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La mine d'Aumetz

Voici la visite de la concession Aumetz. Il s’agit d’une mine qui était accessible par temps de très grand froid. A ce jour, au vu des modifications de circuit d’air à l’intérieur d’autres concessions, elle est totalement inaccessible en toute période, ce qui justifie sa publication. Extrait de compte-rendu.

Le contexte est une vague de froid touchant la Lorraine. L’intérêt pour nous est de tenter des visites dans des secteurs habituellement gazés. Après bien des péripéties de fermetures diverses et variées, la jonction avec le puits est faite en 2h30. On se fait un repas rapide et on démarre la descente.

L’air de la galerie de jonction est très bon (20,9 % à l’aller, avec, dans la cuvette : 18,5 % contre 19,7 % au retour). A la galerie de jonction vers l’escalier, ça se dégrade un tout petit peu, mais c’est de faible ampleur. Bon bah tant qu’on gagne, on continue. On croise de beaux panneaux aux croisements, incitant à faire attention au trolley. A un moment se trouve un gros croisement avec indiqué tout droit « vers puits 6 ». A droite, vers A, ce qui signifie vers Aumetz.

De la sorte, on va parcourir sur un bon kilomètre, descendant très graduellement de 17,3 % à 16,6 %, une grosse piste en pente faible descendante. On trouve une citerne de 1914 (8000 litres, 6 atm) et dans une latérale murée l’inscription « TB du réservoir ». Vers la fin à droite se trouve un puits qui donne sur un étage inférieur et ne paraît pas noyé, tandis que plus loin à gauche se trouve un beau petit escalier descendant dans le noyage. En fin de compte, on arrive rapidement à la cote 207 et le noyage d’Aumetz. Les derniers mètres ont un gazage fort, nappe de CO2 ? Le détecteur semble se stabiliser à 14,8 %. La photo est faite turbo-turbo express.

On remonte jusqu’au carrefour d’origine et on s’oriente vers la galerie du puits, qui est on le suppose le puits d’aération de Butte, mentionné en sud de cette concession. Il est écrit « P. B. » sur le mur. Ça devient superbement conforté avec des IPN formant des rectangles. C’est très joli. Il s’y trouve un panneau « il est interdit de monter entre deux berlines pour freiner ou défreiner » et un autre plus récent « niches à gauches – piétons circulez à gauche ».

Un assez long parcours est avalé (500 mètres peut-être) et très brusquement, ça passe sous les 16 % en une vingtaine de mètres. Pas de puits du coup. Au retour, on va voir une galerie fléchée « vers Bréhain ». Après une centaine de mètres ça passe sous les 16 % juste avant un petit éboulis franchissable. Une autre peinture indique « Sre II Bréhain ».

Nous rebroussons chemin et obliquons vers l’ouest dans la grande galerie montante fléchée Crusnes. C’est parfois creusé au mineur continu. Nombreux beaux croisements, beaux panneaux, on découvre au passage deux vastes locaux qui comportent de petites installations électriques, elles sont un peu esseulées dans ces grands volumes. Il y est écrit « quartier Butte » et « Bure-Villerupt ».

On aperçoit d’abord Villerupt Sud à la peinture blanche, puis Villerupt tout court en panneau noir et blanc. En suivant un gros câble haute-tension jaune, on tombe sur une bestio-monterie aux parois en béton projeté. Au bas de cet ouvrage se trouve une citerne esthétique (verticale celle-ci) et de curieuses traces de mineur continu, façon écolier s’exerçant à écrire des e. A côté, un téléphone, une porte en bois à ouverture automatique et une installation curieuse de déversement, les trémies doivent donner dans le roulage inférieur.

On monte la bestio-monterie, puis après un bon parcours, on tombe sur la fin. Le sol se soulève et se craquèle sous la pression. Ce n’est non pas un murage d’entrée mais un serrement d’albraque. La cote au mur « 290 ».

Très dur d’échafauder une hypothèse, car nous ne savons pas trop où nous sommes. Il se pourrait que nous soyons arrivés près du point bleu du réservoir au sud-ouest de Cantebonne, sur la carte IGN 1950. Les Astres évoquent que nous buttons sur un rejet de faille de plus de 100 mètres que Moloko citait dans un ancien e-mail. Bien que sinueuse, cette galerie est à peu près orientée vers l’ouest. Dedans il y fait froid comme si on allait vers dehors, mais ce n’est pourtant pas le cas. Il ne serait pas exagéré de dire qu’on monte la moitié. Fameux mystère en fin de compte.

En descendant, on explore quelques unes des latérales situées en bas. La direction Villerupt Sud est très tentante mais nous manquons malheureusement cruellement de temps disponible. Nous devons donc abandonner à contrecœur. Sous le quartier qu’on vient de rapidement visiter se trouvent deux gros roulages rail. Tout ça représente une grande tentation (l’air est à 17,4 %). On sait que de telles occasions ne se représenteront pas de sitôt, voire peut-être jamais au vu des conditions difficiles auxquelles sont soumises les aérations. Avant de partir, nous allons vérifier l’escalier « supposé-Errouville ». L’air est à 20,2 %. Un véritable appel au meurtre !

Pause à 17h. On ne fait pas long, on démarre le chemin vers la sortie. Il est très-très-très-très longuet, et bien sûr encore plus qu’à l’aller, parce qu’on est fatigué et que ça monte !! Les Astres boitillent. On se plante légèrement et on passe par le Saint-Esprit. C’est sans grosse conséquence, on n’est plus à ça près ! En haut de Billert la fatigue est pesante.

A un bon rythme quand on y pense, il est 20h20 lorsque nous sommes aux voitures. Une belle épopée au vu des difficultés. Jamais nous n’aurions imaginé rejoindre le noyage d’Aumetz. Jamais nous n’aurions imaginé traîner vers Villerupt, encore moins de voir écrit Bréhain au mur. Bien que nous n’ayons pas décroché un culbuteur ou une loco, nous sommes très heureux d’avoir réalisé ce parcours. C’est un amer goût de trop peu, mais on est ravis.


L'ennoyage à Aumetz.

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