Voici
quelques photographies et enregistrements du carillon de Huy. Ce reportage a été
réalisé grâce à l'aide de Gauthier
Bernard, carillonneur titulaire de la collégiale de Huy. Un tout
grand merci pour son accueil. Merci aussi à monsieur Vincent
Bourguignon pour son accueil et son guidage dans le triforium. Le carillon
concentre 49 cloches dans un tout petit volume, les photos ont été
très difficiles à réaliser. J'ai fait de mon mieux...
La
moitié des photos a été réalisée par Sandy
De Wilde.
Corrections au texte : Jean-Christophe
Michallek.
La collégiale de Huy est vouée à Saint-Materne, premier évêque de Tongres. Il est le patron (non, pas des confitures) mais de l'Alsace.
Le carillon de Huy est placé dans la tour nord, au niveau des abat-son. Il est longtemps resté quasiment à l'arrêt : seule une machinerie automatique tintait une ritournelle. Récemment, un carillonneur a repris l'activité, grâce aux démarches effectuées par Jean-Christophe Michallek. Les cloches resonnent au rythme du clavier, notamment pour les fêtes religieuses ou civiles. L'ensemble campanaire, restauré en 1968, est aujourd'hui fonctionnel. Encastré dans une tour en pierre et porté par une structure métallique, l'instrument est puissant et la réverbération importante. C'est le même phénomène qu'à Sainte-Gudule, un peu atténué étant donné que les cloches sont plus petites. En 1803, un incendie ravage une partie de la collégiale, notamment les flèches et la charpente. Le carillon échappe de justesse à la destruction, pour notre plus grand bonheur.
Le carillon comporte 49 cloches, ce qui est un bon standard pour 4 octaves. La particularité, c'est que certaines cloches sont anciennes, de fort bonne facture. En détail, voici le relevé campanaire :
Le carillon comporte tout d'abord un ensemble ancien de 35 cloches Pieter Hemony et André-Joseph Vanden Gheyn. 16 cloches ont été réalisées par Vanden Gheyn en 1756-1757, 19 autres sont des Hemony que Vanden Gheyn aurait récupéré de l'abbaye d'Averbode (Zichem, Diest). Dans le dictionnaire des instruments de musique en Wallonie (Mardaga), l'hypothèse avancée est que la structure du carillon, installée en 1819-1821, proviendrait du démantèlement d'Averbode sous la révolution française. Cette structure a été complétée, en 1968 au plus tard, par 8 cloches complémentaires. Ces cloches ne sont pas toutes identifiées, bien que la littérature les définit comme des Eijsbouts. Je ne l'ai tout simplement pas constaté étant donné que pour certaines cloches, il faudrait faire de la lévitation 15 mètres au-dessus du sol. De ce que j'ai vu, il ne s'agit pas exactement d'Eijsbouts mais d'une collaboration entre Horacantus-Eijsbouts et Marcel Michiels. Vu la date de fonte supposée (1903), ce serait une Michiels Sr. Je me permettrais d'en douter vu la relative rareté de ces dernières d'une part, vu d'autre part qu'Eijsbouts avait pour filiale Horacantus dans les années 1950-1960 environ. Je penche donc pour Michiels Jr., 1903 serait une date de fonte et (1968 ? difficile à lire) la date de refonte. Cette collaboration m'était jusqu'alors inconnue. Vu la similitude des rinceaux, une bonne part des 8 cloches proviendrait de cette fournée Eijsbouts-Michiels. Un dernier indice : la fusion entre Horacantus et Eijbouts, qui a entraîné durant une période transitoire le double nom, se situe entre 1967 et 1969.
Le dictionnaire des instruments de musique mentionne que ces cloches Hemony auraient été fondues en 1661. Cette datation d'archive provient des recherches sur Averbode. Il s'agirait donc de François Hemony (datation et présence en Belgique cohérentes).
Autant la lignée Hemony que A.J. Vanden Gheyn sont des maîtres incontestés de la fabrication des carillons. Le nombre d'instruments est important et la qualité exceptionnelle. Ce carillon est placé au-dessus de la cabine pour des raisons de manque d'espace. Il a une son d'une bonne justesse.
Un petit aparté pour signaler qu'une belle cloche se situe à gauche du chour. Elle est datée de 1638. Trop tôt pour en faire une Pierre II Hemony et de trop bonne facture pour être une Pierre I ou Blaise Hemony, on en déduit que c'est une François Hemony, ce qui semble logique bien que la datation soit antérieure au carillon.
Le
clavier du carillon est assez classique, il ne porte pas de marque apparente facilement
décelable. Les bâtons sont en frêne. La tringlerie est récente.
A cela est ajouté un Apollo II de Clock-O-Matic qui tinte en marteaux distincts
des ritournelles tous les quarts d'heure, quatre ritournelles différentes
existent
actuellement ; un second boîtier de Movotron Clock-O-Matic
commande les volées. Les cloches de volée sont toutes en rétrograde
à mouton arqué, les battants à jambe + boule. Les axes sont
métalliques en pièces volumineuses, sur paliers soudés. Seuls
les râteaux auraient besoin d'un peu d'entretien, la peinture s'écaille
et les tringleries sont parfois un peu lâches (à tel point que certaines
notes de ritournelle commencent à manquer à l'appel).
Une des particularités - je n'ai encore jamais vu ça ailleurs - se situe sur le système de tintement de ritournelle des grosses cloches. Les terminaisons de marteaux ont une forme de "chapeau de bolet", en pièce métallique apparemment thermoforgée.
Vous pouvez écouter Gauthier Bernard jouer ci-dessous. Le premier morceau est une ritournelle automatique, les autres pièces sont de sa libre interprétation. Le second morceau (première interprétation de concert) est disponible directement à l'écoute, le concert entier est en téléchargement.
https://tchorski.fr/audio/huy-ritournelle.mp3
https://tchorski.fr/audio/huy-01.mp3
Voici la nef de Huy vue depuis le triforium. C'est un endroit très beau.
La
nef fait un angle léger vers la droite, ce qui fait que ça ne parait
pas droit !
La
cloche de chour. Petite cloche de très belle facture à anse double.
Par
un cheminement assez complexe, nous allons maintenant monter au carillon.
Nous
y arriverons bientôt !
Le
carillon se situe dans une petite tour à l'avant, côté hôtel
de ville. Il est placé sur une structure en bois,
elle-même déposée
sur des corbeaux. Quand quelqu'un joue, tout vit et tout vibre !
L'instrument
Gauthier
au clavier avec ses protège-auriculaires.
Détail
sur les bâtons.
Détail
sur les tringleries et les renvois.
Voici
une vue générale du carillon. Il peut paraître énorme
comme ça !
C'est parce que l'ensemble des cloches est concentré
dans un petit volume.
Les
axes sont massifs et décentrés. Les rallonges de battant font penser
à du rétro-mitigé.
Le système est en réalité
un rétrograde à mouton arqué.
Chaque
cloche de volée possède 2 marteaux, 1 pour le clavier, 1 pour la
ritournelle, puis un battant de volée.
Voici
un des fameux marteaux à terminaison en forme de chapeau de bolet.