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Les
souterrains du Vaucluse
Inventaire
et description des exploitations souterraines dans le département du
Vaucluse et des environs proches d'Avignon.
Introduction
Le Vaucluse est un petit département de Provence surtout apprécié
pour ses vertus touristiques. On y trouve un patrimoine industriel et traditionnel
éparpillé. Les exploitations minières et carrières
n'y sont pas vraiment méconnues, des historiens locaux ont assidument étudié
le terrain. Malgré tout, aucun document récent ne vient apporter
une synthèse sur la situation actuelle de tous ces souterrains. Existe-t'il
encore de nos jours un patrimoine d'intérêt majeur dans ce département
? Des détails ont-ils échappé aux associations de sauvegarde
du patrimoine ? Quelles sont les perspectives d'évolution pour les sociétés
actives ?
Le Vaucluse comporte des exploitations d'une grande qualité,
des minéraux riches et une variété de techniques rare. Ce
document se veut comme bilan de la situation. Ce
texte dresse effectivement un inventaire voulu le plus exhaustif possible. Il
est bien entendu possible que des souterrains perdurent inconnus dans les maquis,
les archives sont assez rares et difficiles d'accès. Chaque description
reste assez sommaire. Une bibliographie détaillée apporte les compléments
nécessaires pour ceux qui voudraient faire une étude plus poussée
d'un site ou d'un minerai.
Les
ocres
L'ocre est une argile pure
(kaolinite) colorée par un hydroxide de fer : la goethite. Cette argile
colorée est finement mélangée à des sables. L'exploitation
de l'ocre en Vaucluse remonte à l'Antiquité. Aujourd'hui, la Société
des Ocres de France est la dernière exploitation active d'Ocre en Europe,
elle possède un site d'extraction à ciel ouvert aux Devens Longs
de Gargas et une usine de retraîtement à Apt : l'usine des Beaumes.
Il y a trois bassins ocriers très rapprochés les uns des autres
: Roussillon, Gargas et Apt.
L'ocre
est tiré du minerai ocreux. C'est un minerai de couleur variable : rouge
vif, rouge foncé, orange foncé, le plus souvent brun. Quelques variantes
sont jaunes foncé, violet ou rose. Il est à noter aussi que la couleur
varie fortement selon l'éclairage : lumière du jour ou lumière
artificielle. Le minerai est très sableux. Il se compose de 80 à
90 % de sables très fins et le reste d'ocre. La couche est assez régulière
et peut atteindre 35 mètres d'épaisseur.
Ce
bassin d'exploitation est assez important car toutes galeries mises bout à
bout, on obtient un réseau d'une dimension approximative de 50 kilomètres.
Toutefois, il n'y a pas d'exploitation gigantesque totalisant un grand kilométrage.
La plupart des souterrains sont de petites mines de quelques dizaines de galeries.
D'une manière générale, ce sont des galeries voutées
en ogive parfaite, de 5 à 12 mètres de haut, pratiquement toujours
en bon état, creusées à la lance. On y retrouve presque systématiquement
une réutilisation en champignonnière, uniquement en sacs. Les sables
ocreux ne se prettent pas aux meules parce que le terreau a tendance à
se mélanger aux sables.
Exploitation "Vergilas" à Roussillon.
Les
procédés d'extraction et de traîtement des ocres sont relativement
complexes. Avant 1960, on utilisait un système de lavage. L'élimination
des sables se faisait dans des batardeaux. Les sables lourds coulaient au fond
tandis que les ocres s'évacuaient avec l'eau. Ce résidus boueux
partait alors dans des bassins de décantation. Aujourd'hui, on utilise
des teschniques plus évoluées, permettant plus de précision
et d'éviter le gachis. Les sables ocreux subissent un premier lavage avec
des jets d'eau. Cela met de côté les sables les plus grossiers. La
suite du process se passe dans un cyclone. On y applique une force centripète,
séparant les sables fins des ocres. Les sables sont utilisés en
remblais routiers tandis que les ocres partent à la décantation.
Une fois que l'évaporation de l'eau est terminée, on ramasse les
ocres à la pelle et on les envoie à la calcination, dans les deux
fours de l'usine des Beaumes.
