Une cloche Waghevens. Photo : Irpa.
Cette page fait le point sur :
* Les cloches qui mériteraient un classement comme monument historique
en Wallonie, avec une liste actualisée, spécifique et différente
du RECIB.
* L'avancement des recherches quant aux statuts de protection envisageables
pour lesdites cloches.
A qui appartiennent les cloches ?
Il existe trois types de propriété.
1) A l'administration communale (AC), qui est propriétaire du bâtiment,
et qui s'en retrouve donc le gestionnaire.
2) A la fabrique d'église (FE), qui est propriétaire du
bâtiment et qui possède toute latitude quant à la
gestion, pour autant que l'évêché géographiquement
compétent donne son accord.
3) A une personne privée, qui possède toute latitude quant
à la gestion, voire même la transformation, pour autant que
le service urbanisme de l'administration communale donne son accord.
Est-ce identique dans toute la Belgique : oui.
Une cloche ancienne est-elle automatiquement
classée ?
En Allemagne, oui. En France, presque toujours oui. En Belgique, non.
En Belgique, les statuts sont différents selon les régions.
Nous ne connaissons pas les statuts en Flandre et très peu ceux
en région de Bruxelles-Capitale. Nous donnons donc ici les valeurs
concernant la Wallonie. Si le bâtiment est classé et qu'il
est expressément mentionné les cloches dans l'acte, alors
oui la cloche est classée. Autrement, la cloche n'est pas classée,
sauf si un acte spécifique la vise.
La cloche est un élément de mobilier par nature, car on
peut la déplacer. Toutefois, la cloche est considérée
comme un objet immobilier par destination, car elle est fabriquée
pour un édifice particulier.
De ce fait, la plupart du temps l'objet « doit » être
visé par un acte, et le plus souvent ce n'est pas le cas. Dès
lors, dans le respect des règles administratives, le propriétaire
a tous les pouvoirs, même celui de refondre l'objet.
Une cloche ancienne est-elle inaliénable
?
Non.
Si l'église est classée, cela ne signifie pas que les cloches
ou l'orgue le sont. Le plus souvent, une clause stipule « à
l'exception de l'orgue et des cloches », car il est connu que ce
sont deux postes relativement couteux. Le classement de l'église
vise le plus souvent le bâti.
Il n'existe pas en Wallonie de classement des cloches actuellement, même
pour les objets déposés en musée. A contrario, le
musée peut prendre un arrêté de classement de l'entièreté
de son mobilier, à titre d'objet. Cette démarche est strictement
individuelle.
Dans le cadre de désacralisation d'édifice, la plupart du
temps il est trop tard. Lorsque nous sommes mis au courant, l'ensemble
des actes sont déjà produits. La seule solution existante
est d'agir en amont de la désacralisation, afin de prendre un acte
concernant la cloche visée.
Peut-on faire n'importe quoi avec une
cloche ancienne ?
Oui et non.
Non car elle reste la propriété d'une entité.
Dans le cadre d'une AC, la cloche est un élément mobilier
faisant partie de son patrimoine. Si l'AC décide de vendre, de
prêter ou de donner ce mobilier, elle doit réaliser une sortie
du « patrimoine », qui est dans la pratique une armoire le
plus souvent gérée par le receveur communal (nouvellement
nommé directeur financier).
En cas de séparation d'un élément de mobilier, l'AC
doit obtenir l'accord de son conseil communal.
Une AC peut tout vendre, que ce soit une cloche médiévale
ou non.
Dans le cadre d'une FE, la cloche est un élément mobilier
faisant partie de son patrimoine. La FE est gestionnaire de son mobilier.
Cela ne signifie pas pour autant qu'elle est entièrement libre.
Si la FE décide de vendre, de prêter ou de donner ce mobilier,
elle doit obtenir l'accord de la cellule patrimoine de son évêché.
L'évêché ne va pas du tout statuer sur la question
de l'ancienneté de la cloche. Cela n'entre pas dans ses compétences.
L'évêché va statuer sur la question : est-ce une opération
adaptée ou non quant à l'église visée. Nota,
il en serait parfaitement de même quant à une acquisition
!
Donc non car c'est une propriété d'une entité.
Mais oui car c'est un objet comme un autre.
Pourquoi classer une cloche ?
