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La cathédrale de Liège (6/7)

 


Fabrice Renard au clavier du carillon.

Vous pouvez écouter un morceau du concert de Fabrice Renard ci-dessous.


Depuis le petit trappillon d'accès...


On découvre un carillon très compact...

La cloche Albertus De Roesbeke

Que savons-nous sur Albert De Roesbeke ? Comme bien souvent sur les fondeurs médiévaux, nous ne savons rien ou presque. Les suppositions que nous pouvons avancer sont très limitées.

Comme assez régulièrement en période médiévale, le nom de famille n'est pas mentionné, il s'agit du prénom, suivi de la localisation (Marie-Hélène de Méhaigne, par exemple). Si l'on suit cette formation, cela signifierait qu'Albert vient de Roesbeke. Existe-t'il un Roesbeke en Belgique ? Il y a un hameau Roosbeek à côté de Sint-Truiden (Kortenbos). Il y a un hameau Roosbeek à côté de Boutersem, entre Leuven et Tienen. Est-ce que le changement d'othographe est pénalisant ? A priori pas trop, car en 670 ans, ça a pas mal changé. Cependant, ça ne reste qu'une supposition que rien de bien fondé ne peut soutenir.

Dans le livre de Edward Van Even, Louvain dans le passé & le présent, 1895, on trouve la mention suivante :
La ville possédait en 1327 deux cloches : l'une appelée la cloche des Tisserands ou Campana Textorum, l'autre le Bourdon ou Stormcloke. En 1345, la tour renfermait encore deux autres cloches, à savoir la cloche aux prières ou Bedecloke et la cloche de retraite ou Slaepcloke. Ces cloches avaient été coulées à Louvain par maître Albert Van Roesbeke, qui était établi dans la rue de Tirlemont, hors la porte Saint-Michel. Cet artiste avait un parent, Renier Van Roesbeke, dit Ceursgat, qui était également fondeur de cloches et travailla en notre ville pendant les années 1367-1368.
Ni Renier Van Roesbeke ni Ceursgat ne sont connus de la littérature.

La dénomination Van Roesbeke nous apparait comme nettement plus probable (que De) et la localisation à Leuven, ville de haute tradition campanaire, comme un fait assez compréhensible. A noter que la VBV relève effectivement une cloche Van Roesbeke à Sint-Pieterskerk : Bijna honderd jaar later, in 1327, is er sprake van een weversklok (Campana Textorum) en een stormcloke, die in 1345 worden aangevuld met een "Bedecloke" en een "Slaepcloke", beide van gieter Albert Van Roesbeke uit Leuven. Cela se traduit par : Presque cent ans plus tard, en 1327, a été fondue la cloche des Tisserands et une cloche d'Orage (Ndt, probablement un braillard ou une cloche de superstition destinée à éloigner les orages, pratique médiévale qui était courante à l'époque, de sonner une cloche durant l'orage pour éloigner la foudre). En 1345, ce travail sera complété par une cloche de prière (Ndt, probablement une cloche de Matines) et une cloche de Sommeil (Ndt, probablement une cloche de fermeture des portes de la ville, ou moins probablement une cloche pour les Vêpres). Le fondeur était Albert Van Roesbeke de Louvain.

On relève qu'à cette époque, la laïcisation de la fonte des cloches était à peine naissante. Notamment dans la période romane, Thierry Gonon exprime assez clairement dans sa thèse (Les cloches en France au Moyen Age, archéologie d'un instrument singulier) que la fonte des cloches était réservée à des personnalités religieuses. Ici, nous avons affaire à une cloche gothique, et donc probablement à un fondeur itinérant laïc - cependant la transition religieux / laïc était graduelle. Si l'hypothèse d'un fondeur religieux doit être avancée, cela nous placerait alors Albert Van Roesbeke dans les alentours de Grimbergen. On relève effectivement dans une période fort proche l'existence de Walterus De Roesbeke, abbé à Grimbergen. Cette hypothèse est cependant très peu probable, du fait que la fonte n'était pas réservée à un abbé mais à un moine fondeur.

Les variations d'orthographe médiévale possibles sont : Van Roesebeke, Van Roosebeke, Van Roosbeke. Nous y voyons une très claire analogie avec la cloche Roeland de Gent (1315, aujourd'hui déposée au pied de la tour), fondue par Jan Van Ludeke et Jan Van Roosbeke. C'est en tout cas ce qu'avance aussi la VBV (Jos D'hollander, Klokkenspellen in de Middeleeuwen) : De oudst gekende uurklok die nog steeds haar initiële functie vervult is de bancloque van 1315 in de toren van de Sint-Pauluskathedraal van Luik. Het is de "Paula", gegoten door A. de Roesebeke (van Roesbeke, van Roosebeke), wellicht een verwant van de klokkengieter Van Roosebeke die in 1314 in Gent samen met Jan van Ludeke de banklok (Roeland) goot. De klok vormt de bas van de Luikse beiaard. Dans ce cas, Jan serait un parent. Cela peut nous faire penser que les Van Roesbeke étaient une dynastie de fondeurs. La cloche de Liège mentionne Magister. Le fait que nous ayons affaire à un maître fondeur soutient l'hypothèse de la dynastie.

Est-ce que notre fondeur de cloche aurait quelque chose à voir avec Jan van Ruusbroec à Hoeilaart ? A priori non. Son nom vient de la ville de Ruisbroek, ce qui n'a en principe rien de commun avec notre cloche.

Voilà donc un peu tout ce que nous savons, c'est léger... mais c'est déjà ça. Quelquefois nous ne savons rien. L'épigraphie en détail ne nous apprend rien de plus sur le fondeur.

Bibliographie additionnelle :
- Charte du chapitre de Saint-Pierre de 1327; Armoire aux chartes, n° 68; Cleyn Charterboeck, folio 49, et Cuypers, t. 3, folio 23.
- Leuven, Actes des Echevins des 5 août 1367 et 24 avril 1368, in-1a.


La cloche dans son entièreté. Il y a un tel manque d'espace que je ne pouvais pas faire mieux.


Une des photos de la dédicace.


Une retranscription de la dédicace. Etant donné que mon onciale ne peut pas prendre en compte toutes les fantaisies artistiques du fondeur, c'est une version approchée.


Les anses.


La faussure, côté pluie.

Le carillon

Vous pouvez voir Fabrice Renard jouer ci-dessous.
Il s'agit d'une interprétation de La salle des pas perdus de Coralie Clément.

 


Nous voilà donc au carillon.


Dans le petit lanternon au sommet de la cathédrale.


Les cloches sont assez corrodées.


La bouche d'une Van Den Gheyn.


La barre centrale servait à accueillir un feuillard, mais celui-ci a été retiré.


Certains électro-tinteurs sont enlevés.


Vue générale du carillon.


La décoration d'une Vanden Gheyn de 1754.


Me fudit, Lovanii.


Une autre décoration.


Avec cette fois-ci de jolis raisins et une fleur de lys.


Remarquez le personnage furieux au milieu du rideau.

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