Dans
cette usine de retraîtement, on va y calciner les poudres d'ocre. En chauffant
l'ocre à 850 degrés environ, l'oxyde de fer se déshydrate
et se transforme en hématite. Du orange foncé relativement traditionnel,
l'ocre prend une teinte fixe (devenue invariable), le plus souvent rouge foncé.
La température de cuisson et la durée vont fixer la couleur de l'ocre
: une palette variant du jaune clair au marron très foncé. Ces pigments
sont utilisés principalement dans la construction, afin de colorer des
enduits de murs. Les ocres calcinés sont envoyés dans un broyeur
pendulaire, la poudre est calibrée à 50 microns. L'ensachage se
fait par 25 kilogrammes.
L'utilisation
de l'ocre remonte à la préhistoire, mais c'est seulement au 19ème
siècle que l'on amorce la phase industrielle. Dans les jolis villages de
Roussillon et Gargas, on retrouvera essentiellement des vestiges de cette période.
A
Roussillon, il existe 6 exploitations souterraines : Vergilas, Les Maigres, La
mine Pevraud, La mine de Pierroux, La-Haut-Le-Vent, et Le Cinéma. L'une
d'elle, la mine Pevraud, d'ailleurs de loin la plus grande, traverse la colline
de part en part. Contrairement à Gargas, les galeries sont relativement
basses (n'excédant pas 7 mètres) mais donnant la plus grande palette
de couleurs. Il reste une dernière exploitation vers Les Gaillanes mais
elle n'a pas pu être reconnue, située dans une propriété
privée.
Exploitation "Les Maigres" à Roussillon. Un fait rare dans
la région : on peut y reconnaître quelques galeries de reconnaissance
de 2 mètres de haut pour cinquante centimètres de large.
A
Gargas, il existe de nombreux et divers restes de l'extraction ocrière.
La
mine Piton (commercialement appellée Carrière de Bruoux). C'est
l'exploitation touristique de Gargas. Elle est régulièrement ouverte
pour des visites. Ce sont de hautes et larges galeries, dont l'une tout à
fait centrale est une piste cimentée. On y retrouve une ancienne salle
de transformation électrique, des blocs frigo pour les champignons. Une
partie de cette exploitation est noyée.
Les
Devens Longs. C'est une exploitation souterraine dont les galeries sont les
plus hautes. Elle est directement attenante à la carrière à
ciel ouvert. Il y a une recette de puits très esthétique, lequel
sert de passage pour un pompage d'eau alimentant le cyclone. On y trouve aussi
une galerie triangulaire et une berline.
La
carrière du Tomple. Cette carrière possède un chevalement
en bois, situé à l'intérieur d'un petit barraquement. Cet
appareillage est encore fonctionnel car le pompage d'eau sert à une société
de fruits confits. La carrière située en dessous a un accès
difficile dans les broussailles. Les cavages sont inondés.Il
y a aussi de multiples réseaux plus ou moins perdus dans les bois : un
plan incliné près des mines de Bruoux, donnant dans un réseau
immédiatement noyé. On peut apercevoir une berline à quatre
mètres sous l'eau. Non loin de là, un puits carré donnant
dans quelques galeries plus ou moins inondées. Puis des petites galeries
sans grande importance.
Chevalement en bois de la carrière du Tomple.
Haute galerie aux Devens Longs de Gargas.
Salle des pompes de la mine des Devens Longs, Gargas.
La
bauxite
Les vestiges de l'exploitation
de la Bauxite sont difficiles à trouver. Quelques villages gardent les
marques d'une exploitation intense : immenses carrières à ciel ouvert
reconverties en lac, grattages omniprésents le long des chemins, présence
de minerai dans les maquis... Mais en ce qui concerne des outillages, des machines
ou des exploitations souterraines, c'est inexistant ou difficile à trouver.
Sur le terrain, des 21 mines pointées, seulement deux ont été
localisées.
