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Les cloches de La Bastide

Réaliser de l’expertise campanaire, c’est souvent être seul, très et trop seul, face à un sujet ardu car tellement peu décrit dans la littérature. Il ne faut qu’un glissement de quelques pas pour se retrouver face à un fondeur totalement inconnu, une métallurgie passable qui interroge, un pan de l’histoire locale méconnue. L’historiographie même est manquante. Il n’existe pas de méthodologie unique et validée, sauf par quelque potentat esseulé.

De ce fait, décrire le patrimoine campanaire de petits édifices ruraux revient souvent à ouvrir les portes d’un monde épineux, ou lacunes sont pléthore et ronces au moindre tournant.

On trouve à La Bastide, Lozère, trois cloches. Le clocher n’est pas porche, toutefois les cloches sont placées dans des baies donnant sur l’extérieur : une face n’est pas visible. Cela provoque une absence de documentation sur une part non négligeable de l’épigraphie.

CL1, la plus grosse : Il s’agit d’une Burdin Ainé, fondeur à Lyon, 1877. L’épigraphie est très acceptable, sans relever de l’exceptionnel. Il s’agit d’un décor fonctionnel, simple, efficace. Les anses possèdent des palmes d’acanthe qui sous un certain regard, peuvent former le visage d’un lion. A notre estime au vu de la datation, il s’agit d’une Jean-Claude III BURDIN. L’objet est commun.

CL2, il s’agit d’une Burdin Ainé, fondeur à Lyon, 1877, strictement identique à la première.

CL3, la plus petite : Il s’agit d’une Amédée Vinel, fondeur à Toulouse, 1922. L’épigraphie est de bonne qualité mais pourrait être décrite comme relativement minimale. On observe malgré tout de la rigueur, ce qui provoque une absence de reproche. De par sa production en Pays d’Oc, on lui connait de nombreuses volées tournantes. Cela justifie potentiellement le joug en boule.

Le montage des cloches correspond à une situation carrément empirique. On observe un très gros joug triangulaire en bois, une boule en acier, une plaque en acier. Rien de bien cohérent, mais il reste la réserve de dire qu’au moins, cela ferait sauf mésestime un montage en trois rétrograde, ce qui amène à un équilibre.

La fonderie Burdin est une dynastie de fondeurs, qui était localisée 22 rue de Condé à Lyon. Le fondeur Jean-Claude III BURDIN (1823-1889) habitait sur place au niveau d’un entresol. Les cloches Burdin rencontrent un bon succès, ce qui provoque qu’il s’agit d’instruments de bonne facture et relativement répandus, sans être non plus Paccard ou Bollée. L’entreprise va perdurer jusqu’à la première guerre mondiale, qui marquera le point final de l’activité.

Amédée Vinel (1878-1951) est un fondeur toulousain qui avait bonne réputation ; la dynastie est originaire de Villefranche-de-Rouergue en Aveyron. Il produit, de ce l’on peut constater aujourd’hui, des cloches de bonne facture, modestes et relativement standardisées. Amédée Vinel est un ancien collaborateur de Pierre Vinel Père et ancien associé de la Maison Vinel Frères. Les Vinel ont un destin intimement lié à celui de la maison Louison.

Le patrimoine campanaire à La Bastide est donc un ensemble cohérent peu exceptionnel, mais en tout cas d’un très bon entretien et agréable à découvrir.

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