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Compte-rendu – Le tour de l’île de Ré à pieds

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19/05/2018 au 26/05/2018

Dédié au commandant Jean-Claude Saratte. (J’ai toujours mon diplôme de 1999)

Samedi

Départ à 5h00 depuis Louvain-La-Neuve. Suite à mes récurrents soucis routiers vers Mons& Valenciennes, je ne pars plus pour l’instant le vendredi soir. Aux serres de LLN, je prends Martine et Michel, que je dépose à Paris. Le trajet se déroule très bien. A la porte de Charenton, je trouve une place super-bien. Tout le monde se fait verbaliser, sauf moi car je suis à côté du véhicule ! Je prends Laurane et Claire, à destination de La Rochelle. Quelques embarras routiers à Paris sont à déplorer, mais ça reste minime. 40 minutes de retard. Sous une chaleur déjà bien présente, nous arrivons à La Rochelle à 15h30.

Il se trouve là en quelque sorte le parking malin: rue de l’Église à La Rochelle donc. C’est le parking le plus proche du pont, avec de l’habitat autour. Il existe plus proche (au belvédère), mais alors la voiture est en rase campagne dans un environnement glauque, celui du port de La Pallice. Le pont est tarifé 8 euros en hiver, 16 euros en saison.

Le temps de finaliser le sac, je démarre la promenade à 16 heures. Le soleil est très présent, ça tape dur. Le début de la marche se déroule dans un environnement tout à fait typique du Havre, suite d’avoir longé la Seineon ne s’y retrouverait pas dépaysé, mais la très vive sensation de danger en moins : c’est simplement portuaire et voici-voilà.

Arrivé au pont commence le voyage.Les traversées de viaducs peuvent être redoutables (doux souvenirs de Tancarville où j’avais l’impression de boire un café assis au milieu de la bande de gauche d’une autoroute !). Ici c’est aménagé. Au nord les vélos, au sud les piétons, deux conséquentes rambardes de béton protégeant du trafic. C’est pour le moins bruyant mais bien sécurisé. Le pont fait 3 kilomètres, il ne se traverse pas en quelques instants c’est le moins qu’on puisse dire. Là-haut, on a vue sur le port de La Pallice. Les énormes silos sont à considérer comme un amer. Bien des fois je m’en servirai.

Après une demi-heure, je me trouve de l’autre côté. Le but de ma promenade est de réaliser le tour de l’île en sens contraire des aiguilles d’une montre. Ce sens, parce que le nord est souvent le plus compliqué, le sud ce sont des plages rectilignes. Crevé ça m’arrangera bien les plages !

Le début de parcours se situe à Rivedoux. C’est une vaste plage en anse, avec une ambiance urbaine. Etant en marée haute, je ne peux longer la plage et donc dès l’écluse du Purais, je me retrouve coincé à suivre la grosse route desservant Saint-Martin. Vroumvroum… C’est un paramètre connu. Le tintamarre est loin d’être insoutenable puisque la longueur de parcours est de 2,5 km.

Coupant enfin vers la droite dans les chemins, j’arrive au fort de la Prée, gros ouvrage Toiras. Je ne peux le visiter étant donné qu’un mariage s’y déroule, ce qui a l’air d’être chose fréquente. Du coup j’avance et j’arrive à l’abbaye ruinée des Châtelliers. Elle est jolie au cœur de ses pâtures rases. C’est de la sorte que j’aborde la petite ville de La Flotte. En bord de mer, je prends un repas solitaire, il n’y a pas un chat.

Dans La Flotte, je ne trouve pas le resto Chez Steph (photo pour Nico) et quitte le village. A partir de maintenant, je cherche un squat. Entre La Flotte et Saint-Martin, je sais que j’ai un créneau peu développé afin de trouver. Cette section est fort urbanisée. Comme je ne trouve rien, je me pose dans le terrain d’un bâtiment inoccupé, les volets sont clos. Les herbes font 50 cm de haut, donc on ne me voit pas. Nuit 3 étoiles. Au petit matin, le couchage est envahi d’escargots blancs !

Longueur de parcours : 15,1 km.