Avant
de décrire la structure des mines, je m'attacherai à donner quelques
détails sur la découverte de la bauxite. La
bauxite est le minerai d'aluminium. Elle est composée d'un mélange
de minéraux : la gibbsite, la boehmite, le diaspore et l'alumogel. D'aspect,
elle est plutôt terreuse, de couleur variable : entre le rose uni et le
marron clair, rouge vif à jaune, quelquefois ressemblante à une
pâte de gateau mal mélangée, c'est à dire avec des
rainures informes de rouge et de rose. Elle se forme par décalcification
des couches calcaires.
La
bauxite a été découverte en 1821 par Pierre Berthier. Il
met à jour par grattage une minière contenant 52% d'oxyde d'aluminium.
C'est une découverte tardive par rapport à d'autres découvertes
de minerais métallifères. Après de nombreuses conjectures,
ce n'est qu'en 1860 que le chimiste Henri Sainte-Claire Deville met au point le
procédé de réduction de la bauxite. Les procédés
industriels sont mis en place en 1886. Indépendament, Paul Héroult
en France et Charles Hall en Amérique, créent le procédé
d'électrolyse de l'alumine. Un an après, Karl Bayer fait brevetter
ce procédé. La bauxite est broyée, puis mélangée
à de la soude sous haute température, soit 950 degrés. Le
liquide en fusion est placé sous pression. La liqueur obtenue est débarassée
de ses impuretés, on obtient un aluminate de sodium quasiment pur. Juste
ensuite, cette liqueur est diluée puis refroidie. Cela provoque la précipitation
des oxydes d'aluminium. Dans un four rotatif, cet oxyde est calciné, on
obtient l'alumine, directement destinée à la production de pièces
usinées en aluminium.
Au
moins deux mines existent encore de nos jours. Les autres mines n'ont pas été
localisées parce que la région a subi d'intenses changements depuis
la dernière révision de la carte géologique (1974). Les bois
sont devenus champs, même des cours d'eau ont été détournés.
Ce qui est indiqué comme mine s'avère être tour à tour
champ cultivé, grattage fortement comblé, minière envahi
par la végétation. Les deux mines ne sont pas marquées sur
la carte géologique, ce qui démontre l'impuissance (ou la volonté
d'impuissance) à définir une situation claire dans ces communes.
Aspect d'une partie en bon état du réseau ancien.
La
mine du MG
C'est de loin la moins
intéressante. Elle possède une entrée en cavage, un chemin
de grande randonnée la contourne plus ou moins. Cette mine est entourée
de nombreux minuscules réseaux, des galeries de longueur variant entre
1 et 5 mètres. La mine à proprement parler est creusée selon
la méthode des chambres et piliers. On accède pratiquement immédiatement
dans des galeries plus ou moins noyées. D'après une visite faite
par une autre personne, il semblerait que ce réseau ait un développement
avoisinant les 300 mètres.
La mine des C
L'origine
de ce nom provient d'un lieu-dit. C'est une exploitation minière ayant
appartenu à Pechiney, dont la fermeture définitive se situe en 1990.
Le grand cavage officiel, situé dans l'enceinte de la carrière à
ciel ouvert, a été mis en insécurité par la Drire.
Cette mine est un magnifique réseau,
dont le développement avoisinerait les deux kilomètres. Il a été
difficile de tout visiter car les parties anciennes présentent un creusement
anarchique. Le réseau se subdivise en deux parties distinctes, un creusement
ancien, daté de visu du début du siècle, puis un creusement
récent, industrialisé et faisant appel à des engins pneumatiques.
La grande descenderie moderne de la mine des C.
Le
réseau ancien s'étale apparemment sur deux tiers de la surface visitable
de la mine. On est à faible profondeur. Les galeries sont larges (souvent
7 ~ 8 mètres) mais ne sont pas hautes. On excède rarement les deux
mètres. A cela vient s'ajouter la présence systématique de
décollements. Les voutes subissent des plaquages un peu partout et, assez
souvent, les galeries prennent un aspect de champs de ruines. Au beau milieu de
ces quartiers d'exploitation en mauvais état, on retrouve un roulage encore
équipé de sa voie étroite, prenant l'aspect d'une descenderie
sur sa partie supérieure. On arrive rapidement sur une ancienne entrée
comblée.
