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La maison Odile

La maison Odile est une habitation abandonnée localisée dans un endroit radicalement isolé, ce genre de lieu où l’on y vit pour deux raisons : soit on y est né, soit l’on y voue un amour sans faille – sans aucune-aucune faille je veux dire. La moindre fissure dans l’âme fait partir. En ce qui concerne l’habitante de ce que fut cette maison, il apparaitrait sans grand doute que les deux furent conjugués.

C’est en effet une terre âpre, rugueuse, dure, austère, on pourrait presque arborer les termes hargneuse tant la rudesse est l’essence même de son âme. Pour faire simple, là-haut il n’y a personne, sur des distances infinies. Les populations anciennes habitaient les vallées et ne se payaient pas cette folie de plateaux d’altitude, de monts, de neiges et de terres calcinées en été. L’habitat fut toutefois établi en quelques hameaux minuscules et séculaires, surtout en vocation d’élevage. Rare, dispersé, essentiel.

Si l’on en croît le tombeau, la famille a vécu là depuis des temps immémoriaux. Une information à prendre quasiment au sens clanique. Non pas de l’effet repoussoir, le clan comme dans la mafia. Loin de là. La famille resserrée, soudée, forte, unie pour et contre cette terre ; un mélange de sentiments s’offre à quiconque y va, nul n’est indifférent ni modéré.

Odile tenait un élevage ovin. On trouve d’ailleurs dans la maison les grands récipients en aluminium permettant de stocker le lait. Pas sûr qu’elle eut fait du fromage, spécialité locale ; en tout état de cause nous n’avons pas trouvé de pièce ayant pu servir de laboratoire de confection. A cela elle alliait tout ce que la campagne pouvait avoir de bon sens, une vie simple à faire des conserves par exemple. Elle n’a certainement pas été riche, ni pauvre d’ailleurs. Ce fut une vie en communion avec la nature, ce qui avait du sens.

Odile est née en janvier 1942 au village, et décédée en septembre 2001 à Toulouse, dans une clinique spécialisée. Elle est partie si jeune, injuste. La maison fut partiellement gérée quelques années, avant de sombrer dans un oubli long.

Lors de ma visite, j’ai été confronté à deux nids d’abeilles, sauvages et en grande forme : un dans une huche à pain, un autre dans le plancher d’une armoire. Au vu que je commençais à les agacer quelque peu, j’ai visité rapidement puis suis parti. La maison est très typique d’une architecture locale peu répandue. De par l’absence de bois dans le coin, les toitures sont en lauzes. Les photos feraient croire à une cave, non ce sont les greniers !

Odile est inhumée dans un caveau familial dans un des écarts du village, un territoire formant l’une des plus grandes communes de France pour le moins de population. La maison est en état d’abandon profond depuis de nombreuses années. Elle se replie sur elle-même entre les grands froids, les grands vents, les soleil dardants ; en attendant une nouvelle vie, on le comprend bien hypothétique.

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