Cette page est un documentaire sur les cloches de Lanquesaint, un hameau de l'entité de Ath. Un tout grand merci à Pascaline Flamme pour l'invitation, merci aussi à Mr Wellens, Mr et Mme Coessens, pour l'accueil. Coordination et aide au reportage : M. L'abbé Marc Lamotte.
Le clocher de Lanquesaint possédait trois cloches : une Peter Vanden Ghein de 1560, une Flincon de 1778, une Michiels Junior de 1951. Suite à des travaux, la cloche Flincon a été déposée en église. Deux de ces trois cloches sont exceptionnelles, nous allons longuement les passer en revue.
Les harmoniques
de ces cloches placées en sonnerie sont les suivantes :
CL1 (Vanden Ghein)
Analyse /// Hum : C(1)+18 - Prime : C(2)+10 - Tierce : Eb(2)+43 - Quint
: Non détectée - Nominal : C(3)-5 - Superquint : G(3)-32 - Oct Nom
: C(4)+4.
Nb d'harmoniques détectées : 12
Si l'on compare
la fondamentale à l'octave nominale : C'est une cloche qui possède
une note très franche.
CL2
(Michiels)
Analyse /// Hum : D(1)-18 - Prime : D(2)+7 - Tierce : F(2)+29 -
Quint : A(2)-1 - Nominal : D(3)+25 - Superquint : A(3)+24 - Oct Nom : Db(4)-9.
Nb
d'harmoniques détectées : 24
Si l'on compare la fondamentale
à l'octave nominale : C'est une cloche qui possède des difficultés
d'identification de la note. Le nombre élevé d'harmonique en fait
une cloche riche, mais dont la note n'est pas franche.
La sonnerie est en do-ré. C'est un grand classique, harmonieux. Le système de volée est en rétro-mitigé.
L'église
de Lanquesaint.
L'intérieur
est le plus modeste des églises de l'entité.
Vous
pouvez voir une petite volée de la cloche Van Den Ghein ici.
La cloche Flincon
Lanquesaint possède une cloche Flincon datant de 1778. C'est en de nombreux points une cloche exceptionnelle, notamment et surtout considérant sa rareté. Elle est fêlée à la pince. Lors de la toute récente électrification du clocher, assurée par Meridiaan, cette cloche a été descendue. Elle est présente dans la nef et sera présentée aux visiteurs, après une restauration de son aspect visuel. Elle a un diamètre de 48 centimètres approximativement. Elle doit peser environ 70 à 80 kilogrammes.
Qui sont
les Flincon ?
C'est une petite famille de fondeurs originaire de Tournai. Elle
est composée de François-Bernard-Joseph Flincon et F-J Flincon,
que nous supposons s'appeler François-Joseph. Il est le fils du premier
cité. Le premier des Flincon est le neveu de Jean-Baptiste Barbieux, fondeur
local de Tournai assez bien connu. François-Bernard-Joseph Flincon est
né le 20 août 1722 à Tournai et décédé
en même lieu le 4 avril 1809, il serait le fils de Simon Flincon. Il est
décédé à l'âge de 87 ans, ce qui en fait un
âge fort respectable. Nous ne savons rien ou presque de F-J Flincon, le
fils. Il est uniquement connu qu'il s'associera sporadiquement en 1751 avec le
fondeur Joseph Vandaele. La cloche de Lanquesaint semble attester une production
du fils "F-J" et une localisation sur Tournai.
La
production des Flincon est limitée. Nous leur connaissons une trentaine
de cloches tout au plus.
En existantes : une à Wasmes (1765), une à
Lanquesaint (1778). Celle de Lanquesaint est enregistrée de toutes parts
du père, soit FBJ. Il s'agit en réalité d'une production
du fils. Comme il y a collaboration entre les deux et la situation pouvant engendrer
des confusions, nous laissons tel quel.
En déposées (De Beer)
: deux à Marquain (1748), une à Leuze (1748), deux à Brasmenil
(1750), une à Oudegem (1770), deux à Lanquesaint (1778), une à
Gaurain-Ramecroix (1778), une à Herquegies (non datée). En déposées
(sources littéraires diverses) : une à Tournai - St-Jean-Baptiste
(1756), quinze pour un carillon à Mons (1770), quelques cloches à
Ninove (1770), quatorze à Tournai - St-Brice (1806). A propos de ce dernier
lieu, il n'est pas certain qu'elles soient déposées. A propos des
deux de Lanquesaint, les diamètres ne sont pas concordants avec la cloche
actuelle présente en église (65 et 70 cm). L'actuelle a un diamètre
de 48 cm. Il s'agissait donc d'une sonnerie de trois cloches.