Dimanche

Départ à 6h40, j’étais crevé. Petit-déjeuner pris dans le couchage, c’est toujours agréable. Je suis sous un vaste pin maritime. Un merle chante tideliou, puis un pinson arrive et durant le chant, dit tidouditadadou. Le merle passablement énervé refait un tideliou, puis se fait à nouveau couper la parole. On le sent agacé le mec. Il dit mais-allez-tideliou…, puis paf tidouditadadou ! On sent bien que le pinson est uniquement là pour FAIRE CHIER, car il ne tidouditise que lorsque le merle chante !! Ah le petit bâtard ! En fin de compte le merle se casse. C’est quand même dur la vie.

En quittant le terrain, je m’effondre dans un merdissime terrier de lapin !

Je me mets en route vers Saint-Martin. Je suis presque à sec d’eau étant donné que j’ai tellement bien préparé mon sac, je n’ai qu’une bouteille ! L’entrée dans Saint-Martin est pour le moins spectaculaire car c’est par une citadelle Vauban conséquente. Tout y est fermé et camératisé. Normal car c’est aujourd’hui un centre pénitentiaire. Y sont enfermés 485 détenus à longue durée (moyenne de 18 ans, c’est une prison spécialement vouée aux longues peines). C’est un bagne unique, car camouflé : en effet c’est l’une des plus grosses prisons, classée unesco, disposée en plein cœur d’un centre touristique de masse. Les conditions de détention y sont réputées dures, pour ainsi dire les plus difficiles de France.

A Saint-Martin, je demande de l’eau au resto-bar Les Colonnes, rare établissement ouvert à 7h30 un dimanche. Ambiance familiale-locale, la dame me donne de l’eau avec grande gentillesse. Par la suite j’achète une bouteille dans une échoppe, ce qui me laissera hors des soucis.

Je visite tout Saint-Martin en 2h30. Je fais très bien d’y aller tôt, car l’ambiance est extrêmement touristique. Lorsque je quitte la ville à 10 heures, les masses de touristes affluent déjà. C’est une fort jolie cité ancienne, aux petites rues préservées. L’église ayant une forme caractéristique (en gros elle n’est pas complète), elle me servira elle aussi d’amer un peu plus tard. Les tours et détours dans la ville laissent un bon souvenir. On pourrait croire que c’est la plus grosse cité de l’île, mais rien n’est plus faux. C’est plutôt, on va dire, l’ancienne capitale de l’île.

Par la suite je traverse longuement les fortifications Vauban, puis me lance sur les côtes en direction de La Couarde. A partir de ce moment-là va commencer la longue litanie des 90%, car à Ré je me rends compte que beaucoup est régi par ce pourcentage.

La berge vers Loix est diguée par des enrochements, ce qui est somme toute assez logique en côte nord, c’est la même chose à Noirmoutier. Du coup j’utilise le seul passage possible, une piste cyclable qui longe la mer. Elle fait deux mètres de large, elle est souvent bordée de maisons ou de murs d’installations d’ostréiculture.

Le passage y est extrêmement difficile. C’est étroit et totalement pris par les vélos. J’y compte une moyenne de 60 vélos à la minute, avec des pointes à 150 vélos. Je n’arrive VRAIMENT pas à me faire un passage, ils me foncent dessus. 90% des gens sont à vélo, 10% sont des coureurs, 0% sont des marcheurs. 90% sont des parisiens, 10% des anglais, 0% des locaux.

Je passe La Couarde. A La Charge Neuve, j’ai espoir de les quitter, mais ça merde sec. Ça continue de la sorte jusqu’àLoix, sans alternative possible. Je me sens en très grande difficulté (je n’arrive vraiment pas à passer). A Loix, je prends un repas sur la plage en légère marée basse. A ce moment-là, je me rappelle les propos de Claire, qui est Rétaise, dans la voiture : les vélos sont déjàlà, c’est déjà une horreur, il y a des embouteillages aux croisements. J’avais l’impression que ses propos étaient exagérés.

Arrivé au moulin à marée, je suis déjà à 8,2 km avec les vélos. J’ai espoir, mais je vois que ça continue jusqu’au fort du Groin. J’hésite à abandonner Ré. Je me pose sur un coin et étudie comment faire demi-tour et en réalité engager autre chose. C’est de toute façon par le hameau de Loix qu’il faut passer sur le retour. Et là en fait, comme dans 90% des aventures rencontrées sur cette île, j’ai été porté par un principe salvateur.