Plus
loin, on retrouve des quartiers en bon état, témoignages des dernières
périodes d'exploitation. Les galeries y sont hautes et larges (6 mètres
minimum), étançonnées et grillagées. On y retrouve
un ventilateur en bon état, un transformateur ainsi que de très
nombreuses traces de chargeur. Malheureusement, ces galeries sont profondes et
suivent un pendage de 10% environ, et elles plongent rapidement dans un noyage
inévitable. Les galeries siphonent au bout de 20 mètres.
Il
ne reste pas d'autre vestige à l'intérieur de la mine. Seul à
signaler la présence d'un morceau de berline près de l'entrée
située dans la carrière à ciel ouvert.
Les
lignites
Le lignite a été
exploité depuis le début du Moyen-Age dans le Vaucluse. C'est donc
une exploitation ancienne. Son développement a été très
important et a perduré jusque la fin du 19ème siècle. On
retrouve des mentions d'exploitations de lignite en souterain à : Piolenc, Mondragon,
Laudun, Saint Pons la Calm, Cavillargue. Seuls les réseaux de Piolenc sont visitables.
Les autres sont ravagés ou n'existent plus.
Le
lignite est une roche charbonneuse. Il provient tout comme le charbon d'une accumulation
de masses végétales qui par suite de déshydratation, n'ont
pas pu se putréfier. Elles se sont carbonifiées. La carbonification
est un enrichissement en carbone lié à un apauvrissement en oxygène.
Ce sont la pression et la chaleur qui provoquent ces transformations. Une houille
classique contient 83% de carbone, du lignite en contient 73%. L'aspect du minerai
est celui d'un charbon beaucoup moins gras. Les restes de plantes ne sont pas
vraiment reconnaissables. On a une couleur brun-noir avec un éclat mat,
une très faible densité et une roche qui se désagrège
rapidement.
Piolenc
comporte de très nombreuses mines de Lignite : il y en a 85. Elles sont
souvent en très mauvais état, petites et difficiles à trouver.
L'accès aux mines est interdit par arrêté municipal. Certains
réseaux ont des développements labyrinthiques de plusieurs kilomètres,
datant du 17eme au 19eme siècle. La hauteur des galeries dépasse
rarement le mètre, avec des passage de chatière dans le sable et
quelquefois, des voutes effondrées sur des centaines de mètres.
Les
phosphates
Il s'agit là
d'une exploitation peu commune : les phosphatières de Tavel et Lirac. On
y retrouve en effet un aven qui au fil du temps s'est rempli de phosphates. Les
carriers ont tout simplement vidé cet aven, qui a presque retrouvé
son aspect naturel. Seuls quelques vestiges ça et là viennent rappeler
qu'il s'agit d'une exploitation et non d'une grotte.
Le réseau
est labyrinthique et possède 12 entrées (d'après ce qui a
été trouvé et qui pour sûr, est loin d'être exhaustif.
Les galeries sont informes, difficiles à visiter et labyrinthiques. Un
aspect positif, les méandres se rejoignent plus ou moins le long de petits
passages inclinés à 45 degrés et la mise en place d'un matériel
spéléologique conséquent n'est pas nécessaire. 2200
mètres de réseau s'entremêlent.
Un aspect de galerie dans la phosphatière de Tavel.
Au
nord, vers "La Vaute", on retrouvera les restes d'un chevalement. Il
s'agit en réalité d'une ruine, puisque seuls deux murs subsistent.
On notera que le puis est entièrement comblé avec des déchets.
Juste à côté, une descenderie a subi le même sort, on
y appréciera même les restes d'une voiture cabossée, enfichée
dans le trou et écrasant les restes d'un treuil. La véritable entrée
est située dans la partie Ouest. Elle comporte un joli muraillement, mais
aucune indication de date.
Les
restes d'exploitation sont rares, les carriers ont méticuleusement exploité
leur minerai. On y appréciera tout de même la présence de
confortations, paraissant inutiles dans ce paysage karstique.
Les
pierres à bâtir
Les
exploitations de pierre à bâtir sont très nombreuses dans
le Vaucluse. Elles sont souvent spectaculaires. Seuls trois sites souterrains
ont retenu l'attention : Les Baux de Provence, Oppede et Saint-Restitut.
