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Les cloches mexicaines



El fondo de la campana representa la boveda del cielo y el badajo, el mundo. Cuando el hombre y ese mundo hacen contacto con la boveda, sale la voz de dios. Rafael Parra.

L'intérieur de la cloche représente la voute du ciel et le battant, le monde entier. Quand l'Homme entre en contact avec le Ciel, il sort alors la voix de Dieu. Rafael Parra.

***
En matière de cloches exotiques, il est souvent évoqué la cloche russe ou la cloche asiatique, qui diffèrent fortement du modèle européen. Dans le même ordre d'idée, il y a une cloche dont parle peu (ou pas d'ailleurs), c'est la cloche mexicaine. Elle est bizarre et vaut une étude, ce d'autant plus qu'elle est régie par un code de sonnerie assez extravagant. Quelques mots s'ensuivent sur le mystère !

Résumé
- Les cloches mexicaines sont régies par un code de sonnerie très élaboré.
- Elles sont méconnues des campanologues européens, au contraire des cloches asiatiques.
- Elles sont soit coptées, soit en volée tournante.
- Elles sont de profil ultra-ultra-ultra lourd pour les coptées.

Vocabulaire
Cloche : Campana. Cloches : Campanas. Sonner : Toque. Sonnerie : Repique. Battant : Badajo.

La cloche mexicaine ne se rapproche pas, ni dans sa fonte ni dans son code de sonnerie, aux cloches du Brésil, du Pérou, d'Argentine, etc. La cloche mexicaine n'a rien à voir avec le modèle nord-américain, ni même le sud-américain. C'est un ovni. L'élément le plus proche est la cloche de Bolivie, mais il existe des différences de profil (cette dernière est plus effilée). La plupart des cloches sud-américaines (Argentine, Chili) sont basées sur le profil espagnol. Le profil mexicain n'a rien à voir avec les cloches espagnoles, qui elles sont peu élancées, voire même évasées, assez rondes, avec un cerveau proportionnellement large par rapport à la bouche. En quelques mots donc, rien à voir.

Ce qu'on peut dire en point commun pour les cloches du continent sud-américain, c'est que bon nombre de ces cloches sont anciennes - beaucoup du 17è et du 18è siècle - et elles sont toutes en état d'usure avancé voire très avancé. La pollution de l'air n'y est probablement pas étrangère.

Les cloches mexicaines se subdivisent en deux grandes catégories : les cloches de coptée et les cloches de volée tournante. Il n'y a pas de mise en volée va-et-viens comme en Belgique. La plupart des cloches sont coptées, autant pour les grands que les petits édifices. En contrepartie, il y a des cloches de volée va-et-viens en continent sud-américain.

~ Le profil

Les cloches de coptée sont fixes, il n'y a rien de nouveau à cela ; rares sont les cloches de coptée mobiles. Les battants sont actionnés avec des cordes. Elles sont souvent dans un état assez passable. Ces cordes sont pour les grandes installations, reliées en un noud central. Existe-t'il des différences avec la coptée orthodoxe ? D'un point de vue purement structurel : cordes, cloches, il n'y en a pas spécialement. La seule différence notoire est qu'en Russie, les cordes sont souvent reliées sur un clavier, par facilité de jeu musical. Au Mexique, les cordes sont lâches, il en pend de partout. La situation mexicaine est moins structurée. Cela doit notoirement compliquer le jeu du sonneur.

Les différences par rapport aux cloches et aux sonneries belges sont assez simples.

Les cloches de coptée sont TRES carrées. Si l'on peut dire que 'toutes' les cloches belges ont une pince ronde, la cloche mexicaine a :
1/ Une pince très saillante par rapport à la panse. La pince ne s'évase pas. C'est carré. Elle s'épaissit de manière très affirmée. Entre la pince et la patte, c'est tout droit. Cette particularité de cloche carrée donne une apparence de cloche rude.
2/ Du point de vue profil, la pince est extrêmement épaisse. Il n'est pas exagéré de dire qu'en certains cas, c'est deux fois plus épais que par chez nous. Cela en fait des cloches très massives et d'une grande lourdeur.
3/ Le cerveau est assez étroit, assez souvent (ce n'est pas le cas de la photo présentée).
4/ Les anses sont assez petites et fines, ce qui est contradictoire avec les données précédentes. L'anse mère est conséquente, ça compense un peu. En attendant, il est certain que l'absence de balancement entraine de manière évidente une absence de force de flexion.
5/ Les décorations sont nombreuses et assez saillantes.