A peine passé Loix, la piste cyclable est en travaux. Elle est interdite à toute circulation, y compris piétonne. Je m’y jette ! J’y retrouve un calme extrêmement bénéfique. Solitude qui fait un bien fou. Plus de grosse blague bruyante et de vélos dangereux, ça fait du bien ! Par la suite au Groin, la marée descendante me permettra de passer en plage – quoique parfois difficile, je n’aurai plus (du tout) les vélos. Sauvé de justesse.

Le fort du Groin est joli. De là je vais jusqu’au Pas du Préau. L’afflux de touristes est modéré et c’est agréable. Sous le soleil, je suis manifestement en train de cuire. Mon but est de me trouver en face, juste là-bas, à Trousse-Chemise, distante de 500 mètres. Cependant un bras de mer m’oblige à faire un détour de… 24 heures !!! Ré est ainsi, ce n’est pas un long chemin rectiligne :)

Dès lors, je passe dans les marais salants. Ce n’est plus en berge. J’ai une distance faible à parcourir là-dedans, 2 kilomètres, mais je m’y perds totalement, tant le chemin est complexe. J’y passe 2 heures et demi ! Je vais en fin de compte jusqu’à la Pointe Blanche puis retourne désorienté sur Le Feneau. A partir de là, le château d’eau de Loix servant d’amer, j’arrive à m’orienter. Il n’y a plus un chat et j’arrive au pont-vanne de Louzon. Il y a un délire d’avocettes, d’échasses blanches, d’aigrettes garzette. Les échasses sont des flipettes !

Aussi, les marais sont ponctués du chant des cisticoles des joncs. Cette flipette a un vol ondulatoire et il marque un tchip d’alarme à chaque coup d’ailes. Son alarme inquiète marque profondément la sonorité des marais : tchiptchiptchiptchip !

La presque totalité des marais est abandonné suite à Xynthia. Désormais ce sont de vastes étendues d’eau qui servent au nichage. Bien que je sois crevé par la marche (là ça commence), l’ambiance est apaisante. Je cuis sous le soleil. J’arrive enfin à sortir des marais non pas par hasard, mais simplement qu’il y a bien un moment où ça devait arriver. Les tours et détours ont l’avantage que j’ai largement visité ce secteur, on va dire délaissé des touristes alors que du côté ornitho, c’est plutôt du genre le gros déliremotivant.

Un peu plus loin j’arrive à la Davière. Mon regard est attiré par une curieuse installation. Il s’agit d’un camping abandonné. Je savais que ça existait. Ça a été ravagé par Xynthia. Le site est idéal pour prendre un repas à l’abri du soleil et au calme. J’y fais ma première urbex dans un camping abandonné, ce qui somme toute donnera un sujet assez improbable et intéressant. Il s’avère que le site n’est même pas en zone rouge inondable, mais en zone noire. C’est catastrophique. Du coup le camping est laissé comme mort. Il est colonisé par l’orpin brûlant et TOTALEMENT envahi de lapins !!

Je vais jusqu’à Ars, étape indispensable : je ne peux rester au camping. En effet, au vu de la chaleur, je suis à sec et dois prendre de l’eau. J’ai pointé tous les cimetières, ce qui fut une idée remarquable. J’y fais le plein et suis déjà à 4 litres par jour ! Comme j’insiste à le dire, il fait chaud et en réalité, je vois que je suis cramé.

A Ars, j’en ai plein les pattes ! J’ai mal. Je me doute que la berge nord ne sera pas réellement squatable, il s’agit de plus ou moins marais, plus ou moins berges diguées. Bref ça ne va pas trop. Du coup comme c’est à un pas, je vais sur la berge sud, ce qui en principe est prévu pour le retour (mais en fait on s’en fout). C’est une vaste plage en marée haute. Je me pose au lieu-dit le Peu de Lorrit. Il s’agit d’un début de pinède qui me place très agréablement à l’écart des paillottes.

Je me place proche des oyats, ce qui a tendance à fâcheusement me contrarier. Cependant je suis complètement crevé et le secteur ne laisse pas d’alternative. C’est assez dur de bivouaquer à Ré, mais là-aussi le forum mul avait été équivoque sur cette question. Je me pose là où il y en a le moins possible et surtout pas dans une pente. Nuit 3 étoiles. Le paysage est 5 mais il y a quantité de moustiques. Je dois complètement me cacher dans le bivy-bag et du coup, je recuis !

