Quelques mots à propos de la mine du Buisson et sur la mine de Sainte Marguerite Lafigère
A l'aube, nous
voilà en prospection à Cocurès. Dans le ravin des Anduffes
se cachent quatre anciennes mines (quinzième siècle). Nous en trouverons
trois. Deux d'entre elles ont des entrées inondées. La dernière
ne révèlera pas de traces de minerai particulièrement intéressante.
Ce fut une prospection difficile, dans les taillis en pente. Humidité et
chaleur. Bof bof...
A midi, nous irons voir la mine d'uranium du Cros, à Les Bondons. On voit très bien le talutage des verses, entièrement revégétalisé. La galerie de recherche de 1966 n'est plus visible. C'est taluté. Il en sort un ruisseau chargé de rouge de plomb. Pas de traces de pechblende. Fallait s'en douter.
Pour terminer avec Les Bondons, nous irons voir le souterrain que nous appelons Mine Brenou. C'est un filon de baryte. Le secteur est assez agréable, des collines en herbe, parcourues par un troupeau de moutons. Il y a de jolies couleurs sur les courbes du Valat. Les cavages de la mine sont talutés. Par contre, il y a un puits d'une trentaine de mètres, équipé d'échelles. C'est le groupe spéléo du coin qui a équipé ça et c'est du beau boulot. Tout semble démontrer qu'ils sont en train de désobstruer une partie de réseau naturel. En bas du puits, il y a de l'eau et 20 mètres de travaux miniers. Ensuite, on tombe dans ce qui me semble être une jolie grotte avec des galeries assez hautes qu'ils semblent parcourir en kayak.
Après un
repas au calme le plus parfait, survolé par deux craves bruyantes, nous
partons pour le Col de Montmirat, lieu-dit Lachamp, une mine traditionnellement
appelée "Mine du Buisson". Il y a en fait quelques réseaux
sous la nationale, très petits et peu intéressants. La mine du Buisson,
quant à elle, a un développement d'une centaine de mètres.
C'est un réseau assez bas, quelquefois boisé, et surtout très
minéralisé. On y retrouve de très beaux échantillons
de galène, incrustés dans des filons durs d'accès. On y retrouve
aussi de la cordiérite.
La cordiérite est aussi appelée
dichroïte ou iolite. C'est un minéral fragile, à la cassure
irrégulière. C'est plutôt jaune, vaguement bleu parfois, ayant
des cristaux disséminés, s'effritant lorsqu'on passe le doigt. Ca
ne sert à rien en particulier, mis à part quelques rares applications
en céramique.
Lors de la visite, nous sommes sous la pluie battante. Rentrer sous terre tout en étant trempé, c'est poussif. La fatigue s'est un peu accumulée. Une dernière chose sur ce lieu, on peut voir une cheminée rampante. C'est une cheminée dont le conduit d'aérage suit la pente de la montagne avant le tronçon final vertical. C'est un site intéressant, surtout d'un point de vue minéralogique. Le réseau souterrain est original mais assez petit.
Nous terminons la journée à Le Mazel. C'est un petit village de Lozère dominé par une ancienne usine assez imposante, dont la cheminée massive est la première chose que l'on voit. Nous y prospectons une ancienne mine de baryte. Les verses sont assez riches en restes de baryte mais on n'y retrouve pas de baryte crêtée.
La baryte est le minerai de baryum (BaSO4). Une densité de 5, donc le double du quartz, ce qui permet de le différencier facilement. C'est un minerai parfaitement blanc, souvent entouré d'une gangue calcaire ou argileuse marron clair. La cassure est conchoïdale, rarement plane. Le trait est gras. Quelquefois, on trouve de la barytine translucide. Ce sont des cristaux tabulaires, d'un clivage parfait. On l'utilise comme colorant pour la couleur blanche, comme alourdissant dans les boues de forage et en pyrotechnie.
Sous les verses, il y a deux entrées de mines. La première a un développement de 20 mètres environ et sillonne dans un chaos total de bris de roches. Il faut se faufiler dans les chatières et les vides laissés entre les roches. C'est dangereux. Au bout, on arrive sur un effondrement total du vide interstitiel. La deuxième mine est immédiatement comblée au niveau de deux boisages pourris. Ce qui est marrant, c'est que la première est directement située sous la route (c'est voûté, donc ça tient le coup). Juste après la route au niveau d'une chatière, il y a un petit trou dans les boisages. Au dessus, François et Sandy m'entendaient passer la chatière avec moult grognements. Ca faisait "la route qui grogne" ;)
Juste deux kilomètres plus loin, nous allons visiter la mine d'Orcières. C'est un réseau de 50 mètres dont le cavage est au bord de la route, il semble creusé dans les stériles. Ca n'a pas vraiment d'intérêt.
Nous irons dormir dans une pâture-clairière entourée des quatre côtés de sapins formant une barrière compacte, le chemin d'accès fera d'ailleurs bien souffrir la katanisette. Nous sommes totalement isolés du monde, au milieu de la nature. Dans les sapins, il y a des grattages de sangliers. Tout au loin, le bruit des cloches du village. Une fois de plus, un endroit reposant.
