Voici une visite dans la mine de Dallet, un village situé dans le pourtour de Clermont Ferrand. Il s'y cache une mine atypique, l'un des derniers représentant du genre : une mine de bitume. Le site est situé dans un paysage splendide, émaillé de volcans au loin dans les brumes de chaleur. L'entrée est difficile à trouver. C'est un gros cavage fermé par une porte blindée. Il est nécessaire d'avoir la clé pour entrer.
L'intérieur de la mine ressemble à une carrière de calcaire grossier. On trouve donc des galeries plutôt carrées section 4 mètres, équipées de voies de cinquante. Le matériau est blanc-brun, tiré à l'explosif me semble-t'il (aucune trace de découpe). On trouve aussi des chambres d'exploitation dont la forme est ronde, plus hautes et très larges.
Au
niveau minéralogique, le bitume doit représenter une exception parce
que je n'arrive pas à trouver de documentation sur sa diagenèse.
Il me semble que c'est une roche résiduelle, un peu comme le charbon. Toutefois,
l'altération chimique ne donne pas une masse compacte mais un liquide.
Il semblerait que ce soit proche de la variété bitumineuse du lignite.
Les billes de bitume sont emprisonnées dans le calcaire, très dispersées.
Le calcaire parait donc comme moucheté de tâches noires un peu sales.
Lorsqu'on fore ce calcaire, avec les années qui passent, le bitume s'amasse,
colmate, et dégueule du trou. Ca fait des coulées.
Il apparaîtrait
(je parle bien au conditionnel) qu'il y a trois sortes de gisements bitumineux
: les asphaltes (le bitume est intimement mêlé à l'encaissant),
les schistes bitumineux où le bitume est libre entre les phyllades et les
calcaires bitumineux, notre présent cas. Ici, c'est ce qu'on appelle le
calcaire oligocène de Limagne. C'est une sédimentation des fonds
du lac de Limagne. Suite à une légère oxydation, on obtient
du bitume à la place du pétrole. La mine des Roys a été
exploitée de la révolution française jusque la fin des années
70.
Dans le site d'extraction de Dallet, on ne retrouve pas de bâtiments de malaxage, trituration, lessivage, flottation ou... je ne sais pas comment ça s'appelle, mais du traitement de minerai. A l'intérieur du réseau, les galeries ont un développement supérieur à 1500 mètres. C'est très approximatif, juste pour donner un ordre d'idée. Il y a une gare souterraine avec une cinquantaine de berlines, dont trois seulement sont entières. On trouve aussi ce qui me semble être une pelle Eimco à moitié démontée, un atelier de compression, un treuil, un appareillage ressemblant à une cage. Par rapport à la visite d'Antonin, de nombreuses découvertes, surtout parce qu'un groupe spéléo local désobstrue les passages bouchés et parce que le niveau d'eau est bas à cette période de l'année. Une descenderie noyée (eau bleue), une longue galerie de travers-banc de 300 mètres au minimum débouchant sur du baquage.
Les gerbes de bitume sont esthétiques. Soudainement, on tombe sur des blocs tout recouverts de noir, ça fait étrange. Des fois, ça fait comme des radiolites, plein de petites pointes dans tous les sens. Dans cette mine, il y a une odeur, mais ce n'est pas celle de la route. Plutôt une odeur de garage (?) c'est difficile à dire. C'est un réseau réservant bien des surprises et pas mal de mystères. A mon avis, il reste pas mal de choses à voir derrière les remblais, il faudrait passer du temps en investigation...
Panoramique du site de Dallet.
Le creusement est dans un marno-calcaire grossier. Ce n'est pas toujours très
stable.
Les restes d'une cage ? Ce matériel n'est pas identifié.
Le bitume est contenu dans le calcaire. C'est pourquoi il s'écoule sur
les parois.
Ce n'est pas une pollution mais un phénomène naturel.
Ces coulées ne manquent pas d'esthétisme. C'est rare de voir ce
genre de coulée en milieu minier.
Les restes d'une ancienne entrée en cavage.
Ici, on voit très bien les strates marneuses.
Les restes d'un petit treuil.
Ici, François montre une roche fortement recouverte de produits bitumineux.