L'antenne de l'Otan de Court-St-Etienne
Voici aujourd’hui un reportage un peu particulier, il s’agit de l’ascension d’une ancienne antenne de l’Otan. L’on croirait ce genre de structure directement sortie d’une construction post-soviétique, grosse masse titanesque de ferraille militaire semi-déglinguée. Il n’en est pourtant rien, c’est bel et bien proche de chez nous : Court-St-Etienne, Belgique. Cette antenne a été démolie le 12 octobre 2023 par deux dynamitages successifs.
Dans le vocable local, les gens l’appellent le radar. Fausse appellation, ça n’a rien à voir avec une quelconque fonction de radar aérien. C’est un émetteur-récepteur de transmission, base de l’Otan, aujourd'hui démilitarisée. Au sein de Court, les habitants méprisent ou ignorent cette structure, souvent qualifiée de moche.
Cette antenne, ancienne structure militaire donc, est devenue obsolète avec les progrès technologiques. De ce fait, elle a été remplacée par une antenne blanche, moderne, esthétique, élancée, nettement plus basse, qui elle en tout cas se voit toujours affectée à le la transmission militaire. Peu à peu, notre grande antenne n’a plus servi à rien ; les émetteurs ont été démontés vers 2006 (la dernière photo les montre à titre de mémoire). Cette demi-tour Eiffel reste là fichée immense dans ses champs de patates.
En toute logique, elle aurait dû être abattue rapidement, cette masse de métal. En effet, du haut de ses 165 mètres, elle n’est pas sans causer quelques soucis au trafic aérien. Oui mais... Il y a souvent un « mais » dans nos aventures et nos histoires intrépides ! Au pied de l’antenne passe une canalisation de gaz haute-pression. Ca signifie l’impossibilité de l’abattage, en tout cas du dynamitage, seule solution économiquement viable. La faire tomber causerait un risque majeur. Il faut la démonter pièce par pièce. Qui voudrait de ça ? C'est ce que je pouvais en dire jusqu'à ce jour, ou contre toute attente, la patiente organisation verra venir le pétardage.
En octobre 2013, l’antenne fut mise en vente, l’Otan s’en débarrasse. Cela provoque un étonnement dans les bureaux, une sorte d'expectative. Que va-t-il arriver ? Quelques opérateurs téléphoniques regardent vaguement l’affaire, puis renoncent par désintérêt. Puis voilà qu’elle est subitement achetée dans la plus grande discrétion ; plus personne n'en parle. Curieux… Il s’agit en fait d’un châtelain attenant, qui avait tout simplement le souhait qu’il ne s’y passe rien d’autre. Depuis et dès lors, la structure ne sert à rien, elle est pour ainsi dire pétrifiée.
La montée des 165 mètres n’est pas une mince affaire, les bras peuvent tétaniser un peu, même si c’est en réalité pleinement sécurisé. Il y a un sacré vent là-haut. L’antenne est plus ou moins entretenue : un membre d’une structure de l’état y remplace annuellement la lumière rouge du sommet, dans le but de signaler l’obstacle à l’aviation civile. C’est bien tout. Il existe une contradiction sur la hauteur. J'ai toujours entendu parler de 186 mètres. Cependant la presse titre 165 mètres. Par principe de précaution, j'écris désormais 165 mètres. Allez du coup, partons gravir cette belle structure, la montée déménage !
Au milieu des patates, on ne voit qu'elle.
Grimper ça ? On se sent tout petit.
Pour peu même, on viendrait à ne pas croire cela possible.
Vite vite les 50 premiers mètres, on ne voit que moi...
Tirer sur les bras pour se dépêcher, ça tétanise.
Oui bah n'empêche que Graal pour Graal, j'y vais !
Question vertige, c'est pour aguerri.
Et voilà peu à peu la morne campagne qui se dévoile.
Le châtelain habite la masse blanche au fond dans les bois.
Le château, caché dans les bois.
On se croirait presque en avion.
Les fermes environnantes rappellent la richesse de la région.
Chaque pas rappelle qu'on est petit, la tour est une masse colossale.
Le regard vers le bas témoigne qu'il faudra descendre sain et sauf. Diantre !
Le sommet. La lampe rouge est le rond en ombre dans le caillebotis.
Les gens passent, je suis un moustique d'un pixel tout là-haut.
Belles ondulations rurales.
Allez, descendons désormais. Il vente, ça caille !
La tour moderne de l'Otan. Elle est sur domaine militaire.
Nous allons regagner le plancher des vaches.
La tour en 2006, juste avant le démontage des émetteurs.