Les
Baux de Provence
On y retrouve deux
sites souterrains contigüs, nommés Les Caves de Sarragan. L'une des
carrière s'intitule "La cathédrale de Lumière".
C'est en réalité un nom commercial pour un lieu exploité
touristiquement. La seconde carrière est un prolongement de la première.
On y découvre quelques témoignages de l'exploitation. La pierre
est une molasse blanche, extraite comme pierre à bâtir. On la retrouve
en effet dans tout le village des Baux. Les creusements anciens devaient être
à ciel ouvert, car dans ces excavations souterraines, il n'y a que du creusement
à la haveuse. Ce sont des galeries très hautes (30 mètres),
s'enfonçant sous la colline. Le développement est très faible
- une centaine de mètres - mais le gigantisme de ce lieu est attractif.
Sur quelques parois et très en hauteur, on retrouve des dessins de carrier
peu lisibles, et des médisances sur le curé. Il ne reste plus de
matériel d'extraction visible en ces lieux.
De belles perspectives aux Baux de Provence.
Oppede
La carrière des Estaillades est un magnifique site en activité,
exploité par les Carrières de Provence. C'est une spectaculaire
carrière de calcaire coquillier. Le site est divisé en quatre lieux
d'exploitation : deux à ciel ouvert et deux en souterrain. Toutefois, les
souterrains ne servent que de stockage et d'atelier.
Les carrières
souterraines ont un développement assez restreint, environ 400 mètres,
et sont bordées d'entrées. On y retrouve quelques témoignages
anciens, notament des graffitis grivois, des traces d'escoudre près de
l'entrée et quelques vestiges d'exploitation à la lance.
La
pierre est pratiquement uniquement destinée aux cheministes, fabriquants
de cheminées. En effet, elle se prête parfaitement aux plaquettes.
On trouvera même un massicot permettant de fragmenter en briquettes de parement
les blocs possédant des défauts. Le site d'extraction comporte sept
haveuses Blanc et trois haveuses-rouilleuses Perrier équipées de
chaînes diamantées. Les blocs sont sortis de la masse en 2,00 mètres
x 1,65 mètres. Les débiteuses sont des scies à guillotine
Rexo et Gregori-Ravet.
En
ce qui concerne l'exploitation ancienne, on dénotera que le Palais des
Pâpes d'Avignon provient de ce site d'extraction.
Vue générale de la première partie souterraine de la carrière
des Estaillades.
Haveuse en phase de réparation à l'atelier.
Saint-Restitut
C'est une carrière souterraine
située bien plus au nord, dans la Drôme. Elle est citée ici
tout simplement parce qu'elle est mythique dans les archives (On la retrouve partout).
En réalité, la Carrière Sainte-Juste est un seul volume cyclopéen
dont l'intérêt est assez limité (La carrière "Cave
Cathédrale" juste à côté n'est pas évoquée).
Le volume souterrain comporte de nombreuses entrées. Ce sont des chambres
et piliers taillés à la haveuse. Malheureusement, la facilité
d'accès a gaché le spectacle, les graffitis à la bombe de
peinture sont très nombreux. On y retrouvera tout de même les vestiges
d'un plan incliné, qui servait à descendre les blocs jusque Saint-Paul
Trois Châteaux. A noter aussi les ruines du siège d'extraction, avec
une inscription Ste-Juste 1830, des quais de chargements avec quelques restes
de rails et dernièrement une ruine de bâtiment comportant des vestiges
de treuil.
Vue du quai de chargement de la carrière Saint-Juste.
Le
sable
A la ville de Piolenc, on signalera la présence de deux carrières
des plus atypiques, creusées dans le sable. Traditionnellement, on évoque
l'existence de quatre sites de carrières de sable en France :
-Le
Puiselet à Larchant (Seine et Marne), la plus grande et plus impressionnante
carrière de sable.
-Darvault, non loin du précédent site
d'extraction.
-Béthune (Pas de Calais) : une minuscule et dangereuse
carrière située sous la Grand Place.
-Piolenc
(Vaucluse) : deux sites relativement méconnus.