A noter, pour terminer : 6/ il n'y a pas de jambe au battant. Il s'agit d'une lourde boule, accrochée à une corde. Cela entraine que le point de frappe est en lieux variables. De ce fait, l'usure est sur tout le pourtour. C'est un avantage indéniable.

La sonorité de ces cloches est, on s'en doute, très affectée par ces errements de profils. On peut noter en tout premier lieu qu'en comparaison à leur poids, elles sonnent aigu. La plus lourde (la campana major) est située à la cathédrale de Mexico (Catedral Metropolitana de la Ciudad de México). Elle pèse 13154 kg d'après mon inventaire des gros bourdons mondiaux. Elle sonne un Fa(2). C'est l'équivalent chez nous d'une cloche de 7600 kg environ. Une cloche de 13 tonnes sonne en principe un Ré(2). Autant dire qu'il y a un abime de différence ! A noter que ladite cloche comporte quelques % d'argent dans sa composition. Ce n'est probablement pas étranger à sa sonorité. C'est l'une des rares à comporter cet alliage.

Une particularité aussi, c'est que le son est éteint. La résonance est faible. En contrepartie, l'octave nominale est très développée. Plus d'une source mentionne que ces cloches contiennent du PLOMB ! De ce fait, aucune fois je ne m'étonnerai de trouver une résonance faible !

Les cloches de volée tournante sont moins originales. Elles se rapprochent du modèle espagnol de cloche de volée tournante :
1/ Un cerveau étroit.
2/ Un modèle élancé pour un profil léger.
3/ Un mouton de taille imposante. Le joug est souvent arqué.

Ces cloches sont placées le plus souvent directement dans les ouïes des tours-clochers (sauf pour les plus grosses). La sonnerie est pour la plupart du temps manuelle, un sonneur fait tourner l'instrument. Ça donne une impression de terriblement dangereux ! La cloche est tournée extrêmement rapidement, ce qui provoque une sonorité violente.

~ Le code de sonnerie

Au XVIè siècle, San Carlos Borromeo, évêque de Milan, a établi les normes pour la sonnerie mexicaine. Ces sonneries ont ensuite été approuvées par le Vatican, comme ce fut le cas pour tous les évêchés du monde. Cependant au Mexique, deux sonneries ont eu une importance supérieure, liée à la société coloniale : la neuvième heure et l'Angélus. A la neuvième heure (trois heures de l'après-midi), les cloches sont sonnées à l'occasion de la mort du Christ. Les gens s'arrêtent un moment pour prier à genoux, puis poursuivent leurs activités. La même chose arrive avec l'angélus à midi, où tout s'arrête, afin d'écouter la musique des cloches. Les diacres regrettent de plus en plus que les gens admirent seulement les "belles" cloches sonnant à midi, mais ne s'intéressent plus à ce que signifie réellement chaque appel.

La tradition campanaire mexicaine est à présent âgée de 400 ans. Suite à la restructuration évoquée plus loin dans le témoignage de Rafael Parra, cela fait à présent 14 ans que la ciudad de Mexico a retrouvé sa sonorité d'antan. Pour l'anecdote, la première cloche de la cathédrale (la plus ancienne) provient de la refonte d'un canon d'Hernan Cortes ! Cette cloche s'appelle "Santa María de la Asunción". Elle a été fondue par Simón et Juan Buenaventura en 1578.

Le code est donc basé sur une tradition campanaire ancestrale. Si l'on doit comparer ce code avec le russe, grande différence ! Le code russe se fout éperdument (excusez-moi l'expression) de la justesse, d'où le fait que les cloches ne sont pas accordées par alésage. Ce qui compte en Russie est l'expression d'un rythme. Pas plus d'accordage au Mexique. Que cela soit dit ! Par contre ce qui compte n'est pas tant le rythme, c'est surtout l'expressivité d'une prière, certes codée, mais qui reste variable selon l'humeur du compositeur ou de la fête liturgique (voire même des périodes).

