Les maisons-bulle abandonnées
Nous avons reçu les photos d'un voyageur et nous en avons fait la synthèse historique.
Il s’agit de deux maisons-bulle, localisées dans la garrigue aride de la Drôme. On pourrait aussi les appeler des kerterre, mais il s’avère ici que nous sommes dans une construction qui ne fait pas appel aux matériaux naturels, donc ça n’est pas tout à fait compatible.
Que s’est-il passé pour cet endroit ? Sommes-nous dans le cadre d’une construction qui fut sans permis ? Dans la zone d’extension de l’immense carrière attenante ? Dans un endroit où tout fut trop dur sans eau ? L’explication pourrait en fin de compte être plus simple que ça : le créateur des lieux a été emporté par un décès rapide, laissant ses créations à l'abandon et à la merci des casseurs.
Les constructions émanent de Renato LIGABUE. Il était architecte. Il est décédé le 14 juillet 2009. De lui, on retrouve quelques plans de maison bulles, d’elle des dessins éparpillés, de belle qualité. Un témoignage de 2014 décrit que Renato Ligabue était enfoncé dans une misère financière profonde à la fin de son existence.
Il possédait un centre de recherches à Montélimar et a construit en Drôme-Ardèche une trentaine de maisons. Les bulles sont construites en plâtre armé, en laine de roche pour l’isolation, en polyuréthane pour l’étanchéité, le tout est peint afin d’améliorer l’aspect. Des pare-soleil sont installées sur les baies rondes afin d’éviter la chaleur.
Aux publications qui furent faites, un nombre considérable de personnes a réagi, afin de témoigner que Renato était un génie visionnaire, de par ce qu'il a créé, mais aussi du fait qu'il était intensément en avance sur son époque. En 1972 avant les chocs pétroliers, il a commencé à isoler les habitations et installer des récupérateurs d'eau. On lui rigolait au nez. Combien ce fut un tort. Il a été mal entouré. Il était une sorte de Géo Trouvetout, immensément génial, mais peu disposé à suivre l'administratif. De ce fait il a délégué les aspects comptables et les suivis de devis. Les gens qui l'ont assisté ont réalisé cette tâche de manière totalement médiocre, ce qui l'a fait avancer vers la cessation de paiement comme on le comprend bien.
L’une des deux maisons est dans un état déplorable (celle du bas). La seconde, profondément ancrée dans la garrigue, revit par l’installation sporadique d’un squat.
Son ex-compagne Maryse nous envoie les photos de sa sépulture.