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Les Sergeys, fondeurs de cloches


(Une biographie de Constant, François et Jacques Sergeys)


Une cloche Sergeys. Photo : Irpa.

Ce texte a été corrigé par Magda et Jacques Sergeys. Nous en les remercions !

Cette page est une biographie des fondeurs de cloches du nom de Sergeys. Cette petite dynastie comporte Constant Sergeys, François Sergeys et Jacques Sergeys. Les Sergeys ont toujours affirmé provenir de la très vaste dynastie de fondeurs du nom de Vanden Gheyn et Van Aerschodt. Ce sont les fondeurs les plus respectables de Belgique. Cette affirmation est exacte. Nous y reviendrons au sein de la biographie de Pierre Sergeys.

Cet exposé se divise en quatre parties, une introduction concernant Pierre Sergeys et ensuite chronologiquement, la biographie de Constant, François et Jacques. Vu que ces fondeurs sont récents et vu les nombreux renseignements fournis par Jacques Sergeys auprès de divers intervenants, les Sergeys sont bien connus.

*** Pierre Sergeys
Né à Louvain le 6 janvier 1827 et décédé en même lieu le 19 février 1901. Il n'est pas établi que Pierre Sergeys était fondeur de cloches, bien qu'il se présente de la sorte sur un papier à entête de sa firme. Il possédait un four et quelques documents font état qu'il aurait fondu quelques petites cloches ça et là. Il aurait aussi fondu pour la ville de Leuven, mais cette (ou ces ?) cloche(s) ont subi les dégradations liées à la seconde guerre mondiale. De ce fait, nous ne savons pas établir s'il est fondeur ou non.

Le grand aspect qui nous intéresse dans son parcours, c'est qu'il se marie avec Reine-Barbe Van Aerschodt en 1850. C'est cet évènement qui implantera la lignée Sergeys dans la dynastie Vanden Gheyn et Van Aerschodt. En effet, les Van Aerschodt sont les descendants des Vanden Gheyn. Reine-Barbe Van Aerschodt est la soeur de Séverin Van Aerschodt et de ALJ Van Aerschodt. De leur union nait Constant Sergeys, nous intéressant directement, car premier fondeur Sergeys.


Entête de courrier et estampille de Constant Sergeys.

*** Constant Sergeys
De son vrai nom Dominique-Constant-Irénée Sergeys. Né à Louvain le 12 mai 1855 et décédé en même lieu le 2 juillet 1935.

Constant Sergeys reçoit sa formation de saintier auprès de Dominique Van Aerschodt. Ce dernier était chef responsable de la fabrication aux fonderies de Séverin et de André-Louis Van Aerschodt. Notamment il était au courant des tracés de cloches, du moulage, de la fonte et de l’accordage. Quelques années plus tard, il met Pierre et Constant Sergeys au courant du métier.

Le 29 septembre 1893, Constant quitte Louvain afin de s'établir à Chênée, section de la ville de Liège. Il s'installera d'abord n°30 rue Large et ensuite rue de la Coopération. De ces deux lieux, il ne reste plus rien de reconnaissable à ce jour. A noter, la rue Large est sur Chênée, la rue de la Coopération sur Liège. Ce sont deux petites rues à deux pas l'une de l'autre. (Attention, rue Large mentionné parfois rue Large Voie dans des documentaires sur les Sergeys, c'est une erreur car c'est à Herstal).

Ses cloches sont d'une décoration néo-gothique très finement mise en oeuvre. Il y a un talent indéniable dans ce luxe de décoration, le détail et les fioritures. Des confusions sont fortement possibles avec des cloches ALJ Van Aerschodt, les aspects sont proches.

Il se marie avec Maria Verbeek le 24 août 1893 et aura pour enfants Gabrielle Sergeys et François Sergeys. Des mentions existent comme quoi il s'agit de Barbara Verbeek. C'est une erreur ; peut-être est-ce une confusion avec Reine-Barbe Van Aerschodt.

Dans le courant du début du XXème siècle, il deviendra inévitablement un concurrent direct de Félix Van Aerschodt. En 1927, il retourne à Louvain, afin de s'installer dans des locaux de fonderie déjà existants. Il s'installe en tant que domaine d'habitation dans le n°37 Andreas Vesaliusstraat à Leuven. En d'autres sources, les n°37-39 sont enregistrés en tant qu'atelier au minimum jusqu'en 1935. En réalité, il s'agit des deux, car Constant loge et travaille en cet endroit. Les mentions rue Vésale n°59 (Wikipedia) ne sont pas une erreur. C'est un simple fait de renumérotation de la rue. C'était 37 à l'époque, 59 aujourd'hui.

Il remet ses activités à son fils François, graduellement, entre 1922 et 1928.


Constant Sergeys. Collection Jacques Sergeys.

*** François Sergeys
De son vrai nom Fernand Sergeys. Il est appelé François Sergeys. Cela ne correspondait pas à l'état civil, mais il se faisait appeler comme cela. Peut-être son deuxième prénom. Peut-être Fernand était-il dur à prononcer en néerlandais. Quoi qu'il en soit, tout le monde l'appelait François. Parfois néerlandisé Frans Sergeys. Ce n'est pas spécialement une erreur, il était bilingue. Toutefois, ce nom Frans ne correspondait à aucune réalité. Ce fut inscrit sur une cloche sur requête spécifique d'une fabrique d'église, mais il n'y tenait pas plus que ça. Né à Chênée le 11 février 1896 et décédé à Louvain le 21 septembre 1983.