Longueur de parcours : 34,3 km.

Lundi

Départ à 7h00, complètement crevé ! C’est le troisième jour, c’est souvent comme ça, c’est normal. Je retourne sur Ars afin de visiter cette fois-ci. L’église assez caractéristique avec son clocher peint en noir est un fameux amer. Je le verrai les deux-tiers de la journée. Les nuages arrivent, dès lors j’ai espoir de moins cramer. J’utilise une piste cyclable, désertique à cette heure-là. Je longe assez longuement Saint-Clément-des-Baleines, dans le cadre d’un paysage pas-plus-que-ça. C’est après ce passage, sans problème, que je m’engouffre à nouveau dans les marais. Je suis cette fois très attentif au parcours. C’est notamment par le lieu-dit le Batardeau, désertique et abandonné. Parfois le chemin est refermé. C’est beau… et le soleil redonne. Je me couvre comme je peux, c’est-à-dire pas terrible !

Ensuite par une piste cyclable dans les pinèdes, je rejoins la réserve de Lilleau des Niges. Mon objectif d’être à la pointe du Fier à midi est intenable ; c’est franchement peu important. Du coup, je m’arrête à l’ombre au parking de La Patache. Il s’y trouve une antenne gsm dissimulée en sapin. Elle est à ce point ridicule que tous les passants en font la remarque !

Après le repas, je me dirige vers la plage des Loges. Là ça commence à devenir sérieusement magique. J’avais lu sur le forum des mul que le secteur des Portes est le plus sauvage. Ah bah purée ! Question couleurs, j’ai l’impression de me retrouver dans des photos touristiques des Seychelles mais en 3D ! Il y a peu de monde. Ambiance de marée basse, le passage est pour le moins agréable.

Là je me rends compte qu’en face de moi, j’ai le Pas du Préau. J’aurai donc bel et bien mis 22 heures pour faire 500 mètres. Je m’en amuse beaucoup ! Je m’inquiète de voir qu’outre les coups de soleil sur les bras et jambes, j’ai aussi les pieds cramés. En effet, 90% de mon parcours est nu pieds. Il va falloir soigner ça…

A la plage des Loges, un orage gronde au loin sur le phare des Baleines à 2 km. Je suis léché par les orages. Au phare, je suis léché par les orages présents à la plage des Loges. J’y échappe de justesse et 90% de mon séjour, j’aurai bénéficié d’un phasage spatio-temporel exceptionnel. Je dis 90% pour faire style, mais en fait ça a été tout le temps. Je n’ai pas eu un seul orage alors qu’ils étaient tous proches. De tout le séjour ça n’est même plus de la chance ce dont j’ai bénéficié, c’est de la baraka.

Le long de toutes les anses qui s’enchainent, les paysages sont paradisiaques. A ce niveau on ne peut plus appeler ça joli. C’est splendide ! C’est la fin du week-end prolongé et dès à présent, les parisiens se font la malle. Du coup c’est en solitaire que je traverse l’immense Conche des Baleines. J’arrive sur le méga-touristique phare des Baleines. Il est tout beau ! Il s’y trouve une ligne de magasins en enfilade. Le lieu est quasiment désert. Je demande de l’eau au phare (je suis presque à sec). La dame de l’établissement m’oriente vers le resto du phare, car elle n’en a pas. Le serveur me donne de l’eau avec gentillesse et avec la météo ! Une fois encore j’ai bénéficié de beaucoup de gentillesse des quelques-locaux qui sont là.

Sur le chemin, je rencontre une famille qui a un Gabe-The-Dog. Je discute quelques instants avec eux et je me fais borker !

Comme une mini-pluie arrive, trois gouttes, je prends mon repas dans une mini maison 4m², abandonnée. Enfin abandonnée non, car un rouge-gorge arrive dedans, puis me voyant dit meeeeeerde ! Par la suite, je reprends la marche, en gros avec l’objectif de squatter. Je vise pour ce faire l’ancien site militaire de Kora-Karola.Il est 21h30. Je trouve un endroit pas mal à côté de l’ancienne infirmerie et du coup, installe la bâche de tarp. C’est tranquillou.