En vue de la protéger. C'est-à-dire :
- Afin qu'en cas de guerre, elle ne soit pas détruite en mitrailles
d'artillerie
- Afin qu'un fondeur de cloches indélicat ne la refonde pas
- Afin qu'un gestionnaire ne fasse pas n'importe quoi en matière
d'entretien
- Afin que les montages soient corrects et non destructifs
- Afin de posséder des moyens de pression en cas de déplacement
inadapté
- Afin de documenter prioritairement les cloches historiques
- Afin que la Région Wallonne réagisse et prenne conscience
de son patrimoine
- Afin de faciliter l'aboutissement des dossiers d'entretien
L'état de nos clochers est souvent pitoyable et alarmant - nulle part cela existe en Allemagne. Il est rare que j'attaque par des mots aussi peu pondérés. En un nombre non négligeable de lieux, certains refusent de m'accompagner parce que les planchers ne sont plus que pourriture. Il est urgent de réagir, même si cela doit se solder par des démontages de cloches afin de les protéger. Un état de telle négligence est une médiocrité. Il est évident que d'attaquer le sujet par des paroles aussi caustiques ne sera pas là pour plaire.
Peut-on expertiser une cloche ancienne
?
Pour l'instant, non.
Il n'y a pas d'expert campanaire attitré, comme cela peut être
le cas en France.
Des dissensions existent quant aux termes : expert campanaire, campaniste
et campanologue. C'est assez difficile de mettre une fin à ces
dissensions, car les noms sont variables selon les langues. Outre toute
polémique, nous définissons ici les termes, uniquement pour
la praticité :
- Campanologue : Historien de l'art spécialisé en
art campanaire. Par extension, couvre l'activité de nombreux passionnés
(youtube, etc), pas spécialement historiens de formation.
- Campaniste : Artisan campanaire qui travaille sur l'entretien
des cloches et suspensions. N'est pas un fondeur, mais par contre un fondeur
peut être campaniste.
- Expert campanaire : Spécialiste ayant la capacité
de s'exprimer quant à la valeur historique, musicale ou patrimoniale
d'une cloche. Spécialiste ayant la capacité de juger un
montage. Ce spécialiste ne sera pas pour autant celui qui monte
la cloche.
Un expert est forcément quelqu'un ayant une solide connaissance
en histoire de l'art. C'est aussi quelqu'un qui maîtrise les techniques
campanistes et qui a une solide connaissance métallurgique.
Actuellement en Wallonie, il n'existe pas d'expert ayant la fonction administrative
d'expertiser les cloches. Il existe quelques passionnés ayant 'à
peu près' la capacité de le faire, mais cela n'a pas de
valeur administrative.
Qu'est-ce qu'une cloche ancienne ?
Nous avons arbitrairement placé la date de 1789 comme date limite.
Cela n'a pas spécifiquement une valeur en matière campanaire.
Cela se situe avant la révolution industrielle, c'est tout.
Actuellement, cela correspond à plus ou moins 450 cloches inventoriées
en Wallonie. Cette valeur est amenée à fortement évoluer.
Actuellement, cela correspond à plus ou moins 300 lieux. Certains
lieux ne comportent qu'une seule cloche, d'autres sont un carillon de
30 et quelques cloches.
Les cloches anciennes sont elles-connues
?
Plutôt non que oui.
Un inventaire bénévole est réalisé (RECIB).
16.500 cloches sont connues en juin 2014. Des apports de 1200 cloches
supplémentaires sont en cours.
16.500 sur 30.000 estimées en Belgique.
A noter cependant qu'il existe plusieurs statuts dans cet inventaire.
Présence attestée = vue par une personne fiable.
Présence certaine = décrite dans une littérature
fiable.
Présence probable = décrite dans une littérature.
Présence à vérifier = décrite dans une littérature
non fiable.
Registre xxx = registre d'un fondeur ou d'un chercheur.
De ce fait, une importante campagne de campanographie serait nécessaire.
Il est en effet déraisonnable de projeter des classements administratifs
sur des données uniquement basées sur une « présence
probable ».
Bémols à citer
Vu l'urgence de la situation, nous nous concentrons sur les cloches anciennes,
mais d'autres cloches mériteraient d'être classées.
- Qualité musicale : par exemple le gros bourdon de Koekelberg,
bien que ça soit une cloche fort récente.
- Qualité épigraphique : par exemple la cloche Saint-Géry
de Bruxelles (Sainte-Gudule).
- Qualité de rareté : par exemple une cloche Léopold
Marquebreucq, étant donné qu'une seule est subsistante en
clocher.
- Qualité locale : correspond à une histoire locale mouvementée
et particulière.
- Qualité métallurgique : correspond à une recherche
métallurgique spécifique, par exemple les cloches Oborzil
(non applicable à la Belgique).
Etc.