Un très
grand merci à monsieur Stéphane Colin
pour l'organisation de l'inventaire et à monsieur Thierry
Henkart pour sa présence. Merci à monsieur Demanet
pour le prêt des clés !
Corrections, ajouts et recherches en héraldique
: Michel Flahaut, Chercha (Cercle d'histoire de Chastre).
L'église Saint-Pierre de Noirmont
La petite église Saint-Pierre de Noirmont est à distinguer de l'église Notre-Dame de Cortil. Les confusions peuvent exister du fait que le village s'appelle souvent Cortil-Noirmont.
Il existe une cloche dans ce clocher assez bas. C'est une Andreas Van Aerschodt datant de 1854. D'un aspect extrêmement soigné, elle a une belle valeur campanaire. Elle est montée dans un petit beffroi en bon état. La cloche quant à elle ne possède presque aucune dégradation : peu de vert de gris, peu de chiures de pigeons. Cet aspect de propreté, lié à une épigraphie d'une finesse remarquable, donne une très bonne impression. Cette cloche est assez grosse pour un petit édifice de la sorte. Elle est montée en rétrograde, avec un mouton cintré de huit ferrures, de taille conséquente. Le battant est probablement d'origine vu son usure élevée. Un volant en bois, en rond partiel, permet la mise en volée. Il ne fait presque aucun doute qu'il s'agit aussi du montage d'origine. C'est très joli. La cloche est encore lancée en volée les jours de messe, la volée est manuelle, la corde est disponible à l'entrée de l'église. Ces montages d'églises rurales commencent à devenir un peu rares, c'est une joie de pouvoir encore profiter d'installations préservées de la sorte.
Du côté de l'épigraphie et du décor, la description n'est pas simple, parce que cela fait notamment appel à de l'héraldique. Un inventaire partiel est donné.
En
cerveau, sur un remplage gothique relativement large, des feuilles de groseillier
ou similaire. Les lancettes comportent des visages d'angelots qui sont tous nommés,
mais l'écriture reste difficile à lire, notamment parce que c'est
très petit. Il est possible que les visages ne soient pas des angelots,
c'est un peu dur à déterminer.
En
faussure, côté route, deux blasons.
- Un blason extrêmement soigné
avec des fleurs de lys et une couronne. C'est le blason de la famille
donatrice, originaire de Cortil-Noirmont.
- Un blason tout aussi soigné,
comportant une étoile, trois trèfles et entourés
de deux lions tête-bêche.
Pour
ces deux blasons, le fond en croisillons relève d'une finesse extrême,
qu'il est très rare de voir en décor campanaire.
En
faussure, côté escalier, une grande figure de saint féminin,
portant un enfant. A la base, le nom Saint Apotheus, bien que la fin du nom soit
dure à lire. Cela ne correspond à aucun nom connu, ce qui peut sous-entendre
une difficulté de lecture. Il est possible, voir infra, que ça soit
une vierge à l'enfant et le terme Sts-Apôtres.
En
faussure, côté mur, une figure invisible, placée contre les
poutres en bois.
En faussure, côté
opposé à la route, une grande figure très soigné d'un
saint masculin. Il possède une tiare et une croix hiérophante. A
cette date là, ce serait le pape Grégoire XVI, mais la représentation
donnée n'est pas concordante. Eventuellement, cela pourrait être
la représentation de Saint-Pierre.
En bas de panse et jonction de pince, une dédicace en gothique, difficile à lire.
SANCTE MARTINE ORA PRO NOBIS / ME FUDIT / A.L.J VANAERSCHODT MAGOR SUCCESSOR A.L. VANDENGHEYN.
LEONIA DOMINUS LEO PAUGAERT / EQUES ORDINIS SANCTI JOANNIS HIEROSOLYMITANI / ET BARONISSA / ZOE DE BROU / DOMINA DE LA WASTINNES / CONJUGES ANNO 1854. SANCTE MARTINE - ORA PRO NOBIS.
L'héraldique de la cloche de l'église Saint-Pierre à Noirmont, par Michel Flahaut.
Les armoiries présentes sur la cloche semblent, en effet, finement rendues par le fondeur, qui a poussé le détail jusqu'à représenter les émaux (les teintes) par leur équivalent dans les « hachures » conventionnelles de l'héraldique. C'est normal en gravure, j'ignore si c'est fréquent dans l'art campanaire mais en sculpture, par exemple, cela ne l'est pas vraiment, ainsi pour les pierres tombales.
Dans
l'armorial RIETSAP (1), un classique du genre, les armoiries de la famille PANGAERT
D'OPDORP, que
vous citez, sont blasonnées (décrites) comme suit
: « parti : au 1, de sable à deux macles d'argent
rangées
en pal, au 2, de sinople à trois fleurs-de-lis d'argent placées
2 et 1, à une rose d'argent
brochant en abîme sur le parti ».
