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Récit de randonnée - Pays-Bas : Cadzand à Breskens - La côte de Zélande

Lorsque j’avais parcouru les immenses plages de la côte belge, depuis la frontière néerlandaise jusqu’à la frontière française, les derniers mots du compte-rendu de randonnée disaient que je reviendrai ; je m’en étais fait la promesse. Nous sommes 4 mois plus tard et voici d’ores et déjà les kilomètres suivants de bonheur à portée de mes pas.

Il est plus ou moins 20 heures lorsque j’arrive à Cadzand-Bad. On y accède par de toutes petites routes passant par Retranchement. Il est difficile de se croiser, mais heureusement c’est calme. En cette période hivernale, il n’y a pas un chat. Le secteur est complètement désertique. C’est dans ce cadre et pour la nuit que je me permets de mettre Margue sur le parking du Noordzee Hotel & Spa, un quatre étoiles vide de toute âme.

A la suite de quoi, je me rends sur la plage. J’installe un squat à côté de l’établissement De Strandloper. Comme la journée a été chargée (et passionnante), il est 21 heures lorsqu’enfin, je prépare le repas du soir. Le ciel est magnifiquement étoilé.

Peu à peu le sol se durcit. La nuit est assez rude. En effet il gèle. La bouteille d’eau en fait les frais. Comme je suis très bien équipé, c’est sans souci en réalité. Je démarre la journée à 5 heures 5. Enveloppé dans le sac de couchage, j’observe le spectacle époustouflant d’un coucher de lune. Le disque rougeoyant s’effondre littéralement dans la mer. Le spectacle est régulièrement entrecoupé par la silhouette des innombrables container ships qui vont attraper l’embouchure de l’Escaut, vers Antwerpen. Les bateaux sont éclairés comme dans Chihiro, spectacle magique, féerique, ballet nocturne solitaire. Rien que cet instant de beauté pure valait le voyage.

Au loin pointent les lumières du port de Zeebrugge, désormais indétrônable voire même indécrottable fond d’écran – j’en connais les formes à ce point par cœur que c’en est devenu quasiment émouvant. Il faut dire que partant de Knokke la dernière fois, j’avais été touché et c’est non sans émotion que je retrouve les bâtiments de Candzand strand, fin du parcours de la dernière fois, début de parcours d’aujourd’hui.

Je déplace Margue au parking officiel. Je me dis qu’aujourd’hui, il n’y aura personne à l’hôtel, mais par acquis de conscience, je la bouge. Je suis seul au parking. A noter que le stationnement est gratuit en morte saison, pas comme chez ces raclures de Knokke. Encore un bon point pour Cadzand !


Paysage sonore de la côte de Zélande

Dans un lever de soleil rougeoyant – des lumières que seul l’hiver sait produire – j’aborde les plages en ermitage. A cette heure-ci, les étendues sableuses de marée basse ne connaissent pas les promeneurs. Tout au plus les huitriers-pie se font la malle, ce sont de vraies flipettes, les gravelots râlent que je sois sans discontinuer « dans la bouffe ».

Le soleil devient radieux. Assez rapidement, c’est-à-dire dès la plage Tienhonderd, je cache la veste dans les oyats. Le radar permet un bon point de repère afin de l’embarquer au retour.

Les plages sont très régulièrement coupées par les brise-lames. Au contraire de la Belgique (simple précision que partant vers Breskens, je suis aux Pays-Bas), les jetées ne sont pas en enrochements. Ce sont des paalhoofden, soit de grandes lignes de pieux en bois. Très avantageusement, ça ne glisse pas. Cela donne un paysage tout à fait typique du Zwin.

C’est après un fort long parcours tout aussi désertique que magnifique que j’arrive en vue des premiers contreforts de Breskens. Le soleil baigne la mer d’une ambiance remarquablement agréable. Le défilé des container ships est assez incroyable en son genre. Ils sont énormes et arrosent les dunes d’une sonorité sourde : le bruit des moteurs au loin. Il faudrait quasiment mentionner que ce compte-rendu est sponsorisé par MSC, Hamburg Süd, Maersk Line, CMA CGM, etc et etc d’ailleurs. J’y croise à ce titre un Grimaldi Line que je prends pour le Grande Anversa vu au Havre, mais non il s’agit du Grande Tema (IMO: 9672090), à ce jour au large de l’Angleterre.

Le phare offre un paysage typique du Zeeland, c’est exactement cette beauté-là que j’attendais. Puis, au cours d’un parcours qui devient morne, on quitte la mer pour l’embouchure de l’Escaut. A ce titre la transition se remarque par le fait que le paysage devient systématiquement en polder, et donc bordé d’une gigantesque digue. Au sommet se trouve l’habituelle piste cyclable (surfréquentée comme il se doit !).

A vrai dire en l’espace de quelques kilomètres, j’ai soudainement l’impression de revenir dans les Verdronken Land van Saeftinghe, au nord d’Anvers. Paysage d’Escaut plutôt que de Noordzee à vrai dire. A ma droite se situent le Verdronken Zwarte Polder, littéralement le polder noir inondable. C’est globalement maussade.

