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Le carillon d'Orchies (1/8)


L'église dans le passé.

Un grand merci à Charles Dairay et sa famille pour l'invitation et l'accueil. La moitié des photos a été réalisée par Sandy De Wilde.

Le carillon d'Orchies se trouve dans la tour de Notre-Dame de l'Assomption. C'est un petit carillon (3745 kilogrammes), pour 47 cloches. Il est cependant original, étant donné qu'il provient d'une fonte assez peu commune pour le Nord-Pas-De-Calais. En effet, les cloches sont Metz-Voegelé, Metz pour la fonte et Voegelé pour le montage campanaire.

Un premier carillon existait dans la tour, construit en 1559. Cette date, précoce dans l'histoire du carillon, se rapproche de la construction des tous premiers carillons (pour l'instant, les recherches donnent une date avoisinant 1510 pour le tout premier instrument à clavier). Ce premier carillon d'Orchies sera détruit par un incendie en 1914, alors que la ville est ravagée par la guerre. Un nouveau carillon sera installé en 1924, par la firme Wauthy. A son sujet, l'Arpac le décrit comme ayant été de piètre qualité. Ce carillon comporte trois cloches de volée (La#2, Do3, Ré3) encore présentes aujourd'hui.

La fonte du nouveau carillon date de 1994-1995 et son installation de 1996. Presque à l'égal d'un carillon ambulant dans sa structure, il fut entré tout entier dans la tour, déjà monté dans son bâti. Le beffroi est entièrement métallique, rouge.

Ce carillon provient d'un accord de fonte entre André Voegelé (Strasbourg) et la fonderie Metz (du nom de Metz Karlsruher Glockgiesserei). Constitué de 47 cloches, les 3 Wauthy ont été déconnectées de la tringlerie, afin d'avoir un ensemble musical homogène. L'étendue va du G(1) au Gis(5) selon la notation allemande, soit sol(3) au sol#(7) nous concernant. La fonderie Metz, qui n'a rien à voir avec la ville de Metz, provient de Karlsruhe. De nos jours, l'actif semble être repris par Albert Bachert (sous réserve des traductions de documents allemands). La distinction et l'identification de Karlsruher Glockengießerei nous est compliquée et nous émettons toutes réserves.

La fonderie Metz s'est occupé de la fonte, André Voegelé de l'installation campanaire : le beffroi, la tringlerie, le clavier, l'installation.

Les cloches sont estampillées de lettres mêlées représentant les concepteurs, fondeurs, par des symboles. On ne trouve aucune mention de Maria Laach, ce qui semble normal. Les cloches d'Orchies ont un décor de dimension assez limitée, mais d'une charge symbolique assez élevée, voire compliquée.
De manière exhaustive, on trouve :
-Le nom de la Karlsruher Glockengießerei, sans que le mot Metz n'apparaisse, ni celui d'Albert Bachert.
-Le blason de Karlsruhe.
-La date 1994, quelquefois 1995.
-Une croix grecque.
-Deux médaillons. Le premier comporte les initiales mêlées FW. L'ordre est éventuellement inverse. Cela fait probablement référence au calculateur du profil, sans que nous puissions l'affirmer. Le second médaillon comporte une forme de cloche, dans laquelle se trouvent les initiales SK. Cela fait probablement référence au fondeur, bien que cela ne nous donne rien de bien connu. Il n'y a aucun médaillon qui semble faire référence à André Voegelé comme fondeur. Les médaillons qui font référence à la fonderie Metz ne nous sont pas connus avec exactitude. L'épigraphie nous reste mystérieuse. Il n'y a aucune cohérence entre l'épigraphie de Bachert et celle d'Orchies.

Les trois cloches de volée, comme évoqué, sont des Charles Wauthy (Aniche, 1871-1929). Cette fonderie provient de celle de l'actif de Charles Drouot, installé alors à Douai. A l'initial, une collaboration aura lieu avec le fondeur Georges Thurin, sous le nom Drouot & Thurin. C'est en 1901, à la mort de Charles II Drouot, que l'actif est repris par Charles Wauthy, il se basera à Sin-Le-Noble. Cette reprise d'actif durera jusqu'en 1908. L'usine Wauthy sera entièrement détruite durant le conflit 1914-1918. L'activité ne reprendra qu'en 1919. Suite aux dommages de guerre, l'activité sera intense, pouvant aller jusqu'à 280 tonnes de fontes par an, pour des pays variés : Canada, Argentine, Japon, Mexique, etc. Bien malheureusement, les fontes de cette période sont décriées, elles sont régulièrement d'une qualité sonore faible, parfois même déplorable, tout particulièrement en ce qui concerne les carillons, ceci n'étant pas sa spécialité. L'activité battra cependant plein régime jusqu'en 1933. La seconde guerre mondiale mettra un terme définitif à la production.

La décoration des Wauthy est d'une grande richesse, d'une finesse certaine et fort originale. On relève en effet des rinceaux de houblon, comportant notamment des fruits, et des treilles de feuillages sur la faussure. Ça ne manque pas d'esthétisme !

Le montage des cloches Wauthy est en rétro-lancé. Dans nos contrées, c'est relativement rare, sans être pour autant absolument exceptionnel. Le battant possède donc un contrepoids, à son sommet. Cela implique que la bélière est surbaissée. Le battant frappe le haut de la pince. Afin d'équilibrer ce système de volée, c'est le cerveau de la cloche, très épais, qui sert de contrepoids. Nous ne comprenons pas l'avantage de ce mode de volée pour cette tour, spacieuse et pas fragilisée. La volée est assez étrange et peut être caractérisée par un certain manque d'esthétisme. Le battement est très rapide au début, éteignant la résonance, puis va en se régularisant après 5 ou 6 coups. C'est valable pour toutes les cloches. Ce rythme soutenu peut donner un sentiment d'artificialité. La cloche bouge très peu, c'est le battant qui est lancé à l'intérieur.

Le rétro-lancé dans cette structure est abscons. Rien ne le justifie. Il y a tellement de place qu'on sait entrer un carillon entier. La tour est consolidée avec des dalles en béton. Pourquoi se forcer à prendre ce mode de lancé inharmonieux ? Pourquoi ne pas avoir choisi - si c'était réellement un souci de place - un rétro-mitigé ? Les mêmes questions se posent à la cathédrale de Rouen. Peut-être est-ce simplement que ce mode de volée est plus adapté aux contrées anglophones que par chez nous ? L'enregistrement de la volée sera équivoque sur la question. Le début de volée est rythmiquement catastrophique, avant de se stabiliser péniblement.

Vous pouvez écouter un morceau du concert de Charles Dairay ci-dessous.

Vous pouvez écouter la volée de cloches à Orchies ci-dessous. Vous remarquerez que le bourdon démarre très péniblement à 2,41 mn. Durée totale 6,35 mn.

https://tchorski.fr/audio/orchies-volee.mp3


Voici l'église d'Orchies.


Sans plus attendre, nous montons tout de suite au clocher !

Le carillon

 
Le carillon d'Orchies.


Au travail !


C'est un beffroi métallique rouge en deux pièces soudées.


Les battants à boule rouge sont assez caractéristiques.


L'épigraphie.


Elle est identique sur presque toutes les cloches.


Comme expliqué, elle est un peu cabalistique.


La forme de la robe est pure.


Une faussure, dépouillée.


La bouche.


Les petites cloches.


L'absence quasi-totale d'épigraphie donne un son pur, juste et limpide.


Il est évoqué dans l'inventaire des carillons qu'il y a une tringlerie en carbone. Elle n'a pas été localisée.
C'est une tringlerie inox traditionnelle.

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