Merci
au curé André Maréchal pour
l'accueil à l'église de Gentinnes.
Un très grand merci à monsieur Stéphane
Colin pour l'organisation de l'inventaire de l'entité de
Chastre et à monsieur Thierry Henkart
pour sa présence. Corrections : José
Lepage.
L'église Sainte-Gertrude de Gentinnes
Elle fut bâtie, comme de nombreuses autres, par l'architecte Emile Coulon. Elle a été construite sur un style néo-classique, à partir de 1863, et terminée en 1864. L'édifice contient trois nefs de cinq travées, avec un choeur à chevet plat (ça donne de beaux et larges combles, ça !) La tour quant à elle est plus ancienne, parce qu'elle est datée de 1784. Le bâtiment est de brique, avec quelques contreforts en pierre bleue, notamment à la tour. Elle est placée sous le patronage de Saint-Gertrude de Nivelles, comme à Hévillers. C'est une petite église assez banale, mais avec ses arbres au portail, sa placette et son intérieur esthétique, c'est un site des plus charmants de l'entité de Chastre.
Cette
église est surtout connue pour ses fonts baptismaux, en pierre de Meuse,
datant de la première moitié du XIIème siècle. Ce
n'est pas l'objet de nos recherches, mais la sculpture ne manquant pas d'intérêt,
nous en donnons une rapide description. Bien que l'objet soit très soigné,
il n'est pas tout à fait complet. En effet, le socle n'est pas d'origine.
-
La première face est ornée d'une tête de chimère. Elle
est à l'envers. Il en sort de la végétation. Deux oiseaux,
tête-bèche, picorent la végétation. Ils ressemblent
à des corneilles, d'où éventuellement une représentation
du monde rural de Chastre - encore faut-ils que les fonds proviennent de là,
ce qui n'est pas évident vu que la pierre n'est absolument pas locale.
Bien que ça ne soit pas facile à interpréter, on peut lire
au sommet de la végétation la représentation d'une grappe
de raisin.
- La seconde face comporte une tête de chimère de représentation
assez proche de la première face. A côté, deux paysans sont
au travail. L'un possède un pieu, éventuellement il travaille la
terre ? Le second possède une serpette. On pourrait peut-être en
déduire qu'il s'agit de raisin ou de vignes...
Les deux autres faces
sont des variantes.
- La variante 'oiseaux' est minime, la représentation
des oiseaux est juste un peu différente.
- La variante 'cultivateurs'
est plus conséquente. Un agriculteur coupe la vigne avec ce qui ressemble
à un grand couteau ou une épée. Il est tout seul.
Aux
quatre coins supérieurs sont représentés les saints évangélistes
: Matthieu, Marc, Luc, Jean. On trouve les représentations d'une vache
(un boeuf), d'un homme portant un livre, d'un lion, d'un aigle dont la représentation
est fort proche d'un corbeau !
L'ensemble, extrêmement homogène,
est d'une grande beauté.
Comme le dit le curé Maréchal,
il y a même eu une fois, quelqu'un qui est venu d'Autriche pour photographier
ça ! Le défilé de photographes est incessant. On ne peut
que le louer !
A propos du campanaire :
Le clocher, dont l'accès est rocambolesque (il faut à moitié démonter une porte), comporte trois cloches de facture identique. Ce sont des P. Bauwens-Goossens de 1955. Ce sont des cloches de dommage de guerre. Nous pouvons donc imaginer que trois anciennes cloches ont été enlevées en 1943. Sur l'inventaire De Beer, il s'agit de deux anonymes aux épigraphies gothiques très ouvragées, datant de 1886. Van Aerschodt ? La troisième n'est pas connue.
Vous
pouvez écouter chacune des cloches ci-dessous :
https://tchorski.fr/9/audio/gentinnes-01.mp3
https://tchorski.fr/9/audio/gentinnes-02.mp3
https://tchorski.fr/9/audio/gentinnes-03.mp3
Nous en donnons
l'analyse acoustique ci-dessous :
Gentinnes 1
Hum : 191 Hz. Prime : 390,5
Hz. Tierce : 462,5 Hz. Quint : 570,5 Hz. Nominal : 776,5 Hz. Superquint : 1165,5
Hz. Oct. Nom. 1612,5 Hz. Note : G(1)-6. Nombre d'harmoniques détectées
: 22.
Gentinnes 2
Hum : 173 Hz. Prime : 350 Hz. Tierce : 415,5 Hz. Quint
: 520,5 Hz. Nominal : 694 Hz. Superquint : 1039,5 Hz. Oct. Nom. 1440 Hz. Note
: F(1)+3. Nombre d'harmoniques détectées : 25+.
Gentinnes 3
Hum
: 216,5 Hz. Prime : 436,5 Hz. Tierce : 523 Hz. Quint : 646 Hz. Nominal : 878,5
Hz. Superquint : 1317,5 Hz. Oct. Nom. 1822 Hz. Note : A(1)-13. Nombre d'harmoniques
détectées : 17.
L'accord est sol1, fa1, la1 ; tout en sachant
que le sol ne part pas en volée.
On entend très clairement la
sonorité éteinte de la cloche du milieu.
La
décoration des cloches est tout à fait standardisée et conforme
à la production Bauwens-Goossens. Le rinceau de cerveau est une végétation
assez fine, un peu abstraite, dans lequel des anges avec épée semblent
combattre. La frise sous-dédicace est d'inspiration gothique. La dédicace
en robe est composée de grosses lettres romaines, de tracé soigné,
bien qu'étant épais.
