L'église du Piroy dans le passé.
Dans le début de l'année 2013, des rumeurs ont commencé à se propager concernant une future démolition du clocher de l'église du Piroy, à Malonne. De ce fait, Bernard Sebille nous a rapidement invité à venir sur place, afin d'évaluer la situation campanaire. C'est dans cet ordre d'idée que nous avons pu monter au clocher. A cette date, l'église du Piroy était abandonnée. L'édifice était désaffecté. La ruine commençait doucement à pointer son nez.
Depuis cette date, l'église a été rachetée et transformée en brasserie. La cloche trône fièrement dans le coeur de l'édifice en tant que bel objet d'exposition.
L'église du Piroy
possède à ce jour une seule cloche. Les archives Slégers
citent toutefois deux cloches. De cette seconde cloche, aucune trace
en clocher ne subsiste.
La cloche actuelle est une Firmin
& Adrien Causard de 1880, pesant 367 kg et sonnant un Si.
La seconde cloche était
une Firmin & Adrien Causard de 1880, pesant 110 kg.
A ce sujet, Philippe Slégers nous informe : la cloche actuelle est gravée et provient de Colmar. Vraisembla-blement les Causard ont fourni une cloche de 100 kg puis, comme l'histoire s'est souvent passée, le curé a estimé que le son ne portait pas assez loin et il a demandé en urgence une plus grosse avec reprise de l'ancienne. Dans le stock de cloches existant à ce moment là dans la fonderie, il y avait une cloche fabriquée à Colmar et ils l'ont fournie en gravant « dédié à Ste Philomène ». C'est très rare de découvrir une gravure de cette qualité mais cela montre que cette cloche n'a pas été fabriquée pour le Piroy sinon elle aurait été prise dans la masse par le procédé à la cire perdue comme le logo. Le logo donne la date 1881 et l'inscription est gravée. Avec ce décor et ce plateau-couronne nous nous trouvons devant une pure fabrication Colmar.
La cloche de 367 kg a les
caractéristiques suivantes :
Hum : 246 Hz, Prime : 496 Hz, Tierce : 608 Hz, Quint : 736 Hz, Nominal
: 1030 Hz, Superquint : 1542 Hz, Oct Nom : 2118 Hz. Note : B(1)+7. Elle
sonne un si(3) légèrement surélevé (+ 7
cents). Les harmoniques sont assez dispersées.
Les causes de ces dispersions sont dues à de multiples facteurs (métallurgie, ébréchures, etc), mais notons surtout que le battant est dans un état catastrophique. Il est d'époque. La bélière est complètement explosée, le baudrier inexistant. La boule sonne trop bas.
Le système de volée est en rétro-mitigé. Des adaptations ont eu lieu afin de diminuer le son de cette cloche (fragile ?). Ainsi, il a été installé une cale en bois sous le joug arqué afin de rapprocher l'accrochage de l'axe des paliers. Ces adaptations ne nuisent en rien à la sonnerie.
Les tourillons sont dans un état catastrophique.
La cloche n'est plus en état de sonner. Le volant frotte violemment contre le bâti du beffroi. Aucune électrification n'existe. La cloche était sonnée à la corde. Tout est déconnecté à ce jour.
La cloche était très sale (guano). Elle a été nettoyée sommairement par mes services.
Fait atypique, la cloche est à tête plate. Elle n'a donc pas d'anses. C'était à la mode à une certaine époque. L'avantage est de se dispenser de la fabrication des anses, assez onéreuse.
La décoration de cette cloche est très bonne.
Au cerveau : liseré
de mode empire, avec des guirlandes et de petites clochettes. Aspect
soigné.
En haut de panse : large décoration de type empire, avec passementerie
enserrée dans des liserés verticaux resserrés,
un peu de type ALJ Van Aerschodt.
Figures en médaillons : un personnage barbu non identifié,
aux cheveux longs. Ce médaillon enserré de deux plus petits,
contenants des mages. En latéral, christ aux épines.
En milieu de panse, Vierge Marie dans un médaillon de laurier
peu feuillu.
En pince : réseau de palmettes très serrées.
En patte : médaillons ronds contenant végétaux,
encastrés dans une décoration carrée simili-gothique.
D'une manière générale, cette cloche est d'un aspect
soigné.
Elle ne possède pas de texte de dédicace. Pas de parrain ni marraine. Cela fait penser que cette cloche a été conçue à l'avance, ce qui rejoint l'analyse de Philippe Slégers.
Elle possède comme
texte : DEDIEE A Ste PHILOMENE, dans un encart en creux, aux bouts en
triangle. Cela donne un aspect fort soigné. En fourniture, la
signature habituelle des fondeurs : FONDERIE DE FIRMIN & ADRIEN
CAUSARD A TELLIN BELGIQUE 1880. La date de 1880 est très claire.
Cela correspond à la construction de l'église, ou date
réputée comme car il ne fut pas possible de vérifier.
La volée de la cloche, un peu difficile comme évoqué...
Nous allons maintenant
parcourir l'église, le clocher et la cloche en photos.
La moitié des photos a été réalisée
par Sandy De Wilde.
Voici l'église, dans un cadre bucolique. Dans le passé,
elle s'appelait l'église Sainte-Philomène.
La nef est toute simple.
Cela en fait un édifice dépouillé, joliment lumineux.
L'autel. La sculpture est de Benjamin Lambion.
Le tableau de la nativité. Il date de 1862 et il est de J.A.
Korky.
Montons peu à peu au clocher.
De partout, il y a des vestiges d'ailes de papillons.
Le comble.
Voici une vue générale de la cloche.
En médaillon, l'homme barbu non identifié.
Le christ aux épines.
Vue générale de la faussure.
La patte, avec des décorations florales.
La signature des deux fondeurs, les Causard de Tellin.
Les palmettes assez resserrées.
Magistrale décoration !
Le sommet est à tête plate.
Détail sur l'anse-mère.
Le plateau et la décoration du cerveau.