Ces quelques pages sont dédiées à Antonin Lainé, à notre escapade hivernale de janvier 2002. Ses photos sont disponibles ici.
Il
s'agit d'un petit documentaire - qu'il faudrait plutôt appeler inventaire
- sur le bâtiment des moules de l'usine Henricot II, à Court-Saint-Etienne.
Ce bâtiment est resté très longtemps fermé (2001-2011).
Durant cette longue période et surtout aux alentours de 2005, il a été
investi par une horde de vandales, qui au profit de la médiocrité
a inlassablement démoli les moules industriels, sans penser une seconde
à la valeur de mémoire qu'ont ces derniers vestiges de l'usine.
Nous avions réalisé des images de ce bâtiment en 2001, sans
jamais plus pouvoir compléter le documentaire, cause fermeture, soudure
des portes, etc. Ces images anciennes sont à ce jour de mauvaise qualité.
Elles ne permettent pas de recenser, ni même de donner une image partielle,
c'est un état des lieux sommaire. C'est un grand hasard qui a permis que
ce documentaire soit à ce jour finalisé, dans des conditions relativement
proches de l'optimal (sept heures d'investigation). C'est inévitablement
un inventaire partiel, tant certaines pièces sont défigurées.
A la veille - ou presque - de la démolition d'Henricot II, ce reportage
aura au moins la vertu de consigner une trace. Si les images ne sont pas très
jolies, notamment parce que, c'est vrai, ce n'est pas le plus bel espace industriel
du monde, il est important de garder la mémoire tout de même. Le
bâtiment des moules est le dernier bastion d'Henricot, dont certaines parties
plongées dans l'obscurité presque complète ont été
peu modifiées depuis la fermeture. Les photos ci-dessous datent d'une période
allant de 2005 à 2011.
Henricot II s'est effondrée en 1984. Ce bâtiment est resté à peu près inchangé jusqu'en 2001, notamment parce que les modèles n'avaient pas une valeur marchande au prix du métal. D'autres endroits, Henricot I par exemple, se sont fait impitoyablement dépecer de toute pièce métallique. Cela ne pouvait pas être autrement. Le bâtiment que nous allons visiter s'appelle le Modelage. Ce qu'on y voit, ce sont des milliers, peut-être même des dizaines de milliers, de moules en bois. On les appelait les modèles, d'où le nom de Modelage. Ces pièces en bois servaient de moules, avec un intermédiaire sableux, pour la conception de pièces en acier. C'est ainsi qu'on trouve ici des formes biscornues de tuyaux, de turbines, d'assemblages étranges. Une grande majorité de ces pièces est non identifiable, étant donné que ce sont - ici - des ensembles partiels. Il y a relativement peu de pièces complètes. La majorité de la production se concentrait sur des pièces de précision : roues, carters, attelages, etc. Quelques pièces bien spécifiques ont été produites, comme un bathyscaphe.
En 2010, lors de la revente du bâtiment à la province, une délégation du patrimoine stéphanois a été évaluer les pièces. Au vu de ce qui est déjà conservé au foyer populaire, environ un millier de modèles les plus représentatifs, tirés d'Henricot I, il a été établi que des mesures de conservation supplémentaires ne s'avéraient pas nécessaires. Il faut dire qu'ici, de nombreuses pièces du Modelage sont de grand gabarit, et qu'inévitablement, ça cause des difficultés de stockage.
Les lieux sont assez bien éclairés par de larges baies sur le côté parc à Mitrailles. De l'autre côté, ce sont des murs aveugles. De ce fait, la moitié du bâtiment est plongée dans une obscurité quasi-totale. Cela ne facilite pas la réalisation des photos. D'un certain autre côté, il faut bien donner la bénédiction, ça a évité le massacre des modèles par le paint-ball, airsoft et compagnie. A l'heure du reportage, le bâtiment a été réinvesti par la province du Brabant-Wallon, le rez-de-chaussée a été partiellement aménagé. Inclus dans le très vaste projet de rénovation urbaine, le devenir de ces pièces est d'intégralement disparaître et le futur du bâtiment est d'être inclus dans les locaux de la province, attenants. Par praticité, l'inventaire du foyer populaire a été inclus, puisque contenant des modèles récupérés et le bâtiment étant aussi en lourds travaux.
Rétrospective 2001-2011
Les documentaires ci-présents sont bien partiels. Nous avons suivi l'aventure tardivement, étant donné que pour nous, ce ne fut qu'en fin 2001 que cela put commencer. Henricot I avait déjà disparue. Quelques documentaires assez disparates furent réalisés en 2005 et 2006. Afin de donner une image fiable de ce que tout cela fut, c'était bien trop tard. On ne vient pas 20 ans après. Ce qui fut réalisé, ce n'est rien d'autre que de grappiller quelques graines. C'est toujours ça de pris, même si l'essentiel est perdu.
