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Les Chaudoir, fondeurs de cloches


(Une biographie de la famille Chaudoir de Liège)



Une cloche Chaudoir. Photo Irpa.

Les Chaudoir sont des fondeurs de cloches réputés, provenant du bassin Liégeois. Ce nom de famille comporte nous concernant (1) Joseph Chaudoir, (2) François Chaudoir fils de Joseph et (3) François Chaudoir, le petit-fils de Joseph. Ce nom est réputé, étant donné que de cette manufacture de cloches est née l’usine Cuivre et Zinc. Considérant que les Chaudoir impliqués en métallurgie dans Cuivre et Zinc n’étaient pas fondeurs de cloches, nous citons cette anecdote ‘pour mémoire’.

Les Chaudoir, tout comme les Levache, sont originaires de Dinant. Yernaux mentionne que cette famille est établie à Dinant au 15ème siècle. Elle « essaima » en bordure de la Meuse moyenne pour s’adonner au battage du cuivre. Cette situation est étonnamment similaire aux Levache. De plus, les périodes sont concordantes. Il y a, à notre connaissance, aucun lien familial entre ces deux familles. C’est toutefois une information qui peut nous manquer. Notons tout de même que ces familles n’ont pas collaboré lors de travaux campanaires.

** Joseph Chaudoir
A date de naissance inconnue, décédé à Liège le 13 janvier 1764. Il se marie avec Jeanne Bicquet. En 1754, il a une fille : Marie-Marguerite Chaudoir, et à date inconnue un fils : François I Chaudoir. La première fonderie Chaudoir fut installée à la place des Déportés de Liège. Il s’agit du lieu de l’ancienne prison Saint-Léonard. Notons avec étonnement à quel point ce lieu est proche de l’ancien domicile de Pierre Levache. De cette fonderie, nous ne savons strictement rien. Son enfant, François I, ne doit pas être confondu avec François II, son petit-fils, fondeur de cloches. L’activité campanaire de Joseph Chaudoir est peu prolixe, disons que nous n’en connaissons probablement rien.

En 1731, nous savons qu’il réalise une fontaine. Une photo ancienne de l’IRPA montre un bel objet, qui était situé rue du Pont à Verviers. Cette fontaine a été démontée et nous ne savons pas ce qu’il en est advenu.

De ses travaux, nous identifions les suivants :
-Huy – Chapelle non identifiée – 1 cloche – 1748.
-Celles – Eglise Sainte-Madelberte - 1 cloche - 1748. Enlevée en 1943.
-Seilles – Chapelle Saint-Martin - 1 cloche - 1748. Enlevée en 1943.
-Saint-André – Eglise Saint-André - 1 cloche - 1749. Enlevée en 1943.
-Saint-Georges-Sur-Meuse – 2 cloches – 1751. Présence à vérifier. Inscriptions : 1/ Campana decimalis Chaudoir et Lamyne fuit an 1751 - 2/ In honorem divae Virginis prius fusa posterius ad quadruplum adanete sum ex beneficenti commum an 1751 Chaudoir et Lamyne fuit. / Nous n’avons aucune idée de qui est « Lamyne ».
-Liège, Eglise Sainte-Véronique – 1 cloche - 1755. Enlevée en 1943.
-Faimes – Chapelle Saint-Lambert - 1 cloche - 1755. Enlevée en 1943.
-Ombret-Rawsa – Eglise Saint-Sauveur - 1 cloche - 1762. Enlevée en 1943.

** François Chaudoir
Né à Liège le 12 décembre 1759 et décédé en même lieu à date inconnue. Sa période d’activité semble s’étaler de 1778 à 1790.

Il fond en 1774 ( ? incohérent ?) et 1785 deux cloches pour Saint-Barthélémy de Liège. Nous nous étonnons d’office qu’à 15 ans, on coule une cloche de qualité majeure. Nous y reviendrons par la suite, peut-être serait-ce l’œuvre de François I. Par la suite, ces cloches se retrouvent à la cathédrale de Rouen. C’est pour ces deux cloches qu’étonnamment, les Chaudoir sont les plus réputés. En ces termes, nous savons : En 1810, le Cardinal Cambacérès fit acquisition de deux autres cloches, dont la plus grosse, fondue en 1785 par Chaudoir, pèse 6500 livres, et l’autre, fondue en 1774 par le même artiste, 3500 livres. Pourquoi le transfert de Saint-Jean vers Rouen fut si rapide ? Nous ne le savons pas. D’après la SFC (base RECIF), ces deux cloches sont actuellement détruites.

La cloche de demi-heure située au palais des Princes-Evêques est signée Chaudoir. Cette cloche provient, d’après le DFIM, de Saint-Jean l’Evangéliste de Liège. Cette cloche est toujours présente à ce jour.

Une cloche dont l’histoire est assez étonnante fut fondue en 1781. Elle a une hauteur de 50 cm et un diamètre de 47 cm. Elle a été installée dans la chapelle de Méry, près d’Esneux. Suite à la construction d’un édifice plus grand, cette cloche fut achetée en 1908 par la société liégeoise d'affrétage Gilman. Elle sera dès lors posée sur un bateau : l’Atlas. Déposée en 1930, elle sera installée au mur d'angle de l'enclos St-Joseph, au sanctuaire marial de Banneux. Elle comporte les inscriptions d’origine : CHAUDOIR F LEO (II) 1781 ; et de l’autre côté, un ajout : ATLAS IV - Gilman Frères - Liege – Belgique. Cette dédicace est retraduite en ces termes : Chaudoir François, Leodii (Liège), 1781.