François Sergeys effectue son écolage à Chênée. Il ne sera jamais actif comme fondeur indépendant à Chênée mais uniquement à Louvain. Si sur une cloche, il est indiqué Chênée, alors il s'agit d'une Constant Sergeys et c'est imparable ! De plus, Constant Sergeys a été le seul fondeur belge à s'installer à Chênée.

Nous ne savons pas dans quelles conditions François Sergeys commence son écolage, si ce n'est que son nom apparait sur les cloches de son père à partir de 1922 - il s'agit toujours de travaux partagés. Dans le courant de l'année 1928, nous savons qu'il s'installe à Louvain, dans la fonderie fraîchement déménagée de son père. Il gardera son activité en ces locaux jusqu'en 1970.

Ses activités sont florissantes. Elles sont toutefois ralenties puis stoppées, comme pour tous les fondeurs, durant la seconde guerre mondiale. Il met à profit cette période afin d'améliorer ses techniques d'accordage. Ses cloches sont d'une décoration soignée, gothique ou néo-gothique. Au premier coup d'oeil, elles peuvent être confondues avec des Beullens ou des Michaux. Malgré tout, il appert vite que les motifs, bien que semblables, sont d'une qualité de fonte beaucoup plus aboutie. Un élément de reconnaissance est assez souvent existant, en quelque sorte une signature du fondeur : une tête d'ange ailée, en dessous du rinceau de cerveau. Ce cas assez unique permet de déterminer qu'il s'agit d'une François Sergeys sans grande crainte !

Après la seconde guerre mondiale, il est appelé à une immense tâche, repeupler les clochers suite aux enlèvements réalisés par les allemands. De 1945 (date précoce par rapport aux autres fondeurs) jusqu'en 1955, il réalisera un grand nombre de cloches d'appel.

Il a un fils : Jacques Sergeys, qui sera lui aussi fondeur de cloches. Ils s'installeront en collaboration sous le nom Sergeys père & Fils. Cette collaboration est bien plus qu'un écolage. Les travaux de fonte seront conjoints durant 24 ans.


En rinceau, l'ange ailé est une aide à la détermination.

*** Jacques Sergeys
Né à Louvain le 26 juillet 1933. Attention, le DFIM mentionne 28 juillet par erreur.

Après des études d'ingénieur industriel, il s'installe dans la fonderie de son père en 1956, une activité conjointe qu'il gardera jusqu'en 1970, année marquant l'arrêt d'activité de son père. Durant cette période, nombreuses sont les cloches qui sont signées FR et J SERGEYS. Elles peuvent l'être aussi par la simple mention : SERGEYS PERE & FILS. Par la suite, il travaillera de manière indépendante jusqu'en 1980. Il a été le dernier fondeur de cloches belge actif en Belgique ; Michiels JR est stoppée en 1962 et Causard-Slégers en 1970.

Son activité est assez conséquente, les cloches Sergeys sont nombreuses. En sus, il travaille régulièrement à la restauration de carillons historiques - ce que de nos jours on appellerait un expert campanaire. Il réalise aussi des cloches à l'aspect particulier, notamment dans le cas de la fourniture des 7 cloches destinées à l'église orthodoxe d'Uccle.

Ses cloches ont un style assez reconnaissable, mettant en oeuvre des formes géométriques plutôt épurées (notamment les tuyaux d'orgues). En 1979, il passera des commandes auprès de Pierre Paccard. Certaines de ces cloches en question possèdent une inscription SERGEYS d'un côté, PACCARD de l'autre. On trouve de ces travaux au sein du carillon de Namur et celui de Nivelles.

Inlassable défenseur de la cause campanaire, Jacques Sergeys a fourni d’innombrables informations à l'ACW et à l'Organiste. Il a reconstitué une fonderie de type 'début 1900' au museum Vleeshuis d'Anvers, dans une salle intitulée De klokkengieterij Sergeys. Il a été initiateur de la rédaction d'un livre sur le campanaire à Louvain : het klokkenpatrimonium van Groot-Leuven. Il est membre très actif de Campanae lovanienses.

Après fermeture de l'atelier Sergeys en 1980, Clock-O-Matic a repris l'affaire. Il s'agit d'une firme basée à l’époque à Herent près de Louvain et actuellement à Holsbeek. Jacques Sergeys a été confirmé dès lors comme expert campanaire indépendant.

***

Concernant une grande majorité d'instruments, il est aisé de distinguer des cloches Sergeys, vu les périodes d'activité. En résumé, cela peut se borner comme suit : Avant 1880, en principe une erreur de datation. 1880 à 1927 = Constant Sergeys. De 1927 à 1956 = François Sergeys. De 1956 à 1970 = Sergeys Père et Fils. De 1970 à 1980 = Jacques Sergeys. Quelques courtes périodes de chevauchement peuvent exister vu les activités d’écolage.

Bibliographie
- Dictionnaire des facteurs d'instruments de musique en Wallonie, Malou Haine, Nicolas Meeùs.
- Bulletin campanaire de l'ACW.
- Rencontre avec Jacques Sergeys, le 29 mars 2014.

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