Le code est assez compliqué. Il n'existait pas, jusqu'il y a peu, de partition le décrivant. Le chef-sonneur de la cathédrale de Mexico l'a mis par écrit en 2009 afin que le savoir ne se perde pas. Nous allons décrire quelques-uns de ces codes, les plus utilisés. Il existe une cinquantaine de codes particuliers, basés sur des fêtes à dates fixes, des périodes, ou bien même des chants. Quelques "toque" sont liés aux évènements civils : mariage, enterrement. Cependant, il est clair au Mexique que pour nous, européens, tout cela est intimement mélangé. La vie mexicaine est beaucoup rythmée par la liturgie catholique.

Chaque heure a son toucher, chacun doit avoir son rythme. Pour chaque douleur et pour chaque joie, il y a un son particulier.

La sonnerie la plus simple et préalable à la messe est une succession de coups sur une seule cloche. Le nombre de coups est variable selon la période : 25 en temps ordinaire, 30 en Avent, 40 en Carême, 33 en semaine sainte (dernière semaine du carême), 50 à Paques.

Code de lecture :
1-Campana major
0-Campana de la hora
2-Plus petite cloche suivante
3-Plus petite cloche suivante
Vu son profil, la 1, c'est à dire la plus grosse cloche, sonne plus aigu que la 0, de poids plus léger.
----- temps vide.
v-Volée tournante
A/ Ligne sonore 1
B/ Ligne sonore 2, en même temps que 1

Angelus de campagne
12----12----12----12----12----12----12----12----12----12----12----12----10----10----10----10----10----10----10
----10----10----10----10----10---- vvvvvvvvvvvvvvvvvv
puis
A/ vvvvvvvvvvvvvvvvvvvvvvvvvvvvvvvvvvvvvvvvvvvvvvvv
B/ 15-16-15-16-15-16-15-16-15-16-15-16-15-16-15...
puis
A/ vvvvvvvvvvv... (l'opérateur refait tourner la cloche).
B/ 15-16-15-16-15-16-15-16-15-16-15-16-15-16-15... etc.
Se termine par :
A/ 15-15-15-15-15-15-15
B/ 16-16-16-16-16-16-16

Angelus de cathédrale (Juan Carlos de Guadalajara)
1---1-1-2---2-2--1-1-2-2-1-1-2-2---1---1-1-2---2-2--1-1-2-2-1-1-2-2---1---1-1-2---2-2--1-1-2-2-1-1-2-2--------
A/ 111111111111111111111111111111111111111111111
B/ 222222222222222222222222222222222222222222222
Jusqu'à la sonnerie automatique, alors :
20-18-20-18-20-18-20-18-0-0-0-0-0-0-0-0-0-0-0-0.
Puis dans l'autre tour :
15-10-12-16-16-7-6-5-3-6-5-4-2 / 15-10-12-16-16-7-6-5-3-6-5-4-2 / 15-10-12-16-16-7-6-5-3-6-5-4-2 / 15-10-12-16-16-7-6-5-3-6-5-4-2 / 15-10-12-16-16-7-6-5-3-6-5-4-2 / 15-10-12-16-16-7-6-5-3-6-5-4-2 / 5------4------1--1--0-0-0-0-0-0-0-0-0-0-0-0.

Angelus du samedi
1---1-1-2---2-2--1-1-2-2-1-1-2-2---1---1-1-2---2-2--1-1-2-2-1-1-2-2---1---1-1-2---2-2--1-1-2-2-1-1-2-2--------
A/ 111111111111111111111111111111111111111111111
B/ 222222222222222222222222222222222222222222222
C/ 333333333333333333333333333333333333333333333 (la ronca).
D/--18-19-18-19-18-19

Laudes
33333333-44444444-55555555-44444444-66666666-77777777-44444444-33333333-88888888-etc. Les cloches sont sonnées alternativement, avec un retour régulier de 4 et 3, et montent jusqu'à 15.

None (3 heures de l'après-midi).
1-----1-----1-----1-----76767676-0-0-0
Quand la première fois, la grosse cloche sonne, la ville se paralyse. Les entreprises s'arrêtent. Au deuxième, tout le monde récite le credo. Au troisième, tout le monde remet son chapeau et la vie bruyante de Mexico reprend.

