Une cloche Gaulard.
Photo : Irpa.
Établir la biographie des Gaulard n'est pas l'affaire la plus compliquée qu'il soit. Quelques auteurs s'y sont attelés, voir à ce titre l'article d'Axel Bonaparte dans le DFIM (ici) et celui de Berthelé (ici). Les recherches généalogiques d'Henry Ronot complètent bien. Dans ce bref article, nous nous attacherons à décrire brièvement les Gaulard ayant réalisé des cloches en Belgique.
La dynastie Gaulard du Bassigny est assez large. Ils furent nombreux. ceux qui nous intéressent sont provenant des villages de Romain-Sur-Meuse et Audeloncourt. Si à Romain, de très nombreux fondeurs de renom ont officié (dont des Drouot), Audeloncourt est nettement plus anecdotique.
Les Gaulard qui nous intéressent sont Jean-Baptiste-Nicolas Gaulard, Augustin Gaulard, François-Alexandre Gaulard et Charles Gaulard. Du DFIM, nous excluons Martin Gaulard, parce que nous estimons comme non prouvé qu'il ait fondu en Belgique. Du DFIM, nous excluons aussi E.A. Gaulard, qui relève d'une mauvaise lecture de F-A. Gaulard, et E Gaulard, qui relève d'une mauvaise lecture de C. Gaulard. A cela, nous ajoutons Nicolas 1er Gaulard, homonyme de JBN Gaulard, uniquement cité pour clarifier le propos.
Les fondeurs ayant officié en Belgique, à notre connaissance, sont au nombre de quatre. Henry Ronot relève quant à lui sept Gaulard "fondeurs de cloches" en Bassigny, hormis les ciseliers et autres métiers. L'aire de répartition de *tous* les Gaulard en Belgique est vraiment large.
Martin Gaulard a enfanté Jean-Baptiste-Nicolas Gaulard (1774), François-Alexandre Gaulard (1791), Augustin Gaulard (1806). Nous avons donc affaire à trois frères, dont 32 ans séparent le premier et le dernier, ce n'est pas triste... Augustin Gaulard a enfanté Charles Gaulard (1809).
** GAULARD Nicolas Ier
Né à Huilliécourt le 13 mars 1698 et décédé
en même lieu le 29 mars 1758. Huilliécourt était
un grand village de fondeurs de cloches. Fils de François Gaulard,
non fondeur de cloches. Il eut 10 enfants, pas un ne sera fondeur. Lui
le sera par contre, en France. Il s'agit d'une erreur d'homonymie, car
Berthelé évoque un Nicolas Gaulard provenant de Romain-Sur-Meuse.
De ce fait, nous mettons sa biographie entre parenthèses.
Une vue de Romain-Sur-Meuse.
Photo : Google.
** GAULARD Nicolas II
et (idem) ** GAULARD Jean-Baptiste-Nicolas
Né à Romain-Sur-Meuse le 23 juin 1774 et décédé
le 9 septembre 1849 à Zurlauben. Ce village de Zurlauben est
aujourd'hui entièrement intégré à la ville
de Trier, Allemagne. De Zurlauben, il ne reste que le nom de quelques
rues et pour ainsi dire, plus rien de reconnaissable de l'époque.
JBN. Gaulard bénéficiait d'un atelier en cette ville.
Fils de Martin Gaulard, fondeur de cloches, beau-frère de Claude Charton, fondeur de cloches. De sa vie, nous ne connaissons pour ainsi dire quasiment rien. Un acte du 31 août 1834 le mentionne comme fondeur de cloches à Romain-Sur-Meuse. De TRÈS nombreuses confusions existent dans les actes entre Nicolas 1er Gaulard et Jean-Baptiste-Nicolas Gaulard, ce qui rend les hypothèses compliquées et fragiles.
Ses cloches sont souvent signées JAN BTE NAS GAULARD, ce qui nous fait un élément particulier facile à reconnaître.
A l'école de Romain-Sur-Meuse, d'après Henry Ronot, une inscription est encore visible à ce jour : Cette pierre a été posée pour conserver - La mémoire de MR Jan Bte Nas Gaulard, fondeur - de cloches, fondateur de l'école gratuite - de garçons le 8 mai 1888, né à Romain - Sur-Meuse le 23 juin 1774 et décédé - A Trèves (Prusse) le 9 septembre 1848. Ronot précise encore que l'année de décès est fausse.
Axel Bonaparte décrit qu'à partir de 1816, une fréquente collaboration aura lieu avec Clément II Drouot, Louis-François Regnault (et non BLF Reynaud comme mentionné par erreur) et Joseph Perrin. Il est par la suite établi à Tongeren de 1818 à 1834. Il sera le maître de fonte de son frère cadet François Alexandre Gaulard en 1822, et vers 1832, de son frère Augustin et de son neveu Charles.
** GAULARD François-Alexandre
Né le 14 novembre 1791 à Romain-Sur-Meuse et décédé
en même lieu le 24 septembre 1863. Fils de Martin Gaulard et de
Anne Henriot. Frère de JBN Gaulard et d'Augustin Gaulard.
Il se marie avec Marie-Françoise Gouvenot en 1820. Certains Gouvenot furent des fondeurs de cloches.