Ce qui donne :
PANGAERT
D'OPDORP
Confirmation : on décode les teintes en question sur la cloche : des obliques descendant vers la droite représentent le sinople (vert) et les surfaces unies représentent la couleur argent (blanche). Il y a toutefois ce qui semble être une erreur : les hachures horizontales présentes désignent conventionnellement l'azur (bleu) alors que la description de cette partie de l'écu par RIETSAP prévoit du sable (noir), lequel est symbolisé par un fin quadrillage. Ce n'est peut-être pas une erreur, les teintes sont susceptibles de changer avec la personne qui porte les armoiries dans sa famille. Il y a moyen d'y voir clair en consultant la littérature spécialisée.
Par
contre, l'azur est bien rendu par des hachures horizontales dans les deuxièmes
armoiries, qui sont celles de la famille DE BROU DE LA WASTINNE, qui se décrivent
comme suit, selon l'incontournable RIETSAP :
« d'azur à l'étoile
d'or ; au chef du même chargé de trois trèfles de sinople
». Ce qui donne, confirmé par la représentation figurant sur
la cloche :
DE
BROU DE LA WASTINNE
Zoé DE BROU est née en 1834, comme signalé, mais surtout, elle se marie en 1852 à Cortil-Noirmont (état civil de cette commune) avec Léon PANGAERT (vingt-sept ans), ce qui explique que, deux ans plus tard, le couple soit parrain de cette cloche. Il s'agit bien d'un couple, noté comme tel (conjuges, époux). Léon PANGAERT, le mari, domicilié à Grimbergen lors de son mariage, ne semble pas être apparu à Cortil-Noirmont avant celui-ci.
Les enfants
du couple naîtront d'ailleurs à Bruxelles en 1853 et en 1854, et
Grimbergen en 1859 (2). Par contre, le père de Zoé DE BROU est Cortilois.
L'année du mariage de sa fille, il était bourgmestre de sa commune.
La donation de la cloche ressemblerait donc plus à une initiative «
DE BROU » qu'à une initiative
« PANGAERT ». Les comptes-rendus
des réunions de la fabrique d'église pourraient tirer ça
au clair.
A la base de la figure énigmatique sur le côté escalier, l'inscription ne pourrait-elle pas se lire S.APOTRES (Saints Apôtres) ? Dans ce cas, la figure ne serait-elle pas celle de la Vierge ? Mais pourquoi avec ce « sous-titre » ? Quant à la très belle figure papale, ne pourrait-elle pas représenter Saint-Pierre, puisque l'église lui est dédiée ? Tous ces détails ne changent rien à la qualité artistique de la cloche !
Vous
pouvez écouter la cloche ci-dessous :
https://tchorski.fr/9/audio/cortil.mp3
Une prise d'harmoniques
a été effectuée. C'est assez perturbé par les grincements
du battant, cause bélière usagée. La note est entre le sol
et le sol#. L'
analyse des harmoniques est
la suivante :
Hum : 228,5 Hz. Prime : 404,5 Hz. Nominal : 875 Hz. Superquint
: 1305 Hz. Oct. Nom. 1794 Hz. Note : Ab(1)-45. Nombre d'harmoniques détectées
: 14, en analyse fine. Elles sont dures à percevoir et à extraire.
Bibliographie
et notes
- Le patrimoine
monumental de la Belgique, 2, Arrondissement de Nivelles. Mardaga.
Note
(1) : RIETSTAP, J. B. Armorial général précédé
d'un Dictionnaire des termes du blason. 1861, G. B. VAN GOOR, Gouda, 1171 pp.
Note
(2) : POPLIMONT Ch. La Belgique héraldique. 1863, G. ADRIAENS, Bruxelles,
T. 2, 478 pp.
Le
petit sanctuaire.
La
nef.
Voici
la cloche !
C'est
sans conteste l'une des plus esthétiques du secteur.
Le
premier blason. C'est le blason de la famille Pangaert d'Opdorp.
Le
second blason. C'est le blason de la famille De Brou De La Wastinne.
Les
rinceaux.
A
la base, le personnage est peu identifiable.
La
figure (mariale ?) sur le côté escalier. Le dessous comporte éventuellement
le texte S.APOTRES.
Les
brides.
Le
battant. Il est probablement d'époque.
La
bélière. Le baudrier est dans un tel état d'usure qu'il est
ratatiné !
La
bouche.
La
dédicace, partiellement en gothique Old English.
Le
nom : Zoé De Brou de la Wastinne.
La
pince.
Et pour terminer, la superbe figure papale, éventuellement une
représentation de Saint-Pierre.