Consécration
---(Vistos)---(Toque !)
A/ 1-1-1-1-1-1-1-1-1
B/ 2-2-2-2-2-2-2-2-2
C/ 3-3-3-3-3-3-3-3-3
D/ 4-4-4-4-4-4-4-4-4
E/ 5-5-5-5-5-5-5-5-5
---(Vistos)---(Toque !)
A/ 1-1-1-1-1-1-1-1-1
B/ 2-2-2-2-2-2-2-2-2
C/ 3-3-3-3-3-3-3-3-3
D/ 4-4-4-4-4-4-4-4-4
E/ 5-5-5-5-5-5-5-5-5

Sonnerie du dimanche
-Plenum de toutes cloches (30 sonneurs !)
Jusqu'à la sonnerie automatique, alors :
20-18-20-18-20-18-20-18-0-0-0-0-0-0-0-0-0-0-0-0.
Puis dans l'autre tour :
15-10-12-16-16-7-6-5-3-6-5-4-2 / 15-10-12-16-16-7-6-5-3-6-5-4-2 / 15-10-12-16-16-7-6-5-3-6-5-4-2 / 15-10-12-16-16-7-6-5-3-6-5-4-2 / 15-10-12-16-16-7-6-5-3-6-5-4-2 / 15-10-12-16-16-7-6-5-3-6-5-4-2 / 5------4------1--
puis---(Toque !)
A/ 1-1-1-1-1-1-1-1-1
B/ 2-2-2-2-2-2-2-2-2
C/ 3-3-3-3-3-3-3-3-3
D/ 4-4-4-4-4-4-4-4-4
E/ 5-5-5-5-5-5-5-5-5
puis---(Vistos)---(Toque !)
A/ 1-1-1-1-1-1-1-1-1
B/ 2-2-2-2-2-2-2-2-2
C/ 3-3-3-3-3-3-3-3-3
D/ 4-4-4-4-4-4-4-4-4
E/ 5-5-5-5-5-5-5-5-5
puis---(Vistos)---(Toque !)
A/ 1-1-1-1-1-1-1-1-1
B/ 2-2-2-2-2-2-2-2-2
C/ 3-3-3-3-3-3-3-3-3
D/ 4-4-4-4-4-4-4-4-4
E/ 5-5-5-5-5-5-5-5-5
puis
6----7----6-----7

Notre-Père
1-2-3-4-5-6-7 ensemble en plenum.

Sonnerie des morts
24-22 puis (dos... tres...)
A/ 2---
B/ ---3
puis--(dos... tres...)
A/ 2---
B/ ---3
puis--(dos... tres...)
A/ 2---
B/ ---3
24---22---24---22---24---22---
puis--(dos... tres...)
A/ 2---
B/ ---3
puis--(dos... tres...)
A/ 2---
B/ ---3
puis--(dos... tres...)
A/ 2---
B/ ---3
24---22---24---22---24---22---
Mené 6 minutes.

Il n'existe pas de code de sonnerie franchement standardisée au Mexique. Les codes sont variables selon que l'église a une, deux, trois, ou plus de cloches, et si des cloches de volée tournante existent. En contrepartie, que ça soit dans une cathédrale ou une petite église de campagne, ce sont à quelques détails près les mêmes codes qui sont repris. La trame est similaire, sans être pour autant identique. Rafael Parra explique à ce titre son arrivée à la cathédrale et l'élaboration de son code :