Sauf qu’un déluge de moustique arrive. Rien que le temps de me mettre, ils doivent être 15 ! Juste après commence les vrombissements lancinant d’un engoulevent. Il ne cesse de vibrer à mort sur sa branche. Nuit zéro étoile, catégorie animaux super chiants !!! Ils disent : Son chant est un ronronnement typique, continu, sonore, rapide et dur. Il est émis sur plusieurs minutes et il est audible à 1 km !! Il le répète durant des heures du crépuscule à l'aube, avec quelques pauses.

Quelques pauses qu’ils disent, ahah  :-D !!!!!!
C’est intenable. Ça l’est à ce point qu’à une heure, je lève le camp. Ce faisant, je me rends compte qu’ils sont des centaines dans le site !! En pleine nuit sans lampe, je me bats avec la jungle de Kora et au bout d’un kilomètre, arrive enfin sur la plage, que je repère au son des vagues. Par la suite, nuit 3 étoiles, qui en fin de compte est pas mal.

Longueur de parcours : 33,4 km.

Mardi

Réveil à 8 heures à cause des trululus ! La mer est montante, c’est d’une beauté toute magique. A l’arrivée sur Ars, je sais que je dois me soigner. Je cache le sac dans la végétation et fais le détour par la pharmacie 2 km plus loin, que j’avais repérée. La dame me trouve particulièrement cramé, me donne une crème indice 50 et une crème pour les brulures. Elle me dit que je dois me couvrir totalement, mais je suis en itinérance ! Je ferai avec. Je tartine généreusement, j’en ai besoin.

Il fait chaud et beau. L’ambiance est agréable. Je passe par une très longue plage, où par chance, j’échappe à un gigantesque groupe OVS, qui oblique sur la gauche. Il est vite midi. J’arrive sur une digue neuve, considérable. Chaleur écrasante. A gauche je reconnais les arbres de … La Davière. Oh bah fourte alors, je suis au camping abandonné ! Situation idéale pour y prendre un repas à l’abri. Dans les sanitaires, il y a un miroir. J’y vois ma tête et ouh-là, euh la pharmacienne avait quand même vu juste.

Au Martray, ça longe un peu la grosse route du pont. C’est inévitable puisque l’île se referme sur un isthme. Ça ne dure pas longtemps. Par la suite le parcours est très balnéaire. Il n’y a que peu de gens et c’est agréable comme tout. En été ça doit être une autre affaire, mais soit là n’est pas le propos. Sur le continent, le paysage devient apocalyptique et l’orage gronde.

En arrivant sur la Couarde, je fais le long détour dans la ville afin d’aller chercher de l’eau au cimetière. Ça me permet de visiter la cité ancienne. Hors du vent de la mer, le moins qu’on puisse dire est qu’il fait chaud-écrasant. Je suis encore à 4 litres d’eau ce jour ! Puis voilà, je retourne aux plages. Toute la côte sud n’est quasiment que de la plage. Je longe l’ensemble de Le-Bois-Plage-En-Ré dans une belle ambiance de pinèdes calmes.

C’est de la sorte que j’arrive à Sainte-Marie, fief du commandant Saratte. Je prends un repas à la table de la plage de Montamer, à 300 mètres de sa maison. La plage est un gros tas de cailloux. Dans la soirée, je fais un détour au vieux centre de Sainte-Marie, qui possède une église ancienne fort jolie. Le village est entouré de vignes. Ça tonne sévèrement au loin.

Au vu du risque d’orage, je me dis qu’un abri va être impératif. Avec une fois de plus une chance improbable, je trouve un bunker qui peut me servir de secours parfait. Du coup je me mets sur la plage en belle étoile, avec objectif de me réfugier dedans si ça merde. Parfait !!  Nuit 4,5 étoiles. Pas de 5 étoiles parce que le paysage du matin à marée basse était un peu marais-basse. Ah l’éternelle chimère des 5 étoiles !

Longueur de parcours : 27,8 km.

