Ce curieux sujet concerne un camping abandonné, ce qui est pour le moins inusuel parmi nos pratiques documentaires. Il s'agit de l'établissement nommé La Davière à l'île de Ré, sur la commune de La Couarde. Il serait possible de lui donner plusieurs dénominations, comme le camping de l'orpin, au vu que des sols sont terriblement colonisés par des poquets d'orpin brûlant, ou encore le camping des lapins ; nous ne ferons pas de dessin quant à la raison amenant à nommer le site de la sorte !
Le camping de La Davière est en état d'abandon du fait de la tempête Xynthia. Nous n'écrirons pas l'historique de la tempête, au vu que cela existe en larges parts ailleurs, bien documenté de plus. Par simple souci de placer le camping dans un contexte, nous évoquerons uniquement que Xynthia fut une tempête survenue entre le 26 février et le 1er mars 2010. Loin d'être exceptionnelle de par ses vents, elle a été cumulée a une marée d'un coefficient 102. Cette conjonction a entrainé une surcote de 1,50 mètres. Certaines digues ont rompu, en d'autres endroits les dunes ont été éventrées. Cette situation a provoqué 59 morts en France.
Les dégâts sont extrêmement conséquents sur le continent, de l'autre côté du Pertuis Breton, sur les communes de La Tranche, L'Aiguillon, La Faute. Sur l'île de Ré, les dégâts sont considérables sur les communes de La Couarde, Saint-Clément-des-Baleines, Les Portes et La Flotte.
Au même titre que le camping municipal de La Faute (dont nous donnons quelques photos en fin de documentaire), le site de La Davière se voit totalement inondé du fait de la rupture des digues, dans la nuit du 27 au 28 février 2010. L'isthme du Martray est totalement inondé, l'île est coupée en deux étant donné que depuis Ars, on ne peut plus rejoindre Loix. Le terrain du camping reçoit des eaux jusqu'à 1,60 mètres de hauteur.
Du fait d'un tourisme traditionnellement haut de gamme sur l'île de Ré (au contraire d'Oléron), cumulé au fait que ce tourisme concerne majoritairement des personnes d'un âge avancé, les campings sur Ré ne sont traditionnellement pas des terrains nus où l'on vient planter sa bête canadienne. Il s'agit de lieux où sont établis de nombreux mobil-home. Le site possédait une capacité de 48 mobil-home et 53 bungalow-tente. De ce fait les ravages sont intenses. L'entièreté des installations se retrouve semi-broyée dans un état de chaos indescriptible. Les mobil-home ainsi que les caravanes sont inévitablement voués aux grues et aux pelleteuses : tout est broyé.
Le ridicule d'internet est que des milliers de sites permettent encore de donner son avis sur ce camping, du simple fait de s'être trouvé un jour dans l'annuaire téléphonique.
A la suite du ravage, un certain nombre d'installations rouvrent leurs portes. Les plus fragilisés du point de vue économique ne le font pas, mais cela reste en fin de compte plutôt sporadique. Un autre nombre ne rouvre pas du fait de décisions judiciaires, c'est notablement le cas de la Davière.
Le site, exploité par les villages vacances VTF, est localisé à une altimétrie estimée à moins 1,50 mètres par rapport à la cote de haute mer. Un certain nombre de sites se voient localisés en zone rouge inondable. Une zone non négligeable de l'isthme du Martray est placé en zone noire, ce qui en fin de compte est encore pire. Malgré la remise en état de la digue du Boutillon ainsi que celles du Fiers d'Ars, l'Etat ne considère pas le camping en secteur sécurisé. La réouverture est impossible, ce qui donne lieu à un arrêt judiciaire et une fermeture administrative ordonnée le 21 avril 2011.
Parmi les 32 campings de Charente-Maritime violemment touchés par la tempête, 7 font l'objet d'une fermeture définitive. Il s'agit des campings « Les Chalets de la Plage », « La Plage » et « Le Clos Richelieu » à Aytré, « La Fumée » à Fouras, « La Davière » à La-Couarde-sur-Mer comme évoqué, « Les Tamaris » à La Rochelle et le camping municipal de Chenac-Saint-Seurin-d'Uzet. Comme nous l'avons précisé, cette situation est complétée en Vendée. Notons aussi que « La Lizotière » à Aytré ne rouvre pas.
Depuis lors, le site est état d'abandon. Il ne peut guère en être autrement, du fait notamment que c'est un lieu globalement isolé. Quant à transformer en parking, ça ne rencontrerait pas un succès fou. L'exploitant se trouve contraint de conserver cette épine dans le pied, dont en fin de compte personne ne voudrait. Une colossale digue a été érigée le long du Martray en berge sud. On s'en arrête à là. Le camping dès lors est voué à un curieux sort : être colonisé par de terribles cohortes de lapins.
Plus aucun rire n'émaille ces terrains de vacances. Je vous invite à vous promener ci-dessous dans une curieuse ambiance jaune, au sein d'un calme apaisant, seulement brouillé par les gazouillis enjoués des troglodytes et des rougequeues.
Vous pouvez écouter l'ambiance des lieux ci-dessous :
Le petit excité que l'on entend est le chardonneret élégant. En Algérie il est souvent détenu en captivité, pour la beauté de son plumage. Que ce bienheureux rétais vive en liberté et en paix ! <3
L'ancienne entrée.
Un bloc vaisselle.
Les corps principaux du camping.
Les arbres décédés donnent une ambiance morbide.
L'orpin contrecarre avec une beauté jaune.
Ancien emplacement devenu désert.
Les blocs sanitaires.
Jeux pour enfants.
Au fond, la salle des fêtes.
La maison au bloc rouge, là où j'ai pris mon repas !
L'ancienne entrée.
Le bâtiment d'accueil.
La salle des fêtes.
En alignement s'il-vous-plait, et soyez productifs !