En 1782, il est mentionné des travaux effectués par François Chaudoir, à Tongeren (Tongres) :

Enfin après avoir fait refondre, le 22 avril 1782, par Joseph et Nicolas Simon, de Mons, la grande cloche et traité le 27 août de la même année avec Henry Donnay de Gland pour de nouvelles ligatures à attacher aux cloches, le chapitre fit confectionner par François Chaudoir de Liège un nouveau carillon très sonore et harmonieux de trois octaves, avec ses demis tons excepté le ré dièse et le mi bémol dans la basse de la pesanteur de cinq mille livres ou environ.

L'une de ces cloches comporte la dédicace suivante :
Exurens lurrim calvo prodegit et aéra
Chaudoir Leodiensis
FabrICa at eXUstUM DUpLICat
aerls opUs.
Josepho Virginis Sponso Capitulais
Tungrense gratuito refudit.

Cela correspond probablement au carillon de Tongeren (Tongres) daté de 1783.

De ses travaux, nous identifions les suivants :
-Plombières, Gemmenich - 1 cloche - 1737. Manifestement un souci de date...
-Plombières, Hombourg - 1 cloche de choeur - 1748. Manifestement un souci de date...
-Liège – Eglise du Saint-Sacrement (boulevard d’Avroy 132) – 1 cloche – 1778. Probablement détruite (??).
-Retinne – Sainte-Julienne - 1 cloche - 1778. Présence attestée. BC2004/2.
-Rijkhoven – Kerk O.L.Vrouw - 1 cloche - 1779. Enlevée en 1943.
-Waret-l'Evêque – Eglise Saint-Nicolas - 1 cloche - 1780. Enlevée en 1943.
-Hannêche – Eglise Saint-Lambert - 1 cloche - 1780. Enlevée en 1943.
-Richelle – Eglise Saint-Firmin - 1 cloche - 1781. Enlevée en 1943.
-Mery (Esneux) – Chapelle – 1 cloche – 1781. Cloche Atlas.
-Tongeren – Onze-Lieve-Vrouwebasiliek – 35 cloches - 1783. Présence attestée.
-Mortier, Eglise Saint-Pierre - 1 cloche - 1783. Enlevée en 1943.
-Couthuin – Eglise Nativité de Notre-Dame - 1 cloche - 1786. Présence attestée.
-Vierset-Barse – Eglise Saint-Martin - 1 cloche - 1686. !! Date !! Enlevée en 1943. Probablement 1786.
-Remicourt – Eglise Saint-Jean-Baptiste - 1 cloche - 1788. Enlevée en 1943.
-Waret l'Evêque – Saint-Martin - 1 cloche - 1789. Présence attestée. BC2004/2.
-Hollogne-sur-Geer – Eglise Saint-Brice - 1 cloche - 1790. Enlevée en 1943.
-Antheit – Eglise Saint-Martin - 1 cloche - 1790. Enlevée en 1943.
-Haneffe – Eglise Saint-Pierre - 1 cloche - 1814. !! Date !! Enlevée en 1943.
-Rienne – Eglise Notre-Dame - 1 cloche - 1832. !! Date !! Enlevée en 1943.
-Esneux – Eglise Saint-Hubert – 1 cloche – Date non connue. Enlevée en 1943.

Il nous reste un paquetage de cloches attribuées à aucun des Chaudoir :

En effet, (1) Joseph Chaudoir décède en 1764, (3) François nait en 1759. Entre les deux, des cloches sortent des ateliers. De qui sont-elles ? Pouvons-nous nous permettre de citer qu’il s’agit de travaux émanant de (2) François Chaudoir ?

-Donceel, Eglise Saint-Cyr et Sainte-Juliette - 1 cloche - 1769. Enlevée en 1943.
-Saive, Eglise Saint-Pierre - 1 cloche - 1769. Enlevée en 1943.
-Evegnée-Tignée, Eglise Saint-Lambert - 1 cloche - 1771. Enlevée en 1943.
-Beyne-Heusay, Eglise Saint-Laurent - 1 cloche - 1776. Enlevée en 1943.
-Oupeye, Eglise Saint-Remy - 1 cloche - 1777. Enlevée en 1943.

Afin d’évaluer qui est le fondeur de ces cloches, nous avons analysé chacun de ces instruments. Notons une fois de plus que ces travaux sont réalisés grâce à la fameuse base de données de l’Irpa. Il en ressort la brève analyse suivante :
-Donceel : pas de photo, attribuée à François par l’IRPA.
-Saive : RESTAURATIA, 7 JUIL 1769. CHAUDOIR LEODIO.
-Evegnée : pas de photo, Inscription CHAUDOIR LEODII.
-Beyne-Heusay : pas de photo, attribuée à François par l’IRPA.
-Oupeye : pas de photo, attribuée à CHAUDOIR N. par l’IRPA.

Cela signifie qu’avec la documentation en notre possession, nous ne pourrons rien affirmer. Soit il existât un fondeur nommé (2) François CHAUDOIR, ce qui n’aurait rien d’étonnant, soit il existât un fondeur Nicolas CHAUDOIR, mais nous n’en trouvons strictement aucune trace. Il existe un certain Nicolas-Joseph Chaudoir, mais né en 1810, celui-ci est anachronique. Nous ne savons donc pas amener la moindre précision.

De futures visites en clochers permettront certainement de lever le voile sur ce secret.

Bibliographie
- Dictionnaire des facteurs d'instruments de musique en Wallonie, Malou Haine, Nicolas Meeùs.
- Jean Yernaux, les Chaudoir, retour sur notre passé industriel. 1962.
- Annales de l'Académie d'archéologie de Belgique ; 2ème série, tome deuxième, 1866.
- Archives de N. D de Tongres. : Liber diversorum negotiorum inceptus, 1719-1785, f° 256.

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