Je n'aurais jamais imaginé que je serais sonneur, et encore moins ici dans la cathédrale, car avant j'étais engagé dans les métiers de la maintenance. Un jour, je voulais étudier la théologie et je me rendis à la cathédrale. Chaque élève présent reçut un enseignement : apprendre à faire sonner les cloches. J'ai continué cet apostolat quelques années, à une récurrence de tous les huit jours. Je fus à cette époque temporairement sans travail, le père m'a invité à me rendre responsable de l'ensemble des cloches. C'est ainsi que j'ai commencé. Cependant dans le mode de sonnerie des cloches, il n'y avait rien d'écrit sur la façon dont vous deviez jouer. Il y avait pas de manuel, de notation musicale ou d'enregistrements. Les cloches de la cathédrale sont myriade... Le sacristain connaissait la plupart des sonneries à les entendre au quotidien, mais il n'était jamais allé au sommet des tours. De nature curieuse, j'ai étudié les différents codes de sonnerie. J'ai dû aller aux archives de la cathédrale, puis aux bibliothèques, afin de faire des comparaisons. Sans ambages, les descriptions restaient plus que vagues. Jusqu'ici, on sonnait pour avoir une 'grande et même harmonie', ce qui ne veut pas spécialement dire grand chose, et me laissait dans un certain état de perplexité. Finalement, j'ai effectué des comparaisons de lieux en lieux, j'ai appris uniquement à l'écoute. Par cette méthode, l'apprentissage va très vite. Aujourd'hui le problème ne se reposerait plus. Les sonneurs qui me suivent n'auront pas ce souci. J'ai écrit un manuel et je prépare divers documents avec des enregistrements. Tout a un symbolisme. Par exemple, la séquence des étapes par lesquelles vous atteignez le clocher est signifiant, cela retraduit les ouvres de l'Homme, son chemin à travers l'obscurité et sa rencontre avec la capacité de monter au ciel.

La cathédrale a cessé de jouer des sonneries nocturnes et les Matines, sur ordre du gouvernement. Les Vêpres et les Complies sont par contre sonnées. Il y a assez de capacité campanaire pour composer 30 sonneries de base. Tous les matins sont jouées les laudes. Cela fait plus d'un millier de tintements. Après est sonnée la messe conventuelle. C'est suivi de l'angelus à midi, puis la mélodie de la neuvième heure. Le dimanche l'appel à la messe est sonné à 19 heures. Cependant, il faut bien noter que les sonneries changent régulièrement selon le calendrier liturgique. Cela donne une empreinte sur la sonnerie et son ton : solennelle, festive, mixte, etc.

Comme j'étais désormais maître sonneur, j'ai proposé de former une équipe de sonneurs, afin de donner corps au répertoire ainsi mis sur papier, la reconstitution d'un code de sonnerie antique, dont les bases remontent à Hernán Cortés. Nous avons fait appel à 30 sonneurs. Ils sont mixtes, hommes et femmes, à 50-50. Ils se distribuent le travail hebdomadaire. Il s'agit d'une occupation d'honneur, la plupart travaillent ou étudient à côté. Le travail dans la tour est divertissant, mais pas seulement... Dans les villes européenne, les sonnerie sont mécanisées, mais au Mexique, la plupart des sonneries restent manuelles. Cela a sa valeur. Il y a une expression d'émotions. De la joie, de la mélancolie... Les cloches renvoient les émotions de ceux qui les sonnent.

A ce titre, nous ne manquerons pas de citer l'ardente déclaration de ce sonneur, trouvée sur youtube and co : Etre bénévole sonneur de cloches, pour moi, c'est plus qu'un honneur, c'est valoriser mon présent, mon passé, mon avenir, mon sentiment d'être de souche mexicaine, espagnole et indigène. Tout cela se concentre dans la conception du centre historique de Mexico. Dommage que les autorités du PRD ont fait de la Place de la Constitution un cirque et de la cathédrale une vue panoramique pour touristes ignorants.Vive les sonneries de Cathédrale Métropolitaine !

Les quelques règles d'or principales du code de sonnerie sont :

1. L'appel de base est l'appel premier à la messe. Ce sont d'abord deux coups longs, suivis par 25 coups brefs et se terminent par deux ou trois coups longs.

2. Les sonneries régulières ou plutôt dites 'ordinaires' sont du lundi au samedi à 11h28, jusqu'à 11h58 et le dimanche de 17 à 19 heures. Selon les procédures d'exploitation de la Cathédrale Métropolitaine, le premier appel se compose d'une cloche tintée 25 fois, cela prend une minute. A 11h43, le deuxième appel est constitué de tintement en répliques avec 25 coups chaque cloche, cela dure une minute et demie environ. Le dernier appel se situe à 11h50, avec un tintement de la Santa Maria de Guadalupe, pesant 12,8 tonnes. Ensuite, on prie l'Angélus avec la sonnerie de l'Ave Maria, qui dure 6 ou 7 minutes, juste avant de quitter, pour laisser sonner de manière automatique les cloches de l'horloge, récemment restaurées, annonçant midi. L'horloge est monumentale. Une fois cela terminé, les cloches sonnent à nouveau à la prière des Rogations, où, dans la tour Est sont jouées 13 cloches différentes pour émuler la prière. Cette prière est répétée 3 fois et se termine avec la sonnerie de cloches majeures. Cette dernière sonnerie commence lors du début de la procession vers l'autel pour la célébration eucharistique du dimanche.

