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Le lavoir à charbon de Carmaux

Voici la visite d'un lavoir à charbon ; il en reste assez peu puisque quasiment tous ont été ratatinés. Celui-ci est immensément décevant de par son contenu, pour deux raisons : d'une part les installations ont été entièrement démantelées, d'autre part (une fois de plus) un vandalisme absolument forcené a eu lieu. Il ne subsiste donc qu'une vaste carcasse taguée et souillée. Il reste que de l'extérieur, cet ancien lavoir s'avère encore monumental et joli.

La structure est à considérer comme éminemment dangereuse. Il y a des trous partout. Ce n'est pas tant le problème, puisqu'on les voit. Surtout, les tôles en acier sont très très usagées. Elles peuvent céder à n'importe quel moment, sous la charge de notre passage. La fine couche de charbon cache les défaillances. A cela s'ajoute un état du béton relativement déplorable en certaines sections, notamment près des châteaux d'eau. Dans ce contexte moribond, le lieu est intensément fréquenté par toutes sortes de personnes. De ce fait, l'accident n'est plus qu'une question de date. Cela fera encore les choux gras de la presse qui va s'en régaler, une vraie misère.

Le principe du lavage du charbon est loin d'être une affaire simple. A la sortie de la mine, le tout venant est chargé de schistes, de graviers et de terres. Si dans des temps très anciens, c'étaient les femmes qui triaient - on les appelait les cafus - rapidement la mécanisation remplaça ce travail très pénible.

On place d'abord le tout venant dans d'immenses silos : ici ils sont réduits à l'état de gros gravats et encore visibles au sol. Fait spécifique de ce bassin, la matière était remontée par deux plans inclinés immenses (presque 800 mètres), c'est pour ainsi dire unique. On appelait ça les fendues. Et donc point de puits, mais du convoyeur.

Ensuite il est effectué un calibrage, pour séparer les gros porceaux des poussiers. Les gros sont passés sous des jets d'eau, qui serviront à la fois à évacuer les poussiers, mais aussi déterrer. Après ce calibrage, le tout-venant passe au drew-boy, élément plus que carrément central.

Imaginez une boîte à camembert géante, inclinée à 45 degrés, et dont l'intérieur comporte comme des casiers. La boîte à camembert tourne lentement.
Elle est immergée à moitié.
Une bande transporteuse amène le tout-venant dedans.
Le charbon va flotter, les cailloux vont tomber. Du coup, les cailloux seront simplement évacués et formeront plus tard ce que l'on connaît sous le nom de terril ou crassier selon les régions. Le charbon est gardé.

Le liquide n'est pas de l'eau. C'est de la liqueur dense. C'est un mélange d'eau et de magnétite, d'où l'essor considérable des mines de magnétite de Cogne, par exemple. Cela explique la présence des deux gros châteaux d'eau.

Pour les fines, on les place dans des bacs à pulsations. Ce sont des réservoirs en longueur dans lesquels on fait comme les vagues de la mer. Le charbon se soulève tandis que les cailloux restent au fond. L'un comme l'autre, il n'était pas effectué de décendrage.

Une fois le produit lavé, on le place dans des silos, encore bien visibles ici, qui permettront l'expédition par les trains.

Ce lavoir a été souhaité en 1928 et a ouvert ses portes en 1932, il a bien entendu largement évolué au fil des décennies, notamment dans les années 1950. En connexion immédiate avec Blaye-Les-Mines, il traitait environ 500.000 tonnes par an, pour un effectif de 3500 mineurs ; l'effectif du lavoir était inférieur à 200 personnes. Plutôt que dans le détail et le fin, on était ici dans le bourrin et la production de masse. La fermeture ne connait pas de date fixe, mais il fut toutefois revendu en 1997 et jamais remis en service.

Honnêtement, je ne sais pas comment ce monolithe peut perdurer sans qu'il n'y ait plus d'accidents. Ca va encore faire une belle réputation à l'urbex.

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