Ces cloches ne cachent aucunement le nom
Petit & Fritsen et le nom de ville : Aarle-Rixtel, Hollande.
Epigraphie
:
JE M'APPELLE
GERTRUDE JE PATRONNE LA PAROISSE
GENEROSITE DU COMTE ET DE LA COMTESSE DE LIMMINGHE
+ JE SUIS NEE EN 1886.
JE RENAIS EN CETTE ANNEE 1955
JE LOUE DIEU, J'APPELLE
LES HABITANTS A LA PRIERE, JE PLEURE LES MORTS
M.
LOUIS SPOUQUET EST MON PARRAIN ET
MADAME LEON DELEUSE NEE LUCIE LINGLARD EST MA MARRAINE +
M. DEVOLDERE CURE
P.
BAUWENS-GOOSSENS
PETIT & FRITSEN AARLE-RIXTEL HOLLAND
Figure de Sainte-Gertrude de Nivelles, avec
sa crosse et son livre de règle de vie monastique.
JE
M'APPELLE MARIE-IMMACULEE
ENLEVEE EN 1943 PENDANT LA GUERRE
JE NAIS EN CETTE
ANNEE 1955
(...)PARRAIN ET MLLE MARIE GILLENT EST MA MARRAINE
M. DEVOLDERE CURE
P. BAUWENS-GOOSSENS
PETIT & FRITSEN AARLE-RIXTEL HOLLAND
Figure
de vierge à l'habit
JE
M'APPELLE THERESE
(JE DOIS MON) EXISTENCE A LA GENEROSITE
(...) GENTINNES
POUR REMPLACER UNE (...)
(...) DE 1955 SONT MES PARRAINS
M. DEVOLDERE CURE
P.
BAUWENS-GOOSSENS
PETIT & FRITSEN AARLE-RIXTEL HOLLAND
Figure
de vierge à l'enfant.
Certaines lattes du plancher ne sont plus en bon état. A proximité de la plus petite cloche, une planche pourrie est relativement dangereuse. Ce qui est le plus interpelant, c'est qu'il semblerait que le beffroi s'affaisse partiellement. Si l'on considère qu'il y a une partie de droite et une partie de gauche, celle de droite (côté échelle) est plus basse. De ce fait, la cloche du milieu - la plus grosse - est de travers. Sa pince est engoncée dans une poutre du beffroi. La pression est telle que le bois est croqué. La cloche en question, dont je donne un enregistrement, a un son complètement éteint, puisqu'appuyée d'un poids conséquent sur le madrier. Elle ne peut en aucun cas partir en volée car des manipulations peu claires en auraient volontairement fait un timbre. Le volant ne comporte d'ailleurs plus de chaîne. Les paliers sont à peine visibles, car de la crasse épaisse les recouvre.
A l'étage inférieur aux cloches, on notera la présence d'une magnifique horloge monumentale, rouillée à souhait ! Cependant, quand on actionne le mécanisme, il fonctionne encore, comme s'il avait reçu de la graisse la veille ! On n'y note malheureusement aucune plaquette d'horloger pour identifier la conception. Cette horloge est aujourd'hui hors service, et recouverte d'une quantité non négligeable de crasse. C'est la seule et unique horloge monumentale (non électronique) présente dans l'entité de Chastre.
Dans le choeur, nous relèverons une petite cloche anonyme. Les feuilles d'olivier présentes au cerveau nous la font identifier sans aucun doute comme une Michiels JR des toutes premières fontes (1929-1939). Elle est en tout point comparable au carillon de Floreffe, mais en meilleur état. Sa patine est noire.
Le mémorial kongolo
Le mémorial kongolo de Gentinnes possède une étroite tour campanile en béton. Il s'y trouve une cloche, très haute pour nous, dont la facture est étrange. En cerveau, cette cloche possède deux filets, comme pour disposer une dédicace classique. Cependant, d'un côté ou de l'autre, le ruban est vide. Du côté opposé à l'entrée du mémorial, la robe possède une 'dédicace', si on peut appeler ça comme ça. Un énorme mot KONGOLO est écrit. Cette écriture est réalisée avec des lettres carrées ou triangulaires, ce n'est pas du plus grand esthétisme et surtout, ça ne ressemble au travail d'aucun fondeur connu... Sans pouvoir observer l'objet de plus près, nous ne saurons donc rien dire d'autre, pas même des déductions. La date probable est 1964. Ca figure en épigraphie mais c'est illisible car les chiffres sont fort stylisés.
A l'arrière du site se trouve une petite cloche d'appel, ne possédant aucune épigraphie. La pince est fêlée, comme nous l'illustrons ci-après. Dans la petite tour d'horloge du mémorial, un mégaphone est placé. Toutes les demi-heures et les heures, la mélodie du carillon de Westminster est diffusée. Ca fait un peu bizarre !
Bibliographie
- Le patrimoine
monumental de la Belgique, 2, Arrondissement de Nivelles. Mardaga.
L'église
Voici
l'église sur sa belle petite place.
Dans
la lumière du matin.
La
nef est très jaune et bien éclairée, c'est un très
bel espace.
Les
célèbres fonts baptismaux.
Une
face avec des oiseaux.
Une
seconde face, très semblable.
Les
vignerons.
Une
autre face avec un agriculteur.
Les
coins ont des symboles, ici l'aigle.
Le
lion.
L'évangéliste.
Le
boeuf.
La
montée dans la tour est splendide de couleurs.
Nous
voici dans le clocher.