Le sanatorium des vallées
Nous avons reçu les photos d'un voyageur et nous en avons fait la synthèse historique.
Ce sanatorium fait partie d'un grand ensemble hospitalier situé en région Rhône-Alpes. Cet hôpital a ouvert aux environs de 1865 sous Napoléon III. En toute origine de ce vaste établissement, ce fut avant tout un château bringuebalant et malmené, qui a été investi puis rénové ; ce dernier était en vente pour une somme relativement modique au vu de son état avancé de dégradation. C'est un bâtiment de belle qualité architecturale qui existe toujours à ce jour. Ce dernier est totalement fermé et muré par des parpaings. De ce fait, toute visite est impossible.
A l'origine des projets médicaux, il fut établi en lieu et place du château un établissement d'hydrothérapie. A l'époque, cette méthode de soins relativement novatrice en ce secteur urbain rencontre un grand succès. De ce fait l'on peut observer un effet de saturation de la structure. Par la suite, ce lieu fut reconverti en hôpital permettant de soigner les hommes au retour de la guerre. Environ 90 convalescents masculins étaient accueillis.
Au début du XXème siècle, deux donations permettent la construction de bâtiments nouveaux. Le but est d'accueillir des enfants en convalescence, ainsi que l'établissement d'une nourricerie pour les enfants prématurés. A ce jour, la nourricerie est démolie, il n'en reste aucune trace, hormis un vaste parc arborée remarquablement joli pour ce secteur magistralement urbain. C'est en 1922 que débute plus précisément notre histoire, avec la décision d'implanter un lieu permettant le traitement des femmes tuberculeuses. Elles sont accueillies dans des baraquements de mauvaise qualité. Dans les années 30, nous voyons alors l'érection du sanatorium que nous connaissons aujourd'hui, entièrement dédié à la phtisiologie. De manière postérieure, nous sommes amenés à constater qu'il a été ajouté à cet établissement un auditorium, d'une qualité architecturale réellement passable. Quoi qu'il en soit, ça tourne à plein. Exposé plein sud, les cures de soleil sont de rigueur. En contrepartie, pas de présence du bon air de la montagne. De toute évidence il faut traiter la tuberculose en extrême urgence ; les établissements sont construits à foison à toute vitesse.
Comme on le sait, la vaccination mettra graduellement la tuberculose en déclin. C'est de partout, les sanatoriums sont appelés purement et simplement à disparaître. En 1946, cet hôpital est transformé en accueil pour femme pour les traitements post-tuberculeux, puis en 1965, nous arrivons assez logiquement vers un établissement de pneumologie. Peu ou prou, ça tourne, mais il s'avère que l'établissement connaît un certain nombre de retards préoccupants dans les techniques médicinales. En vue d'une modernisation efficace, 1976 voit naître une fusion avec un hôpital voisin, ce qui permet de mettre à jour les compétences hospitalières.
Nous ne possédons aucune information concernant l'inutilisation actuelle des bâtiments. Il s'avère qu'il s'agit probablement de fermetures graduelles, de plus variable selon les corps de bâti, puis probablement de déménagements : en bref une mutation. Cela explique la logique de ne pouvoir réellement avancer des dates avec précision. Il est difficile d'y voir clair. En tout état de cause, ce que je vous présente aujourd'hui dans ce documentaire correspond à deux bâtiments. Le premier bâtiment est un sanatorium dont nous avons précédemment parlé. Le deuxième bâtiment a une architecture nettement plus récente. Il n'a eu aucune fonction de sanatorium mais plutôt une vocation hospitalière classique, notamment dans le traitement des affections respiratoires.
Les deux bâtiments étaient visiblement indépendants, jusqu'à ce qu'il soit construit relativement à la va-vite un couloir de jonction. A ce jour les deux bâtiments sont totalement inoccupés, dégradés, l'on dira abandonnés au vu de l'absence complète d'exploitation médicale. Notons toutefois qu'ils sont en fin de déménagement lors de notre visite, ce qui explique la présence de lumière dans certains couloirs. Au vu qu'ils ont été vendus par le pouvoir public à un promoteur immobilier, ces bâtiments sont sous surveillance. J'ai notablement été très surpris d'avoir été pisté par un gardien à l'intérieur : faute aux caméras probablement.
Les projets concernant ces bâtiments sont immenses. Il s'avère que 15 bâtiments historiques vont être transformés, ce qui appelle une large réflexion urbanistique. Il sera établi en premier lieu 500 logements, afin d'accueillir 3000 nouveaux habitants, mais le projet voit plus loin avec 1350 logements à l'horizon 2050. A cela nous ajoutons les routes, ainsi que de nombreuses infrastructures publiques. Plutôt que de faire table rase, il a été décidé de rénover ces deux bâtiments historiques. C'est un très grand point positif, c'est peu commun car combien de fois devons-nous déplorer le mépris le plus complet du patrimoine au profit de grands projets lucratifs. Notons de surcroît que le pouvoir public hospitalier a pris la décision d'effectuer un sauvetage des archives présentes dans les sous-sols. J'ai constaté la présence de nombreux rack-caddie permettant le transport des liasses de papier. Ces dernières ont été triées et sont prêtes à l'évacuation pour le sauvetage. C'était un aspect extrêmement positif et notons-le, plus que rare !
Le sanatorium comme le pavillon attenant sont dans un état de dégradation à la limite de l'ultime. La surveillance par caméra permet en tout état de cause de limiter les dégâts supplémentaires, ainsi que les incendies. Je vous invite donc à la visite de ces bâtiments abandonnés, tout en sachant qu'il s'agit, à notre grand étonnement, d'une exclusivité. Nous n'avons trouvé aucune photo ailleurs. C'est incompréhensible. Non pas que les lieux soient de l'ordre de l'exceptionnel, loin s'en faut, mais c'est un grand plaisir que l'urbex vienne ici se placer en travail de mémoire : ce que fut cette histoire hospitalière avant un chantier de rénovation d'immense ampleur.