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Les cloches de Saint-Lary-Soulan

 

Lors de deux chantiers ayant eu lieu à des dates différentes, deux cloches ont été trouvées sous terre à Saint-Lary-Soulan, dans les Hautes-Pyrénées. Ces cloches ont été restaurées. Elles sont désormais exposées au public, sous un portique contenant un nouveau carillon Paccard de 12 cloches. L'installation ne manque pas d'être intéressante, vu l'ancienneté des deux cloches. De ce fait, nous vous proposons une description détaillée.

La plus grosse cloche date de 1507 et pèse 500 kg. Elle possède un texte en latin qui se traduit par : Au nom de Jésus sauveur des hommes, je vous salue Marie, de la foudre et des tempêtes, délivre-nous seigneur. Le texte est dans une étrange police gothique ressemblant à une textura très relâchée. Dans l'ensemble, l'épigraphie est plutôt maladroite. Elle est d'un style antérieur à 1507, ce qui fait dire que c'était une cloche peu moderne pour son époque.

Alain Jouffray et Vincent Laumaillé estiment que cette cloche provient très clairement d'un fondeur itinérant.

La plus petite cloche date de plus ou moins début 1400 et pèse 300 kg. Elle possède un texte en latin qui se traduit par : Jésus de Nazareth, je suis la voix qui invite à la fête. Le texte est dans une police onciale légèrement maladroite mais très soignée. Cet aspect est renforcé vu l'ancienneté de la cloche. Chaque lettre est traitée comme une lettrine majuscule, encadrée et parfois ornementée. Cette ornementation est de très grand soin, bien qu'étant je le redis d'une mise en place légèrement maladroite.

Afin de fêter la présentation de ces deux cloches anciennes, la commune de Saint-Lary-Soulan a fait couler un carillon de 12 cloches, sur site, le 27 avril 2013, par la fonderie Paccard. Ce carillon domine les deux cloches anciennes, qui sont fixées sur un discret et esthétique promontoire en pierre. Ces deux cloches ont été rénovées par Laumaillé, une entreprise campaniste de la ville d'Ibos (Tarbes).

Ces deux cloches sont-elles des cloches de hasard ? Pas exactement, mais un peu tout de même ! Une cloche de hasard est une cloche qui était réalisée pour un village A, et qui pour une raison ou une autre se trouve installée dans un village B, sans que A n'ait jamais été desservi. Le souci qui préoccupe les chercheurs, c'est que ces deux cloches sont trop grandes pour être installées dans un édifice de Saint-Lary ou Soulan (ceci notamment et surtout concernant la plus grande). Elles proviennent donc forcément d'ailleurs...

Les historiens pensent que ces cloches ont été enterrées dans la propriété Ladrix afin d'être protégées des conflits. Cela pourrait être la révolution ou plus précisément la période du Concordat (1793). Ainsi enterrées sous deux mètres de terre, elles échappaient aux prédateurs. Ceci pourrait très bien être les guerres de religion, antérieures. La connaissance de cet enterrement s'est perdue au fil du temps. C'est finalement 2006 et 2009 qui les virent sorties de terre, par le plus grand des hasards et un peu de chance.

La dépêche du Midi écrit à ce titre : Rappelons que c'est un pur hasard si une deuxième cloche a été retrouvée, lors du chantier de la résidence de tourisme Les Fermes de Saint-Lary, rue Soulan. En effet, la dalle de propreté avait déjà été coulée. Mais le bâtisseur avait oublié quelque chose et a creusé un trou au milieu. Et l'airain est apparu : une cloche de 1 m de haut pour 500 kg, avec son battant rongé par la rouille.

Voilà une bien curieuse affaire, qui n'est pas spécialement fréquente. Afin d'affiner la restauration de ces objets, tout laisse à penser qu'il a été passé un baume donnant un aspect vert-de-grisé à ces cloches, d'où la couleur franchement verte. Ces deux belles rescapées sont visibles en photos ci-dessous.

La cloche de 1507


La voici toute entière.


De son autre côté.


Vue générale du décor, avec à droite, le coup de griffe de la pelleteuse.


Détail sur l'épigraphie. Les lettres sont bizarrement formées. Par contre on voit que derrière, ce
sont des compositions florales du plus soigné.


Une croix de malte placée sur un piédestal.


De l'autre côté, une troisième croix.


Détail sur l'étrange gothique utilisé en épigraphie.


Les anses, de bien faible qualité.

La cloche du XVème siècle


La voici aussi toute entière.


De son autre côté.


L'épigraphie, une onciale majuscule et formée en lettrine.


Détail sur la couronne.


Cette cloche est en profil ultra-léger.


Les lettrines sont bien fameuses parfois !


Le dernier côté manquant.


La restauration est superbe.


Le carillon Paccard.

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