La
chapelle dans le passé.
Le 25 juin 2011, nous avons terminé l'inventaire campanaire de la section de Floreffe. Il nous manquait quelques lieux, qu'il a été possible de finaliser grâce à l'aide du service des travaux de la commune de Floreffe. Un grand merci à eux pour leur soutien, ainsi qu'à Bernard Sebille pour l'organisation et la présence ! Nous avons pu ainsi inventorier la chapelle de Jodion, qui lors du reportage de décembre 2010, avait été déclarée impossible à visiter. Nous avons complété cette investigation avec la cloche stockée au séminaire.
La
chapelle de Jodion contient deux cloches.
-Une Louis Binamé de 1793.
-Une
frères Lainville de 1841.
La salle annexe du séminaire contient
une cloche.
-Une Andreas Van Aerschodt de 1835.
Le clocheton de la chapelle est en très mauvais état. En décembre, l'accès ne nous avait pas été autorisé vu cet état de dégradation. Suite aux démarches de Bernard Sebille, le service des travaux a installé une échelle. Cela a permis de sécuriser un peu l'accès, qui malgré tout a demandé de fort nombreuses précautions. Grimper dans le clocheton n'a pas été chose aisée, une vidéo en témoigne bien. En haut, il y a deux petites cloches qui ont le mérite d'être fort intéressantes.
La Lainville n'a pas été faite en même temps que celle de Franière. C'est étonnant mais c'est assurément le cas. Ces deux fondeurs itinérants ont certainement dû revenir à plusieurs reprises afin d'honorer des lots de commandes, même si nous n'en avons pas trace pour le moment. La cloche en question est la plus petite des deux. Elle comporte une épigraphie aussi maladroite que les deux de Franière. Le premier mot est très difficile à lire (côté coussinet). A priori : FAIS PAR LES LAINVILLE sur la pince, POUR LE HAMEAU DE JODION 1841 sur le cerveau. Il y a deux figures, qui ne sont pas spécialement maladroites. On voit assez clairement un évêque mitré, avec une crosse. De l'autre côté, c'est un personnage avec une toge. Il faudrait démonter la cloche pour le voir. C'est une cloche peu soignée au niveau de sa décoration, mais elle sonne bien. Un rinceau sommital existe, il est assez petit. Il est vaguement végétal, sans pouvoir en dire plus. Les anses ont été soudées d'une manière assez expéditive ! L'épigraphie est comme élimée, surtout sur la faussure, ce qui la rend peu lisible. Défaut d'origine ou usure ? C'est dur à dire. L'état général de la cloche est en tout cas plutôt correct.
La Binamé est TRES rare. C'est un bonheur d'en trouver une. Il était réputé y en avoir une à Notre-Dame de Bossière. Après investigation, il s'avère qu'elle a été malheureusement enlevée en 43 par les Allemands. Il y en avait aussi une à Bioul, mais il est attesté qu'elle a subi le même sort. Il y en avait une au carillon de Namur, je peux attester qu'elle n'existe plus. La Binamé de Jodion est la seule existante, actuellement connue, qui peut témoigner de l'art de ce fondeur. A propos des fondeurs Binamé, nous ne savons qu'extrêmement peu de choses. Ils s'appelaient Louis Binamé et Nicolas Binamé. Ils étaient basés à Namur, et réputés être des fondeurs locaux, par là comprendre de petits fondeurs. Mis à part leur production en 1804 pour Bossière, nous ne savons rien. De plus, Binamé est malheureusement pour nous un nom répandu. Il est possible que Nicolas Binamé soit le père de Louis, le premier ayant fondu en 1738 pour Namur, le second en 1804 pour Bossière. Cependant, nous ne connaissons pas les filiations les concernant.
La cloche
Louis Binamé de Jodion est d'une grande qualité d'épigraphie,
sans atteindre tout de même l'art du baron de Rosée. C'est conforme
à ce que l'IRPA conserve pour ce fondeur (fonds De Beer). En épigraphie,
le texte est partiel, vu l'impossibilité de lire des côtés
des coussinets.
(croix christique) AVE MARIA GRATIA (.)DEDIT ET DEIPARAE VIRGINI
DEDICAVII
FRANC IOS. MARCHIO 1793 (.)PARCHA LOCI. LUDOVICUS BINAME ME (FUDIT
?).
