Dans un petit village de Bourgogne, le voyage commence près d'une maison portant une belle estampille des ciments. Il fait très chaud. Après un peu de marche, on trouve la cimenterie. Elle est blanche et de dimension modeste. La carrière - plutôt méconnue semble t'il - est située derrière, dans un flanc de coteau.
Le
carreau est occupé par un sculpteur tailleur de pierres. A discuter avec
lui, on apprendra que :
- La carrière est abandonnée depuis 1992.
Sa pierre de taille ne vient pas de là mais de toute la France, ici c'est
de la pierre à ciment. La carrière a servi de champignonnière
durant un an.
- Elle ne rejoint pas les carrières situées 5 km
plus loin à l'est. Elle s'enfoncerait de 5 kilomètres sous la colline.
Au vu des vestiges, elle a été creusée à l'explosif.
Elle est de structure complexe.
- La carrière a été rétrocédée
à la commune.
La petite entrée débouche sur un tunnel muraillé. Après ce tunnel, on a l'impression d'être dans un minuscule réseau (en développement). En fait, il faut faire demi-tour sur le tunnel et là, on rejoint un vaste roulage. C'est une carrière de pierre à chaux, les volumes sont titanesques, rarement moins de dix mètres. C'était un important dépôt de munitions allemand. Un résistant a fait sauter les charges, d'après les dires. De ce fait, les parois sont souvent noires, probablement à cause de la fumée. La glaise ou l'humidité n'arrangent pas cet aspect très sombre. Et puis surtout, c'est une vraie poudrière ! On trouve beaucoup de balles, d'obus, de caisses de munitions, d'objets allemands non identifiés, de grenades, de culasses d'obus de mortiers. Ce n'est pas toujours rassurant.
Le développement semble très important. En quatre heures, on a l'impression de ne pas en avoir vu le quart. Il y a semble t'il un réseau ancien, très noir et un peu boueux, et un réseau récent, apparemment plus blanc et organisé sur un immense roulage rectiligne. On trouve un nombre important de vestiges, dont un immense ventilateur et des confortations gigantesques. C'est de la démesure.
Pour la partie récente, l'accès est franchement difficile. On doit passer dans un dédale de galeries en mauvais état. Après pas mal de tournicotages, on arrive près de l'entrée "officielle".
C'est un roulage de dimension colossale (15 à 20 mètres), sillonnant plein nord puis vers l'est, montant régulièrement. D'une manière générale, nous avons eu pas mal de difficultés à comprendre la géométrie du lieu. Ca fait des zigzags dans tous les sens, c'est un dédale de chambres et piliers gigantesques. Ca s'enfoncerait sous la colline d'au moins deux kilomètres. Trois ne m'étonneraient pas. On débouche sur un front de taille massif. Il ne reste pas des masses de matériels, sauf des ventilateurs, aussi musclés que la carrière en elle-même.
Nous y passons à peu près six heures, en by-passant complètement la partie ancienne. C'est très monotone, tout se ressemble et c'est assez vide. Certains secteurs sont des champignonnières. On retrouve de la très vieille meule (en mauvais état), des sacs ronds et des petits sacs rectangulaires (jamais vu ça auparavant). Nous supposons avoir rejoint la partie ancienne à partir de la nouvelle, repérée grâce à des flèches blanches au mur. Il reste un local de mineur, des fleurets, des lampes néons au ciel, quelques autres petits vestiges sans grand intérêt, deux minuscules veines de calcite, et c'est tout (ce que nous avons vu).
Il est bien tard lorsque nous revenons au jour. Le soleil se couche. Nous partons manger et dormir dans la pâture à Marcel. La nuit est incertaine. Tout le long de cette nuit à la belle étoile, je serai inquiet de la douche... Finalement, ce fut une nuit au sec. Je pense avoir reçu la visite d'un hérisson.
Une
insigne des Ciments d'Origny.
La dame qui y habite se sert de morceaux de gypse
pour tenir son linge sur le mur.
Le
magnifique canal.
Près
de l'usine et de la carrière, il y a cette belle écluse.
Voici
une vue de la petite usine de la cimenterie.
Elle
est de dimension restreinte par rapport à la dimension de la carrière.
Ici,
c'est le bâtiment du sculpteur. Au fond, il y a une entrée, visible
ci-dessous.
Une
tripotée d'entrées. Elles sont toutes fermées. Ce ne sont
pas de belles photos, c'est juste documentaire.
A
l'intérieur, ce sont de vastes roulages et une exploitation en chambres
et piliers.
Des
vestiges de berlines, sans les châssis.
Tout
y est très très noir, probable résidus des fumées
et des cendres lors de l'explosion du dépôt. A quelques endroits,
on se croirait presque dans les mines de fer de Lorraine.
Le
vestige d'un obus.
Cette
photo représente les quartiers anciens.