Nous allons visiter l'intérieur d'une nationale et dans des termes techniquement plus corrects, dans un caisson de pont type autoroutier. Peut-être le saviez-vous, les ponts à caissons sont creux ; il est impossible de réaliser de tels volumes entièrement remplis de béton. Il est assez rare de voir à quoi ça ressemble à l'intérieur. Le paysage souterrain présenté ci-dessous est assez représentatif de la structure générale des viaducs en béton.
Vous pouvez écouter ces lieux ci-dessous (lien vers Aporee) :
Le pont est situé dans un lieu bucolique, il y a des étangs
de pêche.
Le terrain raviné par deux rivières n'a pas facilité
le passage de la route.
De ce fait, cette route comporte
deux ponts, séparés l'un et l'autre d'un kilomètre
environ.
Ici, on voit que chaque pilier, creux, est équipé d'une
porte. A l'intérieur, on trouve une échelle et si on la
grimpe, on arrive sous le caisson, dans un vide de contrôle. L'intérieur
du pilier ne rejoint pas
le caisson, c'est un vide autonome.
Dans les plaques de culée, l'herbe arrive quand même à regagner
du terrain !
Les parements des culées sont comme de grandes pièces
du puzzle. Les parements de culée, ce sont en fait des écailles
de terre armée. Les culées de ce type sont constituées
de remblais qu'on limite verticalement en bordure par ces écailles.
Elles tiennent presque toutes seules car perpendiculairement à
l'écaille partent des rubans d'acier qui servent d'ancres dans
le remblai. Sur un autre lieu, du fait de la corosion de ces rubans,
plusieurs culées ont litéralement explosé.
L'extérieur du pont c'est bien, mais le but, c'est d'entrer dedans
afin d'enseigner à quoi ça ressemble. Donc voilà,
ici, je pointe le caisson. L'intérieur est entièrement
creux et ça fait environ 2,50m de haut.
Les jeux de lumière dans les fentes ne manquent pas d'esthétisme,
même si ça reste
incompréhensible pour quelqu'un qui n'a pas été
sur place.
Mais non, ce n'est pas rampatoire ! Ici, ça ne fait même
pas cinq centimètres de haut ! Le pont est constitué de
tabliers. Ce sont des grandes pièces qu'on vient poser sur les
piliers, vous roulez sur les tabliers. Ce sont des blocs de béton
précontraint qu'on dépose sur des socles sur-armés.
Le socle fait un bourrelet, c'est ce bourrelet qui porte. Entre le bourrelet
et le pilier, il y a un vide interstitiel. Et bien voilà, c'est
ça la photo. Les bourelets sont les appuis du tablier sur le
piles. Ces appuis sont en général (actuellement) du néoprène.
C'est un gros bloc élastique qui absorbe les déformations
de l'ouvrage.
Le sommet de la culée, où on aperçoit la nature une avant-dernière
fois.
Dans les trous d'évacuation d'eau de pluie, où on aperçoit
la nature pour la dernière fois.
Et nous voici dans le vaisseau spatial !
Ici, on est dans le caisson. Les tremplins qui sont en photo sont les
extrémités de câbles de précontrainte. Il
part une série de câbles de chaque voussoir. En général
on construit ce type de pont sans échaffaudage. On réalise
une pile et ensuite on met les voussoirs, un à gauche, un à
droite. Ca tient en équilibre comme le fléau d'une balance.
Toutes les piles n'ont pas ce rôle, certaines ne servent qu'à
réduire les contraintes. On met quand même quelques tirants
pour stabiliser l'ensemble. Chaque voussoir est "ficelé"
à son frère, de l'autre coté de la pile. 987654321__123456789,
en considérant que __ représente la pile, les 1 sont ficelés
ensemble, les 2 aussi, etc. Chaque câble passe dans des trous
(tubé en acier) dans les voussoir intermédiaire. Les extrémités
des câbles remontent dans le voussoir sur des pièces d'appuis.
Des sortes de pince permettent de les boulonner sous contrainte. Ensuite,
on coule un laitier de ciment dans les tubes pour remplir le vide autour
des câbles et on maçonne les extrémités (les
tremplins).
Entre chaque bloc de vide, on trouve un pilier. A chaque pilier, on
trouvera un passage.
Les points sont dus à la lumière du jour qui passe par
les trous. Etant donné que je n'avais pas de flash, j'ai éclairé
à la tikka. Ce n'est pas plus mal, les impacts lumineux en ressortent
d'autant mieux...
Par contre, étant donné que c'est un endroit très
poussiéreux, je me retrouve avec beaucoup de bruit sur les photos,
désolé... Vous noterez que les raidisseurs ne sont pas
les mêmes à tous les endroits.
L'acoustique de ce lieu est terrible. Outre les résonnances,
on a l'impression que les camions frôlent le visage. D'un certain
côté, étant donné que ça vrombit fort,
ça en fait un endroit un peu oppressant.
A la fin du caisson, le paysage change. Les raidisseurs prennent des
positions étranges.
Les mêmes photos, mais en open flash. Le béton n'a plus
aucune texture.
En réalité, je trouve que le rendu est moins intéressant.
Et attention ! Ici, on n'est pas seul ! Je me demandais pourquoi il
y avait de la mousse autour des trous dans le sol. J'étais parti
en grande théories, c'est le vent qui tourbillonne et qui fait
monter ça dans le caisson. Et bien, c'était bien plus
simple que ça !
Et il traîne des centaines d'oeufs, des générations
abandonnées.
Et oui, on n'est pas seuls... On remarque ici la présence de
chauves-souris, qui vont se réfugier dans le béton et
la poussière. Cela est fort étonnant car le lieu me semble,
à vue d'humain, fort peu accueillant. D'après Sandrine
Lamotte, de la division Nature et Forêt de la Région Wallonne,
rien de plus compréhensible :
il s'agit d'une colonie d'oreillards. Cette espèce est plutot
opportuniste et donc il est normal de les retrouver dans une telle structure.
Ils ne l'occupent que pendant l'été, donc aucun risque
de les y rencontrer en hiver.
Un second pont, un kilomètre plus loin.
Les caissons de la N4
Au fil d'une brève promenade, nous avons visité les
caissons de la N4 au-dessus de la E411.
C'est une très morne structure béton.