Sur la faussure, on relève deux figures : une vierge Marie enceinte dans un grand médaillon perlé, un Jésus musclé. Ce sont de belles réalisations, sans être exceptionnelles non plus. Sous la vierge figurent les lettres N (croix maltée) DE (croix maltée) R ou H.
Les volants sont en acier, identiques. Ils sont équipés de cordes pour sonnerie manuelle. L'installation est en tel mauvais état qu'elle est quasiment inutilisable. Pour la Lainville, la corde (un câble électrique) n'existe plus. Pour la Binamé, le problème est que le volant croque un montant de bois. C'est monté de travers. Il est donc quasiment impossible de faire sonner.
Les analyses sonores
sont les suivantes :
Jodion Binamé
Hum : 414,5 Hz. Prime : 656,5
Hz. Tierce : 876 Hz. Quint : 1154 Hz. Nominal : 1464,5 Hz. Superquint : 2190 Hz.
Oct nom : 3001,5 Hz.
Note : E(2)-7 selon analyse, E au diapason (Mi), mais
note très difficile à déterminer.
Jodion
Lainville
Hum : 482 Hz. Prime : 991 Hz. Tierce : 1205 Hz. Quint : 1413,5 Hz.
Nominal : 2009 Hz. Superquint : 2999 Hz. Oct nom : 4109 Hz.
Note : B(2)+5 selon
analyse, B (Si) au diapason. C'est donc concordant.
La rénovation de la chapelle de Jodion est programmée. Les travaux seront engagés fin 2011 ou début 2012 pour une somme avoisinant les 185.000 HTVA.
Nous
avons profité de notre passage à Floreffe pour aller documenter
le dernier morceau manquant au documentaire, la petite cloche du séminaire,
déposée. Elle est stockée dans une petite salle annexe de
l'abbaye. C'est une agréable cloche gothique, très joliment décorée,
conformément aux habitudes de ce fondeur. Elle possède l'épigraphie
suivante au cerveau : A.L. VAN AERSCHODT VAN DEN GHEYN ME FUDIT LOVANII ANNO 1835.
En faussure : 1835. FLORESSE. En fourniture : IN HONOREM SANTI ALOYSU GONZAGA
(éventuellement GONZAGAE).
Les anses comportent de petits visages simplifiés,
fort usés. L'installation (battant, baudrier, tourilles) est d'époque
et vit une inévitable usure avancée. Les rinceaux sont tout à
fait conformes aux travaux habituels Van Aerschodt, à savoir un travail
de grande qualité, fin et touffu. Il s'agit d'angelots jouant de la lyre
et des végétations enroulées.
Ses dimensions sont : 66cm de diamètre, 52cm de tangentielle, 7 cm au bord. Elle pèse 185 kg.
L'analyse
sonore est la suivante :
Floreffe séminaire
Hum : 290 Hz. Prime :
576,5 Hz. Tierce : 699 Hz. Quint : 884 Hz. Nominal : 1189 Hz. Superquint : 1813
Hz. Oct nom : 2457 Hz.
Note : D(2)-32 selon analyse, Do au diapason. C'est
donc concordant.
Nous allons maintenant partir à la découverte de ce beau patrimoine.
La chapelle de Jodion
Les
cloches sont là-haut.
Autant
dire que ce n'est pas d'un accès facile.
Au
bout d'un moment d'hésitation, c'est enfin la découverte.
Voici
la dédicace.
Sans
que ça soit exceptionnel, c'est tout de même du très bon travail.
Le
prénom Louis est latinisé : Ludovicus.
Détail
sur le rinceau fleurdelysé.
Le
nom Binamé.
Côté
dédicace, vu que c'est très approximatif, je ne peux pas faire plus...
La
figure du Christ musclé.
La
figure en médaillon de la vierge enceinte.
Le
baudrier est TRES usagé.
Vue
sur le coussinet de la Lainville.
La
cloche Lainville. Sans un éclairage artificiel rasant, elle a l'air quasiment
lisse.
Détail
sur la 'soudure' du plateau. Rien ne peut garantir que ça soit soudé
(comment faire techniquement ?), cependant cette ligne est étrange. Un
défaut dans la terre de moule de la couronne ?
Le
battant.
L'accoroche
à la bélière est rudimentaire.