'a été dit un jour : il faut avoir vu le bourdon Salvator au moins une fois dans sa vie. Voilà qui est fait !
Données
techniques à l'attention des personnes réalisant des enregistrements
de cloches :
De nombreux échecs
nous ont fait apprendre. Voici quelques conseils qui vous aideront, j'espère,
dans vos promenades campanaires.
L'enregistrement a été effectué avec un Edirol R09.
1/ Il faut placer l'enregistreur
au dessus des cloches. Le placer à la bouche provoque deux problèmes
:
-Un son d'impact assez brutal lorsque
le battant frappe.
-Une décrue
importante du son lorsque la bouche se trouve à l'opposé de l'enregistreur.
Du fait de ces crues / décrues, le son se retrouve oscillant et ce n'est
pas beau. Placer au dessus, voir même plus loin, permet un équilibrage.
2/
Il faut éviter de placer près des abat-son. Ces fenêtres font
remonter le bruit de la ville, ce qui est parasite.
3/
Il faut placer autant que possible équitablement entre toutes les cloches.
S'il y a de plus petites, il faut s'en mettre plus près, car elles ont
une puissance sonore un peu moindre.
4/
Il est important d'effectuer une compression élevée du son. Un son
trop faible s'amplifie sans aucun souci. Un son saturé est irrécupérable.
Le film a été réalisé avec une petite caméra très simple.
5/ L'éclairage est réalisé
avec de simples spots de chantier, à 30 euros pièce. Pour le cas
présent, un au dessus, un au dessous, 2 x 350W. 2 spots, c'est idéal.
Avec un seul, il peut y avoir de très désagréables oscillations
de lumières, lorsque la cloche bouge. Il y a souvent une prise de courant
dans le clocher. A défaut, une rallonge de 30 mètres permet de s'affranchir
de nombreux problèmes.
6/ Les vues
sont difficiles à réaliser vu le manque d'espace. Il faut faire
comme on peut, c'est un milieu ingrat. L'idéal est de régler la
mise au point en manuel. Sinon lors de la volée, la caméra peut
se mettre à chercher. d'où du flou.
7/
L'idéal est de stabiliser au pied photo, ce qui n'est pas systématiquement
envisageable. Un travail avec Soundforge (ou similaire) permet d'enlever une partie
des sons parasites, un peu avant et un peu après la volée.
Avec ça, c'est à peu près une configuration tout terrain. Cela ne donne pas un résultat professionnel, mais pour une petite configuration peu onéreuse et peu volumineuse, un résultat honnête.
Voici
la nef de la cathédrale.
Nous
allons maintenant monter au carillon, l'escalier est bien long !
Le
carillon (petites
cloches, clavier,
tringlerie)
Voici
la pièce du carillonneur. Le carillon est placé au dessus, pour
gagner de la place.
En
ces jours d'hiver, il n'y a pas beaucoup de lumière pour voir le carillon.
Il
est composé de 42 petites cloches. Les plus grandes cloches sont au sol,
autour de la salle du carillonneur.
Le
beffroi du carillon en détail.
Ici,
on voit parfaitement le système de double tintement, les battants tirés
servent pour le clavier manuel tandis que les marteaux extérieurs servent
à la ritournelle électro-tintée.
La
salle du carillonneur.
Le
clavier vu de l'arrière, côté tringleries et renvois.
Les
tringleries.
Les
renvois.
Détail
sur les tringleries. Elles sont superbement entretenues.
Gilles
Lerouge, le titulaire du carillon de Saint-Amand-Les-Eaux, en visite à
Bruxelles pour carillonner. De citation (La
Voix du Nord) : Le carillon, ça commence quand on est un petit
garçon de 9 ans. À l'époque, la tour abbatiale de Saint-Amand
était ouverte au public. C'était un super terrain de jeux entre
copains mais on a croisé le prof de carillon, qui m'avait repéré
en classe de piano. Il m'a fait asseoir. Sur le moment, j'ai pris ça comme
une réprimande. Je suis revenu le samedi et ça a été
le déclic... Je suis devenu un fêlé de la cloche !
Son
registre de jeu.
Les
bâtons.
Détail
sur les bâtons. En dessous, le pédalier.
Il
met des gants pour se protéger les doigts.
Le
pédalier, en action !
Les
renvois de tringleries.