Le lendemain :
Lever un peu après 6h30, ce qui reste une aube de l'aurore " un peu spéléologique " du point de vue de François, qui nous réveille à coups de casserole :-) Les Bondons, malgré le nombre de points notés sur l'IGN, c'était complètement nul du point de vue souterrains. Seulement ça d'ailleurs, parce que les paysages étaient très chouettes. Du coup, le planning est un peu chamboulé, nous avons une journée de libre. Nous décidons ainsi de partir sur Sainte Marguerite Lafigère, commune de Les Vans. Il y a là une série de mines filoniennes assez réputées.
La route est longue, une série de tortillons le long de vallées encaissées. Sur les pentes abruptes, on voit d'anciens chemins qui sont à moitié tombés. C'est un paysage rude. Le site de la mine de Sainte Marguerite Lafigère est de toute beauté. C'est une vallée très encaissée, au fond coule le Chassezac, une rivière aux belles couleurs. Les haldes de la mine sont importantes, elles s'étagent des deux côtés de la vallée, sur une hauteur avoisinant les 200 mètres. Ca fait de grands déversements de pierre le longs de pentes torturées, habitées par les marronniers et une végétation plus basse, épineuse et touffue.
En bas au niveau du Chassezac, il y a des vestiges des anciens bâtiments miniers. Quatre ou cinq bâtiments de belle architecture, dont il ne reste plus que les murs. Plus de toit, plus de fenêtre, plus de porte... Le site est majestueux et fait un peu penser aux vallées encaissées de la mine d'arsenic de Duranus. On y trouve une galerie gérée par EDF, la compagnie d'électricité. D'après des renseignements qu'on m'a donné, cette galerie sert à inspecter la conduite d'eau forcée du barrage de Sainte-Marguerite-Lafigère qui alimente l'usine hydro-électrique de Lafigère en aval sur la rivière.
Après avoir traversé la rivière, nous commençons l'ascension des haldes. Apparemment, les mines s'étagent sur six ou sept niveaux. Ce sont des galeries qui suivent le filon, ne dépassant pratiquement jamais la centaine de mètres de développement. Le niveau le plus intéressant est le quatrième. Il y a de très beaux échantillons de galène. On y trouve aussi de la baryte assez transparente et de toutes petites inclusions cuivrées vertes. Les pentes situées de l'autre côté du vallon ont aussi des haldes et des réseaux, mais ce sont apparemment des dépilages verticaux.
Je cite la personne m'ayant donné les renseignements : Il y avait bien une usine hydro-électrique qui faisait fonctionner les machineries de l'autre côté de la rivière (électricité, moteurs, aération) - la totalité des bâtiments du site de Sainte-Marguerite-Lafigère étaient réservés à la mine. Sur le bord de la route se trouve un grand bâtiment qui regroupait l'ensemble des bureaux ainsi que les logements des ingénieurs. De ce côté de la rivière, il y avait également des galeries avec leurs cheminées d'aération (la recherche argentifère avait commencé de ce côté). Les mines ont arrétées leur production dans les années 1950-55.
La visite n'est pas inintéressante mais il fait très chaud. Du coup, c'est plutôt fatigant. Arrivés au sommet des haldes, nous redescendons. D'un commun accord, nous décidons de remettre les pendules à l'heure dans la rivière. L'eau est froide et c'est bien agréable de se plonger dans l'eau toute calme. Il y a une grande vasque, je n'en sais pas la profondeur. L'eau était verte, striée de temps en temps par l'argenté des poissons. C'était totalement isolé, vraiment un endroit paisible.
A la remontée, nous nous tapons un soleil de tous les diables. Ca nous a d'ailleurs donné un début d'insolation. Oh pas grand chose... mais suffisamment pour qu'on se sente pas tout à fait bien. A Villefort, nous faisons une pause courses et dégustation gastronomique sur une place avec des platanes. Ca faisait vraiment méridional, un peu hors du contexte Massif Central.
Nous finissons la journée à Daufage. Il y a une ancienne mine de baryte où tout est rangé (comme d'habitude !) On peut trouver des échantillons de baryte crêtée le long de la voie ferrée. Sur le chemin, une personne âgée classifiée comme caillouteux nous renseigne sur nos échantillons rocheux. Une petite pause toute en simplicité et vraiment vraiment sympa. Oui je mets deux fois vraiment, parce que c'était très sympathique de s'arrêter comme ça, de poser son cul sur un siège et de parler cailloux. Comme dit François, c'est fou ce que les vieux peuvent être un puits de science pour les petits jeunes comme nous.
Nous irons dormir dans un chemin forestier tout à fait agréable. Deux voitures sont passées de toute la nuit et le lendemain matin ; il faisait bien froid. On était à 1500 mètres d'altitude. Paisible.
Le site de Sainte Marguerite Lafigère est un encaissement majestueux. Au
fond coule le Chassezac.
Les restes des anciens bâtiments miniers.
Tout près de là, une galerie EDF ne paraissant pas faire partie
de la mine. Elle est destinée à inspecter la conduite d'eau forcée
du barrage de Sainte-Marguerite-Lafigère.
L'entrée du Tarnon du bas.
Une entrée de galerie fortement minéralisée.
Dans un filon de baryte.
Entrée de la galerie située au sommet du filon.
Un filon de galène.
Les galeries sont toutes semblables... C'est une mine qui est surtout intéressante
pour son aspect minéralogique Nous n'avons pas été visiter
les dépilages situés côté route. Ces dépilages
sont très pentus et la présence de puits demande la mise en place
de cordes, ce que nous n'avons pas fait cet après-midi là.