Exploration campanaire, les cloches de Largentière
Un tout grand merci à Monsieur André Paul de m’avoir permis ce reportage. L’église de Largentière, Notre-Dame des Pommiers, possède trois cloches. Elles sont restées longtemps silencieuses. En effet l’ancien beffroi en pin était dans un état de dégradation avancé. Le beffroi a été entièrement rénové par Bodet avec des madriers en chêne – travail admirable – et les suspensions refaites. Depuis juillet 2024, l’église sonne à nouveau.
Le clocher possède donc comme évoqué trois cloches : deux Baudouin d’Alès 1827 et 1833, et une Michel Gansberg de 1732.
CL1, la plus grande. Elle émane des Baudouin Père et Fils d’Alès. Elle est conformément à cette fonderie un objet d’épigraphie médiocre, mais en contrepartie un bel instrument. Cette cloche est musicale. La dédicace est la suivante : BENEDICTUM L’AN 1827 – EPOUSE DU MAIRE – N BAUDOUIN FONDEUR – PARRAIN M LEVASSEUR SOUS PREFET LA MARAIN E.M.E. DESLERRE.
Comme sur presque toutes les cloches Baudouin, les N sont à l’envers. Epouse du maire a été ajouté sur la panse complètement dispersé, la cire perdue est déformée, grumelée. On lit bien « marain » et non marraine. Cette épigraphie labourée est typique de la fonderie. Contre toute attente, les musicalités sont au rendez-vous.
CL2, la moyenne. Elle émane des Baudouin Père et Fils d’Alès. Plus tardive, 1833, elle révèle une épigraphie qui s’est considérablement améliorée avec le temps, ce que l’on pourra d’ailleurs constater de même à Planzolles.
La dédicace est nettement plus soignée et les N sont à l’endroit. Littéralement, elle est ligne 1 : LA VILLE DE LARGENTIERE AN DATE SUR DELIBERATION DU CONSEIL MUNICIPAL ; ligne 2 : REFONTE DE CETTE CLOCHE ONT ÉTÉ DU 22 AVRIL 1833 LES FONDS NECESSAIRES ; ligne 3 : PREFET M AUGUSTE ANDRE ADRIEN VOTES ADMIN BERANGER DE CALADOY ; ligne 4 : TAVENY MAIRE. LES BAUDOUINS FRERES FONDEURS.
Ce qui donne un charabia total. En réalité, il faut la lire par blocs du haut vers le bas, et en retirant les fautes cela donnerait :
LA VILLE DE LARGENTIERE
SUR DELIBERATION DU CONSEIL MUNICIPAL
EN DATE DU 22 AVRIL 1833
REFONTE DE CETTE CLOCHE VOTEE
LES FONDS NECESSAIRES ONT ÉTÉ (regroupés)
PREFET M AUGUSTE ANDRE ADRIEN
BERANGER DE CALADOY TAVENY MAIRE
LES BAUDOUIN FRERES FONDEURS (sur la pince)
CL3, la plus petite. Il s’agit d’une cloche ancienne fondue par MICHEL GANSBER. L’instrument est rare. Il s’agit, correction faite, de Michel-François Gansberg (ou Gansbert). Originaire de Breuvannes Haute-Marne, ce fondeur itinérant du Bassigny Lorrain s'installe à Rouffiac Cantal vers 1740.
Cette cloche, à l’épigraphie soignée pour l’époque, comporte la dédicace suivante :
+ SIT NOMEN BENEDICTUM MRL FRANCOIS DE BEAVMONT
+ BRISON BARON RECTEVR DE LA CONFRERIE DE PENTA (?)
+ RECT (espace) VR (Signe enroulé) S.R.I. ACOVES BLACHERE
MICHEL GANSBER FAIT EN 1732
On ne lui connaît que 2 cloches, à Payrac et Saint-Céré. Elle mériterait donc très indiscutablement un classement MH.