Cette page est un documentaire sur les cloches de Sint-Pieterskerk à Leuven (les cloches de l'église Saint-Pierre à Louvain). Merci à Tim Maertens pour l'invitation !
Historique
L'histoire du campanaire en cette église est fort agitée. Nous en dressons la situation synthétique suivante, intégralement d'après le document de la VBV mentionné supra.
La première mention historique d'une cloche date de 1233. C'est précoce en matière campanaire, et bien entendu intéressant. Toutefois, nous ne possédons pas plus en détail de mention de fondeur.
En 1327, quatre cloches
existent. Elles sont l'ouvre du réputé fondeur médiéval
: Albert Roesbeke. Il s'agit d'après la VBV de :
- Campana Textorum, la cloche des tisserands. Nous pouvons supputer
que cette cloche marquait le début du travail et la fin du travail,
car de nombreux litiges existaient à l'époque quant aux
heures de prestations des salariés, personne ne possédant
de montre. Aussi nommée Werck Clocke, qui est comme on le devine
la cloche du travail.
- Stormcloke, la cloche des orages. Habituellement orthographiée
Stormklok, cette cloche servait à éloigner les orages
et les tempêtes.
- Slaepclocke, la cloche du sommeil. Peut-être marquait-elle une
heure de fermeture des portes de la ville, voire même un couvre-feu.
- Bedeclocke, la cloche du lit. Nous sommes embêtés car
cela signifie en principe la même chose. Si l'on s'en réfère
à la " betglocke " allemande, cela pourrait être
la cloche du petit-déjeuner, ou dans une définition plus
précise, le réveil-matin !
Outre quelques cloches de fondeurs mal identifiés, on retrouve trace en 1458 de trois cloches, provenant des fondeurs Simon et Dominique Magret. Ce sont des fondeurs en principe français (tout en gardant à l'esprit l'état chahuté en permanence des frontières en cette époque), qui se sont installés temporairement à Tournai et qui furent assez actifs à Leuven entre 1457 et 1462. En 1462, Dominique Magret fond un bourdon de 12.000 livres (environ 5,5 tonnes). Le travail devait être trop ambitieux car la cloche éclate en 1464.
En 1458, deux autres fondeurs
sont présents, les hollandais Jan et Willem Hoernken, provenant
de
's-Hertogenbosch. Ils fondent une Poortklok, une cloche annonçant
la fermeture des portes de la ville.
En 1522, les archives signalent
la présence d'un grand maître fondeur, Joris Waghevens,
qui fond la cloche
Anna. Il s'agit d'une cloche de glas. En 1525, une série de 8
ou 9 cloches sont achetées à Peter Waghevens.
S'ensuit une longue période avec une activité faible. On saute à 1725, où Andreas-Frans Van Den Gheyn fond un carillon de 40 cloches. Notons que ce fondeur nous est peu connu, car peu prolixe, car décédé à 34 ans. Ce carillon aurait été de médiocre qualité.
La période de la révolution et du concordat est dure vis-à-vis de Sint-Pieterskerk. De nombreuses refontes sont à déplorer. En 1802, Sint-Pieterskerk acquiert des cloches en provenance de Abdij van het Park, ce sont des remarquables (32) Albert De Grave et Claes Noorden, (7) Andreas-Frans Van Den Gheyn, (1) Claude et Joseph Plumère.
En 1851, Séverin Van Aerschodt et le sculpteur Felix Van Espen livrent une cloche de 3 tonnes, en complément au carillon de 40 cloches.
En 1914, le carillon est pratiquement totalement détruit. Un remplacement de l'installation est effectué en 1930-1935, Constant et François Sergeys installent 4 cloches en 1930, 38 cloches en 1932 et 7 cloches en 1935. Ce carillon est volé par l'occupant allemand en 1943, malgré qu'un accord avait été pris afin qu'aucun carillon ne soit démonté. Certaines de ces cloches sont de retour d'Hambourg en 1945, mais nombre sont cassées.
En 1960, François Sergeys réalise 22 nouvelles cloches. En 1961, François et Jacques Sergeys en ajoutent une nouvelle.
En 1990, une cloche Eijsbouts est ajoutée au carillon, ce qui porte l'instrument à 49 cloches.
La composition actuelle
1930 - Constant et François
Sergeys, 3 cloches.
1932 - Constant et François Sergeys, 23 cloches.
1960 - François et Jacques Sergeys, 22 cloches.
1990 - Eijsbouts, 1 cloche.
La cloche Eijsbouts a été faite avec des décorations identiques aux cloches Sergeys. On a donc ici un instrument totalement homogène du point de vue de l'aspect.
La cloche de basse du carillon pèse 4280 kilogrammes. Le poids total de l'instrument est 17.335 kilogrammes. C'est un carillon assez lourd, comme on peut le constater. C'est le dixième plus lourd en Belgique. Les quatre cloches de volée sont incluses dans le carillon.
Ce carillon est le plus grand instrument homogène sortant des ateliers Sergeys. C'est aussi un des rares carillons a être composé d'un nombre important de cloches provenant de la période entre deux guerres, qui fut relativement pauvre en production homogène.
Le reportage tout entier a été fait en moins d'une demi-heure alors que nous avions pris rendez-vous. C'est très préjudiciable quant à la qualité des photos qui suivent.
Bibliographie :
- Jacques Sergeys, Koen
Van Assche, Vlaamse Beiaard Vereniging, Leuven, Sint-Pieterskerk, Geschiedenis
van de beiaard.
- Twan Bearda, Jacques Sergeys, Jef Teugels, Campanae Lovanienses, 2008.
Plenum des quatre cloches de volée.
Voici la belle église gothique, sur la Grote Markt de Leuven.
La flèche de la croisée est magnifique.
Le transept, côté stadhuis.
La superbe horloge.
Au sommet de l'escalier se trouve un amusant jacquemart. Nous irons
le voir de plus près.
La nef de l'église Sint-Pieter.
Jeux de lumières dans les volutes d'encens.
Nous voici au pied du jacquemart. C'est étroit !
C'est une cloche Eijsbouts, qui reprend les mêmes décorations
que les Sergeys.
Derrière, on voit l'hôtel de ville.
Détruit par la première guerre mondiale, le comble a été
totalement reconstruit.
Nous voici dans la très vaste chambre des cloches.
Le beffroi en chêne est luxueusement spacieux !
La plus grosse des quatre cloches de volée pèse un peu
plus de quatre tonnes.
La n°2.
La n°4, soit la plus petite. La n°3 est derrière. Engoncée,
elle est difficile à photographier.
Les anses comportent des lions.
La décoration est très sobre.
Le peu d'épigraphie améliore la qualité sonore.
Les jougs sont très arqués, le système est rétro-mitigé.