Puis, après une sacrée trotte quand même, me voici à Breskens. Au Veerhaven, un ferry permet une jonction vers Vlissingen, que les quelques locaux avec qui j'ai pu discuter prononcent presque dans sa version francisée : op afstand is « flessinng ». Le Westerschelde Ferry est remarquablement étrange étant donné que c’est un bateau de type Swath. Ca donne l’impression qu’il est en lévitation. En réalité ce système permet de stabiliser l’embarcation dans les forts courants latéraux de l’Escaut. C’est de la sorte que j’arrive à Breskens, qui à mon étonnement, est une non-ville. En réalité c’est à peine si je me rends compte que j’y suis, étant donné que les Hollandais n’ont pas bousillé leur front de mer par du bétonnage intensif comme ont pu le faire les Belges. En contrepartie ça se solde par un ok-good-boy, quelques chiens et rien de spécial à signaler. J’entame dès lors le retour vers Cadzand.

Ce chemin du retour est monumentalement différent de l’aller, certes grâce aux paysages perpétuellement changeants de la mer, mais aussi parce que passé midi, il y a désormais beaucoup de monde sur les vastes plages : ce que féru des tôt-le-matin j’appellerais du coup la foule, ce que les gens normaux appelleraient il-n’y-a-pas-grand-monde.

C’est la promenade du chien. En un seul tour sur moi-même en quelques secondes, j’en compte 26 ! Et encore, je n’ai pas regardé d’un œil scrutateur mais ai fait un simple tour-zouip ! J’en ai rarement vu autant. Du haut de mes 34 kilomètres de marche, je regarde cela avec un œil torve et condescendant, mais tout le monde sait que j’ai indubitablement un regard torve et condescendant dès qu’il s’agit de chiens ;-) Il faut dire qu’on ne va pas promener son chat à la mer hein !

Durant plus de la moitié du retour, un mec me suit. Ca fait comme dans street view, à chaque fois que tu te retournes, il est là ! Alors du coup je le surnomme Streetview :-D Il lâche l’affaire à Sluissche Hompels. Je récupère ma veste, mais je me retrouve pour autant en t-shirt, en plein hiver !

Arrivant sur Cadzand, je fais une longue pause indolente au strandpaviljoen 'De Piraat', un grand bateau en bois dans lequel des enfants imaginent de sauvages scènes de bagarre. Puis, peu à peu le soleil se couche, il devient temps de partir. Le parking de l’hôtel est archi-bondé, le parking 1 de même, et le 2 et le 3 identiquement. Ah oui quand même !

Cette promenade termine de ce fait le parcours le long de la côte, en tout cas vers l’est. Le paysage subit une transformation radicale dès Scheldeveste, devenant à juste titre un paysage d’Escaut. Les prochaines aventures seront la poursuite de la promenade vers l’ouest, depuis De Panne, Bray-Dunes puis Dunkerque. Ca promet d’être radicalement différent. Serait-ce la promesse suivante ?

La randonnée
- Promenade en aller-retour : 34 km.
Un retour par bus est possible. Il s’agit de la ligne 814 assurée par Connexion. Départ depuis Breskens Veerhaven, arrivée à Cadzand Boulevard De Wielingen. Un départ par heure. Attention cependant que c’est un Zomerbus, une ligne estivale. Hors-saison, c’est uniquement sur appel téléphonique (et alors il roule, mais autrement il n’y a pas de liaison. Ca évite d’affréter un bus dans une zone ne le nécessitant pas).

- Les points forts : Tout. Indéniable beauté des plages de Zélande, une nature préservée bordée d’un trafic maritime intense. Des vélos, des promeneurs, peu (voire pas) de voitures. Villes agréables et remarquablement propres.
- Les points faibles : La monotonie de Zwartepolderweg. Ils ont stabilisé la digue avec une marée noire, mais volontaire. Une grosse route à camping-cars longe l’enrochement. Heureusement cette traversée est assez courte (1,5 km).

Paysage sonore - La côte de Zélande
Akoestisch landschap - De Zeeuwse-Kust
Soundscape of the Zeeland coast

Au sein de cette page et dans le compte-rendu se trouve le paysage sonore de la côte. Il s'agit en réalité plutôt d'un short soundscape, un album de souvenirs, car l'étendue de plages – aussi belle soit-elle – ne permet pas la constitution d'un paysage sonore complet. Ce sont des souvenirs de promenade et ma foi c'est déjà bien.

Afin de ne pas encombrer le texte, je n'ai pas disposé les titres de l'album. Pour qui souhaiterait identifier plus précisément les sonorités, les titres sont les suivants :

0:00 - Strandpaviljoen De Piraat. Des enfants jouent sur un bateau et imaginent des scènes de combat. Les parents juste à côté sont émerveillés et prennent des photos.
7:32 - Cadzand, de strand. Sonorités apaisantes de la mer à marée basse, tôt le matin. Au loin, les bruits diffus des container-ships.
12:00 - Strand De Nolle, marcher sur les coquillages.
14:56 - Strand Tienhonderd, Sonorités apaisantes de la mer à marée basse.
19:28 - Zwartepolder, des drapeaux flottent au vent tandis que des promeneurs passent tranquillement sur la piste cyclable.
24:00 - Zwartepolder, la mer est calme le long de la digue.
28:24 - Breskens veerhaven, Veerboot Prinses Maxima. Le ferry est au départ et part rejoindre Vlissingen de l'autre côté de l'Escaut.
34:00 - Breskens, la mer est calme le long de la plage à hauteur de 't Halve Maentje.
38:16 - Cadzand-Bad, le bruit sourd des container-ships durant la nuit.
40:56 - Nous voilà à présent bien dans les terres, sur les polders de l'Escaut. Verdronken Land Van Saeftinghe, le bruit de l'industrie et des container-ships sur l'Escaut.

Durée complète : 44:52 mn.

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