Par
hasard, il nous a été possible de découvrir et documenter
une cloche méconnue. Il s'agit d'un instrument exposé dans un petit
parc discret, rue des Volontaires à Wavre, le parc Houbotte. Cette cloche,
du fondeur Dionysius Scaille (probablement Denis Scaille), est la seule référence
actuellement connue de ce fondeur. Nous allons donc passer en revue cette belle
petite cloche.
Corrections et ajouts au texte : Serge
Joris, ACW.
Sans le savoir et sans indications précises, il aurait été difficile de trouver ce monument. En effet, depuis la rue, le petit édifice est relativement peu visible, c'est caché dans la végétation. La cloche est accrochée dans un porche construit en grès de Wavre. Ce porche est assez bien abimé. La cloche n'est pas encore menacée de chute, mais ça ne saurait tarder. Elle doit peser environ 400 kilogrammes, c'est une estimation à vue d'oil, sans mesurage. Elle sonne plus ou moins le sol dièse.
En épigraphie,
elle possède le texte suivant :
CURA ET INDUSTRIA ANTONY DONGLEBERT
PAROCHIALIS ECCLESIAE WAVRIENSIS MAMBURNI ET IOANNIS .
FRANCISCI BELLET WAVRIENSIS
PRO ECCLESIA WAVRIENSI DIONYSIUS SCAILLE ME FECIT ANNO 1696.
Cela
peut se traduire comme suit.
Aux soins et au zèle (du donateur) Antoine
Donglebert (parfois Dongelbert), pour l'église paroissiale de Wavre, (
?? ). (Francis Bellet ?? ), habitant de Wavre, pour l'église de Wavre,
Denis Scaille m'a faite l'an 1696.
La référence à Antoine
Donglebert ne nous est pas connue, si ce n'est qu'il aurait été
inhumé en l'église de Wavre en 1722, et apparemment bourgmestre
en 1691 (Cha.W, Wavriensa 2008, n°5, p208-212). Nous relevons qu'un certain
Jean Donglebert fut bourgmestre de Wavre avant 1713. La dédicace ne semble
pas se traduire par les mots : curé et industriel. Francis Bellet nous
est quant à lui totalement inconnu.
Les lettrines sont d'assez bonne qualité, sans être non plus d'une réalisation remarquable. C'est disons de bonne facture pour un instrument datant de la toute fin du 17ème siècle. En décor, elle ne possède pas de figure sur la faussure. De part et d'autres de la dédicace, il y a deux lignes de rinceaux. Le rinceau sommital comporte une végétation plutôt proche de l'acanthe. Le rinceau du bas comporte des visages d'angelots, dans un décor végétal relativement semblable à celui du haut. La pince est légèrement ébréchée. La couronne est sans charme particulier.
A propos de Dionysius Scaille, nous ne trouvons aucune référence dans notre Refond, ni en France pour le patronyme Scaille. Nous relevons qu'en 1698 ou à une date proche, le fondeur Jean Scaille a entrepris la refonte d'une cloche pour Leffe afin de la rendre "bonne et saine". Une seconde cloche fut réalisée par un certain Denis Scaille. Pesant 285 livres, on la sonna pour la première fois, le 22 avril de la susdite année.
Le mot Dionysius nous semble être une latinisation du prénom Denis.
Une référence à un certain Denis Scaille existe dans : Mémoires pour servir à l'histoire littéraire des dix-sept provinces des Pays-Bas, de la principauté de Liège et de quelques contrées voisines (Paquot Jean Noël, 1763). Il y est mentionné que Denis a eu un fils nommé Henri Scaille, qui a été théologien. Nous relevons qu'il fut marié à Martine Perpère. Dans les annales de la société archéologique de Namur (1881), il est mentionné que Denis Scaille est lié à des troubles de l'ordre public et des désordres politiques. Il était lié à un certain « Perpète de Saint-Hubert » avec un T.
Ces familles semblent localisées à Dinant. De plus, nous relevons l'existence d'un acte de transport de Denis Scaille et Nicolas de St-Hubert, mambours a la fabrique d'église de la Collégiale de Dinant. Mambour signifie administrateur. Le nom Scaille quant à lui, en wallon, signifie celui qui est lié à l'ardoise, un couvreur, un fendeur. Un scailleteur, c'est un couvreur d'ardoises.
Cette cloche est donc un élément remarquable, qu'il convient de mettre en valeur. C'est la seule cloche de cette famille de fondeurs connue actuellement. Vu la forte récurrence du mot wavrien en latin, on pourrait penser que c'est un fondeur local. Considérant sa localisation présumée, ce ne serait pas le cas. Belle découverte donc. Dans le langage local, elle est appelée la cloche Dongelbert. Elle est réputée être la plus ancienne cloche de l'église de Wavre, connue nominativement. D'après Wavriensa, janvier-février 2011 (Cha.W) : elle fut la seule cloche à ne pas être réquisitionnée par les Allemands en 1943. Elle restera en clocher à St-Jean Baptiste jusqu'en 1953. En 1954, elle sera descendue, afin de laisser place au tout nouveau carillon. Elle sera installée dans le parc, tel que présente aujourd'hui, en 1956.
La
voici dans son petit parc.
Vue
d'ensemble.
On
devine des traces de troussage.
Vue
d'ensemble sur la face du côté opposé à la route.
La
date est bien visible.
Détail
sur les rinceaux.
Il
y a de petits défauts à la réalisation, mais ça reste
relativement mineur.
Détail
sur la couronne (c'est haut !)
La
bélière.