Mercredi

Passé le troisième jour et sa fatigue, je suis en pleine forme et me met en route, enfin en plages je veux dire, à 6h13. Au loin passent les tankers qui rejoignent le port de la Pallice. Peu à peu au fil des plages, l’ambiance routière se renforce. En effet j’approche de plus en plus Rivedoux et désormais vois le pont. Ça sent la fin (avec un peu de nostalgie tout de même, déjà !).

Les plages de Ré sont toutes émaillées des peintures de ?UTE : save the big fat whales. Je suis sûr qu’il habite dans le coin car il y en a plein à Sainte-Marie, même si c’est vrai qu’on en retrouve jusqu’aux Portes. Son travail est motivant car après sur le continent, il y aura plein de trucs dégueulasses moches vulgaires comme d’habitude, tandis que lui donne de la couleur et de l’art aux plages de Ré. C’est un bonheur son art et à vrai dire lorsque je serai à La Tranche, il va me manquer.

Bref donc Rivedoux arrive en vue…, le pont aussi.

Avant de quitter l’île, je visite l’ancienne batterie de Sablanceaux. C’est encore pas mal pour un site abandonné à ce point au milieu de tout. Puis les plages. Me voilà donc au pied du pont. Ça fait bizarre d’être parti à droite et de revenir par la gauche. Le pont est bien chargé ce matin, mais ne se révèle pas désagréable à passer. Puis, la zone industrielle et le parking. Fin de parcours à 10h30. En gros il faut 4 jours pour faire le tour de Ré, ce qui était à peu près dans les prévisions.

Longueur de parcours : 11,6 km. Longueur du tour de l’île : 122.2 km. C’est un peu plus qu’un tour tout simple (109 km), au vu que j’ai trainé dans les villes.

Après un repas pris à l’ombre, je migre sur le second objectif du séjour, la pointe d’Arçay. Elle est localisée en face de Ré.

Je stationne Marguerite à l’ombre à La Tranche, à Grière plage, à l’avenue des Nolleaux. Le lieu est parfait. La dame qui habite là dit que ça ne dérange pas. Deux personnes âgées me donnent la météo du jour avec leur smartphone. Ça sera mouvementé en soirée, mais en principe uniquement pour le continent.

Sur la plage, le moins qu’on puisse dire est que c’est très ensoleillé. Je me tartine à outrance afin d’essayer de protéger ce qui peut être protégé. Dans le fond ça marche pas trop mal jusqu’à présent. Il est 15h30 lorsque je démarre ma promenade.

Laurane disait que Ré, ce n’est pas « du tout » la Vendée. Il est visible qu’il y a un changement d’ambiance. Tout d’abord, il est clair que le trait de côte continental est marqué par de profondes forêts de pins maritimes, lesquelles sont plus chiches sur Ré. Après au niveau anthropique, c’est moins protégé par ici. La Tranche offre un paysage où les échoppes de tous genres sont permises. C’est moins soigné. Le paysage vendéen des terres quant à lui est rude. C’est le seul mot qui me vient pour décrire.

Le début de promenade se situe dans une ambiance très balnéaire. A force de me laver en mer, je deviens une véritable sardine. Je suis très collant faute du sel. Ce n’est pas spécialement agréable, mais au moins je ne suis pas malpropre. Seul ennui, j’ai tellement bien préparé mes affaires que j’ai un seul t-shirt pour tout le séjour !! Purée mais quand même. Bon y’aura que les gravelots que ça aura dérangé. Gravelots qui au passage sont adorables !

Depuis Xynthia, deux chenaux de mer se sont créés en plage. Ils sont dangereux. La traversée est interdite. Deux dames locales me disent que je peux traverser étant donné que c’est marée très basse, mais faut que je me grouille, et j’oublie le retour ! Les plages quant à elles sont vastes et belles comme tout. Un petit air de Cléder parfois.

Je prends mon repas sur l’esplanade du casino, baignée par le chant interminable des alouettes. Sur un banc, deux personnes âgées écoutent RTL sur un vieux poste tout pourri. Madame fait des mots croisés, monsieur rien. Ça a l’air mélancolique. Dans l’ensemble La Faute a donné l’impression d’une petite cité triste. Ça vit deux mois sur l’année, mais le paysage témoigne bien que le reste de l’année c’est vide. La ville est larmoyante je trouve, elle m’a fait de la peine. Les petits vieux aussi.

