Cette usine étant en activité, je l'affuble d'un nom ridicule : l'usine carbone. Cet établissement va être rasé sous très peu. Lorsque le chantier de démolition sera entamé, je me permettrai de nommer le lieu et de documenter son historique. J'ai pris le choix de ne pas la nommer dans l'immédiat étant donné qu'il s'agit d'une entreprise exerçant une activité assez peu courante. Je ne maîtrise pas l'entièreté du process, (la littérature disponible en anglais se limite au graphite radioactif). De ce fait afin de garantir le sérieux de la documentation, il m'a paru important que je me limite à ce qu'il est raisonnable de dire, c'est-à-dire malheureusement très peu.
De surcroît, je n'ai pas eu d'accroche particulière avec l'esthétisme des lieux. Vitres ou bardages arrachés, noir crasseux saupoudrant les structures, désordre total, machines-outils dévastées : visiter le site n'a pas été un coup de coeur.
Aussi incongru que cela puisse être, en 1865, l'emplacement de l'usine était un cimetière. Les ossements ont été évacués. Pauvres morts ! Par la suite l'implantation a été destinée au criblage de charbon en vue d'alimenter un haut-fourneau. Cette fonction est à l'arrêt depuis de nombreuses années.
Cette usine est un établissement semi-sidérurgique, semi-traitrement-de-déchets. Dans les usines sidérurgiques et verrières, il se produit des revêtements carbonés sur les briques réfractaires des fours. Selon des processus complexes de fraisage, ces matières indésirables sont ôtées. C'est particulièrement le cas dans ce qui est processus de haut-fourneau et de cokerie. Ces co-produits ne peuvent rester sur site, donc ils sont envoyées en traitement. L'usine visitée ici procède au broyage de ces matières carbonées, au regroupement dans des big-bag, et à l'évacuation.
Une part de nettoyage existe, bien qu'en réalité le graphite est le plus souvent formé dans des conditions relativement pures. Il n'est procédé à aucune transformation chimique durant le recyclage du graphite. Les matières sont purifiées, valorisées en pellets, en boulets ou en poudres, puis vendues. Il s'agit dès lors de ce qu'on appelle du graphite synthétique. Le problème essentiel de ce genre de processus est dans l'étape du broyage, du fait que cela produit des poussières micronisées en grande quantité.
La principale application du graphite synthétique est la vente en poudre vers les fonderies, dans le but d'augmenter la teneur en carbone de l'acier fondu. Afin de pouvoir servir en cokerie, le graphite est pelletisé en petits calibres, ce qu'on appelle la granulation. En l'usine visitée, cette étape de boulettage je ne l'ai simplement pas reconnue. A savoir que l'utilisation de graphite en cokerie est assez accessoire.
La structure de l'usine est dans un tel état de délabrement qu'il en a été pour ainsi dire impossible d'en reconnaître les machines-outils. L'offre absolument excédentaire de graphite, dans le cadre d'une sidérurgie globalement atone et le secteur véhicules en progression très lente, provoque que l'usine n'a pas autre devenir que d'être rasée. Placée dans un consortium métallurgique ravagé et en plein cour de l'habitat urbain, il est aisé de comprendre qu'aucun autre avenir ne peut exister.
L'usine est en plein secteur d'habitat.
Bien qu'extrêmement usée, elle se dresse fièrement.
Le hall bas.
On y trouve un boxon indescriptible.
Vers le secteur des machines.
Deux big bags viennent d'être chargés.
Sous la tour. C'est intensément chié par les pigeons.
Un ancien panneau de contrôle.
Triste usine.
Des escaliers permettent de monter dans la tour.
De nombreuses portes d'ascenseurs ponctuent les niveaux.
Poudre micronisée.
En charge.
Peu à peu je monte la structure.
Sous la toiture du bâtiment bas.
Certaines structures ont l'air abandonnées.