Exploration campanaire, le gros bourdon de Lalouvesc
Voici une exploration campanaire du clocher de Lalouvesc, Ardèche. Un très grand merci au recteur Michel Barthe-Dejean pour l'accueil. Avec l'aide de Benjamin Le Blévec et Jean-Marcel Beveraggi.
C'est en toute simplicité un moment incroyable. Le bourdon est énorme, le clocher est petit. Ils ont incurvé les abat-son pour que ça passe. Ils ont courbé la fenêtre sinon le battant cogne le linteau. La pince (le bord de la cloche) passe à 3 centimètres du mur !!! Nous avions déjà vu des configurations étroites, mais nous sommes bel et bien là dans le cadre actuel d'un record.
Lalouvesc est un tout petit village du nord de l'Ardèche. Contre toute attente, on y trouve une basilique extraordinaire, qui peut ressembler en certains traits à Lablachère. Elle est un lieu de pèlerinage important en Ardèche et vouée à Saint-Régis.
La cloche, nommée Joséphine, a été coulée le 19 mars 1875 par Gulliet Père et Fils, fondeurs à Lyon. Elle pèse 6000 kilogrammes. On en ajoute encore 1000 en comptant l'énorme battant et le mouton en chêne. Démesure : elle a été tractée sur le plateau par six paires de bœufs. Ils ont monté la cloche, puis terminé l'église autour, elle ne rentre de nulle part. En volée, elle est en lancé franc. Elle dégage une énergie gigantesque pour un Sol(2) exceptionnel.
Les deux fondeurs Gulliet l'ont décoré avec une certaine forme de sobriété. Sa dédicace, stylisant une onciale en version plus moderne, n'est pas facile à lire. Elle débute par des locutions latines très fréquentes, puis s'ensuit par les parrain et marraine en français. De part et d'autre de la robe, on trouve des figures classiques mais d'un très grand esthétisme. Pour peu que la robe soit constellée d'étoiles, on aurait pu croire à une Gédéon Morel. Les Gulliet ont réalisé un travail de l'ordre de l'exceptionnel.
Les deux mystères de cette décoration :
- Premièrement le décor figurant deux licornes. Cela se réfère probablement à un blasonnement local, mais reste que cela est si rare.
- Au coeur des fleurs et en tout petit, les deux inscriptions discrètes ZA et TS.45. Quelle étrangeté.
Une des particularités est qu'elle fut équipée, comme à Saint-Denis, de pédaliers permettant de sonner au pied, par quatre sonneurs. Il faut au minimum ce personnel pour trouver la puissance, car c'est très lourd et intense. La vidéo est d'une extrême intensité. Je vous laisse imaginer, c'est le poids de 5 Renault Clio, lancées à pleine énergie, à quelques centimètres du mur.