Henry Ronot le décrit comme étant ciselier jusqu'en 1822 au moins, la suite des évènements le verra en apprentissage campanaire auprès de JBN Gaulard, tout du moins cela est supposé par Berthelé. Il sera actif de la sorte jusqu'en 1849. Au décès de Jean-Baptiste-Nicolas, il continuera l'activité durant une dizaine d'années, mais de manière un peu plus sporadique. En cette dernière période, il aurait été domicilié à Aix-La-Chapelle (Aachen).
Il décède à Romain à l'âge de 72 ans.
Une vue d'Audeloncourt.
Photo : Google.
** GAULARD Augustin
Né à date inconnue, et décédé le
19 avril 1866 à Audeloncourt. D'après Axel Bonaparte,
il est né le 1er octobre 1784. Fils de Martin Gaulard, fondeur
de cloches, et de Anne Henriot, née à Romain-Sur-Meuse.
Martin Gaulard n'a pas exercé en Belgique d'après nous.
Il aura quatre enfants : Elisabeth-Mélanie ; Charles ; Marie-Rose
et Jeanne-Adèle. Charles, né à Nogent-Le-Roi, sera
fondeur de cloches.
Il est d'abord ciselier avant d'être fondeur. A titre d'information, la tradition de cisellerie était fortement implantée en Bassigny, un ouvrage y est d'ailleurs consacré. Il se localise durant cette activité à Nogent-Le-Roi en Haute-Marne [ à ne pas confondre avec Nogent-Le-Roi en Eure-&-Loir, qui a aussi comporté un fondeur ].
Il épouse Geneviève Chaudron en 1806. Dès lors quelques-unes de ses cloches seront signées "Gaulard-Chaudron". Axel Bonaparte précise que les prospectus publicitaires, ils prient la clientèle de ne pas confondre avec JBN Gaulard et F-A Gaulard, fondeurs à Tongres, non associés bien qu'apparentés. Est-ce par défaut de qualité des cloches de JBN Gaulard ? Est-ce par mésentente ? Evidemment tout est envisageable, puisque nous ne le savons pas.
En 1832, il part à sa première campagne avec son fils Charles. Cela se stabilisera avec la création d'une société en association avec son fils : les Ets GAULARD.
Cette société nous est bien connue en Belgique, étant donné qu'elle fut située faubourg de Sainte-Marguerite à Liège. Cela semble correspondre aujourd'hui à Jonfosse-Hovémont, et plus particulièrement la rue Sainte-Marguerite. Cette société semble être implantée aux alentours de 1834, et aura perduré au minimum durant quinze ans. Berthelé affirme que l'atelier était actif entre 1845 et 1846.
Ses campagnes le mèneront souvent en Allemagne proche : Aix-La-Chapelle (Aachen), Koblenz (Coblence) et à Trèves (Trier). Les dernières traces d'activité le concernant se situent en 1856. Cela signifie l'âge supposé de 72 ans, c'est beaucoup...
** GAULARD Charles
Né le 15 septembre 1809 à Nogent-Le-Roi et décédé
le 31 mai 1890 à Audeloncourt. Petit-fils de Martin Gaulard et
fils d'Augustin Gaulard et de Geneviève Chaudron.
Il se marie le 16 novembre 1836 avec Jeanne-Clémentine Simon.
D'après Ronot, il commencerait le métier de saintier à partie de 1832. D'après ce même auteur, il aurait eu une influence décisive quant à la mutation professionnelle de son père, de ciselier vers saintier. Parfois ses cloches sont simplement signées "Gaulard Fils".
Il réalisera des fontes durant 35 ans, durant lesquelles il sera installé à Liège, Aix-La-Chapelle et Malmédy. En 1834, Berthelé le situe à Liège. De 1841 à 1855, Axel Bonaparte le localise à Aachen. En 1855, Ronot le localise à Malmédy, où il travaillera durant 15 ans.
Charles Gaulard a livré en Belgique, Pays-Bas, Luxembourg (rare et intéressant), Allemagne.
Son retrait en pension sera dans le village de son père : le hameau de Audeloncourt. Il y tenait une distillerie, où il passait ses mois d'hiver. Sa retraite le verra actif en cette production, ainsi que dans le commerce de vins et de liqueurs. Il décède à 80 ans.
L'ensemble des biographes reprend la description de Joseph Berthelé.
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EN RECIB, il est dénombré 144 cloches des Gaulard, le plus souvent de manière indifférenciée faute de bon inventaire. Il y en a probablement bien plus vu que nombre d'anonymes, non reconnues, sont probablement des Gaulard.
Ce sont des cloches qui pour la plupart ont un aspect manifestement soigné. Ce ne sont pas des travaux réalisés à la va-vite. Pour autant, bien des histoires nous parviennent concernant des fontes désastreuses, des procès et de multiples refontes. Nous ne savons pas juger les cloches Gaulard in-situ, n'en connaissant pas. Elles sont majoritairement localisées en Lorraine belge et en Ardenne.
En France, il est dénombré 69 cloches. Cette valeur est à prendre avec des pincettes étant donné qu'elle inclut des résultats de Nicolas Ier Gaulard, de François Gaulard, etc...
Bibliographie
-Dictionnaire des facteurs d'instruments de musique en Wallonie, Malou
Haine, Nicolas Meeùs.
-Dictionnaire des fondeurs de cloches du Bassigny, Henry Ronot.
-Base de données de l'IRPA reprenant le fonds De Beer.
-Joe Labonde, Glocken im Rheinland aus der Glockengießerfamilie
Gaulard. Annalen des historischen Vereins für den Niederrhein.