Henricot I se situait près de la place des Déportés, et en lieu et place de la rue du Werchai et de la place Baudouin. Il ne reste aucun vestige, sauf le hall 11, un hangar à structure de poutrelles métalliques d'un style fin du XIXème. A quelques pas de ce hall, il reste une magnifique statue en bronze, représentant l'ouvrier le plus âgé de l'usine, enseignant l'ouvrier le plus jeune. Ce bronze est visible au fond de la place des Déportés.
Henricot II était un vaste espace dont il ne reste plus beaucoup de patrimoine aisément perceptible. De lourdes altérations, inévitables et en quelque sorte aussi salvatrices, ont eu lieu (il faut bien se dire que c'était ça ou démolition pure et simple). La plupart des bâtiments sont à ce jour totalement réaffectés avec des modifications patrimoniales lourdes.
-Le foyer populaire : un superbe bâtiment, qui servait au délassement des ouvriers. La plus belle pièce architecturale, à savoir le fronton au dessus du porche, a été démontée. Cela a été réalisé à titre conservatoire, étant donné que la pièce menaçait sérieusement de s'effondrer. Heureusement, elle est bien conservée, en attente de remontage. On y trouve aussi une vaste salle de théâtre, tout sauf fonctionnelle, mais qui a le mérite d'exister. Un projet de réaffectation est en cours. Quelques photos de ces lieux sont données, en outre la salle de théâtre et la charpente (dernière page de ce documentaire).
-Les grands bureaux : il s'agissait du bâtiment de siège social, à côté du foyer populaire. Les lieux sont aujourd'hui utilisés pour une école, le Cefa. Le bâtiment, bien rénové, est très lourdement modifié. Restent à voir le fronton UEH, au dessus de la porte d'entrée, la vaste salle des pas perdus, impressionnante par ses dimensions, et un monument à la mémoire d'Henricot à gauche du bâtiment. Tout le reste est extrêmement modifié.
-Le Bétatron : ce bâtiment était situé à côté du Modelage. Le bétatron servait à scanner les matrices, afin de localiser des défauts - c'est en quelque sorte une radiographie. Ce bâtiment a été totalement démoli lors de la dépollution d'Henricot II. Sous le bétatron a été trouvée la fondation d'un ancien laminoir et une base de cheminée.
-Le Bunker : situé près de la passerelle, au dessus de la voie ferrée. C'est un vaste bloc de béton qui abritait le nouveau bétatron. Les lieux sont aujourd'hui loués à un entrepreneur en travaux publics. Sans avoir connaissance de l'intérieur, il ne resterait d'après les témoignages plus rien de visible d'époque.
-Les rivières souterraines : il y a une galerie sous la place Baudouin, une petite sous l'avenue Wisterzée, une dernière au Modelage. La partie au Modelage a été raccourcie lors de travaux de découverture.
-Le parc à Mitrailles : ancien parc à scrappes, aujourd'hui reconverti en salle de spectacles. La structure d'origine n'est plus très lisible, étant donné que le bâtiment a été peint, aménagé, etc.
-Le manoir Henricot : un assez vaste manoir qui était le logis de la direction . C'est aujourd'hui reconverti en école (ITP). Les modifications structurelles du bâtiment sont assez légères, tandis que les abords ont été très profondément bouleversés par la construction d'annexes scolaires. Un étang a été asséché. Ce manoir est complété par la maison maternelle Henricot, bâtiment hétéroclite, dont la démolition est programmée. Nous ne connaissons pas exactement l'origine de ce bâtiment.
Afin
d'aller plus loin :
- Les documents
de 2001
- Les photos
en noir & blanc de 2005
- Les rivières
souterraines
Suite aux informations données par Jean-Paul Delacruz, un sauvetage de machine va être tenté. Je vais contacter les propriétaires. J'ai été intrigué par un drôle d'objet. Il s'avère après expertise de Jean-Paul qu'il s'agit d'une machine n°8F, dite Fox Universal Wood Trimmer. Elle comporte sur le pied les mots Grand Rapids, Michigan, USA. Apparemment, cet outil fort précis était utilisé pour découper les modèles. Elle fonctionne encore parfaitement, elle manque juste un peu de graisse.
Le journal télévisant relatant la fermeture des usines.
Une visite des usines Henricot 1.
Ces deux documents nous ont gentiment été donnés par Léon Bille, que nous remercions !
Une promenade dans le Modelage
Nous
voilà parti dans l'univers des modèles.
La
tentacule.
Vers
le fond, c'est très sombre.