Qu'apprend-t-on de cette liste ? Deux cloches encore existantes, au moins treize cloches de sonnerie à ce jour déposées, deux carillons totalisant 29 cloches. La production reste localisée sur les environs de Tournai. Il n'est pas connu de cloche fondue par les Flincon en France.
Nous apprenons aussi qu'il aurait été fondu un carillon de 35 cloches à Oudenaarde en 1751. Archives de Tournai, cartons varia, n°880. Ce carillon a été réalisé en association avec le fondeur Barbieux. Traduction du contrat en flamand, qui fut remis aux entrepreneurs :
Aujourd'hui,
le 19 juin 1751, sont convenus et accordés les bourguemestre et échevins
de la ville d'Audenarde d'une part, et Jean-Baptiste-Joseph Barbieux, fils de
François, et François-Bernard-Joseph
Flincon, fils de Simon,
maîtres fondeurs de cloches, demeurant dans la ville de Tournay. A scavoir
que lesdits maîtres fondeurs s'engagent de fondre un nouveau carillon dont
toutes les cloches doivent
être, toutes en elles-mêmes et chacune
en particulier, sonores, harmonieuses, mélodieuses, consonantes, solides,
bonnes, belles et bien conditionnées, et de plus toutes ensemble respectivement
à l'égard les unes des autres bien proportionnées, d'un juste
et agréable accord selon un tempérament du meilleur goût et
selon les règles de la musique.
Qu'ils livreront ce nouveau carillon avec les qualités susdites, composé de trente cinq cloches dont la plus grosse, qui sera environ ut-mi-la du ton des orgues, pèsera environ quinze cens livres, et dont toutes les cloches ensemble pèseront environ six mille livres. Ces trente cinq cloches formeront trois diapasons ou octaves complètes, exceptés l'ut dièse et le mi bémol de la plus grosse octave, dans l'ordre suivant à scavoir : ut#, ré, mi, fa, fa#, sol, sol, ?, la, si bémol, si, ut, ut#, ré, mi bémol, mi, fa, fa#, sol, sol#, la, si bémol, si, ut, ut#, ré, mi bémol, mi, fa, fa#, sol, sol#, la, si bémol, si, ut.
Les mêmes entrepreneurs livreront aussi un tambour d'horloge de bronze, capable de jouer, pour l'heure, une pièce composée de quatre vingt seize mesures de trois temps qui sont trois noires ou six croches à chaque mesure ; pour la demie heure, une pièce de soixante quatre mesures ; et pour les quarts d'heure et avertissement tous ensemble, trente deux mesures. Ils livreront de plus un clavier neuf, ajusté au susdit tambour, composé de quarante huit touches ; et livreront aussi la quantité de deux mille notes neuves. Comme aussi les roues, arbres et lanternes, piliers et châssis, battants, marteaux, ressorts, abrégés, bascules et toutes les autres machines qui en dépendent ; comme il sera à leur charge le travail du charpentier et de simple ferronnier comme les ferrailles servant à pendre les cloches, ainsi que le tout doit être pendu et posé, à leurs frais. Lesdits entrepreneurs seront obligés de livrer et ajuster toutes les susdites pièces et points bien proportionnés, au point d'exécuter, comme sus dit, les airs dans leur goût, propreté et agrément, avec justesse de mesure, bien distinctement articulés et sans confusion, comme aussi le nouveau carillon tel comme cy-dessus exprimé, détaillé et conditionné, et de ce qui en dépend pour le pendre, pour la somme de trois mille cinq cent florins argent courant, la ferraille du consistant dans l'état présent revenant au surplus au profit desdits entrepreneurs, lesquels garantiront tous les susdits ouvrages, tant du carillon que ce que regarde le tambour, bien et duement exécuté au dire des experts à ce connaissant, pendant l'espace d'un an à compter du jour que le tout sera entièrement fini, complété et ajusté.
Les
payemens de la somme ci-dessus contractée de trois mille cinq cens florins,
argent courant, se feront pendant un au après que les susmentionnés
ouvrages seront entièrement finis, complétés et ajustés,
en quatre payemens égaux à scavoir le premier payement immédiatement
après l'ouvrage fini et complété, et lors de suite. Lesdits
entrepreneurs reprendront le vieux carillon, compris la grosse cloche, au prix
de douze patars et demi la livre, poids d'Audenarde, dont l'import servira de
payement. A condition cependant de ne rien ôter, à moins que le nouveau
carillon soit en ville, livré à leurs frais, comme
aussi le
tambour et autres ouvrages.