3. Les campanes les plus lourdes sont utilisées en certains cas de fêtes. Les sonneries sont composée de trois appels de dix minutes chacune.

4. Outre les fêtes liturgiques, les sonneries extraordinaires sont effectuées lors des visites du Pape, des congrès eucharistiques, et la mort d'un membre du Chapitre.

5. Tous les sonneurs sont guidés par un coordonnateur, qui marque à la fin de la journée si tout était en ordre ou s'il y a eu des irrégularités.

6. Il existait une croyance ancienne, négative, qui estimait que les cloches ne pouvaient être tintées par des femmes au Mexique, car elles seraient alors fêlées. Dans la plupart des églises du pays, à cette fonction, l'accès était totalement interdit. Cela fut brisé en 1995. Ce fut accidentel. Il n'y eut pas assez de volontaires pour tinter les 35 cloches. Il y a donc eu un appel dans la paroisse. Depuis, de nombreuses femmes participent. Cela forme une fraternité, qui dimanche après dimanche, enchante l'harmonie sonore du clocher. Et pour le comble, aucune cloche ne fut fêlée !

Fernando Rodriguez Miaja conclut sur ces termes :

Aujourd'hui, au Mexique, il y a un manque évident d'études dans le domaine campanaire. Nous aimerions en savoir beaucoup plus sur les fondeurs qui ont travaillé au Mexique au cours des cinq derniers siècles, les techniques employées, les modèles qui ont été fondus, les inscriptions des plus précieuses. Nous savons, par exemple, que certains fondeurs les plus influents étaient au XVIè siècle : Simón y Juan Buenaventura, au XVIIè : travaillaient Parra y Hernán Sánchez, au XVIII Manuel López, Juan Soriano, José Contreras (de Atzcapotzalco), Bartolomé y Antonio Carrillo (de Tacubaya), Bartolomé Espinosa, Salvador de la Vega (de Tacubaya) de qui on doit d'ailleurs la "campana mayor" de la cathédrale de México. Bon nombre des cloches qui ont été faites en Nouvelle-Espagne au XVIIe siècle a suivi les schémas établis en Europe par les Flamands : Adriaen Steylaert (1577), Johannes Burgerhuys (1642), Melchior de Haze (1632-1697) et Petrus Overney (1680).

On souhaite longue vie à la campanologie mexicaine, et de notre Belgique où Adriaen Steylaert résonne comme un nom connu, nous nous jeterons à coeur perdu pour vous soutenir !

Bibliographie

En premier lieu, les filmages de sonneries de cloches de Tezca Reyes.

Ensuite :
-Ruvalcaba Patricia - Las Campanas resienten el estado de ánimo de quien las tañe.

Et ensuite de manière éparse :
- Daniel Molina Álvarez - Campanas de México, edición de la Secretaría de Cultura.
- Alfredo Enrique - Tañido 'cotidiano' el de las campanas de Catedral.
- Arreola Alonso - ¿Por quién tocan las campanas?
- Cabildo de la Catedral Metropolitana de México - Campanas de la Catedral de México.
- De La Cruz Miguel - Un recorrido por el campanario de la Catedral Metropolitana.
- Rodriguez-Miaja Fernando - La voz de las campanas.
- El Universal - Los 10 puntos que debes saber sobre las campanas de Catedral.
- Gochis Illescas Javier - Rescatan historias y leyendas que guardan campanas de la catedral.
- Baez Gonzalez Conti - Historia de las campanas
- Baez Gonzalez Conti - Las campanas de la Catedral de México
- Gonzalez Gamio Ángeles - Campaneras
- Huerta Rodriguez Arcadio - La voz de las campanas
- Llop I Bayo Francesco - Informe sobre las campanas, los campaneros y los toques de Catedral Primada Metropolitana de México.
- Morales Espinosa Hernán - Las "damas" de cobre y bronce...
- Viayra Ramirez Mariana - Data de siglos el repique de campanas.
- Villa Roiz Carlos - Cultura religiosa.

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