Après le repas, je traverse l’immense plage de la Barrique. Il n’y a plus un chat. C’est désertique. A gauche au continent, c’est un paysage d’apocalypse. Les orages roulent et grondent.

A la lisière de la dernière pinède mais en restant à distance respectable de la réserve naturelle, je m’installe en bivouac belle étoile. Tout est prêt pour un montage au cas où. Cependant, malgré de fortes inquiétudes (orage à 500 mètres), j’y échappe de justesse. Nuit 4 étoiles. Pas de 5 à cause de l’inquiétude et du bruit sourd des bateaux à bouchots le matin. Ah la chimère des 5 !

Longueur de parcours : 10,9 km.

Jeudi

Réveil à 6 heures pile. Je me dis : ouh mais que les tankers font du bruit. Ils doivent être en route vers la Pallice. En même temps dans le Pertuis Breton, euh oui, juste un peu une ineptie… En fait ce sont les plates, les bateaux ostréicoles. Ces bacs permettent de charger les moules et les huitres. Ils font un potin du tonnerre ! Comme c’est marée basse, ils sont des dizaines à partir charger. Le soleil se lève doucement, belle journée en perspective.

Je migre vers la pointe d’Arçay. Je m’en croyais à deux pas, mais que nenni, elle est loin ! Il est 9h20 lorsque j’en touche le bout. Mais quel bout ? En fait ce sont de longs replis sableux qui protègent des zones d’envasement. De très larges sections sont des réserves naturelles. Au loin je vois le pont de l’île de Ré, à deux pas. Je reconnais sans sourciller les silos de la Pallice. Plus à droite se découpe bien la silhouette étrange de l’église de Saint-Martin.

Je n’insiste pas trop dans les vases. A un moment commence la réserve et je ne sais pas où. Pas grand monde parle de la pointe sur internet, et bah elle est bien ! Comme le soleil donne et qu’il n’y a pas un chat, je fais un lavage généralisé et insistant dans la mer, car je sens le putois fertile. Elle n’est pas chaude ! Au plus ça va, au plus je suis blanc du sel à chaque douche-bain-lavage.Très peu de monde ensuite sur les plages, je coupe vers le port du Virly. Comme à marée basse, j’ai marché sur la coquille d’une araignée maja, j’ai une blessure qui me fait assez mal. Je prends un repas aux tables de pique-nique du chemin des Pensées. Le site est absolument paradisiaque.

Au port du Virly, c’est ambiance gros travaux. Une entreprise construit une digue importante. J’en profite pour ramasser quelques chatons (de la lagure ovale) qui sont de toute manière condamnés. Le secteur de la cuvette de la mort a été complètement rasé. Il se trouve désormais remplacé par un golf. Je profite de la promenade afin de longer le Lay à l’Aiguillon, mais ça a peu d’intérêt. Par contre les pinèdes sont habitées du chant mélancolique de la huppe fasciée.

Juste après, je tombe sur un nouveau camping abandonné. Il s’agit du camping municipal de La Faute. Ce dernier, construit illégalement sur du domaine maritime, a été bétonné par les élus locaux. Là-encore lors de Xynthia, le site a été ravagé. Les 350 mobil-home ont été livrés aux pelleteuses. Aujourd’hui il reste un site abandonné aux peupliers. Le site est sans attrait, une enquête publique est en cours afin de le transformer en parking.

De retour, plutôt que de passer en plage, je traverse la réserve naturelle dite de la Casse de la Belle Henriette. C’est un vaste territoire parfois dévasté ; la tempête a remanié le trait de côte. Du coup la carte est complètement fausse, les ponts inexistants, les chemins détruits. Je vois au loin le chenal, qui n’est plus qu’une vaste étendue de mer. Il n’y a plus aucun passage en plage possible. Mais purée que j’ai eu de la chance à l’aller, car sinon j’étais tout simplement TOTALEMENT bloqué et retour à Marguerite.

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La réserve de la Belle Henriette, c’est dans l’ensemble sympa, ça permet de changer de la plage. Par contre le chemin ramène sur la grosse route. Ils construisent actuellement la passerelle piétonne qui rejoindra la mer. Comme je ne peux l’inaugurer, je prends la route, mais rapidement traverse le camping privé des Rouillères, sans trop me faire remarquer.A la fin ça fait quand même une belle trotte. Je suis content d’arriver.