Pour éviter l'équivoque du susmentionné article pénultième, on entend que lesdits entrepreneurs reprendront le vieux carillon, compris la grande cloche, poids pour poids, en échange du nouveau, et l'excrescence dudit vieux carillon servira en payement à douze patars et demi par livre, poids d'Audenarde, à compte de la susdite somme dont on est convenu. En foi de quoi ils ont signé ce contrat et de la part des bourguemestre et échevins, par notre premier conseiller pensionnaire à notre assemblée, le jour mois et an comme dessus. Etoit signé J. B. Bamvens, J. B. J. Barbieux et F. B. J. Flincon.
L'épigraphie des cloches Flincon est assez standardisée. Ce sont des cloches dont les décors sont relativement peu nombreux. Nous leur connaissons des cloches avec des dédicaces en lettres romaines capitales, des chiffres arabes, enserrées entre filets et posées sur guide ligne. Souvent : un rinceau supérieur de palmette ou de végétation. La plupart du temps, il n'y a rien de plus. La qualité d'épigraphie est moyenne, ce n'est ni spectaculaire ni mauvais. Les dédicaces sont en français, jamais de latin. Il est connu une dédicace en flamand (Oudegem) : En ben nu in 't accord de eerste van de dry - De Backer den Ballieu is heden mynen Peter - De vrouw van den greffier Francisor Knudde meter - Als men my met fatsoen maer luyd en met bedacht - 'K staen tot publyken dienst by dagen en by nacht - Fondue par F.B.J Flincon et F.J. son fils de Tournay.
Cette dédicace a l'avantage inestimable de bien nous dissocier FBJ Flincon de son fils, car il serait aisé de dire que le fils n'a jamais fondu de cloches...
La cloche de Lanquesaint se trouve dans cette tradition d'épigraphie, elle n'est en rien surprenante. Elle possède en rinceau supérieur des palmettes végétales assez simples. Aucune figure. En texte de dédicace : (main indicatrice) MESIRE FRANCOIS DE MULLER ET DE BAERT CHEVALIER ET DAME MARIE THERESE RYCKST SON (deuxième ligne, main indicatrice) EPOUSE M'ONT NOMMEE FRANCOISE THERESE L'AN 1778 FONDUE PAR F.J. FLINCON DE TOURNAY. Les parrain et marraine ne nous sont pas connus.
Cette cloche est fêlée. La fêlure se trouve en pince. La fêlure se trouve au niveau d'un point de frappe. L'usure du point de frappe est excessivement élevée, ce qui est une explication plausible de la fêlure. Déposée, il ne nous a pas été possible de prendre la note de la cloche.
Certaines sources (dont abbé Lamotte) mentionnent que cette cloche est revenue de la sorte suite à son enlèvement durant la seconde guerre mondiale : revenue fortement endommagée de la guerre, elle est hors d'usage. D'après nos sources (De Beer), cette cloche ne serait pas partie à Hambourg, la sonnerie initiale de Lanquesaint étant de trois cloches Flincon. Il est à signaler toutefois que l'objet 10009438 nous semble très similaire à la cloche actuelle, la dédicace est la même. Nous pouvons dès lors imaginer que cette cloche est partie à Hambourg, puis en est revenue. Le diamètre serait alors faux.
Dans le clocher se trouve trois travées, dont : une Van Den Ghein, une Michiels, une vide (Flincon). Trois cloches Flincon et une Van Den Ghein ne rentrent pas. De ce fait, il nous semble justifié de croire que cette cloche a été effectivement déposée et que la sonnerie ne comportait que 2 Flincon et 1 Van Den Ghein.
Voici
la cloche Flincon.
La
fêlure en pince.
Détail.
Voici
la dédicace de cette cloche.
Nous
allons en faire tout le tour.
Cela
permet de l'inventorier.
Les
lettrines ne sont pas parfaitement alignées.
Mais
ce n'est pas un travail souillon comme les Lainville (et de loin).
La
date.
La
signature du fondeur : F.J. Flincon.
Dernière
partie !
La
couronne.
On
y voit encore les deux évents et le bassin, bien évidemment tronqués.
La cloche Michiels
Pour la voir, nous allons monter au clocher.
La cloche Michiels Jr est un travail dit de dommage de guerre, très probablement le remplacement d'une (seule) Flincon de 1778. Elle date de 1951. Elle possède un médaillon d'une grande beauté, Marcel Michiels est fidèle à lui-même !
Empruntons
l'escalier menant au clocher.
Il
ne manque pas de charme.
Ancien
trou de passage de corde.