Le
problème essentiel, c'est qu'aucune documentation n'a été
trouvée sur ces sites. Dans le livre de Jean-Pierre Locci (voir bibliographie),
on peut voir deux cartes postales évoquant la présence d'une usine
de "tamiserie mécanique de sable blanc" à P., puis les
cavages de la première exploitation. Il semblerait que ces exploitations
datent du milieu du 19eme siècle, et qu'il s'agissait de sable verrier.
Sur
place, les sites souterrains sont plus ou moins situés dans les broussailles.
Il semblerait au vu de la topographie des lieux, qu'il y ait eu des carrières
à ciel ouvert et que les exploitations souterraines en sont le prolongement.
Ce sont des réseaux surprenants, insolites et extrêmement esthétiques.
Ils s'étalent sur tois étages, dont deux principaux. Quelquefois,
les deux étages sont séparés par 10 centimètres de
sable ! En témoignent les trous dans le sol ou les voutes. Les galeries
sont souvent ovoïdes, avec une finition des croisements comme aux voutes
des carrières de Meudon, c'est à dire avec une précision
étonnante. Il est rare que l'on retrouve des espaces informes comme au
Puiselet. En vérité, les galeries ne sont pas creusées sous
une dalle de grès, elles sont directement taillées dans le sable,
en témoignent des vestiges de pelles. Les parois sont constituées
de sable agloméré, et de manière assez surprenante, cela
reste stable. Il n'y a que quelques rares effondrements. A part ça, le
réseau est labyrinthique et ne semble pas suivre de schéma directeur
particulier.
Ce lieu ne fait pas état d'une quelconque protection.
A noter qu'il n'est presque pas démoli par des visiteurs peu respectueux,
mais il est dommage qu'aucune étude complète et structurée
ne vienne décrire ce réseau.
La première carrière souterraine, vue d'un étage inférieur.
La seconde carrière souterraine, vue de la galerie principale, servant
d'accès.
Les étages sont quelquefois séparés de dix centimètres
de sable.
Les
autres souterrains
Il existe
un canal souterrain à Mornas. Ses deux extrémités sont encore
accessibles mais un tiers du réseau est noyé. Le tunnel traverse
une falaise. C'est en réalité deux tunnels. Au milieu, il y a une
coupure, le réseau cesse d'être souterrain. D'une longueur approximative
de 1300 mètres, ce fut en premier lieu un canal de dérivation du
Rhone, à des fins d'irrigation. Aujourd'hui, c'est remplacé par
une canalisation sous pression, l'activité à cessé en 1990.
Ces deux tunnels sont assez esthétiques.
Vers le milieu, certains passages sont concrétionnés.
Tunnel de Mornas, une montée de voûte.
La
carte géologique et les archives signalent trois carrières d'argile
réfractaire à Mondragon. Ceci n'existe plus de nos jours. A Saint
Laurent la Vernede, l'IGN signale une carrière de quartzite au Mas de la
Gineste. Cette exploitation n'est plus visible et on ne retrouve aucun vestige
d'exploitation. Des exploitations de soufre
ont existé à Apt (mine des Tapets), mais il n'en resterait plus
aucune trace visible.
Bibliographie
-
Tout : L'exploitation des
ressources minérales en Vaucluse, de Jean-Pierre Locci. ASPPIV. Le seul
document facilement accessible donnant un aperçu historique bref mais complet
sur les mines de lignite.
-
Ocres : Brochures de présentation de la Société des Ocres de France.
Les documents de Frédéric Baldo, de l'association Okhra à
Roussillon. Ocre et Ocriers du pays d'Apt de Serge Bec. Le mémoire de Olivier
Tur sur le patrimoine industriel des ocres.
-
Bauxite
: Chambre syndicale de l'aluminium : histoire de la bauxite de Tourves.
-Brgm
: Atlas des ressources du sous-sol et des eaux souterraines du département
du Vaucluse.
-Acep : Pierres en Provence,
Edisud.
Remerciements : Stéphanie
Guigou de la Société des Ocres de France. Jean-Robert Charlier des
Carrières de Provence. Jean-Pierre Locci de l'ASPPIV. Jean-Jacques Clément
pour le tunnel de Mornas.
Exploitation "Le Cinéma" à Roussillon.
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