Il s'agit de l'usine dite Saféa. C'est une des friches majeures de Belgique.
Située à Houdeng-Goegnies en face de l'Usine Duferco Boël,
elle est aujourd'hui démolie. La Spaque y entretient un chantier de dépolution
(amiante, mercure), ainsi qu'une destruction générale des installations
industrielles. Une tentative de classement de la tour de refroidissement a été
tentée, mais c'est resté sans succès.
C'est une usine où l'on fabriquait de l'engrais à partir des gaz excédentaires de la cokerie. Il y a bien longtemps, il y avait juste à côté une usine de production de coke. Il y a peu de temps encore, il y avait aussi un haut fourneau, directement dépendant de l'approvisionnement en coke. Dans la folie de destruction dont sont pris les politiques et promoteurs, tout cela fait partie du passé. Quand je parle d'excédents, il ne s'agit pas de morceaux de plastique. Le process de cuisson du charbon produisait une quantité non négligeable d'ammoniaque. Ce sous-produit participait à un process complexe, menant à la fabrication d'engrais azotés.
Cette usine a une histoire chargée. Ayant longtemps fait partie à parts égales à UCB et UGB, elle mit plusieurs années avant de démarrer. En effet, à peine construite, elle se vit interdite de production, en vue du respect des quotas imposés alors par le cartel de l'Europe. Après déblocage, elle fut enfin lancée à plein régime. Seulement, en 1940, les Allemands s'en emparèrent. Ils ont longtemps tenté d'adapter l'outil de fabrication à la production d'azote liquide, nécessaire pour leurs armées, mais diverses actions de sabotage empêchèrent la mise au point du procédé final.
Après 40 ans de fonctionnement, l'usine a été abandonnée en 1978. Malgré le temps, les lieux sont encore en très bon état. La présence d'un gardien a permis d'éviter les traditionnels pillages réalisés par les ferrailleurs, comme cela a pu être observé à la cokerie d'Anderlues, ou le massacre par les visiteurs, comme cela pouvait s'observer à la clinique Sainte Elisabeth d'Uccle. C'est une très vaste usine où seuls quelques chemins de ronde sont entretenus. Autrement, c'est une jungle dense et verdoyante. La végétation a même réussi à coloniser l'intérieur de certains bâtiments. Dans l'une des gigantesques pièces, perpétuellement humide, le sol est intégralement recouvert de mousses et de scolopendres (fougère très fine). On est dans un haut lieu de pollution, et pourtant, on se croirait dans une ancienne jungle oubliée. Les photos parlent d'elles-mêmes, c'est un des rares lieux à avoir un regard aussi vert.
Ce qu'on pourrait appeler "la porte de l'usine". Même si en réalité,
ce n'est pas l'entrée officielle,
on s'en doute, c'est une jolie manière
d'introduire le sujet.
L'un des grands halls de stockage. Ils étaient sans doute destinés
au stockage des matières premières et/ou des produits finis.
L'usine possédait sa propre imprimerie pour l'étiquetage des sacs
et l'indication de la marque.
La rotative est encore intacte, personne n'est venu la massacrer. Elle possède
encore
sur le rouleau un lettrage "Nitrate d'ammoniaque".
Dans un étage de l'usine, un bâtiment au sol poudreux et dont l'affectation
est inconnue, la présence d'un engrenage cassé en deux.
Un petit pont roulant.
Les sous-sols de ce bâtiment sont en très mauvais état. L'enlèvement
des machines a entraîné la défonce de certains paliers. Le
fond baigne dans un mètre d'eau.
Les toilettes pour Bernard ;-)
Un autre bâtiment, présentant quelques réservoirs volumineux
et décrépis.
Au dessus de ces cuves, des dizaines de vannes, commandant l'arrêt ou l'arrivée
d'on ne sait quoi...
Dans un autre bâtiment, ne possédant pratiquement pas de sol, le
crochet d'un pont roulant.
Du fait de la dangerosité des produits et les risques encourus, tous les
bâtiments de cette usine sont éparpillés sur un site immense,
séparés les uns des autres par une distance de sécurité.