Accueil - Urbex minier - Urbex industriel - Urbex religieux - Paysages sonores - Contact & achat - Politique de confidentialité
Le sanatorium de Bergesserin (1/2)
CE LIEU N'EST PLUS UN URBEX. JE RECOIS ENVIRON 40 DEMANDES PAR MOIS. C'EST EN RÉNOVATION. C'EST OCCUPÉ SUR PLACE 24/24. CAMÉRAS CAR LES PROPRIÉTAIRES SONT EXCÉDÉS. LAISSEZ-LES TRANQUILLES ET PASSEZ À AUTRE CHOSE.
Toutes les photos ont été réalisées par Nicolas Duseigne.
Voici un documentaire sur le sanatorium de Bergesserin du temps où il était visitable. Il n'est désormais plus accessible.
Ce sanatorium est situé sur la toute petite commune de Bergesserin, en Saône-et-Loire, Bourgogne. Il s'agit d'un établissement absolument gigantesque, nous n'avons jamais croisé un endroit architecturalement aussi vaste jusqu'à présent, en tout cas d'un seul tenant (éventuellement Saint-Hilaire-du-Touvet pouvait juste rivaliser quelque peu). Le lieu est en cours de réhabilitation par une nébuleuse d'intervenants différents, c'est en cette raison que nous avons pris le choix de le nommer avec précision. Effectivement les visites ne sont plus possibles à ce jour, ou, à défaut, vous tomberez simplement dans un vaste chantier de réhabilitation : nettoyé, récuré, les toitures en rénovation. A ce titre, les propriétaires excédés par les visites & dégradations, ont reçu conseil d'implanter un malinois sur le site. Jusqu'où doit-on arriver ?
Comme de très nombreux autres établissements, le sanatorium de Bergesserin était destiné à soigner la tuberculose. Il fut érigé en France, dans l'urgence et ce notamment au début du XXème siècle, la somme de 250 établissements de ce type. Pourquoi ? Afin d'enrayer la terrible épidémie de tuberculose, celle qui causait la bagatelle de 100.000 morts par an. Le lieu a été choisi pour son aspect verdoyant, ceinturé de forêt, son altitude de petite montagne, son air pur, ainsi qu'une exposition plein sud de la plus parfaite augure. Le début de la construction date de 1932, notons toutefois que la décision d'implanter cet établissement date quant à elle de 1929. D'office, la construction de cet établissement s'est avérée plus ou moins difficile. La Seconde Guerre mondiale a grandement perturbé les travaux, nous répertorions une cessation pure et simple de construction à partir de 1939 et jusqu'en 1946, voire même une réquisition des locaux par l'occupant.
C'est un bâtiment que l'on peut classer dans la section du plus pur gigantisme. Le corps principal fait 250 mètres de long, pour 4 niveaux d'étages au minimum. Je précise le terme minimum, parce qu'il se trouve en quelques endroits et selon la déclivité du terrain, des niveaux assimilables à ce que l'on pourrait considérer comme des caves, menant au tournis : 6 étages de pure immensité.
Dans sa fonction initiale, le bâtiment a été conçu pour soigner des femmes. L'hôpital avait la capacité d'accueillir 210 femmes, dans des conditions souvent spartiates, de solitude et de dénuement matériel : blancheur immaculée ; beaucoup de vide et d'attente, guérir, tant d'espoir et rien autour de lui en fin de compte. Nous n'avons pas pris connaissance de courrier d'hospitalisés faisant état d'une situation déplorable, au contraire d'autres lieux comme le sanatorium Lemaire de Tombeek par exemple. Il s'agissait somme toute d'un isolement forcé, subi, et dès lors inévitablement douloureux. Elles étaient cloîtrées à trois par logis. Ces chambres étaient spacieuses et lumineuses, ce qui conférait à la retraite forcée une qualité d'accueil plutôt remarquable.
À l'orée de l'éradication de la tuberculose, le bâtiment se voit peu à peu réaffecté. La mairie de Bergesserin évoque une reconversion datant des années 60, en vue de créer une maison de retraite (ils évoquent plus spécifiquement une maison de convalescence, dépendant donc de l'hôpital de Mâcon). La fermeture définitive de l'établissement date quant à elle de 2008. Cet éloignement temporel, dix ans et plus encore, de vide destructeur, conduit à l'accumulation de nombreuses strates de vandalisme. Il ne reste plus grand chose du sanatorium, sauf une gigantesque coquille de béton, ma foi considérable et esthétique.
De nombreux articles de presse retranscrivent récemment - voire même fustigent - une vente réalisée à un prix absolument dérisoire. Notons, sans réellement donner notre avis sur la question, qu'au moins, cela permet l'engagement d'une réhabilitation du bâtiment avant que n'intervienne un vandalisme forcené encore plus prononcé. Fort de notre expérience, nous pouvons témoigner qu'en certains lieux, même les murs de béton sont cassés par les vandales. Vous n'imaginez pas jusqu'où cela peut aller ; sans parler des incendies. Bref, le Bergesserin va revivre.
Le projet de rénovation peut s'avérer quelque peu nébuleux pour nous, ne connaissant pas en profondeur les tenants et les aboutissants. Il est en tout cas évoqué, en de multiples places de communication, qu'il s'agit d'une rénovation des 15000 m² de l'établissement par 17 acteurs, lesquels sont porteurs d'une trentaine de projets différents. Il n'est pas forcément établi que ce soient des projets strictement artistiques, même si ce qui coexiste actuellement sur place semble y correspondre. Les valeurs mises en avant sont la préservation de l'environnement ainsi que le vivre ensemble. Il s'agira donc indubitablement de rénovation en vue de créer une certaine forme de logement intergénérationnel ainsi que des places de travail donnant lieu à de la conception artistique.
Voici donc un lieu qui revit enfin, après presque 15 ans d'abandon, un paquebot blanc sur la montagne qui entre dans une dynamique positive. C'est un grand bénéfice. Louons à ce titre l'action plus que bénéfique engendrée par la mairie, qui a à cœur de faire vivre son petit territoire du Clunysois plutôt que de démolir à tout va, (nota bene Le Touvet, somme toute plutôt comparable, est passé aux pelleteuses en 2018). En ce qui concerne notre visite, il n'est guère d'autre chose à dire que le gigantisme marque plus que tout. C'est un lieu exceptionnel en cette matière, ce allié à l'aspect architectural mêlant à la fois la légèreté, la lumière, mais aussi un certain caractère typique de l'architecture brutaliste du début du 20e siècle. Plus que du brutalisme, on pourrait parler de fonctionnalisme, mais ce terme existe-t-il véritablement ?
Les ferronneries sont de type Art Déco, ce qui confère à cette architecture un aspect soigné indéniable, mais aussi une certaine légèreté. Au vu de la longueur de l'établissement et de la répartition des centres de soins, cela devait constituer en tout et pour tout une promenade quotidienne bien agréable pour les pauvres personnes soignées d'une maladie aussi grave. Combien de ces femmes quasiment condamnées ? Nul ne le sait.
Ça fait une ambiance un peu lourde tout ça... Le sanatorium, sa pesanteur, son lot de petites histoires horribles qui ont pu s'y dérouler. Rien de bien drôle j'en conçois. Remercions Nicolas Duseigne d'avoir concocté ce reportage, partons dès lors dans cet immense dédale hospitalier.