Longueur de parcours : 27,7 km.

J’ai encore un peu de temps, donc du coup je marche jusqu’à la grande plage de La Tranche, afin d’y enregistrer la mer durant une heure. Il y a beaucoup de vent et donc je mets le chat autour du micro. Commentaires choisis qui font bien plaisir… 1) : tu crois qu’il fait quoi ? 2) : Alors là je n’ai aucune idée, ça doit être pour la télé… 3) plus loin : tu crois qu’il fait quoi ? 4) : au vu de comment ça a l’air perfectionné, il doit chercher des pépites d’or dans les vagues. :-D

Le temps passe et d’une heure, j’en passe surtout deux. Les ambiances sont très changeantes dans la courbe de l’anse. Ayant terminé, je retourne à L’Houmeau, dans le but de visiter La Rochelle demain. Ne trouvant pas trop de lieu en plage, je me dis que c’est pas plus mal en fin de compte d’aller aux bunkers de Lagord. Les Astres préviennent, décollage d’un avion à 6 heures !

Sur place, je me trouve une pâture pas trop mal. Alors que je suis en pleine cuisine, un gars de l’hôtel 4 étoiles Le Clavier vient me voir (dans la pâture donc) : il me sert la pince et avec un russe pour le moins rustique me dit : zurglub-pietr-zurglub (en gros, je m’appelle Pietr) – puis il se barre comme ça normal... Je suis un peu ??? car j’ai les poubelles dans l’autre main ;-)

La conclusion de ce séjour est que j’ai bénéficié d’une chance bien marquée, avec un climat avantageux, malgré les sévères coups de soleil. Aussi bien Ré qu’Arçay m’ont beaucoup plu, même si les ambiances se sont révélées différentes.

J’ai ramassé un pétoncle pour Nico. Des plages de Ré, je vais lui offrir. Sa revanche sera de le déposer sur une plage d’Oléron. Ce sera un bel et entrainant prochain objectif.

FICHE DE SAC

Portage [total 1000 g]
Kit-bag - 1000 g

Couchage [total 1600 g]
Sac de couchage Ignition 1200 - 1150 g
Bivy bag millet - 450 g

Utilitaire [total 896 g]
Bruleur gaz - 66 g
Charge gaz à moitié vide - 305 g
Popote Titanium - 106 g
Fourchette - 16 g
Briquet - 14 g
Brosse à dent - 7 g
Dentifrice - 80 g
Gsm - 76 g
Cartes IGN - 80 g
PQ - 36 g
Papiers ID et 100€ dans ziplock - 50 g
1 bic + 1 feuille CR - 20 g
Un sac fourre-tout - 40 g

Vêtements [total 0 g]
Je n’ai rien pris.

Loisirs [total 915 g]
Appareil photo - 326 g
Batteries x2 = 52 g
Enregistreur audio - 186 g
Chat - 36 g
Quatre piles - 112 g
Micro contact - 148 g
Micro coil - 25 g
Micro binaural - 30 g

Eau [total 3000 g]
3,0 Litres - 3000 g

Nourriture [total 1942 g]
7 barres céréales - 168 g
7 Twix - 346 g
14 Café dosettes - 28 g
7Ramen - 700 g
1 pain - 450 g
1 emmental - 250 g

A noter premièrement l’ineptie du dentifrice. Je n’ai pas eu le temps d’acheter des mini-tubes et me trimballe un tube complet. Ridicule ! A noter que pour cause de sac mal fait, je trimbale une clé USB. Ridicule !! Ajout : +18 g. A noter qu’étant cramé par le soleil, j’ai dû ajouter en parcours une crème solaire : +85 g ainsi qu’un énorme tube de crème pour les brûlures, +190 g.

A noter que vu les lieux, j’ai trainé 50 g de sable et 50 g de souvenirs coquillages. Il serait malhonnête de ne pas les compter.

Total sac = 9746 g

Le matériel d’enregistrement audio totalise 537 grammes. Aussi à noter que vu les belles chaleurs, j’ai rarement été au plein d’eau. Les cartes ont été détruites à l’avancement. En retirant le curieux matériel audio et l’eau : en début de parcours la base de sac est à 6209 g, en fin de parcours la base est à 4187 g.