Cette visite fut pour le moins surprenante, car en aucun cas on ne s'attendait à l'emplacement de cette exploitation, qui fut pour nous difficile à localiser. Il s'agit d'une carrière souterraine de tuffeau, située dans le Mergelland. Aux fins de protection du patrimoine, le lieu exact ne sera pas révélé en cette page, ce notamment afin d'éviter les tags sur les inscriptions, quand bien même ces dernières se trouvent être condamnées à relativement court terme. En effet les lieux sont dans un état inquiétant, de nombreux blocs ont chuté.
Nous sommes ici dans une histoire parfaitement similaire à celle du Jezuiëtenberg. Durant leurs heures de détente, des étudiants souhaitant devenir prêtre ont réalisé de nombreux dessins aux murs d'une carrière souterraine. Cela explique le nom que je donne au lieu : la carrière du noviciat, car les apprentis étaient des novices capucins aspirant à devenir prêtres. D'après les inscriptions présentes aux murs, et notamment les profils des dessinateurs aux murs, les premiers dessins ont été réalisés dans une période située aux alentours de 1905, par des frères peu identifiés. Une seconde plus grande période date de 1928-1928. Reste toutefois que le plus gros de l'activité daterait de 1961 à 1964.
D'un point de vue historique, nous ignorons tout de l'origine du creusement. Il s'agit indéniablement de pierre à bâtir au vu de la découpe à la scie et d'une exploitation assez ancienne. La carrière souterraine est d'assez petite dimension, il n'y a pas moyen de se perdre. L'exploitation subit une dégradation graduelle très importante, avec de nombreux piliers fracturés et des chutes de blocs. Le site est indéniablement dangereux. Des effondrements futurs et un peu plus conséquents sont à craindre. Une carrière à ciel ouvert, fut exploitée à l'explosif juste à côté, cela a amené beaucoup de démolition au sein de cette carrière souterraine, probablement du fait de la propagation des vibrations. En 1959, le site souterrain a subi un effondrement massif. Nul de nos jours n'a clairement connaissance des dessins ayant disparu, mais notons qu'entre 2006 et aujourd'hui, déjà certains sont rendus inaccessibles. Cela signifie donc bien que les effondrements ayant lieu dans ce site souterrain ne sont pas de la fiction.
Dans la section centrale, il y a eu une inondation passée. Il reste les vestiges d'un niveau d'eau et de boue de 40 centimètres et au sol, de grosses plaques de boue desséchées. D'un point de vue graphique, hormis les dessins aux murs, la carrière n'a pas d'intérêt spécifique, d'où le fait que je ne mentionne qu'une seule photo montrant l'aspect global.
C'est durant la seconde période que les plus grands travaux sont effectués, et notamment durant l'hiver rigoureux de 1963. Les novices profitent des lieux afin de bénéficier d'une température agréable. Les visites sont réalisées en douce, car rien de ces travaux ne furent officiels, même si cela se traduit par une grande tolérance, car attrapés par la police des mines (mijnpolitie), les novices sont mis en garde du danger potentiel du site, sans qu'une quelconque autre procédure ne soit introduite.
En 1911, les frères réalisent la chapelle, qui au vu de son importance, se voit en fin de compte être consacrée en 1961, et aussi étonnant que ça soit, l'est toujours. Il subsiste quelques blocs sculptés, en mauvais état, de la reine Wilhelmina.
Lors d'une visite réalisée en toute discrétion en 1960, les pères découvrent aux murs les dessins de 1905 et la chapelle de 1911. Ils se disent alors que dès la vacance suivante, le jeudi généralement, ils ajouteraient les leurs. L'éclairage était réalisé à la simple bougie, il faut dès lors imaginer les conditions de luminosité ! A ce titre un novice a chuté et ce faisant, sa bougie s'est éteinte. Il a dû attendre plusieurs heures, dans le silence, que les autres partent à sa recherche et le sortent de là.
Le Père-Abbé découvre la manigance au début des années 60. Les novices prennent peur des réprimandes, mais aussi surprenant que ça soit, les travaux sont appréciés et dès lors soutenus. C'est ainsi que l'activité perdure. Peu de temps après malheureusement, les novices déménagent et c'est ainsi que toute activité souterraine est purement et simplement stoppée. Il est à noter, en guise de complément, que tous les dessins ne proviennent pas forcément des novices ; il est en tout cas soupçonné qu'un certain nombre (peu important) provient d'un autre auteur.
Je ne peux citer mes sources au vu que cela donnerait l'emplacement du site souterrain avec une certaine exactitude. Je remercie l'auteur pour toutes les recherches effectuées.
C'est la seule photo de l'aspect général de la carrière.
Les lieux sont d'une assez grande banalité. Dans sa partie
centrale, il y eut une épaisse couche de boue. Aujourd'hui
tout est craquelé.
Les novices de la période 1945-1946 ont signé en dessinant
leur profil. C'est une méthode assez fréquente dans
le Mergelland.
Un chasseur et sa proie, un chevreuil. A ce titre il y avait une martre
dans la carrière.
La mort rôde aussi et vu les blocs au sol, on n'en doute pas.
Respice stellam, voca mariam, la barque de Saint-Pierre, le symbole
des voyageurs perdus sur une mer turbulente : suis l'étoile
et invoque Marie.
Des personnes inquiètes, que voient-elles au bout du chemin
?
Une très curieuse scène, un homme menacé par
un crocodile et une lune à chapeau observatrice.
Le portrait du dignitaire égyptien Abbas Hilmi Pasa.
Stichter van het gezelschap van Maria, une congrégation religieuse.
Une scène de guerre dans les tranchées 1914-1918. Certains
des frères furent emportés dans le conflit.
Une scène brisée représentant Jésus.
Un joli paysage avec un moulin. Il pourrait s'agir de Kinderdijk.
Un joli portrait brisé. Il est épatant.
Il pourrait s'agir d'une version fort ratée d'un portrait de
Victor Hugo.
Toujours Abbas II Hilmi, l'auteur y tient !
Presque enfoui sous les effondrements, un paysage maritime.
Jésus attristé à Gethsémani.
Le chariot à chats, mais les têtes ont été
effacées.
Jésus fait prisonnier.
Ce carré découpé peut paraître surprenant,
or ceci a une explication simple : il s'agit de vol et vandalisme,
réalisé en fin de l'année 2009. Un carré
a été découpé afin d'être revendu
(ou conservé ?). C'est purement totalement scandaleux, surtout
lorsque l'on sait quelle est la fragilité extrême de
la marne de tuffeau. Une personne a ajouté : merci Saint-Nicolas.
Nous voici dans la chapelle.
Elle possède un sanctuaire représentant un Jésus
tout puissant, dominant le peuple ruiné par le péché,
d'où le fait qu'un personnage tienne un livre Opera Carnis.
Une vaste seconde partie de la chapelle, avec ses prieurs.
Bien que ça soit dégradé par le temps, c'est
d'un grand esthétisme.
Entre les colonnades, le père-abbé prêche la bonne
parole.
Chaque mur est décoré.
Etonnamment figure Jeanne d'Arc au milieu de ce paysage religieux.
Ecce Ancilla Domini, la scène de l'annonciation.
Jésus annonce sa mort à venir. Un apôtre manque
: Judas.
Le portrait de Jésus.
Un homme domine un escargot. C'est en cela qu'on se dit que tous les
dessins ne proviennent pas forcément des frères, quelques-uns
ne cadrent pas.
Le Humbeek kasteel, château de Humbeek.